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 grand fracas. (jaxar)

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Jax Roses

Jax Roses
halina 4ver, je ne t'oublierai jamais
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MessageSujet: grand fracas. (jaxar)    grand fracas. (jaxar)  EmptyJeu 12 Avr - 19:27

Le téléphone qui vibre, il se jette dessus. Mais ce n'est pas le prénom de Jo qui s'affiche, non, c'est celui d'Ellis. Il souffle, n'a pas envie de répondre. Il vient frotter la pulpe de ses doigts sur son front, hésite un moment puis finit par décrocher avant que la sonnerie ne se termine. Quelques mots échangés, une adresse, un nom, une somme d'argent à récupérer. Mais ce soir, travailler ne l'intéresse pas. Il attend des nouvelles de Jo. Elle devrait l'avoir appelé y a un moment déjà et ça le stresse. Encore dix minutes à attendre avant que finalement il ne reçoive un sms. Elle n'a rien trouvé, elle a été interrompue dans ses recherches. Et en ce moment, son chef l'a à l’œil parce qu'elle a encore déconné pendant un interrogatoire. Il vient se mordre la lèvre inférieure, retient son souffle, avant de finalement venir cogner le capot de sa voiture en échappant un juron ; contrarié. Il soupire bruyamment et passe ses deux mains dans ses cheveux, faisant les cent pas autour de sa voiture avant de finalement s'immobiliser. Un regard désemparé jeté vers la lune et finalement ses bras retombent lourdement le long de son corps. Il n'arrive pas à le trouver, ce putain de JJ. C'est toujours plus facile dans les films. Lui, il le cherche depuis des jours et toujours rien. Pas la moindre piste. Il est pourtant allé perdre son temps à Historic District, ses jours, ses nuits : rien du tout. Pas un semblant d'informations. Ses nerfs qui commencent à être sévèrement attaqués par l'impatience. Halina qui attend qu'il fasse quelque chose. Y a toute cette pression qui pèse sur sa poitrine et qui le maintient éveillé la nuit. Il ne sait plus comment procéder. Jo est son dernier espoir. Convaincu que ce type doit bien avoir un dossier. Quelque chose qui permettrait de le retrouver. Rien qu'une piste, même minuscule. Juste quelque chose à quoi se raccrocher. Ne pas avoir l'impression de tourner en rond et de perdre son temps. Il a la sensation que la survie d'Halina dépend du travail qu'elle lui a donné. Tant qu'il sera vivant, elle, elle ne le sera plus vraiment. Il contient tout ce qui bouillonne en lui, ce trop plein d'émotions qui le bouffe lentement. Il voudrait exploser lui aussi, mais il ne fait rien. Il garde le cap, reste solide, puisque c'est ça qu'on attend de lui. Il inspire un grand coup, prend sur lui et se remet en mouvement. Ne surtout jamais rester immobile trop longtemps, au risque de s'enliser, de se faire engloutir. Et de ne plus jamais regagner la surface. Ellis lui a confié une mission, il va l'exécuter. Tenter de penser à autre chose pour une soirée. Peut-être pouvoir se défouler. Libérer le kraken. Il remonte dans sa voiture et quitte le bord de la route à toute allure, les pneus qui crissent sur le sol alors qu'il fait demi-tour pour retourner en ville. Quittant la campagne qu'il affectionne tout particulièrement ces derniers temps. Loin de Savannah, loin du bruit, loin des gens. Loin de toute cette merde qui commence à s'accumuler sévèrement.

L'adresse se situe du côté de City Market, il zieute régulièrement le GPS qu'Ellis lui a donné, tente de se repérer. Les yeux qui vagabondent sur les trottoirs, les maisons, pour trouver un nom de rue, un numéro. Mais ce qu'il trouve cette nuit est complètement différent. La voiture qui ralentit alors qu'il reconnait la silhouette. Elle est de dos, à plusieurs mètres de là et avance rapidement. Mais il la reconnait sans aucune difficulté. Il connait par cœur sa façon de marcher. La longueur de ses cheveux. Ses vêtements. Il ralentit encore, comme s'il avait peur de passer devant elle. Peur qu'elle le voit, peur de croiser son regard et d'y lire tout un tas de choses qui font trop mal. Il a l'impression de ne plus avoir parlé avec elle depuis une éternité. Les souvenirs de cette dernière année qui remontent brusquement et le submergent. Les hurlements, les disputes, les dérapages. Et finalement le silence. Il a pris de la distance. Il ne veut pas que qui que ce soit puisse savoir ce qu'il doit faire. Il ne veut pas mêler ceux qu'il aime à tout ça. C'est entre lui et Halina. Il faut que ça reste comme ça. Et au moment où la voiture atteint son niveau, Hagar pivote et rentre dans une bâtisse. Les yeux de Jax peinent à assimiler l'information lorsqu'il découvre le panneau clignotant au-dessus de la porte. Il pile, manque de se faire encastrer par la voiture de derrière et ignore les coups de klaxons. Les mains qui serrent le volant, qui deviennent blanches. Il ne comprend pas. Il oublie Ellis, il oublie la mission. Il relance la voiture et cherche une place où se garer. Il perd bien cinq minutes avant d'en trouver une. La portière qu'il claque sauvagement, il en oublie même de fermer à clé la voiture. Il remonte la rue en courant, les questions qui se bousculent dans sa tête. Il ne tire aucune conclusion, ne s'imagine rien. Pourtant, son palpitant s'affole, comme un mauvais pressentiment. Il arrive finalement devant la porte qu'elle a passé et il s'arrête, le souffle court. Son regard qui se fixe sur le néon pas franchement engageant, il fronce les sourcils. Il ne devrait pas. Les rôles inversés, il ne supporterait pas que Hagar vienne fouiller dans ses affaires. Mais c'est plus fort que lui. Toujours cette foutue sensation qu'il doit tout gérer qui lui saute à la gorge et qui le force à avancer. Il pousse la porte et se retrouve dans un petit sas où se tiennent deux videurs. Ils l'inspectent de la tête aux pieds. C'est sûr qu'il n'a pas fière allure. Mais ça n'a pas l'air de les déranger, faut croire que les standings du club ne sont pas particulièrement élevés. — Seul ? Il plisse le front, regarde autour de lui. Ils voient quelqu'un d'autre peut-être ? — Oui. Qu'il répond finalement, un peu agacé. L'un d'entre eux lui ouvre la porte d'après, le laissant passer. Il s'avance, plante son regard dans celui qui tient la porte, la tête qui pivote jusqu'à ce qu'il soit complètement de l'autre côté. Il hausse les sourcils et secoue la tête, un peu perplexe. Désormais, y a un comptoir avec une fille, pas hyper vêtue d'ailleurs. Il s'approche, silencieux. Il n'est pas à l'aise dans cet endroit, mais il n'en montre rien. Placide, comme à son habitude. Son regard dur qu'il pose sur elle. Elle relève la tête, grand sourire parfaitement calculé qui le laisse de marbre. — Une entrée ? 30$. Y a comme un court-circuit. Une sensation désagréable qui lui remonte le long de l'échine, pas franchement enclin à débourser une telle somme pour un tel endroit. Il retient une remarque agressive et à contre-cœur lâche les billets sans plus de cérémonie. — Vous avez une conso offerte avec. Qu'elle ajoute en lui donnant son ticket. Il la dévisage, la lèvre supérieure qui se retrousse très légèrement dans un mouvement de mépris. Il s'en fout de sa putain de boisson. Il s'en fout d'elle et de ce foutu club. Il veut juste comprendre pourquoi Hagar fréquente ce genre d'endroits. Elle n'a rien à foutre là. Ce n'est pas sa place. Et il a conscience de l'hypocrisie de sa pensée. Il sait qu'il est le plus mal placé pour affirmer ça. Mais il ne contrôle rien. Il se comporte comme un chien de berger qui veut absolument garder tous les moutons ensemble, même si lui s'autorise des escapades.

Il pénètre enfin dans la salle, ambiance tamisée, musique forte, population masculine à 98%. Sauf sur les podiums, évidemment. Et il n'a pas le réflexe de regarder dans cette direction en premier lieu. Il sonde la salle, observe les clients les uns après les autres, sans succès. Hagar ne semble pas être là. D'abord la confusion, mais très vite elle laisse place à la panique. Il décide de faire un tour aux toilettes, elle y est peut-être. Il regarde à gauche, à droite, personne. Il ouvre la porte des toilettes des dames, passe juste la tête, l'endroit semble vide. — Hagar ? Qu'il tente malgré tout, mais il n'a que le silence pour réponse. Il ressort, de plus en plus nerveux. Et quand il revient dans la grande salle, ça ne lui saute pas tout de suite aux yeux. Les ombres féminines qui évoluent sous les yeux charognards ne l'intéressent pas. Mais très vite, l'une d'entre elle lui semble familière. Non. Il s'avance. Non. Il la reconnait, sans même voir son visage. Putain, non. Il se fige, ses poings qui se serrent aussitôt, son sang qui ne fait qu'un tour. Ses yeux qui se posent avec stupeur sur sa silhouette gracile qui semble envoûter l'assemblée. Son regard s'agite alors, il scanne les hommes qui profitent du spectacle et il voudrait à tous leur cramer les yeux. Il peine a assimiler ce qu'il voit. Son cerveau qui refuse l'évidence. Il ne sait plus s'il est en colère ou déçu. Sûrement un savant mélange des deux. Et l'indignation devient trop forte pour qu'il reste stoïque plus longtemps. Il quitte l'ombre et dans des mouvements maitrisés il grimpe sur sa scène sans qu'elle ne le voit venir. Elle tourne sur elle-même, il attrape son poignet au vol et l'attire sévèrement jusqu'à lui. Leurs corps qui se heurtent dans un grand fracas qu'eux seuls peuvent entendre. C'est le bruit de leurs cœurs désaccordés qui s'opposent. Son visage près du sien, le regard terrible, les sourcils froncés, la mâchoire crispée, l'os qui bouge sous la peau et qui trahit son état. L'explosion n'est pas loin. Il se retient. — D'abord tu couches avec des mecs, ensuite tu te désapes devant eux. C'est quoi la prochaine étape ? Le trottoir ? Il grommèle ça en polonais, tout bas et pourtant c'est teinté d'une agressivité à peine dissimulée. Sa main autour de son poignet qui serre plus fort, pour l'empêcher de s'échapper, sans se soucier une seule seconde du bordel qu'il vient de provoquer. Autour d'eux ça s'agite, mais il ne lâche pas son regard. Déterminé. Il ne ressortira pas d'ici sans elle. Et elle le sait.
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MessageSujet: Re: grand fracas. (jaxar)    grand fracas. (jaxar)  EmptyMer 18 Avr - 22:56

SAVE ME IF I BECOME
MY DEMONS


▼▲▼

S'oublier. Cesser d'exister. Laisser les yeux des autres prendre possession de ce qui faisait son corps, sa voix, sa pensée. De ce qui la rendait humaine, vivante, capable de se mouvoir et de subsister. S'oublier. Sous les regards lubriques, entre les notes voluptueuses d'une musique qui n'appelait qu'à se déhancher, qu'à tournoyer. Qu'à se glisser autour d'une barre de pole-dance, qu'à se dénuder sous l'oeil attentif d'un genre de spectateurs qu'elle n'était pas habituée à côtoyer. C'était tout ce qu'elle avait trouvé. À défaut d'avoir de l'argent pour boire, boire et noyer son tourment dans l'alcool. C'était tout ce qu'elle avait trouvé, et elle s'y complaisait comme elle le pouvait. Destruction de ses pensées, de sa personnalité. Il ne restait rien d'autre que son corps, son corps presque nu, son corps si convoité. Son corps envoûtant, qui retenait l'attention des hommes et le désir des plus enflammés. Son corps. Une possession qu'elle avait toujours clamée — la dernière qu'il lui restait. Celle qu'elle était en train d'offrir en pâture. De malmener. De sacrifier. À quoi tu joues, Hagar ?

Elle ne le sait pas. Ne le sait plus. Se perd sous les néons, et ne s'arrête pas. Elle sait que ça mettra des billets dans ses poches, même si c'est un mauvais choix. Elle sait que ça lui permettra d'acheter de l'alcool, et que ça l'aidera à noyer le reste de sa nuit dans la boisson. Ça l'aiderait à oublier, d'une autre façon. Oublier les regards qui décortiquaient sa chair, oublier le désir ignoble qui lui donnait encore la nausée, à l'occasion. Oublier les mains qui, peut-être, viendraient s'égarer sur elle après un ou deux verres. Oublier la sensation de décadence qui l'étreignait depuis quelque temps, et qui était en train de la bouffer. Mais elle était incapable d'arrêter la machine infernale. Avait perdu le nord, perdu le sud. Boussole déréglée, pôles inversés. À sombrer, toujours plus profondément. Toujours plus consciemment.

Elle ne le voit même pas. Il évolue dans la foule, la cherche des yeux. Elle ne pourrait pas penser qu'il est là. Qu'il l'a vue, alors qu'elle se rendait au strip-club. Qu'il l'a suivie, et qu'il a décidé de la trouver. Elle ne peut pas imaginer qu'il se trouverait là, au pied de son abandon à la déchéance. Témoin de ce jour où elle avait baissé les bras, et où elle avait décidé que son corps lui-même ne valait plus rien. Plus rien d'autre que quelques billets, qui lui permettraient de continuer de boire pour continuer d'avancer. Drôle de manière de carburer.

Elle tourne, perdue dans l'espace et dans le temps. L'adrénaline dans ses veines, la musique dans ses oreilles. Seule la danse compte. Elle sait comment l'adapter, comment l'utiliser. Comment la rendre sensuelle, et comment se faire désirer au travers d'elle. Elle sait comment faire rentrer les clients dans son argent, d'un subtil coup de hanches. D'un basculement de tête. D'un pas aérien. Maîtrisé. Et elle tourne. Projetée dans ce qu'elle fait le mieux, ces derniers temps. Danser — se détruire. Bouger — s'anéantir. Elle tourne au milieu du désir, jusqu'au moment où on l'arrête. Brusquement.

Une main qui se referme sur son poignet, et ses yeux qui reprennent contact avec la réalité. Son coeur qui se fige sans prévenir, alors que son regard accroche le visage de Jax. Mâchoire serrée, l'oeil fou, et la tempête qui y danse capable de tout ravager. Il ne la retient qu'à grand-peine, et elle sent son monde glisser. S'écrouler. Ne comprenant pas quelle est cette réalité. Persuadée d'halluciner. Ça ne peut pas être lui. Il ne peut pas être là. Pas sur la scène, avec elle. Pas là. Elle a les lèvres entrouvertes sous le coup de la surprise, et elle sent un vertige d'incompréhension la faire vaciller. Son corps collé à celui du Roses, et les mots en polonais qui se glissent pernicieusement jusqu'à ses tympans. « D'abord tu couches avec des mecs, ensuite tu te désapes devant eux. C'est quoi la prochaine étape ? Le trottoir ? » Coup de grâce. Les mots qui s'accumulaient dans sa gorge et qui menaçaient de s'en échapper s'y enfoncent à nouveau, abruptement. Lui tombent comme une pierre dans l'estomac, sous le choc de ceux de Jax. Les erreurs étalés sur son visage, crachées avec une cruelle amertume. Elle voudrait se mettre à pleurer. Voudrait s'effondrer dans ses bras, s'excuser. Le supplier de la sortir de là. De trouver un endroit où elle pourra se faire oublier sans être obligée de prostituer son corps et sa dignité. Sauve-moi, Jax.

La gifle part, de sa main libre. Claque contre la joue du polonais, alors que ses dents serrées cherchent encore à rassembler les mots éparpillés au fond de son coeur. Coeur brisé, émietté. Balayé d'un coup de vent, et brûlé savamment par Jax et sa colère. Jax et sa déception. Elle a oublié le monde autour d'eux, oublié qu'elle est supposée danser. Que les patrons ne voudront pas la ré-embaucher, si elle ne règle pas la situation au plus vite. Elle pourrait prétendre qu'elle ne le connaît pas. Laisser les vigiles s'occuper de lui, et l'emmener loin d'ici. Mais la gifle démentirait tout cela. Elle a prouvé qu'elle le connaissait, et son regard l'empêcherait lui aussi de nier. Leur proximité, leur chimie. L'électricité palpable, et capable de brûler les entrailles de quiconque s'approcherait sans y avoir été autorisé. « Laisse-moi. » C'est tout ce qu'elle arrive à lui lâcher. Mais derrière ces deux mots, des dizaines essaient de protester. De trouver leur place, et de réclamer leur droit d'exister. Laisse-moi, Jax. Si tu t'inquiétais vraiment pour moi, t'avais qu'à réagir bien avant. T'avais qu'à te soucier de ce qui m'arrivait.

Aux dernières nouvelles, ça avait pas l'air de te gêner que j'me sois mise à coucher avec des gars. J'ai même cru comprendre que t'aimais ça.

Va-t'en, Jax. Me fais pas ça. Pas là. Me porte pas le coup de grâce. J'ai pas besoin de toi pour ça. Pas besoin de toi pour ça.

Aide-moi, Jax. Me laisse pas là. Me laisse pas dépérir ici. Me laisse pas. J'ai besoin de toi.

Sauve-moi, Jax.
Sauve-moi.


« Lâche-moi ! » Elle tire sur sa main, se fait mal au bras, s'en moque. Tente un pas en arrière, féline. La sauvagerie au fond de ses yeux, supplantant toutes les émotions contradictoires et désordonnées que son coeur tentait d'y faire briller. Elle réussit à se décoller, mais le regrette presque aussitôt. Sa chaleur brûlait, mais elle avait au moins le mérite d'avoir réussi un jour à la rassurer. Et peut-être que c'était ce qu'il lui fallait. Peut-être que ce dont elle avait besoin, c'était de brûler. Brûler sous ses mots, brûler dans ses bras. Brûler sous les reproches, dans sa colère, dans sa déception. Brasier des Enfers.

Elle n'a pas vu le mouvement dans la salle. Et ce n'est que lorsqu'un vigile monte brusquement sur scène pour la séparer de Jax qu'elle prend conscience de la situation. Il a attaqué une des danseuses. Il va se faire mettre dehors, brutalement. Et déjà, on ne se prive pas pour employer la force. On n'aura pas peur de lui faire du mal. On n'aura pas peur de le frapper, s'il le faut. Et Jax n'aura pas peur de rendre les coups. Les rendre jusqu'à s'en briser, dans le seul but de la tirer de là pour la confronter. Pour la secouer. Pour la brûler. Alors, elle avale à nouveau la distance qui les sépare. Portée au sommet de sa confusion par une situation qui n'a rien de naturelle. Une situation qui n'aurait jamais dû se produire. Jamais. « LE TOUCHE PAS ! » Le rugissement d'une lionne. On va la mettre dehors, elle aussi. Elle n'aura pas son argent, ne pourra pas aller boire pour oublier. Sa peine restera dans sa gorge, et le souvenir de la déception dans les yeux de Jax distillera calmement son poison dans ses veines, alors qu'elle sera privée d'alcool. Mais elle s'en moque. N'y pense pas. Le feu qui l'a emporté sur la glace. Son corps brisé contre celui de Jax, sa fureur qui parvient à la faire s'immiscer dans la prise que le vigile a sur lui. Elle ne devrait pas être là. Ne devrait pas faire ça. Elle n'a même pas de contrat. Il n'a pas à la protéger si elle ne le veut pas. Elle est en train de ruiner la soirée. Ruiner le spectacle, le désir des clients, et porter atteinte la réputation de l'endroit. Il pourrait la frapper qu'il s'en tirerait sans blâme. Et alors qu'elle le confronte, fracassée entre lui et Jax, la main part. Une gifle — et cette fois, ce n'est pas celle d'Hagar. Cette fois, elle est pour elle. Plus pour Jax.

Cette fois, c'est terminé. Elle ne pourra plus jamais remettre les pieds ici. Et sous le choc, elle ferme les yeux. Bousculée. Le dernier morceau sanguinolent de son coeur vient de se décrocher. Des débris à ramasser. Débris que Jax ignorerait, selon toute probabilité. Et pourtant, dans son coeur, dans son corps, les supplications n'ont jamais cessé. Pas une seule minute depuis qu'il est parti. Pas une seule seconde, depuis qu'il l'a laissée. Aide-moi, Jax.

Sauve-moi.

(c) blue walrus
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MessageSujet: Re: grand fracas. (jaxar)    grand fracas. (jaxar)  EmptyJeu 17 Mai - 11:18

Leurs regards qui s'accrochent et se blessent mutuellement, comme un résumé de leur relation des derniers mois. Pas foutus de laisser l'autre s'en aller, juste bons à planter leurs griffes acérées dans le palpitant de l'autre pour s'y raccrocher désespérément, quitte à se faire mal, quitte à s'entrainer dans leur chute respective. Mais ne surtout jamais lâcher, malgré la distance et les faux semblants. Malgré les aléas, les humeurs et les mauvais choix. Malgré tout ; tout. Les mots de Jax sont suivi d'un interminable silence glaçant. Il voit bien l'effet qu'ils ont sur elle. Il ressent sa douleur, vivace, de celle qui retourne violemment les tripes et qui libère la colère. La colère. Souvent, y a plus qu'elle pour rendre la souffrance supportable. Dernière alliée, dernier recours pour ne pas sombrer complètement. Et la gifle qui part, qui brise ce faux silence, c'est pas la colère, même si ça en a l'air. Non, c'est l'indignation de sa souffrance qu'on a bafouée. C'est son cœur qui s'est pris un coup de poignard en trop et qui réagit pour survivre. C'est l'incompréhension face à la violence des mots qui hurle pour que ça s'arrête. C'est un tas de choses, mais ce n'est pas de la rage. Pas contre lui, en tout cas. Gifle qu'elle pense probablement mériter aussi, pour s'obliger à se remettre les idées en place et stopper cette chute ridicule qu'elle s'offre. Mais Jax ne la lui rend pas. Il reste stoïque, accuse le coup sans broncher. Sa violence à lui, elle est dans son regard. Dans ses yeux clairs qui deviennent ombrageux, les éclairs de dégoût et la pluie de déception. Sa violence, c'est sa mâchoire serrée et la colère contenue. C'est son silence accusateur. C'est son immobilisme face à la provocation.

Il ignore les fourmis qui courent sous sa peau, sensation provoquée par l'impact de sa main trop fine, trop délicate. Elle tente de se libérer de son emprise une première fois. — Laisse-moi. Jamais. Son emprise autour de son poignet qu'il resserre un peu plus fort pour qu'elle comprenne que ça n'arrivera pas. Qu'il ne repartira pas d'ici sans elle. Qu'elle le veuille ou non, que ça lui semble juste ou non. De toute façon, il la connait trop. Elle ne veut pas qu'il parte, pas sans elle en tout cas. Elle n'a rien à faire là et elle le sait. Ce n'est qu'une bêtise, de celle qu'on fait quand tout nous semble vain. Quand plus rien n'a de sens et qu'on ne parvient plus à se repérer. Alors on s'écarte des sentiers battus, en espérant que quelqu'un remarquera notre disparition et viendra nous récupérer. Il l'a remarqué. Et il est là maintenant. Il est là et il va tout arranger. Puisque c'est ça qu'on attend de lui. — On rentre. Qu'il déclare finalement, d'un calme froid. Mais elle refuse d'écouter, d'abdiquer. Elle se débat encore, recule, tire son bras autant qu'elle peut, comme un animal pris au piège qui préfèrerait s'arracher la patte plutôt que de rester coincé. Et quelque part, ça lui fait mal de voir que sa présence puisse lui être aussi insupportable. — Lâche-moi ! Il la laisse reculer, mais sa main autour de son poignet ne faiblit pas. Il ne lâchera pas, malgré sa fureur. Il ne lâchera pas, même si elle le répète cent fois. Il ne lâchera pas. Il ne lâchera plus.

Il est déjà prêt à se mettre en mouvement, prêt à partir et à descendre de l'estrade quand les vigiles arrivent. Et c'est le retour à la réalité. Brutal. Les mains qui l'empoignent fermement, le faisant lâcher sa prise. Courant d'air glacé dans sa paume de main, l'électricité douloureuse d'Hagar qui lui manque déjà. Son visage qui se transforme, le calme se dissipe et le voile se lève pour laisser place à sa nature plus profonde. Celle qu'il s'applique à dompter, à masquer, parce qu'elle lui déplait. Parce que Jax n'a jamais eu d'attrait particulier pour la violence, qu'il la trouve laide et vaine. Mais une partie de lui ne peut pas s'empêcher d'y sombrer complètement à chaque déraillement de son système interne. Et alors elle devient salvatrice, comme s'il n'avait plus aucune autre solution. Mais il n'a pas le temps de réagir. Le cri de la brune le coupe dans son élan et le surprend. — LE TOUCHE PAS ! La situation qui se retourne, qui prend une tournure inattendue. Sa réaction qui ne fait que confirmer ce qu'il savait déjà ; elle ne voulait pas être lâchée. Et dans un dernier effort presque surhumain pour lui, il contient cette montée d'adrénaline qui a chargé ses muscles, parce que Hagar se jette sur eux et qu'il craint de la toucher dans son instant de folie. — Arrête. Qu'il ordonne, et ça sonne comme un : je m'en occupe. Elle le met en difficulté et elle se met en danger. Il profite malgré tout de son intervention pour libérer ses bras de ceux du vigile, il s'écarte et se retourne juste à temps pour voir le colosse assener une gifle à Hagar.

Ça pulse jusque dans ses tempes.
Sifflement dans les oreilles.
Il n'entend plus que ses palpitations rapides.
L'impression de se noyer dans son propre sang.

Elle recule, choquée et ne réagit pas. Jax lui, n'hésite pas. Il revient à la charge, son index et son pouce qu'il pose à un endroit stratégique au niveau de la liaison entre l'épaule et le cou, il serre puissamment. Le vigile qui se plie en deux, réaction incontrôlable, système nerveux mis à rude épreuve. Le genoux de Jax qui vient alors éclater le visage de l'homme, dans un craquement qui arrache des hoquets de dégoût aux clients encore attablés autour. Il pousse l'homme à terre et, aveuglé par sa rage, il vient écraser son pied sur son visage. Une fois, deux fois, trois fois. Jusqu'à ce que plusieurs mains le happent, le soulèvent et le jettent à terre puissamment. Déferlement de violence qui ne le calme pas, la haine et l'envie de tous les exterminer qui le prend aux tripes et qui le fait lutter et rendre les coups, encore et encore. Il en oublie presque Hagar dans tout ça, son esprit qui s'embrume, qui ne sait même plus où il est. Et finalement, il s'épuise. Ils en profitent pour le soulever à nouveau et le trainer de force jusqu'à la sortie pour le jeter comme chien sur le trottoir. — Barrez-vous tout d'suite ou on appelle les flics. Et la porte claque violemment. Allongé sur le trottoir, il se redresse péniblement, le corps en petits morceaux. Le sang qui roule abondamment de son nez et de sa lèvre. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre qu'il a le nez cassé et que l'entaille sur sa lèvre doit être profonde. Il tousse, crache par terre pour décharger sa gorge de l'hémoglobine accumulée et aussitôt, il cherche Hagar du regard. Il n'a pas vu ce qu'ils lui ont fait et son premier réflexe est de s'assurer qu'ils ne l'ont pas abimée autant que lui. Sinon, il serait capable d'y retourner. Quand leurs regards se captent enfin, il la détaille avec un certain mépris. Comme un père fâché et déçu par la connerie de trop de son gosse. Il secoue la tête de gauche à droite, désemparé, les traits toujours tirés. — Et tu vas faire quoi maintenant ? Te trouver un autre club ? Rire nerveux. Il s'assoit contre le mur et avec sa manche commence à essuyer son visage. — J'te trouverais encore. Et j'reviendrais t'chercher. Il lève les yeux vers elle, terriblement sérieux. — Tu comprends ? La voix agressive mais chargée d'une inquiétude non dissimulée.

Tu comprends que j'te laisserais pas tomber ?
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