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 révolutions par minute (olni)

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MessageSujet: révolutions par minute (olni)    révolutions par minute (olni)  EmptyMer 18 Avr - 22:50

oli a des airs du labrador de la maison, avachi contre le sofa à souffler comme un chien qui aurait compris l'inutilité de son existence sur terre. en background, de la musique pour serrer de belles misses. ça le fait marrer, un instant, quand s'ajoute en surimpression les glapissements des gosses, sûrement dans leurs chambres - leurs mères prient très forts, en tout cas. l'espoir fait vivre;
ça fait trop longtemps qu'oli n'a pas prier.
peut-être qu'il comate, peut-être qu'il est déjà mort. il a deux cachets dans le ventre et des étoiles dans la tête. mais ça va, il gère. il gère toujours, oli, jusqu'au jour où il ne gérera plus du tout. tout le monde peut voir la chose se profiler à l'horizon; personne ne sait comment se préparer. pour le moment, le chien se repose, fatigué d'avoir couru après sa queue.
à quatre pattes dans les jouets éparpillés au sol, poursuivi par un kanye toute l'après-midi.
- c'est tellement crevant d'avoir des gosses????
multitude de points d'exclamation - preuve d'un esprit dérangé.
il parle tout seul; peut-être. mais il y a assez d'âmes en peine dans cette baraque pour que quelqu'un lui réponde.
- genre woah, moi tu vois j'pourrais pas en avoir parce que bah y'a un moment tu peux plus courir c'est plus possible sinon t'es mort et genre c'est pas productif d'avoir un gosse et de crever?
la machine se rallume, ça clignote dans ses yeux couleurs embruns. le cerveau débranché, la langue bien pendante. vivement que l'intelligence artificielle soit assez performante pour qu'on ait un moyen de le faire taire et de le remplacer par un robot. parfait compagnon de minuit, il ferait le ménage, la vaisselle et s'occuperait des gosses sans vous raconter ses bad trips et sa philosophie de comptoir PMU.
ce n'est pas encore le cas - pas avec une aussi belle gueule, en tout cas.
tant pis pour toni.
- un gosse c'pas fait pour avoir un parent crevé.
il rajoute; éclair de génie dans la boue, le vomi et le sang. poésie de la rue, le psychanalyste dirait qu'il meurt d'envie de parler de sa mère et de son père et de leur absences consécutives, les plateaux repas qui remplissent les ventre et vident le cœur. parfois, il se dit qu'il devrait écrire un livre. parfois il voudrait juste le chanter. il fera sûrement les deux; mal, mais il le fera.
ses yeux se plantent sur le plafond écaillé, ça tourne un peu - comme lorsqu'il se relève trop rapidement, à la seule différence qu'il n'a pas bougé. aux pieds du sofa - aux pieds du monde. il se redressera si leonardo dicaprio jeune se téléporte dans le salon, pas la peine d'en tirer plus.
pour toni, il veut bien faire un effort.
il ouvre un œil, regarde l'intéressée d'en bas, rictus aux lèvres. sale gosse bon marché.
- tu veux que je te dise un secret?
non. oli, c'est un livre ouvert. avec pleins de sous-textes libidineux et d'appel au secours.
- j'ai de quoi fumer, on s'en roule un?
ou deux ou trois ou oli dormira sous le canapé, sommeil sans rêves - sans trêves.
le rêve.

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MessageSujet: Re: révolutions par minute (olni)    révolutions par minute (olni)  EmptyDim 22 Avr - 22:19

« ET SI TU DESCENDS J'TE JURE QUE J'TE DÉFONCE ! » Sa voix fait vibrer les murs alors qu'elle disparaît dans le fond du couloir, sa menace qui s'adresse à Kanye mais qui reste globalement valable pour chaque gamin. Elle dévale les escaliers quatre à quatre, manque de se rétamer à la dernière marche parce qu'un jouet traîne là, comme toujours. Elle râle et balance un tas d'insultes en revenant au salon, tout juste le temps d'entendre le mot gosse résonner entre les lèvres d'Oli. Elle s'en soucie pas vraiment, escaladant l'accoudoir du canapé pour s'y vautrer lourdement. « Genre woah, moi tu vois j'pourrais pas en avoir parce que bah y'a un moment tu peux plus courir c'est plus possible sinon t'es mort et genre c'est pas productif d'avoir un gosse et de crever ? » Ses sourcils se froncent alors qu'elle tourne la tête vers lui, ses traits tordus dans une incompréhension flagrante. Elle a pas suivi, elle sait pas pourquoi il sort tout ça. Elle est pas sûre de vouloir savoir.

Il parle toujours trop, Oli.

Ça la dérange pas tellement même si elle aime faire mine de râler – quand ça l'intéresse pas elle écoute pas ou elle lui dit d'la fermer, et s'il continue elle gueule plus fort pour plus l'entendre. Dans l'fond ça la fait rire, quand il part dans ses discours un peu décousus, sacrément foireux. Ça l'empêche pas de le fixer comme s'il était un putain de chien qui se serait mis à lui taper la causette. « Jamais t'arrêtes de raconter d'la merde ? » Non, bien sûr que non. Il sait pas s'arrêter. « Un gosse c'pas fait pour avoir un parent crevé. » Elle s'installe de façon à être couchée sur le dos, sa tête calée sur l'accoudoir, ses jambes étendues au niveau de la silhouette d'Oli campée au pied du canapé. Et elle le fixe. « Et un parent c'pas fait pour avoir un mioche casse-couilles. » Elle soupire, repense aux protestations de Kanye, à ses grands yeux bleus qui la mitraillent quand elle le saucissonne dans sa couette pour l'empêcher de se relever. « Kanye, il tient ça de l'autre. » Évidemment. Dès qu'y a un mauvais côté c'est la faute d'Abel, pas la sienne. Jamais la sienne.

Ses prunelles toujours braquées sur lui, elle le voit ouvrir un œil, afficher un rictus. Celui de sale gosse, celui qu'il a quand il lui propose une idée de merde et qu'elle dit oui instantanément. « Tu veux que je te dise un secret ? » Elle se redresse un peu, s'appuyant sur ses coudes alors que son sourire fait écho au sien. « J'ai de quoi fumer, on s'en roule un ? » Son sourire repart aussi vite qu'il est apparu. Ses sourcils se froncent et elle retrouve sa moue boudeuse, sa gueule des mauvais jours. Elle le foudroie d'un regard, son pied qui vient s'abattre brutalement contre l'épaule d'Oli en signe de mécontentement. « Si c'est pour dire ça vaut mieux qu'tu la fermes hein. » Il sort toujours ce genre de conneries, à croire qu'il retiendra jamais son aversion pour la drogue. Pourtant c'est pas faute de le scander à longueur de temps, à mener la guerre contre les autres filles de sa bande, à faire des réprimandes à Oli chaque fois qu'il se pointe défoncé – tous les jours ou presque, du coup. « T'avises même pas d'sortir ta beuh, sinon j'te garantis que j'te la fais bouffer par le nez. » Un index menaçant pointé dans sa direction, ça lui donne des airs de daronne un peu trop vulgaire, qui fait la leçon à un ado récalcitrant. « Tu m'saoules. » Elle se laisse retomber entre les coussins, ses yeux vrillés au plafond, ses doigts qui jouent avec la cordelette de son jogging. « Fais-toi pardonner, sinon j'te fous dehors. » Ça sonne comme un ordre, pourtant ses lèvres se sont étirées à nouveau. Elle n'exige qu'à moitié – et de toute façon il sait qu'elle ment, elle le jettera pas seul dans la nuit. C'est rien de plus qu'un jeu.
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MessageSujet: Re: révolutions par minute (olni)    révolutions par minute (olni)  EmptyLun 23 Avr - 12:22

peut-être qu'il écoute pas, oli, les autres; la vie qui passe; ses instincts qui lui hurlent de cesser. ou peut-être qu'il oublie vite, aussi. sûrement un mélange savant des deux, qui le met en marge des autres, parce qu'il est pas viable, oli, sur le long terme. un jour, il essayera de faire ami-ami avec son meurtrier; un jour, il oubliera réellement combien de cachets il s'est fait, et ce sera la fin tant attendu. y'en faut pas beaucoup, pour crever quand on la mémoire d'un poisson rouge sous acides.
en attendant le spectacle final, love raconte de la merde à qui veut l'entendre - personne, à bien y réfléchir. il fait genre d'avoir une espèce de conscience, un truc qui le raccrocherait à la réalité. il parle, flot de paroles constant prêt à noyer tout le monde sur son passage. et ça lui fait bizarre, quand on lui répond, parfois. parce que qui le voudrait? toni. qui le laisserait au pied du canap, à déconner sérieusement, robot malade? toni. et ça le fait sourire, une seconde. un sourire qui s'élargit comme un trou noir quand elle l'engueule, le bouscule un peu, parce qu'il est sûr d'avoir merder quelque part mais qu'il n'a pas le courage de chercher où exactement.
son père et lui ont au moins ça en commun.
- tu m'saoules.
parfois, oli, il aimerait bien dire que oui, putain, oui, j'me saoule moi-même, alors t'inquiète pas ça va aller. peut-être qu'au fond, son narcissisme générationnel rééquilibre le tout et l'empêche de se vider un chargeur dans le pied. allez savoir.
au moins, l'ouragan toni a le mérite de lui faire ouvrir les deux yeux, physiquement parlant, pour le reste il demeure aussi aveugle qu'au premier jour - après tout, il ne faut pas lui en demander trop à la minute. (l'heure?)
- fais-toi pardonner, sinon j'te fous dehors.
elle a l'air du chef de guerre, pourtant allongée sur le sofa, jogging dégaine de mère fatiguée. d'adolescente énervée.
il a envie d'un rail, de quoi se casser très loin, là tout de suite. il a envie de rester, se cacher sous la couverture le monde de nemo qu'on lui prête gentiment, à chaque putain de fois qu'il ramène sa tête d'illuminée dans le coin. il a envie de sortir sa beuh ramollie de sa poche, juste pour qu'elle la lui fasse avaler par les trous de nez - elle le ferait vraiment. lui faire comprendre au moins une fois dans sa vie qu'il faudrait peut-être songer à devenir un ami potable quand on ne peut pas être un être humain passable.
à la place, il se met à genoux, parce que c'est plus facile dans sa position, et que ses rotules en ont l'habitude. il la regarde d'en bas, et ça l'énerve quand il remarque qu'elle n'a même pas de double menton, elle. ça le fait sourire aussi, comme une mère fière de son mioche. il faut qu'il arrête la drogue.
- fais pas la gueule, princesse, tu vas t'choper la ride du lion.
il papillonne des yeux, approche son visage enfantin pour qu'elle lui foute une baffe, qu'on en finisse. on en fini jamais, avec oli. toujours une connerie pour faire oublier la dernière. éternel recommencement du serpent qui se bouffe la queue - il aimerait bien.
- et si elle est là, tu sais c'qu'on dit, elle y restera pour toujours!
toujours le mot qui va bien. oli, la sorcière des vieilles histoires. il doit le savoir, au fond de lui, qu'il s'enfonce. on espère en tout cas.
sourire rectangle canines apparentes, le bout du nez qui vient se battre avec la joue de la jeune femme. elle devrait le foutre dehors. elle devrait le laisser sur la paillasson, histoire qu'il comprenne, un peu. quoique, tout le monde se doute que ça ne changerait pas grand chose. il l'observe un instant, tête penchée.
- alors te fais pas d'mal pour moi, s'il te plait. regarde. il a l'air de savoir où il va, quand il se relève maladroitement. ça tangue un peu, et il a des fourmis au bout des doigts. il attrape presque habilement la couverture nemo, et s'empresse de border la contrariée, avec une délicatesse qui n'appartient qu'à lui. oli, orfèvre de la connerie. ça doit le rendre attachant, au fond, si on cherche un peu, qu'on remue les problèmes à la pelle et qu'on fait fi de l'odeur.
- voilàà. touche final à son oeuvre, une main passée dans les cheveux décoiffés de l'autre. l'arroseur arrosé, comme une vengeance pour un kanye obligé de s'endormir contre son gré. ce n'est pas l'effet recherché, mais il espère qu'ainsi prisonnière, elle se calme un peu. les gens sont toujours calmes, la première heure en cellule e dégrisement.
- faut que tu te détendes, que tu prennes du temps pour toi, c'est pas facile d'être maman, toni! tu te tues au travail! ah... y'a des glaces smarties dans le congélo si tu veux? non pas qu'il ait regardé. non pas qu'il en veut une aussi. non pas que tout cela ait un quelconque putain de sens. il s'en fout, oli, il va avec le courant. et vogue la galère. entre sarcasme et vérité, le tout saupoudré de c.
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