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troubles

sidney kasabian & kat wheeler

t'as pas tout bien compris, t'sais pas vraiment c'qui s'est passé. c'est allé si vite, trop vite. tu n'te souviens pas vraiment de comment s'st arrivé. tout c'que tu sais, c'est qu't'es retenue prisonnière de ton propre appartement et qu'ça t'fait bien chier. trois colosses, débarqués de nul part. poupée d'chiffon plaquée contre l'mur. t'as essayé de te débattre. comme si toi, frêle petite chose, t'allais pouvoir t'en sortir. ridicule. menace, violence. t'as rien pu faire contre ça. t'as pensé à ta sœur, ton seul ange. ils ont vu la photo, ils ont trouvé le point sensible. t'as pas eu l'choix. toi qu'est pourtant pas commode, il a fallu qu'tu t'adaptes à cette prise d'otage. petite chose serviable, fallait pas qu'tu fasses trop d'bruit, pas qu'tu prennes trop d'place. t'as vu leur regard s'balancer sur toi, plus d'une fois. ce genre de regard qui glace le sang, qui t'rappelle ce pourquoi tu t'forces à être intouchable, inaccessible. les yeux qui puent l'sexe à des bornes - ou plutôt l'absence d'acte sexuel à proprement parlé. jogging et pull bien trop grand pour toi. l'seul que t'as volé à ton frère. seule trace de ton attachement toujours bien trop fort à cette vie qu'tu menais avant qu'tu décides de t'fermer comme une huître. et à cet instant précis, t'aurais bien envie qu'il soit là, qu'il t'sauve la mise comme il avait tant de fois voulu l'faire. tu l'as envoyé bouler plus souvent qu'à ton tour et aujourd'hui, l'regret s'pointe dans ta cage thoracique. tu fais la fière, t'fais genre d'être bien trop forte, bien trop dure. mais quand on t'voit, comme ça, t'es rien d'autre qu'une pauvre merde. victime d'la vie, une fois d'plus. putain qu'tu la hais cette vie merdique qui persiste à n'jamais laisser l'soleil filtrer à travers cette mer de nuages bien trop noirs, menaçants. et c'est là qu'tu te dis qu'd'être insomniaque, c'est pas si mal. parce que tu veux pas dormir, tu veux pas fermer les yeux. t'sais pas c'qui pourrait t'arriver si tu baissais la garde. juste une nuit, une heure, une minute, une seconde. alors tu carbures au café, plus que d'habitude. beaucoup trop. ta consommation d'weed crève le plafond. et puis tu tises aussi. pour oublier qu't'es rien. une putain d'feuille morte qui s'balade à la force du vent et qui finira par crever sur l'bitume. seule.

quatre jours qu'tu dis rien. quatre jours qu'tu fais les cent pas dans ta chambre. quatre jours qu'tu leur fais à bouffer, qu'tu vas faire les courses. jamais seule. toujours quelqu'un pour te chaperonner. téléphone éteint, la batterie est hs. il doit paniquer. il doit avoir envoyé des centaines de messages. t'peux pas lui fournir de réponse. elle ne peut pas. nerfs à vif, faut qu'tu sortes, qu't'ailles prendre l'air. tu t'es habillée, t'as fait un effort sur la tenue vestimentaire. t'as pris ton sac et t'as voulu t'tirer. grossière erreur. tu vas où comme ça ?! tu t'arrêtes, main posée sur la poignée d'la porte. connerie que d'croire que tu pourrais t'éclipser, comme ça, en douce. j'sors. c'est tout c'que t'as répondu, sans t'retourner. l'type grogne, y en a un autre qui bouge. t'as l'palpitant qui accélère sans qu'tu ne puisse le contrôler. bon ok. j'ai cours moi. vous êtes bien mignons mais à un moment donné, si j'y vais pas, y en a qui vont s'poser des questions. menteuse. y a personne qui s'soucie d'toi. pauvre tâche, t'as tout fait pour qu'tu restes pas gravée dans les mémoires. il a qu'à v'nir avec moi lui, s'vous êtes pas content mais faut que j'me tire. ils se sont regardés. y a leurs lippes qui se sont étirés et t'as vu leurs dents. putain, t'as clairement lu la soif de sang dans leurs regards mauvais. t'aurais dû fermer ta gueule. mais l'problème, c'est qu'tu sais pas faire toi. poupée instable. t'as compris qu't'allais payer l'prix d'ton insolence.

liens autour d'tes poignets, l'cul vissé sur une chaise. tête basse, souffle court. lippe inférieure explosée. œil gonflé. t'as mal au bide. princesse fracassée et l'sang qui perle sur ton pull blanc cassé. enfer et damnation.