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| old time religion (toad/lavi) | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: old time religion (toad/lavi) Lun 19 Mar - 19:05 | |
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Au fait. Question stupide, comme ça. A quel point est-ce qu'elle risque la combustion spontanée à passer les portes la première ?
Vraiment, juste pour s'assurer que ça craint rien.
Parce que les pieds pilent devant l'entrée comme s'ils pressentaient au moins un accident dans le genre, au plus, peut-être deux. A la suite. Non, en simultanés. Meilleur encore – avant même de s'être glissée dans l'enceinte de l'église. Appréhension. Doute. C'est un truc de non-croyant, ou c'est un truc d'elle. Faudrait pas suivre ses instincts viscéraux de trop près mais ils s'entêtent à se coller aux basques, ombre cousue et recousue et recousue à la machine. L'ourlet que rien ne défait. Et elle fixe l'église, l'église la fixe, elle fixe sa mère, sa mère a autre chose à faire que de suivre ses regards incertains ou d'écouter ses débuts de phrases avortées. Pourquoi est-ce j'ai accepté de venir, déjà ? Pour Lavinia qui veut juste aider et Matei qui veut juste dormir. L'ours soulage, elle croit. Il est toujours posé à proximité de Matei maintenant, à tenir la chandelle entre lui et Morphée – avec un peu de chance la signification de l'objet lui apporte de bonnes ondes. Ça, elle accepte d'y croire. Parce que d'un, tout ce qui est capable d'enchaîner le sommeil à son fils pendant quelques heures relève du pur génie, ça serait un gâchis sans nom de passer à côté. Et parce que de deux, y a pas de mauvais sans bon. Pas de bon sans mauvais. Elle a vu les influences morbides émaner de sous sa peau, ondes brouillées vers d'autres cœurs, magnétisme menaçant vers d'autres nerfs. Et traîne, traîne, traîne ceux qui s'aventurent trop près d'elle vers le fond. Si ça marche dans un sens, y a pas de raison pour que ça marche pas dans l'autre, non ? Donc les bonnes ondes, elle approuve. Adjugé. Un mec qu'a facilement passé la soixantaine et qui regarde les gens parader depuis son fauteuil tout en haut ? Les yeux rivés au ciel, elle grimace rien que d'y penser – ou c'est le soleil qui tape dans le mille de ses rétines. Elle a déjà croisé ce type, elle en a même rencontré plusieurs, si faut tenir les comptes. Les vieux assis aux terrasses des cafés – et c'est pas pour autant qu'elle est partie imaginer un culte et trouver des adeptes un peu naïfs et écrire un bouquin sans suite et animer des guerres sans fin à l'autre bout du monde au nom d'un gars qu'on ira appeler Dieu parce qu'elle l'accorde, sans mauvaise foi, ça claque comme prénom. Un point pour le titre accrocheur. Peut-être qu'elle a loupé quelque chose, peut-être qu'elle s'y est jamais suffisamment intéressée pour saisir toutes les subtilités et double-sens. Si ça se trouve c'est même pas ce genre de spiritualité ici, qu'est-ce qu'elle y connaît. Coup d’œil curieux à sa droite – qu'est-ce que sa mère irait croire, c'est une question plus intéressante. Une femme comme Lavinia Popescu, elle fait confiance à quelle idée ? Elle confie ses craintes, ses espoirs, ses problèmes à qui, à quoi ? Retour au monde réel, ses pas se calquent sur ceux de sa mère qui a finalement pris les devants. Plus elle y réfléchit, plus elle se rend compte que la religion lui passe totalement au-dessus de la tête – c'est peut-être pas le moment d'avoir ce genre d'épiphanie. Combustion spontanée, hein. Elle est dans la merde. « Et donc c'est un ami à toi ? » Elle a jamais pensé aux amis de sa mère non plus. C'est la journée des révélations ?
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: old time religion (toad/lavi) Ven 27 Avr - 2:56 | |
| Elle sait pas très bien ce qu’elle fait là. En vérité, c’est stupide. Non, vraiment. Dans la lignée des décisions stupides de Lavinia, ça se place là, mais y a un Disney qui passait à la télé, l’autre soir. Elle sait plus très bien pourquoi elle regardait mais elle regardait et Le Bossu de Notre-Dame est pas un plus mauvais programme que les conneries que les infos de la Fox. Un meilleur programme, en fait, surtout, elle sait pas trop. Ce qu’elle sait, par contre, c’est que y a Quasimodo qui a hurlé droit d’asile à un moment et que c’est resté. Elle sait pas trop pourquoi elle s’est dit que ça avait quelque chose à voir avec la situation actuelle mais ça a sans doute quelque chose à voir avec la situation actuelle vu que sa fille dort à la rue avec son petit-fils et qu’il est hors de question qu’elle suggère même qu’elle vienne dormir à la maison. Raconté comme ça, on dirait qu’elle veut pas d’elle là-bas et quelque part c’est vrai, mais pas parce qu’elle l’aime pas, loin de là : elle refuse de même lui suggérer de s’infliger ça. C’est comme ça qu’elles se retrouvent toutes les deux devant l’Église de Toad Baxter.
En soit, elle devrait même pas fréquenter cet endroit. C’est pas la bonne religion et le prêtre est quand même vraiment étrange et puis y a ce drapeau multicolore qui flotte quelque part sur lequel elle évite soigneusement de se questionner. Le truc, c’est que Monsieur Baxter a pleuré quand elle est revenu une seconde fois et que l’église lui donne un endroit où s’échapper pour être loin des quatre murs qu’elle connaît par coeur. Quelque part, c’est suffisant. C’est juste étrange à expliquer. Elle est pas sûre de savoir le faire, en réalité.
« C’est pas vraiment un ami. » Elle pousse la porte, la tient ouverte pour laisser Elena pénétrer à sa suite. Elle n’a pas vraiment d’ami, de toute façon, dans sa bulle en verre, juste des gens qui se tiennent plus ou moins loin d’elle. C’est douloureux d’y penser. « Mais c’est quelqu’un de bien. Il a pleuré quand j’ai commencé à venir régulièrement. » Elle sait pas pourquoi, c’est quelque chose qui l’a marquée. Peut-être parce que personne a jamais été suffisamment content de la voir pour pleurer de joie, quelque chose comme ça. Personne a pleuré à son mariage, même pas sa mère. « Il est un peu… bizarre. Tu vas voir. »
Elle se racle la gorge, avance dans le batiment, cherche des yeux, finit par appeler, pas trop fort, pour pas réveiller Matei mais suffisamment pour alerter une quelconque présence dans les yeux :
« Monsieur Baxter ? Vous êtes là ? »
Ou pas lui, pour ce que ça vaut. N’importe qui à qui elle pourrait parler. N’importe qui qui répondrait, même Dieu, pour ce que ça vaut, s’il daignait s’exprimer. On a besoin d’un miracle, chez les Popescu, depuis de nombreuses années, il serait temps de l’accorder. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: old time religion (toad/lavi) Mar 15 Mai - 20:26 | |
| Ça doit être un comble pour un pasteur d’pas avoir envie de remettre les pieds dans son église. De traîner les pieds pour y entrer, même, d’soupirer en voyant l’état des lieux, déserts et délabrés, comme toujours. De plus se dire que tout va s’arranger, comme avant, que Dieu peut pas m’laisser tomber à ce point, que si ma vie est un bordel, c’est qu’y’a une bonne raison, qu’les épreuves ça se surmonte pour mieux avancer. Sauf que j’suis au point mort, que j’me d’mande si le toit va pas s’écrouler sur ma gueule en réponse à mes mauvaises actions en chaîne, et qu’au fond il menace réellement de s’écrouler sur la gueule de quiconque passera la porte. Enfin, au moins il pleut plus trop et j’peux dégager les seaux et les bassines qui jonchent le sol depuis trop longtemps. Un peu d’rangement me ferait pas d’mal, c’est vrai, même si taper les récipients dans la sacristie pour s’en débarrasser, c’est pas exactement du rangement. J’essaye de pas penser à Asher au passage, en empilant tout ça comme un très mauvais joueur de Tetris, le regard qui évite soigneusement de se poser sur la porte contre laquelle on avait un peu perdu de vue le côté sacré de l’édifice. Et toutes les merdes qui s’étaient enchaînées après. Peut-être que c’était la punition pour le blasphème, finalement. Maintenant faudrait juste que j’trouve de quoi racheter ma faute. J’me cogne la tête dans une étagère, en entendant mon nom résonner dans l’église, sursaut incontrôlable tellement c’est rare qu’y’ait quelqu’un là-dedans, et le « PUTAIN » qui m’échappe un peu trop facilement. Un peu trop fort, aussi. Putain. C’est la voix de Lavinia, ça, faut pas qu’elle décide d’aller ailleurs parce que j’hurle des jurons, faut pas, c’est ma seule lueur d’espoir en c’moment. En plus j’suis même pas en tenue. Marcel et jeans troué, ça fait pas trop pasteur agréé. Mais bon, c’est pas comme si y’avait une seconde issue, et j’vais pas rester planqué dans la sacristie maintenant qu’elle sait que j’suis là. J’ouvre donc la porte avec un grand sourire, du genre qui la supplie d’oublier ce qu’elle vient d’entendre, mais qui se crispe légèrement en voyant toute la smala débarquer. Etonnant qu’j’aie pas encore réveillé l’bébé. « Buongiorno, Lavinia. Vous pouvez m’appeler Toad, vraiment. » Monsieur Baxter, ça m’donne l’impression d’être mon père et c’est pas spécialement c’que j’ai envie d’être dans la vie. Et ouais, j’parle italien, parce que tous les moyens sont bons pour garder ma nouvelle paroissienne. Elle est déjà revenue quoi, cinq fois ? Si c’est pas c’qu’on appelle un miracle, j’veux bien qu’on me nomme pape alors qu’c’est pas la bonne religion. Je sais pas trop si c’est par envie qu’elle vient, ou si elle se sent obligée depuis qu’j’ai fondu en larmes devant elle en la voyant rappliquer – j’avais eu une mauvaise journée, ok. Qu’ce soit l’un ou l’autre, j’lui en suis reconnaissant. « Désolé de la tenue, j’faisais du rangement. » Excuse bidon, mais ça passe. « J’peux vous aider ? » Je jette un œil à la meuf qui se tient à côté de Lavinia, avec un gosse dans une poussette. Vu l’air de famille, y’a pas photo, c’est une ribambelle de Popescu. J’lui tends donc la main avec un sourire qui se veut chaleureux malgré le malaise de mon introduction ratée. « J’suis le Révérend Toad Baxter. » |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: old time religion (toad/lavi) Jeu 31 Mai - 18:46 | |
| C'est pas vraiment un ami. Ah. C'est pas vraiment rassurant, mais elle la boucle et se contente d’acquiescer. Y a les images de sa mère qui refont surface, la cuisine éclairée un soir, les joues humides, le regard perdu. Un truc de famille, vraiment, les yeux des paumés qu'ont jamais su retrouver le bon chemin jusqu'à la maison. Un classique de Popescu. Ils errent. Ils divaguent. Ils se cognent – des fois les uns contre les autres. Ils se loupent plus souvent que prévu. Ils se tiennent au croisement des chemins entre un seuil d'église bancale et un soleil qu'écrase leurs dos. Et ils retiennent leur arrière-goût de méchanceté facile quand Lavinia avoue que même le pasteur sait pas garder les lacrymaux au sec. Bah putain. Elle sait à peine gérer ses accès de faiblesse, ceux de Matei la foutent en vrac. Assez. Pour une personne ça ira. Assez. Rien ne l'empêche d'embrayer la marche arrière et de traîner les pieds dans le sens inverse s'ils commencent à faire tomber la pluie d'un temps pareil. A contre-coeur, elle suit l'ombre de sa mère. « Bizarre ? » Bizarre comment, y a comme l'envie conne de jouer des anecdotes pour le placer sur l'échelle. Zéro à dix. Et elle commence à six, braquer un revolver à la gueule de son ex parce qu'il a la bonne idée de faire comme tout le monde. Se balader en ville un après-midi. Elle lève les yeux au plafond. Alors, son Dieu, il en pense quoi de ça ? Bizarre comment, si l'église ressemble au mec qui porte le col blanc, elle s'attend à tout. A un peu de vrac au passage. Les mots de sa mère résonnent, une fois, deux fois, rien. Elle soupire, s'impatiente un peu aussi. Entre elle et ses mains qu'elle fixe, faut le dire – les croix c'est pas son délire. Et elle jette un regard noir à celle qu'est accrochée en face de leur cortège absurde. Dieu doit se marrer. Fort. Ça lui donne des envies de lui redessiner le sourire avec le dit flingue. « Non mais y a personne laiss – » « PUTAIN » Elle sursaute. C'est pas le genre de vocabulaire qu'elle pensait capter par ici – pas dans une autre bouche que la sienne, en tout cas. Le juron est étouffé par la planque d'où il a été braillé – où, elle sait pas. Ça se casse contre les murs, elle interroge sa mère du regard. Bizarre comment, déjà ? « C'était… ? » Lui dis pas ce qu'elle pense, mens un peu pour faire passer le temps, elle a déjà du mal à ne pas faire naître une deuxième veine en travers de son front. Putain. Ouais, ce qu'elle se dit quand elle voit le fameux pasteur sortir de la sacristie, les bras nus et d'autres bouts de peau à jour dans la toile de son jean. Alors, ton Dieu, il en pense quoi de toi ? C'est pas le genre d'énergumène qu'elle pensait capter par ici non plus. Elle le dévisage de haut en bas, de bas en haut, plusieurs fois sans se cacher. C'est une blague ? « Elena. » ça claque comme le bruit sourd de tout à l'heure. Elle fixe la main tendue un peu trop longtemps – faut la serrer, à un moment. Parce que le pasteur – Baxter – attend toujours, et qu'elle se pose royalement sur le contre-temps. Le malaise a la peau dure. « On vous prend au sérieux ? » Sans déconner. Pourquoi est-ce j'ai accepté de venir, déjà ? Pas pour insulter le pasteur, elle veut pas imaginer l'expression actuelle sur le visage de Lavinia. Désolé. On peut pas la sortir. Elle relâche enfin la main du tatoué, ramasse ses bras sur la poitrine. « C'est à elle qui faut demander. » Sa mère. Pour l'aide. Pour le sauvetage qu'elle s'est mis en tête. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: old time religion (toad/lavi) Sam 2 Juin - 22:54 | |
| Comme tout dans la vie de Lavinia Popescu, la rencontre d’Elena et de Toad est un désastre. À la longue, ce n’est plus vraiment une surprise mais elle se demande tout de même si elle expie un quelconque écart de conduite, si c’est quelque chose comme une punition divine, si elle est intimement liée au désastre, si ça coule dans son sang. C’est une possibilité comme une autre, elle en est sûr, mais elle reste silencieuse en observant les tatouages du pasteur d’un air qu’elle espère neutre – elle n’est pas réellement sûr d’approuver mais elle n’est pas réellement sûr d’avoir un quelconque droit d’avoir un avis sur la question en réalité. Elle reste silencieuse, aussi, lorsqu’Elena pose sa question, sans doute parce qu’elle sait que sa fille n’est là que pour lui faire plaisir, peut-être aussi parce qu’elle s’est déjà posée elle aussi la question et qu’elle est à peu près certaine de n’avoir jamais trouvé la réponse – elle n’est pas vraiment sûre elle-même de ce qu’elle trouve au Révérend Baxter, elle sait simplement que c’est fondamentalement quelqu’un de bien, même si loufoque. Pour le moment, ça lui suffit. Pour le moment, ils n’ont pas besoin de plus.
« Elena. » Elle appelle, tout doucement, plus pour attirer son attention, la main qui se tend pour effleurer doucement son coude, à peine un fantôme, délicate jusque dans le plus minuscule de ses gestes, encore effrayée de la voir partir en courant dans la direction opposée, fuir, s’effacer, s’effondrer. « Toad. » Elle essaye, teste le poids du prénom contre sa langue, incapable de s’y habituer tout à fait, mais prête à tout pour qu’il discerne de la bonne volonté. « J’ai besoin que vous hébergiez ma fille. » Elle le fixe. Elle le regarde droit dans les yeux. Elle est de marbre, à ce moment-là, solide, stable, droite, presque fière, les pupilles plantées dans celles de Toad et les mâchoires presque serrées, parce qu’elle s’apprête à en dire plus à un presque inconnu qu’à n’importe qui, parce qu’elle s’apprête à déballer le linge sale familial devant cet homme qui a une ligne privée avec Dieu, parce qu’elle a peur qu’il la regarde avec mépris dans quelques secondes, peur qu’il se demande de quel droit elle est là, elle, la silencieuse, de quel droit elle effleure le coude d’Elena maintenant, des années trop tard, des années après avoir perdu le bras. « C’est dangereux, à la maison. Mon mari... » Elle esquisse un geste de la main.
Rien ne peut décrire Lucian. Rien ne peut décrire la peur cramponnée au fond de son estomac. Rien ne peut décrire l’incertitude à chaque fois qu’il entre dans une pièce, l’écrasant charisme qui la cheville sur place, la façon dont sa langue se colle contre son palais. Rien. Elle peut pas mettre les mots dessus. Elle refuse de mettre les mots dessus. C’est pas le moment. C’est pas l’endroit. Elle est une bonne épouse. Elle doit rester une bonne épouse. C’est pas pareil, de le court-circuiter et de donner un peu d’argent à Mihail, pas pareil de cacher Elena, pas pareil de dissimuler. C’est pas pareil que de murmurer activement des mots durs, pas pareil que de penser des choses horribles, pas pareil et elle déglutit pour camoufler le désert qui s’est ouvert dans sa gorge.
« J’espérais que vous puissiez faire quelque chose pour nous. Comme dans le Bossu de Notre-Dame. »
C’est bête, comme référence, elle le sait bien. Ça l’empêche pas d’avoir l’espoir chevillé au corps. Ça l’empêche pas de regarder Toad comme s’il pouvait laver son âme de tous ses péchés. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: old time religion (toad/lavi) Mar 19 Juin - 21:49 | |
| Adieu, estime de soi, confiance et fierté, tout ça vient d’s’écraser dans un plongeon suicidaire, la falaise toute belle mais c’est un banc rocheux qui m’attend en bas. Elle me regarde trop longtemps, la supposée fille de Lavinia, de haut en bas, comme quand on sait pas trop si on doit éclater de rire, s’mettre à chialer ou partir en courant face à quelqu’un. Et sa main met tellement de temps à échouer dans la mienne que j’n’y crois même plus quand elle finit par la serrer, répondant sans conviction aucune, d’autant plus qu’elle me lâche un commentaire auquel, certes, je suis habitué, mais qui fait toujours aussi mal. Elena vient de me briser le cœur. Et elle s’en fout sûrement. D’la lutte de tous les instants qui s’déroulent dans mon crâne pour pas péter les plombs, gueuler et détruire le premier truc qui passe entre mes doigts. J’crois qu’personne réalise le self-control dont je fais preuve, et ça m’rend que plus triste. « Faut croire. » Haussement d’épaules. J’essaye de pas montrer qu’j’suis blessé en ne laissant qu’un p’tit sourire contrit transparaître et en reportant mon attention sur Lavinia plutôt que sur sa sale gosse. La vérité, c’est qu’à l’intérieur ça s’effrite, les mois à recevoir des regards incrédules et des mots mesquins ont fini par attaquer c’que j’avais reconstruit avec tant d’ardeur et de foi, et j’parviens plus à l’ignorer depuis la rechute. Elle a l’air très sérieuse, la mama, ses yeux vrillés aux miens, si droite que ça m’force moi-même à me redresser, bien qu’j’aie l’impression d’être Gulliver au pays des lilliputiens. C’qu’elle me d’mande prend bien dix secondes à heurter ma conscience, mes sourcils qui se froncent, perplexe, en passant d’elle à Elena au bébé dans sa poussette. Nan, j’ai beau retourner la phrase dans tous les sens, elle vient bien de me d’mander d’héberger sa fille. Je n’sais pas quoi répondre. Moi j’veux bien, mais j’arrive pas à imaginer la baraque comme étant propice pour élever un gamin. Pourtant c’qu’ajoute Lavinia balaye tout ça comme une rafale de vent, mes prunelles qui s’fixent à nouveau sur son visage de madone. Etat de choc. « Votre mari ? » Murmure purement Rhétorique. J’ai pas besoin d’avoir la suite, j’ai trop bien compris. Son mari est un John Baxter, y’a rien d’plus à comprendre. J’acquiesce avec un minuscule sourire plus inquiet qu’autre chose à la référence au Bossu de Notre-Dame, j’revois trop bien la scène et y’a mon cœur qui s’affole, les souvenirs qui affluent brutalement dans ma mémoire, mes deux bébés qu’j’avais protégé d’mon corps pendant des années, mes deux bébés qu’j’avais abandonnés. Dieu veut-Il que j’me rachète ? Toute façon, y’a pas à hésiter. « On va s’arranger. Y’a pas trop d’place mais si j’dors au salon avec Ezra, j’peux vous donner ma chambre jusqu’à c’que vous trouviez quelque chose d’autre. » On sera serrés mais ce sera suffisant, tout est mieux qu’un père et un mari violent. J’aurais préféré vivre dans une poubelle plutôt qu’sous le toit de mon père, après tout. « Mais Lavinia, vous... » C’est difficile d’en parler, j’sais bien, mais j’peux pas la laisser dans cette situation.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: old time religion (toad/lavi) Mar 3 Juil - 17:39 | |
| « Elena. » Le corps se braque plus qu'elle le voudrait lorsqu'elle sent la caresse fantôme de la main de sa mère contre son bras. Me touche pas. Exister seule dans son air, seule dans son ombre. Les vieilles habitudes se tordent de douleur à ses pieds mais ne crèvent jamais pour de bon. Jamais en silence non plus, elle lève les yeux au ciel et soupire le contenu de sa pensée. « Quoi. C'était juste une question. » C'est pas nécessaire de faire le malheureux, Révérend. Elle a vu l'air blessé mais elle fera semblant de prétendre que c'était qu'un jeu de lumière, ricochet de la fenêtre au cœur de ses yeux. Pile au fond des prunelles. Putain de coïncidence, elle joue la naïve. Si c'est l'église qui lui donne des idées stupides comme ça, elle crève pas d'envie de s'attarder dedans. Elle se force à réunir ses lèvres dans une ligne muette, avant que le reste des voix ne déborde et ne finisse par noyer l'élan de confiance qui suspend soudainement les épaules de sa mère. Hautes, droites. Elle cligne des yeux, un peu surprise, un peu ennuyée aussi. Et bercée par l'impression de se sentir de trop dans leur échange, mais de ne pas en avoir assez à cirer pour y changer quoique ce soit, elle porte son regard sur la poussette et son fils dedans. J'pensais pas que ça prendrait autant de temps non plus, désolé. Il a l'air crevé, alors elle suppose qu'il pense comme elle. Égoïste, elle se garde le droit de croire que Matei va dans son sens tant qu'il parle pas. Juste une personne dans son camp. Elle pense pas au plus tard. Elle pense à l'instant présent et aux mots qui la ramènent sur Terre avec la violence d'une claque dans la gueule. « J’ai besoin que vous hébergiez ma fille. » Elle s'héberge très bien toute seule, merci beaucoup. Hein qu'on se débrouille ? Un nouveau coup d'oeil misérable vers Matei et sa bouille de bambin qui aurait jamais du connaître la rue. Merde. Heureusement qu'on avait dit qu'on allait dans le même sens. Lâcheur. Elle lui en veut même pas un peu. « Votre mari ? » D'instinct elle attrape la main de Lavinia, noue leurs doigts de force sans réfléchir au geste. Qu'il lui fasse pas répéter. Calme. Elle s'emballe, y a rien de méchant dans la voix du pasteur, plutôt le contraire. « On va s’arranger. Y’a pas trop d’place mais si j’dors au salon avec Ezra, j’peux vous donner ma chambre jusqu’à c’que vous trouviez quelque chose d’autre. » Faudrait-il qu'elle cherche vraiment, qu'elle cache mieux le soulagement à l'idée d'ouvrir les yeux le matin et de voir un plafond plutôt que le ciel. Elle récupère sa main et recroise les bras. « Tant qu'il peut dormir quelque part … » Elle désigne Matei. « … j'ai pas besoin d'une chambre entière. » C'était relativement – suffisamment – sympa là, non ? Elle trouve. Elle a rien contre avoir tout le logement pour elle, ça bien marché sur un flic, les pasteurs, elle connaît pas assez. Première différence, y en a un qui parle de trop à son goût. « Mais Lavinia, vous... » Elle répond à la place de sa mère. « J'vois pas trop ce que pouvez faire. » Comment ça marche les miracles par ici ? Qu'on la corrige si elle se trompe, mais elle a jamais vu des cierges arrêter des connards. |
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