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 Vertigo (Eamih)

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MessageSujet: Vertigo (Eamih)   Vertigo (Eamih) EmptyMar 20 Mar - 15:30

Vertigo
Samih & Eanna
EXHALE

Le concept de rêve est clair pour un esprit éveillé. Mais il n’y a aucun éveil pour le rêveur : pas de monde réel, pas de vision saine des choses. Juste la psyché.
J’suis forcément en train de rêver.

Un désagréable rideau de brume s’est levé en terrassant la fin du jour. Ça me colle à la peau et des mèches engluées me tombent dans les yeux. J’y fais pas attention et continue à tracer sur le bitume en resserrant mon manteau autour du trésor que je transporte. J’croise des gens sans visages et des regards indifférents. Pourtant, j’ai l’impression d’être une criminelle en cavale, mais c’est une réflexion diffuse que je relègue en arrière-plan de mon esprit bouillonnant.
Mon objectif là tout de suite c’est de parvenir jusqu’à sa porte et de tout lui dire. On dit bien faute avouée, faute à demie pardonnée non ? Ou une connerie de ce genre. Je vais peut-être pouvoir éviter d’finir en enfer.
Evidemment j’ai pas de voiture, trop simple. J’dois me frapper des bornes et des bornes à pied depuis l’hôpital.
Je marche pendant des heures.
Ou quelques dizaines de minutes, j’sais plus.
Et enfin j’arrive devant la porte de cette foutue coloc. Mon sang fait qu’un tour quand je m’rends compte ne pouvoir qu’espérer que Sam soit seul. Y a pas le choix sinon ça va mal finir. En tenant mon paquet d’un bras j’me mets à fouiller fébrilement dans mes poches. Elles sont où ces putains de clefs !
Mes doigts se crochètent enfin dessus et je tourne la serrure dans un même élan. Faut pas que j’hésite ou je vais tourner les talons et disparaître. Lorsque j’entre l’atmosphère est étrangement calme. Mes tympans bourdonnent sous l’effet du silence. J’ose plus bouger, seulement consciente de ma cage thoracique qui se soulève à toute allure. Expiration. Inspiration. Au bout d’une douzaine de cycles j'finis par ouvrir la bouche. Seul un filet de voix éraillée en sort.
« Sam… » Pas de réponse. Mon palpitant fait une embardée en imaginant le pire: il est pas là. « SAM ! »
Cette fois-ci je sursaute en entendant mon cri. Entre mes bras raidis par l’effort y a de l’agitation mais toujours pas de réponse d’une tierce personne. Alors je dépose mon fardeau, soigneusement calé sur le canapé défoncé et j’avance comme une automate, un pas après l’autre, jusqu’à sa chambre. Je retiens un sanglot soulagé en avisant un rai de lumière qui filtre en dessous.
Et puis j’me mets à cogner dessus.
Comme une dératée, à m’en abîmer les poings. Puis quand ils sont trop fatigués à coup de talons. Intérieurement je hurle mais y a rien qui sort entre mes dents serrées jusqu’à les fissurer. J’ai l’impression que ça dure une éternité mais le battant finit par s’ouvrir. Le visage de l’homme est fermé et sa ligne de mâchoire menaçante. Son regard s’adoucit néanmoins immédiatement en comprenant à qui il a affaire. Une ride prononcée se forme entre ses sourcils, signe qu’il doit les froncer bien trop souvent ces derniers temps.
Mes lèvres se tordent et j’me mets à pleurer. La réaction logique. Paniquée. Hors-contrôle. Les larmes dévalent sur mes joues comme une môme incapable de s’arrêter et je serre davantage mes phalanges entre elles pour me donner du courage.
« J’suis désolée putain. J’savais pas où aller d’autre… J’ai fait une connerie Sam. » Je suis obligée de hoqueter pour amener un filet d’air dans mes poumons. « Il était là... Il était là et moi j’étais de l’autre côté de la vitre tu vois. Y en avait d’autres, des dizaines d’autres mais j’l’ai pris lui ! »
Je sais que c’est pas cohérent ce que je vomis. Qu’il y a aucune chance pour qu’il comprenne seulement ce que je baragouine. Alors j’agrippe son poignet et l’embarque à ma suite. La démence à fleur de peau me donne l’énergie nécessaire pour le remorquer jusqu’au salon. Je désigne le canapé du doigt.

De là où j’suis-je peux voir un coin de la porte de l’ancienne chambre que je partageais avec JJ. J’me rappelle avoir chancelé à reculons juste derrière après qu’il m’ait arraché le test des mains et administré trois violents coups de poings. Bam, bam, bam. A la revoyure.
J’me souviens aussi de ce à quoi je pensais à la fin. T’en fais pas, c’est un détail. Rien qu’un bébé, tu pourras en avoir un autre. Alors d’accord, très bien, je peux en avoir un autre et le mettre hors de portée. Hors de portée de ses mains d’assassin. Évidemment je savais pas encore l’impossibilité physiologique de la chose.

J’attends la réaction de Sam alors qu’il découvre le bébé. C’est un petit garçon. Il a quelques jours et la peau toute froissée, rosée et douce comme de la soie. Pour le moment il se contente de dormir à poings fermés. J’le trouve beau. Et révulsant.
Les sanglots qui se sont poursuivis silencieusement reprennent de plus belle. J’ai merdé grave. Et comme d’habitude c’est à notre grand leadeur de trinquer. Ça m’fout les nerfs de lui imposer ça mais il me reste encore un semblant de lucidité qui m’indique que j’peux pas m’en sortir toute seule. Encore.



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Samih Scully

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MessageSujet: Re: Vertigo (Eamih)   Vertigo (Eamih) EmptyJeu 29 Mar - 8:37

Sam planait cette nuit-là. Le silence était devenu quasi systématique dans cette baraque tordue de secrets inavouables, de rancoeurs, de trahison. Les Kids cette famille, comme ils se revendiquaient si bien, avaient implosés, littéralement. Ils n’avaient pas eu besoin des Yobbos pour ça, pas besoin que la société ne les rejette, non ils s’étaient débrouillés tout seul, comme des grands. Ils s’étaient déchirés les uns les autres et maintenant, le silence. Quand tous les drames sont derrières vous, il n’y a plus rien à dire, plus rien à faire. Sam se contentait donc d’attendre, de profiter du calme morbide après la tempête. Il était seul ce soir, cette nuit. Il s’était anesthésié le cerveau, parce qu’en réalité, seul, il ne l’était jamais vraiment. Laisse-moi tranquille ce soir. D’accord. avait concédé l’autre, comme un gage de bonne foi. Silence donc. Allongé dans son lit, en caleçon, Sam ne trouvait pas le sommeil pour autant. Comme quoi, ce n’était pas toujours à cause de l’autre. Et quand il n’y avait plus personne pour lui parler, il angoissait encore plus. Sans lui, il était définitivement trop seul. D’une solitude oppressante qui vous empêche de respirer. Alors il fixait le plafond, dans la pénombre de sa chambre qu’il avait partagé avec Trixia il y a si longtemps maintenant. Il avait une main sur son front qu’il malaxait nerveusement, les sourcils froncés. Pour dire la vérité, ce n’était pas tellement étonnant qu’il ne trouve pas le sommeil. Dans sa tête tout repassait, encore et encore, en boucle. Il se souvenait de ce soir-là, quand il avait décidé de rendre visite à Assia, car elle ne lui avait pas répondu de la soirée. Il se souvenait de la porte claquée mais entrouverte, de l’agresseur qui s’échappe, il se souvenait du corps brisé de sa soeur, de son regard éteint, qui veut tout simplement dire que tout est fini, que rien n’est réparable. Et il se demandait : s’il avait su à ce moment-là. S’il avait su que c’était JJ, qu’est-ce qui se serait passé ? Assia serait-elle partie ? Aurait-il pu arrêter JJ avant qu’il ne détruise tout le reste ? Pourquoi Assia n’avait rien dit ? Comment avait-elle pu le laisser, aimer, nourrir, protéger le garçon qui avait tout foutu en l’air ? Pourquoi avait-elle préféré laisser Sam dans les ténèbres ? Pensait-elle sincèrement qu’il ne la croirait pas ? Qu’il prendrait le partie de JJ ? Après tout, c’était ce qu’il était en train de faire, là maintenant. Il avait découvert la vérité, et il n’avait rien fait. Il avait buggé. Comme s’il repoussait le moment où il faudrait prendre une décision. Comme s’il n’était pas tout à fait sûr. C’était beaucoup plus simple de vouloir tuer Seven quand il était persuadé que c’était lui. Et encore, il n’avait pas été fichu d’y arriver en un an. Et c’est beaucoup plus difficile de commettre un fratricide. Encore plus quand l’un d’eux se trouve dans une prison de haute sécurité. Hein, t’en penses quoi toi ? Ah, mince, il lui avait donné sa soirée de congé, à l’autre.

Alors il se repassait tout ce qu’il savait en boucle. 1. JJ avait violé Assia. 2. JJ avait agressé Trixia. 3. Et Eanna. 4. Il avait aussi tué son foetus. 5. Il avait manifestement brisé le coeur de la soeur de Seven. 6. Il avait couché avec Trixia. 7. Il avait fait quelque chose qui n’avait rien à voir avec tout ça mais qui l’avait fait se retrouver en taule.
Et il recommençait. 1. JJ avait violé Assia. 2. JJ avait agressé Trixia. 3…

SAM ! Il se redressa dans son lit, intrigué. Qui c’était ? Aucun des Kids ne devaient être là ce soir. Aucun des rescapés en tout cas. C’était dans sa tête ? Non, tu m’as dis de te laisser tranquille. Alors qu’est-ce que tu fais là ? ... Il entendit des pas, il entendu du mouvement et il bloqua tout simplement, sans vraiment savoir s’il devait bouger ou non, persuadé d’halluciner. Et quand on tapa contre la porte avec la violence du désespoir il sortit du lit et attrapa le premier t-shirt qui trainait, même si c’était le cas depuis trois semaines, et se précipita vers la porte.

Il tomba immédiatement sur elle, à quelques centimètres seulement, derrière la porte qu’il venait d’arracher. Elle entra en collison contre lui, contre son coeur déjà léthargique. Il y eut deux secondes de blanc, où Sam intégrait simplement l’idée qu’Eanna était revenue avec ses grands yeux perdus, elle était là devant lui alors qu’elle avait juré de ne plus revenir. Elle était là, à le chercher lui. Et puis elle fondit en larmes. Sans réfléchir, oubliant tous ses principes d’angoissé social, il l’entoura de ses bras et la serra contre lui en silence, sans rien demander. Bien sûr qu’il savait ce qui clochait, bien sûr qu’il savait que c’était à cause de JJ, de la prison, peu importe. Du moins, ça semblait logique. Et il n’y avait rien de plus à dire sur le sujet. Ils en étaient au même point, trahis par la même personne, brisés par cette personne, celle qui comptait le plus à leurs yeux. JJ ils avaient passé des années à se battre pour lui, à se chamailler pour son attention. Parce qu’il était comme un frère pour Sam, et il était aussi le grand amour d’Eanna. Et maintenant, quoi ?

J’suis désolée putain. J’savais pas où aller d’autre… J’ai fait une connerie Sam. Sam fronça les sourcils davantage et déserra son étreinte lentement, avec précaution. Il recula son visage pour pouvoir la regarder. Il ne l’avait pas vu jusqu’ici mais y avait une lueur inhabituelle dans ses yeux. Quelque chose qui déconnait. De quoi elle parlait ? Quelle connerie ? Et elle continuait de parler, elle continuait à expliquer quelque chose sans vraiment mettre des mots dessus, sans que ça soit clair. Sam tentait de la suivre, vraiment, il tentait de trouver une logique à son discour, mais il n’en trouvait tout simplement pas. Il pencha la tête sur le côté, comme pour s’aider à se concentrer, comme pour percer quelque chose dans le visage paniqué de Nana. De quoi tu parles ? demanda-t-il simplement, d’une voix si monotone, si basse, si lente qu’on ne comprenait pas vraiment ce qu’il disait lui aussi. Sam était clairement sous l’influence de calmants, crevé de ces nuits d’insomnies qui le hantaient depuis des jours. Il sentait bien qu’Eanna attendait de lui autre chose, qu’elle attendait le chef de meute, celui qui, mine de rien, avait tenu toute cette famille à bout de bras. Le même qui avait échoué lamentablement. Désolée, princesse, mais Sam a démissionné. Et alors qu’il n’y avait plus que les hoquets larmoyants d’Eanna pour brisé le silence pesant, un autre bruit vint claquer dans l’air. Un genre de gazouilli, un genre de gémissement d’animal… Non pas d’animal. Sam recula d’un pas, et d’un coup ça devint clair, même si l’info ne voulait pas encore remonter jusqu’au cerveau. Il prit une grande inspiration et regarda Nana avec de gros yeux. Non, non, il doit se tromper, ça ne peut pas être ce à quoi il pense.

Alors que son coeur s’accélérait, Sam contourna Eanna, il avait de plus en plus chaud, évidemment que si il avait raison. S’il y avait un truc aussi dingue à faire, ça ne pouvait venir que d’elle. Cette illuminée. Il fit trois pas vers le canapé. Et là, il tomba face à face avec… avec… Un bébé ? Eanna a kidnappé à un bébé ? Il bugua complètement. Les bras ballants, la mâchoire déccrochée, les yeux écarquillés. Bordel de merde c’est bien un bébé qui se trouve là, juste là, devant lui, posé à la va-vite au milieu d’une couverture dépiotée sur leur vieux canapé. Qu’est-ce… marmona-t-il, sans trop trouver les mots. Non, elle ne pouvait pas l’avoir kidnappé. C’était sans doute celui d’une amie. Quelle amie ? N’IMPORTE LAQUELLE. Le bébé gémisssait, remuait, et Sam ne voyait plus que lui. Plus que ce petit être qui se retrouvait dans cet appartement miteux. Et il sentait derrière lui le regard désespéré d’Eanna. Ok, ok, fallait qu’il réfléchisse. Mais rien, nada. Rien ne passait derrière son regard. Bordel de merde, c’était pas possible, c’était pas envisageable. Ca n’avait pas pu arriver. Sam se retourna d’un coup sec, il était terrifié, et passablement choqué. Il la regarda longuement. T’as… où est-ce que… il... Il se stoppa incapable de mettre en ordre ses idées. Et puis, fallait qu’il le dise fallait, vraiment qu’il le dise pour qu’il soit sûr. T’as kidnappé un bébé. Oui.

Il prit une large inspiration avec l’impression brûlante de s’être fait assommer avec une batte de baseball. Il monta ses deux mains jusqu’à sa tête, il s’arracherait les cheveux s’il s’écoutait. Là il se retourna vers le bébé, horrifié. Ce bébé qui appartenait à des gens. Des gens forcément plus sains qu’eux deux là, comme des cons au milieu de ce salon vide, au milieu de ce désastre. Mais… elle lui avait coupé la chique, voilà ce qu’elle venait de faire. MAIS QU’EST-CE QUI VA PAS CHEZ VOUS, TOUS ? S’écria-t-il. Et qu’est-ce qui va pas chez toi, hein ? TOI TU TE TAIS. Qu’il hurlait intérieurement. Sam commença à faire les cent pas, refusant catégoriquement de croiser le regard d’Eanna. Il marchait, faisait demi-tour, recommençait à marcher, et à chaque gazouillis de bébé, il se crispait entièrement. Non c’était impossible, impossible on a dit. Eanna n’avait pas pu… pas pu faire ça ? Si ? Ouais. Elle l’avait fait, ce… ce petit alien installé sur leur canapé en était la preuve vivante, la preuve de la folie d’Eanna. La preuve de son désespoir le plus complet, la preuve que JJ l’avait brisé, complètement et irrémédiablement. Et ça, c’est ta faute. Sam se tenait la tête, comme un psychopathe, il tentait de réfléchir, mais y a rien de cohérent qui passait dans son cerveau anesthésié. RIEN. Alors il se stoppa, se tourna vers Eanna et demanda, simplement, les bras écartés : Et… Et tu comptes en faire quoi de ce gosse ? D’ailleurs… D’ailleurs tu l’as trouvé où hein ? Tu.. Pourquoi t’as fait ça Nana, MERDE ! Elle n’avait des réponses à aucune de ses questions, visiblement. PUTAIN ! Qu’il jura encore en faisant glisser une main le long de son visage. Il respira bruyamment. Et puis d’un coup, ça fit tilt. Putain, les flics. Les flics avaient forcément été prévenus.
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MessageSujet: Re: Vertigo (Eamih)   Vertigo (Eamih) EmptyVen 30 Mar - 13:17

Vertigo
Samih & Eanna
WHERE DO YOU GO

Au travers des cils détrempés je parviens à noter que le jeune homme n’est vêtu en tout et pour tout que d’un caleçon et T-shirt informe. J’ai du le surprendre en pleine tentative de sommeil. Flagrant délit d’insomnie.
Ses bras qui viennent m’enserrer me font du bien. C’est comme retrouver un chez-soi qu’on a quitté il y a longtemps. Ça calme pas ma respiration erratique mais au moins j’peux trouver un certain réconfort dans sa chaleur. J’me rends compte que je suis congelée à avoir marché sans discontinuer dans les bourrasques.
Les images de l’hôpital s’évanouissent un bref instant pour m’accorder un répit.
Mes neurones se réalignent presque.
Mais la trêve ne dure pas.
Alors que j’avoue mon forfait en marmonnant contre son torse, Sam me repousse avec prudence. Il doit avoir peur de briser mes restes. Il me fixe sans comprendre, ou alors justement en ayant peur de ce qu’il est en train de piger. L’angoisse reprend ses droits et transparait dans chaque mot haché que je débite. Non, pas de l’angoisse ; plutôt une terreur sans nom qui déploie ses ailes goudron pour m’en repeindre les poumons. J’étouffe. Et les traits de Samih qui se décomposent lentement ne font rien pour arranger ma noyade imaginaire.
J’pensais qu’il pouvait organiser mon sauvetage d’un claquement de doigts. Comme d’habitude j’en attends beaucoup trop de lui.
On parvient au salon où le petit Stephen dort en gazouillant. Le bienheureux.
J’me mords les lèvres jusqu’à sentir un goût ferreux : Samih reste bouche bée dans un silence de plomb. Je préfère essayer de calmer mes pleurs en restant en arrière. Si j’pouvais disparaître sous terre je signerais volontiers. Les secondes passent. Interminables. J’fais plus attention à Sam qui tente de comprendre l’atroce absurdité de ce qu’il a sous les yeux. Y a qu’un sifflement désagréable à mes oreilles qui retentit et le replay de l’enlèvement qui repasse en boucle.

« Vous êtes presque complètement rétablie mademoiselle Gynt. Je vous reprogramme simplement un rendez-vous de routine pour le mois prochain. Histoire de vérifier la continuité de cette bonne nouvelle. »
L’homme en blouse blanche me sourit avec son petit air condescendant. Il est fier de lui à l’évidence. Encore une plus-value qui s’ajoute à ses stat’. J’suis un petit bonus.
Je le regarde sans expression particulière alors que les tirs de mortiers font rage à l’intérieur. Comment ose-t-il être aussi suffisant alors qu’il a pas été foutu de me réparer ? La seule chose dont les médecins avaient à s’occuper c’était mon système reproductif. Pour le reste, la nature aurait fait son œuvre.
« J’peux y aller ? »
Il me sert une expression mitigée, comme s’il s’attendait à plus. Bah voilà : t’es servi mon pote.
Je me lève sans autre forme de politesse et déboule dans les couloirs aseptisés. Le lieu est un vrai labyrinthe et j’ai plus l’habitude du service des urgences où j’arrive à peu près à m’repérer. Alors je me mets à déchiffrer les panneaux.
C’est là que je passe devant.
Service maternité.
Je sais pas à quoi j’suis en train de penser. Sur l’instant, à rien probablement. Toujours est-il que je me faufile entre les portes battantes comme une ombre. J’prends un air dégagé. Le genre d’attitude qui signifie au monde entier qu’on sait parfaitement ce qu’on fait.
Puis y a cette grande baie vitrée qui m’interpelle. Derrière elle se trouve une ribambelle de nouveau-nés couchés dans leur berceau en plastique. Mes yeux les scrutent dans leurs moindres détails : tout est miniature chez-eux, c’est fascinant. J’reste plantée là pendant un temps indéterminé. En fait jusqu’à ce que l’infirmière me fasse signe d’entrer.
Comme une somnambule j’obéis.
L’odeur me frappe de plein fouet. C’est pas celle des médocs, de la pisse ou du sang. C’est doux. Ca fleure bon le talc et cette fragrance si particulière de l’innocence toute fraîche. Je m’approche de la nana et m’rends compte que son sourire contagieux s’est propagé jusqu’à mes propres lèvres.
« Vous venez voir lequel de nos petits bouts ? »
Sans hésiter je tends vaguement un doigt en direction d’un des bébés, un garçon affublé d’un bonnet bleu clair tout pelucheux. C’est le premier que j’ai vu au travers de la vitre.
L’infirmière s’empresse de le prendre au creux de ses bras et de le caler entre les miens. J’ai peur de le lâcher par manque d’habitude mais l’enfant ne pèse presque rien. J’enregistre toutes les sensations involontairement : sa chaleur, sa forme, les mouvements de ses lèvres en cœur, sa respiration paisible… J’me perds dans ses creux et me mets à le bercer comme si c’était normal.
« Vous n’avez qu’à l’emmener à la chambre de la maman avec le couffin. Il rentre aujourd’hui ! » J’l'avais oublié celle-là. Elle me regarde avec attendrissement avant d’ajouter : « Vous allez faire une excellente tante. Et je me trompe jamais là-dessus !»
Ma bouche grimace un fantôme de sourire. Derrière j’ai mal. Y a mon esprit qui se tord et ondule. Ça aurait pu être un petit garçon. Est-ce qu’il aurait eu les mêmes prunelles bleutées que ses parents ? Les fossettes de JJ ? Mon nez ?
Tout c’que j’ai moi, c’est le vide et des questions qui resteront rhétoriques.
L’infirmière s’éclipse avec un dernier signe de la main. C’est l’moment.
C’est l’heure du crash.


Les hurlements de Samih me font reprendre pied. Il a les yeux exorbités, presque l’écume aux lèvres. Ses mots roulent et grondent en me faisant tressauter. Y a personne à l’horizon pour constater la détresse dans laquelle je le plonge sciemment. J’suis vraiment pas quelqu’un de fréquentable.
Je trouve rien à répondre et comble cette absence en reniflant piteusement et en m’essuyant les joues d’un revers de main alors que d’autres larmes viennent y dévaler, encore. J’aimerais expliquer à Sam ce que ça fait de savoir en tant que femme qu’on n’pourra jamais mettre d’enfant au monde. Qu’il n’y aura jamais de deuxième chance pour ne pas reproduire le comportement de nos géniteurs. Qu’on aura pas l’amour inconditionnel et phénoménal d’au moins une personne. Au moins pendant quelques années. Qu’on ne sentira plus quelque chose en soi grandir, créé juste par nous-mêmes. Un fruit doux-amer. Doux à mort.
A la place j’me contente de répéter comme une litanie des « désolés » inaudibles. Le jeune homme finit par arrêter de déambuler comme un fauve en cage et me fixe de ses grandes pupilles hallucinées. J’entends bien le fatalisme dans le ton qu’il emploie. C’est pas bon signe.
Mes poings se crispent jusqu’à ce que mes ongles déposent des formes en demi-lune au fond de mes paumes. Pourquoi est-ce qu’il me demande ce que j’compte faire ? C’est à lui de me donner la solution. C’est pour ça que j’suis venue le voir lui plutôt que Daire. Sam sait toujours ce qu’il faut faire.
« J’suis sûre  que ça passe déjà à la télé… Je veux pas le garder. » Menteuse. T’aimerais bien avoir la seule chose que tu n’obtiendras jamais. « Je savais que j’pouvais pas dès que j’me suis tirée de l’hôpital. Mais… Enfin, j’peux pas le laisser devant une église ou un truc comme ça ? »
Je délire complet. Entre la fatigue, le froid et le stress j’suis certaine de faire une vilaine montée de fièvre. Et dans mon esprit le fantasme romantique d’un enfant trouvé sur le pas d’une porte, des gens bienveillants et une fin heureuse, m’apparait tout à fait plausible.
Je finis par aller m’échouer à côté de Stephen qui commence à ouvrir un œil. Il doit avoir faim et j’ai rien à lui donner. Un profond soupir, encore secoué par les pleurs passés, résonne entre mes côtes.
« Faut qu’on aille faire des courses pour le nourrir. Et les couches. Et toutes ces conneries là. » J’hésite avant d’ajouter. « Et des clopes. J’ai vraiment besoin d’une clope. »
Voilà Nana. Plonges-y tête la première, et surtout, pas la peine de remonter à la surface pour respirer.




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MessageSujet: Re: Vertigo (Eamih)   Vertigo (Eamih) EmptyJeu 12 Avr - 8:54

Eanna a kidnappé un bébé.

Ca résonnait partout. Dans chaque micro particule, dans chaque cavité, chaque cicatrice. Contre chaque organe, chaque os, chaque veine.

Eanna a kidnappé un bébé. Non, non, c’est pas arrivé, tout va s’arranger.

Sam faisait toujours les cents pas, passant frénétiquement les mains dans ses cheveux, les attrapant, les tirant, grattant son début de barbe qu’il n’avait pas rasé depuis deux jours. essuyant les quelques perles de sueur qui commençaient à glisser le long de sa nuque. Et la phrase tournait en boucle dans sa tête. Eanna a kidnappé un bébé. Il ne savait même pas qui parlait, qui le pensait. Il l’entendait si fort, comme pour le faire percuter. Mais non, il n’y arrivait pas. Qu’est-ce que ça voulait dire, vraiment ? Est-ce que les flics le savaient déjà ? Est-ce qu’elle avait été vu ? A qui était ce bébé ? Qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Une simple question en amenait dix autres, et il ne parvenait pas à se calmer. Non, elle a pas fait ça, elle a pas pu être aussi bête. Non ça s’est pas réellement passé. Il hallucine. C’est déjà arrivé. Mais chaque fois, un gazouilli de nourrisson ou les pleurs incontrôlable d’Eanna le ramenait à la réalité. Il leur jetait un coup d’oeil apeuré et reprenait sa course frénétique à travers l’appartement vide. Si c’était un silence presque morbide dans la pièce, dans la tête de Sam c’était un vrai chaos.

Eanna a kidnappé un bébé.

Elle est revenue, mais elle a kidnappé un bébé. Elle qu’il avait ramassé à même le sol, à peine encore en vie, dans la mare de sang qui coulait sur le parquet abîmé. Elle qu’il avait vu partir dans un bloc opératoire, il avait attendu pendant ce qui lui semblait l’éternité, la pensant morte. Et puis elle, à qui il avait dû annoncer que JJ avait brisé sa vie. L’idée qu’elle s’en faisait jusqu’à présent en tout cas. Eanna cette sale gosse que JJ avait ramené de nulle part, encore enfant. Comme une petite soeur arrivée trop tard que Sam n’avait jamais vraiment supporté. ils n’avaient rien en commun, sauf JJ. Aujourd’hui, c’était ce qui les rapprochait le plus. L’une des personnes les plus importantes de leurs vies leur avait fait tellement de mal qu’une étincelle s’était échappée de la douleur pour démarrer un nouveau foyer. Il avait tenu le secret, il l’avait laissé prendre du recul, la surveillant de loin. Et maintenant… Maintenant c’était vers lui qu’elle se tournait pour enterrer un cadavre dans les bois… ou camoufler un kidnapping. Well done, dickhead. J’suis sûre que ça passe déjà à la télé… Je veux pas le garder. A travers les remarques acides de son esprit malade, la voix tremblotante d’Eanna réussit à filtrer jusqu’à lui. Il stoppa immédiatement sa course folle et se planta au milieu de la pièce, la foudroya du regard, avant que celui-ci ne glisse jusqu’au nourrisson qui continuait à gigoter dans tous les sens, sansn que ni l’un ni l’autre ne veuille s’approcher à moins d’un mètre de lui. On aurait dit qu’il était radioactif. Fais chier ! Merde ! Evidemment que ça passait déjà à la télé. Combien de temps il faut à un jeune parent pour se rendre compte que son bébé avait disparu ? Combien de temps il faudra à la police pour remonter jusqu’à Eanna ? Pour venir ici, défoncer la porte et se rendre compte par la même occasion que ce squat cachait armes et drogues. Bordel, bordel, bordel. Sam ne trouva même pas quoi répondre et se gratta nerveusement le crâne. Il ne savait pas quoi faire. Il ne trouvait aucune solution où tout finissait bien. Je savais que j’pouvais pas dès que j’me suis tirée de l’hôpital. Mais… Enfin, j’peux pas le laisser devant une église ou un truc comme ça ? Non, on peut pas, non ! Qu’il tacla, radical. Ce n’était même pas qu’il trouvait ça irresponsable de laisser un nouveau né de quelques jours à peine seul, devant une église, dans le froid. C’était que les flics remonteraient forcément jusqu’à eux après ça. Ils ne lâcheraient pas les investigations au moment où ils retrouveront l’enfant. Ils voudront un responsable, surtout en ce moment que les disparitions et la sécurité était le sujet brûlant. Sam en avait fait les frais, en passant une nuit entière au poste de police, suspecté des disparitions actuelles. Parce qu’on se méfie toujours de l’homme d’origine arabe d’âge moyen, désaxé, immigré, avec clairement un problème de drogue. Les flics étaient à cran, putain Eanna avait encore bien choisi son moment pour péter un câble.

Elle s’approcha enfin du petit être, poussa un long soupir et Sam observait la scène comme s’il s’agissait d’un véritable film d’horreur. Dégoûté de voir un bambin dans leur baraque, pire encore, de voir Eanna s’installer à ses côtés. Il avait une grimace sur le visage, de peur et d’angoisse. Faut qu’on aille faire des courses pour le nourrir. Et les couches. Et toutes ces conneries là. Qu’elle tentait. Il secoua vivement la tête. Non, non, on achète rien parce que ce gosse ne va pas rester ici. S’ils commençaient à faire des provisions, il était presque sûr qu’Eanna ferait un nouveau breakdown et qu’elle finirait par le supplier de le garder. Peut-être même qu’elle s’enfuirait dès que Sam aurait le dos tourné et elle se ferait rattraper à la frontière mexicaine. C’était hors de question. Et des clopes. J’ai vraiment besoin d’une clope. Il lança un juron, peut-être bien dans sa tête ou peut-être bien en arabe, il s’en savait rien. Il lâcha ça et traversa la pièce d’une traite jusqu’à rejoindre sa chambre, sans un mot de plus.

Il disparu pendant quelques minutes. Là dans le calme de sa chambre, c’était comme si le reste de l’appartement n’existait tout simplement plus. Il cherchait dans ses affaires, posées à même le sol, avec des mains tremblantes d’émotion. Je sais ce que tu penses. Tiens, te revoilà. Sam, déconne pas. Ferme-la. L’autre savait déjà les prémices de ce plan kamikaze qui germait dans un coin de sa tête. L’ouverture d’une porte, une solution qui se profilait. Non, non, j’veux même pas en entendre parler. C’est pas comme si on était en train de négocier. Sam ! Trop tard, il venait de trouver ce qu’il était venu chercher son paquet de cigarette dans une poche de sa veste, il en coinça une entre ses dents et garda le reste du paquet dans sa paume. Il revint immédiatement dans le salon, craignant soudain qu’Eanna ait disparu. Non. Ouf. Il attrapa au passage un briquet, alluma sa clope puis envoya ces deux choses sur le canapé à côté d’elle, sans vouloir s’en approcher. Il pouvait au moins faire ça : lui filer des clopes.

Il tira une longue taffe sur sa clope. Il fixait tout et rien à la fois, il tentait de mettre en ordre ses idées. Dès que t’as quitté l’hôpital avec ce gosse, dès que t’as pris cette décision, t’as signé ton arrêt d’mort Eanna. Sa voix était terne mais teinté d’une angoisse paternaliste. T’imagine même pas la merde dans laquelle tu nous a foutu. Même pas. Ca ressemblait à un sermon, un que ses parents auraient pu lui faire, s’ils n’étaient pas morts depuis longtemps. Un sermon dont chacun des Kids avait manqué, parce qu’ils étaient tous des orphelins, ou auraient mieux faire de l’être. Ils étaient des paumés, ni plus ni moins, alors évidemment que ça tournait mal. Sam avait accepté ce rôle, sans même qu’on ne le définisse vraiment. Et il tentait tant bien que mal d’être la voix de la raison dans cette affaire. L’ironie de la chose, c’était qu’une voix il en entendait déjà une. Mais ça, Eanna l’ignorait. Kidnapper un gosse, putain… tu te rends pas compte ou quoi ? Si les flics t’attrape, c’est direction prison sans même prendre le temps d’y réfléchir. S’ils t’attrapent ils réfléchiront pas, tu serviras d’exemple pour rattraper leurs conneries. Arrête-toi, je sais où tu veux en venir. Je sais ! Parce qu’Eanna ne pouvait pas finir en taule. C’était impossible, inimaginable. Elle n’y survivrait pas trois jours et se ferait taillader. Ou bien elle se tailladerait elle-même. Sam ne pouvait pas perdre et JJ, et Eanna. C’était pas possible. Et à la seconde où, dix ou quinze ans plus tôt, il avait accepté de tous les prendre en charge, il avait dû accepter autre chose : tout serait de sa faute. Sa responsabilité. Sam tira frénétiquement sur la cigarette. Réfléchis bien ok. Est-ce que quelqu’un t’a vu avec ce bébé ? Elle était déboussolée, mais ce n’était pas le moment, clairement pas. Parce qu’il n’y avait qu’un moyen de s’en sortir dans cette histoire, trouver un nouveau coupable, quelqu’un à qui faire porter le chapeau. Voyant bien qu’elle n’était même plus capable de réfléchir, Sam se fit violence et s’approcha du canapé pour s’accroupir face à elle. Elle qu’il s’était juré tacitement de protéger, quoi qu’il arrive, quand il l’avait retrouvé sur ce parquet ensanglanté. Hey, Eanna, calme-toi maintenant; J’te laisse pas tomber. On va trouver une solution ensemble. J’te jure que t’iras pas en prison. Compris ? Sam… écoute-moi ! Non.
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MessageSujet: Re: Vertigo (Eamih)   Vertigo (Eamih) EmptyDim 15 Avr - 11:55

Vertigo
Samih & Eanna
BEFORE I FALL

Évidemment, Sam se charge se me ramener sur terre.
Non. Non. Non.
C’est sec et tranchant, ça parvient à traverser la poix qui m’enveloppe l’esprit. La situation est critique : j’suis en train de faire une chute vertigineuse, prête à m’éclater la cervelle un millier d’étages plus bas. J’pensais pouvoir gérer. M’aider à m’oublier avec les stup’, mettre suffisamment de distance pour pas craquer. J’ai pourtant foiré de façon monumentale. Le genre de bourde qui vous fout derrière les barreaux. Ciao bella, on s’revoit d’ici cinq ans.
J’m’imagine pas les 12 m². La promiscuité. L’inconfort. Le même scénario qui s’répète tous les jours sauf quand on s’demande si on va s’faire planter dans les heures suivantes. J’peux pas aller en tôle ; j’refuse l’idée, j’veux pas y penser.

Mes poings viennent presser mes orbites pour effacer les images du p’tit qui s’réveille et de Sam en train de sortir de la pièce. J’ai l’impression qu’il m’abandonne. Les secondes s’étirent ; uniquement rythmées par les battements de cœur infernaux qui m’résonnent aux tempes et les babillements de Stephen.
J’hésite à prendre la porte et à m’tirer. Avec ou sans l’bébé ? Avec, j’peux quand même pas imposer ça à Sam. De toute façon, puisqu’il y a pas de solution et que quelqu’un doit bien plonger, autant que je coule seule.
Ma cellule sera p’t’être assez proche du bâtiment des hommes pour pouvoir communiquer avec JJ.
On continuera sur la lancée d’un couple poison en pleine dégénérescence.
Deux fêlés du bocal derrière les barreaux.

Sam se ramène finalement à nouveau, et munit des précieuses cigarettes. J’me jette sur celle qu’il me tend avec gratitude. Le manque de nicotine me paraît insupportable à la seconde où le filtre me roule entre les doigts. J’ai quand même le réflexe d’aller m’percher à une fenêtre pour pas trop enfumer le môme.
Mon interlocuteur tire sur la sienne avec une frénésie contagieuse.
« Alors Sam, qu’est-ce qu’on peut faire ? » La voix est éraillée sous les assauts des nuages de goudron. J’intègre le jeune homme dans l’équation direct, sans chercher à mâcher mes mots. Inutile de faire la comédie : je vois en lui mon intervention divine. J’suis persuadée que s’il m’a pas indiqué d’prendre la porte ça veut dire qu’il a trouvé quelque chose.
Mais mon enthousiasme redescend en flèche lorsque j’écoute son prêche implacable qui équivaut à ma condamnation. Mon visage se décompose au fur et à mesure de ses énumérations et l’angoisse me retombe dessus comme du plomb.
« J’suis désolée… J’ai pas… j’ai pas réalisé sur l’moment. J’crois que je suis en train de devenir barge ! »
Mes cordes vocales se brisent sous l’aveu. J’arrive pas à me remettre assez les idées en place pour suivre le fil. J’aspire une nouvelle bouffée en essayant de me calmer. Mes mains tremblent, et c’est pas l’effet du manque de came.

J’lâche le mégot par la fenêtre et reviens m’asseoir à côté du nouveau-né, les genoux relevés contre la poitrine comme si ça pouvait m’aider à m’protéger du monde extérieur.
« Non… Non j’ai pris les escaliers de service et… » Je fouille dans ma mémoire, les sourcils froncés par la concentration. « Et la sortie du personnel en m’foutant dans les angles morts. »
Vieux réflexes datant de l’époque glorieuse des vols à la tire qu’on pratiquait comme un sport. J’repense à l’infirmière qui m’a entraperçu deux minutes mais qui était constamment occupée à vérifier le confort de tous les bambins dans la salle. J’suis presque sûre qu’elle pourra pas établir un portrait.
Pour autant, mon rythme cardiaque diminue pas. Au contraire, l'épouvante se répand jusque dans mon système respiratoire : j’suis à deux doigts d’hyper-ventiler.
Ce sont les yeux clairs de Sam qui m’empêchent de prendre la tangente lorsqu’il se baisse à ma hauteur. Deux lacs d’une limpidité déconcertante. L’affolement n’y a plus sa place même si une trace de colère persiste. Ça et… autre chose que je n’identifie pas clairement. Mais cumulés à sa mélopée tranquille d’affirmations ça fonctionne, et j’parviens à endiguer la crise de panique.
J’lui attrape une main qui me paraît brûlante. J’la serre comme pour y incruster mon empreinte.
« Oui. Compris. » Je hoche la tête doucement, les pupilles toujours rivées aux siennes afin d’éviter la sortie de route. La pression retombe un peu et je me détends en me penchant vers lui jusqu’à ce que nos fronts se touchent presque. « Merci. » C’est juste un murmure, mais il provient des tréfonds de mon palpitant malmené. Mes doigts se resserrent toujours compulsivement sur les siens. J’voudrais lui exprimer tellement mieux ma reconnaissance.
« Dis-moi ce que j’dois faire. N’importe quoi. »
Bon petit soldat de plomb.


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Samih Scully

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MessageSujet: Re: Vertigo (Eamih)   Vertigo (Eamih) EmptyMar 17 Avr - 15:01

Eanna n’arrivait plus à gérer. Tout prenait trop de place dans son petit corps trop frêle et son cerveau n’était pas prêt à percuter. Sam se devait d’être franc, trop brutal, la secouer complètement, s’assurer qu’elle ne ferait plus rien d’aussi dingue, plus jamais. Parce que si son plan se déroulait de la manière dont il l’avait décidé, alors il ne serait plus là pour assurer ses arrières. Plus pendant quelques temps du moins.

Comment ça ton plan ? Quel plan ? Je déteste ce plan moi !

Mais Sam ne l’écoutait plus, trop sûr de lui, sûr de son coup, sûr que c’était la solution parfaite. Et pour Eanna, et pour lui. Il s’était mis en mode robot. Sam savait gérer les situations de crises, contrairement à ce qu’on pourrait penser. Ce n’est pas parce qu’on est un déséquilibré qu’on agit comme un déséquilibré. Même si ce plan, celui qui germait en cinq secondes, trop rapidement pour être parfait, trop rapidement pour être logique, était un peu dingue, fallait l’avouer. J’suis désolée… J’ai pas… j’ai pas réalisé sur l’moment. J’crois que je suis en train de devenir barge ! assure-toi ma poule, t’es pas la seule. Mais il parlait dans le vide, et Sam ne le laisserait plus en placer une, pas en public, pas autre part que dans le coin malade de son crâne où il vivait depuis des années. Sam aurait aimer la rassurer, lui dire que non elle ne devenait pas folle, que ça arrivait à tout le monde de péter un boulon. Le fait est que ce n’était pas le cas. Eanna virait vraiment tarée, mais qu’elle se rassure, elle l’avait toujours été. Elle ne l’était pas plus qu’hier, elle était simplement dans le même état que Samih : trahie et complètement tabassée par JJ. Abasourdie. Du coup, Sam se contenta de la regarder tout en continuant de réfléchir, et ne répondit rien. Il fumait encore frénétiquement, écoutant avec la plus grande attention Eanna lui raconter comment elle avait fait pour kidnapper un bébé sans se faire voir. Il avait une confiance aveugle en sa capacité à passer sous le radar. Il l’avait déjà vu faire, il y a des années de ça maintenant. Il hocha la tête, rassuré. Même si une part de lui, la plus malade, aurait voulu qu’elle n’ait pas pris autant de précaution. On se poserait pas la question si elle était fichue de toute manière. Mais la partie que Sam montrait aux yeux du monde savait pertinemment que tout pouvait se dérouler parfaitement. Tout pourrait parfaitement matcher. La pression descendait doucement, aussi parce qu’il n’avait pas d’autres choix. Fallait qu’il tienne, qu’il rassemble le peu de bon sens qui lui restait et qu’il gère Eanna, car sinon elle allait se mettre à fondre sous ses yeux. La clope fut fumée très vite, à cause de sa façon de fumer quand il était stressé. Les doigts qui se figeaient autour du filtre jusqu’à l'aplatir juste un petit peu, ses longues lattes, jusqu’à ce que ses joues se creusent et qu’il n’ait plus de souffle. Il lança le mégot dans le premier cadavre de bière qui lui tomba sous la main.

Il s’accroupit devant elle donc, et elle le regarda avec ce regard déboussolée de la nana qui a déjà tout perdu et qui attend que quelqu’un d’autre vienne réparer son coeur cassé. Sam ne savait pas réparer les coeurs, mais les conneries des Kids, il avait passé sa vie à le faire. Même si certaines sont plus irréparables que d’autres. Oui. Compris. Sam lui esquissa un sourire tordu par cette colère paternaliste et ce sentiment qu’il n’allait plus la voir pendant un long moment. Il est pas trop tard pour changer d’avis. Si, c’était trop tard. Il lui avait déjà promis qu’elle ne finirait pas en taule. Il lui avait promis de rattraper le coup. Et y avait pas d’autres moyens. Si y en a un autre. Arrête de faire comme si tu faisais tout ça pour Eanna, je sais pourquoi tu veux le faire. Tu peux pas me mentir à moi. Non, peut-être pas en effet. Sam laissa lâchement sa main se lover contre celles, moites, d’Eanna. Il baissa le regard sur leurs doigts entremêlés, vague. Pendant que son cerveau tournait à dix milles à l’heure, le temps d’analyser la situation, toute la situation, s’assurer que tout se passerait bien. Merci Qu’elle murmura près de son visage, alors que leurs fronts se touchèrent doucement. Il ferma les yeux une demi-seconde. A l’heure actuelle, Eanna était ce qui se rapprochait le plus d’une soeur. Soeur qu’il avait de toute façon perdu, soeur de rechange, petite soeur ingrate qu’on lui avait mis dans les bras sans même qu’il n’ait demandé quoi que ce soit. Eanna était comme ce bébé qui n’a rien demandé mais se retrouve dans le mauvais appartement, avec les mauvaises personnes et, maintenant qu’il est là faut bien lui donner de la bouffe et changer sa couche. Et au final, on finit par l’aimer ce gosse. Comme Sam aimait Eanna. Quitte à renoncer à tout pour elle, comme il renoncerait à tout pour chacun des Kids, même JJ. Surtout JJ.. Il avait deviné l’autre, pourquoi ce plan s’était imposé dans l’esprit de Sam si vite, pourquoi il s’y accrochait si fort, sans prendre le temps d’y réfléchir. Car à la seconde où il se mettrait à y réfléchir il pourrait regretter. Et ce n’était pas du tout ce dont il avait envie. Il sentait les petites mains frêles d’Eanna s’agripper aux siens. Il l’entendait lui promettre loyauté absolue. Elle ferait n’importe quoi, tout ce qu’il dira. Sam releva son regard vers elle, sans lâcher ses mains. Il la regarda dans le fond de ses yeux perdus, rassurant, sûr de lui, peut-être même que c’était la première fois qu’il était aussi sûr de lui.

Tais-toi, pitié, y a un autre moyen.

Tu vas partir d’ici. Tout de suite, tu t’en vas tu fonces au centre ville, tu entres dans le premier bar que tu croises et tu t’assures d’être vue. Drague un mec, couche avec lui s’il le faut, je m’en fiche, fais comme si t’avais passé toute la soirée dans ce bar, et fais-toi remarquer. Elle avait juste à gueuler son nom, jouer des hanches pour attirer quelques regards, jouer la nana bourrée qui a passé sa soirée à enchaîner des cocktails au nom ridicule. N’importe. Ca fera un alibi, juste au cas où. Ensuite tu vas rentrer d’où tu viens. Comme si t’étais jamais revenue, comme si tu fuyais toujours JJ. Tu t’en vas et t’y reste encore quelques jours, semaines, n’importe. Tu ne m’appelles ni moi, ni aucun des Kids. Personne. Il sentait bien ses doigts trembler contre les siens, mais il s’accrochait à ses mains comme il pouvait, pour qu’elle ne puisse pas fuir, ni poser la moindre objection. Fallait qu’elle suive le plan, c’était un plan parfait. C’est un plan foireux. Non, il était parfait. Tu me laisses le bébé, et je t’appelle dès que je peux. Il ne voulait pas lui dire, parce qu’il ne savait même pas si elle serait d’accord ou pas. Elle serait capable de faire encore tout foirer, parce que c’était son truc à elle, faire foirer, tout détruire, elle était trop instable, trop allumée. Elle pouvait s’imaginer n’importe quoi, tant pis, elle aurait vite fait de découvrir la vérité, ce qui importait vraiment maintenant, c’était ce qu’elle garde confiance. T’as confiance en moi Eanna ? Il le fallait.
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MessageSujet: Re: Vertigo (Eamih)   Vertigo (Eamih) EmptyDim 22 Avr - 16:22

Vertigo
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J’attends ses paroles comme le messie. J’arrive même à faire abstraction du môme qui commence à franchement chouiner, sûre que la solution – toujours invisible à mes yeux – se trouve juste sous mon nez. J’dois être trop bête pour la voir.
Si Daire a toujours été la plus intelligente, Sam lui, a perpétuellement fait preuve d’abnégation. L’plus âgé de la bande, responsable par la force des choses, on lui a jamais vraiment laissé le choix. C’est le référent. Le général. Prêt à se sacrifier pour ses troupes à n’importe quel prix. Aucun de nous n’aurait pu assumer cette position. J’me demande à quel moment on lui a montré une quelconque reconnaissance. Moi en tout cas, j’me souviens pas l’avoir fait. Pas même lorsqu’il est venu m’enlever à l’imbroglio organique quand je jonchais le sol de la coloc. Non plus lorsqu’il est devenu gardien du secret de ma nouvelle planque. A aucun instant je n’ai remis en doute la normalité de ses actes alors qu’il prenait à bras le corps catastrophe après catastrophe pour les balancer aux oubliettes.

Désolée chef.

J’me perds dans ses iris clairvoyantes, j’voudrais m’y noyer pour effleurer cette sérénité qui semble l’avoir envahi. Je l’envie.
Distraitement, mes doigts libres s’échouent sur le front du petit et y tracent des spirales tout en légèreté. Il semble se calmer au contact et ses paupières se referment doucement.
Sam commence à parler. Sa voix est calme, distincte, sûre d’elle. Mais les mots qu’elle forme sont abominables. J’ai la langue coupée et la mâchoire qui s’décroche au fur et à mesure. Là-haut ça clignote de partout. Message d’erreur critique. J’ai l’sang en ébullition, les muscles en plein craquage. J’ai l’impression qu’il suffirait d’un souffle pour que m’effondre sur moi-même ; un petit tas de cendres balayé par le vent.
Pourtant, toutes les étapes s’inscrivent douloureusement au fer rouge dans mes synapses. Ça grésille dans tous les sens. Force de l’habitude : on l’écoute m’sieur Scully. On écoute et on obéit.
« Sam… Sam… » J’répète en boucle les trois lettres. Fil rouge. « Tu peux pas… Tu peux pas faire ça. »
Voilà c’est dit. Constat effrayant.
Je romps le contact avec ses mains, avec Stephen aussi, et pose les miennes autour de son visage. J’pourrais presque passer pour la future veuve d’un condamné à mort dans cette posture.
« Tu vas finir en prison, j’veux pas… » J’hésite, inspire, récupère les syllabes manquantes. « J’peux pas te perdre. »
Pas toi aussi.
Pour moi la réclusion sonne comme un glas. Bien trop définitive. J’ai déjà vu JJ y entrer mais toujours pas en ressortir. Comme si on pouvait y accéder qu’en aller-simple. J’ose à peine imaginer de quelle peine il pourrait écoper au vu de ses dernières démêlées avec la justice.
« Et Daire, et les autres ? Ils vont faire comment ? C’est déjà la merde, alors si t’es enfermé… »
On sait tous les deux ce que je sous-entends. Les Kids sont un ramassis d’électrons libres et sans conducteur y a fort à parier que l’anarchie ambiante devienne un chaos total. Alors j’appuie sans vergogne sur la corde sensible en espérant le faire changer d’avis.
Échec.
Le jeune homme continue à me détailler son plan, implacable. J’sens le sel me piquer les yeux, prêt à encore les faire déborder. J’relâche mon emprise sur lui. Mes paumes retombent sur mes cuisses, inutiles. Tout autant que moi. J’ai conscience que sa décision est prise à cause de la résolution sans faille qui l’embrase. Rien de ce que peux dire la fera vaciller. Donc quoi ? C’est simple : j’ai juste à la fermer et accepter sans broncher de le laisser payer l’addition à ma place.
Ding ! Ding !
Le tiroir caisse débloque.

« Bien sûr que j’ai confiance ! » J’m’indigne sans véritable coup de sang. Trop anesthésiée par le choc.  J’ai déjà l’impression qu’il est parti et qu’il me reste que la peine comme amie.
J’serre les poings et me lève. Je le domine de toute ma hauteur et pourtant il me fait l’effet d’un géant.
« Pourquoi tu fais ça ? »
J’veux l’entendre le dire. N’importe quoi que je pourrais me remémorer la nuit quand la culpabilité viendra m’bouffer jusqu’à l’os. N’importe quoi à répéter, couplet appris par cœur, pour m’justifier auprès de la bande si ça vient à se savoir. Ça va se savoir, bien sûr. Encore égoïstement je souhaite qu’il m’apporte du soulagement pendant son absence et m’défende envers et contre tous.
Y a aucune excuse pour ponctuer ma phrase. Si j’le fais je vais flancher.


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MessageSujet: Re: Vertigo (Eamih)   Vertigo (Eamih) EmptyLun 7 Mai - 12:20

Elle comprenait peu à peu, écoutant attentivement tout le laïus improvisé qui s’extirpait de ses lèvres tremblantes de vérité, tremblantes de certitudes. Elle écoutait docile, petite fille face à son père. Elle se déchargeait de tout ce poids sans doute rassurée que quelqu’un d’autre trouve la solution qu’elle n’aurait jamais osé aborder. Sam ne se laissait pas déconcentrer. Ni par les soupirs dépressifs d’Eanna, ni par les cris hystériques qui résonnaient dans son crâne. Tu peux pas… Tu peux pas faire ça. Écoute-la, j’t’en prie. Si, il pouvait le faire. C’était la seule chose qu’il pouvait faire. Empêcher JJ de violer Assia ? Il n’avait pas pu. L’empêcher de lever la main sur Trixia, encore et encore, ça non plus il n’avait pas pu le faire. L’empêcher de briser Eanna ? Non plus. Mais empêcher Eanna de finir sa vie en prison, il pouvait le faire. Il pouvait parfaitement. Et c’est ce qu’il ferait. Il ne se laissait pas déconcentrer, trop embarqué dans cette spirale de questions, de réponses, de possibilités qui tourbillonnait dans son esprit malade. Et puis Eanna libéra ses mains, comme pour se désolidariser de ce projet qu’elle n’acceptait pas. Ultime espoir pour l’autre qui rugissait sans personne pour l’entendre au fond de Sam. Tu vas finir en prison, j’veux pas… J’peux pas te perdre. Sourire en coin, brisé. De toute façon, il fallait un perdant. Sam resta bien en face d’elle et la regarda dans le fond des yeux quand il laissa échapper, d’une voix terriblement sincère : Si j’fais pas ça, c’est toi qui ira en prison. Et t’aura perdu tout le reste. Sens du sacrifice, ouais, c’est ça, t’es un héros. ironisait l’autre, peu concerné par ce geste de grand seigneur. Et pourtant, évidemment que c’était pour elle, dans un sens. Mais aussi pour tout le monde. Pour les Kids. Eanna ne pouvait pas finir en prison, ça la détruirait. Il le savait. Elle le savait. C’était égoïste de jouer sur sa peur pour qu’elle accepte son plan sans broncher ? Doucement, presque timidement, Sam avança une main fraîchement libérée vers elle, caressa du bout du pouce son visage éclaté de larmes sèches. Il pencha doucement la tête sur le côté pour la regarder d’un air rassurant, mais il n’en fit rien. Et Daire... Son simple prénom fit exploser quelque chose au fond du bide de Sam. Ouais, et Daire. Ses yeux rencontrèrent le vide une seconde. Daire ça serait le plus dur. Le plus douloureux. Il le savait. Pour elle comme pour lui, du moins, il se plaisait à l’imaginer, peut-être. ...et les autres ? Ils vont faire comment ? C’est déjà la merde, alors si t’es enfermé… C’était la merde pour une seule raison : JJ. C’est lui qui avait tout foutu en l’air, qui avait pété l’équilibre. Lui qui avait fait basculer leur famille dans une sorte de bordel permanent où aucun ne sortira indemne. Daire comprendra, elle s’occupera de vous trois en mon absence. C’était clair, même pas besoin d’y penser. C’est elle qui serait en charge maintenant. Et c’était la seule chose de rassurante dans tout ce bordel.

Bien sûr que j’ai confiance ! Bien, alors, c’est réglé. Qu’il répondit sans même lui laisser en placer une. Sa respiration s’accélérait dangereusement à mesure que ce plan s’ancrait dans la réalité. Tu vas pas vraiment faire ça Sam. Tu ne peux pas faire ça.. Plus le temps avançait, ça semblait irréel. Il le devait, le devait, le devait. C’est ce qu’il se répétait mais les doutes prenaient de plus en plus de place dans son corps frêle. Il alluma une nouvelle cigarette après avoir tendu le bras pour attraper le paquet sur le canapé, pour s’occuper les mains, et son esprit en même temps. Il passa une main libre derrière sa nuque. Il commençait à avoir chaud. Hors de question cependant de laisser filtrer qu’un seul signe de trouble à Eanna et sa fragilité. Et pourtant, allumée ou pas, elle n’était pas idiote. Elle se leva d’un coup sec, juste devant lui. Sam n’eut rien d’autre à faire que de lever les yeux vers elle, la clope dans un coin du bec. Pourquoi tu fais ça ? Son coeur loupa un battement. Elle savait tout. Elle se doutait de la réponse. Elle savait que ce n’était pas juste pour lui éviter de terminer derrière les barreaux. Qui serait assez idiot pour croire ça. Y avait plein de chose à tenter avant de foncer tête baissée voir les flics, un bébé kidnappé dans les bras. Plein de chose à faire pour lui éviter la taule. Peut-être que ça ne marcherait pas, alors, à ce moment-là, serait encore temps de mettre en place ce plan suicidaire. Mais ça foutrait en l’air l’autre partie du plan, celle qui l’avait décidé, si vite, celle qui lui disait qu’il ne devait pas y réfléchir, surtout pas, sinon il changerait d’avis. Sam soupira et tira sur sa cigarette avant de se redresser à son tour, là, trop proche d’elle. Tu sais pourquoi. Qu’il balança dans un souffle. Évidemment qu’elle savait. Le point commun, le seul d’ailleurs, c’était JJ. L’amour inconditionnel qu’ils avaient pour lui. Elle comme amant, lui comme un frère. Si j’vais là-bas, non seulement je t’évite la prison mais je serais avec… lui. Comme si prononcer son nom était interdit maintenant. Et dans le fond du regard globuleux de Sam, y avait une tempête dont Eanna ne pouvait même pas mesurer l’ampleur. Sam ne voulait pas qu’elle sache. Il ne voulait pas qu’elle sache qu’elle était une victime de plus de JJ. Qu’avant elle, y avait déjà eu tous les autres. Bizarrement, c’était comme essayer de sauver quelque chose de déjà mort. Empêcher les Kids de savoir, en tout cas la plupart. Sauver l’honneur de JJ. Être le seul à vouloir sa tête. Ils comprendront sans doute, un jour. Faut que j’le vois, faut que j’sois avec lui. Pour l’aider ou pour lui régler son compte ? Sam laissa à Eanna le choix. Il se retourna et continua d’avancer dans l’appartement, prendre ses distances, éliminer les doutes, les derniers. Trop tard pour changer d’avis de toute façon.
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MessageSujet: Re: Vertigo (Eamih)   Vertigo (Eamih) EmptyJeu 17 Mai - 12:18

Vertigo
Samih & Eanna
J'AI VU

Sam est impitoyable. Il oppose à chacun de mes arguments des réponses limpides, évidentes. J’trouve rien à répliquer sur l’moment tant notre dialogue me paraît surréaliste. Je m’imagine expliquer à Max, Aïlish, Daire, qu’il a accepté sans sourciller d’endosser toute la responsabilité de mon… kidnapping. De la séquestration que manqueront pas d’évoquer les juges. De mon crime.
Merde.
Pense pas à ça ou tu vas vriller. Concentre toi plutôt sur Scully qui se croit dans un mauvais remake de Prison Break.

Sam peut pas s’jeter dans la gueule du loup comme ça. S’il a toujours été à la tête de la bande c’est pour une bonne raison : il anticipe. Y a pas d’accroc dans ses plans. Les failles sont étudiées afin d’être évitées. Combiné à Daire, ils forment un duo d’une intelligence ravageuse où rien n’est laissé au hasard.
J’ai pas non plus déjà sentis chez lui une attirance démesurée pour le claquement morbide des menottes. Parce que Sam anticipe, bordel. Alors c’est quoi le lien avec la prison ? Pourquoi il voudrait se retrouver en cellule, privé de liberté ?
Sa voix intransigeante me donne le ton.
Les mots qu’elle forme finissent de me convaincre.
JJ. Forcément. La clef, le nœud, l’déclencheur.
Je reste un instant bloquée, les yeux rivés à ceux du jeune homme sans que l’information parvienne à remonter le long des cellules nerveuses. Il me fait quoi là ? Il veut partir en vendetta pour mes beaux yeux ?
C’est louche. Y a anguille sous roche et j’suis à peu près certaine qu’il me lâchera pas le morceau. Puis même si c’est bien pour ça qu’il veut aller le retrouver en tôle, j’suis pas d’accord. La vengeance c’est à moi de l’exécuter. Ça m’arrive d’en rêver. D’imaginer le sourire de JJ descendu à coup de revolver, le regard espiègle balafré, l’âme souillée, poncée jusqu’à l’os.
J’me réveille toujours avec un goût de bile dans la bouche ensuite.
Parce que l’horrible réalité c’est que j’suis incapable de souhaiter réellement sa mort. Tout c’que j’peux faire c’est fantasmer sur le mal que j’aimerais lui causer. Préparer une vengeance avec la minutie d’un horloger, les schémas de bataille, les stratégies, c’est pas pour moi. La destruction est programmée, mais j’fais confiance au karma pour me présenter les bonnes opportunités de la réaliser.
« MAIS QU’EST-CE QUE TU RACONTES ! »
Cette fois-ci c’est à moi de hurler à m’en casser la voix. J’en ai rien à foutre de réveiller les voisins, Stephen ou tout le quartier.
« T’es cinglé Sam ! Tu penses qu’il va suffire de te retrouver dans la même tôle pour pouvoir… Pouvoir faire quoi, hein? Qu’est-c’que tu veux faire ? »
Je tremble comme une feuille morte. C’est comme ça que j’me sens d’ailleurs : tuée de l’intérieur. Les muscles fonctionnent, le sang est pompé, les poumons s’activent, mais y a plus de souffle vital. Quelqu’un a éteint la bougie et j’ai bien l’impression qu’elle est pas prête d’être rallumée.
Je le regarde s’éloigner : il a le dos droit malgré la décision impensable qu’il vient de prendre. Il s’retourne pas, m’regarde pas. J’suis devenue invisible par nécessité, parce que Sam est courageux alors que je suis en train de me désintégrer lentement mais sûrement.
Chute libre.

Le silence s’éternise. On a plus de mots à gâcher, ou alors bien trop à se lancer au visage. J’réalise que je vais aussi laisser Stephen. Je m’avance dans le sillage de l’homme, main tendue, sans savoir si je veux venir effleurer la joue dodue du p’tit ou agripper le T-shirt de mon ami. Finalement j’avorte mon geste. Mes doigts ne retiennent que le vide. J’suis assommée par le choc.
Un pas après l’autre je me dirige vers la porte d’entrée. Je l’ai franchi d’une traite en arrivant, maintenant elle me semble à l’autre bout du monde. J’suis commandée par les instructions du leadeur, conditionnée à tenter de réaliser ses dernières volontés. Parce que c’est un peu l’cas, non ?
Paume sur la poignée, je la tourne, entrouvre le battant, marque une pause les épaules voûtées sous le poids de la catastrophe en cours.
« Sam, tu vas revenir hein ? » C’est pas vraiment une question. Plutôt à mi-chemin entre la lamentation et une supplication.
D’ailleurs j’ai pas envie d’entendre la réponse : j’suis presque sûre qu’elle va pas me plaire.
Alors je tourne les talons – vite, surtout vite, pour pas changer d’avis - en laissant derrière la petite chaleur du bambin. La silhouette à capuche, floue au travers des larmes qui manquent de déborder.

Je retourne sous la pluie maintenant franche, les bras vides et le cœur complètement malade.
J’suis assassinée à la peine.


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