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 (libre | intrigue, sit. 8) dommage collatéral

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MessageSujet: (libre | intrigue, sit. 8) dommage collatéral   (libre | intrigue, sit. 8) dommage collatéral EmptyDim 20 Mai - 17:54

Téléphone collé à l'oreille, elle est en train de pester contre Kanye qui n'veut pas écouter les autres et qui est toujours debout alors qu'il est tard – le ciel est noir et les rues ont commencé à se vider. Elle traîne des pieds en beuglant quitte à alerter toute la rue de sa conversation téléphonique, déjà fâchée parce qu'elle est partie en retard du KFC. Putains de clients qui commandent juste avant la fermeture et putain de manager qui la prend à part parce qu'elle incendie tout le monde.

Elle les déteste tous.

Surtout la silhouette qui passe à toute allure près d'elle et la bouscule au passage, la faisant lâcher son portable qui s'écrase lamentablement sur le bitume. Quand elle le ramasse, l'écran est fissuré. « EH MAIS ESPÈCE D'ENCULÉ ! » Elle réfléchit même pas avant de se mettre à courser le coupable, leurs silhouettes qui se découpent sous les lumières des lampadaires, sa voix qui résonne encore en échos alors qu'elle le somme de s'arrêter. Évidemment, plus elle s'égosille, plus l'autre accélère sa course. Il finit par bifurquer dans une ruelle – pensant sûrement pouvoir la semer. Pas de chance, si elle avait pas foutu sa vie en l'air avec un gosse, elle aurait pu être athlète. La course c'est son domaine. Alors elle n'a pas de mal à suivre, tournant dans le même coin, prête à donner de la voix et même des mains s'il le faut. Pourtant le spectacle qui l'accueille lui glace le sang.

Y a bien la personne qu'elle a suivie, figée comme elle.
Mais en face, y a quatre types et un corps à terre. C'est mal éclairé, mais elle voit quand même le canon d'un flingue briller. « Oh la con d'sa race... »

Son instinct prend le dessus et son corps réagit avant sa tête, la poussant à faire volte-face alors que des éclats de voix retentissent. Ils les ont vus, elle et l'autre. Ils les ont vus et elle les entend se mettre à bouger alors qu'elle sort déjà de la ruelle comme une balle. Pas un regard pour son acolyte d'infortune, elle cherche pas savoir si l'autre a eu le réflexe de fuir aussi. Elle court et elle court, se retournant régulièrement pour voir s'ils sont toujours là – c'est con, elle devrait pas. Ça ne fait que la paniquer un peu plus et elle manque de trébucher à plusieurs reprises, se rattrapant de justesse à chaque fois. Elle se met à avancer en slalomant, parce qu'ils sont armés et qu'elle a peur de se faire tirer dessus. Dans les films à la télé, suffit de bouger dans tous les sens pour passer entre les balles, alors elle y croit.

Elle est assez rapide pour maintenir la distance entre eux et elle, mais elle va pas pouvoir faire ça pendant des kilomètres. De toute façon ils risquent de se lasser et de faire quelque chose pour l'arrêter ; rien que d'y penser elle a le cœur prêt à exploser. Faut qu'elle trouve un moyen de les semer. C'est la seule chose dont elle est sûre alors elle change de trajectoire brutalement, creusant encore l'espace qui les sépare.

Elle oublie juste de regarder avant de traverser.

Le son des pneus qui crissent violemment, la lumière des phares qui l'aveugle. Elle voit la voiture foncer sur elle avant de sentir l'impact. Son corps heurte le capot puis le pare-brise, avant de retomber brutalement sur l'asphalte, son crâne qui claque contre le sol. Y a un sifflement strident dans ses oreilles, des taches noires devant ses yeux, une douleur terrible qui se propage dans chacune de ses cellules.

Son portable a volé quelques mètres plus loin, l'écran définitivement éclaté. À croire que le karma a un sens de l'humour tordu.

ps:
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MessageSujet: Re: (libre | intrigue, sit. 8) dommage collatéral   (libre | intrigue, sit. 8) dommage collatéral EmptyDim 20 Mai - 20:29

Elle est ivre.
Encore.

Elle a honte qu'on la voie. Honte d'exister. Honte que la lumière des réverbères puisse se refléter sur sa nuque pour lui rappeler qui elle est. Elle voudrait disparaître dans les ombres. S'y laisser couler, avaler. Le coeur trop nécrosé par les coups que la vie lui portait depuis quelques semaines, quelques mois. L'alcool était le dernier moyen d'oublier. Le seul qu'il lui restait. On lui avait pris ce petit boulot au noir qu'elle avait décroché, quelque temps auparavant. La colère de Jax qui scelle cette avenue — l'incompréhension qui torpille toute tentative d'un jour pouvoir respirer dans cette direction. Incapable de comprendre qu'elle s'auto-détruisait. Incapable de voir qu'elle laissait le monde la tirer vers le fond, lorsqu'elle aurait pu se rassembler et remonter à la surface. Lionne noyée, sous les yeux de tous — et pourtant, personne ne s'en aperçoit.

Lorsque son épaule accroche celle d'une autre passante, elle sursaute. L'air d'un animal perdu, quand elle entend le son du téléphone portable qui s'écrase au sol. Et alors, elle comprend ce qu'elle a fait. Sait qu'elle n'a rien pour rembourser l'appareil s'il est brisé. Sait qu'elle ne pourra pas articuler deux mots cohérents, si l'autre vient à l'attraper pour la confronter. Elle panique. Aucune idée de quoi faire, aucune idée d'où aller. Ses jambes qui s'actionnent malgré elle, et elle s'élance. Sans comprendre d'où lui vient cette force nouvelle de courir. Sans savoir si elle sera même capable de semer sa poursuivante qui, éructant de toute la puissance de sa voix, s'était élancée à sa suite.

Elle court. Comme si le diable était à ses trousses — et c'est peut-être le cas. Court à s'en brûler les poumons, court à ne plus pouvoir s'arrêter. Elle court et elle sait que l'autre est toujours sur ses talons. Elle l'entend beugler. La foulée secoue son estomac. Lui donne envie de gerber. Pas le temps de s'arrêter pour le faire. Pas même le temps de s'échapper, visiblement. La lionne est devenue gazelle, et c'est le guépard qui s'est lancé à ses trousses. Aucune chance de s'en tirer. Ça la frappe, alors qu'elle tourne dans une nouvelle ruelle. Ça la frappe. Et elle s'arrête. Nette.

Quatre types.
Et à leurs pieds, un cinquième.
Qui ne bouge plus.
Dans leurs mains, des armes. De poing, pour la plupart. Un revolver, dans le cas de l'un d'eux.
Elle recule.
Un pas.
Un deuxième.
Le guépard l'a rattrapée, mais semble s'être figé exactement comme elle.
Et, brutalement, les deux prédateurs deviennent gazelles.

Faire volte-face, et courir. Courir à en perdre haleine. Courir à en avoir le coeur qui explose, et à ne plus même penser à vomir l'alcool qui lui secouait l'estomac. Elle file entre les rues, suit son ancienne poursuivante pendant un temps. Jusqu'à ce que, brutalement, elle ne décide de changer de direction. Abandonnant l'autre fille à sa propre course. Tournant dans une autre rue. Une seconde. Une troisième. Tu vas t'en tirer, Hagar. Ne te retourne pas. Ne te retourne jamais. Contente-toi d'avancer.

Crissement de pneus violent.
Stop.

Le coeur au bord des lèvres, elle s'est à nouveau figée. Elle a vu le corps rebondir contre le capot, le pare-brise, et retomber. Elle a vu le téléphone voler, de l'autre côté de la rue. Elle a vu. Une gazelle qui n'a pas pensé à se soucier des autres prédateurs. Ceux qui, d'ordinaire, étaient assez facile à éviter.

Et Hagar panique de plus belle. La nausée qui est en train de lui arracher la gorge. Couteau planté dans l'estomac. Elle devrait s'en aller. Prendre ses jambes à son cou, une nouvelle fois. Mais rien n'y fait. Elle reste tétanisé. Le sentiment de culpabilité qui lui bouffe les tripes. Et tout ce que son corps trouve à faire, c'est s'élancer vers la chaussée.

Elle a les mains qui tremblent lorsqu'elle approche la blondinette étendue sur le bitume. Elle ne sait pas quoi dire. L'envie de vomir est plus pressante que jamais, le monde tourne et ne semble pas vouloir s'arrêter. Elle constate qu'elle respire encore, et se retient de la toucher. Si sa poitrine se gonfle, c'est que son coeur bat. Pas besoin de prendre son pouls. Pas besoin de risquer d'empirer la situation. Pas besoin de la tuer pour de bon.

La peur, l'horreur. À quatre pattes sur le béton, elle essaie d'aller attraper le téléphone retombé un peu plus loin. Elle se moque des témoins. Enfermé dans la bulle de son mal-être et de son ivresse, elle ne veut qu'appeler les secours elle-même. S'écorche les mains et les genoux sous la précipitation. Pour constater que le téléphone est inutilisable, lorsqu'elle s'en saisit finalement. La nausée, plus violente, qui lui remonte dans la gorge. Et elle s'efforce de la ravaler. Les larmes plein les yeux, elle retourne vers la jeune femme étendue sur la chaussée. Ne peut pas parler. Ne peut pas penser. En a oublié les types qui leur courraient après. Ignorant le conducteur qui s'approche, alarmé. Elle n'entend pas la panique. Ne peut même plus empêcher les larmes de rouler sur ses joues. Sa main qui touche la tête de la jeune femme. Accrochent ses vêtements. Crève pas, putain. Crève pas. Pas à cause de moi.

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