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 through the tides of oceans (elasher)

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MessageSujet: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyLun 9 Avr - 18:02


Elle est debout alors qu'elle devrait pas.

Mais l'immobilisation la rendait dingue, c'était inutile de combattre la bougeotte, elle est pas faite pour se tenir tranquille. Suffit de demander à ses grandes amies fugue un et fugue deux. L'ennui commande la machine, elle tourne en rond entre les quatre murs et plus elle repasse devant le lit, plus elle se dit que c'est petit pour une personne, comme chambre. Intenable, insupportable. C'est trois chambres qu'il aurait fallu pour espérer canaliser la tempête. La poignée de la porte s’abaisse. Quoi. Elle jette un coup d’œil vers la fenêtre, le soleil brille trop haut pour que ça soit le psychologue de service qui vienne encore l'emmerder. Elle recule sans un bruit, le sol glissant atténue le bruit de ses pas. Derrière son dos, y a l'alarme pour rameuter les blouses blanches, elle garde le bouton entre ses doigts, réduit la respiration au strict minimum. Mystère et boule de nerfs dans son bide. La porte s'ouvre doucement, le ralenti interminable, dévoile ce qu'elle pensait plus voir pendant un moment. « Asher » souffle court et elle manque de dégoupiller la grenade. Boum. Mais le regard continue sa course, s'arrête finalement sur Matei. Elle se dit que c'est la maladie, rien que la maladie qui lui assied la tête de force dans le carrousel et envoie tourbillonner son palpitant sans relâche. Elle relève la tête vers Asher. T'es revenu. Elle agrippe le pied sur lequel se balance la perfusion, deux secondes de plus et elle va prier pour qu'on lui injecte le courage de sortir de son état transi. Princesse des glaces n'a pas le cœur assez incandescent pour prétendre faire fondre le malaise. L'iceberg et ses crevasses, ça manque cruellement de consistance pour les faire couler. Ils se tiennent aux antipodes, suspendus au bord des mondes, un pas en avant ne vaut guère mieux qu'un drapeau blanc jeté au sol en signe d'abandon. Et quand est-ce que cette guerre prendra fin, elle veut juste rentrer à la maison, qu'importe ce que le mot cache sous ses lettres. La fatigue est maître du bataillon, les médicaments empêchent juste le corps de bêtement lâcher. C'est pas un tube en plastique qui la maintient en vie, c'est bon qu'à forcer des lipides sous le cyan de ses veines. Tient la position, regarde l'assaillant dans le blanc des yeux. Elle veut contusionner ses lèvres, dérober ses prunelles pour les jours où elle oublie ce que ça fait de plonger dedans.

« Je vais pas tomber » – cette fois. Mais les jambes ne sont pas aussi sereines que le timbre de sa voix. Chancelantes. Perplexes quant à ce qu'elle est supposée faire maintenant, ou supposée dire. Elle rejette sa tignasse en arrière, bon sang, ils commencent à être beaucoup trop longs. Sans même délier les doigts dedans, elle imagine les nœuds du côté où elle a tendance à comater. Foutus neuroleptiques. Foutus anxiolytiques. Si elle sourit, c'est seulement pour faire bonne figure devant Asher. Y a un vide à l'intérieur qui la supplie de le rejoindre. Suis-moi, Alice. T'es en retard. Allez saute, fait pas ta timide. C'est pas la première fois qu'on te récupère au fond du trou. « Une fois c'est comique, deux fois c'est juste triste » qu'elle fait remarquer, une moue de gamine trop fière de sa réplique. L'orgueil rehausse le teint d'outre-tombe, c'est presque comme si elle était pas morte. Elle avance à contre-cœur, à moitié de cœur, à celui qui bat dans les bras du flic parce qu'elle a pas eu la force d'âme de s'en débarrasser plus tôt. C'est dingue, elle pensait pas. Elle pensait pas que ses bras voudraient encore se tendre, que son pouls marquerait un raté, que sa tête penserait non, pas cette fois. Après tout ce temps. Cette fois c'est le bon choix, la bonne décision à prendre. Tu délires toujours. Les psychiatres estiment encore le dosage correct à lui administrer. Une question d'ajustement. Une question de comment stopper les crises sans lui faire disjoncter les neurones. Qu'ils aillent bouffer leurs piqûres, et puis leurs diplômes avec. Y a pas de bonne décision qui tienne, elle sait seulement comment se ruer vers les mauvaises. Matei, Matei, Matei. Le destin et son voile sombre tout paré d'or en doublure rien que pour ses yeux ébahis. Pauvre sotte. Y a pas si longtemps, au moins, elle aurait balayé la fin heureuse d'un revers de main. Embrassé les illusions. Se serait tapé la dégringolade aussi bien que n'importe quel autre salaud avant de la laisser en pleurs et esseulée le lendemain matin – la chute a un faible pour les jolies brunes aux grands yeux. Mais c'est pathétique de voir comment le temps rend frêle. Elle scrute l'horizon, une trace du passé et un bout de son futur en ligne de mire. Elle regrette  une chose, une seule. Elle regrette d'avoir mêlé son avenir à une personne qu'elle porte potentiellement, probablement, flingue-moi-si-je-deviens-trop-sentimale-ment quelques centimètres trop bien placés à gauche au fond de sa cage thoracique. Un coup d'un soir aurait fait l'affaire. Un inconnu, ses draps, et ses lignes blanches parfaitement alignées aussi. Mais elle suppose que la question ne se serait même pas posée, si ça avait été un autre que lui, elle aurait étranglé les restes sanguinolents de l'avorton de ses propres mains. Le bon choix, hein. L'infanticide aurait mieux valu que ça. « J'veux le porter » Le ton est sans appel. Elle veut, elle aura, ça ne marche pas autrement dans son esprit. Elle tord ses mains, l'une sur l'autre, l'appréhension peut pas s'empêcher de se manifester. Elle essaie de cacher ses états d'âme, mais elle y arrive pas. Elle échoue misérablement, il reste qu'une tactique de débutante pour rattraper le coup. « C'était pas une question, Asher, je veux le porter » Elle veut que ça fonctionne sur lui comme ça fonctionne sur les autres. Mais pourquoi, comment, où est-ce qu'il a bien pu dégoter son immunité ? Il tient toujours Matei dans ses bras, alors les yeux font un tour dramatique des orbites. « Et s'il te plait, me regarde pas comme ça. »
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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyMar 10 Avr - 20:16

Prends-le.
Poupée de chiffon, pantin désarticulé qui se brise au sol, l’instinct qui revient et les mains qui s’emparent du nourrisson comme si ça datait d’hier alors que ça fait une éternité qu’il n’a pas dû s’occuper d’un bébé. Microbe, un autre, trop petit entre ses grandes paluches de musicien. Fallait bien que ça serve à autre chose qu’à jouer du piano, à un moment. « Appelle une ambulance », l’ordre intimé à Niamh, témoin malgré elle de la scène surréaliste, étrangère au méli-mélo de leur histoire commune. Tiens, tu reprendras une part de drame et une pincée de sel, par contre faut faire gaffe sur les plaies, ça risque de piquer. Matei. Ça se bouscule, au moment où il jette un regard sur le sol, une dernière pensée au gisant, emportée par la foule des gyrophares et la sirène à sa suite, et pourquoi ça lui fait une petite pointe au cœur, et pourquoi ça tombe du citron sur ses cicatrices encore trop fraîches. Ça ne devrait pas. Faire mal, faire peur, faire quelque chose, quoi que ce soit. Ça devrait passer comme une lettre à la poste, glisser sur lui sans laisser aucun relent de regret, de ride, de passé qui se fout clairement de sa gueule, se plante le nez au ciel pour se marrer un bon coup. En communion avec un soleil au zénith, la peau qui crame sous son t-shirt noir, il sait pas pourquoi il est dehors, pourquoi il est sorti, pourquoi il va à l’hôpital, pourquoi il a acheté un putain de porte-bébé kangourou et a glissé son fils dedans. Ça pulse. Ça fait comme un vide quelque part dans la boîte crânienne, un plein dans la cage thoracique, besoin de la voir, de savoir qu’elle va bien, qu’elle respire, besoin qu’elle l’engueule un coup si ça peut l’aider. Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour ça, masochiste de l’extrême, pour une réprimande, un mot de travers, pour que son cynisme l’attaque de nouveau comme un acide, le liquéfie sur place. Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour un petit regard condescendant dont elle a le secret, les lèvres relevées pour dire une vacherie, qu’est-ce qu’il ne troquerait pas pour la faire rire une fois, deux, dix, pour qu’elle lui arrache un sourire comme à l’époque où ils allaient bien. Ça n’a pas duré longtemps, note. L’espace de quelques mois avant de tout foutre par terre, une nuit à se baiser et trois semaines à alterner entre engueulades et cul, un peu de télé des fois, routine instable mais terriblement réconfortante, le sentiment d’appartenir à un bout d’univers, aussi chamboulé soit-il. Et v’là qu’il rajuste le petit bob bleu sur la tête du bébé qui dort à moitié, attrape le bout de main qui dépasse pour le caresser distraitement. On n’a jamais pensé à conseiller aux stressés d’avoir ces trucs à cajoler ? Vaut mieux peut-être pas, non. Quitte à en prendre pour perpétuité, autant choisir la mort.
« Bonjour, je viens voir Elena Popescu », la requête à peine murmurée à la dame de l’accueil et son regard qui se pose nonchalamment sur le bébé avant de remonter sur lui. Bonne samaritaine qui pense sûrement comme tout un chacun qu’il ferait mieux de se raser et de couper ses cheveux. A croire que la paternité a renforcé son sarcasme, il n’en a strictement rien à foutre. « Et vous êtes ? » Il fronce les sourcils, lâche le sac qu’il porte à la main gauche dans un bruit sourd. Il se demande un instant si elle se fout de lui ou si elle le prend vraiment pour un clochard à qui Elena devrait du fric. La deuxième option semble la plus probable. Quoi, vous soignez pas les pauvres ici ? « Le père de son fils, j'me promène pas comme ça pour le plaisir, et je suis flic aussi, vous voulez voir mes papiers ? » Vaincre le mal par le mal, l’hydre s’incline, lui indique le bon numéro, plus efficace que le loto. Attends qu’il débarque. Attends qu’elle pète un câble. C’est toujours comme ça que ça se passe entre eux, non, un des deux qui fout un grain de sable dans le système et toute la mécanique qui déconne. Quatre-vingt-dix-neuf pourcents de chance qu’ils foutent tout en l’air, hein. Soit.  

Il n’est presque pas surpris de la voir debout, près de la fenêtre, habitué à ce qu’elle fasse strictement ce qui lui passe par la tête, petit oiseau, lionne féroce. Elle l’appelle par son prénom, ça le rassure presque. « Tu fais quoi, là. » Il ne sait plus être doux avec elle, faut croire, tout autant qu’il ne sait pas feindre l’indifférence, parce que sa voix a des accents inquiets qu’il peine à faire taire au point de ne même pas les camoufler. Elle ne va pas tomber. Ah. Le voilà rassuré. Ce n’est pas son salon qui pourra témoigner dans son sens, pourtant. Niamh non plus, il sait qu’elle l’a vue, il l’a su avant même qu’elle ne lui fasse la confidence, elle pue l’altruisme Niamh, c’est chouette mais ça a aussi ses inconvénients, comme le plan cul qui rencontre l’ex un peu trop sérieuse, celle avec qui on a un bébé. Au moins, elle en est ressortie vivante. Et avec un peu de chance, elle aura eu droit aux truculents traits d’humour d’Elena Popescu. Qui lui arrachent un putain de sourire, le visage immédiatement détourné pour ne pas lui montrer. Il avait oublié qu’il aimait son humour, quelque part en chemin. Sûrement entre la vaisselle cassée et les cris. Sûrement entre le départ et le retour.
Il s’attend à l’ordre qu’elle lui adresse. C’est ce qu’il risquait à venir avec Matei, à venir tout court. Il s’y attend et il ne peut pas lui en vouloir, conscient qu’elle ne l’a pas lâché pendant deux mois complets et qu’elle a cohabité avec lui pendant neuf, dans la plus terrible des intimités. « C’est ça, ouais », il lâche pourtant dans un soupir, les yeux qui partent vers le ciel, rassieds-toi d’abord et bois de l’eau, après on en parle. Evidemment que ce n’est pas une question, pourtant. Evidemment que c’est un ordre. Le regard qu’il lui adresse doit laisser filtrer la plus flagrante des consternations, elle lui fait bien remarquer, entre deux piques. « Tu t’assieds d’abord, Popescu, j’ai pas envie de te ramasser par terre. » L’infirmière qui passe derrière eux se racle la gorge, l’obligeant à se retourner. De quoi je me mêle putain. « On vous a demandé votre avis ? » Pas l’habitude d’être aussi malpoli, il est loin le mec dont elle est tombée amoureuse. Pardon. Dont elle est tombée. La partie amoureuse reste à définir, selon les standards bizarres auxquelles elle l’a habitué. Quand il se retourne, elle a obtempéré, ça le surprendrait presque. Elle ferait donc n’importe quoi pour Matei, hein, même aller dans son sens. Faut croire que les miracles existent. Alors il approche, les yeux qui ne lâchent pas ceux d’Elena, pas même quand il pose le sac au pied du lit, « j’t’ai ramené des affaires que t’avais oubliées, je me suis dit que tu ne devais pas avoir grand-chose avec toi. » Il se plante devant elle, soulève doucement Matei sous les aisselles et lui dépose délicatement dans les bras, sans même le réveiller. S’assied dans une chaise à quelques pas du lit. Jamais trop près. « Je t’avais dit que je m’en sortirais. » Je t’avais dit.
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyMer 11 Avr - 17:30


Je suis désolée.
Sincèrement. Pour tout, pour rien, pour la façon qu'elle a de cacher des reproches dans chaque parole envoyée, pour celles qu'elle préfère garder contre son cœur, secrètes. Je suis désolée. Tu vois, dire c'est confier, et confier c'est se tirer soi-même une balle dans le caisson. Sans louper. Du premier coup. Peut-être qu'elle dérape sur les bouts imaginaires de sa boite crânienne qui vient d'imploser, parce qu'elle se sent vaciller à nouveau et la lumière dans la chambre est tout bonnement insupportable. Elle plisse des yeux, ça saccade sévère dans sa galaxie. Tu tombes pas, Popescu, tu m'entends ? T'as pas le droit de faire ça. Je suis désolée. La façade prend pas sur le flic, il voit à travers les cannes tendues et la main posée sur la hanche, comme ça, nonchalante calculée au millimètre près. Et si elle relève la tête un peu, si elle sert la mâchoire pour faire saillir les pommettes, est-ce qu'il se couperait dessus ? Bien essayé. Elle a jamais vu un air aussi blasé sur son visage, pourtant Dieu sait les longues minutes perdues à cartographier la palette de ses émotions. De toute évidence elle a ses préférées, mais c'est qu'un avis personnel. Et elle en dira rien, ça fait partie de ces choses inavouées qu'on met de côté en attendant la bonne saison. Le doute plane pas, en revanche – elle préfère oublier les derniers regards qu'il lui a décochés. Et les pieds s'impatientent, ils martèlent généreusement le lino. Asher cède finalement. « Tu t’assieds d’abord, Popescu, j’ai pas envie de te ramasser par terre. » Ça lui donnerait presque des idées, elle lui a jamais fait le coup du faux malaise avant. Le coup de la panne d'eau chaude, les chemises et autres fringues dérobées, s'asseoir malencontreusement sur la télécommande au moment critique du film qu'il s'était mis en tête de regarder – mais jamais l'étourdissement. Y a comme un sourire qui prend naissance sur son masque, mais il meurt avant même d'avoir pu brailler. A quoi bon manigancer des combines puériles, c'est plus leur dynamique. C'est quoi notre dynamique ?

Elle fait s'arrêter les rouages le temps de s'asseoir pendant qu'Asher remet une infirmière à sa place. Elle cogite de trop, les pensées parasites prolifèrent à la moindre distraction, les méninges chauffent à l'excès. C'est nouveau, l'attitude ? C'est normal si l'intra-veineuse la démange, si les rayons agressent l'épiderme, si elle reconnaît pas Asher dans le moment présent ? C'est pas une mauvaise personne. Merde, c'est la personne la moins mauvaise qu'elle connaisse. C'est injuste. Il a pas le droit de venir chambouler ses acquis, elle fout quoi, hein, si même les repères les plus certains commencent à se flouter ? Comme tout le monde. Elle peut se taire et regarder la scène depuis le carré d'or. Ça coûte une fortune, la chance de pouvoir partager le même air que lui sans le gaspiller sur des accusations mal-fondées. Le spectacle a rien d'exceptionnel en soit – le brun vient seulement déposer un sac qu'elle avait pas capté jusque maintenant. Erreur facile. C'est pas l'action qu'il faut décortiquer, c'est la personne qui vient de la faire et se tient désormais droit devant elle. Tout dans le regard qui refuse d'abandonner. Putain. De. Performance. Y a intérêt à s'accrocher au siège. « j’t’ai ramené des affaires que t’avais oubliées, je me suis dit que tu ne devais pas avoir grand-chose avec toi. » Elle hoche de la tête, mais retient en vérité seulement ce qui l'arrange. Il s'est dit. Non, il s'est dit des trucs sur elle. Encore mieux, il s'est dit des trucs sur ce dont elle pourrait avoir besoin. C'est royal. Elle se bouffe l'injection de peine de cœur dans trois, deux, un... Trop tard, Matei fait pansement sur la blessure. Je suis désolée. De l'utiliser comme le remède miracle à tous les maux. Faut dire qu'il le fait bien, deux mois qu'il pressurise la plaie, elle redoute chaque seconde séparée de lui pour les mauvaises raisons. Paisible, il bronche pas et elle en profite pour capturer la menotte entre ses doigts, presse légèrement contre la peau pour capter le métronome de son pouls. Elle cherche à se caler sur la cadence, il a de ces rythmes qui valsent sans encombre. « Je t’avais dit que je m’en sortirais. » Et je t'avais dit qu'on s'en sortirait pas. Et regarde nous aujourd'hui. Il est parti s'asseoir en face du lit, elle fait celle qui ignore la distance. Impossible de faire plus évident, c'est un écart de sécurité. De précaution. Elle va pas lui sauter à la gorge, si c'est ce qu'il craint, ce qu'elle voulait somnole mollement dans ses bras. Y a plus de raisons d'être aussi désagréable, « je sais pas si t'as le droit de dire ça, franchement, c'est quoi ce truc » ou pas. Elle soulève la masse bleu posée sur crâne de son fils, l'expression indéchiffrable. Un mélange de perplexité, de dégoût, de pourquoi comme elle seule sait le faire. Ouais, c'est mignon. Non, elle comprend pas l'intérêt. Ça finit par lui décrocher un sourire quand même, parce que merde, c'est vraiment mignon. Il est encore temps de rattraper la réputation par la manche. « Et je les ai pas oubliées. Les affaires. » qu'elle avoue après s'être raclée la gorge. Elle les a pas oubliées, elle a juste tout laissé en plan parce que c'était ça ou revenir, et que la deuxième alternative était pas envisageable pour des raisons évidentes. Elle regarde le sac, elle regarde Asher, elle regarde le sac. C'est dingue comme les vieilles habitudes reviennent au galop quand on a rien à reprocher et une double dose de calmants dans le système. « T'as fait quoi avec d'ailleurs, t'as installé un autel dans ton salon ? » Je suis désolée. De manquer de tact alors qu'elle se rappelle parfaitement l'expression sur son visage ce jour, dans l'allée. La pluie a rien nettoyé de l'image, elle s'en souviendra toujours. C'est pas dans son éventail des préférées non plus. Je suis désolée. Terriblement. Elle lui dira quand l'opportunité sera bonne, dans le genre, préférablement la seconde avant qu'elle meurt. Ça serait le rêve. Quoi ? Elle a jamais dit qu'elle insistait pour voir sa réaction. Ses jambes la gênent, elle sait pas comment se positionner. Ses jambes, puis ses bras, puis sa tête. Elle range les échasses une à une, croisées sous son poids, grogne à moitié quand elle manque d'emmêler la perfusion avec. C'est un monde de merde, où les câbles sont trop longs et la langue pas assez pendue. « Puisqu'on a que ça à faire, dis moi », elle marque une pause. « Entre nous. Pourquoi tu les as pas jetées ? » Pourquoi pas les brûler, les redonner, les vendre. Pourquoi les garder, elle-même s'en fout un peu. L'affection s'est jamais prise au matériel. L'affection s'est vautrée tout du long devant l'autre idiot. Ouais, elle parle bien de celui qu'a pas quitté son siège. « Je te comprends pas, Asher. » Bloomberg. L'idiot. J'crois bien que t'es le plus grand mystère de ma vie en ce moment. 
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptySam 14 Avr - 1:07

Grisant. Y a un petit être qui gigote à deux mètres à peine, il pourrait tendre le bras et lui toucher la guibole, effleurer sa peau trop fine, trop douce, sentir l’odeur si particulière qui se dégage de lui, comme s’il venait d’une autre galaxie. Avec deux parents stellaires, c’est la moindre des choses. Sûrement. Grisant, ça lui arrache un sourire entre les souvenirs d’elle, d’eux, d’un vieux piano défoncé et d’un morceau de Chopin craché sur l’ivoire, de deux corps sur un canapé pourri et d’une main entre ses cuisses. Ça crie, grisant, ça se glisse sous toutes les couches de cynisme qu’il a pris soin de revêtir au fil des mois, rompu à l’exercice, grisant, le sourire qui accroche ses lèvres et lui fait détourner les yeux pour ne pas admettre qu’elle l’a eu, abattu d’une balle en plein cœur. Grisant, elle se fout de lui parce qu’il a mis un bob sur le crâne de leur fils et y a un petit filet de rire qui s’échappe de ses lèvres, il n’ose pas vraiment l’avouer, le cache, le retient, mais rien n’y fait, rien n’empêche l’hilarité de s’exprimer. Rire. Eclat. « La ferme » il souffle, rien de méchant là-dedans, la ferme ça lui va bien, la ferme je suis son père j’te rappelle. Ses yeux qui glissent sur la silhouette d’Elena, si elle savait. Si elle savait qu’y a eu Caïn, un peu trop, un peu longtemps, si elle savait qu’y a eu Toad aussi, entre les lignes, entre les draps, qu’y a eu trop de vagues contraires, de courants pour le pousser dans tous les sens, écharper sa vie, se foutre de lui comme la pluie se moque du premier pèlerin sans capuche. Ses yeux qui se planquent entre les formes, voient les courbes, suivent les ombres. Devinent tout ce qu’ils connaissent déjà trop, du par cœur, de la lecture en braille, y a qu’à y poser les mains pour que ça devienne aussi limpide que de l’anglais. Dévastateur, ça se colle comme un poison dans ses veines pour lui avaler les entrailles jusqu’à la moelle, ça s’insinue sous sa peau pour y coller des relents de passé périmé. Elle ne les a pas oubliées, les affaires. Elle les a délibérément laissées dans sa fuite en avant, sa grande échappée, son aller sans retour à effet immédiat. Elle les a laissées dans ses pattes, en évidence, pour qu’il se prenne les pieds dedans et ne s’en relève pas, pour que les commotions de la chute lui soient à jamais fatales. Le sourire est perdu, y a pas grand-chose qui pourrait le faire renaître, surtout pas ses yeux qui se sont plantés dans ses godasses, ignorent scrupuleusement ceux d’Elena, en supposant qu’elle daigne le regarder. C’est trop réclamer que d’attendre des excuses de sa part, parce que d’aucuns savent qu’Elena Popescu n’a pas de remords, pas de chaînes, qu’elle avance seulement un pas devant l’autre et n’essaie même pas de comprendre les actions qui auraient pu la mener là où elle se trouve actuellement. Pas de quoi la vénérer. Pas de quoi installer un autel. « Ouais, c’est ça, je vais allumer un cierge tous les matins d’ailleurs. » L’acidité au bout des mots, ils ne sont plus à ça près, autrefois amants et désormais étrangers. Une part de lui voudrait qu’elle crève, au fond, qu’elle crève et qu’on n’en parle plus, juste Matei pour bercer ses nuits, sa vie, rien de plus. Qu’elle crève, mais il en crèverait aussi, c’est là le drame de leur relation. C’est sûrement plus intelligent d’essayer de comprendre le pourquoi du comment, savoir pourquoi il s’est encombré d’une pile de vieilles affaires au lieu de les foutre aux ordures. Il suppose qu’il ne s’est jamais posé la question. Il suppose, subséquemment, qu’il ne se comprend pas non plus.

« Je suppose que », il commence, pas certain de savoir comment terminer la phrase. Les mains qui jouent à cache-cache l’une derrière l’autre alors qu’il compte les phalanges, tête baissée. Il ne devrait plus parler. Il devrait se taire. « Un bout de moi pensait que tu reviendrais un jour. » Même s’il a déménagé, même s’il a envoyé tous les signaux possibles pour lui faire comprendre que c’était fini. De la poudre aux yeux. C’est jamais fini quand on a autant aimé, quand on a autant fait partie de la vie d’une autre personne, à tel point qu’on est devenu une entité indissociable, deux qui font un et tout le baratin. Leurre ridicule. Un bout de lui pensait qu’elle reviendrait, le plus petit. Le gros bout, celui qui prend toute la place dans le palpitant, était persuadé qu’elle ne repointerait plus jamais le bout de son nez. Il n’a toujours pas démordu de cette idée qu’il tient farouchement par le col. Trop de choses ont coulé sous les ponts pour qu’il lâche l’affaire, pour qu’il lui accorde le bénéfice du doute. Elle a laissé tomber cette prérogative le jour où elle a claqué la porte avec son bébé dans le bide. « J’suis pas célibataire. » Il ne sait pas pourquoi il aborde le sujet, suppose que ce moment n’est sûrement pas le plus mal choisi, qu’il faudra bien jouer cartes sur table à un moment-donné. Pas célibataire, ça ne veut pas dire en couple. Mais c’est suffisant pour insuffler un doute salvateur chez Elena. La vengeance a parfois du bon. « J’sais pas c’que je suis et j’sais pas c’que je veux, j’ai connu pas mal de gens, pas mal d’endroits, pas mal de merdes. » Toad, le fight club, Seth. Dans l’ordre que vous voulez, chaque nom peut correspondre à chaque affirmation. Il claque le bout de ses ongles contre son jean, aimerait lui confier plus de choses mais n’y arrive pas. Peur qu’elle le juge, peur qu’elle le haïsse, si ce n’est pas déjà le cas. Tout de suite, il n’a rien fait pour. S’il continue à parler, il l’aura amplement mérité. « Mais j’suis pas désespéré, Popescu. Je me fiche pas mal de tes affaires. J’ai pas eu le temps de les revendre, c’est tout. » Ne pas rentrer dans les détails. Ne pas dire que s’il n’a pas eu le temps, c’est parce qu’une corde à nouer autour du cou, ça demande de l’attention. Ne pas avouer, surtout, que ça réclame une sacrée dose de déprime.
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyJeu 19 Avr - 11:29


Les montagnes russes. La barre de sécurité lui rentre dans les tripes. L'adrénaline la fait plus marrer. Elle veut descendre, descendre, descendre mais à chaque tour y a tout le temps le même brun pour s’époumoner que c'est jamais assez, qu'il en veut toujours plus. Interminable. La mécanique relance. Ils se bouffent pour récupérer un semblant de contrôle, tirent à blanc parce qu'ils connaissent que ça. La persuasion. Les illusions, les images. Elle sait pas si elle l'a déjà vu tel qu'il est réellement, elle qui a fait défiler un nombre incalculable de versions devant sa porte. Lena cynique, Lena qui saigne, Lena qui flanche, Lena qui hurle, Lena qui claque la porte et revient pas. Lena en tailleur au beau milieu des draps, le regard désespéré de rien trouver en retour. Et Asher perplexe qui se tord les mains, c'est quelle version de lui, elle pourrait pas dire. La mémoire est déconnante, c'est rien de nouveau. Lena qui s'anesthésie d'elle-même pour continuer de vivre dans les débris de ses propres explosions. Lena qu'oublie ce que ça fait de marcher sur des rasoirs, même quand elle titube dessus, même quand elle s'entaille encore et encore et encore. La vérité se fait rare, de nos jours, elle pense. Y a plus besoin de savoir sur quel pied danser, y a plus de danse, seulement des gens qui chancellent et vacillent dans l'espoir de se cogner à la réalité par hasard. Vous ici ? Asher là. Seulement les battements lourds de son cœur qui pulse tout ce qu'elle a pu ressentir pour les facettes du sien. Asher qui l'agace, Asher qui réveille le sourire, Asher qui la fait tornade, Asher qui la rend brise, Asher qu'aime et elle qu'imite mal. Asher qui lui avoue qu'il espérait qu'elle lui revienne peut-être un jour. Juste un bout de lui, il a dit. Elle prendra ce qu'elle peut, ce qui reste, ce qui traîne, radine. Le palpitant pompe les miettes, pas étonnant qu'elle hyper-ventile, sente l'hémoglobine se vider de ses paumes pour venir teinter les joues.

Ça se bouscule dans les contradictions, elle est à deux doigts de se prendre la tête dans les mains, putain ce qu'elle peut détester ressentir. C'est de plus en plus fréquent, concept de merde, les artères sont pas là pour la foutre en terre à ce qu'elle sache. Non, y a son fossoyeur attitré pour ce genre de chose. La version qui ne la laisse jamais tomber, celle sur laquelle elle peut toujours compter quand la journée n'a pas été suffisamment atroce. Vas-y, fais moi mal. « J'suis pas célibataire » Salaud, t'étais obligé d'y aller aussi fort ? J'sais ce que t'es en train de faire. Elle est pas conne. Sur les bords. Mais elle est pas dénuée de logique. Elle le fusille du regard, les yeux kalachnikovs, c'est une tireuse de tronche d'élite, il devrait savoir qu'elle loupe jamais sa cible. J'suis pas célibataire. Elle sait ce qu'il est en train de faire, fair-play ou non, elle le laisse s'amuser tout seul maintenant que la maudite balle est dans son camp. Dribble sur ma vie comme t'as dribblé sur mon cœur, te gêne pas surtout. C'est rageant de se taire, alors elle le fait pas. Main sur le thorax de Matei. Elle tient bon le cap, l'océan est houleux et vient de rajouter que c'était pas qu'une personne. Pas mal de gens, même. Putain. Non, elle se taira pas. Pas après ça, c'est que du foutage de gueule. « Et tu me dis ça parce que … ? » Et elle arque un sourcil, t'as cru que ça m'intéressait, t'as cru que tu pouvais te pointer sans prévenir pour m'achever ? Y a déjà son nom sur un calepin, et un psychologue qui veut plus lui lâcher les basques. Prend un ticket et attend qu'on t'appelle. Mais c'est lâche d'asséner le dernier coup, la dernière frappe. Presque aussi lâche que de se volatiliser dans la nature, une poignée de contre-sens dans la poche et un bout de génétique logé dans le ventre. Elle serait si fière de ce qu'il déblatère, si elle était pas elle, s'il était pas lui. Si c'était qu'un autre, chapeau bas, y a plus rien à lui apprendre. Regarde comme les mains mentent, tremblent, s’agrippent au coton. Frapper ou se planquer ou lui demander de bouger son cul de la chaise et de jamais revenir. Elle est pas certaine de ce qu'elle veut.

« Mais j’suis pas désespéré, Popescu. Je me fiche pas mal de tes affaires. J’ai pas eu le temps de les revendre, c’est tout. » T'as l'histoire qui flanche, m'sieur l'agent, tu le sais ça ? Elle se met à rire. Gentiment. Pour de faux. Parce que la dernière fois qu'elle a éclaté en cristal devant lui plutôt qu'en pleurs, ça remonte à des mois. Cascade de cheveux bruns qui dégringolent sur son torse, s'étouffer sur l'écho, lui cloué sous son corps à elle, pars pas, pars pas, pars pas, écoute comme on est bien. Une seconde perdue avant que ça reclaque. Est-ce que c'est encore un de ces moments ? Le rire meurt doucement dans sa gorge, laisse la pièce autour d'eux dans un silence artificiel. Bancal. Matei bouge légèrement dans ses bras, assommé de sommeil. C'est peut-être de la curiosité, ou juste un réflexe qu'anime son corps de poupée de chiffon. Parce que c'est la première fois qu'il a du l'entendre rire en deux mois. Et c'était même pas pour de vrai. « Si t'insistes pour mentir, Bloomberg, au moins fais attention à pas t'contredire. Ils t'apprennent pas ça au boulot ? » Ils t'apprennent à lire les expressions, déceler les mensonges, briser les apparences ? Elle espère qu'il est autant nul dans le domaine, sinon, c'est foutu. « J'ai vu Niamh » rajouté sans transition. Qu'il s'inquiète pas, elle peut faire dans le décousu aussi. Elle peut emmêler tous les fils ensemble et lui demander de se démerder avec. « Enfin, elle est venue m'voir. » Avec sa gueule de fille sympa qu'énerve, mais de fille sympa quand même. Forcément. Elle ramène encore plus les jambes sous elle, y a l'impression de couler qu'est forte. Besoin de taper pour retrouver la surface. « Tu seras gentil, j'men fous de savoir qui tu baises, mais j'ai pas envie de les voir défiler » J'peux pas promettre que c'est pas sur eux que je taperai un jour pour remonter.
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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyVen 20 Avr - 23:51

Vertigineux. À trop la regarder, il pourrait bien se casser la gueule, tomber d’une hauteur de quatre étages sans vraiment le contrôler, le comprendre, tête la première dans l’abysse de ses billes noires, la tête qui fait un aller-retour constant entre elle et le bébé. Son passé, son futur, conscient de tenir debout juste pour se faire appeler papa un jour, attaché au surnom qui susciterait fatalement une réaction épidermique, un lymphome de questions en chaine qui s’énumèreraient le moment voulu. Vertigineux. La bile qui se raccroche au bide, une lettre de différence, qui décide de ne pas se faire la malle toute suite alors qu’elle ne demande qu’à remonter, glisser l’acidité sur les papilles du flic. Instinct de loup, il crève d’envie de reprendre son fils dans ses bras, le serrer contre lui, lui murmurer des mots d’amour qu’il n’oserait dire à personne d’autre. Bizarrement il ne fait pas confiance à Elena, conscient qu’une faute d’attention suffirait à ce qu’elle passe le colis sous les yeux de la douane et ne le rende plus jamais. Les phalanges blanchissent contre le denim de son jean, l’envie furieuse de reprendre possession du poupon mais l’immaturité qui lui fait des faux bonds, rattrapée par une conscience trop scrupuleuse. C’est son fils avant d’être le tien. Un peu, peut-être, dire l’inverse reviendrait à supputer qu’il a fait davantage qu’avoir un orgasme entre ses cuisses, ce qui ne serait pas vraiment de bonne foi. De mauvaise foi, il prétendrait ne pas faire exprès de teinter les joues de la roumaine d’un rouge extravagant, prétendrait qu’il sait qu’elle ne ressent rien, que c’est une pincée de poudre qu’on aurait lancé aux yeux du spectateur non averti. La vérité est toute autre, cachée dans les limbes de leur soumission mutuelle. Ils se savent dépendants. Ils en jouent. Et prétendre qu’elle n’évoque aucun sentiment relégué au rang de souvenir serait sans doute plus simple pour s’épargner, pour ne pas laisser entrevoir le moindre bout des débris qu’elle a laissés éparpillés sur son passage. Prétendre n’a malheureusement jamais été l’une de ses spécialités, prestidigitateur, toujours à deux doigts de rater le numéro à cause d’un coup au cœur. Celui-là s’appelait Lena, maintenant il porte le nom de Matei. Foutus sentiments, palpitant atrophié, capable de péter des pointes de vitesse à force de battre à un rythme acharné.
Il ne sait pas pourquoi il dit qu’il n’est pas célibataire. Il sait juste qu’il le fait, aussi maladroitement que possible, les joues soudain trop blêmes et les yeux qui pointent vers le bas, reluquent du côté des godasses pour voir s’il peut arracher un bout de terre aux semelles par la simple force de la pensée. Tenter l’impossible, déplacer un Everest. Ne surtout pas donner l’impression à Elena Popescu qu’elle a une once d’emprise sur lui. Essai raté, gâchage sur toute la ligne, il s’épuise à remonter ce qu’il pensait être une truite pour n’attraper que du menu fretin. Il dit ça parce qu’il veut te faire souffrir, Popescu, autant que tu l’as fait souffert, le couteau devant, planté dans le palpitant. Autant que t’as cloué d’aiguilles dans son corps de poupée vaudou, jusqu’à entendre ses cris percer l’espace à des milliers de kilomètres. Ou alors, il dit ça pour clarifier, peut-être. Ne pas te laisser croire qu’il y a la moindre minuscule chance pour que vous repreniez là où vous vous êtes arrêtés. Histoire que tu saches que de l’eau a coulé sur les ponts depuis la dernière fois, qu’il ne t’a pas attendue en croisant les bras. Stupide, c’est tout ce qu’il a fait Asher, attendre, prier pour un signe, savoir au moins qu’elle existe quelque part, qu’elle est toujours vivante, qu’elle pense toujours à lui. Il n’aurait pas pu avoir plus raison, en témoigne le petit truc rose lové dans les bras de la roumaine. Tu m’dis ça parce que, il ne répond pas, hausse légèrement les épaules, parce qu’il a envie de lui faire mal autant que ce qu’elle a fait, elle, en toute connaissance de cause. Ou parce qu’il voudrait se dire qu’il a tenté de survivre tant bien que mal loin de ses griffes de panthère.

Mais se contredire, c’est tout ce qu’il sait faire, balancer des faits contraires et espérer qu’elle ne le remarque pas, qu’elle se laisse porter par la maigre conviction de ses mensonges. Tu vois pas qu’il fait terriblement bien semblant, Popescu ? Qu’il y croit presque ? Les couleuvres s’avalent comme du petit lait, il l’a oubliée. Oubliée au point de ne plus savoir qu’elle le connaît trop bien pour tout gober docilement, accepter les syllabes qu’il lui lance en essayant de taper dans le mille. Niamh. Évidemment, Niamh,  elle n’a pas pu s’en empêcher, incapable de rester étrangère à un mystère plus grand qu’elle. Si elle en avait parlé à Asher, il lui aurait fermement conseillé de ne pas se pointer ici, conscient que ça ne pourrait qu’aggraver les choses, perfuser des relents de jalousie en intraveineuse dans les bras d’Elena. Elle est venue me voir. « Ah », simple constatation, onomatopée qui rebondit froidement sur les murs blancs de la chambre. Et les mots qui sortent à la suite, le fou rire qui lui étrangle la gorge. Mort de rire. Tu seras gentil, il ne l’est pas, j'men fous de savoir qui tu baises, tu ne t’en fous pas, ça se voit, ça se sent, pourquoi t’es mauvaise menteuse, pourquoi tu penses qu’il pourrait te croire, mais j'ai pas envie de les voir défiler, il n’a dit à personne de venir, tu sais, ils le font d’eux-mêmes s’ils le veulent. Mort de rire, putain, il garde la tête baissée parce qu’il sait que s’il la relève, c’est terminé, y aura plus rien pour retenir vraiment les gloussements cyniques qui se pressent dans sa bouche, sortent en presque sanglots d’hilarité. Il rit, encore, les mains qui se tordent, « ok », ça continue, il crève d’envie de remuer le couteau, de lui demander tu veux pas voir Caïn alors, mais ce serait mettre le cartomancien en porte-à-faux et il ne voudrait jamais lui causer de tort, pas même face à Elena Popescu. Sa langue humecte ses lèvres alors qu’il cherche ses mots, le rire qui se calme au fond de la gorge et les quelques larmes poussées par le comique de la situation, qu’il essuie discrètement du bout du pouce. « Tu sais que je ne parlais pas de Niamh quand je disais que je n’étais pas célibataire, hein ? » Comme une évidence, alors qu’il sait pertinemment qu’il est impossible qu’elle soit au courant. Il se redresse, appuie son dos contre le dossier de la chaise. L’envie de fumer qui lui chatouille le bord des lèvres. Stress post-traumatique. « Je n’ai pas été amoureux d’une autre femme depuis toi. » Petit sourire, sincère au fond, il tend la main, caresse la joue de Matei du bout de l’index. Rien à dire de plus, elle comprendra ce qu’elle voudra. Pas d’autre femme, des hommes en revanche, il n’en mettrait pas sa main au feu. Trop peur de s’embraser. « Si tu veux, je te laisse avec lui une petite heure ou deux. » Instant de répit. Si tu veux, il va arrêter de t’écorcher, histoire que tout se finisse un peu mieux que d’habitude.
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyDim 22 Avr - 22:07

Elle veut lui arracher les cordes vocales.

Littéralement, sans métaphore, les deux mains plongées dans sa gorge et dans le gore, s'il faut qu'elle en arrive là. Bloomberg. Imprédictible dans ses paroles, maintenant, dans ses réactions. Ils jouent sur deux temps, mais pourquoi est-ce qu'Asher se ramasse celui d'avance et la laisse patauger dans les pauvres balbutiements qui hésitent sur ses lèvres ? Ravale les mots, y a jamais les bons qui remontent son œsophage. C'est parce qu'il s'est mis à rire, et qu'elle a rien trouvé pour l'arrêter. Stop. C'est le roi aux pays des sourds quand il s'agit de l'écouter, elle croit quoi. Tu trouves ça drôle ? De toute évidence, observe, c'est le moment hilarant de sa journée. Donc arracher les cordes vocales, il semblerait qu'il ne reste que cette solution. C'est drastique. C'est permanent. Sur le moment, là, tout de suite, elle n'y voit aucun inconvénient à part le fait que ça soit légèrement dégueulasse dans la pratique. On s'en fout, c'est pas elle qui nettoie derrière, y a des gens qui sont payés pour ça ici, non ? Puis elle est déjà en psychiatrie, même pas besoin de changer de service. La vie est belle, putain. « T'as fini, c'est bon ? » Y a le regard qui foudroie sur place et fait trembler ses mains plus fort que Parkinson. Elle est pas jalouse. T'entends ? Tu peux continuer de lancer tes couteaux, et de verser du sel sur nos plaies, et de rire comme si jamais plus tu ne pourrais reprendre ton sérieux parce qu'elle n'est pas jalouse. Combien de fois tu vas le répéter pour te convaincre. En revanche elle est furieuse, contre lui, contre elle-même. Ça pique sévère d'avoir cru une seconde qu'elle pouvait avoir une place importante dans la vie de quelqu'un. La naïveté ne crève jamais vraiment, y a toujours une lueur d'espoir dans le tunnel, pas au bout, plutôt tous les deux mètres. Leurre qui change constamment de visage pour être certain de ne pas louper le coche. Bravo, elle est encore tombée dans le panneau, est-ce qu'on peut arrêter maintenant ? S'il vous plait ?

Elle baisse les yeux vers Matei, hésitante. Non. Elle abandonne tout de suite s'il s'agit encore d'une ruse tordue. Les apparences font reluire le cuir de sa peau, mais la vérité ne cache pas les entailles qu'elle a collectionnées à chaque chute. Striures et autres coups manqués. Elle redresse le bambin pour le coller contre son palpitant, même son esprit tourmenté ne peut pas feindre les battements d'un cœur. Le vrai, le concret, le tangible. Ses yeux se ferment un instant, quitte à marcher dans le noir pour ne pas se faire avoir de nouveau, autant s'appliquer et bien le faire. Inspire. Étouffe toi. Le rire se meurt doucement à ses oreilles, elle soulève les paupières quand elle est sûre qu'il ne va pas récidiver. Ok. Ok ? Après ce qui lui a paru une éternité, c'est tout ce qu'il lui cède ? Tu te fous de ma gueule. C'est pas suffisant, Asher. Tu me dois plus que ça. « Tu sais que je ne parlais pas de Niamh quand je disais que je n’étais pas célibataire, hein ? » Il parlait de qui, de sa sœur ? D'une autre rousse, d'un autre prénom, d'un autre corps ? Elle bougonne. « Non, tu parlais de pas mal de gens, j'avais compris la première fois, merci. » Heureusement qu'elle n'est pas jalouse, on y croirait presque. Plutôt mourir que d'exprimer clairement ses émotions, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous, elle connaît ses classiques. Dis, t'es fier d'elle ? C'est dans ton jargon, après tout. Et elle connait ses classiques, elle connaît Asher et leur danse. Personne de sensé n'irait s'essouffler comme eux, se consumer comme eux. Les deux grands malades. Putain ce qu'elle l'aime – aimait. Il vaut mieux laisser les lapsus au placard, là où ça blesse juste les fantômes et le vide.

Et elle, accessoirement.

Sans à-coups elle repose Matei sur ses jambes, détaille son visage pour la millième fois. Ça calme davantage que le sang qu'elle imaginait sur ses paumes, mais pince le myocarde plus fort encore. Le conflit d'intérêt fait rage – la quiétude a de ces saveurs de plat et d'ennui qui n'arrivent pas à se convaincre eux-même qu'on devrait les goûter. Et puis elle est bornée. Terriblement. « Je n’ai pas été amoureux d’une autre femme depuis toi. » Soulagement. Attends une seconde. Ses yeux scrutent le visage du flic, enquêtent sur les double-sens. Elle est exténuée, n'y comprend plus un mot. L'intra-veineuse ne suffit peut-être pas, ou le brun est en train d'inverser le courant sans s'en rendre compte. Sans s'en rendre compte, c'est lui accorder l'espèce de noblesse d'esprit qu'elle pensait qu'il possédait déjà. Mais il est conscient. Elle saurait, y a rien d'hésitant ou de maladroit dans ses frappes. Flot inverse, on la vide, vide, vide. Reste un pantin à peine articulé et un bout de chiffon dans les bras. Va jouer à imiter ta mère, rien qu'une petite heure ou deux, c'est ce qu'il a dit. Si tu veux. Il voit pas qu'elle ne veut que ça ? Ça, et qu'on la laisse tranquille ? Putain. « Les médecins pensent que c'est bon si tu le ramènes souvent » Tu veux pas la croire elle, peut-être que tu croiras les figures en blouse blanche, leur diplômes encadrés dans le hall et leurs décennies de dettes universitaires. Le pire c'est qu'elle ne ment pas, il paraît que ça aide plutôt que de les séparer totalement. Leurs mots, pas les siens. L'égoïsme acquiesce à s'en dévisser le cartilage. Pour une fois qu'ils vont dans son sens, elle ne va pas s'en priver, qui sait quand ça se reproduira. Elle lève les yeux au ciel, au plafond blafard, du pareil au même. L'air de dehors lui manque. « J'suis pas la pire, » t'y crois, ça ? « y en a certaines qui finissent par les tuer. » Et y en a certaines qui manquent d'écourter leurs propres jours pour qu'ils continuent de vivre les leurs. Chacun son délire. « Toutes des cinglées… » qu'articule faiblement la fille internée. C'est l’hôpital qui se fout de… Ouais. Se fout de tout, et de comment la silhouette dans la chaise peut bien interpréter ses paroles. Elle met pas Matei en danger. Cherche dans ses prunelles, assume de penser un mensonge pareil. C'est un ordre. « Bouge de là. » Et prends en un second pendant que t'y es. Son menton hoche dans la direction du fauteuil, elle finira par le réduire en cendre un jour parce qu'on dirait le genre de meuble qu'on trouve au chevet des morts. Pas encore, désolé. « Sérieusement, ça m'énerve. Bouge. » Elle s'installe différemment sur le lit, dos plaqué contre l'oreiller, chamboule l'horizon pour lorgner le mur d'en face plutôt qu'Asher. Ça laisse largement de la place pour deux, s'il croise les jambes comme elle. Assume. Sa main tapote l'espace et les draps froissés. « Viens là avant que je change d'avis. »  
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyLun 23 Avr - 16:06

Comme avant, y a quelque chose qui bat sous leurs mots, même ceux qu’ils ne prononcent pas, un relent d’habitude qui s’immisce entre leurs regards. Avant que ça ne déconne, avant qu’ils ne se détestent, un jeu d’acteur à décrocher un oscar, le dédain en mimétisme pour s’approprier une haine fictive. Combien il pèse, le poids de la trahison, l’impression d’avoir un peu trop bien joué son rôle, de ne pas savoir comment rembobiner le film ? Lourd, super lourd. Quatre kilos et des poussières dans un kangourou. Comme avant, ça ne le sera plus jamais, parce qu’il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, parce que les erreurs se coltinent le sprint et terminent toujours en pôle position. Les erreurs et puis tout le reste, tout ce qui n’en est pas, Toad, Caïn, Niamh, les gens qui s’écrivent dans leurs vies réciproques. Ceux qui ont réussi à leur faire comprendre qu’ils n’étaient pas les deux seuls êtres humains sur leur petit bout de planète. Nostalgique, il baisse les yeux, ça lui arrive de repenser au temps où il n’y avait que Swann, Elena, Dalek et lui dans un appartement définitivement trop petit, les engueulades quand ils n’arrivaient pas à se décider sur qui ferait les courses ou le ménage, les soirées à jouer du piano en prétendant stupidement que la roumaine n’était pas sa principale source d’inspiration. Comme avant, ce serait stupide d’y penser ou de le vouloir, ce serait oublier le soir de leur rupture, les mots hurlés là où ils étaient auparavant susurrés, les insultes et les reproches balancés sans enrobage, tête la première. Ce serait faire comme s’il était possible de revenir à zéro, de faire table rase, blanchir la page, réécrire par-dessus les marques laissées par le crayon à papier qui avait servi à écrire leur histoire. Comme avant, ils ne peuvent pas, ils ne peuvent plus, pour la même raison qui fait qu’il leur est impossible de s’ignorer, même s’ils le voulaient. Matei, ça tient sur un minuscule bout de papier, ça se glisse entre leurs lèvres, la seule chose sur laquelle ils agréent. Matei, il est parfait, Asher parie qu’il a dû en causer des bourrasques quand il a pointé le bout de son nez. Matei, le même que son père, il n’y a que le format qui change, et l’amour qu’ils vouent à leur connaissance commune. Matei, un prénom, suffisant pour ne pas s’écharper, ne pas s’esquinter, enterrer la hache de guerre et espérer ne plus jamais avoir à la sortir.
C’est pour ça qu’il ne comprend pas quand elle parle de l’avis des médecins. D’une part parce qu’il s’en contrefout, et d’autre part parce qu’il a déjà consenti à lui laisser Matei une ou plusieurs heures durant la journée. Trop bon, trop con. Est-ce qu’elle l’aurait seulement avisé qu’il était père s’il n’était pas tombé sur elle au détour d’une rue ? Le droit de visite serait passé à la trappe, pour sûr. Pas besoin d’être un fin devin pour comprendre qu’Elena n’a jamais eu l’intention de lui refourguer le colis, égoïste qu’elle est, à toujours vouloir garder ses plus précieuses possessions pour elle. S’il y en a certaines qui deviennent folle, elle n’en est franchement pas loin, ce qu’il n’ose évidemment pas lui avouer. Elle tient encore son fils dans les mains, et même s’il n’est pas du genre incendiaire, il pourrait très bien lui servir d’arme sur le long terme. On ne vous a pas dit ? Les moyens de pression ça compte, en amour comme à la guerre. Les deux, si on en croit l’anciennement couple emblématique, aujourd’hui relégué à donneur de sperme et incubateur. « Toutes des cinglées », il répète, lui adresse un petit sourire. Toi la première, Popescu, reine des cinglées, à faire un gosse avec un suicidaire, à prendre le large au lieu d’assumer. Assume, putain. Assume le fait qu’il défasse les attaches du kangourou pour le poser à côté de lui sur la chaise, assume son silence suite aux trois derniers mots, le cerveau qui fait des plans pour savoir si s’enfuir maintenant est conseillé ou s’il vaudrait mieux attendre qu’elle se soit définitivement recouchée avec son poupon serré contre elle. Assume ses yeux qui te regardent sans comprendre mais en cherchant obstinément, comme ils l’ont toujours fait, une réponse à ses questions les plus obscures.

Ne lui dis pas de bouger. Ça pourrait être dangereux, il pourrait se barrer, ça ne serait pas la première fois que l’un de vous deux fait défaut à l’autre. Sérieusement, ça l’énerve, il attend quoi pour se barrer, pour prendre ses jambes à son cou, s’éloigner autant que possible de ce foutu hôpital ? Sérieusement, ça l’énerve Elena, et lui ça le décontenance, faut trouver quelque chose avant qu’il ne se liquéfie sur place. « Je », il balbutie, lève un sourcil, interroge son interlocutrice du regard, l’index qui pointe vers la porte comme s’il voulait son approbation avant de partir. Mais ce n’est pas ça. Ce n’est pas ça parce qu’elle tapote du plat de la main sur le matelas et qu’il ne comprend pas immédiatement. Ça ne leur ressemble pas, ça ne leur ressemble plus, une telle proximité pourrait bien les faire flamber, la bouteille d’alcool trop proche de l’allumette. Et quand il comprend enfin, il bouge, automatisme robotique, se meut jusqu’au lit sur lequel il s’assied, dégage ses chaussures du bout des pieds. S’allonge lentement, en faisant attention à ne pas trop secouer la maman. Elena. Merde, elle est belle. Il ne pensait pas que ça le frapperait un jour avec la même force qu’il y a trois ans, quand elle s’était échouée sur son canapé. Mais ouais, elle est belle. Lui non, il ne pense pas, la chaleur a aggloméré ses cheveux par mèches humides sur son front et sa nuque, et il a l’impression que ses cernes qui rognent la moitié du visage. Les narines qui se tendent juste le temps de faire un bref état des lieux de son odeur. A son grand soulagement, il ne sent pas mauvais, pas vraiment, un mélange de fer et de son parfum, discret à cette heure de la journée. Le constat établi, il n’hésite quasiment pas lorsqu’il passe le bras autour des épaules d’Elena, l’attire doucement contre lui. C’est rien. Il pourrait agir comme ça avec une amie, avec une connaissance, avec une inconnue. Elle est un peu des trois, faut croire, un mélange perturbant de toutes les potentialités qu’ils auraient pu vivre s’ils n’avaient pas fait n’importe quoi. Sa main libre glisse sur la joue du bébé, la caresse doucement, son cœur qui déraille alors qu’il liste les moindres détails de son visage, tout ce qui le rend marteau d’amour. « Il n’est pas la pire chose qu’on ait faite, tu sais. » Un murmure, le coin de l’œil qui épie Elena. Il n’est pas la pire chose au milieu de notre désastre.
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyLun 23 Avr - 20:04

Viens là, on arrête le monde le temps d'une seconde.

Mais il est libre de refuser, lui qui a désigné la porte dans la confusion. Je. Oui, toi. C'est son choix, elle continuera de baisser la tête vers Matei jusqu'à ce qu'il le fasse – pas sa décision, pas son problème. L'échappatoire, la mascarade. Camoufler la curiosité avec les moyens du bord, c'est pas un test, c'est tout d'un test. C'est pour savoir où il se tiennent, où ils vont, où ils pourraient finir. Dans le mur, elle voit la vie en parpaings. Apprivoiser les nouvelles frontières, dans son esprit, elle coche les items. Respirer le même air, fait. Échanger sans se sauter à la gorge, fait. Plus ou moins. Moins ou moins. Moins ou rien. Elle triche parce que le résultat est pas glorieux, l'échec la rend morose. Mauvaise perdante. Finalement, le matelas se creuse sans un bruit – où il se tiennent, où ils vont, où ils pourraient finir, dans le mur mais main dans la main. Le silence est d'or et éblouit tout autour, elle reste muette pendant qu'il s'installe. Il est encore temps de partir, de changer d'avis, de passer l'encadrement. Mais Asher reste, mène ses propres expérimentations sur la ligne qui les sépare. Ne les sépare plus. Il vient de passer un bras autour de ses épaules, et elle ne fait rien pour empêcher le geste. Vivre du même côté, fait. Pour l'instant, c'est une croix à demie dessinée et l'hésitation qui lui fait lâcher le crayon. Parce qu'y a un autre portrait qui la déconcerte, toile sans nom. Lui, elle, Matei. Ça agrippe fort son cœur et le sort à l'air libre.

« Il n’est pas la pire chose qu’on ait faite, tu sais. » Et Dieu sait qu'on a rendu honneur au pire. Ode à la catastrophe. Dans toutes ses formes, tous ses extrêmes, tous nos efforts perdus à nous arracher en mineur. C'est pas drôle, mais elle rit. Hoche les épaules qui supportent le poids de son bras. Le meilleur du pire, il fallait oser, il fallait être eux. C'est triste, mais elle rit. Parce que quand elle regarde ce qui dort paisiblement entre ses bras, elle veut juste lever les deux majeurs au ciel. T'as cru que tu pouvais nous avoir ? Nous forcer dans la vie l'un de l'autre pour nous regarder nous enflammer ? Vise un peu les dégâts, elle veut parier que c'était pas écrit dans le grand schéma des choses. Qui est-ce qui rigole maintenant ? Elle, mais c'est nerveux. C'est névrosé. « Il faut dire qu'on a pas mis la barre très haute non plus » qu'elle ajoute, l'ironie traîne dans chaque syllabe. Ses doigts s'amusent à retracer les traits du visage de son fils, leurs fils, la boite noire au milieu du crash. Elle sait pas quand ils vont la laisser sortir, elle sait pas ce qu'ils entendent par le ramener souvent. Y a peut-être des choses à dire, des détails à livrer maintenant qu'on l'a lâchement court-cicuitée. « Il aime ta musique. » Aléatoire, mais pertinent. C'est le premier truc auquel elle a pensé, elle a conscience que ça sort un peu de nul part quand même. Alors elle lève le visage vers le sien, ignore le raté qui suit le cortège. Les médicaments l'éteignent assez comme ça, elle a peur de fermer les yeux. « J'te promets. C'était un enfer à trouver quand j'étais... Enfin, voilà. Tu sais. » Quand j'étais dans une autre ville, un autre état, à chasser les ascenseurs de riches qui grimpent sur des centaines d'étages. Elle continue. « Ça l'assomme dans la minute, si jamais tu es à court d'idées. » Il en fait ce qu'il veut, elle a fait sa part du boulot.

Y a autre chose qui trotte dans sa tête.

Regarder à droite, regarder à gauche, s'assurer que personne ne l'attende au tournant. Elle est loin d'être le centre de gravité de l'univers, mais la pression a fini par se métamorphoser en rouille dans ses articulations. Ça grince, à chaque fois qu'elle tente de se montrer douce. Ça s'étire impossiblement puis claque. Recousue, rafistolée sur du frais. Plus elle essaie et plus c'est fragile. Elle est loin d'être le centre de gravité de n'importe quel univers, mais elle n'arrive pas à effacer ce sentiment d'être pointée du doigt par des millions. Ridiculisée en place publique. Au bûcher, son palpitant de pacotille, et qu'on aille danser autour des restes fumants. Y a une solution. Se cacher parmi la foule, revêtir leur peau et mâcher leurs mots. Regarder en l'air, se demander dans quel camp le corps à ses côtés peut bien se trouver. Il est un peu des deux, à son grand malheur, gris délavé là où le reste du monde tranche noir et blanc. Alors elle mise sur le hasard, elle mise sur la chance. S'il bascule dans d'autres couleurs, y aura que le sort à blâmer. La conjecture des étoiles à refaire. Le corps à éloigner, parce qu'elle gravite subitement dans son orbite, entre en collision dans son air, enfouit la tête dans son torse. Fermer les yeux, sceller le silence, se faire violence pour dissiper les cris de la cohue. Elle inspire comme si l'oxygène viendrait à manquer bientôt, condamnée à se faire dégager de sa trajectoire. Elle force son profil contre le tee-shirt, estampille sa marque entre deux côtes, tend l'oreille pour capter le myocarde. Tant que tu me feras ça. Les jambes se délient pour se mêler à celles du brun. Tant que tu me feras ça, elle refuse qu'il s'arrête un jour, tu l'entends ? Elle ira te chercher au royaume des morts elle-même s'il le faut, et si par malheur elle se laisse tenter et se retourne en chemin, sois certain qu'elle abattra le diable entre les deux yeux parce que personne, sur sa vie, personne n'a le droit de t'entraîner au fond des abîmes tant qu'elle n'y est pas. De sa main libre elle repousse le matelas, échange le profil pour le front. T'as pas le droit de la laisser toute seule dans le monochrome. Ils vont finir de broyer ses os et de la rendre dingue. T'as pas le droit – mais si elle savait, seulement. Si elle savait que la main qui se raccroche faiblement à la naissance de son cou est meurtrière, et retrace inconsciemment le nœud coulant qu'elle a tressé à distance. L'ignorance est une bénédiction. Quelque part, quelque temps, y a bien l'oxygène qui s'échappe, mais pas le sien. Les lèvres presque collées contre le tissu, elle souffle. « Dis quelque chose et j'te colle un procès. J'prendrais pas le risque si j'étais toi. »  
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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptySam 28 Avr - 22:48

Soupir entre deux mesures. Il espère qu’elle n’a pas entendu le battement de son cœur faire des loupés, jouer à celui qui se gaufrera le plus, en lice avec le cerveau. Il a déjà laissé tomber toutes les barrières lui, faut croire, au point de se penser immunisé à la douleur que provoquera forcément Elena un jour ou l’autre. Demain, dans trois semaines. Une habitude qu’il a perdue depuis le temps qu’elle est partie, et qu’il ne souhaite pas forcément retrouver tout de suite. Pourtant il cherche, c’est lui le coup du bras par-dessus l’épaule, des mots doux susurrés. Lui qui s’escrime à franchir la distance de sécurité qu’elle a placée entre eux. Masochiste aux accents sadiques, à vouloir aller en première ligne en se foutant bien de prendre une balle. Elle le déteste. Elle le déteste et elle voudrait qu’il crève. Elle se marrerait sûrement s’il lui parlait de ses prouesses d’avant l’été, de la corde et du tabouret sur lequel il avait mal joué à l’équilibriste. Elle partirait dans un énorme éclat de rire, lui jetterait ses envolées joyeuses au crâne. Elle serait déçue, sûrement, déçue de voir qu’il s’est planté et déçue de constater qu’il n’a pas encore remis le couvert, piètre compétiteur à sa propre misère. Déçue. Elle le déteste. Ça se peut, vraiment, s’il la sent trembler contre lui, rire comme s’ils n’étaient pas partis fâchés, comme s’ils n’avaient pas claqué la porte ni jeté les clefs ? Elle le déteste. Peut-être pas. Il préfère ne pas envisager l’éventualité. C’est plus facile qu’elle le déteste. C’est mieux. C’aurait été plus facile qu’elle le fasse un an avant, de préférence, avant d’avoir à ramasser les bouts de verre cassé. Mettre la barre haut, ils auraient dû. Se dire qu’on ne commence pas à baiser si on n’est pas clair sur la destination, si la flèche du compas tourne toujours, trace des ronds dans l’air. Mettre la barre haut, ils auraient pu, pour peu qu’ils aient vu plus loin que le bout de leurs nez respectifs, à ne pas vouloir comprendre qu’ils s’aiment, à trop aimer se détester pour essayer de lâcher l’affaire, d’accepter qu’ils ne sont pas aussi diamétralement opposés que ce qu’ils prétendre. « Il est largement au-dessus de la barre. » Largement au-dessus de tous les mieux dont ils auraient possiblement pu rêver. Un murmure, une vérité, qu’elle prenne ce qui lui chante.
Y a des mots jetés dans l’air, il se demande un instant si elle plaisante encore, si elle n’a pas totalement tué le rire qui avait ravi sa voix. Il aime ta musique. Laquelle ? Il ne pense pas lui avoir donné des enregistrements avant son départ, suppose donc qu’elle parle de musique classique en général, de Chopin et Beethoven en particulier, vu qu’il se nourrit essentiellement d’eux. Petit battement en l’air, le cœur peut continuer de battre, c’est pas aujourd’hui qu’elle l’achèvera. C’est pour ça. Pour ça que quand il joue, Matei s’assomme, pour ça qu’y a quelque chose qui semble l’apaiser quand les notes s’échappent sous ses doigts. Il fera comme s’il n’avait pas remarqué, comme s’il n’était pas flatté, comme si ça ne lui faisait rien de savoir qu’Elena a continué à jouer ses musiques malgré son absence. « J’arrive à l’endormir de toute façon », il murmure simplement, pas de flagornerie, juste la vérité. Il y arrive parce que précisément il a ça dans le sang, dans les veines, la musique et la paternité, les deux qui s’emmêlent. Il est persuadé qu’Elena ne l’avait pas vu venir, celle-là, la blague du siècle, le père modèle qui se révèle derrière l’adulte désabusé.

Lui non plus ne l’a pas vu venir. Faut croire qu’il a une carapace en acier pour s’être autant déshabitué des contacts humains, introverti dans le sang, à avoir passé trop de temps dans les bras d’un pasteur pour se souvenir de la sensation d’une peau familière contre la sienne. Il y a eu des inconnus, évidemment, des moins inconnus, Niamh, il y a eu des étreintes passionnées et de simples échanges de fluide, en tout bien tout honneur. Il y a eu de la distance et de la proximité, des fragments de sentiments pour dissiper la douleur, essayer d’enrayer la solitude, la prendre à son propre piège. Il y a eu les plus importants, il y a toujours Merle, toujours le lit partagé, toujours la confusion des sens, les joues trop rouges et les paumes trop moites. Il y en a eu des dizaines, vraiment, autant de chassé-croisé dans les regards et d’ambitions cuisantes, autant de déceptions toujours plus appuyées, le doigt dans la chair putréfiée pour accentuer les tressaillements dans les nerfs. Il y en a eu beaucoup mais cette fois, c’est différent. Cette fois c’est Elena qui se colle à lui pose sa tête contre son torse, et c’est toute son âme qui chavire et bascule dans la spirale des souvenirs, à ne plus savoir où donner de la tête pour comprendre ce qu’il se passe. Ils étaient beaux, oui. Beaux dans leurs différences et leurs contradictions, beaux dans tout ce qui pouvait les rassembler, les ressembler, permettre de jouer au jeu des sept différences sans jamais être sûr de tout trouver. Ça fait mal, il aimerait lui dire. Ça fait mal d’être aussi près d’elle et aussi loin de toutes les vérités qui semblaient acquises jusqu’alors. Elle parle, il s’en fout. Si elle demande, il prétendra qu’il n’a rien entendu par-dessus les bruits de son palpitant qui s’affole. Tant que tu me feras ça, sorcière, t’aurais pas pu attendre qu’il sorte pour tendre l’oreille. T’aurais pas pu faire semblant de ne plus rien lui faire. Tu peux le faire, maintenant. Tu peux prétendre qu’il n’a pas déplacé sa main de ton épaule à ta joue qu’il caresse doucement du bout de l’index, s’arrête contre ton cou pour toucher plus ou moins discrètement la carotide et prier pour ne pas être le seul qui s’enflamme sous tes doigts. « Lena », une supplique, il aimerait qu’elle recule parce que ça brûle, parce que ça cogne, parce que ça réveille beaucoup trop de choses supposées dormir bien profondément. Il déglutit. La boule s’est trop heurtée à ses cordes vocales, faut croire que ça lui a ôté tous ses mots. Tous leurs maux. « J’ai envie de t’embrasser », ça se bouscule, faut pas, il s’en veut presque immédiatement. Son souffle est en suspens, il attend la sentence, qu’elle fasse glisser sa hache le long de sa gorge.
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyDim 29 Avr - 21:24

Anthracite au fond des artères.

C'est à force de jouer avec le feu, elle plane sur les effluves de leur combustion spontanée. Les empreintes tatouées au charbon, la tête légère, le palpitant à deux doigts de rendre l'âme. Elle ne connaît plus la distance, et le concept a enfin compris que ça prenait mal sur eux. Pire sur Asher encore. Après le bras passé sur ses épaules, il joue l'amnésique des mauvais jours. J’ai envie de t’embrasser. Et jette de l'essence sur le brasier, regarde comme nos cendres s'envolent et comme la flamme tressaille. Comme elle tressaille, lève le menton, sent la ride qui prend naissance au-dessus d'un regard troublé. Il parle là où elle préfère se taire. Toujours. J'ai envie que tu m'expliques pourquoi, ça exige en silence. Étale la ruse sur ce lit et aide moi à comprendre où tu veux en venir. Parce qu'elle sent le piège se refermer sur eux, doucement, inévitable, à coups de respirations avortées et de regards incessants vers la bouche qui vient de proclamer son arrêt de mort. Non, qui vient de lui refourguer le détonateur entre ses doigts assurés. Reine des déflagrations. Les explosifs et les câbles s'enroulent paresseusement, ronces lovées autour de sa gorge, descendent au point de contact entre leurs chevilles, un détour par Matei et le minuscule myocarde qui fait à peine enfler sa poitrine. Dommage collatéral, de son début jusqu'à la fin qu'elle espère ne jamais voir. J'ai envie de t'embrasser – on a pas assez souffert comme ça, tu crois ? Jamais. Y a l'évidence qui rôde sans un bruit. Jamais on ne se contentera d'une seule crise cardiaque, y a qu'en les enchainant qu'on se sent vivre. Encore et encore et encore. Ses doigts, elle les appuie un peu plus contre la nuque du brun, mimétisme inconscient. Elle veut sentir le mécanisme s'affoler contre sa peau, elle se demande s'il en fait exprès. Si le tapage dans ses veines est réfléchi, d'une façon ou d'une autre, il est intelligent, puis il en serait capable. De son côté, elle sait qu'elle ne fait pas semblant – les mots sont faux, mais elle n'a pas l'énergie de masquer la sincérité de ses gestes.

Un moment en suspens. Elle ne ment pas, quand la joue se retrouve collée à la sienne. Elle ne ment pas, quand les vieilles habitudes se raccrochent à elle comme elle se raccroche à lui, noyée des courants contraires, et qu'elle murmure contre ses lèvres « t'as d'autres idées brillantes comme ça ? » Les traces insignifiantes de poison s'attardent. Dis. Prodige de ses accords maladroits, t'as d'autres combines pour retranscrire la ligne continue de son pouls sur tes pages ? Le métronome vient de lâcher, elle croit. Plus rien, plus qu'eux. Plus que leur vacarme respectif et la course à l'organe qui battra le plus fort. Claquera le plus vite. Y a son pouce qui emporte la lippe du flic dans la chute, proximité insoutenable et tant puis si elle soupire, c'est juste qu'elle se tient au bord du gouffre et que l'appel du vide porte son visage préféré et hurle un seul prénom. Lena, Lena, Lena. Attraction viscérale mais l'impact ne vient jamais, parce qu'elle a le sentiment parasite qu'on les observe et qu'elle se trompe rarement dans ses impressions. Maintenant, vraiment ? Quand elle soulève les paupières, c'est pour découvrir une infirmière plantée devant la porte. La même infirmière qu'Asher a déjà envoyé balader une fois. La même porte qu'elle pensait fermée depuis le temps. Elle voit écarlate. « QUOI » Il est quelle heure, depuis combien de minutes est-ce qu'ils ont quitté cette réalité pour se réfugier dans une qui fait moins mal ? Combien, qu'on ne lui dise pas que le temps de visite est écoulé. Pitié. Elle se redresse trop vite, la frustration lui a découpé des ailes en papier, l'intra-veineuse se prend à elle ne sait trop quoi et la chambre se met à tourner. Elle gémit. « Putain, putain, putain » Ça lance, elle baisse les yeux vers sa main. Au moins c'est encore planté dans la chair, inutile de ramener toute la clique, non. Non ? Elle en est plus certaine, la fille a disparu, putain. Pas maintenant. Matei n'a pas glissé de là où il est calé, au creux de son coude, qu'ils notent ça dans leurs calepins. Une vérité perdue dans le tissu de mensonges. A vif, elle continue de jurer, évente sa pauvre main, empêche les quelques larmes de dégringoler de ses yeux. Ils ont tué le moment, ils vont se faire une joie d'euthaniser le prochain sans même lui demander son avis. C'est eux qu'on devrait interner, tous autant meurtriers les uns que les autres. Elle tourne la tête. « Asher ? »

Le timing est différent, la tension ne vaut rien. A ras du sol. Et si ce n'était qu'un stratagème pour la blesser, elle n'en a plus rien à faire. La douleur n'est pas une étrangère à l'instant. C'est qu'un baiser, ça vaut quoi, s'il en a envie qu'il le fasse. Si elle en a envie, qu'elle se décide avant que l'infirmière ne revienne parce qu'elle reviendra. Dans la minute ou dans l'heure. C'est qu'un baiser, dans la pratique, ça n'implique même pas la valse à trois ratés de son cœur. Alors elle refait glisser la main qui pulse le long de son cou, un semblant de retour à leur moment manqué, ça fait moins peur la seconde fois. Elle le fixe droit dans les yeux, même. Si c'était ton plan, excuse-la, elle se sert et le retourne contre toi. Excuse-la, elle ne prévient pas lorsqu'elle t'embrasse enfin. Rapidement. T'as vu, c'est rien. T'as vu, elle finit à peine d'effleurer ta bouche une première fois qu'elle est déjà revenue une seconde. Quoi. C'est rien, c'est rien, c'est tout. Lèvres sur lèvres, cœur sur cœur, cartes sur table. Et elle s'accroche un peu trop fort, s'attarde un peu trop longtemps. Il était là le piège, alors. Elle se détache brusquement, plaque la paume sur son torse. Sourire calculé, sourire faux. « Là. Ça va mieux ? » Non, ça va pire.  
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyLun 30 Avr - 23:43

Tournent. Les têtes, les chaises, les tables, tournent les rôles, tournent les cartes, plus grand-chose à cacher, une main totalement dévoilée dans toutes les ambitions qu’il formule explicitement. Il veut l’embrasser. C’est bête, dit tout haut, formulé comme un souhait ancré au plus profond de sa chair, la ligne de basse de son cœur qui joue sans relâche dans sa poitrine. C’est stupide, prononcé en syllabes sonores qui dégringolent de sa bouche, s’écrasent sur le front d’Elena, c’est présomptueux de penser qu’elle pourrait accorder une issue favorable à sa demande. Il a envie de l’embrasser et ça l’embrase comme un incendie de forêt, il a envie de l’embrasser et pas seulement, caler Matei dans le porte-bébé et baiser sur ce foutu lit d’hôpital. Il a envie qu’elle crie son prénom dans son oreille et qu’elle marque sa peau de ses ongles, le lacère comme il a lui-même déchiqueté sa vie, toutes dents devant comme un chien sauvage complètement affamé. D’autres idées brillantes, il n’en a pas, la plupart sont plutôt pitoyables, une série de plans fatalement voués à l’échec dont l’incongruité réveillerait l’ouïe d’un sourd. Faut qu’il fasse avec ce qu’il trouve sur le moment, avec l’envie qui lui noue l’estomac et la chaleur d’un autre corps trop proche du sien. Toad lui manque, ça s’imbrique sous ses ambitions peu chrétiennes, Toad lui manque et ça marche sa peau au fer rouge, chaque parcelle estampillée du sceau du pasteur. Elle verra, elle saura. Pas aujourd’hui, ni demain, ni dans deux semaines mais un jour, quand elle les verra se regarder un peu trop, quand elle comprendra qu’il y a eu un passé, un présent, une pléthore d’avenirs, quand elle sentira entre leurs banalités échangées une marée de mensonges vertueux. Tête la première vers un abysse de sentiments. Elle hurle, il n’entend pas, monopolisé par des pensées chimériques, les yeux qui se lèvent vers l’infirmière qui a tôt fait de prendre ses jambes à son cou. On zieute en bas, Matei dort encore du sommeil du juste, sûrement habitué à avoir une mère qui lance les mots comme des couteaux. Elena. Il peut sentir sa tempe qui tourne, sa joue qui vient frotter la sienne et son haleine contre ses lèvres, signal d’alerte et voyants au rouge. Pire idée que ça, tu veux ?  Faire un gosse, partir. Ne plus s’aimer, s’aimer toujours, un jeu sans fin sans vainqueur à désigner, tous les deux des perdants. Ils y ont laissé de l’amour-propre, y a fort à parier qu’ils y foutent des plumes la prochaine fois, suffisamment pour en garnir cent oreillers. La course des déplumés. À qui se filera des coups de bec en premier.

Son prénom.

Une seconde à peine.

Elle l’avait oublié, non ? Elle avait oublié comment le prononcer, le murmurer, le hurler, toujours la première pour lui donner ses accents les plus doux mais aussi les plus sauvages. Il n’a jamais autant aimé s’appeler Asher que dans sa bouche. Qui se trouve maintenant sur la sienne. Soupir en contretemps, il aurait pris sa respiration s’il avait su, s’il avait compris. S’il avait réagi à la nouvelle itération, ça va mieux, ça va pas mieux, ça va mille fois pire, ça va au soleil, dans les enfers, là où il fait un chaud polaire. Elle est trop loin, elle est trop près, il n’y a plus rien qui calcule le mouvement de leurs corps dans l’espace alors qu’il la bouscule, à son tour, attrape son visage entre ses doigts et cueille sa bouche, aspire, mord, avale, la langue avide de la sienne et le moindre muscle tendu par les frissons qui agitent ses membres. Bouffe-le, Elena, il n’attend que ça, les sens en éveil comme un putain de loup aux abois, t’entends pas la fêlure de son cœur qui se craquèle, assène ses frottements lugubres à tes oreilles. Heureusement qu’elles sont anesthésiées au bruit que fait son cœur quand il se brise. Heureusement qu’elles en ont trop entendu, pas assez, heureusement qu’elles n’en ont plus rien à foutre. Lui a laissé tomber l’idée d’être cohérent, d’être fort, puissant, de ne pas se laisser dominer par tous ses instincts qui lui hurlent de lâcher la chair, de ne pas la bouffer, jouer au cannibale avec son palpitant. Y a une main qui cueille le visage et l’autre la peau, près de son ventre, près de son sein, la bouche toujours aussi férocement avide et les doigts qui s’impriment entre les côtes. Avant de s’arrêter comme il a commencé. Pas capable de finir une seule phrase, cancre. Les yeux qui reviennent dessiner le tracé trop fin de son visage émacié, elle mériterait de regagner quelques kilos, juste une excuse pour ne pas avouer tout haut qu’elle est belle à en crever. « J’te le laisse jusqu’à la fin de l’après-midi », il souffle, comme si ça justifiait tout, comme si ça piquait le drapeau blanc au milieu du champ de bataille de la guerre de sécession qui se joue dans son bas-ventre. Il se détache d’elle, se relève, ne lui accorde pas un seul regard avant de sortir de la pièce. Putain de lâche.
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyLun 7 Mai - 9:59

Mauvais choix, mauvais choix, mauvais choix. Les voix tambourinent contre son crâne, martèlent le même refrain à chaque revers. Choix stupide, choix monstre, tu trembles plus fort que la planète dans ses mauvais jours. Chaos en échos. Y a des flashs de clarté qui l'éblouissent un à un au beau milieu de la confusion, sans logique, sans s'être concertés avant d'exploser à ses rétines. Des flopées de mots qui se crient eux-mêmes, usés de vivre dans l'ignorance, fatigués de ne pas se faire lire – alors ils se feront entendre. Concert à ses tympans.

Elle avait oublié ce que ça faisait de l'embrasser.

C'est désolant, elle l'admet, mais qu'il essaie de comprendre. Elle a oublié ce que ça faisait de l'embrasser, parce qu'elle a essayé d'oublier ce qu'il lui faisait, mais que la mécanique a claqué en chemin. Sans surprise. Elle abandonne facilement, mais ça, il le sait bien. Il le sait mieux. Comment jouer de ses mains pour lui tirer les accords, sur quel nerf marcher pour que la furie surgisse de sous ses ongles, combien de secondes elle peut tenir contre ses lèvres sans remonter à la surface.

Elle avait oublié que l'embrasser c'était comme se noyer dans l'océan.

Et elle espère avoir neuf vies aussi, parce qu'elle compte commettre l'irréparable autant de fois qu'on la laissera – si sombrer signifie qu'elle le retrouve au fond à chaque fin. La lumière au bout du tunnel a le goût de la sueur et de la mélancolie et de ses lèvres sur les siennes et de sa main près de sa poitrine et de son cœur près de nul part. Égaré entre les draps. Perdu sous les souffles mélangés et l'annonce qu'elle ne comprend qu'à demi. Le départ qui laisse la chambre plus vide encore. Est-ce que c'était aussi vide, quand j'suis partie. Quand elle t'a laissé, quand t'as pas eu l'espoir pendu à la gorge en la regardant passer la porte comme elle te regarde, parce qu'y a pas eu de porte, ni d'au-revoir, ni de à la fin de l'après-midi. C'était comment, t'as senti le froid sur ta peau, posé tes empreinte sur ta bouche, essayé de démêler le vrai du faux et fini par comprendre que jamais tu ne séparerai le début de la fin ? Parce que ça commence comme ça se termine, un instant volé, une erreur du destin, une faille dans le temps. Deux humains trop tristes et le besoin de se sentir vivant. Et une serrure à changer. C'est pas la première porte qu'elle envoie valser, celle de la chambre rejoint les rangs lorsqu'elle arrive à abandonner la torpeur en vrac à côté des affaires qu'Asher a ramenées. Est-ce que t'as voulu me suivre, quand j'suis partie. L'incendier et pleurer qu'elle lui fasse plus jamais ce coup bas. T'as voulu, espéré, lancé un regard glacial aux quelques âmes égarées dans le service qui n'ont jamais connu de brune frêle tenant un nouveau-né ? « Hey » Elle voit que le dos du flic, les pas qu'il presse, la fuite qu'il prend. Le portant que son bras traîne derrière elle grince tellement fort, elle sait qu'il s'efforce de tracer sans regarder en arrière. Lâche. Retourne-toi. Elle craint pas de devoir hausser la voix avant qu'il n'atteigne la fin du couloir. « HEY » C'est plus possible de l'ignorer, elle se tient à sa hauteur, raccordée à la perfusion et au bras qui accroche le coude du brun. « Qu'est-ce que tu fous. » Ce que je t'ai pas laissé faire. Te rattraper avant que je te perde. Elle sonde son visage du regard, balaye les lignes qu'elle peut presque réciter – il a le cœur écrit en travers de la face, elle avait déjà remarqué avant. C'est déstabilisant quand on oublie. « Arrête. » Tout ce qui se trame dans tes yeux. Tous les rouages qu'il use à faire tourner, et retourner, et imbriquer différemment pour inverser les étiquettes et lui coller coupable au milieu du front. Elle force les mots hors de sa gorge. « Qu'importe ce que t'es en train d'te raconter dans ta foutue tête. Arrête. » Ecoute pas ta tête, Asher, elle va te retourner contre moi. Y a qu'elle qui a le droit de faire ça. « J'ai pas commencé, j'ai pas commencé ça », elle libère son bras pour désigner l'espace entre les corps. Ça, eux, ce qui vient de se passer. C'est autant lui qu'elle, faut pas qu'il s'imagine autre chose. Elle s'écarte. « D'accord ? Alors tu fais c'que tu veux, Asher, mais tu fais pas celui qui m'en veut. » Et elle fera pas celle qui lui en veut non plus. Officiellement. Plus tard, elle promet rien. Elle maudit déjà le bras autour de ses épaules, les phrases faciles, la gueule qu'a pas changé. Elle maudit la demie-seconde traîtresse, les fleurs bleues qui poussent sous l'épiderme, mais elle laisse rien paraître en reculant. Elle fait de son mieux. « Jusqu'à la fin de l'après-midi, c'est bon, c'est pas comme si j'allais m'casser. » Est-ce que t'as imaginé le pire, quand j'ai disparu. Sans comprendre que le pire c'est maintenant, et tous les jours qui vont suivre. « Fais pas la gueule, j'peux pas. » Tu devrais jubiler. Ou imiter le sourire froid qu'elle adresse avant de faire demi-tour et rejoindre sa chambre.


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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyJeu 10 Mai - 15:27

Spirale sans fin. Ça sinue lentement vers les abysses parce qu’il est le spécialiste des explorations risquées, parce qu’il finit toujours par toucher le fond mais ne remonte jamais. Il se demande combien il y en aura, des comme Elena, comme Toad, des qu’il bousillera et vice versa, des pennies jetés en l’air et qui se retournent du côté sur lequel il n’a pas misé. Manque de chance, excès de confiance. Y a des relents douloureux qui empestent la pièce, des souvenirs d’eux, un soir sur le canapé et plein d’autres dans un lit, la nuit où elle s’était barrée et toutes les nuits suivantes à maudire un dieu auquel il ne croit même pas. Y a Elena à côté de lui sur des draps bien différents avec un mélange d’eux dans ses bras, trop de choses, des bouts d’avenir qui auraient pu être le leur mais qui s’est disloqué avec le temps, avec le manque, avec l’oubli, et Asher se demande si ce sera pareil avec les autres, avec tous ceux qui passent dans sa vie, si on finit vraiment par ne plus se rappeler des choses qui font trop mal, blocage instinctif pour épargner le cerveau, lui permettre de survivre plus longtemps. Il faut qu’il sorte, il faut qu’il respire, il faut qu’il arrête de la voir, de se revoir, de les imaginer, il faut qu’on l’empêche de couler à nouveau. Les interjections lui parviennent comme si elles étaient sous-marines, étouffées par l’eau salée, ils boivent la tasse sans même s’en rendre compte. La main qui lui attrape le coude est tellement étrangère désormais qu’il retient un mouvement de recul, se retourne pour essayer de comprendre ce qu’il se passe. Pourquoi elle est là. Pourquoi elle le retient. Il s’enfuit, tu le vois pas, t’as vraiment besoin de poser la question ? Il s’enfuit parce que c’est votre langage, c’est ce que vous pratiquez mieux, la technique du foutu chat qui se planque pour crever, essaie de partir le plus loin possible pour que personne ne puisse le voir lécher ses plaies. Ce n’est pas surprenant, pas inattendu, c’est votre routine alors pourquoi t’es surprise, Elena ? Peut-être pour ça, ouais. Parce qu’il n’arrête pas. Parce que ça turbine un peu trop dans sa tête, pour quelqu’un qui aurait simplement décidé de mettre les voiles. « Que j’arrête quoi ? » Stalactite qui perce ses lèvres. Elle répond du tac au tac. À croire que leur vie se résume à ça, un ping-pong perpétuel, à toujours vouloir se renvoyer la balle un peu plus loin, prier pour que l’autre n’arrive pas à la rattraper au rebond. De loin pourtant, ça ressemble presque à des excuses, à un bout d’elle qui se raccroche à lui, le somme de ne pas claquer la porte comme elle a pu le faire avant. Ce n’est pas ça, Elena. Ce n’est même pas ça. C’est l’impression dévastatrice de faire une connerie, la certitude qu’ils finiront par se vautrer encore s’ils s’aventurent sur ce terrain glissant. Elle n’a pas commencé, non. Ils ont commencé, tous les deux comme des grands, en même temps, synchros jusque dans la destruction. « Quoi ? De quoi tu parles ? » C’est un balbutiement pas du tout assuré, les lèvres qui bafouillent sur des mots qui devraient sortir avec davantage d’aplomb. Du plomb. Y en a dans son aile, à coup sûr, c’est ce qui l’empêche de voler droit. De voler tout court. Elle s’est déjà éloignée lorsque son assurance décide de pointer son museau, lorsqu’il fait demi-tour pour la rattraper à la porte de la chambre, attrape son poignet et l’attire à l’intérieur de la pièce. Il s’exprime presque en murmures, sa colère a des reflets chauds, surtout quand elle est dirigée vers elle.  « J’ai pas envie de ça, Elena. » Elena ça pince, dit dans sa bouche, le surnom qu’il n’ose plus vraiment formuler comme s’il avait peur des effets que ça pourrait générer. Y a ses yeux qui dévient sur Matei, maintenant bien alerte, regard écarquillé, à se demander ce que ses parents auront encore trouvé pour s’égratigner. « J’ai pas envie qu’on se fasse la gueule et qu’on s’hurle dessus, et j’ai pas non plus envie qu’on recommence quelque chose ensemble. » Sa voix trébuche, flambe, il y a un peu de tremblements sous la couche d’âpreté. Un peu d’amertume sous l’apparente confiance. Il lève de nouveau la tête, l’observe. Ose dire que ce n’est pas toi qui as commencé, Popescu, ose dire qu’il est comme ça pour une toute autre raison que parce que tu lui aurais brisé le cœur. Ça sonne faux, dit comme ça. Ose donc. « C’était une erreur de ma part, pardon. Juste. Oublie. » Oublie qu’on s’est embrassé, oublie que nos cœurs ont tremblé, oublie qu’il y avait du vrai. Que du bluff. Il rattrape la poignée de la porte, se penche pour embrasser le front de son fils. « Je reviens tout à l’heure. » Un petit sourire pour faire passer la pilule avant de partir. Tout à l’heure. Une éternité pour lui laisser le temps de cogiter. Le temps de souffrir.
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MessageSujet: Re: through the tides of oceans (elasher)   through the tides of oceans (elasher) EmptyJeu 10 Mai - 21:26

Qu'il fasse pas la gueule, qu'il fasse plutôt comme elle. Sourire contre la résistance de ses lèvres et faire celle qui écoute attentivement le moindre de ses mots. Fais pas la gueule, fais la rêver, elle attend qu'on l'étonne. Il peut faire mieux, pire, piquer plus fort et planter plus loin. Elle attend. Elle vit dans son rictus et se baigne dans l'adrénaline de ce qui reste à venir. Vas-y. Fais de ton mieux. Donne le meilleur. L'attire pas dans la chambre pour rester muet, c'est pas dans les codes. Pas dans leurs codes. Elle voit l'aura calcinée, la rancœur et les paroles qui se forment. La bouche qui s'anime et frappe enfin. « J'ai pas envie de ça, Elena. »

Tu penses que j'avais envie de ça ? De la fatigue, de la faiblesse, des évidences, de la colère ? Non, la colère peut rester, comprendra qui peut. La colère la fout en vrac, la bat tous les soirs mais au moins la colère est honnête. Salope. Bouffe ma main dans ta gueule et ferme-la – vivante, j'te laisserai pas. J'te laisserai jamais partir. La colère caresse les courbatures mais elle reste fidèle à ses côtés. J'veux juste quelqu'un qui reste. Quand elle part. J'veux juste quelqu'un qui reste. Même si elle a dépassé les bornes. J'veux juste quelqu'un qui reste. Ça fait des années qu'on lui a pas tenu la main et dit que tout se passerait bien. Tout se passe mal, tout le temps. Elle veut juste quelqu'un qui ment mieux, mieux que sa propre tête. Se faire berner, bercer trop près du mur, voir les étoiles. Elle veut, veut, veut. Sans savoir si un jour, elle aura. « J'ai pas envie non plus. » Qu'importe ce qu'il veut dire par là. Il traîne, s'attarde. Elle aimerait dire qu'elle le quitte pas des yeux, mais le regard flanche à plusieurs reprises. J’ai pas envie qu’on se fasse la gueule et qu’on s’hurle dessus. Sois réaliste. On a jamais fait autrement. J’ai pas non plus envie qu’on recommence quelque chose ensemble. Tu peux pas recommencer quelque chose que t'as jamais eu, Bloomberg. Elle était pas à lui. Il était pas à elle. J'veux juste quelqu'un qui reste. Elle a compris depuis longtemps que ça serait pas lui. Dès les premiers jours. Mais le problème des regrets c'est qu'ils se pointent toujours des mois, un bébé, un numéro de disparition et une tentative ratée plus tard. Et que le temps refuse fermement de changer de cap pour faire une exception. « Crois-moi, c'est le dernier truc que j'ai envie d'faire. » Le premier, c'est de déglutir pour faire passer les mensonges. Le deuxième, c'est de lui demander de dégager maintenant. Elle supporte pas de l'avoir en face. Elle supporte plus et la voix tremble malgré la volonté de se montrer acier. « Ouais c'était une putain d'erreur. » Acier blindé tordu en une phrase. Y a encore le goût de ses lèvres qui flâne sur les siennes, le fantôme de ses mains sur son corps. Putain. D'erreur. Ça va mettre des jours à s'effacer, c'est posé au sommet de la pile des autres choses en cours de décomposition. Un miracle, pour que tout s'évanouisse en un claquement de doigts. Un miracle capricieux, un miracle qu'aime se faire attendre. Faut voir les bouts d'aortes ci et là du tas pour comprendre que le palpitant a le cuir solide. A un moment, faut lâcher prise. Une erreur. Juste. Injuste. A un moment, faut accepter qu'à défaut de lâcher prise, quelqu'un lâchera pour elle. Oublie. C'est tout oublié, qu'il s'inquiète pas. Y a un kilomètre plus profond de vide dans ses yeux, creuse encore un peu l'abysse et éteins la lumière. Salope. Bouffe ton ombre et hurle – morte, j'veux plus de toi. J'te laisserai jamais revenir. « J'veux plus qu'on en parle. » Elle tire un trait, les lames sur ses poignets font moins mal. Elles se prennent à rien quand elles tracent leur route dans la chair. Elles font un boulot propre. Cette cicatrice va être moche. « Ouais. Tout à l'heure » et le ton s'accorde au silence dans sa poitrine. Au rien qui se loge dans la cage. Juste. Oublie. Elle s’assoit lentement sur le lit, fixe le mur dans un calme qui la reconnaît pas. Oublie. D'accord. Jusqu'où ? Fonce, on s'en fout. Trace droit devant toi, déconnecte le système. Elle berce Matei sans vraiment prêter attention à sa présence. Le mur. Erreur. Déconnecte. Nerf par nerf. Méthodiquement. froid. Oublie. Quoi ? C'est ça.

Juste. Oublie.

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