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 Shut your eyes and trust in me (Lenny)

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MessageSujet: Shut your eyes and trust in me (Lenny)   Shut your eyes and trust in me (Lenny) EmptyVen 22 Juin - 1:07

Il fallait dire que Leon n’était pas d’humeur. Il n’avait pas réussi à fermer les yeux, il n’avait pas réussi à calmer ses angoisses. Alors il s’était mollement levé, en partie parce qu’il avait senti son coeur battre trop fort et que ça l’oppressait. Sa main avait cherché l’interrupteur de sa lampe de chevet puis le reste du joint qu’il restait dans le cendrier. Il l'alluma avec monotonie et dirigea une petite télécommande blanche vers sa chaine hi-fi. Celle-là, il l’avait payé avec ses propres deniers. Tout en fixant la fumée s’élever vers le plafond jauni par le tabac, Leon réfléchit à là où ses pas pourraient le mener. Tout ce qu’il voulait, c’était être le plus loin possible de ses soucis. Tout en dodelinant de la tête au rythme d’un vieux classique rnb, le môme écrasa son joint dans le grand cendrier en verre à moitié rempli puis se dirigea vers sa penderie, à la recherche de quelque chose à se mettre sur le dos. L’angoisse le prit de plus bel. Il fallait qu’il soit beau, que les autres le trouvent convenables. De vagues moqueries lui lacérèrent l’esprit comme des lames affutées. Foutue paranoïa. En grimaçant, il attrapa une chemise aux motifs bariolés de jaune, bleu et rouge. Son apparence était dotée d’un second degré qu’il n’avait pas. Il était si facile pour lui de se cacher derrière cet apparat aux antipodes de qu’il était réellement; un gros paumé qui essayait de se donner un peu de substance. Son regard se posa sur le jean qui traînait par terre. Il se dit que ça n’avait pas d’importance, que de toute façon le set de bagages qu’il avait sous les yeux le trahirait, même dans un bar mal éclairé. Ses jambes passèrent le tissu avec aisance, de la même façon que sa taille retenait à peine le vêtement. C’est qu’il était pas bien gros. Histoire de se donner du courage, il se traîna jusqu’à la cuisine et se servit un couple de shots qu’il fit disparaître aussi sec. Il allait boire, il allait piller les poches de ces bourgeois délurés et ça allait bien se passer. Leon attrapa sa veste et se réfugia contre la chaleur du col en mouton. En ouvrant sa porte d’entrée, Leon lança une oeillade derrière lui, à la recherche d’une présence qui n’était plus. Ses lèvres se pincèrent d’une mimique nerveuse et la porte claqua avec une force qu’il n’avait pas suspecté en son geste.

Les semelles de ses boots en cuir beiges battaient le sol en des pas réguliers. Grand comme il était, Leon jouait des épaules pour éviter la confrontation avec d’autres corps pressés d’aller onduler sur une piste. Un garçon trop préoccupé par le décolleté de la succube à ses côtés le heurta de plein fouet, histoire de montrer qui était le plus fort.  L’ego un peu endommagé par la collision, Leon n’en perdit pas pour autant la tête et profita de la cohue pour tirer le portefeuille de la poche arrière du gorille. « Excusez-moi. » lâcha-t-il en baissant le regard. La main dans la poche de sa veste serrait fort le butin, comme si il allait s’échapper d’entre ses doigts. Ses talons se tournèrent dans un automatisme calme puis Leon poursuivit sa marche en se disant que la soirée n’était finalement pas si pourrie qu’il ne l’avait pensé  au départ.

Les néons de la petite entrée du bar agirent sur lui comme le chant d’une sirène. En entrant, ses yeux se promenèrent sur les quelques personnes ivres au comptoir, jaugeant les manières des uns, les attitudes des autres. Les basses d’une mauvaise chanson commerciale tapaient sur ses tempes dans des à-coups à la limite du supportable. Le gamin prit place sur une banquette sale proche de la vitre. Leon était un félin. Il aimait avoir de la hauteur sur les choses et observer discrètement les animations de la rue. Le barman posté derrière le large comptoir en bois donna un coup de menton dans sa direction. « Une pinte. » dit Leon tout en prenant la décision de ne pas lui lâcher de pourboire. Quelques minutes passèrent, il ne prêta pas attention à la bière qui s’était posée sur la table. Non, toute son attention avait été retenue par la tête naïve qui passait devant lui, séparée par le verre. Toquer sur la vitre? Le laisser continuer sa route? Il cogna trois coups secs, un sourire carnassier sur les lèvres. Délicieusement joueur, il s’hasarda même à montrer la place en face de lui.  
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MessageSujet: Re: Shut your eyes and trust in me (Lenny)   Shut your eyes and trust in me (Lenny) EmptySam 30 Juin - 1:11

Il ne devrait pas être dehors à cette heure-là. Pas tout seul, pas dans ce quartier. Il ne se sent pas bien, ni en sécurité, mais il n’arrive pas à rentrer chez lui. Il n’en a pas envie. Il a beau faire comme si tout allait bien devant Caïn, il a l’impression d’être un poids, un fardeau dans sa vie déjà trop compliquée comme ça. Caïn fait tout pour qu’il soit à l’aise et il se sent d’autant plus coupable de ne pas l’être. Pas à sa place. Comme d’habitude. Cela fait peut-être des heures qu’il déambule sans but dans les rues de Savannah, le cœur en bandoulière et les yeux dans le vague, à éviter ceux des passants qui se posent sur lui, qu’il devine réprobateurs à mesure que la soirée avance. Malgré ses dix-huit ans, il a toujours l’air d’un adolescent un peu négligé, sweatshirt trop large, jeans et baskets troués, usés par les années, la casquette vissée sur la tête pour dissimuler son visage, de peur que quelqu’un le reconnaisse. Il a peur de croiser Peter, ça n’a pas changé. Il évite même son propre regard qui se reflète dans les vitrines, détourne la tête dès qu’il aperçoit sa silhouette dans l’une d’elles. Il est épuisé, las, en vrac, il ne sait plus où il en est, avec personne, Otto, River, Asher, Merle, Jael, Caïn, Peter, Darja, y’a trop de noms qui défilent dans son esprit, des noms qui ont tous une histoire trop lourde à porter, de mensonges, de secrets, de sentiments qui s’entrechoquent et qui finissent par ne plus vouloir rien dire. C’est idiot, il devrait en parler à quelqu’un, il sait que tout garder pour soi ne sert qu’à s’enfoncer dans des questionnements sans fin. Mais il n’a personne à qui parler de tout ça, personne qui ne soit pas trop impliqué dans sa vie pour qu’il ne s’en veuille pas de lui poser ses colles existentielles. Il tente de se reprendre en mains, même s’il ne va plus à l’université, il peut bien travailler, faire quelque chose. Il a cherché des petits jobs, on lui a dit qu’il était trop inexpérimenté, trop maladroit, trop timide, mais il y a cette petite librairie qui proposait un poste de vendeur et qui doit encore le rappeler. Peut-être qu’ils ne rappelleront pas. De toute façon, ça ne le changerait pas vraiment. Mais ça ne fait que cinq jours et ils n’ont peut-être pas encore décidé. Il a déjà regardé les offres d’appartements sur l’ordinateur de Caïn, parce qu’il ne veut pas rester dans ses pattes plus longtemps, à squatter une chambre qu’on lui donne par charité. Il a besoin d’autre chose, d’indépendance, de nouveauté, pour arrêter de penser à sa mère et à son envie de la retrouver qui demeure là, bien ancrée dans sa poitrine, alors même qu’elle lui a dit qu’elle ne voulait plus jamais le revoir.

C’est en passant devant un bar un peu sordide qu’il sursaute, ses prunelles qui s’agrandissent, surprises, puis rétrécissent, à tenter de reconnaître l’individu derrière la vitre. Il ne met pas plus de trois secondes, malgré les lumières nocturnes qui s’y reflètent et brouillent l’image, pour remettre un nom sur ce visage. Leon. Il lui sourit en retour, de ces sourires fatigués qui marquent trop souvent ses traits, ces derniers temps, et, comprenant qu’il l’invite à le rejoindre puisqu’il désigne le siège vide en face de lui, pénètre dans l’établissement mal éclairé, peuplé de quelques ivrognes et autres créatures de la nuit. Il ne sait pas pourquoi il le fait, ni pourquoi il n’est plus aussi méfiant qu’avant avec les presque étrangers. Lui qui était si apeuré dès qu’on lui adressait la parole, a laissé Leon entrer dans sa vie avec une nonchalance et une lassitude dont il n’aurait jamais cru être capable. Il soupire en s’installant, la tête baissée pour ne pas attirer l’attention du barman. A chaque fois qu’il va dans un bar, on critique sa commande, qui consiste toujours en une eau minérale. Il ne boit rien d’autre, en même temps, et l’alcool lui est encore interdit. Trop jeune. Et il ne compte pas réessayer d’en boire de sitôt, il se souvient encore très bien de la première et dernière fois qu’il a bu de la vodka. Tout son monde a semblé s’effondrer autour de lui, alors qu’on l’emmenait au commissariat, qu’on retrouvait son signalement dans le fichier des gamins disparus et qu’il appelait Caïn à la rescousse. Il a dix-huit ans, maintenant, les services sociaux n’en ont plus rien à faire de lui. « Salut », il lance, d’un ton absent, ne sachant pas trop ce qu’il fait là. C’est comme si un autre que lui était entré dans le bar pour s’asseoir avec Leon, et qu’à présent qu’il reprenait les rênes, il ne savait pas du tout quoi faire. « Tu viens souvent ici ? », il demande, l’air perdu, en jetant un coup d’œil autour de lui et se demandant s’il ne devrait pas simplement faire demi-tour. Ce qu’il formule à voix haute : « Je devrais sûrement rentrer. » Pourtant, il ne bouge pas d’un pouce.
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MessageSujet: Re: Shut your eyes and trust in me (Lenny)   Shut your eyes and trust in me (Lenny) EmptyDim 1 Juil - 14:08

Au travers de la vitre sale, Leon aperçut l’autre qui lui rendit un de ces sourires où l’on pouvait lire le poids du monde en eux. D’abord, il regarda la silhouette de l’autre qui avait l’air assez peu convaincue de le rejoindre. Il ne comprit pas. Sa présence n’était pas désagréable pourtant. Leon se saisit de son verre et y plongea ses lèvres en observant l’autre s’installer. Il entendit son soupir mais décida de ne pas le relever. Le garçon était déjà content d’avoir un semblant de compagnie pour ce soir, même si Lenny s’était toujours montré méfiant à son égard. Doucement, il reposa le verre sur le petit morceau de carton circulaire en se disant que la sympathie du serveur, ni le goût de la boisson n’allait réussir à lui remonter le moral. Il comptait sur l’autre pour ça, même si il semblait peu disposé à cette tâche. « Salut. » lâcha Lenny avec monotonie. Le sourcil de Leon forma un arc inquisiteur. « Hey. » répondit Leon avec un petit sourire encourageant. Le fait d’avoir de la compagnie l’avait mis de bonne humeur, il avait à présent envie de s’amuser, de faire la fête. Mais il n’avait définitivement pas le bon partenaire pour cela.  « Tu viens souvent ici ? » Leon fut un peu étonné que l’autre eut brutalement envie de faire la conversation alors qu’il tirait une tête de deux pieds de long. Le gamin haussa une épaule tout en regardant l’intérieur de son verre. « Non. C’est un des rares bars ouverts à cette heure-ci et je n’avais pas envie de danser ce soir. » Danser. Quel joli mot pour masquer la réalité. Par danser, Leon voulait dire se faufiler dans une foule pleine de corps moites, pendant que ses doigts se promènent à l’arrière de leurs pantalons de luxe. Lenny ne savait rien de Leon et cette idée l'excitait un peu. Il avait laissé des indices ça et là lors de la rencontre, bien loin de vouloir laisser une bonne impression.  « Je devrais sûrement rentrer. » déclara finalement le plus jeune sans vraiment y croire. Un délicieux sourire vint se peindre sur le visage de Leon. Il avait envie de titiller Lenny, comme un chat avec sa proie encore vivante. Lentement, il hocha la tête par la négative et passa son doigt sur la condensation du verre. « Et moi je pense que tu ne devrais pas, non. » répondit-il calmement. Bien vite, il fouilla dans ses poches à la recherche de ce qu’il avait réussi à chaparder quelques minutes avant. Quand il eut trouvé le petit portefeuille vert émeraude en cuir, il l’ouvrit et en sorti une carte d’identité qu’il posa sur la table, sans un mot.

Il toisa quelques instants Lenny afin de deviner quels genres de boissons il préférait. Ce n’était pas simple de répondre à cette question puisque Lenny n’avait pas montré grand chose de lui. Malgré les quelques années de différence, Leon ne pouvait pas s’empêcher de le voir comme un enfant. Alors, il se leva de la banquette, attrapa une billet de dix dollars à l’intérieur du bien volé et se dirigea vers le comptoir, pensant faire quelque chose de bien à l’égard du garçon. « Un lait fraise. » demanda-t-il au serveur antipathique. Leon avait du mal à rester poli quand il interagissait avec des gens mal éduqués. En tournant les talons avec le verre, il lâcha le billet sur le comptoir sans un mot et revint à sa place. « Tiens. » dit-il en posant la mixture rose pastel en face du plus jeune. Leon était content, il venait de faire sa bonne action de la journée et s’était encore une fois prouvé à lui-même qu’il n’était pas qu’une mauvaise graine. Il posa ensuite deux doigts sur la carte d’identité qui était restée à sa place et la poussa vers Lenny, joueur. « Tu la veux? En louchant, vous vous ressemblez un peu. Tu pourras rentrer avec moi en club comme ça. » prononça-t-il à mi-voix. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait une furieuse envie de l’entraîner dans sa chute, de casser cette sorte de pureté qu’il avait envie en lui. Au fond, il voulait juste arrêter d’être seul dans cette galère. « On pourrait finir nos verres et y allait après, si ça te dit. » Poursuivit Leon après avoir siroté un peu de sa bière. Il n’avait même pas réussi à se convaincre lui-même. Avant d’avoir prononcé ces mots, il avait imaginé le visage de Lenny se décomposer à l’idée de commettre un acte illégal. Parce que la dernière fois, quand ils s’étaient rencontrés, Lenny lui avait sagement fait un exposé complet sur un écrivain obscur dont il n’avait même pas retenu le nom. L’attention de Leon était concentrée sur l’action, pas la parole. Et c’était là leur plus grande différence.
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MessageSujet: Re: Shut your eyes and trust in me (Lenny)   Shut your eyes and trust in me (Lenny) EmptyVen 13 Juil - 0:49

Leon le trouble, comme tous ces gens un peu trop mystérieux qu’il n’arrive jamais à saisir de son esprit rigoureusement scientifique. Il ne voit pas clair dans son jeu, se demande ce que Leon a bien pu voir chez lui pour le laisser entrer ainsi dans sa vie, comme si ça coulait de source de se montrer amical envers lui. Il est prudent, évidemment, parce qu’il est toujours prudent avec ceux qu’il ne connaît pas assez, et même avec ceux qu’il connaît depuis longtemps. Mais pas méfiant. Pas aussi méfiant qu’il a pu l’être dans le passé, trop fatigué d’avoir le cœur qui bat à vive allure et l’angoisse qui lui ronge nerfs et estomac. C’est comme si son corps avait décidé de reprendre le contrôle, d’arrêter de supporter ses crises de stress pour les remplacer par un excès de mélatonine, lassitude extrême imprégnant chacun de ses gestes, chacune de ses pensées. Que peut-il arriver de pire, de toute manière ? Ce n’est pas en buvant des bières que Leon lui fera du mal. Ce n’est pas en s’enfermant dans sa chambre et refusant tout contact avec l’extérieur que sa vie prendra un tournant plus positif. Il sourit en réponse au sourire de Leon, légèrement, lorsqu’il lui dit qu’il ne devrait pas rentrer. Lenny sait très bien qu’il devrait, il était déjà trop tard quand il déambulait seul dans la rue, quand Caïn lui a envoyé un texto pour savoir s’il mangeait au Troisième Œil ou non, qu’il a répondu qu’il avait déjà mangé alors que ce n’est pas vrai. Mentir est devenu facile, à présent, dès qu’il se sent mal, dès qu’il étouffe au grand air, il fuit les autres, ses amis, son petit copain et son parrain, il se cache dans les quartiers où on ne l’imagine pas aller, il se cache en plein jour, au milieu des inconnus, et personne ne le trouve jamais.

Ses yeux se posent sur la carte d’identité que Leon fait glisser sur la table, juste devant lui. Il la fixe longuement, comme si elle pouvait lui donner des indices mystiques sur ce qui est bien ou mal, à peine choqué que ce petit morceau de plastique n’appartienne pas à Leon. Il en a vu des dizaines circuler entre les Lost Boys, il en avait même une fausse, pour pouvoir s’inscrire à l’université. Il ne suit même pas Leon du regard lorsqu’il se lève pour aller jusqu’au comptoir, remarque à peine, perdu dans son vague à l’âme. Ça lui rappelle trop de choses, ce simple bout de papier, l’identité d’un étranger exposée à ses pupilles, la sondant d’un air absent. Il se souvient qu’il ne voulait pas accepter sa fausse carte, au début, Peter l’avait convaincu à force de persévérance, lui expliquant que le monde était parfois mal fait et qu’enfreindre les lois pouvaient être la seule solution pour s’assurer un avenir. Il se souvient aussi qu’il avait utilisé cette carte pour acheter la fameuse bouteille de vodka qui l’avait conduit au poste, là où elle avait été confisquée. Il soupire doucement, quand Leon revient avec un lait fraise pour lui, sourire contrit à l’appui. Il n’ose pas dire qu’il ne boit pas ce genre de choses, que le lait est mauvais pour la santé à partir du moment où la croissance est terminée, et que l’ersatz trop sucré au goût synthétique de fraise n’a aucun avantage nutritif. « Merci. » Il y trempe le bout des lèvres avec une grimace résignée, peu enclin à rejeter un cadeau qu’on lui fait, même s’il a bien compris que ce n’est pas avec son propre argent que Leon a payé ça. Il ne va pas lui faire la morale. Il vient bien de passer plus d’un an parmi des apprentis cambrioleurs, ça ne le tourmente plus tellement, il sait que c’est nécessaire pour survivre, que certains n’ont pas le choix. Lui, il a seulement eu la chance que personne ne veuille vraiment le faire plonger dans l’illégalité, qu’il s’en sorte toujours avec des larmes et des délits minimes. Mais apparemment, Leon aimerait bien qu’il plonge, un peu, gentiment, comme tous les adolescents qui n’ont pas la majorité pour pénétrer dans des clubs enfumés où l’alcool coule à flot, l’incitant d’une poussée sur la carte, lui proposant d’y aller juste après avoir fini leurs verres. Lenny ne s’offusque pas, laisse un petit sourire las étirer sa bouche, repoussant la carte du côté de Leon de deux doigts mal assurés. « Ce n’est pas vraiment mon truc. Tu devrais rendre le portefeuille. Il suffit de le mettre dans une boîte postale, le facteur le trouve et le ramène à la police. » Et personne ne se soucie jamais des billets disparus, tout le monde sait qu’on ne les retrouve jamais. Il fait la moue, comme s’il venait de réaliser qu’il est en train de lui faire la leçon, secoue la tête comme pour effacer ses dires et ajoute : « Je n’aime pas danser, de toute façon. » Pas en boîte avec de la musique trop forte qui l’indiffère, en tout cas. Il donnerait n’importe quoi pour pouvoir danser à nouveau sur une scène, mais ça, ça n’arrivera plus jamais.
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