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| and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) | |
| Auteur | Message |
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donne coeur, pas cher, déjà utilisé ▹ posts envoyés : 1889 ▹ points : 16 ▹ pseudo : Unserious/Agnès ▹ crédits : WHI, tumblr, bazzart / avatar : balaclava / AES : moi / gif : camille ▹ avatar : Ben Barnes ▹ signe particulier : un accent de liverpool, un tatouage "bad" au creux du coude, et une chevalière à l'index gauche. oh, et totalement casher. en théorie.
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| Sujet: and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) Jeu 10 Mai - 20:02 | |
| Mauvaise idée, à se taper la tête contre les murs. Il en a pas mal dans ce genre, dernièrement, quand il n’a pas de garde-fou, personne pour lui faire remarquer qu’il déconne franchement, qu’il fait taper ses deux semelles dans la boue sans se préoccuper de ce qu’il éclabousse. Y a ses mains qui ne lâchent pas le téléphone, les phalanges presque blanches comme s’il se retenait de dire autre chose, d’adresser à Toad des mots de trop, confession d’amour ou d’amitié, l’une ou l’autre terriblement inappropriées. Il s’était promis de lui en vouloir, écho permanent entre ses neurones, il se l’était promis parce que sa fierté réclame une vengeance qu’il ne peut pas lui refuser. Promesses, promesses qui s’envolent au vent, font rire quand on y repense. Comme s’il en était capable une seule seconde, idiot, fou, comme s’il pouvait seulement l’envisager. Ça n’a jamais fait partie des plans, jamais fait partie de ses intentions, c’est le destin qui lui a imposé de prendre un tournant un peu trop serré. Il aurait dû sauter de la bagnole avant qu’il ne soit trop tard. Mauvaise idée, la rengaine ancrée sur sa peau comme s’il s’agissait de l’un des stupides tatouages du pasteur. Ça se répète un peu trop souvent, dernièrement, Elena, Caïn, Merle, ça se multiplie sans qu’il ne puisse rien y faire, persuadé que même s’il s’escrimait à bien faire les choses, il ne récolterait toujours que des catastrophes. Mauvaise idée mais difficile de lutter parce que la vérité s’est faite sel dans sa bouche, sous ses doigts, parce qu’il a avoué vouloir le voir et que ce n’est pas un mensonge, cette fois, pas un moyen de se protéger, de se voiler la face. La corde est pourtant toujours dans un coin de sa tête. Un peu moins quand il y a les deux grands yeux noirs de Matei qui le scrutent de son berceau, il n’aurait jamais cru qu’une telle obscurité lui apporterait autant de lumière. « Papa fait qu’des conneries, hein ? » Évidemment, il ne peut pas répondre, se contente de babiller en remuant les bras, son petit nez qui se fronce comme s’il désapprouvait. C’est l’avantage de poser des questions aux bébés : ils ne risquent pas de dire ce qu’on ne veut pas entendre. Au contraire de tous les proches d’Asher, qui lui confirmeraient certainement à quel point tout ceci est une mauvaise idée.
Mais il n’y a jamais eu de bonne idée avec Toad.
Killing for love. Y a José González qui répète ça en boucle, les basses qui saturent et le son qui se crache inlassablement dans les enceintes. Peut-être que c’était la solution, au final. En venir aux mains avec Seth, pour de bon, l’éliminer et remporter la mise, rafler le gros lot. Peut-être que ç’aurait pu marcher, s’il avait au moins essayé, s’il avait joué aux paons, étalé les couleurs de ses plumes à la vue de tous. Faut croire qu’il n’a pas assez de pastels à montrer, pas assez de joie, pas assez de fierté, pas assez de courage, pas assez de tout. Faut croire qu’il se savait vaincu d’avance, au point de baisser les armes avant que l’ennemi ne lève les siennes. Killing for love. L’index d’Asher appuie presque violemment sur le bouton d’arrêt de la chaine hifi. « Viens, bébé », il souffle alors qu’il soulève doucement Matei, comme s’il pouvait le casser en faisant un faux mouvement. Faut dire, c’est ce qu’il lui reste de plus précieux, a priori. Putain de sort qui s’acharne. Salvation divine. Matei. Les graviers claquent sous les roues de la poussette. Depuis le dernier message, il y a dix minutes à peine qui se sont écoulées, bien loin des vingt dont ils avaient convenu. Peut-être qu’il s’est dépêché parce que ça bouillonne, parce qu’il y a une partie de lui qui ne semble pas raccordée au reste de l’univers depuis qu’il n’y a plus rien et certainement plus d’eux. L’air manque. C’est comme s’il était en apnée depuis plusieurs jours, plusieurs semaines. Plus assez d’oxygène pour l’aider vraiment à réfléchir, à se rendre compte qu’il est stupide, qu’il est pathétique, qu’il est juste ce trentenaire idiot avec un gamin sur les bras, une ex qui le déteste, des parents qui le méprisent, une sœur qui l’ignore, des amis presque inexistants. Il s’assied sur le premier banc qu’il trouve, dégaine son téléphone pour se donner une contenance. La galerie de photos est pleine à craquer de gens qu’il ne connaît quasiment plus, le visage de Minnie qui revient régulièrement pour lui planter une aiguille dans le cœur, celui de Toad qui le nargue. Il aurait dû tout supprimer, sûrement. Balancer son portable, aussi. Un truc à ajouter à sa liste de corvées. Ça, et Matei, dont l’appétit se manifeste de la seule manière qu’il connaisse, en braillant autant que son petit corps peut lui permettre. « Chuut. » L’aisance d’un expert, lorsqu’il saisit délicatement le poupon, lui cale la tête sur le creux de son coude avant d’attraper de l’autre main le biberon qu’il a préparé avant de partir. Il se passe cinq secondes à peine avant qu’il ne colle la tétine entre ses lèvres et que les cris ne cessent enfin. Trop distrait par sa manœuvre, il ne voit pas tout de suite la silhouette qui s’est approchée d’eux. Il n’est pas vraiment prêt lorsqu’il lève les yeux et croise le regard de Toad. Il n’est pas vraiment prêt, mais il prétend l’être, sourire à l’appui. « Bonjour. » Putain, ça fait mal.
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| Sujet: Re: and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) Lun 14 Mai - 15:55 | |
| Pense d’abord à toi.
Il s’appelle Iouri, il a le sourire en croissant d’lune, une tête de moins qu’moi et une coupe à la russe, le genre qu’on s’imagine pas avoir été camé un jour, propre sur lui, médecin urgentiste depuis dix ans et des yeux qui pétillent trop. Il l’a été, pourtant, bien longtemps avant moi, et a arrêté de l’être depuis bien plus longtemps encore. Il s’appelle Iouri, c’est mon parrain d’abstinence et c’est ce qu’il me balance, bombes nucléaires qu’il me jette à la gueule les unes à la suite des autres. Parce qu’il sait que j’l’écouterai pas s’il prend des pincettes. Qu’y’a peu d’chances que j’l’écoute, de toute façon, alors il y va direct, fonce dans l’tas et tant pis s’il fait des blessés. Mon cœur, par exemple. Non, j’veux pas l’écouter, Iouri, même si j’sais qu’il a raison, que rechute et histoires de cœur font pas bon ménage et que j’ferais mieux d’m’occuper de mes problèmes avant de tenter d’résoudre ceux des autres. Que j’ferais mieux d’écouter c’qui se dit à la réunion plutôt que d’répondre aux messages d’Asher, aussi. Pense d’abord à toi. C’pas facile quand son p’tit protégé vient d’rentrer à la maison après avoir été séquestré pendant un mois, qu’son mari se drogue sans qu’on puisse y faire quelque chose et qu’on a piétiné le cœur d’son meilleur ami qu’a fait une tentative de suicide y’a pas tellement longtemps, au fond. C’est même pas possible, en fait, et j’ai beau faire bonne figure devant Iouri en lui disant que dalle à propos d’tout ça, j’vois bien dans son regard qu’il sait que j’tiendrai pas parole. Mais il se contente de soupirer et de m’coller un jeton d’abstinence dans la paume à la sortie d’la salle. Pense d’abord à toi. C’est c’que dirait Skeeter, sûrement, le révérend Torres et le psy de la désintox aussi, y’a une raison limpide pour laquelle on vous coupe du monde quand on essaye d’éradiquer la dépendance à l’héro. Parce qu’on peut pas gérer tout ça en même temps. Parce que le moindre drame vous fera rechuter en enfer sans passer par la case départ. Je sais tout ça. J’sais que voir Asher maintenant pourrait me donner envie d’me piquer en rentrant, j’sais qu’y a aucune raison que ça se passe bien, encore moins d’raisons que ça se termine bien. Alors pourquoi j’y vais, c’est le grand mystère. Parce que j’suis con. Parce que j’me sens coupable. Parce que j’l’aime.
J’fais tourner le jeton entre mes doigt en marchant, one day at a time, qu’il scande sous mon nez. Ça faisait six ans, putain. Six ans que j’m’étais pas planté une seringue dans l’bras. Six ans foutus en l’air en une nuit. T’es le meilleur, Toad. Pour la connerie. Pour niquer ta vie et celle des autres. Pour être arrivé au parc sans avoir prévu c’que t’allais lui dire. Ça me prend un quart de seconde pour le repérer, assis sur un banc avec bébé dans les bras. C’est comme se prendre un poing en pleine tronche, la réalité qui frappe plus fort que c’que j’avais imaginé. C’est pas qu’j’avais pas compris la première fois qu’il me l’a dit, seulement qu’j’avais pas vraiment réalisé jusque-là. Tout c’que ça impliquait. Une meuf dans la vie d’Asher. Qu’il avait aimée, sans doute. Qu’il aime peut-être encore. J’en sais rien, j’veux pas y penser. Y’a pas d’quoi être jaloux, c’est moi qui l’ai quitté. Cette fois. Y’a pas d’quoi être jaloux mais y’a comme un pincement au coin d’mon cœur, la peur qu’ce soit plus jamais comme avant entre nous. Qu’y’ait plus rien du tout. J’ai l’palpitant qui bat à tout rompre en m’approchant, ça pisse le sang dans ma poitrine et j’ai presque envie d’pleurer, le jeton qui disparaît de justesse dans ma poche, comme une relique honteuse. « Hey. » C’est à peine un murmure, alors que j’reste planté devant lui, paumé face à son sourire. J’arrive pas à sourire, moi, Asher a toujours été tellement bon pour ça. Faire croire que tout va bien quand tout va mal, à pouvoir sauver les apparences même quand y’a plus rien à sauver. Ça doit être un truc de bourges New-Yorkais. C’est pas mon fort, à moi, le paraître. Le tact non plus, d’ailleurs. « Arrête de sourire, c’est bon. » J’sais pas trop où me mettre, ni où regarder, du coup j’pose mes yeux sur le gosse dans lequel je trouve une bonne occase de m’occuper l’esprit avec autre chose que des idées noires. Sauf que. « Oh. » J’ai l’impression qu’les mirettes du mioche se sont agrandies en même temps qu’les miennes, même s’il a l’air plus intéressé par son biberon qu’par moi. Pas moyen d’pas reconnaître ces putain d’billes noires, j’me demande comment j’ai pas remarqué avant qu’c’étaient exactement les mêmes qu’Asher. « Salut Mattie. » J’me laisse tomber sur le banc à côté d’lui, l’air plus confus qu’jamais. Son gamin, c’est l’gamin d’Elena. La fille d’la paroissienne qui m’avait redonné un peu d’espoir en revenant à l’église. « On s’connaît d’jà. Ça t’évite de faire les présentations. » Tentative d’humour désespérée quand plus rien n’a de sens. J’aurais peut-être dû écouter Iouri. |
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donne coeur, pas cher, déjà utilisé ▹ posts envoyés : 1889 ▹ points : 16 ▹ pseudo : Unserious/Agnès ▹ crédits : WHI, tumblr, bazzart / avatar : balaclava / AES : moi / gif : camille ▹ avatar : Ben Barnes ▹ signe particulier : un accent de liverpool, un tatouage "bad" au creux du coude, et une chevalière à l'index gauche. oh, et totalement casher. en théorie.
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| Sujet: Re: and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) Lun 14 Mai - 20:46 | |
| Contretemps. Ça soulève des frissons le long de sa colonne, agace ses papilles, les yeux noirs qui se lancent dans une chasse à celui qui pleurera avant l’autre quand ils se posent sur le pasteur. Difficile de briller quand on vit dans le noir, impossible de réfléchir la lumière quand tous les volets sont fermés, qu’il y a autant d’espoir que de jour qui filtre à travers les persiennes. Le scaphandre est trop étanche, il respire difficilement, les poumons qui se remplissent de façon mécanique comme un vieux réflexe pavlovien. Bout de cervelle pas vraiment relié au reste du corps qui cherche à comprendre pourquoi Toad lui fait cet effet terrible, pourquoi ça part pas, pourquoi ça ne se déteint pas, pourquoi ça baigne dans le sang comme un putain d’homicide manqué au rasoir. Pourquoi ça ne fait pas comme Elena, comme Caïn, pourquoi ça ne s’évapore pas dans les airs, repart comme c’est venu. Une rengaine d’un autre temps qu’il aurait tôt fait d’oublier. Contretemps et pulsation anarchique, les croches qui se mêlent aux blanches pour donner à son cœur des qualités de mauvais tambour. Il lui dit d’arrêter de sourire et il détourne les yeux, gêné, pas certain de savoir comment réagir face à ce déluge de froideur. Avalanche, il est enseveli et ça le paralyse, il le déteste et ça le congèle sur place. De nouveau le sourire, pourtant. Ne pas montrer qu’il a mal, ça, il sait faire, c’est même l’une de ses spécialités il paraît. Il paraît, faudrait pas espérer en faire une rengaine trop essoufflée, y a du changement dans l’air depuis qu’il est seul, depuis qu’il est rien. Ou juste papa. C’est Matei qui lui tire la tête hors de l’eau parce qu’il a posé le regard sur lui et qu’il s’amuse de le voir ouvrir ses paupières sur ses billes noires en voyant Toad, c’est l’effet qu’il lui a fait aussi la première fois, pas totalement à sa place dans son église, avec ses tatouages de partout et ses cheveux peroxydés. Il s’habituera, bébé, il s’enthousiasmera quand il le verra, quand il aura droit à deux secondes et demies avec lui, quand il connaîtra vraiment le son de sa voix et qu’il se sera habitué à son chavirement si caractéristique. Il pleurera quand il se cassera pour aller s’enfiler une dose d’héroïne derrière les veines, même clébard que son père. Sourire. Jamais se laisser démonter, jamais se défiler, oser le doigt d’honneur levé en direction du ciel et le crachat sur le bitume. Oser renier tout ce qu’on est, prétendre, être un foutu comédien comme son daron avant lui et peut-être même aussi doué que sa mère, il a l’hérédité qui joue en sa faveur. Remettre le masque. Sourire. Ne pas ciller quand on s’aperçoit que le bébé inconnu n’est pas si inconnu que ça pour le pasteur dégingandé. Loupé.
« Il s’appelle Matei. » Soufflé presque violemment, avec une force comparable à la jolie claque virtuelle qu’il vient de se prendre en pleine joue. Toad connaît Elena. Toad connaît Elena et ignore tout de ce qu’ils ont vécu. Pas vraiment surprenant, y a pas si longtemps ça le faisait encore crever d’entendre le prénom à peine évoqué dans une discussion qu’il aurait surprise au détour d’un couloir. Alors en parler. Fallait pas. Faut toujours pas. Elena est de ces poisons qui n’ont pas besoin qu’on les nomme pour pourrir totalement la carcasse, encrasser les veines d’un fiel pétrolier. C’est plus du sang, c’est du magma, c’est visqueux et moche et puant. Ça fait couler des gouttes d’éther quand ça se coupe au gré des tentatives. Le regard dévie sur Toad, à un moment, sans vraiment qu’il ne le contrôle. Un bout d’Asher voudrait faire les présentations même s’il sait que ce n’est pas nécessaire. Raconter la découverte, la panique, le manque, l’envie, l’amour, parler de tous les moments où il s’était questionné sur sa mère pour s’apercevoir qu’il aurait dû se préoccuper de lui qui grandissait au creux de ses entrailles. Des putain de mois gâchés à prier une ombre alors qu’y avait la lueur d’un espoir, cachée dans son bide. La main tremble sur le biberon, un peu. Fallait bien reprendre des antidépresseurs, vu que son remède s’est barré avec son mari. Pas mieux que l’héro, tout aussi con, l’envie de secouer son prétendu pote pour lui demander un truc : observe ce qu’on est devenu l’un sans l’autre. Putain de camés. Ils s’aimaient. Ils s’aimaient tellement. « Tu connais Elena ? » C’est dit avec prudence, la paupière qui bat dans sa directement, le ton faussement curieux alors qu’il aimerait hurler. Parce qu’Elena, elle ne le connaît pas, pas comme ça. Il n’a pas eu le temps. Pas eu l’envie. Pas eu le courage. Un mélange des trois, sûrement, le cocktail froid et terrifiant du mensonge. « On était plus ou moins ensemble. Y a un an et quelques mois. » Plutôt plus que moins. Suffisamment pour coucher sans capotes, suffisamment pour qu’elle veuille garder le cadeau. Suffisamment pour se détruire, même si ça ne prend pas forcément beaucoup de temps. Y a qu’à voir eux deux, misérables, aphones, à se regarder en chiens de faïence alors qu’ils ont une histoire commune à faire chialer un régiment. « C’était avant », avant quoi, y a les mots qui se bloquent, le bras qui tient Matei qui s’agite doucement, comme pour le bercer. Manœuvre ridicule pour tenter de dissimuler les tressaillements qui le secouent, c’est le genre de truc dont on l’a déconseillé de reparler. Il n’écoute jamais. Il ne réfléchit pas très souvent non plus. Sourire qui s’étire en longueur alors qu’il paume volontairement ses yeux de biche sur son gamin, pas certain d’assumer de relever la tête, d’affronter Toad. De contempler les restes encore fumants de leur histoire, jolie combustion spontanée. Les babillements de Matei le ramènent à la réalité, l’obligent à baisser les yeux pour voir qu’il boude sa boisson, plisse les lèvres pour cracher la tétine. Comme sa mère, putain. Le même caractère de merde, la même obstination à le faire tourner en bourrique. Il jette presque le biberon dans le berceau, relève le corps du nourrisson jusqu’à sentir son cœur contre le sien, une main qui tapote distraitement dans son dos. Les yeux qui trainent un peu trop longtemps dans le vague. C’est bizarre, d’être ici avec Toad et avec un gosse sans s’imaginer que ç’aurait pu être leur vie, dans un autre univers même s’il lui a dit qu’il ne sont ensemble dans aucun d’eux. Putain si. Au moins dans un. « Tu veux le prendre ? » La question sort sans qu’il ne l’ait préparée après avoir entendu le petit rot sortir de la bouche du bébé, les bras qui n’attendent pas sa réponse pour approcher le colis et lui placer délicatement entre les mains. Que ça fait mal, sa peau qui effleure la sienne. Que ça tue, leurs regards qui se croisent et savent, ouais, savent.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) Mer 16 Mai - 0:25 | |
| Arrête de sourire. J’réalise qu’j’ai été abrupt, froid, cruel à l’instant où il détourne le regard, trop tard. Tact au tapis, Toad aussi, c’est injuste d’vouloir lui retirer son dernier rempart, sa manière de s’protéger, de pas s’déliter. C’est injuste, parce que j’ai d’jà tout cassé, alors j’devrais au moins lui laisser ça, surtout qu’c’est moi la cause de son malheur, maintenant, plus des inconnus que j’pourrais menacer d’colère divine pour lui redonner l’sourire, le vrai, le sincère. Ça fait mal d’le voir sourire, et j’suis gravement égoïste d’lui demander d’arrêter, sûrement qu’c’est pour moi que j’veux qu’il cesse, la fausseté du rictus qui s’plante comme un pieu dans ma poitrine. Pourquoi tu souris ? Y’a pas d’raison d’sourire après c’que j’t’ai fait, c’est comme si tu m’mentais à la gueule alors qu’tu sais qu’je connais toute la vérité. Ça fait mal, et j’aime pas ça. Ça fait mal aussi, quand il corrige le prénom d’son fils échappé d’ma bouche, ton tranchant, fil de rasoir sur sa langue qui claque presque malgré le murmure. « Pardon, j’croyais qu’c’était leur accent italien. » L’excuse bafouillée, sourcils froncés, soudain confus, à pas comprendre c’que j’fous là à débattre du nom d’son gosse avec Asher. Qu’est-ce que j’fous là, c’est la question qui blesse, qui pique, la chair à vif sur laquelle on rajoute un peu d’sel, apparemment qu’elle fait pas assez souffrir comme ça. Il s’appelle Matei, et j’grimace en direction du bébé, l’air de compatir à sa douleur. Les parents qui baptisent leur gamin n’importe comment, ça me connait. Clin d’œil discret pour lui assurer qu’il sera toujours Mattie dans mon cœur. Pas sûr qu’il capte c’que j’veux lui dire, après tout, il a quoi, six mois, un an ? Il est quand même p’tit, le vermisseau. J’en sais rien, j’ai jamais été doué pour deviner les âges. Mes pupilles arrivent pas à se fixer sur quelque chose en particulier, rencontrent celles d’Asher, puis oscillent entre Mattie et la main de son père qui tremble un peu. L’envie d’la serrer dans la mienne que j’retiens au fond d’mon corps. Pas besoin d’me relancer dans les signaux contradictoires, faut qu’j’assume mes conneries, maintenant, j’ai dit qu’c’était impossible. J’aimerais tellement qu’ça le soit pas. Mais j’aime Seth. Mais j’aime Asher. Dieu aurait pas pu m’donner un dilemme plus facile à résoudre ? Il a pas r’marqué qu’j’étais pas bon en maths ? « Ouais, j’la connais. Fin, j’connais surtout sa mère. Elle vient à l’église. » Mes doigts se calent fermement sur mes genoux, accrochés comme pour pas se laisser tenter à aller le toucher lui, sa peau qui me fait de l’œil, à me manquer comme pas permis. L’impression qu’ça fait une éternité d’puis la dernière fois qu’on a couché ensemble. Ça fait une petite éternité, au fond, avant Noël, avant qu’il s’prenne une balle, avant qu’j’doive emmener Seth à l’hosto le jour où j’l’ai retrouvé. J’devrais pas être jaloux d’Elena, j’ai certainement pas l’droit de l’être, mais ça brûle un peu, dans un coin d’mon cœur, la main qui s’dépose dans ma nuque, à malaxer mes os comme pour me forcer à rester serein, pas à l’aise avec cette discussion étrange, et ce bébé au beau milieu d’tout ça. Si tu savais dans quel bordel t’es né, toi.
J’ai les yeux qui s’perdent dans l’herbe, à la recherche de fleurs épargnées par la tondeuse, tout pour ne pas penser à l’étrangeté du moment, lui et moi réunis sur un banc avec un bambin, ça ressemble presque à un tableau de rêves, sauf que l’gosse, c’est pas le mien, sauf qu’j’ai quelqu’un d’autre en tête, qui m’bouffe les entrailles et me ronge le cœur, l’angoisse de le perdre à nouveau, pas l’envie de revivre ça. Tu veux le prendre ? Pas l’temps d’dire non, le bébé déjà dans les bras et la grimace stupide pour l'amuser qui m’revient tout naturellement, les gestes quasi innés d’avoir eu deux p’tites sœurs à la fois à quatre ans. Même si j’étais plutôt maladroit, j’avais bien observé ma tante et c’était resté, curieusement. « Alors p’tit scarabée, tu vas pas m’gerber dessus cette fois, hein ? Promis, on fait plus l’avion. » J’me sens plutôt ridicule, à jouer avec son gamin devant lui, les joues qui rougissent doucement. J’me sens honteux, le regard de Matei qui prend brusquement une autre signification que le t’as l’air con qu’j’avais interprété jusque-là lors de nos entrevues. Non, là, ses prunelles trop noires deviennent accusatrices, dans mon esprit, pourquoi t’as pas choisi mon père ? C’est ta faute s’il est malheureux. Putain, mais je l’aime, ton père, arrête de me r’garder comme ça, c’est bon, là. J’me sens suffisamment coupable, pas b’soin d’en rajouter. C’pas ma faute si j’me suis marié avec un autre à dix-huit ans, j’le connaissais pas, ton père, à l’époque, j’en avais rien à foutre, des autres mecs qui peuplaient la Terre, y’avait que l’autre bridé qui comptait. T’sais qu’on pouvait pas s’marier, en c’temps-là ? Sauf dans l’Massachussetts. J’sais, ça fait pays d’arriérés, mais c’était comme ça. Et on pouvait pas rêver d’avoir des enfants en étant pédé non plus. Fin, c’est pas comme si Seth et moi on avait été aptes à élever des gamins. Surtout moi, en fait. Tout juste bon à trouver des prénoms absurdes pour des embryons imaginaires. « Tu l’pensais vraiment ? » Ça sort de nulle part, électricité dans l’air comme à chaque fois que j’me retrouve à ses côtés, les yeux rivés sur Matei plutôt que sur lui, incapable de le regarder. « Qu’on était pas fait pour être ensemble, j’veux dire ? » |
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| Sujet: Re: and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) Jeu 17 Mai - 19:36 | |
| Des cris de gosses au loin comme des mouettes en bord de mer, ça percerait presque les tympans tellement c’est strident, tellement c’est agaçant, tellement c’est inspirant, l’envie de revenir en arrière qui se noue soudain à ses baskets pour y accrocher une nostalgie dévastatrice. Y a le tourniquet qui s’emballe un peu plus loin, laisse à peine deviner les couleurs des anoraks des deux gamins qui jouent dessus. Le toboggan qui se dessine derrière comme une montagne imposante avec ses avalanches meurtrières, y a fort à parier qu’un enfant lancé à pleine vitesse pourrait être fatal pour le skieur perdu en bout de piste. Des cris de gosses et son cœur qui cogne un peu trop fort contre les parois de sa prison de chair, à vouloir s’échapper à tout prix pour ne pas finir putréfié au milieu des autres organes, la mort toujours trop proche pour vraiment l’ignorer. Il ne sait pas si Toad s’en rend compte, au fond, s’il réalise le carrousel d’émotions dans lequel il l’embarque contre sa volonté, les bribes de souvenirs qui reviennent en mémoire à chaque fois que leurs yeux se croisent et la foutue sensation de vide dans le myocarde, là où le pasteur était logé. Il fait froid dans un appart inoccupé. Il ne sait pas si Toad s’en rend compte. Il y a des images plus nettes que d’autres, d’après-midis passés à lui écrire, de soirées à poil dans un lit à attendre qu’il entre par la fenêtre, d’une histoire de cul dans les toilettes crades d’une boîte un peu nulle, d’une matinée passée à essayer de lui apprendre à faire des pancakes décents. Méli-mélo de souvenirs et d’évidences qui se bloquent dans un coin de sa cervelle, font baigner son passé dans une mélancolie pâteuse, son futur dans l’inexistant, le nu, le rien. Il ne sait pas si Toad s’en rend compte, s’il voit à quel point il se retient de pleurer, s’il s’aperçoit qu’il l’écoute à peine quand il parle de la mère d’Elena, s’il comprend qu’il n’en a rien à foutre, au fond, que les mots ne sont plus qu’un alignement de syllabes insipides, les mots ne sont plus que des balles en mousses qui rebondissent sur sa carcasse, parce qu’aucun d’eux ne prend la forme de ce qu’il souhaiterait entendre de sa bouche. Quelque chose se passe au creux de sa cage thoracique en voyant Toad manipuler Matei avec autant d’aisance, avec autant de facilité, peut-être que c’est parce qu’il a eu deux sœurs ou peut-être que c’est tout simplement parce qu’il est lui, sensible, tendre et maladroit, à vouloir toujours bien faire même s’il sème les catastrophes comme un petit poucet perdu dans une forêt trop noire. Je t’aime, il aimerait lui dire, je t’aime et ça transcende leur maigre échange, ça se comprend dans la manière qu’ils ont de se tenir, distants et en même temps si proches, les corps inclinés l’un vers l’autre comme si c’était naturel de ne pas se détester. Je t’aime et la question de Toad tombe, laisse échapper un « quoi ? » des lèvres d’Asher avant que la suite ne vienne, que la phrase ne l’assomme, chape de béton qui tente de le pousser dans le précipice au bord duquel il se tient. Ça a quelque chose de blessant, que Toad puisse croire qu’il y avait une minuscule once de vérité dans ces mots assassins qu’il lui avait adressés par pure mesquinerie, ça a quelque chose de trouble et terrifiant parce qu’Asher réalise le poids de ce qu’il a pu dire, l’exacerbation d’une haine éphémère qu’ils auraient pu éventuellement ressentir à un moment précis de leurs vies. Qu’ils n’ont jamais ressentie. Il lui serait impossible de détester Toad même s’il le voulait, même s’il le désirait de toutes ses forces, même s’il pactisait avec le diable pour le transformer en Némésis. Il laisse ce rôle à Seth. « Est-ce que c’est vraiment important ? » Petite voix, ça se murmure les yeux dans les yeux, ses avant-bras appuyés sur les genoux et la tête tournée vers le pasteur, le cœur au bord des lèvres et la nausée presqu’embarrassante, paralysante. Ne l’oblige pas, Toad. Ne l’oblige pas à te dire que non, à déballer les vérités sans confessionnal pour se cacher, à se prendre encore des éclats de verre sous la peau, des impacts de balles qui laisseraient encore trop de cicatrices. Les dents d’Asher frappent sa lèvre inférieure et enfin, il détourne le regard, des bouts de larmes qui ne veulent pas tomber aux coins des yeux. « Évidemment qu’j’le pensais pas », il finit par souffler.
Évidemment, il n’a jamais caché ce qu’il ressentait, jamais prétendu être autre chose qu’un amoureux transi avec lui, jamais osé élaborer un plan aussi tordu et aussi peu crédible. Ça se casse la gueule dans sa tête et dans son corps, un mélange des médicaments et d’un pasteur un peu trop proche, un peu trop loin, un peu trop là. À quel moment avaient-ils pu penser que ça marcherait, que ça avait la moindre chance ? Eux, leur amitié, ce cinéma même pas bon à se faire bombarder de tomates pourries. Tête baissée, il déglutit, y a un magma brûlant qui semble l’engloutir, lui ôter toute faculté de penser de façon cohérente, alors peut-être que le plus sage, c’est de ne pas regarder Toad, de ne même pas penser à le faire. « Pardon. C’est pas c’que tu veux entendre. » Il en sait rien, en fait. C’est un peu une habitude chez Toad de lui demander de répéter les compliments pour faire briller son égo, pour se sentir un peu plus en paix avec lui-même, alors peut-être que ça fait partie du processus. Pas plus méchant, pas moins cruel. « Tu sais », il commence, sait pertinemment qu’il va regretter ce qu’il va dire. Au moins, ça sera un élément de décor familier dans le paysage. « J’t’ai demandé en mariage, quand t’étais dans les vapes. Pas avec les vrais mots mais j’l’ai fait. Et c’était con. Et j’suis tellement con. » Ses coudes s’appuient un peu trop fort dans la chair de ses genoux alors qu’il passe ses doigts le long de ses joues, finit par croiser les phalanges entre elles sous son menton. Sa poitrine se soulève régulièrement au rythme de sa respiration et il déglutit pour tenter de faire couler le nœud qui s’est fait au fond de sa gorge. « On n’est pas ensemble. Elle et moi. » Confession bêtement lâchée dans l’intimité crasseuse de l’instant. Quitte à jongler de banalités en déchirements, autant y aller carrément et balancer l'inverse exact de ce qu'il devrait dire s'il devait faire comprendre à Toad qu'il va bien. De toute façon, il ne le croirait pas.
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| Sujet: Re: and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) Dim 20 Mai - 0:16 | |
| Il y en a beaucoup, des gens qui aimeraient pouvoir dire j’étais, plutôt que je suis. J’étais un connard, je ne le suis plus. J’peux pas me croire unique, sur ce coup-là, y’a pas d’orgueil dans les remords, on peut pas s’en vanter comme on se vante d’une nouvelle bagnole, d’une nouvelle conquête. D’autres gens sont passés par là. Par la triste réalité de n’être que ce qu’ils sont et pas quelque chose de mieux, malgré tous les efforts pour masquer cette triste réalité. On peut foutre une couche de peinture et du vernis sur les boiseries d’un studio miteux, ça restera toujours un studio miteux, les cafards grouilleront toujours sous la moquette, y’aura toujours des rats sous la toiture. Sauf si on les extermine. J’aurais p’t’être dû m’exterminer. J’étais, je suis. J’étais censé fêter les six ans en juillet. Six ans d’abstinence, six ans à croire à la rédemption. C’que j’peux être con quand j’veux. La chair humaine est faible, elle s’arme de regrets plutôt que d’espoir, et cède aux tentations de peur que les tentations ne se présentent plus. Égoïste. Briseur de promesses, briseur de cœurs, briseur de vies. Peut-être qu’Asher me déteste pas, mais moi j’me déteste, à chaque seconde qui s’écoule, à chaque battement de cils dans sa direction, à chaque babillement de Mattie qui gigote sous mon nez comme pour attirer mon attention, ses p’tits doigts qui se tendent comme pour pointer que son père va mal et que c’est ma faute, ou sûrement qu’il veut retourner sur les genoux de son père, parce que c’est qu’un gosse, après tout, qu’est-ce qu’il peut savoir des conneries qu’font les adultes, hein ? Il sert juste de barrage entre moi et ma conscience, entre moi et les larmes qui menacent de couler, putain de bon à rien des sentiments, à s’accrocher à de maigres espoirs sans savoir pourquoi j’m’y raccroche. Il a raison, Asher, pourquoi ce serait important, maintenant ? J’me comporte comme le dernier des enfoirés, comme si c’était pas moi qu’avais rompu, comme si j’avais pas dit les horreurs en premier. Pas possible. Bien sûr que c’est possible, on l’a été, ensemble, pendant quelques mois, c’est pas beaucoup, mais c’était idyllique, c’était un putain d’conte de fées bon marché, l’ex-suicidaire et l’ex-camé réunis dans un couple un peu bancal, mais grave bandant. On aurait fait des étincelles dans les étalages des grandes surfaces, bestseller de l’année. J’étais, je suis. On fait plutôt dans l’roman tragique, maintenant, le tire-larmes au rabais, qu’on donne parce que c’est pas vendable, tout ça, c’est trop grossier, mal écrit et carrément téléphoné.
Et c’est reparti pour foutre Asher dans un état plus pitoyable que quand j’suis arrivé, le visage qui s’détourne, la voix qui se barre, qui filtre à peine parmi les enfants qui braillent de tous les côtés. Enfoncer l’couteau dans la plaie, c’t’à croire que j’le fais exprès. Au fond, pourquoi j’ai accepté d’venir ? Moi, l’aider, lui faire du bien ? J’me suis cru chez Make A Wish. Et j’tente de garder la face devant Mattie qui m’fait les gros yeux. Il a l’air d’avoir envie d’chialer, lui aussi, à présent, et pas moyen d’faire la grimace, j’ai plus l’cœur à lui arracher des risettes. C’est p’t’être la dernière fois qu’on se voit, sûrement qu’on voudra plus m’le laisser dans les bras, c’gamin qu’a rien d’mandé. Ton père m’a demandé en mariage, lui, et ta mère et lui sont plus ensemble, si c’est pas merveilleux. C’est pas si grave, tu sais, moi j’ai perdu ma mère à quatre ans, au moins toi, les deux sont encore là, et y’en a au moins un qu’est un être humain décent. « C’est mot pour mot c’que j’veux entendre. » C’est sec, lorsque ça quitte mes lèvres, après un silence appuyé, les yeux paumés dans le vague au-dessus du crâne de Matei. « T’as pas r’marqué ? » Et y’a un rire cynique qui s’échappe de ma gorge, le genre désabusé et rauque qu’on préfère oublier, rongé en milieu d’course par des sanglots étouffés. « J’faisais pareil avec lui. J’suis le pire des maris, j’suis un monstre, j’m’en veux, faut qu’tu m’pardonnes, tu m’aimes encore, dis ? Dis-moi qu’tu m’aimes encore. C’est moi tout craché. Tu pouvais pas savoir, évidemment. » J’prends une pause, Matei qui tend ses p’tites paumes vers Asher, et moi qui lui tends le bébé. « J’crois qu’il veut son père. » J’peux pas l’blâmer pour ça, j’fais pas l’poids contre Asher, j’fais pas l’poids contre quelqu’un qu’a toujours plus pensé aux autres qu’à lui. « J’t’aurais dit oui, si j’t’avais entendu. J’t’aurais dit oui, en pleine overdose. C’est tout moi, ça, tu sais, c’est l’vrai moi, celui sous héro, le junkie. J’kiffe ça, putain, j’adore ça, c’est mieux qu’baiser, j’veux pas aller à ces réunions d’merde, j’veux pas aller mieux, j’veux me camer, Asher, planer toute la journée couché dans l’caniveau, c’est qui m’plaît, braquer des supérettes pour avoir ma dose, t’imagines pas l’adrénaline, y’a rien d’mieux sur Terre. Rien d’mieux. » J’renifle, à la recherche d’mon souffle bloqué dans ma poitrine, y’a plus qu’un murmure qui s’élève, les phalanges qui tremblent et le cœur qui semble s’être arrêté de battre. De se battre. « Mais c’est pas c’mec-là qu’tu veux épouser, pas vrai ? Toi tu veux le pasteur qui croit à la rédemption et qui t’a redonné espoir quand tout allait mal. » Les larmes qui noient mes joues, qu’mes paumes seules peuvent pas contenir, j’pleure comme un con sur un banc entouré d’enfants et d’parents qui m’matent en coin comme un pauvre dégénéré. Sans doute que j’leur fais pitié. « J’suis désolé mais j’suis pas lui. J’le serai jamais. » J’étais, je suis et je serai à jamais c’que j’ai toujours été : un raté.
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| Sujet: Re: and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) Lun 21 Mai - 0:06 | |
| Nausée, à lui retourner le bide, l’obliger à aller cracher sa bile derrière un buisson. Pourtant, il ne bouge pas. Il a paumé ses yeux au loin, regarde trois gamins se disputer un tourniquet, l’un mordre l’autre et la tragédie qui suit, les cris et les larmes de crocodile, la maman qui accourt déjà, à mi-chemin entre inquiétude et consternation. Il regarde sans regarder vraiment, le regard plus perdu qu’autre chose, les oreilles qui trainent sur ce que Toad veut bien lui dire, lui avouer, l’horrible sensation de déjà-vu quand il l’entend se dénigrer, c’est ce qu’il a toujours fait de mieux après tout. Ça le surprend encore et c’est étrange, il devrait savoir ce qu’il en est depuis le temps, savoir qu’il y a eu toute une vie avant eux et qu’il n’a sûrement aucune idée du quart des conneries qu’il a faites. C’est dur, putain, de le regarder jouer à l’équilibriste sur son fil, de l’entendre débiner tout ce qu’il est, tout ce qu’il tente d’être. Ce n’est pas rien, pourtant. Ce n’est pas rien de partir de trois grains de sable abandonnés sur une route déserte pour en arriver à avoir son église et des gens qui viennent l’écouter tous les dimanches. Ce n’est pas rien, et il ne s’en rend même pas compte, Toad, tellement persuadé qu’il ne mérite pas qu’on lève les yeux vers lui, qu’on l’écoute, qu’on suive ses conseils, qu’on le prenne vraiment pour un brave homme. Tellement sûr et certain qu’il n’est qu’un parasite, l’idée encrée sur sa peau aussi fort que ses tatouages. J’crois qu’il veut son père, il lui tend déjà Matei et Asher sursaute presque, reprend ses esprits, pas très loin de la mort cérébrale, les phrases ne lui parviennent plus que par bribes. Pourtant il se redresse, pourtant il attrape son fils du bout des phalanges, s’appuie contre le dossier du banc pour laisser son petit corps se reposer sur son torse, les mains qui se mettent à caresser doucement le velours de son vêtement. Pourtant, il survit. Mort pas si mort que ça, mort-vivant, ça fait des mois qu’il marche sur le rebord d’une falaise et quand il a l’impression de tanguer, Matei est un bon moyen de se rattraper à quelque chose, d’accrocher ses mains à des branches à proximité, éviter d’amorcer une chute trop longue et à l’issue fatale.
Pourquoi n’a-t-il pas entendu, pourquoi n’a-t-il pas dit oui. Pourquoi ça ne marche jamais, avec lui, les demandes en mariage et les histoires d’amour en général, Scarlett, Sam, Elena, Minnie, Caïn, Merle, Niamh, lui. Pourquoi faut-il toujours qu’il y ait un caillou dans le mécanisme, pourquoi faut-il toujours qu’il y ait un élément perturbateur, un passif familial douloureux, une troisième personne, une incompatibilité essentielle. Pourquoi avec Toad, putain. Pourquoi. Un camé et un dépressif, un pasteur et un flic, un rien et un autre rien, on n’avait pas dit que ça devait s’annuler dans ces cas-là ? Deux moins ne font pas un plus ? Il aimerait lui demander de fermer sa gueule parce que les mots sont autant de couteaux, parce que l’acharnement avec lequel il se dénigre fend le cœur d’Asher en deux, le pousse dans ses derniers retranchements, l’envie de tout envoyer en l’air au bout de ses doigts qui se resserrent doucement sur le dos de Matei, bercent le nourrisson. Sa branche. C’est sa branche et Toad est le précipice. Mais la chute, c’est tellement bon. Mais la chute, c’est tellement tout. « Tu sais pas c’que j’veux. » Murmure là où il aurait voulu crier. Il ne sait pas parce qu’il n’a jamais demandé, sûrement car il n’a jamais pensé que c’était utile de le faire, de s’apercevoir, de mettre des mots sur les volontés d’Asher. Sûrement parce qu’il n’a jamais eu l’intention qu’ils soient autre chose qu’une passade, qu’un plan cul, qu’un plan B. Y a des flashs qui lui reviennent de la nuit où tout s’était pété la gueule, où il lui avait avoué être marié. Où Asher avait décidé que c’était mieux de se quitter. Quelle connerie il avait fait et s’il savait combien ça le hante, et s’il savait combien il a mal. Et s’il savait ce qu’il voulait vraiment, putain. Ils ne seraient même pas là en train d’avoir cette conversation, si seulement il savait. C’est presque méthodiquement qu’il dépose un baiser au sommet du crâne de Matei, les yeux fermés, l’air d’un drogué alors qu’il inspire pour sentir l’odeur si caractéristique de sa peau. Presque méthodiquement, oui, une routine dont il connaît le fonctionnement à présent, les mains trop grandes qui enrobent le corps du nourrisson et les lèvres trop délicates quand elles se posent sur son minuscule visage. Son pouce caresse la joue et sa voix se pose comme un papillon dans l’oreille du bébé, sonate de Chopin pour unique berceuse, calmant presque instantanément les geignements qui commençaient à se faire entendre. Respire, putain. Ça se presse dans ses bronches, laisse peu de place à l’oxygène. Respire parce qu’il ne le fera certainement pas pour toi, pas cette fois. Il hésite un court instant avant de reposer Matei dans le berceau, pas certain de pouvoir se retenir de tomber sans branche à laquelle s’agripper. « On était bien, quand on était ensemble. » Pas une question, un constat. Il regarde un peu trop scrupuleusement Matei, peut-être pour camoufler plus facilement les tremblements en fin de phrase. « C’est un fait. On était bien, quand on était ensemble. Tu pensais plus à la drogue et j’pensais plus à me tirer une balle. » Parce qu’il y pense, maintenant. Parce que ça l’obsède. Et il a peur que Toad y pense aussi, à lui en train de trouver un nouveau moyen de se tuer, il a peur que ça l’obsède et que ça le brise. Ça arrivera pourtant, fatalement et même s’il ne lui dira jamais. Ça arrivera parce qu’ils étaient bien ensemble et que séparément, ils sont merdiques. « J’veux pas le pasteur qui croit à la rédemption et qui m’a redonné espoir quand tout allait mal. Ça c’est les conneries que tu t’racontes pour pas t’dire que c’est toi qui as fait un choix. Pour me mettre la responsabilité de la fin de notre histoire sur le dos. » Et il le refuse, fermement. Il a déjà suffisamment de mal à se pardonner de ne pas l’avoir retenu davantage, de ne pas avoir insisté, de ne pas avoir dit qu’il se battrait pour lui. « J’veux mon meilleur ami. J’veux le mec qui débarquait chez moi à quatre heures du mat à moitié à poil, j’veux celui qui regardait des nanars avec moi le dimanche matin, j’veux celui que j’ai baisé dans les chiottes de l’Inferno même si j’t’ai reproché de m’avoir donné l’impression d’avoir été qu’un plan cul le soir où j’t’ai… Où… Merde. » Où il l’a quitté, ouais, les mots ne veulent pas sortir et il se racle la gorge, mord sa lèvre. Ses yeux quittent enfin le terrain de jeu pour venir se poser sur Toad. « J’te veux, toi. Pasteur ou drogué, ou paumé, ou basketteur. Toi. » Et ça lui serre le cœur parce qu’à ce moment, il s’aperçoit qu’il pleure, à ce moment, il réalise que c’est de sa faute. « Pardon », il murmure alors, et il ne sait pas vraiment pourquoi il s’excuse, mais c’est tout ce qu’il arrive à dire, derrière la peine qui lui étreint la gorge.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) Jeu 24 Mai - 23:20 | |
| Tu sais pas c’que j’veux. Ça claque dans l’air et tout se casse la gueule, tout s’barre, j’suis seul, maintenant, j’suis seul avec mes remords et mes décisions bancales. Au début, c’était facile à comprendre, les gestes et les sourires voulaient dire j’veux plus y penser et j’veux coucher avec toi, y’avait pas d’ambiguïtés, pas d’sens caché sous les mots trop crus, trop francs. Pas d’amour qui s’lovait là comme un putain de serpent prêt à mordre qui s’planque sous un caillou. J’ai perdu l’fil dès lors qu’il a voulu qu’on soit ensemble, paumé dans l’labyrinthe d’mes sentiments sans pouvoir retrouver la sortie. Pourquoi j’me suis laissé troubler, pourquoi j’me suis laissé choper, j’savais que ça signifiait des emmerdes à n’en plus finir, j’savais qu’il allait m’bouffer le cœur et qu’ça finirait dans une mare de culpabilité. Mais non, j’sais pas c’qu’il veut. Ça fait longtemps que j’sais plus, que j’arrive plus à mettre le doigt dessus quand j’le regarde dans les yeux. J’savais pas non plus c’que Seth voulait, y’a six ans, j’pensais que j’lui suffisais, même fauché, même défoncé, même violent. J’étais persuadé qu’j’étais assez. Mais j’crois qu’je savais pas non plus c’que j’voulais, à l’époque, et encore maintenant, les pupilles qui évitent soigneusement Asher et son gosse, rivées sur mes mains que j’triture comme un gamin pris en faute. Je tremble, et j’veux pas le remarquer. Je pleure, et j’refuse de faire comme si j’le savais. Mentir, s’mentir, ça a toujours été facile pour moi, quand j’me camais. J’arrivais à m’dire que tout allait bien, à m’illusionner. Y’avait même pas besoin qu’ce soit réaliste, un peu de poudre aux yeux et ça passait crème, y’avait rien d’plus simple que d’se barricader dans les chiottes d’un bar miteux avec une seringue dans l’bras pour s’faire croire qu’l’endroit avait tout d’un p’tit coin de paradis. J’préférais c’temps-là. J’serais mort avec un sourire débile sur la gueule. Rien à foutre du reste. J’ai toujours été injuste, pour ça, j’ai toujours pensé à moi d’abord en m’disant qu’il serait bien temps d’rattraper mes conneries auprès d’Seth plus tard. Parce que j’pouvais arrêter quand j’voulais, dans ma tête, parce que j’étais pas accro, que j’allais foutrement bien, qu’tout était aussi parfait qu’avant. Sauf que j’ai pas arrêté quand il a fallu arrêter. Sauf que j’ai pas capté que c’était l’moment, sauf que j’étais pas foutu d’arrêter, finalement.
Maintenant j’regrette ce temps où j’arrivais à m’leurrer, où j’arrivais à croire qu’j’étais l’mec idéal. J’regrette ce temps où j’pouvais m’endormir dans l’caniveau et m’dire que c’était le truc le plus cool du monde, où j’me shootais à l’adrénaline en braquant des innocents ou en tabassant des enfoirés, sans éprouver une once de culpabilité. Le temps béni d’la connerie toute-puissante, des étoiles artificielles pleins les yeux et des cicatrices qui servaient qu’à s’vanter devant des potes bourrés, le temps où j’chialais jamais, j’laissais ça pour les pédés. On s’fait du mal, quand on s’aime, c’est comme ça. Si on retirait l’amour de l’équation, personne souffrirait, personne en aurait rien à foutre. C’est p’t’être parce qu’on s’sent surpuissant, quand on est amoureux, tellement au-dessus des autres qu’on oublie leur bonheur, qu’on s’rend aveugle à c’qui va pas, charbons ardents sur les rétines. C’est p’t’être parce qu’on chute de très haut, qu’ça fait si mal, quand on tombe, qu’on s’pète le cœur en mille morceaux. C’est moi qui laisse Seth pourrir dans un appart’ sordide à m’attendre, à espérer qu’je rentre en vie, qu’il reçoive pas un coup d’fil des flics en pleine nuit. C’est Seth qui s’fait la malle mon cœur sous l’bras, en m’disant qu’il m’aime. C’est moi, encore, qui mens à Asher pour un peu d’plaisir et trop d’douleur, qui fais pas attention à c’qu’il veut, qui éclipse l’essentiel en s’cachant sous les draps. C’est moi qui l’bousille en le quittant pour pas trop l’bousiller. Pourtant, aujourd’hui, c’est Asher, Asher qui m’balance qu’il pensait pas à s’tirer une balle quand on était ensemble. J’écoute à peine le reste, c’qu’il veut, ses reproches déguisés, le pardon murmuré à l’instant où il voit qu’je pleure, j’le sais. Y’a mes yeux qui bloquent sur un brin d’herbe balayé par le vent, les oreilles qu’entendent plus rien des cris des gamins, des bagnoles qui passent et du cui-cui des oiseaux. C’est Tchernobyl dans mon cerveau.
J’ai l’impression qu’le silence qui s’installe dure une putain d’éternité. Y’a trop d’mots qui s’bousculent dans mon crâne, des questions et des injures, j’ai l’impression que j’pourrais gerber mon cœur sur le gravier à nos pieds. J’peux l’entendre battre au-dessus de tous les bruits, trop vite, trop fort, c’comme si j’venais d’me prendre une droite et qu’j’étais sonné, un coup de massue sur la tempe, à en plus s’rappeler c’que j’fous là. J’trouve pas d’échappatoire, le regard qui s’perd dans le vague. J’arrive pas à m’lever pour décamper. « C’est pour ça. » J’secoue la tête, tic nerveux, les paumes plaquées contre mon visage, essuyer grossièrement les larmes, le sourire du mec qui part en vrille. J’ai pas envie d’sourire, mais j’le fais quand même, comme par mimétisme. « C’est pour ça qu’on t’enferme quand tu fais une désintox ou une dépression. C’est pour ça. Pour pas qu’tu t’accroches à quelqu’un pour compenser. Sinon ça fait placebo, tu vois. T’as pas l’impression qu’ça t’manque, t’as pas l’impression qu’tu vas mal. Tu vas pas mieux, pourtant. T’as juste masqué le problème. Juste masqué le putain de problème. » Et j’le savais qu’ça allait arriver, j’le savais parce que j’ai dit qu’on reparlerait d’sa tentative de suicide, mais qu’on en a jamais reparlé, qu’il a jamais capté c’que j’voulais lui dire, ce jour-là. Qu’il a juste tout balayé du revers de la main avec sa nonchalance feinte habituelle. « C’est pareil pour moi, j’aurais pas dû v’nir, j’aurais dû écouté mon parrain. C’est pas l’genre de trucs qui aident quand tu t’prends une rechute dans les dents. Tu m’aides pas. » Y’a un soupir fataliste qui m’échappe, quand j’tourne mon visage vers lui, les yeux rougis et les lèvres tremblantes. « Tu m’aides pas. Mais j’t’en veux pas pour ça. Toi, t’as dit trop souvent qu’tu m’en voulais pas. J’suis pas aussi fort que toi. Moi j’t’en veux, Asher. J’t’en veux d’m’avoir dit ça, de cette façon-là, parce que si j’fais rien pour t’aider, j’suis un connard, mais si j’t’aide, j’serai juste un connard qui a pitié d’toi. Est-ce que tu t’es dit qu’j’restais avec toi parce que j’avais peur qu’tu t’foutes en l’air ? » J’lève une main, pour empêcher toute réponse de franchir ses lèvres. « Laisse tomber, j’veux pas savoir. Tu sais, Asher, moi aussi, j’veux mon meilleur ami. J’crève d’envie qu’il soit là. Mais il l’est pas, visiblement. » Mes jambes sont cotonneuse. J’sais même pas comment j’arrive à tenir debout. « J’suis désolé. J’aurais voulu te faire moins d’mal que ça. J’aurais voulu t’dire je t’aime sans qu’tu l’prennes mal au moins une fois. J’aurais voulu… Putain, j’sais même pas pourquoi j’te dis tout ça. Au final j’étais qu’un putain d’antidépresseur. » J’hausse les épaules, tourne les talons, j’peux plus l’voir en face, j’peux plus, y’a d’la colère qui bouillonne dans mes veines, mes poings qui s’serrent, la gorge sèche, pas moyen de déglutir sans crever d’mal. J’voudrais détruire tout c’qui s’fout en travers de mon chemin. J’le fais pas. J'voudrais gueuler. J'y arrive pas. J'ai pas envie qu'tu crèves, enfoiré. Ça se mêle au goût des larmes sur ma langue. |
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| Sujet: Re: and it's such a miracle that you and me are still good friends (Tosher) | |
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