OK elle a dû fouiller les réseaux sociaux pour retrouver la trace de Leon, mais n'empêche qu'il ne l'a pas jetée quand elle l'a contacté. À ses yeux, ça fait déjà d'eux des amis. Et quand en plus il lui propose une soirée à laquelle s'incruster ensemble, c'est carrément gravé dans la pierre. Elle est déjà allée chez l'hôte de la soirée, c'est peut-être même là-bas qu'elle avait rencontré Leon, elle ne sait plus. Elle sait qu'elle ne l'aime pas en tout cas — l'autre type, pas Leon. C'est pas grave, c'est même tant mieux, du coup elle va pas se gêner ce soir pour y mettre le bazar.

Elle s'est fait belle pour la soirée. Elle a imité les filles qu'elle y avait croisées la dernière fois, quand elle-même s'était pointée en jean et chemise à carreaux pas lavée et qu'elle était bien la seule. Là, elle a toute la panoplie de la fille qui veut qu'on la trouve jolie mais pas qu'on la regarde de trop près, ou plutôt pas de trop vrai. Ça ne lui va pas vraiment d'être si maquillée mais ça l'amuse quand même, et puis il le faut. Parce que si elle s'est fait belle, ce n'est pas pour satisfaire l'hôte odieux (Terry ? Jackson ? on n'a qu'à dire Jerry) ou ses invités un peu snobs, c'est seulement pour se fondre dans la masse. S'ils dénotaient trop, elle et Leon se feraient repérer trop vite et se feraient virer. Enfin elle croit. Elle ne se rappelle plus les messages de Leon, ce qui est sûr c'est qu'elle s'est mis en tête qu'ils venaient là en mission d'infiltration. Elle se souvient d'avoir répondu « Roger » à son dernier message et ça l'a mise dans l'ambiance.

Il l'attend déjà au point de ralliement (enfin de rendez-vous) quand elle arrive dans son dos. Elle ne se manifeste pas avant d'accrocher le bras de Leon dans le creux de son coude. « Bonsoir Leonard, » elle fait d'une voix qui se veut voilée et mystérieuse. Ce n'est pas une totale réussite mais ça n'a rien à voir avec la façon de parler immature de Nicola au naturel. « Leonard ça fait aristocrate, c'est parfait pour ce soir. » Elle ne lui demande pas s'il est d'accord, elle énonce un fait. « Moi c'est Viola enchantée. T'es mon cavalier ce soir c'est ça ? » Oui, peut-être bien qu'elle s'est un peu emportée quand elle a monté tout son scénario.