gold digger. (valebra)

Elle coule. Chaque jour un peu plus. Elle garde difficilement la tête hors de l’eau, vie qui lui brûle la gorge à chaque inspiration. Tout lui semble douloureux, trop douloureux, et elle sait pas quoi faire pour gérer tout ça, parce que les pilules sont efficaces la nuit, quand elle s’évade sous les étoiles. Le reste du temps, rien ne change, tout est encore là pour la torturer et tout s’accumule encore et encore. Barbra, bombe à retardement que la moindre bourrasque de vent fera sauter. Alors elle a besoin d’un semblant de normalité, de sa normalité à elle. La blonde observe son reflet dans le miroir, peine à croire qu’elle se soit laissée aller de la sorte – c’est terminé, ça. Au moins pour ce soir. Parce que ce soir, elle compte faire tourner des têtes et repartir avec un porte-monnaie plus rempli. Les Yobbos rapportent plus rien depuis son retour (difficile de jouer quand tous les membres sont éparpillés et bousillés). Elle a besoin d’argent, Barbie, et pour ça, elle compte bien replonger dans ses vieilles combines. Elle se maquille un peu, ébouriffe ses cheveux et enfile une robe trop courte, qui montre trop de peau, mais qui suffira à faire perdre la raison des mâles qu’elle aura dans son viseur. Non pas que cela soit difficile. Un peu de peau, et n’importe quel mec est prêt à tout balancer, portefeuille, clé de la maison, son âme aussi, si en échange il pense avoir la chance de finir entre ses jambes. Rien d’étonnant à ce qu’ils soient si faciles à manipuler. Peut-être qu’elle devrait penser aux conséquences, à ces hommes qui se retrouvent dépouillés comme elle l’a été quelques jours plus tôt.. sauf qu’elle n’y pense pas, et que lorsque l’idée lui effleure l’esprit, elle la chasse aussi rapidement en pensant aux vêtements qu’elle pourra s’offrir grâce à son nouveau vol.

Espérant attirer une cible blindée, Barbra s’est réfugiée au bar à cocktails pas très loin du hangar des bos. La gamine s’installe au bar, commande un cocktail dont elle a déjà oublié le nom. Elle scrute la salle en sirotant son verre à la recherche du pigeon parfait quand enfin, elle remarque une silhouette qui se démarque des autres. Elle le cerne tout de suite, voit en lui le spécimen parfait de l’homme qui adore exhiber son argent – et tant pis pour lui, ça lui vaudra de repartir d’ici allégé de quelques billets. Elle s’empare de son verre, avance vers lui avant de s’arrêter à sa hauteur. « Excusez-moi, ça m’embête de vous demander ça mais.. » Elle fait mine d’hésiter, se mord un peu la lèvre. La gamine sait parfaitement qu’elle doit avoir l’air inoffensive si elle veut l’attirer, lui faire baisser sa garde. C’est un truc d’égo, virilité qui se rassasie d’aider une demoiselle en détresse. Probablement que l’égo en prend un coup le lendemain, quand on réalise l’argent qui manque à cause de la fameuse demoiselle. « Ça vous dérange si j’m’installe à côté de vous et qu’on fait semblant d’se connaître ? C’est qu’il y a un type louche qui m’avait déjà embêté la dernière fois et j'préfère éviter qu’il vienne me parler. » Courte pause alors qu’elle sort son meilleur regard de biche désespérée. « Puis, vous avez l’air d’être de meilleure compagnie. » qu’elle termine avec un petit sourire. Toujours finir avec un compliment, l’arme parfaite pour attiser la sympathie. Elle a trouvé sa proie, Barbra, et derrière les sourires et les airs de gamine naïve, se trouve une vipère qui lâchera pas l’affaire tant qu’elle se sera pas emparée de quelques dollars.

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Dans le fond, la vie à Savannah n’était pas si différente de celle que tu avais pu mener ailleurs, il suffisait juste de savoir où traîner et ne pas être trop regardant. La cité des anges te manquait mais tu ne pouvais pas y retourner, pas tout de suite. Tu avais merdé Valerian et aussi longtemps que tu n’aurais pas la décence d’assumer tes conneries, tu passerais ta vie à filer de villes en villes pour une vie éphémère et trop intense pour un seul homme. Dire que tes connards de frère t’en voulaient pour ça ! Ce connard de Seven n’avait d’ailleurs pas hésité à te le faire payer à sa manière mais de quoi se plaignait-il ? Aucun d’entre vous n’était né des chaînes aux pieds, seuls vos choix vous clouaient sur place. Toi, tu t’en étais servi pour aller loin de Savannah, il était qui pour te le reprocher quand il n’avait jamais pris la peine de se sortir les doigts du cul ? C’était trop facile putain de te reprocher sa vie de merde, p’têtre bien qu’il la méritait finalement. T’avais passé l’âge de t’excuser de tes différences, pas non plus la grandeur d’âme pour faire mine d’être gêné de ta réussite, aussi illusoire soit-elle.
Et ça t’énervait parce que t’étais là, à boire un cocktail pas si mauvais que ça, ruminant contre ton salopard de frère qui t’avait bousillé ta bagnole. T’étais bien obligé de la faire réparer, tu ne pouvais décemment pas rouler avec un gros « connard » gravé sur la carrosserie. Aussi vraie l’insulte soit-elle, t’aimait mieux pas l’afficher. Heureusement qu’on t’avait refilé une belle voiture pour te dépanner ! Le genre qui attirait le regard, ça t’allait bien.

Jouant un instant avec le glaçon de ton verre, tu repérais assez vite la blonde qui s’approchait d’un pas plus décidé qu’il n’y paraissait. Surtout quand elle vint se planter devant toi avec cet air intimidé. Ça ne collait pas. Qu’importe, quand elles étaient jolies, tu ne faisais pas la fine bouche. Tu la laissais néanmoins faire son numéro, légèrement incliné en arrière, l’écoutant d’une oreille distraite alors que tu passais davantage en revue le galbe rond de ses seins qui pointaient sous sa robe serrée. Putain, et après elle osait se la jouer petit moineau effarouché ? Elle était magique ! Mais tu la laissais faire parce que t’étais curieux, t’étais un bon épicurien, tu prenais la vie comme elle venait, surtout quand elle était blonde avec une belle bouche de suceuse. Grave que tu la prenais, la vie. « Prend toute la place que tu veux » acceptais-tu avec ce petit sourire au coin des lèvres, curieux de voir ce qui l’amenait réellement. Parce que de mec louche, t’en avais pas vraiment remarqués donc…Deux options, où elle voulait une bonne excuse pour te parler (hey, t’avais jamais prétendu être humble !) où alors, elle avait une idée derrière la tête et toi, dans les deux cas, ça t’allait. Peut-être bien que la soirée serait moins ennuyante que ce qu’elle annonçait ? « Qui te dit que je ne suis pas encore plus chelou ? » questionnais-tu, le sourire amusé au bord des lèvres.

C’est devenu comme une seconde nature, comme un masque collé à son épiderme à force de l’avoir trop porté. Le rôle de la cruche, de la fille écervelée et désespérée qu’on doit sauver des griffes d’un autre mâle. Et ça marche souvent, au point que ça en devienne trop facile pour elle. L’adrénaline s’est envolé, le goût du risque qui la faisait vibrer s’est évaporé au fil des vols réussis. Elle en devient presque blasée à chaque fois qu’elle reprend son rôle, son rôle qui la quitte plus, son rôle qu’elle arbore parfois sans même s’en rendre compte. C’est même souvent le cas auprès de ses proches, comme s’il valait mieux que tout le monde la sous-estime, comme s’il valait mieux mentir et faire semblant pour avoir le dessus, y compris sur ses plus proches alliés. Et c’est sans doute à cause des blessures, des coups et des insultes qui l’ont blessé toujours un peu plus, bouclier censé la protéger contre tout ça et plus encore. C’est pas franchement efficace, ou en tout cas ça l’est plus tellement depuis qu’on l’a retrouvé. Elle est désemparée, la gamine, perdue face à son cœur qui saigne et son esprit qui vrille, les souvenirs qui la harcèlent et lui offrent aucun répit. Malgré tout, Barbra continue, sort le grand numéro à la moindre occasion. C’est facile, parce qu’elle est habituée, parce qu’elle sait faire que ça, qu’elle est bonne à rien d’autre de toute façon.

Son regard scrute sa proie, proie qui n’hésita pas à la détailler et elle réprima un sourire satisfait de justesse. Il semblait apprécier ce qu’il voyait, ce qui était une bonne chose pour elle. Elle doit avouer que pour le coup, lui non plus n’est pas trop mal – elle préfère choisir des cibles attirantes, de toute façon. Faut dire que parfois, elle arrive pas à les voler quand ils sont éveillés, que parfois, elle doit aller jusqu’au bout, les attirer dans son filet et se tirer avec l’argent une fois la victime endormie. Alors si c’est le cas, elle préfère encore avoir couché avec quelqu’un qui l’attire – même si elle préfèrerait autant ne pas avoir à le faire, parfois. Mais ça aussi, elle connaît que ça, parce que les hommes la côtoient que pour ça, pour un passage éclair entre ses reins avant de partir sans se retourner. Elle est habituée Barbie, le dégoût d’elle-même et les blessures cachés derrière un masque d’indifférence. Et ses pensées partent encore dans tous les sens, la blonde s’oblige à rester concentrée sur sa cible pour ne pas se trahir. Alors elle arbore un sourire faussement soulagé quand il l’invite à rester avec lui, alors qu’elle s’assoit en face de lui. « Merci! » qu’elle dit, un air reconnaissant scotché au visage. Elle hausse finalement les épaules, remue un peu son verre sans jamais lâcher le brun du regard. « J’en sais rien mais t’as pas vraiment une tête de psychopathe. » Non pas que cela veuille dire quoi que ce soit. Les détraqués n’en avaient pas toujours l’air – faut dire qu’elle s’y connaissait, la plupart des membres de son entourage étaient tarés. Enfin, en y réfléchissant bien, c’était toute cette ville qui perdait la tête, et c’était peut-être pour ça qu’elle s’y sentait aussi bien. « En tout cas, j’suis prête à prendre le risque. » qu’elle dit avant de finir son verre d’une traite, son regard qui le détaille, qui ne le lâche pas un instant. « J'm'appelle Barbra. T'es nouveau dans l'coin? » Elle l'a encore jamais croisé, en tout cas, et tant mieux - ça veut dire qu'il sait rien de ses magouilles et de ses plans foireux.

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Tu la regardais te jouer son grand jeu et t’aurais pu y croire, t’aurais vraiment pu croire qu’elle était vraiment ce qu’elle prétendait être, une pauvre fille tombée là par hasard…quoique en fait, non. Tu n’étais pas assez débile pour te laisser berner par ses manières quand tout le reste puait la femme pute. Ça te plaisait bien en réalité, tu n’avais pas la prétention de t’intéresser aux vierges effarouchées. Ce n’était pas ton genre, de perdre mille ans à jouer au lover quand d’autres se faisaient moins difficiles. Tu la laissais néanmoins faire son numéro, un petit sourire flanqué au coin des lèvres, coudes posés devant toi, l’ongle du pouce coincé entre tes dents.
Elle était bien jolie en plus, bien gaulée dans sa belle robe qui moulait ses formes comme celles d’une statue antique, la bedaine en moins. Tu n’étais pas si difficile que ça, brunes blondes ou rousses, ça allait, mais là, il fallait dire qu’elle te plaisait bien et outre ses faux airs de chaton effrayé, tu étais curieux de connaître les règles de son jeu. Sur quel échiquier jouait-elle ? Tu avais hâte de le découvrir et pour ce faire, tu voulais bien jouer au crétin, fermer les yeux sur ses manières et te laisser mener par le bout du nez.
Tu ne pus pourtant t’empêcher de la provoquer un peu. Et si tu étais aussi chelou que le type qui l’aurait emmerdée ? Et si tu étais pire encore ? A vrai dire, tu ne te voyais pas comme un prédateur ou quoique ce soit de si terrible mais on pourrait difficilement te qualifier comme mec bien. A moins que la définition ait perdu de sa superbe. « Bon, si tu le dis ! » admis-tu avec un petit rire en portant ton verre aux lèvres, avalant quelques gorgées avant de le reposer bien en visu. Même avec des blondes incendiaires, tu restais sur tes gardes. Et oui, tu l’avais déjà vécu et l’expérience ne t’avait pas fait rire du tout. « Tu m’as l’air joueuse. » commentais-tu d’un petit sourire de coin en arquant le sourcil alors qu’elle annonçait vouloir prendre le risque. OK mais toi, quel risque étais-tu en train de prendre en sa compagnie ? Si ça se trouve, c’était elle la psychopathe ! Ou pas, tu te sentais du moins en mesure de te défendre du haut de ton mètre quatre-vingt treize. Ce n’était pas ce petit bout de femme qui avait de quoi t’impressionner. « Valerian. On peut dire ça comme ça… » souris-tu sans préciser ton vrai nom. Tu doutais que les temps aient changé avec tes bolosses de frère pour tenir le cap en ton absence. Bizarrement, pour dorer le blason des Popescu, tu ne leur faisais pas franchement confiance. « J’ai grandi là mais je ne connais plus rien ni personne » précisais-tu, histoire qu’on ne puisse pas te reprocher d’avoir menti. Portant à nouveau ton verre aux lèvres, tu te tournais légèrement vers elle. « Alors, on joue à quoi ce soir ? »

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