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 Tout va bien [Pv Khai Valdur]

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Tout va bien  [Pv Khai Valdur] Empty
MessageSujet: Tout va bien [Pv Khai Valdur]   Tout va bien  [Pv Khai Valdur] EmptyDim 27 Mai - 15:55

This is nothing


Être le fils de, on dit que ça a des avantages, mais quand on ne le choisit pas ça peut vite devenir un véritable enfer. Luis repensait souvent à ses souvenirs d’enfance, quand sa naïveté avait été de croire qu’il n’existait pas pire rapport paternel, avant de constater qu’il suffisait d’un rien pour tout faire basculer. Il regrettait de plus être cet enfant qui s’amusait de l’air dépité de son père et des rires que ça lui occasionnait.

Qu’est-ce qu’il n’aurait pas donné pour être de nouveau qu’un enfant…

Un môme qu’on protège et à qui on couvre les yeux. Un gosse qui n’aurait pas à craindre de rendre visite à son géniteur sans savoir qui serait assis sur le canapé, de quel embrouille on allait lui parler, et comment il allait devoir sourire pour faire bonne impression. Petit, il n’avait jamais eu à subir tout cela.

Malgré tout il restait attaché à ces visites. Parce que Rafael avait besoin de lui plus qu’il ne voulait l’admettre, puis parce que c’était aussi un devoir lorsqu’on faisait partie d’une famille. Chaque semaine, sinon deux fois par mois, il faisait la route pour se rendre à l’écart de la ville, là où son père s’était payé une maison qui dépassait de loin son statut d'ancien directeur d’un commerce familial situé dans le Bronx. Parfois, Luis avait l’impression que Raf’ s’était réfugié derrière un excès de bonnes apparences. Faute de pouvoir paraître vivant, il le faisait croire en s’entourant d’excentricités et de bling bling déconcertant. À force de grandir là-dedans, Angel s’étant rendu compte qu’il avait lui-aussi adopté la même attitude. À la différence qu’il était visiblement encore plein de vie, et que cette excentricité justement lui permettait réellement de se ressourcer. Son père lui, s’était déjà noyé.

À chaque fois qu’il faisait face à cette grande porte blanche, le fils se remémorait aussi le nombre de pas qu’il avait failli ne pas franchir pour entrer. Maintenant c’était devenu une habitude. Il ne réfléchissait plus avant d’actionner la poignet.

« P’pa ? »

Ce soir, la demeure semblait plutôt vide et c’était tant mieux. Luis déposa son sac à dos au sol, quelques fringues pour le week-end à l’intérieur, puis il se dirigea vers la terrasse faute de trouver Rafael dans le salon, ni la cuisine.

Le bras couvert d’encres qu’il vit se tendre hors du fauteuil extérieur pour saisir un verre de whisky posé sur une table basse lui signifia qu’il était là. Une légère grimace déforma ses traits lorsqu’il remarqua ensuite la bouteille pratiquement vide.

« Hola papà. Désolé pour le retard, mais j’étais retenu cet après-midi »

Il s’avança pour arriver à sa hauteur. Il put alors l’apercevoir en peignoir, mal rasé et mal coiffé sur la vieille serviette qu’il avait étendue sur son siège. Et si Rafael avait toujours eu cette image négligée, jamais elle n’avait parue aussi triste et non maîtrisée. À en voir les poches sous ses yeux et la rougeur de ceux-ci, il avait de toute évidence passé une mauvaise nuit. Pourtant, il arrivait encore à lire sur la tablette qu’il tenait dans son autre main, au point d’à peine lever le nez vers son unique enfant.

« Tu as bu la bouteille tout seul ? »

Luis attaquait d’entrée. Il détestait tant le voir dans cet état.

« Il y avait ce journaliste avec qui il était en contact. J’ai réussi à le trouver celui-là… faut que je le travaille, que je le vois... »

« De quoi tu parles p’pa ? T’as encore trop bu ? Et le cendrier est plein, depuis quand tu squattes ici ? »  s’indigna Luis en soulevant la bouteille.

Voilà des années qu’il ne l’écoutait plus de toute façon. Qu’ils ne s’écoutaient plus.

« Tu ne comprends donc rien ?! Pendant tout ce temps j’ai ignoré une piste si bête ! Tout ce temps de perdu alors que c’était là ! Dans mes quartiers ! »

Rafael se redressa, visiblement irrité que son visiteur ne s’intéresse pas à la frustration qu’il ressentait. Il se leva pour se diriger à grands pas vers le salon.

« Des pistes ? J’espère que tu ne me parles pas de Khor, parce que des pistes il n’y en a pas, et tu le sais. Il n’y a qu’une page à tourner ! »

C’était sorti tout seul, excédé. Angel n’en pouvait plus des images qu’il captait quand il venait ici. Voilà trop longtemps qu’il ne supportait plus cette situation, et finalement il se disait qu’il valait mieux voir son père entouré de mauvaises personnes à faire comme si de rien était, plutôt que de le voir dans cet état de démence.

Peut-être qu’il valait mieux oui. Sous ses faux sourires au moins il avait l’air moins fou.

« Je t’interdis de dire ça, et arrête de parler de lui comme ça !» vociféra ce dernier, en pointant sa focale sévère vers lui.

Un regard qui n’était en rien celui du père qui l’avait élevé, plus une once de naïveté, de jeunesse ou de douceur ne l’habitait. Est-ce que c’était ce regard qui avait fait fuir ses meilleurs amis d’ailleurs ? Tout ça pour les remplacer par ces vautours dont l’intérêt ne tournait qu’autour d’une carcasse soufflant des faux airs caractériels et charismatiques, en attendant que la mort vienne lui rendre des comptes.

« Mais tu sais que c’est vrai ! Regarde-toi, tu ne m’accueilles même pas ! Tu ne me regardes même pas ! Alors que je suis toujours là pour toi, à mettre ma vie en danger parce que tu es devenu incapable de gérer la tienne !  Khor ne reviendra pas, et c’est pas en gagnant du terrain ou une connerie de ce genre que tu le retrouveras et le forcera à se montrer ! »

Jamais il ne lui avait dit tout ça. Pas comme ça.

Luis en avait la voix brisée comme s’il s’était trop retenu de crier. Si vite et si soudain, il déchargeait tout ce qu’il portait sur les épaules : son quotidien risqué, sa mère qui se plaignait, sa grand-mère qui considérait avoir deux fils décédés, le manque de travail pour un paumé sans diplôme comme lui et la course aux arnaques dont l’obsession commençait à le dépasser. C’en était trop. Trop même pour un masque aussi étincelant que le sien. Et il fallut que celui-ci s’effondre pour que sa tête se heurte à un coup de plus vicieux et cruel : celui d’un père saoul sur son fils.

Sans comprendre, Luis-Angel se retrouva avec une vive douleur sur la joue et la brûlure d’une déception flagrante s’emparant de lui tel un démon prêt à l’engloutir. La main contre la moitié de son visage, il leva vers son père un regard désespéré. Venait-il réellement de le frapper ?

« Je ne te demande pas ton avis, surtout si c’est pour être aussi cruel »

Le jeune homme se remit droit, défiant cette expression si dure qui faisait face à la sienne.

« C’est toi le monstre ici »

Il s’avança vers lui pour le dépasser et mieux le fuir, mais en passant Rafael lui attrapa le bras.

« Luis... »

« Lâche-moi »

« Tu ne comprends pas… »

« J’comprends mieux pourquoi Khor s’est barré oui ! Ou même maman ! »

Jusqu’au bout il le cherchait, uniquement parce que cet ivrogne n’était pas son père. Il fut toutefois à nouveau surpris de la force qu’il exerça sur sa chair pour le faire se rapprocher et le menacer d’un air autoritaire.

« Arrêtes de me dire ces choses là juste pour me provoquer, Luis. Je suis ton père, tu me dois le respect. »

« Lâche-moi ! »

Pour céder à son ordre, le mafieux le repoussa tout en le tirant en dehors de son chemin. L’ivresse éveillant sa maladresse, il le bascula contre un meuble. Luis eut beau se rattraper de justesse, sa pommette éclata. Au sol, il le sentit aussitôt revenir vers lui pour lui attraper la veste et l’obliger à se relever, à moins qu’il cherchait à l’aider, sauf que ses pas titubants firent de la situation un cauchemar. En se débattant pour le repousser, Angel sentait ses doigts l’agripper et des coups pleuvoir sur lui entre de vaines tentatives de le maintenir. Mais dès qu’il en eut l’occasion, le fils s’extirpa de sa poigne pour courir vers le hall d’entrée.

« Luis ! »

Il prit son sac et se dirigea vers sa voiture, puis il démarra aussi vite que possible. Sans oser jeter un œil vers la maison, il prit la route sans la voir.

Son cœur battait à tout rompre et s’il se sentait sonné, tout en sachant que ce n’était pas seulement parce qu’il s’était fait secoué… et frappé.

Bon sang, son père l’avait frappé.

À cette pensée, il sentit un frisson de colère plus fort lui donner la nausée. Ses doigts tremblaient. Ses yeux lui brûlaient.

Sans y réfléchir, la route qu’il emprunta ne le mena pas chez lui mais vers cet endroit terriblement vital dans de pareils moments. Il sortit donc de sa bagnole après une demi-heure qui à la fois ne lui avait jamais parue aussi courte car intense, et longue car douloureuse, pour foncer vers l’immeuble de l’appartement dévoué. Avec précipitation il entra le code qu’il avait fini par connaître par cœur pour franchir la porte du rez-de-chaussée, puis il fonça s’enfermer dans l’ascenseur.  

C’était si calme.

Enfermé dans cette cage en attendant de pouvoir se soulager, sans le vrombissement de l’accélérateur et de sa haine, Luis se mit à manquer d’air. Il appuya le bras contre le miroir du fond et il s’obligea à inspirer très fort. Avec tout ça, il en avait oublié de pleurer.

*Ding*

Un bref regard devant lui lui renvoya un visage à la moitié violacée sous un filet de sang, où  des larmes avaient finis par s’y mêler. D’un geste rapide, il essuya ses yeux puis s’engagea dans le couloir, jusqu’à la porte de son seul et véritable ami. Il frappa.

Je t’en supplie. Ouvre.

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