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⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 722 ▹ points : 14 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava by lempika. ; sign by afanen ; icons by old money & kaotika ▹ avatar : hill ▹ signe particulier : des trop grandes jambes, la dégaine de gitane ou les costumes des p'tits boulots pour seuls habits (son sexappeal > wip). elle se déplace sur une mobylette rouge brinquebanlante aka "moby". elle tombe toujours en panne quand il faut pas.
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| Sujet: lifeless (ezrael) Mar 31 Juil - 0:05 | |
| J’ai l’impression de saigner. Lentement. Silencieusement. De l’intérieur. Comme si c’était une averse de pluie sur des ruines. Ironie parfaite pour un corps fait que de ça. Des ruines. Abritant un coeur en fragments.
Désolé, Ronnie ne travaille plus ici. … En réalité, Ronnie est…
C’était il y a quelques heures, mais déjà leurs mots sont raturés dans ma mémoire. Souvenir étouffé. Leurs voix s’étranglent dans ma tête. Et depuis, le sol ne fait que se dérober à chaque pas. Et pas comme je l’aime. Rien à voir avec cette chute contrôlée par la force de mes muscles. C’est rien de tout ça. Juste une liste de plaies et une somme de douleurs qu’il supporte de moins en moins. J’suis supposée être solide, une athlète. Mais c’est peut-être l’artiste qui ne sait pas gérer ce trop plein. L’enfant encore moins, surtout en ayant toujours été trop protégée. Et y a trop de gens qui ont disparu d’ce monde. J’suis amputée quelque part, j’en suis sûre. Ils me manquent et y a que cette peine fantôme pour me les rappeler. Zyki. Isa. Bella. Ronnie. Trou noir qui perce les entrailles, de la même façon que leurs noms oxydent mes poumons. Le vertige qui étourdit les sens. La nausée qui vient polluer la gorge. Et le froid qui vient calciner les organes jusqu’à ma peau. Arrêt sur le pavé pour laisser la panique gagner. Encore. Des couches de cendres et de poussières qui envahissent mon air. Les doigts qui s’accrochent trop fort à la peau, forent comme pour mieux y enterrer peurs et démons. Et les larmes-lave qui creusent leurs sillons sur mes joues. Zyki en prison. Roder autour en espérant le voir n’amène à rien. J’sais ce que c’est que d’être enfermée, alors j’ai mal pour lui. Isa et Bella déportées. Où ? Est-ce qu’elles vont bien ? Elles me manquent manquent manquent. Ils sont en vie. Je crois. Je prie. Tous les dieux. Dans toutes les langues que je connais. Et puis Ronnie Ronnie Ronnie.
J’voulais la voir. J’voulais me reconnecter. Parce que je croyais qu’on était un peu trop semblables, des âmes peut-être un peu siamoises, la sienne plus élevée que la mienne tandis que je suis censée savoir voler. Alors je savais que son rire était aussi absent que le mien. Plus de sucre au bord des lèvres, plus de soleil au coin de yeux. Plus de force pour filer en mode fusée sur ses rollers ou dans les airs. Moins de couleurs et zéro douceur. Après les enlèvements, après ces chocs, avec les secrets dans nos cages, le monde est moins magique, la terre est dure et tout fait mal. Et si j’parvenais à retrouver mon amie, j’aurais peut-être eu une chance de me retrouver aussi. Mais ce n’est plus possible. Elle a agis alors que j’suis figée. Ronnie toujours première, toujours devant. Terminus, tout le monde descend. Dans nos courses d’enfants, sa position en finale est ancrée définitivement dans l’classement. Elle est loin devant... et tous ceux laissés derrière : ont perdu.
Et c’était la seule. C’était la seule que j’aurais pu comprendre. C’était la seule qui aurait pu me comprendre. Même si y a Barbra. Même si y a Ezra… Comment j’vais lui dire ça ? Comment j’vais lui annoncer qu’il n’aura plus sa complice adorée à ses côtés ? Comment j’vais lui dire que celle avec qui il a résisté aux ravisseurs n’est plu ? Comment elle a pu nous faire ça ? Je ne sais pas je ne sais pas je ne sais pas. Je ne sais toujours pas, même quand je suis sur le pas de sa porte. Les joues irritées que je frotte un peu plus comme si je pouvais effacer ce qu’il pourrait y lire. Parce qu’il mérite qu’on le lui dise en face. Et même après avoir cogner sur le bois de la porte comme si je demandais la permission d’ouvrir son cerceuil, je ne sais toujours pas comment lui dire. J’sais juste qu’il suffirait d’un coup de vent pour que je m’écroule. Qu’il suffira de ces quelques mots pour tout ruiner. Encore. T’effondre pas Ninel.
Alors quand Ezra apparaît, y a rien qui sort. La nouvelle et la tristesse et la dévastation restent coincées entre les aiguilles fichées dans ma gorge. Encore figée. Encore dernière. Le sang qui bat en silence. Et pendant une seconde de plus, dans un univers parallèle, un conte comme j’aimais les imaginer avant, j’rêve qu’il est possible de ne rien dire et que rien ne soit arrivé. Si j’dis rien, ça n’sera pas réel. Mais c’est faux. Ça l’est déjà pour d’autres. Ça l’est déjà pour moi. Et c’est déjà l’enfer.
Ronnie. Une pulsation. Un souffle qui s’est déjà éteint. Un nouveau qui meurt. Elle est morte. Un lien qui s'efface. Ronnie est morte.
Dernière édition par Ninel Kida le Lun 13 Aoû - 13:35, édité 1 fois |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: lifeless (ezrael) Mer 8 Aoû - 16:44 | |
| Il y a trop de silences. Même quand on lui parle, même quand les oiseaux gazouillent au-dessus de lui quand il jardine, même quand sa platine tourne en continu depuis le salon et que les Beatles chantent l'amour et le soleil sans se lasser, il y a trop de silences. C'est peut-être lui qui n'entend plus. Même dans les Beatles il ne trouve plus le même réconfort, il n'entend plus que la solitude et les appels à l'aide, les prières jamais exhaussées. Les silences à la maison ne sont plus aussi confortables. Ce n'est plus qu'une histoire de secrets de polichinelle entre Toad et lui, ce ne sont plus des non-dits, c'est un indicible qui fait des nœuds à la langue d'Ezra et pour le moment il n'y peut rien. Au travail il y a le silence de son patron qui le surveille et le traite comme s'il était un objet délicat et précieux, ou peut-être plutôt une grenade. Ezra était content d'avoir pu récupérer son job. Sortir à nouveau de la maison, reprendre la petite routine qui lui allait très bien avant tout ça, recommencer à côtoyer des anonymes qui ne sauraient rien de lui. C'était sans compter sur les autres, les clients réguliers qui ont eu le temps de s'inquiéter de sa disparition, d'entendre parler de l'enlèvement et de venir prendre de ses nouvelles auprès du patron chaque fois qu'ils passaient. « Alors, ils en sont où, ils l'ont retrouvé le p'tit Jésus ? » Ils l'ont retrouvé le p'tit Jésus. Maintenant les clients passent le voir. Une tape sur l'épaule ou une étreinte spontanée, quelques paroles maladroites qui signifient qu'ils sont rassurés, contents, incapables d'imaginer ce par quoi il est passé. Et Ezra de garder le silence sur la vérité, sur le fait qu'il n'est pas encore passé, qu'il est encore un peu coincé là-bas, dans le monde en gris.
Ensuite il y a le silence de Ronnie qui ne lui répond même plus, et lui qui n'ose pas insister. Il y a le silence de Ninel, plus insidieux, coincé entre des mots qui ne disent pas tout. C'est comme ça avec tout le monde, même ceux qui lui parlent, Ninel, Toad et Seth, il y a des silences qui se faufilent partout et Ezra n'entend plus que ça. Aujourd'hui il l'a ressenti dans les textos de Ninel. Il a fait comme d'habitude, il a fait comme s'il ne remarquait rien. Il a fait celui qui s'attendait à une visite de courtoisie et s'en est presque convaincu lui-même. C'est pour ça qu'il a pédalé plus vite pour avoir le temps de lui préparer des cupcakes en rentrant du travail. Quand elle frappe à la porte, il lui ouvre avec un sourire un peu trop grand pour son visage émacié. Il n'est pas étonné de son air perdu, pas surpris par le silence qui fait office de bonjour. Il n'est pas complètement inconscient, il ne fait pas semblant d'aller bien au point de l'aveuglement et ne s'attend pas à ce que Ninel en fasse autant, surtout avec lui. Ils sont dans le même bateau, même s'ils n'ont pas la même expérience du mal de mer. Il se doutait qu'elle ne venait pas juste passer du bon temps avec lui, c'est pour ça qu'il voulait être fort. Il voulait qu'elle le croit assez solide pour l'aider à porter tout ce qu'elle a besoin de déverser. Mais il ne s'attendait pas à ça.
Le silence est rompu.
Ronnie est morte et c'est assourdissant. Ronnie est morte et seuls deux silences persistent dans le monde. Il y a le silence de Ronnie et le silence de Dieu. Ça fait des mois qu'Il est silencieux, des années en réalité, Dieu qui ne l'entend pas plus qu'Il ne lui parle, et Il est le seul qui aurait pu l'aider. Soutenir ces jambes qui flageolent sous son corps trop frêle. Lui donner la force de rester debout pour Ninel. Mais il est seul.
Il est seul comme Ninel est seule. Il cherche son regard mais même les yeux vissés sur les siens quelque chose lui échappe. Alors il tend la main pour attraper son bras, quelque chose de tangible, de vivant, mais la connexion ne s'établit toujours pas. « Comment ? » À peine un murmure, le mot se brise, c'est tout ce qui arrive à franchir ses lèvres. Entre, forment ses lèvres, sans voix. Et il l'entraîne à l'intérieur parce qu'on ne s'effondre pas sur le porche en laissant son invitée dehors. Non, il attend d'avoir refermé la porte pour laisser enfin ses jambes céder sous lui, et tous les silences se précipitent dans sa gorge et l'étouffent. Sans bruit. |
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⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 722 ▹ points : 14 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava by lempika. ; sign by afanen ; icons by old money & kaotika ▹ avatar : hill ▹ signe particulier : des trop grandes jambes, la dégaine de gitane ou les costumes des p'tits boulots pour seuls habits (son sexappeal > wip). elle se déplace sur une mobylette rouge brinquebanlante aka "moby". elle tombe toujours en panne quand il faut pas.
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| Sujet: Re: lifeless (ezrael) Lun 13 Aoû - 16:52 | |
| Qui aurait cru que le ciel pouvait tomber sur nos têtes ? Qui aurait su que l’air pouvait être aussi asphyxiant ? Tout un monde vient de s’écraser sur Ezra, sur lui, sur moi, sur nous. Le monde a arrêté de tourner, la ritournelle a déraillé. Un monde sans Ronnie, c’est un monde sans son âme. Comment on va faire Ezra ? Comment on fait pour vivre sans elle ? Dans ce monde sans saveurs, sans odeurs, sans couleurs, juste paralysé. Pas besoin de le voir pour sentir qu’un truc s’est brisé en lui, j’ai l’impression de l’avoir transpercé moi-même avec une lance, j’ai entendu son coeur céder pour ne rien laisser derrière lui, si ce n’est le vaste sentiment d’avoir perdu un soleil dans sa galaxie. Surtout quand les soleils ressemblent à des rêves, qu’ils brûlent jusqu’à ce qu’ils meurent et quand ils le font, ils meurent de froid. Destin tragique, trop amer pour être vrai, l’injustice planté au fond d’la gorge. J’aimerais lui dire pardon, pardon j’me suis trompée, pardon y a erreur sur la personne décédée, j’me propose en échange même. Comment ?, qui dégringole de sa bouche. Mais ma voix… mes mots se creusent, se vident. Et la désolation enveloppe, se fait un nid dans les cœurs noircis. J’sens à peine sa main sur mon bras, j’me sens à peine bouger pour le rejoindre à l’intérieur. On se rapproche et pourtant, j’nous sens loin l’un de l’autre, si isolés dans notre douleur pourtant commune.
La porte se referme sur notre peine, les jambes d’Ezra lâchent, et les miennes jouent les miroirs… toutes aussi fissurées. Écroulés au sol, comme deux enfants abattus par la vie, mitraillette de sortie, le sort qui s’acharne, les corps qui se décharnent. J’aurais voulu savoir calmer son souffle qui s’étouffe, mais son apnée s’fait contagieuse avec l’impression de s’faire bouffer par nos ombres. Ezra... J’essaye de l’envelopper, d’le mettre à l’abri, mais j’ai plus de force, l’âme vidée par les abandons, mes os qui n’tiennent plus ensemble -la glue entre nous, c’était elle-, j’peux pas faire grand chose. Encore une fois impuissante et inutile. Et je sais que la suite va l’enfoncer. J’voudrais crever. Elle a choisi de partir..., que je chuchote comme si je voulais adoucir l’horreur de sa décision, comme si je ne voulais pas admettre le désespoir qui l’avait déjà tuée. Mais ça n’empêche pas le trou béant dans ma poitrine de s’agrandir, prêt à m’avaler parce que tout mon univers s’effrite un peu plus chaque jour. L’équilibre incontrôlable de la funambule que je n’ai jamais été. C’est pas pour rien que j’préférais la voltige, le mouvement constant, la danse aérienne comme un flirt avec la gravité. J’pouvais m’étendre et épouser l’air comme je le voulais, respirer comme je le sentais, j’avais pas peur de tomber, y avait toujours une attache quelque part pour me retenir. Mais les uns après les autres, ils s’en vont. De moins en moins d’humains pour peupler mes histoires. Parce que ça n’en vaut la peine ?
J’tente de resserrer mon étreinte, enfonce mes doutes au creux d’mes tripes pour nourrir les démons qui s’y sont installés. J’sais que ça sert à rien. Ça fait tellement mal que ça dévaste mon coeur. J’sais même pas comment j’fais encore pour respirer alors qu’il a arrêté de battre dès que j’ai passé le seuil. Mes yeux pleurent de froid. J’suis désolée, j’suis désolée, j’suis désolée... Excuses ravagées, seuls mots qui peuvent exister et qui n’apaiseront rien, qui n’aideront pas à gommer le chagrin qui l’envahit. Personne n’a pu l’aider. J’voudrais creuver pour ne plus avoir à éprouver cette culpabilité d’être vivant.
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| Sujet: Re: lifeless (ezrael) | |
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