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 broke our mirrors (haligar)

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Halina Kida

Halina Kida
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MessageSujet: broke our mirrors (haligar)   broke our mirrors (haligar) EmptyLun 23 Avr - 15:52

- Non, non, non, on va pas revenir là-dessus tous les trois jours.
- Elle se pose des questions, c’est tout ce que je dis.
- On s’en pose tous, et crois-moi que si Hagar apprenait la vérité, ça serait dix fois pire.
- J’suis pas sûre… elle pourrait essayer de comprendre.
Rire gras.
- Comprendre quoi ? Qu’on couvre l’identité de son violeur depuis des décennies ? Sérieusement ?
J’hoquette, plaque deux mains contre ma bouche pour étouffer tous les sons.
- Non j’veux dire… On n’est pas notre grand-père, et de toute façon il est mort maintenant, qu’est-ce que tu veux qu’elle fasse de plus ? Au moins on aura eu l’honnêteté d’avouer la vérité.
- J’ai dis non, c’est déjà la merde ici, on va rien aggraver avec des secrets vieux d’un siècle. Je salirais pas la mémoire de dziadek pour éviter à une gosse de faire des cauchemars.
- Sa mémoire est déjà salie. Et- pause. T’as entendu ?

Je m’échappe en courant à travers les caravanes. Je cours, sans m’arrêter, du plus vite que je peux. Je cours tout droit en directement de la plage. Ça a un côté poétique de se retrouver face à l’océan noir de nuit. Et les vagues qui se fracassent contre les rochers étouffent mes inspirations imprécises. J’hyperventile en essayant de faire le point dans ma tête. Je ferme les yeux très forts. Le sang qui bat dans mes artères résonne partout en moi, et mon coeur pompe trop vite pour essayer de faire redémarrer mon système. Je m’accroupis sur le sol et claque mes joues de mes mains froides pour m’empêcher de me mettre à pleurer. Les bribes d’informations que j’ai arraché salement, en espionnant, planquée sous la fenêtre de la caravane de mon père, tournoient en moi et me donne le mal de mer. C’est pas vrai, j’ai dû mal comprendre. Et pourtant, tout est si clair maintenant. Hagar, le secret, le viol, grand-père. Mes poings se serrent, je les joins devant mon visage, je tremble de la tête au pied.

Ils ont tous menti. Tous. Papa, mes tantes, l’intégralité de ma famille couvre le plus sale des secrets. Dans le viol d’une enfant, ils ont décidé de se mettre du côté de l’agresseur. Et j’essaie, du plus fort que je peux, de trouver une logique là-dedans. Mais je n’en trouve pas. Il n’y en a pas. C’est indéfendable. Alors je passe par toutes les phases. Le déni, j’ai mal compris. Je n’ai capté qu’un bout de conversation, y a forcément quelque chose d’autres, une explication. J’ai peut-être fait un magnifique contre-sens, qui sait ? J’en sais rien. Non, faut que j’arrête de me voiler la face. Parce que ça me semble incroyablement cohérent que mon père et mes tantes se mettent du côté de mon arrière-grand-père. Parce que ça colle parfaitement avec tous les discours qu’on m’a servi depuis le début de ma vie. La famille avant tout. Quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, toujours être de leur côté. Mais cette fois, je ne peux pas. C’est au-dessus de mes forces. Tant pis si c’est un Kida l’agresseur. Tant pis si c’est Hagar la victime. Je serais forcément de son côté, sachant que nos blessures sont les mêmes en miroir, chacune marquée à au fer rouge jusqu’au plus profond de son âme.

Hagar. Tout semble plus clair maintenant. Hagar que mon père n’a jamais aimé, Hagar qui a créé des tensions sans même ouvrir la bouche. Hagar, un peu weird, avec quelque chose en elle qu’on explique pas spécialement. Ce truc qui débloque chez elle, ce traumatisme dont on a toujours tut le nom. J’me souviens de Fabio, essayant avec sa délicatesse habituelle de m’expliquer : Oh, tu sais, Hagar elle est chelou depuis que y a un con de l’extérieur qui, bah, tu sais Je comprenais pas à l’époque. Et je cherchais pas à comprendre. Je m’en foutais complètement. Maintenant, je comprends tout. Tout est si limpide maintenant que ça me donne des frissons.

Je reste là un moment, assise sur le sable froid, à fixer tout et rien à me demander quoi faire de tout ça. J’devrais me la fermer. J’devrais oublier. J’aurais préféré ne rien entendre, ne rien savoir. Mais j’peux pas. Se taire c’est être complice. Être complice, c’est accepter ce qui s’est passé. J’me sens investie d’une responsabilité, celle de toutes les femmes, toutes les victimes. Comme si j’étais dans un nouveau club maintenant. Celle des nanas violées. J’aurais voulu ne jamais connaître ce club. J’aurais préféré qu’Hagar et moi, on n’y soit pas toutes les deux. Et pourtant c’est le cas. On est l’une et l’autre du même côté de la ligne, même si on a passé notre vie à nous éviter gentiment, à éviter de créer des étincelles. Je me lève d’un coup sec, fait volte-face, fonce vers les caravanes.

L’une de mes tantes est assise sur les marches de la caravane que j’ai espionné une heure plus tôt. Elle fume une cigarette. Tiens Halina, viens fumer avec moi ma chérie. Je ne la regarde pas. Je marche droit à côté d’elle. Si j’la regarde, elle va deviner. Si elle devine elle va m’empêcher de parler. Rien ne me fera jamais avoir peur. Plus jamais. Pas l’temps. Que j’articule froidement. J’fais un détour, j’ai pas envie qu’elle sache que j’fonce dans la caravane d’Hagar. Je regarde derrière moi avant de frapper.

Je frappe.
J’entre sans attendre qu’elle m’y invite.

Désolée, c’est moi. Que j’annonce la voix fébrile. Elle est plantée là au milieu moi aussi. Le visage fermée par les questions qui se crashent dans ma tête. C’est une putain de pluie de comètes à l’intérieur. J’avale ma salive, je la regarde et j’ai l’impression que c’est la première fois que je la vois vraiment. Je reste à bonne distance, comme si j’avais peur. Je suis plaquée contre la porte close. Je prends une grande inspiration. Faut que j’te parle d’un truc important. Que j’dis sans émotion dans ma voix. Je lâche ça comme si je récitais une leçon apprise par coeur en y mettant le moins de moi, le moins de ce que je suis, foutue âme brisée par un mec. Et dans le fond des yeux d’Hagar, je devine qu’elle a été brisée aussi. Brisée par ma famille. Par nos secrets. Par ce désastre sans réponse autour duquel elle a dû se construire. J’ai la gorge si sèche que j’ai l’impression d’être en plein désert. Je sais que tu t’es fait agressée gamine. Euphémisme dégueulasse qui me donne tout autant la gerbe qu’elle, probablement. Mais je sais ce que c’est, de ne pas vouloir mettre des mots sur quelque chose de trop catastrophique pour être nommé. Je suis déjà pas capable d’en mettre pour moi, alors pour elle, j’essaie même pas. Et je sais qui t’as fait ça. Ça claque dans l’air comme un coup d’fusil, après ça un silence s’étend entre nous. C’est trop tard pour faire demi-tour et pourtant, j’ai l’impression que j’aurais pas le courage d’aller au bout. Pas le courage de trahir les miens. Même s’ils m’ont trahie la première.
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