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Jax Roses

Jax Roses
halina 4ver, je ne t'oublierai jamais
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MessageSujet: back to you. (jaxem)   back to you. (jaxem) EmptyMer 18 Avr - 18:43

Il ne sait pas ce qu'il fout là. Il n'a jamais mis les pieds dans ce coin de Savannah. Il n'a jamais foulé le bitume de cette rue. Il n'est jamais passé devant cette maison à l'allure abandonnée. Il ne sait pas, il ne sait pas. Pourtant, il est là. Attiré par cet endroit comme un aimant. Il était en train de nettoyer ses couteaux dans sa caravane quand il avait été pris d'un vertige. Un haut le cœur inexpliqué. Il s'était senti tanguer, comme s'il avait perdu le contrôle de son corps. Pire encore, de son esprit. Il avait dû se raccrocher au rebord de sa table et attendre quelques secondes pour que la sensation passe. Il était habitué, pourtant, à ressentir des choses qu'il n'explique pas. Qu'il ne comprend pas. C'était comme ça depuis aussi loin qu'il se souvienne. Mais ces derniers temps, c'était devenu rare. Et là, ce soir, ça l'avait pris avec une violence particulière. Ce fut trop fort pour qu'il l'ignore. Après ça, il avait eu envie de marcher. Une envie puissante, qui avait occulté tout le reste. Même Halina, même JJ, tout, tout. Il n'était plus resté que cette envie. Elle s'était étendue, avait pris toute la place, elle avait échauffé son sang, accéléré son rythme cardiaque. Alors il était sortit. Et il avait marché, sans réfléchir et pourtant, sans hésiter. Comme la sensation de mettre ses pieds dans les pas de quelqu'un d'autre avant lui. Comme s'il avait suivi une piste. Suivi les indices. Et la sensation de vertige ne l'avait jamais vraiment quitté durant toute la route. Jusqu'à ce qu'il arrive devant la bâtisse.

Il observe l'endroit, ne comprend pas ce qui l'a amené là. Et il lui suffit de voir quelques personnes rentrer ou sortir pour comprendre de quoi il s'agit. Les mains enfoncées dans sa veste, bandées à cause de sa dernière crise de nerfs, il reste planté là. Pendant près de vingt minutes. Y a quelque chose qui l'attire à l'intérieur. Il ne sait pas quoi, il ne sait pas pourquoi. Mais ça lui fait peur. Comme le pressentiment que ça ne lui plaira pas. Pourtant, il n'arrive pas à imaginer. Il ne peut pas imaginer. A plusieurs reprises, il se dit qu'il va faire demi-tour. S'en aller. Rentrer au cirque, là où est sa place. Il se dit qu'il va aller rejoindre Halina. Se glisser dans ses draps, la serrer contre lui, continuer d'absorber le mal qui la ronge. Peut-être qu'avant il fera un détour par la caravane de Ninel, pour s'assurer qu'elle est bien là. Déposer un baiser sur son front pour chasser ses cauchemars. Il s'imagine pleins de choses, mais il n'a toujours pas bougé. Et quand il le fait enfin, c'est pour rentrer dans ce qui est, de toute évidence, un squat. La gorge nouée, il s'aventure dans un univers qu'il ne connait pas. Qu'il n'a jamais connu. Et ça lui convenait parfaitement. La drogue n'est pas tolérée au cirque. Un artiste qui n'est pas en pleine possession de ses moyens ne vaut plus rien. Il fait quelques pas dans la crasse et tout de suite, c'est l'odeur qui le prend au nez. Les traits de son visage qui se contractent légèrement sous l'aversion. Il remonte le col de son t-shirt pour venir le poser sur son nez, pour faire barrière. Ses yeux qui scannent les moindres détails. Les murs, les plafonds, les sols, les meubles, les matelas, les gens, les objets qui trainent. Rien ne lui échappe. Et tout l'écœure. Il ne comprend pas comment on peut finir ici. Comme ça. Il ne comprend pas, il ne comprend pas. Pourtant, il a la sensation d'être à sa place. Comme s'il n'était pas un étranger. Comme si ce n'était pas la première fois qu'il venait. Et ça le laisse perplexe. Il erre dans la maison, cherche quelque chose sans savoir quoi. Il se demande encore ce qu'il fout. Il se demande même pourquoi il insiste, pourquoi il grimpe l'escalier pour aller voir l'étage. Pourtant, il y va, déterminé. Il ignore les gens qui lui parlent quand il en croise, se contente de braquer sur eux son regard placide, d'un bleu glacial. Et il continue sa route. Il traine à travers la saleté, enjambe les gens qui planent sur les matelas miteux. Et la simple idée de devoir s'allonger là-dessus le dégoûte. Il craint déjà de choper un tas de merde juste en les frôlant. Et, petit à petit, alors qu'il approche de la pièce du fond, il se sent tout drôle. Comme pris d'une suée. Les mains moites et le cœur qui bat plus vite, rythme irrégulier. Nerveux, il passe une main dans ses cheveux pour les plaquer en arrière. Il pousse la porte avec son coude, c'est une salle-de-bain. Allongée dans la baignoire, silhouette familière et penché sur elle, un inconnu à la dégaine coupable. Son palpitant fait une chute vertigineuse et le sol se dérobe sous ses pieds. Il bloque. Son cerveau qui n'arrive pas à assimiler la scène. Non. Non, non, non. Son souffle devient rapide et ses poumons s'embrasent. Il fonce sur le type, l'attrape par sa veste au niveau de l'épaule et le force à se relever et à reculer. Le mec titube et le fusille du regard. — Hey mollo l'animal, c'est chacun son tour ok ? Jax le dévisage, hors de lui. — Quoi ?! Qu'il lui aboie dessus, d'abord sans comprendre. Et ses yeux glissent jusqu'aux mains de l'homme, chargées de merdes en tout genre. Il tourne la tête vers Salem qui semble avoir du mal à comprendre ce qui est en train de se passer. Montée fulgurante d'une surdose de rage, il explose. — Qu'est-ce tu lui as fait enfoiré ?! Et sans plus pouvoir se contenir, il relâche le type juste avant de le pousser violemment en arrière. Il vient s'éclater contre le rebord d'un meuble, beugle de douleur avant de se ramasser par terre. Jax ne s'arrête pas, il lui fonce dessus, l'attrape par le col et le décolle du sol, le secouant sans ménagement. — Tu lui as donné quoi ? Tu lui as donné quoi putain ! Mais il ne lui laisse même pas le temps de répondre, déjà sa main s'abat sur son visage. Une fois, deux fois, trois fois. Et ses plaies récentes se rouvrent sous les impacts répétés, les bandages qui virent au rouge. Il finit par trainer le mec au sol pour le faire sortir de la pièce, il le traine jusqu'en haut des escaliers, là il le remet debout avant de le précipiter dedans, il n'arrive plus à se contenir. — Barre-toi, barre toi où j'te fais la peau ! Sa voix qui raisonne dans tout le squat et il se fout bien de troubler la tranquillité des drogués. Il se demande même ce qui le retient de le tuer maintenant. Il regarde sa carcasse s'écrouler dans les marches, rouler, rebondir dans un grand fracas et ça ne lui fait ni chaud ni froid. Il se contente de faire demi-tour pour retourner dans la salle-de-bain, il claque la porte et se précipite vers Salem, sans savoir s'il a peur ou s'il lui en veut. Peut-être les deux. Ses mains abimées qui se posent sur ses joues alors qu'il cherche frénétiquement son regard. — Salem ? Salem ? T'as pris quoi ? Salem, ça va ? Il la redresse délicatement, essaye de la faire s'asseoir, de capter son regard. — Salem putain... Sa voix qui se brise. Il ne comprend pas. — Mais qu'est-ce que tu fous là... ? Il voudrait la serrer contre lui. Lui dire que c'est fini, qu'il la ramène chez eux. Mais il ose à peine la toucher. Il a peur de lui faire mal, peur de mal faire, peur d'aggraver la situation. Peur qu'elle le rejette, qu'elle ne veuille pas de lui. Peut-être que ce serait légitime, après tout, il repousse tout le monde depuis un an. Et c'est pire depuis la demande d'Halina. Il ne sait pas ce qui l'a poussé à venir ici, mais il remercie en silence cette force invisible. Et une partie de lui n'est finalement même pas étonnée d'avoir trouvé Salem. Qui d'autre ? C'est toujours vers elle que l'univers semble vouloir le ramener, depuis aussi loin qu'il se souvienne. Comme un lien invisible qui les relierait, un fil sur lequel ils ne feraient que de tirer en s'éloignant. Et qui ferait tout pour retrouver sa forme originale en les ramenant l'un à l'autre.
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MessageSujet: Re: back to you. (jaxem)   back to you. (jaxem) EmptySam 21 Avr - 4:45

C’est dégueulasse. Chaque centimètre carré de cet endroit lui donne envie de vomir, lui donne envie de partir en courant. Chaque odeur qui passe sous son nez, chaque texture que ses doigts frôlent. Dégueulasse. Elle s’était promis de pas revenir ici, de ne pas retomber aussi bas, de trouver un autre endroit, n’importe quel autre endroit. N’importe où sauf ici, dans la crasse et le désespoir, dans le nuage toxique, entre les âmes esseulées, au plus bas de l’échelle, au plus profond du trou. Elle se l’était promis, et pourtant elle est ici. Encore. Elle suit le type sans un mot, refusant de laisser ses yeux glisser sur ce qui les entoure. Mais elle est incapable de retenir une habitude instinctive comme celle-là, et elle remarque tout, absolument tout. La bile dans la gorge, le désespoir dans les yeux, tu t’enfonces, Salem, bientôt tu pourras plus garder la tête hors de l’eau. Elle croise le regard d’une fille, elle doit pas être bien plus vieille qu’elle, elle doit même être plus jeune, le regard brouillé et la peau brûlée par la drogue, une fille qui ne la voit même pas passée, perdue dans ses brumes. Une fille qui a fait son nid ici, son corps imperceptible dans les vêtements trop larges et troués qu’elle a sur les épaules, une fille qui fait partie du décor, qui semble venir avec le reste de la maison. Bientôt ça sera toi, Salem, si tu fais pas attention. La polonaise déglutit. Non. Je suis en contrôle. Je suis en contrôle. N’est-ce pas ?

Ses pieds continuent d’avancer, continuent de suivre le type qui se faufile dans la maison. Il est chez lui ici, il sait où aller, il sait où ils seront tranquilles. C’est ce qu’il a dit quand elle lui a sourit à l’extérieur. Elle avance et essaie tant bien que mal de ne pas regarder les gens autour d’elle. Elle a déjà pris quelque chose plus tôt ce soir, les restes d’une pilule ou deux, ce n’était pas assez, pas assez pour oublier, pas assez pour s’oublier. Alors elle a quitté sa caravane, partant en cavale dans Savannah, routine déjà trop installée, à la recherche du prochain high, de la prochaine cochonnerie qui l’empêchera de faire face à la réalité. Elle l’a vue aujourd’hui, lui, Oskar, ils sont toujours mariés et pourtant incapables de se regarder. Ça fait des jours, des semaines mêmes qu’ils ne se sont pas réveillés ensemble, tout est fini, tout est gâché, mais personne ne veut le dire, personne ne veut tracer la croix sur leur histoire. Trop compliqué, trop compliqué, pas envie de faire face aux conséquences, pas envie de devoir regarder les gens dans les yeux et admettre la défaite. L’estomac de Salem se sert et se tord, et elle relève le menton vers le type, observe son dos, sa nuque, les motifs dans ses cheveux rasés. J’me sens pas bien. J’me sens pas bien. Elle trébuche sur quelque chose - quelqu’un ? - et il la rattrape. Le monde tourne un peu et il lui sourit, ça va aller, j’ai ce qu’il te faut. Il lui file une pilule, elle l’avale sans même y penser, et il parle encore, raconte des trucs, on dirait que ça dure cent ans, le vertige ne s’arrête pas, il redouble, Salem ne l’écoute pas, ne l’entend pas. J’me sens pas bien. Et alors y’a qu’un seul visage qui vient dans sa tête, celui de Jax, toujours Jax, toujours ses yeux et sa présence. Où tu es, Jax ? Elle lance la question à l’univers, elle ne sait pas, des mois qu’il n’est plus là, des semaines qu’elle n’est plus là, le monde qui les sépare. Loin d’ici, j’espère.Jax, qu’elle a perdu.

Allez viens, dit finalement le type après une éternité. Elle acquiesce, les yeux lourds, et le laisse la tenir par la main. Il la guide jusque dans la salle de bain. Enlève ta veste. Elle le fait, et s’allonge dans la baignoire. C’est froid, ce n’est pas confortable du tout, ses jambes sont trop longues et elle doit s’accroupir comme une enfant. Ses grands yeux se relèvent vers le type, qui lui sourit toujours, il ne cesse jamais de sourire, ses yeux sont injectés de sang, il est défoncé, et elle envie le vide qu’il y a dans son regard. Il continue de discuter alors qu’il sort son matériel. Salem ne l’écoute pas, toujours pas, elle ne se sent pas bien. Le coeur au bord des lèvres, elle ne sait pas pourquoi il y a tout ce vertige. Le froid dans ses veines, y’a quelque chose de différent ce soir, quelque chose qui ne va pas, elle se sent observée, se sent suivie. C’est comme si son temps était soudainement compté, et elle a envie d’hurler au type de se grouiller, mais les mots meurent dans sa gorge, incapable de s’articuler. Sa lèvre tremble un peu, mais elle tend le bras quand il lui demande, enfin, enfin, libère-moi, libère-moi, je veux plus rien sentir, plus rien, plus jamais. L’aiguille se dirige vers sa veine alors qu’il discute toujours, Salem le laisse faire, observant de grands yeux sa vie se jouer, sa vie se détruire, et alors que le type va pour appuyer sur la seringue tout s’arrête. Elle cille. Quelqu’un a empoigné le type par la veste pour le faire reculer. Hey mollo l’animal, c’est chacun son tour ok ? Elle ne regarde même pas, ses yeux suivent juste la seringue toujours entre les doigts du type, jusqu’à ce que l’autre voix résonne dans la pièce et ne vienne la frapper de plein fouet. Jax.

Leurs regards se croisent, et Salem est incapable de dire quoi que ce soit. Elle ne comprend pas, ne comprend pas ce qu’il fait là, comment il peut être là, s’il est vraiment là. C’est la pilule qui fait ça ? Qu’est-ce tu lui as fait enfoiré ?! La voix de Jax qui résonne encore, Salem cligne des yeux pour chasser la brume, essaie de se raccrocher à la réalité. L’autre type se fait envoyer valser à travers la pièce, la voix de Jax continue de rager, des coups de poings, des hurlements, de la violence, Salem qui essaie de se redresser, secoue la tête. Non, non, Jax, c’est pas possible, tu devrais pas être là. « Jax ? » Sa voix n’est qu’un murmure, ça se perd dans le chaos et la violence, elle veut lui demander d’arrêter, pas capable, le tournis est trop fort, j’me sens pas bien, tu vas le tuer. « Salem ? Salem ? » Le contact la ramène à la réalité, ses yeux vrillent pour trouver ceux de Jax, il est là, juste à côté, tiens son visage dans ses mains, il est là, tout près, il la touche, il lui parle. Elle se demande s'il a tué le type, comment il a disparu, comment ils sont soudainement seuls. « T’as pris quoi ? Salem, ça va ? » Il la bouge, elle se laisse faire, elle a envie de pleurer, non, Jax, non, NON. « Salem putain... » Elle secoue la tête, se raccroche à lui pour ne pas tomber à nouveau, agrippe le rebord de la baignoire, elle a froid, les émotions sont trop fortes, elle est pas venue pour ça, elle est venue pour oublier. « Mais qu’est-ce que tu fous là… ? » Elle continue de secouer la tête, ne veut pas entendre ce qu’il y a dans la voix de Jax, ne veut pas voir ce qu’il y a dans ses yeux, non, Jax, non. « T’es pas censé être là » qu’elle parvient à articuler, la langue qui roule, les yeux qui fuient, incapable de le regarder. Elle essaie de soulever son poids, rejette les mains de Jax, lâche-moi, elle ne sait même pas s’il est réel, c’est peut-être un rêve tout ça. Et alors que ses yeux cherchent l’échappatoire, elle voit la seringue, échappée, oubliée près du lavabo. Oui.

« Non. Lâche moi. Il faut que tu partes. » Sa voix est étrangement calme, alors qu’elle se débarrasse de lui, se redresse. Son corps est lourd et léger à la fois, et elle titube en dehors de la baignore, se laisse glisser sur le plancher froid de la salle de bain. « T’es pas censé être là » qu’elle répète encore, c’est peut-être la première fois qu’elle le dit, ou la dixième, elle n’est plus certaine. Et alors son pied glisse sur de l’eau et elle tombe à moitié sur lui, se raccrochant malgré elle à sa présence, à sa solidité, ça lui crève le coeur, les larmes refluent dans ses yeux, JaxJaxJax. « Va-t’en. S’il te plaît. » Encore une fois elle le repousse, et elle se laisse retomber sur le sol, genoux par terre, et tend le bras vers la seringue, l’attrape. Elle n’a jamais fait ça, ne sait pas comment on fait, ne sait pas où piquer, comment piquer. Pas grave. Elle apprendra, elle le fera, mais il le faut, elle en a besoin. Les larmes qui glissent sur ses joues, un sanglot ou deux qui s’échappent de sa gorge, non Jax peut pas être là, Jax ne peut pas la voir comme ça, Jax n’est pas là, ce n’est qu’un rêve.

Ce n’est qu’un rêve, Salem.
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MessageSujet: Re: back to you. (jaxem)   back to you. (jaxem) EmptyVen 18 Mai - 11:07

Il tente de la sortir de la baignoire, mais Salem n'y met pas vraiment du sien. Elle s'agrippe un peu à lui, un peu au rebord dégueulasse de la baignoire, mais c'est comme si elle n'avait plus aucune force. Comme si ses jambes ne pouvaient même plus porter son poids. Et ça le désole de la voir dans un état pareil. Il ne sait pas ce qu'il doit faire. S'il s'écoutait, il l'attraperait toute entière, il la porterait et partirait d'ici. La foutrait dans sa voiture et rentrerait au cirque sans plus tarder. Mais il a peur de la brusquer. Peur de déclencher une crise, ou quelque chose comme ça. Quelque chose qu'il ne saura pas gérer, qui le dépassera. — T’es pas censé être là. Il fronce les sourcils, lueur de colère qui traverse ses yeux bleus comme un éclair. — Toi non plus. Qu'il rétorque sèchement, du tac au tac. Elle non plus elle ne devrait pas être là. Pas dans cette maison. Pas dans cette baignoire. Pas dans cet état. Les questions qui continuent de fuser alors qu'elle tente de le repousser. Mais il s'accroche encore plus fort. Depuis combien de temps ça dure ? Depuis combien de temps elle fait ça ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a raté encore ? Et il se martèle l'esprit de questions culpabilisantes, c'est plus fort que lui. Ses méninges qu'il torture sans répit, ne pouvant pas s'empêcher de se sentir responsable de tous les faux pas de ses proches. Comme si c'était à lui de veiller sur eux en permanence, à lui de s'assurer que personne ne s'écarte du droit chemin, que personne ne perde de vue le bonheur. Et c'est un échec lamentable. Il a l'impression que tout le monde part en vrille autour de lui. Et il est au milieu, impuissant. Et lentement, la réalité fait son chemin. Tout a commencé a merdé quand lui s'est éloigné du cirque. Qu'il a abandonné les siens un par un pour se focaliser sur autre chose. Et cette responsabilité lui noue la gorge, si violemment que l'air ne passe plus. Apnée incontrôlée qui lui flingue le cœur. Tout le monde s'écroule autour de lui et c'est de sa faute. Sa faute, sa faute, sa faute.

Non. Lâche moi. Il faut que tu partes. Et y a tellement de détermination dans sa voix et dans ses mouvements qu'il abdique. Il la relâche et recule d'un pas, ses mains qui brûlent, son cœur qui se déchire face à ce rejet. Pourtant il ne peut pas lui en vouloir. Il pose sur elle un regard triste et coupable, les boyaux qui se tordent et il a l'impression de sentir son squelette se fendiller jusqu'à la moelle. Il ferme les yeux une seconde, passant une main sur son visage pour tenter de se remettre les idées en place. Quand il rouvre les yeux, elle a réussi à s'extirper de la baignoire et peine à tenir debout. On dirait un pantin de mousse. Le corps désarticulé et mou. Ce n'est pas Salem. Ça ne peut pas être elle. — T’es pas censé être là. Elle répète encore, comme une litanie douloureuse. Et ça sonne comme un 't'as rien à foutre dans ma vie' à ses oreilles. Pan, coup de fusil droit dans le palpitant. Hémorragie interne, le sang qui se répand dans ses muscles et qui engorge tout, jusqu'à son esprit. Les mots restent coincés dans sa gorge, il reste immobile, comme hors du temps. C'est seulement quand elle glisse et s'écroule sur lui qu'il réagit enfin. Il la rattrape aussitôt pour l'empêcher de s'écrouler au sol. Et il voudrait la serrer contre lui, ne plus la laisser s'éloigner de lui une seule seconde. Mais son contact semble être insupportable pour Salem. Elle le repousse aussi sec. — Va-t’en. S’il te plaît. Présence indésirable, comme s'il n'était qu'un nuisible qui venait troubler sa tranquillité. Il prend sur lui. Recule d'un pas et la lâche à nouveau, la libérant de son emprise qui semble aggraver la situation. — Non. Sa voix est calme mais dur. Si elle ne veut pas être touchée, il la laissera tranquille. Mais il ne la laissera pas ici. — J'partirais pas sans toi Salem. Il l'a déjà trop délaissée, ça ne peut plus durer. Surtout pas ici. Surtout pas dans cet état. Toute cette détresse qui émane d'elle et qui le prend aux tripes. Elle lui broie le cœur sans même s'en rendre compte, à chacun de ses respirations tremblantes et maladroites. Il ne pensait pas un jour assister à un spectacle aussi bouleversant. Aussi révoltant. Elle tombe genoux au sol et il pivote pour la suivre du regard, réfléchissant au meilleur moyen de l'aborder. Mais sa réflexion est prise de court lorsqu'il la voit tendre le bras et attraper la seringue sur l'évier. — Putain ! Il se jette sur elle, attrape son poignet pour arrêter son mouvement et lui arrache la seringue des mains avant de la jeter au sol et de l'écraser violemment avec son pied pour la faire éclater. La fureur qui guide ses gestes pendant quelques secondes, le poignet de Salem qu'il serre un peu trop fort sans le réaliser. Mais l'instant d'après, le calme revient. Il se jette à genoux devant elle, attrape ses épaules pour la forcer à lui faire face, à le regarder. — Pourquoi tu fais ça ? Incompréhension et agitation qui font tanguer sa voix, il parle vite, nerveux. Ses yeux qui vont et viennent dans les siens, cherchant un point d'ancrage sans en trouver. Elle est déjà trop loin. Il se mord la lèvre inférieure avant de finalement venir la blottir contre sa poitrine, l'entourant de ses bras qu'elle le veuille ou non et la serrant contre lui. — J'vais t'aider, on va trouver une solution. Il ne lui laisse pas le choix. Même si elle ne veut pas s'en sortir il la forcera. Il refuse de la revoir une seule fois dans cet état. Sa tête qu'il pose contre la sienne en soufflant lentement, complètement dépassé par les évènements. Il finit par la relâcher, mais ses mains restent sur elle, le long de ses bras. Comme s'il craignant de la voir se dérober à lui encore une fois. — J'te ramène à la maison. Et encore une fois, ce n'est pas une suggestion. Il espère seulement qu'elle ne luttera pas contre lui. Qu'elle se laissera faire. Qu'elle comprendra qu'il veut la protéger, prendre soin d'elle et qu'elle acceptera cette main tendue. Il commence à se relever, l'incitant à faire de même. Il la portera jusqu'à la voiture s'il le faut. Mais elle ne passera pas la nuit ici. Plus jamais. Il se le promet.
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