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Bip bip ▹ posts envoyés : 1301 ▹ points : 38 ▹ pseudo : miserunt (mathie) ▹ crédits : ailahoz (avatar) moi (gif) & whi (profil) ▹ avatar : mimi elashiry ▹ signe particulier : air mauvais, moue boudeuse, la crinière sauvage qui vient toujours cacher son visage ; tenues provocantes et allure d'allumeuse, pourtant elle n'assume rien et s'indigne lorsqu'on la drague un peu trop.
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| Sujet: fury road. (madney) Dim 11 Mar - 16:08 | |
| Elle serre son sac à main contre elle, nerveuse. Elle n'arrête pas de zieuter à gauche et à droite. Elle a l'impression que tout le monde le sait, que tout le monde peut le voir à travers le tissu. Elle a une boule dans l'estomac, c'est ridicule. Ses doigts qui agrippent fermement la lanière en cuir, à tel point qu'ils blanchissent. Elle fonce dans la nuit, tête baissée pour arrêter de regarder partout autour d'elle, elle va finir par devenir suspecte. Elle suit le GPS sur son téléphone qui lui indique le bâtiment où elle veut aller. Elle espère tellement qu'elle trouvera quelque chose là-bas. Un indice, quelque chose, n'importe quoi. Elle n'en peut plus de s'égosiller dans le vide et de prier. Prier pour qu'on lui rende sa mère vivante et qu'elle ne soit pas en train de vivre un calvaire. Elle a passé tout son temps à la chercher dernièrement, à tel point qu'elle a fait n'importe quoi. Il lui a fallu du temps pour comprendre qu'arrêter de dormir et de manger ne la mènerait nulle part, bien au contraire. Alors elle a recommencé à s'alimenter un peu, mais pas grand chose. Elle n'a jamais été une grosse mangeuse mais là, c'est pire. L'angoisse permanente lui noue la gorge, elle n'arrive pas à faire passer quoi que ce soit. Alors elle boit beaucoup pour compenser, elle se dit que ça suffira. Ça et le sommeil. Mais elle n'est pas foutue de faire une nuit complète. Alors elle fait des siestes, n'importe quand, n'importe où. Ça l'a aidé à remonter un peu la pente, mais c'est loin d'être convaincant. Elle a toujours les yeux cernés, les joues creusées. Ça se voit qu'elle a perdu du poids. Les clavicules apparentes, les pommettes plus saillantes, le contour de la mâchoire plus net. Ses épaules plus frêles et les veines plus apparentes sur ses mains. Plus rien à voir avec son allure de poupée bronzée.
Elle a passé du temps au commissariat dernièrement. Discrète. Elle a rasé les murs, pour se faire oublier, pour se faire invisible. Elle ne voulait pas qu'on la remarque pendant qu'elle profitait du bordel ambiant pour ouvrir des dossiers, piquer des choses, glaner des informations. Elle a méticuleusement évité Sidney aussi, bien qu'elle ne l'ait pas fait consciemment. Le truc, c'est que son cerveau a comme zappé leur dernière entrevue. Il a foutu le dossier dans la catégorie erreurs et il a crypté le tout. Tout ce qui lui reste, c'est de la colère. Parce qu'il n'est pas venu la voir alors qu'il sait pertinemment que sa mère a disparu. Mais il s'en fout, il joue au con. Elle ne sait pas pourquoi, elle ne comprend pas et ça la met dans tous ses états. Elle a attendu son appel, sa visite. Elle a attendu qu'il vienne la serrer dans ses bras et lui promette que tout ira bien. Mais il n'est pas venu. Et c'est une douleur supplémentaire qui s'ajoute à son calvaire. Elle lui fera manger la poussière pour ça. Le jour où il reviendra. Est-ce qu'il va revenir ? Putain, elle ne veut même pas imaginer le pire.
Enfin, elle arrive sur place. Son regard qui scrute le bâtiment, ce n'est pas très engageant. Ça pue le truc louche. Mais c'est la seule information qu'elle a réussi à trouver. Le nom d'un suspect, un russe, il aurait déjà trempé dans des trucs louches. Ils n'ont pas réussi à le relier aux disparitions pour l'instant, mais il est leur meilleure piste apparemment. Mais ça ne va pas assez vite à son goût et elle ne comprend pas ce qu'ils attendent. Pour l'arrêter, le faire parler, l'obliger à libérer les gens enlevés. S'ils sont toujours vivants. Elle déglutit, cette idée qui se fracasse dans son crâne, ça la tue. Elle secoue la tête et souffle, se met à regarder autour d'elle de façon compulsive. En face du dit bâtiment, y en a un autre, dans un sale état. Mais il a l'air d'avoir un toit accessible. Elle hésite, réfléchit. Elle n'a pas très envie de rentrer là-dedans. Mais y a nulle part ailleurs pour se cacher tout en ayant une bonne visibilité. Alors elle inspire, prend son courage à deux mains et traverse la rue. Elle vérifie que personne ne la regarde avant de se faufiler dans ce qui semble être un ancien immeuble abandonné. Elle grimpe les étages les uns après les autres, dans le silence le plus total. Elle tend l'oreille, pour s'assurer que personne ne rôde dans le coin, pas sereine. Un craquement. Elle sursaute, étouffe un cri et se plaque contre le mur le plus proche. Elle regarde de tous les côtés : rien. Elle finit par déglutir et soupire, les nerfs à vif. Elle ouvre son sac-à-main pour vérifier qu'il est toujours là. Éclat brillant. Le métal du flingue qui brille doucement. Elle referme son sac, de plus en plus stressée. Elle ne sait même pas s'en servir. C'est n'importe quoi. Honnêtement, elle a du mal à réaliser que Malo ait accepté.
Elle arrive enfin devant la grande porte de métal qui mène au toit, moment de vérité. Elle secoue ses mains pour essayer de se détendre un peu et elle enclenche la poignée et pousse. Ça s'ouvre. Elle retient un petit cri victorieux, prise d'une euphorie soudaine. Mais la porte grince et couine et elle s'arrête aussitôt, comme si elle avait peur de se faire prendre. Mais c'est pas elle qui se fait surprendre. Sur le toit, un peu plus loin, près du rebord, y a déjà quelqu'un. Haut le cœur, elle prend peur. Elle est déjà prête à faire demi-tour et à dévaler les escaliers lorsqu'elle reconnait la dégaine du mec. Grand, crâne rasé, allure débraillée. — SID ?! Elle crie, c'est plus fort qu'elle. Bouche grande ouverte, estomaquée. Elle ne s'était pas attendue à ça. Ses doigts qui se resserre sur la porte, fureur qui monte en flèche, elle referme la bouche et serre les dents. Le sale petit con. Elle s'avance, la peur s'est envolée, elle oublie même ce qu'elle est venue faire ici. La porte qui claque derrière eux dans un grand fracas, elle s'en balance. Elle s'approche de lui, elle a envie de le jeter par-dessus bord. Pour le punir de l'avoir oubliée, de l'avoir blessée. Elle attrape son t-shirt et le tire vers elle, pour l'obliger à se pencher et à se mettre à sa hauteur. — Espèce d'enfoiré. Elle tire encore plus fort sur le tissu, tant pis si ça le déforme. — Ça va ? Bien ? Tu t'éclates ? Moi bof, tu sais pourquoi ? PARCE QUE MA MÈRE A DISPARU ! Elle relâche et le repousse une fois, deux fois, trois fois. Elle est hors d'elle. Elle n'arrive pas à comprendre pourquoi il a joué la carte du silence radio en sachant qu'elle devait être au fond de l'eau. — Mais visiblement tu t'en fous ! Elle voudrait le gifler. Mais elle recule. Être près de lui finalement, ça lui fait plus de mal que prévu. C'est confus, tout se mélange. La haine et la rancœur, la douleur et l'incompréhension. Elle aurait jamais cru ça de lui. |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Dim 11 Mar - 20:15 | |
| Y a cette sensation qui lui tord les tripes – celle de se sentir inutile, celle qui fait trop mal quand il voit le nombre de disparus augmenter alors que leurs pistes restent trop rares, celle qui lui fissure le cœur quand il reconnaît certains noms sur la liste. Daja, Ronnie, et il veut pas attendre que d'autres viennent s'y ajouter.
Ça lui suffit pas d'écouter les plus haut gradés faire des points sur les rares éléments rassemblés, d'aller voir son père pour grappiller toutes les informations possibles sur l'enquête, de faire passer des interrogatoires et de faire des rondes avec les autres. Il supporte plus d'entendre les gens se mettre à pleurer à l'accueil, d'autres qui beuglent et les insultent sur plusieurs générations, d'autres encore qui leur renvoient leur inefficacité à la gueule. Il arrive plus à encaisser et c'est p't'être pour ça qu'il se sent investi d'un courage qui n'lui ressemble pas, l'envie de changer les choses, d'essayer même s'il doute de ses propres capacités. Il a juste besoin de faire de son mieux, agir pour n'pas devenir fou, enquêter de son côté même si c'est déconseillé, sûrement aussi risqué que stupide. Il a emmené son arme de service et sa plaque mais a laissé son uniforme au placard, vêtu en civil, ses fringues trop usées qui lui donnent l'air d'un zonard. Il se gare sur un terrain éloigné de sa destination pour ne pas attirer l'attention, observe les quelques baraques trop sales jusqu'à arriver à la bonne adresse. C'est laid, c'est vieux, assez délabré pour donner envie de rebrousser chemin, pas assez non plus pour que ça soit inhabitable. Il sait qui vit là-dedans, un type russe qu'ils ont sur leur liste de suspects et qu'il est bien content de n'pas avoir interrogé – il l'a vu passer et il le trouve flippant, une lueur mauvaise dans son regard, les traits abîmés par le temps et la violence, ça crève les yeux. C'est celui sur qui pèsent le plus de soupçons et pourtant ils n'ont rien, ou en tous cas rien de concret. Il a les antécédents douteux, l'allure louche, les réponses vaseuses. Et surtout, ils ont remarqué les allées et venues d'une camionnette à intervalles plus ou moins réguliers, mais ils peuvent pas intervenir tant qu'ils ont pas de quoi le coincer. Alors les contrôles continuent et on cherche d'autres suspects mais Sid n'arrive plus à se le sortir de la tête ; y a ce besoin viscéral de savoir si c'est leur homme ou non.
Il se fait discret quand il se faufile dans le bâtiment d'en face sans la moindre hésitation. Il a fait du repérage avant de venir, tout est planifié, calculé. Il compte pas agir seul, courageux peut-être mais loin d'être téméraire, il tentera rien. Il veut juste surveiller même si ça a déjà été fait – pas assez longtemps à son goût. Ils ont pas les effectifs pour établir une surveillance rapprochée sur chaque suspect alors il se démerde comme il peut, décidé à s'en charger lui-même pour tenter de repérer le moindre indice, le moindre détail qui puisse aider à faire avancer les choses. Il grimpe dans les étages délaissés, crasseux, des canettes abandonnées sur le sol et des tags sur les murs. Les escaliers qui le mènent jusqu'au toit et la porte métallique qui grince un peu trop fort, il grimace, la pousse le moins possible pour limiter le bruit, l'ouverture à peine assez large pour qu'il puisse passer. Même opération quand il referme derrière lui, avant d'enfin s'avancer sur le toit, échine voûtée pour ne pas se faire repérer, venant se poster près du rebord, assis par terre pour ne laisser dépasser que sa tête et ses épaules.
Il observe. Un carnet et un stylo sur ses genoux, son portable près de lui pour surveiller l'heure, il prend des notes, retranscrit chaque allée et venue, prend quelques photos même si elles sont d'une qualité discutable.
Il passe plusieurs heures comme ça, les membres engourdis mais l'esprit trop concentré sur sa tâche pour y prêter attention, les pages qui se noircissent sous ses observations. Il note tout absolument tout, même ce qui paraît anodin, sans importance. Il veut rien laisser passer.
Il est tellement appliqué, tellement dans sa bulle qu'il sursaute quand il entend la porte grincer derrière lui. Aussitôt il se remet sur ses deux pieds et scanne les alentours rapidement – il n'a aucune échappatoire. Rien d'autre que la porte qui s'ouvre, et si on l'a repéré, si on vient pour lui, il est foutu. Instinctivement, sa main vient se poser sur l'arme qu'il a calée à l'arrière de sa ceinture, même s'il prie de toutes ses forces pour n'pas avoir à l'utiliser. Son souffle qui reste bloqué quelque part dans sa trachée, son cœur qui loupe un battement, la silhouette de l'intrus qui apparaît enfin. Petite, menue, cette crinière en vrac qu'il reconnaîtrait entre mille. C'est Mads et il soupire, sans savoir si c'est de soulagement ou de déception, à croire qu'il aurait presque préféré faire face à un type louche plutôt qu'à elle. « SID ?! » Elle gueule, ça résonne dans l'air et il fronce les sourcils, vient poser son index contre sa bouche automatiquement. « Shhhh ! » Mais il a beau lui faire signe de se taire, il sait bien que c'est inutile.
Elle écoute jamais rien.
Il sent sa fureur quand elle avance vers lui à grandes enjambées, la porte qu'il voit se refermer derrière elle, qui fait un bruit d'enfer quand elle claque. « Mads putain, la porte... » Il soupire, passe une main sur son visage, déjà fatigué avant même qu'elle ait commencé à parler. Il n'a pas envie de la voir, de l'entendre, de lui répondre. Il n'a pas envie de partager son espace avec elle, et la hargne avec laquelle elle attrape son t-shirt ne fait que le confirmer. Pourtant, comme toujours, il ne bronche pas. Il la laisse faire, prêt à encaisser même s'il n'est plus sûr de pouvoir continuer à le faire sans imploser. « Espèce d'enfoiré. Ça va ? Bien ? Tu t'éclates ? Moi bof, tu sais pourquoi ? PARCE QUE MA MÈRE A DISPARU ! » Quand elle lâche prise c'est pour mieux le pousser, une fois deux trois, ses pieds qui reculent, sa carcasse qui accueille sa véhémence avec une lassitude palpable. « Crie pas. Je sais. » C'est tout ce qu'il trouve à dire et il sait qu'il n'arrange pas son cas, il sait qu'elle lui en veut. Il la blâme pas, il est parfaitement conscient d'avoir merdé. Il a songé à la contacter mais il a pas pu se résoudre à l'appeler, et un texto lui paraissait totalement déplacé au vu d'la situation. Il a eu envie d'aller la voir évidemment, il a failli le faire à plusieurs reprises mais il a rebroussé chemin à chaque fois. Parce que ça fait trop mal, parce qu'après les mots durs et les gestes qui le sont encore plus il n'est plus capable de l'affronter. Rien qu'à la regarder, là, il a envie de hurler. Tiraillé entre les excuses qui se bousculent au bord de ses lèvres et les reproches qui tournent en boucle dans sa tête. Il sait pas quoi faire alors il ne dit rien, se contente de la fixer, sent chaque brèche mal colmatée se creuser plus profondément, la douleur qui l'assaille et la culpabilité qui s'y entremêle étroitement. « Mais visiblement tu t'en fous ! » Ça l'tue qu'elle puisse dire ça, parce que c'est faux, parce qu'elle le sait. Y a un éclat de colère qui traverse son regard mais ça disparaît aussi vite que c'est venu, la lassitude qui reprend le dessus rapidement. « Arrête, tu sais que c'est pas vrai. » Il pourrait se chercher des excuses, lui dire que c'est la folie au poste et qu'il sait plus où donner d'la tête – c'est pas complètement faux – mais il a pas envie de faire ça. Il a merdé, il le sait, ça sert à rien de chercher à se dédouaner. « J'suis désolé. On la cherche. » Mais ils la trouvent pas et c'est bien ça le problème.
Ses prunelles qui ne la quittent pas, qui glissent sur ses traits émaciés, ses clavicules apparentes, ses joues qui se sont creusées. Il devine sans mal l'état dans lequel elle est et il s'en veut de n'pas avoir été là, de n'pas avoir su mettre la rancœur de côté, de n'pas être assez fort pour l'affronter. « Qu'est-c'que tu fais ici ? » Elle n'a rien à foutre là, dans un coin aussi merdique, aussi dangereux surtout. Il s'demande si c'est encore pour ses enquêtes à la con et il voudrait l'engueuler mais c'est pas le moment pour ça – il risquerait de s'en prendre une. Alors il se contente de froncer les sourcils, l'air désapprobateur même s'il se mord la langue, son regard qui se tourne une seconde sur la rue en bas. Ils sont trop proches du bord, trop facilement repérables. Sa main vient attraper son bras doucement quand il s'éloigne, pour la forcer à le suivre, la forcer à s'enfoncer plus loin sur le toit pour ne plus être en proie aux regards indiscrets. « Tu devrais rentrer chez toi. » Parce que c'est pas un coin pour elle – pas pour lui non plus. Parce qu'il a du mal à supporter sa présence, parce que c'est trop soudain, parce qu'il a pas eu le temps de panser les plaies et se construire une armure pour se protéger d'elle.
Elle est là, et pour la première fois de sa vie, il voudrait que ça ne soit pas le cas. |
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Sam 24 Mar - 16:01 | |
| Il râle, lui fait signe de se taire, mais elle s'en fiche. Elle s'en fiche de la porte qui claque, ce bruit, c'est rien comparé à celui que son cœur à fait quand elle a appris que sa mère avait disparu. Quand elle a vu que Sid ne revenait pas vers elle malgré cette situation catastrophique. Le bruit de la trahison est terrible. Elle s'est sentie abandonnée et humiliée par celui qui depuis toujours est censé être son plus fidèle allié. Elle n'a pas compris ce silence. Elle ne le comprend toujours pas. Et l'avoir en face d'elle maintenant, ça réveille trop de choses. Ça réveille sa rage et ses envies de meurtres. L'envie de le balancer par-dessus bord, ou de le jeter dans les escaliers. L'envie de sortir son flingue et de lui tirer droit dans le cœur pour qu'il ressente la même douleur qu'elle. Alors elle bondit sur lui, l'attrape et le secoue, virulente, hors d'elle. Ses mains qui tremblent de rage et son myocarde qui chiale en silence. Elle lui en veut tellement qu'elle bute sur ses mots, que même le frapper ne lui semble pas satisfaisant, alors elle ne le fait pas. C'est peut-être la première fois d'ailleurs. Et elle espère qu'il comprendra que cette retenue n'a rien d'un acte généreux, non. C'est le contraire. Comme si ça ne valait même plus le coup de lui refiler des gifles, comme s'il n'en valait plus la peine. Sa distance a fait trop de mal, elle n'a pas envie de lui pardonner ce faux pas. — Crie pas. Je sais. Elle bug. Et c'est tout ? Il le sait et il s'en fout ? Il le sait et il a quand même choisi de la laisser se démerder ? Ça brise un truc dans sa poitrine. La bouche entrouverte, ses yeux se sont humidifiés, elle n'arrive pas à croire ce qu'elle vient d'entendre. Ça ne peut pas être lui, ça ne peut pas être Sidney. Jamais il ne lui aurait tourné le dos dans un moment aussi grave, ça n'a pas de sens. Elle ne comprend pas et ça la tue. Elle essaye de continuer à tempêter mais le cœur n'y est plus. Sa voix qui s'étouffe, l'air qui vient à manquer. Elle a envie de partir et de ne plus jamais entendre parler de lui. Elle le dévisage comme si elle le regardait pour la première fois, comme si ce n'était pas vraiment lui finalement. Et elle préfèrerait. Parce que la réalité lui déplait. Elle n'encaisse pas. — Arrête, tu sais que c'est pas vrai. Elle fronce les sourcils, furieuse, estomaquée qu'il ose maintenir ça devant elle alors qu'il vient d'avouer qu'il savait et qu'il n'a rien fait. Elle le relâche, écœurée, blessée. — Ah oui ? Et ça j'suis censé l'avoir deviné à travers ton absence ? Elle se rapproche, relève la tête pour garder ses yeux mesquins dans les siens. Les reproches qui pèsent lourds dans sa voix hargneuse. — C'est quoi, un genre de silence éloquent qui me dit : mads, j'te laisse toute seule mais t'en fais pas je pense à toi, courage. Elle serre les poings, elle a envie de lui arracher les yeux. — J'suis désolé. On la cherche. Elle braque brusquement son index dans sa direction, à quelques centimètres de son visage en guise de menace. Mâchoire crispée et regard noir, il l'a mise dans tous ses états. — Ne me dis surtout pas que tu es désolé. C'est soufflé tout bas, mais elle appuie sur chacun de ses mots, prend le temps de bien les articuler, le venin qui siffle entre ses dents. Elle n'en veut pas de ses excuses minables qui sonnent creuses. C'est trop tard pour être désolé, le mal est fait, elle n'a pas envie de pardonner. Il est allé trop loin pour tout arranger d'un simple "je suis désolé". Elle détourne la tête, le palpitant gonflé de rancœur, qui risque d'exploser à chaque seconde qui passe. Elle n'a plus les idées claires et passe une main distraite sur son front, l'autre qui revient s'agripper fermement à la lanière de son sac-à-main. Sidney qui l'attrape sans prévenir par le bras et qui se met à la tirer plus loin. Elle s'insurge aussitôt, elle se débat et grogne. — Lâche-moi ! Ne m'touche pas ! Sa poigne qui brûle sa peau dorée, et la brûlure remonte jusque dans sa poitrine. Goût de cendres dans la bouche. Elle ne sait pas pourquoi ça fait aussi mal, elle se persuade que c'est uniquement parce qu'elle lui en veut terriblement. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre de toute façon ? — Qu'est-c'que tu fais ici ? Elle lâche un rire nerveux et pivote rapidement pour lui refaire face. Elle écarte les bras, le buste légèrement penché en avant, toujours aussi féroce. — A ton avis ! Je cherche ma mère abrutis. Qu'elle lâche toujours sans la moindre discrétion. Elle n'arrive plus à se contrôler, ses émotions sont trop virulentes, ça la secoue à l'intérieur et elle devient fébrile. C'est de sa faute à lui encore une fois, toujours là pour la déstabiliser et faire n'importe quoi. — Tu devrais rentrer chez toi. Ricanement mauvais, elle le toise de loin. — Mais bien sûr. Elle revient vers lui, s'arrête tout prêt, l’œillade insolente. — Je dois laisser la police faire son travail c'est ça ? Elle le dévisage de bas en haut, le dédain incrusté au fond de ses yeux sombres. Rictus snob au coin des lèvres. — La police, tu parles. Elle sait que c'est un sujet sensible pour lui, qu'il en a assez de ne pas être pris au sérieux. Alors elle ne va surtout pas se gêner pour enfoncer son doigt dans la plaie déjà bien ouverte. Il ne mérite que ça. Elle le bouscule et s'éloigne de plusieurs pas, marchant dans son dos. Elle finit par pivoter, marchant alors à reculons pour se rapprocher du bord. Elle plonge sa main dans son sac et en ressort l'arme donnée par Malo. Elle l'agite doucement, mine assurée, elle le provoque clairement. — J'peux me débrouiller toute seule. Elle sait très bien que non, elle n'a jamais tiré de sa vie. Mais tenir ça entre ses mains ça lui donne la sensation d'un pouvoir illimité et c'est grisant. Elle se sent en sécurité et c'est bien ça le danger, parce qu'elle a l'impression qu'elle ne risque rien, qu'elle peut franchir toutes les limites sans avoir à craindre quoi que ce soit. |
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Dim 25 Mar - 16:05 | |
| « Ah oui ? Et ça j'suis censée l'avoir deviné à travers ton absence ? » Elle s'approche et il voudrait reculer, encore et encore jusqu'à tomber du toit, jusqu'à finir dans les entrailles de la Terre, jusqu'à s'exiler le plus loin possible d'elle. Pourtant il ne bouge pas. Les pieds comme deux enclumes qui l'empêchent de bouger, son regard qui affronte le sien même s'il a l'impression de se faire brûler vif. « C'est quoi, un genre de silence éloquent qui me dit : Mads, j'te laisse toute seule mais t'en fais pas je pense à toi, courage. » Il se tait. Parce que rien de ce qu'il pourra dire ne justifiera son absence, le silence qu'il continue de lui offrir un moment, mâchoire si crispée qu'on voit l'os bouger sous sa peau. Quand il sort enfin de sa torpeur, sa voix est si basse qu'elle est à peine audible. « Je sais que j'aurais dû être là. » Il sait pourtant il n'a pas pu, parce que la simple idée de se retrouver devant elle suffisait à lui retourner les tripes. Parce qu'il avait peur que la rancœur soit plus forte que leur amitié et qu'il l'enfonce au lieu de l'aider, parce qu'il se sentait pas assez fort pour aller encaisser sa détresse en plus du reste, parce qu'il n'est qu'un putain de lâche et qu'il le sait. Il a conscience de ses torts et il n'a pas de formule toute prête pour se justifier, rien à répondre. Rien d'autre que des excuses maladroites, qui ne suffiront jamais. L'index qu'elle braque sur lui le coupe net. « Ne me dis surtout pas que tu es désolé. » Il encaisse, fusillé sur place par la rage qu'il lit dans son regard, sur ses traits. « Je... » suis désolé. Il se mord la lèvre et ravale les mots, détourne les yeux en prenant une longue inspiration. Il ne sait plus quoi lui dire et ça le tue. Comment ils ont pu en arriver là ? Comment ça a pu devenir si douloureux de se tenir devant elle ? Il trouve plus les mots et il a l'impression qu'un fossé se creuse entre eux – aujourd'hui il ne sait pas comment calmer sa colère, comment faire pour désamorcer la bombe qui vibre à ses pieds. C'est lui qui a lancé le compte à rebours et quand elle le réduira en lambeaux dans l'explosion, il l'aura sûrement mérité.
C'est plus facile de se concentrer sur les alentours que sur elle, et si sa main flambe quand il attrape son bras, il choisit de ne pas en tenir compte. Il tire pour l'éloigner du rebord, pour les soustraire aux regards indiscrets. Quand elle se débat, il n'est pas surpris. « Lâche-moi ! Ne m'touche pas ! » Y a une telle hargne dans sa voix qu'il obéit, il lâche prise comme si son contact lui avait envoyé une décharge électrique. La main en l'air, il la regarde, une boule dans la gorge. Y a tout qui fait trop mal – la toucher, lui parler, l'écouter et même la regarder, putain. Il a l'impression qu'entre eux quelque chose s'est rompu et il sait pas comment recoller les morceaux.
Puisqu'il ne sait pas comment faire face aux émotions aux sentiments qu'elle érige en lui, il ravale tout du mieux qu'il peut. Il dirige la conversation sur sa présence ici, sur le danger, tout pour oublier qu'en sa présence il n'arrive plus à respirer. Elle se marre et fait toute une scène, gestes excessifs, voix trop forte. « A ton avis ! Je cherche ma mère abruti. » Il avait plus ou moins compris, ce qu'il se demande surtout c'est comment elle a fait pour atterrir là, comment elle est tombée sur la même piste qu'eux. C'est vrai qu'elle est censée être détective privée, mais elle l'a tellement habitué aux histoires foireuses que parfois il a tendance à oublier. Un jour elle se foutra dans la merde, c'est pas faute de l'avoir prévenue. Pas pour rien qu'il aimerait qu'elle s'en aille. Ça, et il voudrait pouvoir retrouver son oxygène. « Mais bien sûr. Je dois laisser la police faire son travail c'est ça ? » Elle se rapproche un peu trop vite, un peu trop près, et il se redresse de façon à se tenir bien droit face à elle, la surplombant de toute sa hauteur. Son regard qui ne quitte pas le sien, ses bras ballants alors qu'il voudrait la secouer, la repousser, la forcer à rétablir toute la distance du monde entre eux. Il voit la façon qu'elle a de le jauger de bas en haut, il sait ce qu'elle essaie de faire. « La police, tu parles. » Elle vise juste évidemment – la pique atteint sa cible, même s'il ne le montre pas vraiment. À peine une ombre dans ses yeux, un soupir qui lui échappe. C'est trop facile d'attaquer sur ce sujet et elle le sait, il a du mal à croire que c'est à ça qu'ils en sont réduits. L'abandon, les bassesses, le mépris. La rancœur comme un poison qui prend trop de place, qui sature tout l'espace. « C'est bas. Même pour toi. » C'est ce qu'elle fait de mieux Mads, les mesquineries, celles qui s'insinuent dans les plaies déjà creusées, qui s'y enfoncent et n'en sortent plus, à se loger dans la chair comme des balles. Il a l'habitude. Ça fait longtemps qu'elle l'a déjà criblé de la tête aux pieds.
Quand elle le bouscule il ne bronche toujours pas, se tourne pour la regarder s'éloigner alors qu'elle lui fait face à nouveau. Il la regarde sortir une arme de son sac et ses muscles se tendent soudainement, ses yeux suivent le moindre de ses mouvements. Elle l'agite comme si elle se sentait souveraine, comme si ça lui prodiguait tous les pouvoirs alors que ça ne fait que la transformer en danger public. « J'peux me débrouiller toute seule. » Elle a l'air fière d'elle et il serre les dents parce qu'il la trouve inconsciente, parce qu'elle n'a pas l'air de comprendre que ça n'assure pas sa sécurité. Au contraire, même. « Où t'as eu ça ? » Comme si ça changeait quoi que ce soit de le savoir. Elle l'a bien en main, peu importe d'où il est venu, le risque est là maintenant, il ne reste plus qu'à le gérer. Il s'approche à son tour, le pas raide, regard désapprobateur. « Est-c'que tu sais t'en servir au moins ? » De ce qu'il en sait, elle n'a jamais tiré. Pas même pour apprendre ou s'entraîner. Il espère qu'elle a au moins appris les rudiments, en s'équipant d'un foutu flingue. Et il regrette d'autant plus de l'avoir laissée seule – peut-être qu'il aurait pu empêcher ça ou s'en rendre compte, le lui voler quand elle regardait pas ou au pire des cas lui montrer comment s'en servir. Il aurait pu, aurait dû, mais il était pas là.
Du coin de l'œil il perçoit du mouvement en bas et il tourne la tête juste à temps pour apercevoir deux types sortir de la baraque en face, l'air de scanner les alentours. Il sait pas si c'est parce que Mads fait tellement de bruit qu'ils ont entendu mais il n'a pas le temps de réfléchir de toute façon, ils peuvent pas se permettre d'être vus et son corps réagit plus vite que sa tête. Il fonce droit sur elle et il l'attrape pour la forcer à se baisser, une main agrippée à sa veste pour tirer fermement, l'autre qui se plaque contre sa bouche pour l'empêcher de parler. « Baisse-toi. » Ils finissent au sol et il continue de la tenir en place, ses mains sur elle, sa carcasse beaucoup trop proche de la sienne. Il se courbe au maximum pour ne plus être vu d'en bas, sa voix réduite au stade de murmure quand il explique. « Y en a deux qui sont sortis, j'crois qu'ils nous ont pas vus mais faut pas qu'on fasse de bruit, ok ? » Ses yeux s'ancrent aux siens alors qu'il la relâche enfin, sa paume qui quitte ses lèvres pour la laisser libre de parler – priant intérieurement pour qu'elle se fasse aussi discrète que lui. Son autre main lâche sa veste et il finit par couper tout contact, mâchoire qui se contracte quand il remarque enfin leur proximité. Leurs visages sont trop proches, il sent son souffle de là où il est et il a l'impression de cramer. Il se recule, incapable de camoufler son trouble autant que sa tension, ses poings qui se serrent alors qu'il fuit son regard. Il prend quelques secondes pour souffler, ses épaules qui se détendent quand il tourne la tête vers elle à nouveau. « J'sais que tu veux la trouver. Moi aussi, j'suis là pour ça. Mais j'ai pas l'impression que t'aies conscience de ce que t'es en train de faire. » Derrière la lassitude la fatigue la rancœur, c'est l'inquiétude qui pointe et qui ronge tout, qui se devine dans le fond de ses yeux. « Tu réalises que t'as amené un flingue ? Tu comptes faire quoi avec, hein ? » Il finit par secouer la tête, passant une main sur son visage, un peu dépassé par la situation. Il sait qu'elle n'écoutera rien de ce qu'il dira – pas avec la rage qu'elle a accumulée contre lui. Il n'arrivera pas à la faire partir, quoi qu'il fasse. « C'est n'importe quoi, putain. » C'est murmuré entre ses dents serrées, plus pour lui-même qu'autre chose. Elle déraille et il sait pas comment la gérer, ils se font trop mal et il a l'impression que tout va trop loin pour qu'ils puissent s'en sortir indemnes cette fois. Y a plus rien qui va. |
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Bip bip ▹ posts envoyés : 1301 ▹ points : 38 ▹ pseudo : miserunt (mathie) ▹ crédits : ailahoz (avatar) moi (gif) & whi (profil) ▹ avatar : mimi elashiry ▹ signe particulier : air mauvais, moue boudeuse, la crinière sauvage qui vient toujours cacher son visage ; tenues provocantes et allure d'allumeuse, pourtant elle n'assume rien et s'indigne lorsqu'on la drague un peu trop.
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Mer 11 Avr - 20:18 | |
| — Je sais que j'aurais dû être là. Elle a envie de lui faire mal. Elle s'approche, furie et elle crie, c'est plus fort qu'elle, elle n'arrive plus à contenir tout ce qui l'étouffe. — ÇA SUFFIT PAS D'LE SAVOIR ! Son cri qui raisonne sous sa peau, qui l'ébranle. Elle n'a jamais été autant en colère contre lui, jamais. Ça la bouffe de l'intérieur et elle voudrait encore hurler, jusqu'à ne plus avoir de voix, jusqu'à ne plus trouver les mots. Ces mots coupants qui s'amoncellent dans sa tête, qui se bousculent derrière ses lèvres mais qu'elle retient pour l'instant. Ce n'est pas le moment, Sid n'est pas sa priorité ce soir. Elle aurait préféré qu'il ne soit pas là. Elle aurait préféré ne plus jamais le croiser. Se contenter d'alimenter sa rancœur qui lui permet d'oublier à quel point il lui manque, à quel point son silence la heurte. La trahison ne passe pas, son cœur qui se consume. A cet instant, elle voudrait ne l'avoir jamais connu. Parce qu'elle n'en peut plus des montagnes russes. Elle a lutté toute sa vie pour les ignorer, mais ces derniers temps c'est devenu impossible et ça fait trop mal, elle n'encaisse plus. Elle le menace, lui interdisant catégoriquement de s'excuser. Parce que ses excuses ne valent rien. Parce que le mal est fait, parce qu'il est trop tard et qu'elle ne lui pardonnera pas ça. Jamais. Et c'est terriblement ironique, parce qu'elle ne fait que le blesser, que tout foirer et il pardonne sans cesse. Mais lui n'a pas le droit au moindre faux pas. — Je... Elle fait les gros yeux, sur le point d'exploser et il se tait, désamorçant la bombe au passage. Elle souffle bruyamment et s'écarte. Il faut qu'elle se concentre sur pourquoi elle est ici. Mais avec Sid à côté ça complique tout. Elle devrait probablement lui dire de se barrer, de la laisser ici. Après tout, c'est de sa mère à elle dont il s'agit. Mais il ne lui en laisse pas le temps. Il l'attrape et l'éloigne du bord sans lui demander son avis. Elle proteste bien évidemment, elle tempête, elle se débat et elle lui intime si fermement de la lâcher qu'il finit par obtempérer. De toute évidence le contact fut aussi douloureux pour elle que pour lui. Mais elle n'y prête pas attention, se contente de le fusiller du regard pour le dissuader de recommencer ; hargneuse. On dirait une bête sauvage qui refuse de se laisser dompter. Et elle ne lui épargne rien. Elle le provoque, il tente de faire bonne figure, se dresse quand elle s'avance pour mieux la toiser. Et elle parait ridicule à côté de lui, le géant face à l'enfant. Mais ça ne l'impressionne pas, Sidney ne l'a jamais impressionnée de toute façon. Parce qu'il garde toujours cette putain d'aura trop douce qui la touche à chaque fois. Elle tente de passer outre, de l'ignorer depuis des années, mais ça ne marche jamais. Cette douceur qu'elle retrouve à chaque fois dans ses gestes, dans ses regards, dans son parfum et qui la poursuit jusque dans ses propres rêves. Ce soir pourtant, tout ça ne lui inspire que du dégoût. Il la révulse, chacune de ses cellules qui veulent se tenir loin de lui, le plus loin possible. Alors elle fait ce qu'elle sait faire de mieux : attaquer. Vicieuse et mesquine, comme toujours. Coup de crocs bien placé, elle le sait, suffit de voir la tête qu'il fait. Il tente de le dissimuler mais elle le connait par cœur. Il ne réagit pas, reste planté devant elle pour l'affronter. Un soupir et quelques mots usés. — C'est bas. Même pour toi. Son sourire s'élargit, insolent et hypocrite à souhait. Elle prend une petite voix fluette, joue son rôle de sale gosse à fond. — J'essaye de me mettre à ton niveau, mais j'ai du mal, t'as visé trop loin même pour moi. Petit hochement de tête entendu accompagné d'un haussement de sourcils, peste dans toute sa splendeur. Tout ça n'a l'air que d'un mauvais jeu, elle semble le prendre presque à la légère. Pourtant il a tout bousillé en la laissant tomber. Et même s'il pense imaginer, il ne devinera jamais à quel point il l'a foutue à terre. Elle a l'impression qu'elle ne s'en relèvera jamais. Qu'il a tout fait foirer, qu'il a trop tiré sur le fil qui les relie et qu'il a finit par céder. Pas moyen de rafistoler.
Elle finit par s'éloigner avant de brandir son petit secret sous ses yeux, l'arme dissimulée enfin dévoilée. Et c'est une étrange sensation que de tenir ce morceau de métal entre ses doigts fins. Appréhension et invulnérabilité qui se mélangent et qui détonnent, mauvais combo qui pourrait la faire courir à sa perte. Elle n'en a même pas conscience. Elle voit Sidney qui se braque, complètement réfractaire à cette grande nouvelle. Tant mieux. — Où t'as eu ça ? Elle pourrait lui dire la vérité. Lui dire que ça vient de Malo. Mais ce n'est pas drôle. — J'ai des contacts. Qu'elle souffle simplement, lui laissant soigneusement tout le loisir de s'imaginer le pire. Et ça a quelque chose de jubilatoire. Elle hésite à en rajouter une couche mais elle craint qu'en exagérant il ne finisse par déceler son pitoyable mensonge. Alors elle ne dit plus rien et profite du spectacle, les neurones de Sidney qui s'échauffent sous son crâne rasé, elle pourrait les entendre jusque-là. — Est-c'que tu sais t'en servir au moins ? Absolument pas mais il n'a pas besoin de le savoir. Elle hausse un sourcil et le défie du regard. — Tu veux que j'te montre ? Qu'elle lâche, insolente, prête à pointer l'arme dans sa direction pour lui rabattre le caquet. Mais il ne lui en laisse pas l'occasion. Il se jette sur elle, l'attrape et pose sa main sur sa bouche juste à temps pour étouffer un cri de protestation. — Baisse-toi. Ils finissent au sol et elle réalise alors à quel point elle est impuissante face à lui quand il décide de s'imposer. Ça la met hors d'elle. La sensation d'être un vulgaire bout de tissu, trop légère, trop malléable. Elle refuse d'obéir. Elle gueule, ses lèvres qui s'agitent en vain contre la paume de main de Sidney, et elle s'agite, ses pieds qui frappent le vide. Elle veut le repousser. Qu'il la lâche. Elle ne veut pas être contre lui. Elle ne veut pas, elle ne veut pas. Ça tourne dans sa tête, ça crame sa peau, ça flingue son cœur. — Y en a deux qui sont sortis, j'crois qu'ils nous ont pas vus mais faut pas qu'on fasse de bruit, ok ? Son souffle contre sa peau finit par la tétaniser, des images oubliées qui reviennent subitement et la font taire. Immobile entre ses bras, elle n'ose même plus bouger. Il la libère enfin et ils se retrouvent face à face, dans un silence si lourd qu'il pourrait les tuer tous les deux. Les yeux qui s'écorchent, la tension palpable qui flambe leurs nerfs. Sidney se recule le premier mais Mads l'imite aussitôt, instaurant encore plus de distance. Tous les deux traversés par le même trouble, Mads est trop bouleversée par la disparition de sa mère pour se montrer aussi insensible que d'ordinaire, peinant alors à dissimuler ce qui la traverse un peu trop violemment. Un peu déboussolée, elle n'a toujours rien dit. Il finit par tourner la tête vers elle, mais Mads continue de fixer ses pieds, stoïque. — J'sais que tu veux la trouver. Moi aussi, j'suis là pour ça. Mais j'ai pas l'impression que t'aies conscience de ce que t'es en train de faire. Le trouble rapidement remplacé par la colère qui remonte en flèche. Elle se tend. Faut qu'il se taise, elle ne va pas tenir longtemps. Mais Sidney surenchérit, encore et encore, il enchaine. — Tu réalises que t'as amené un flingue ? Tu comptes faire quoi avec, hein ? Et à cet instant elle voudrait lui tirer dessus, pour qu'il la ferme. Qu'il arrête de parler, qu'il lui foute la paix. Parce que c'est trop pour elle tout ça. Qu'elle ne peut plus tout gérer. — C'est n'importe quoi, putain. Les mots de trop. Elle relève la tête vers lui et le grand bal des reproches commence. Elle ne contrôle pas son ton et c'est sans surprise qu'elle se met à hurler. — Et la faute à qui, hein ?! Dans un réflexe stupide elle se relève, l'arme toujours à la main qu'elle agite frénétiquement, si proche du bord. — Tu m'as laissée tomber, j'ai dû gérer ça toute seule. Tu t'attendais à quoi ? HEIN ? Évidemment que je fais n'importe quoi espèce de sale con ! Si t'avais été là c'est évident que je serais pas ici sur ce putain de toit de merde avec une arme à surveiller je sais même pas qui ! Elle est coupée dans son laïus alors qu'un cri survient d'en bas. Elle blêmit et tourne la tête vers le vide. En bas, deux hommes qui regardent dans leur direction, l'un d'entre eux qui les pointe du doigt. Et soudain, ils s'élancent pour traverser la route et pénétrer dans le bâtiment. La redescente est violente et Mads réalise, trop tard, sa connerie. Elle se tourne vers Sidney, complètement paniquée. — Merde, merde ! Je... on fait quoi ?! Et elle vient se raccrocher à lui, son regard qui fouille dans le sien pour y trouver une solution, se reposant sur lui sans hésiter une seule seconde. Oubliant un instant sa rancœur et son amertume. Elle ne veut pas crever, il doit les sauver. |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Ven 13 Avr - 11:38 | |
| « ÇA SUFFIT PAS D'LE SAVOIR ! » Il sent la rage qui vibre dans sa voix, la rancœur qui suinte à travers ses mots. Ça lui noue la gorge alors qu'il se contente de la fixer sans trouver quoi dire, sans savoir comment l'apaiser. Et ça fait mal parce que c'est la première fois que ça arrive, la première fois que le gouffre entre eux est si profond qu'ils n'arrivent plus à se rejoindre. Il ne trouve ni les bons mots ni les bons gestes, pantin désarticulé qui reste planté face à elle, bras ballants et lèvres pincées. Dans ses yeux y a la honte et l'amertume qui débordent comme un torrent, alors que ceux de Mads crament d'un brasier qu'il n'est pas capable d'éteindre – pas cette fois. Même la toucher devient douloureux, pour elle autant que pour lui, et la hargne avec laquelle elle se dégage de son emprise vient tordre quelque chose dans sa poitrine. Le fil s'est rompu. Il n'arrive plus à l'atteindre mais elle si, avec son poison, avec ses bassesses, avec ses mots mesquins qu'elle manie si bien. « J'essaye de me mettre à ton niveau, mais j'ai du mal, t'as visé trop loin même pour moi. » Il détourne la tête en se mordant la lèvre inférieure comme s'il voulait s'empêcher de hurler, l'ombre d'un sourire amer qui se plante sur ses lèvres. Il se tait. Y a plus rien à dire de toute façon, elle a gagné. Elle gagne toujours.
Quand elle finit par agiter un flingue sous son nez, il se tend d'la tête aux pieds. Son instinct qui lui gueule de se ruer sur elle et de le lui arracher pour l'empêcher de faire n'importe quoi – pourtant il ne fait rien. Il ne bouge pas, les dents et les poings serrés, la voix posée alors qu'il bout à l'intérieur. « J'ai des contacts. » Il fronce les sourcils, croise les bras contre son torse en continuant de la fixer d'un air désapprobateur. « Des contacts. » Qu'il répète en secouant doucement la tête, l'air aussi fâché que dépassé, comme un parent face à un ado en pleine crise. « Et depuis quand, au juste ? C'est quoi ce délire encore ? » Il voudrait la secouer, lui faire comprendre qu'elle déraille et que c'est des conneries tout ça, c'est pas en se pointant avec une arme qu'elle va arranger quoi que ce soit. Il a du mal à l'imaginer s'en servir, rien que la voir entre ses mains lui file la nausée. Il est même pas sûr qu'elle sache l'utiliser – en tous cas, lui ne lui a jamais appris. « Tu veux que j'te montre ? » Il ne l'écoute pas vraiment, trop concentré sur le mouvement qu'il perçoit en bas, les deux types qui observent les alentours et qui risquent de les remarquer s'ils continuent à faire autant de bruit. Il fond sur elle et l'agrippe, sa main qui se pose instinctivement sur sa bouche pour qu'elle se taise. Obligé de la tenir fermement pour les faire glisser au sol tous les deux, pour l'empêcher de s'échapper et se mettre à taper un esclandre comme elle le fait toujours. Il la sent s'agiter entre ses bras, entend ses pieds frapper le sol, ses lèvres qui bougent contre sa paume qui étouffe ses protestations. Il finit par lui expliquer pour la calmer, voix basse et regard ancré au sien. Elle se fige et il prend ça pour une abdication, la libérant enfin, priant pour qu'elle ait compris l'importance de se taire. Il s'écarte et elle en fait de même, si vivement que ça le blesse. Comme si elle refusait tout contact entre eux, comme si elle supportait même plus l'idée qu'il puisse la toucher. Comme si quelque chose s'était définitivement brisé.
Ses yeux la scannent mais elle ne le regarde pas. Il a l'air aussi fatigué qu'inquiet, à essayer de lui faire comprendre qu'elle perd les pédales, que c'est n'importe quoi d'agir seule, même si elle a un flingue. Surtout si elle a un flingue. Il ne réalise pas tout de suite son erreur, il ne la voit pas se tendre. Il est dépassé, submergé par une furieuse envie de l'attraper et de la faire sortir d'ici de force.
Elle lui échappe avant même qu'il puisse considérer l'idée.
« Et la faute à qui, hein ?! » Elle se lève, l'arme toujours en main, à l'agiter dans des gestes trop amples. Il espère qu'elle n'a pas enlevé la sécurité. « Mads, douce– » Il a pas l'temps de lui dire de baisser le ton, elle embraye sans même chercher à l'écouter. « Tu m'as laissée tomber, j'ai dû gérer ça toute seule. Tu t'attendais à quoi ? HEIN ? Évidemment que je fais n'importe quoi espèce de sale con ! Si t'avais été là c'est évident que je serais pas ici sur ce putain de toit de merde avec une arme à surveiller je sais même pas qui ! » C'est le bal des reproches ; il est sur le banc des accusés et elle est la juge la plus impitoyable qu'il soit. Il voudrait se défendre et argumenter, mais il n'a même pas le temps de se chercher des excuses. Y a un cri qui retentit en bas, et il se redresse juste à temps pour voir les deux types courir vers l'entrée du bâtiment. Ils sont repérés. « Putain. PUTAIN. » Il se met à scanner les alentours à la recherche d'une sortie quand il la sent s'approcher, leurs regards qui s'accrochent. « Merde, merde ! Je... on fait quoi ?! » Il sent sa panique et ça n'fait que décupler sa propre nervosité, son cœur qui s'affole et ses veines qui bouillonnent. Faut agir, et vite. « Calme-toi, ça va aller. » Il promet dans le vide – il ne peut donner aucune garantie. Il pointe l'arme du doigt, encore plus tendu qu'avant. « Et range ça. Tout d'suite. » Si l'un d'eux doit se servir d'un flingue, ça n'sera pas elle. Il refuse.
Un dernier regard circulaire autour d'eux et il se rend à l'évidence : la seule issue est celle par laquelle les deux types vont arriver. Ils n'ont pas d'autre moyen de s'enfuir que la grosse porte grinçante, et s'ils l'empruntent maintenant ils ne feront que se jeter dans la gueule du loup. Il élimine également l'idée de pointer son arme de service sur eux pour les menacer – ils sont deux, et tout pourrait tourner mal beaucoup trop vite. La seule chose qu'il leur reste à faire, c'est essayer de ruser. Ses prunelles s'arrêtent sur une sorte de vieux tuyau métallique un peu rouillé et il fonce dessus pour l'attraper, avant de faire signe à Mads de le rejoindre. Il attrape son poignet pour la guider, venant se placer contre le mur juste à côté de la porte, de façon à ce qu'ils soient cachés derrière elle quand elle s'ouvrira. Il se penche vers Mads, sa voix réduite au stade de murmure quand il souffle : « Pas un bruit. Quand la voie est libre, on passe. » Ses yeux dans les siens, ses doigts qui pressent doucement son poignet comme pour essayer de la rassurer, lui promettre que tout va bien s'passer.
Pourtant il n'est plus sûr de rien quand la porte s'ouvre enfin et s'arrête à plusieurs centimètres d'eux. Ça suffit à ce qu'ils ne soient pas repérables immédiatement, mais ça marchera pas longtemps. Il retient son souffle, ses phalanges qui se resserrent autour du tuyau si fort que ça en devient douloureux. Il attend. Les deux types qui avancent sur le toit et commencent à regarder autour d'eux pour les chercher. Ils sont suffisamment éloignés de la porte pour leur laisser une marge de manœuvre, et il prend une inspiration avant de murmurer « Maintenant » à Mads, tirant son poignet pour qu'elle le suive quand il se met en mouvement.
Elle vient de passer l'encadrement de la porte quand l'un des types se tourne vers eux et beugle, attirant l'attention de l'autre. Ils se ruent dans leur direction alors que Sid se met à tirer sur la porte pour la refermer, mais elle est si lourde que ça prend trop de temps, et le premier type arrive à leur hauteur, l'air prêt à bondir. Il voit Mads pointer son flingue sur lui et son cœur loupe un battement, le cri reste coincé dans sa gorge alors que ses yeux s'écarquillent. Il l'entend presser la détente mais y a pas de balle qui fuse, le type qui s'arrête une seconde avant de foncer sur eux à nouveau, une fois qu'il a compris qu'il ne risquait rien. La panique prend le dessus et Sid brandit le tuyau pour le frapper sans regarder où il vise, suffisamment fort pour lui faire perdre l'équilibre. Il recommence à tirer sur la porte et finit par réussir à la fermer alors que l'autre ramasse son acolyte, avant de coincer le tuyau dans le mécanisme poussoir, le calant avec l'aide du mur pour que ça reste bloqué et qu'ils ne puissent pas sortir. C'est bancal – s'ils s'acharnent ils finiront par se libérer, c'est qu'une question de temps. « COURS ! » Cette fois c'est la main de Mads qu'il saisit, l'entraînant dans son sillage alors qu'il se met à courir sans se retourner. Ils sortent du bâtiment sans s'arrêter, à dévaler la rue à toute allure, encore et encore jusqu'à rejoindre le terrain où il s'est garé en venant. Ce n'est qu'une fois qu'il a ouvert la porte côté passager qu'il la lâche, lui hurlant de grimper avant de faire le tour pour se placer derrière le volant. Il démarre en trombe, son regard inquiet qui se colle au rétroviseur toutes les cinq secondes, la peur qu'on les suive qui lui tord les tripes. Il a le souffle court et le cœur au bord des lèvres, les mains qui tremblent sur le volant qu'il agrippe trop fort. Ils ont beau être tirés d'affaire, il n'arrive pas à faire redescendre la pression. Ça cogne si fort dans sa tête qu'il a l'impression d'être proche de l'implosion. |
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Ven 13 Avr - 18:48 | |
| — Des contacts. Elle le mitraille du regard, n'appréciant pas l'air qu'il prend. Comme si elle n'était qu'une sale gosse irresponsable. Comme s'il valait mieux qu'elle. — Et depuis quand, au juste ? C'est quoi ce délire encore ? Elle hausse les épaules, désinvolte l'air de dire : ça ne te regarde pas. Ne donner aucun détail, le laisser imaginer tout ce qu'il veut. Le pire de préférence. Elle lui dira peut-être plus tard que ce n'est personne d'autre que Malo. Encore faut-il qu'il daigne revenir lui parler ensuite et qu'il cesse de s'enterrer dans son silence. Qu'il brise la distance qu'il a lui-même imposée. Cette foutue distance qui lui reste en travers de la gorge ; elle ne comprend pas pourquoi il lui a fait ça. Elle finit par brandir l'arme dans sa direction, prête à faire semblant de le viser, mais il ne le regarde déjà plus. Et l'instant d'après déjà, il se rue sur elle pour la mettre au sol. Tout s'enchaine trop vite, sa lutte qui se termine à peine commencée, avortée par le souffle de Sidney sur sa peau. Dès qu'il la relâche, ils s'écartent l'un de l'autre rapidement et c'est tout nouveau. Mads s'est toujours montrée plutôt pot de colle avec lui. Toujours un bras autour du sien ou une jambe sur lui, une main qui traine, son pied qui le cherche. Mais ce soir, elle voudrait que la terre entière les sépare. Et c'est trop virulent pour être seulement lié à sa colère, elle le sait et ça la contrarie. Elle s'efforce de ne surtout pas y repenser, à cet instant ou tout a failli déraper. Cet instant qu'elle a rattrapé comme elle a pu, enfonçant volontairement le poignard dans les plaies de Sidney avant de lâchement s'en aller. Elle ferme les yeux une seconde, inspire, expire. Voilà, elle n'y pense plus. Les paroles du rasé l'aide à se concentrer sur le problème présent. Celui qui les déchire sur l'instant. Et elle ne peut plus se contenir une seconde de plus. Elle explose à ses pieds, gesticulant et criant, sa voix qui couvre la sienne alors qu'il tente de la faire taire, de la rappeler à l'ordre. Mais elle ne veut rien entendre venant de lui. Jusqu'à comprendre sa connerie. Jusqu'à ce que tout déraille. — Putain. PUTAIN. Mads qui se jette sur lui, qui s'accroche, qui remet entre ses mains sa propre survie. Elle n'a pas hésité un seul instant, la confiance qui est toujours là, endormie mais pas encore crevée. Elle se réveille sous l'effet d'urgence et annihile les rancœurs. — Calme-toi, ça va aller. Elle a du mal à le croire mais tant pis, elle fera avec. Elle hoche la tête de bas en haut, rapidement, sans parvenir à se calmer malgré tout. Elle ne veut pas crever. Elle ne veut pas qu'il crève. Elle voudrait pouvoir sauter du toit sans rien risquer pour s'enfuir avant d'être trouvée. Mais de toute évidence, ils sont coincés, piégés. Elle a merdé. — Et range ça. Tout d'suite. Ses yeux qui oscillent entre lui et sa main un bref instant, le temps de comprendre ce qu'il lui demande et sans broncher elle s'exécute, consciente que ce n'est plus le moment de protester. Elle fourre le flingue dans son sac avant de revenir le coller contre elle, comme s'il contenait quelque chose de précieux. Puis elle se remet à le fixer, attendant qu'il trouve une solution, qu'il propose quelque chose. Elle le voit balayer le toit du regard et il semble démuni. Son souffle s'accélère, elle a envie de rentrer chez elle. Tout de suite. Elle trépigne sur place, tremblante, et se met presque à paniquer quand il s'éloigne d'elle brusquement. Elle étouffe un cri. Il ne va pas la laisser toute seule ? Il arrache un tuyau et lui fait signe de le rejoindre, elle fonce aussitôt, le laisse capturer son poignet et cette fois-ci le contact ne la brûle pas. Au contraire, il l'apaise. Elle se laisse guider, sans un mot, sans un bruit et vient prendre place contre le mur, tout contre lui. Elle voudrait pouvoir l'être plus encore, pour qu'il l'aide à mieux respirer. — Pas un bruit. Quand la voie est libre, on passe. Ça lui semble trop risquer et elle voudrait lui dire de trouver autre chose, de lui ordonner de changer de plan. Mais il presse son poignet, cherchant sa confiance. Brève hésitation avant de finalement hocher la tête. Elle s'en remet complètement à lui, le cœur qui flanche. Elle a envie de vomir tellement la peur lui retourne l'estomac. Elle ferme les yeux, juste une seconde, pour tenter de se calmer. Mais déjà, la porte s'ouvre et elle doit serrer ses lèvres très fort pour s'empêcher de couiner. Elle attend, son pouls en suspend, le temps qui s'arrête. Jusqu'à ce que. — Maintenant. Elle rouvre les yeux, shoot d'adrénaline quand il tire sur son poignet et elle se met aussitôt en mouvement, à toute allure pour qu'ils ne perdent pas de temps. Elle file sur ses pas, se concentre pour ne pas que ses jambes tremblent et la fasse tituber. Ce n'est pas le moment de tout faire foirer une seconde fois. Elle ne respire même plus. Ils passent la porte et déjà ça crie dans leur dos, elle panique, elle voudrait détaler, ne pas attendre Sidney qui vient de la relâcher pour fermer la porte. Mais elle n'arrive pas à se résoudre à filer sans lui. Elle se retourne, dans les marches et elle voit la catastrophe arriver. La porte qui se referme trop lentement et les hommes qui arrivent trop vite. Sidney en premier plan. Et d'un coup, tout se déconnecte dans sa tête. Elle n'a plus qu'une idée en tête : il va crever. Son esprit se bloque mais son corps agit en indépendant. La main qui plonge dans le sac et qui en ressort l'arme qu'elle pointe sur l'homme sans hésiter un seul instant. La bouche qui se ferme et le regard qui se durcit, les traits tirés, l'air déterminé. Elle presse la détente ; Sidney ne mourra pas. Mais rien ne se passe et ça l'ébranle. Elle se met à cligner des yeux, s'étouffe à moitié et son regard se baisse sur sa main tremblante. Elle n'y comprend rien. Mais surtout, elle réalise qu'elle a failli tuer quelqu'un. Choquée, elle bug, peine à inspirer, les poumons qui brûlent, elle est comme bloquée. Elle ne capte plus ce qu'il se passe autour d'elle, elle ne voit pas comment Sidney parvient à se débarrasser d'eux. Elle fixe l'arme, complètement flippée. — COURS ! Elle sursaute. Il attrape sa main et s'élance, dévalant les escaliers et l'obligeant à faire de même. Elle ne résiste pas, poupée de chiffons, le cerveau qui tourne à l'envers et le cœur qui refuse de se calmer. Ils regagnent enfin le bitume mais Sidney ne s'arrête pas. Ils courent, encore et encore, Mads qui manque de souffle, elle peine à suivre le rythme. Sidney va trop vite, Sidney est trop grand, ses foulées qui font le double des siennes. Elle s'épuise derrière lui, voudrait lui dire de ralentir, d'arrêter, mais la peur cavale derrière elle et la pousse à accélérer malgré tout. Ils retrouvent enfin sa voiture et Sidney ouvre la portière pour elle, la relâche enfin et lui ordonne de monter dedans. Elle s'exécute et claque la porte pendant qu'il grimpe à son tour et démarre en trombe, quittant ce lieu le plus rapidement possible. Elle reprend son souffle difficilement, un poing de côté qui la ravage, dans l'habitacle on n'entend plus que leurs respirations rapides qui se répondent. Elle déglutit, sa poitrine qui se soulève frénétiquement, les tremblements qui refusent de cesser pour l'instant. Et dans sa main droite, elle tient toujours l'arme. Elle voudrait ouvrir la fenêtre et la jeter sur la route, mais elle ne bouge pas. Ils restent silencieux un moment, le temps de s'éloigner suffisamment, d'être sûr que personne ne roule après eux. Sa respiration ralentit progressivement, le feu dans ses poumons s'éteint petit à petit. Elle regarde toujours le pistolet, il lui brûle la main mais elle n'arrive pas à le lâcher. Encore trop crispée. Elle déglutit et remonte enfin ses yeux vers Sidney qui n'a pas l'air en meilleur état qu'elle. Doucement, elle balbutie. — J-... j'voulais pas qu'tu meurs. Aveux timide murmuré tout bas, pour justifier ce qu'elle a failli faire. Ce qu'elle aurait fait si une balle était partie. Elle fronce les sourcils, elle se sent mal, la nausée qui la reprend, sa phobie qui l'étouffe. Faut pas qu'elle vomisse, surtout pas. Tout mais pas ça. Elle se tend sur son siège et braque son regard sur la route pour tenter de passer l'envie. Sa main libre qu'elle pose sur son ventre, prise d'une suée froide, la crise de panique qui se pointe après coup alors qu'elle réalise vraiment ce qu'il vient de se passer. — J'me sens pas bien. Qu'elle grommèle tout bas, livide. — Sid, arrête la voiture j'vais vomir. Ça lui retourne les tripes, remontée acide dans la gorge, elle ferme les yeux et s'agite, nerveuse. — Sid arrête la voiture ! Qu'elle s'écrie subitement. Il dévie sa trajectoire pour quitter la grande route et emprunte un petit chemin de terre qui s'enfonce entre les arbres. Dès que la voiture s'arrête elle ouvre la portière, lâche son sac et le flingue et sort à toute allure pour aller plus loin. Pliée en deux, les bras qui tiennent son ventre, sa phobie qui se fait surpasser et la voilà qui se met à recracher de la bile. Le goût acide qui brûle sa gorge et son palais et elle se met à pleurer en silence à cause de cette sensation insupportable. Elle n'avait pas vomi depuis 9 ans. Et elle aurait préféré que ça reste ainsi. Mais les émotions de la soirée ont été trop fortes, couplées à sa détresse et son manque de sommeil, il n'en fallait pas plus pour la foutre à terre. A bout de force, elle finit par se mettre à genoux et le silence revient, son corps qui se calme, vidé de toutes ses forces, de toutes ses émotions. Et elle n'a plus qu'une envie : dormir. |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Sam 14 Avr - 13:03 | |
| La panique brûle dans ses veines et serre son cœur, ça lui retourne les tripes et lui noue la gorge, chacune de ses cellules qui n'demande qu'une chose : fuir. Pourtant ils sont coincés et y a cette sensation insupportable d'être faits comme des rats, ça lui glace le sang. Mais au milieu du chaos qui a élu domicile dans sa boîte crânienne, il perçoit la détresse de Mads. Il sent qu'elle est complètement affolée, terrifiée à l'idée d'être bloquée là quand les types débarqueront. C'est ce qui lui permet finalement de garder la tête froide parce qu'elle a besoin de lui et c'est tout ce qui compte, elle compte sur lui et il la laissera pas tomber. Jamais.
Alors le plan est bancal mais il est établi rapidement, le poignet de Mads entre ses doigts pour la guider et elle se laisse faire sans broncher, elle s'en remet à lui totalement. Plaqués contre le mur ils attendent, le regard de Sid qui cherche le sien pour qu'elle s'y accroche, sa main sur son poignet pour lui rappeler qu'il est là qu'il la laisse pas. Ils attendent et les secondes paraissent interminables, pourtant quand la porte s'ouvre il a l'impression qu'ils sont arrivés beaucoup trop vite. Quand il donne l'ordre il la tire dans son sillage, s'arrête seulement pour refermer la porte. Les bloquer, les ralentir, leur laisser la chance de disparaître sans qu'ils puissent se lancer à leur trousse – c'est le plan. Pourtant quand il voit combien il peine à refermer la porte, la panique grimpe en flèche et ses yeux sont fixés sur le type qui fonce droit sur lui. Il est proche, beaucoup trop proche. C'est Mads qui réagit en premier, le flingue qu'elle brandit avec un peu trop d'assurance. Il voudrait lui hurler d'arrêter et de s'en aller, mais aucun son ne s'échappe de sa bouche. Il retient son souffle, le temps en suspens quand il voit son doigt presser la gâchette.
Rien.
Pas de balle, pas de sang, pas de corps qui tombe. Il n'se passe rien et il a pas le temps d'y réfléchir, l'adrénaline qui prend le dessus et le fait enfin réagir, le tuyau qu'il utilise pour frapper l'autre et le ralentir. Il finit par réussir à fermer la porte et la bloquer – comme Mads. Elle bouge pas, figée, comme si la machine s'était enrayée. Alors il hurle et l'attrape, se mettant à courir en la traînant derrière lui. Les poumons en feu et le sang qui bat à ses tempes, il ne perçoit plus rien autour de lui, rien d'autre que la route qui les mène à sa voiture et la main de Mads dans la sienne.
Le moteur qui vrombit, ses mains qui se cramponnent au volant, son pied qui enfonce la pédale d'accélérateur. Y a un bourdonnement à ses oreilles, l'inquiétude qui le force à vérifier le rétroviseur trop régulièrement, de peur qu'on soit en train de les suivre. Il n'arrive pas à réfléchir, prisonnier de sa bulle d'adrénaline, l'oxygène qui peine à monter jusqu'à son cerveau. « J-... j'voulais pas qu'tu meurs. » La voix de Mads le ramène sur terre et lui donne un point d'ancrage, ses yeux qui se posent sur elle une seconde, puis sur le flingue qu'elle tient toujours, avant de revenir sur la route. « Je sais. Je sais. Ça va, c'est rien, on a rien. Ils ont rien. Ça va. » Il hoche le menton comme pour appuyer ses mots décousus, mais au fond il sait pas qui il cherche le plus à convaincre entre elle et lui. « J'me sens pas bien. » Il fronce les sourcils et lui lance un coup d'œil rapide – juste le temps de discerner ses traits tirés, et même dans la pénombre de l'habitacle il peut voir qu'elle a blêmi. « Sid, arrête la voiture j'vais vomir. Sid arrête la voiture ! » Elle s'agite, sa voix qui monte dans les aigus alors qu'il obéit, donnant un coup de volant quand il aperçoit un petit chemin sur la droite. Il poursuit sur quelques mètres entre les arbres avant d'arrêter la voiture et de se tourner vers elle, mais elle est déjà descendue, son sac et le flingue abandonnés sur le siège. Il la regarde s'éloigner mais ses yeux sont attirés par l'arme qu'il finit par attraper pour l'examiner rapidement, jusqu'à établir le constat.
Elle n'était pas chargée.
Y a un tas de questions qui défilent dans sa tête – à qui elle a acheté ce flingue et pourquoi il est vide. C'est pas Mads qui a ôté le chargeur il le sait, elle avait l'air aussi surprise que lui quand elle a tiré et que rien ne s'est passé. Elle savait pas. Ça lui prouve qu'elle s'y connaît toujours pas en armes et quelque part ça le rassure, même si maintenant il aimerait savoir comment elle a bien pu se procurer une arme vide. Qu'elle l'ait achetée dans un trafic ou une boutique légale, personne vend des pistolets sans fournir le chargeur avec. Ça n'a pas d'sens.
Il soupire, abandonne l'objet sur le siège avant de sortir à son tour. Il prend une seconde pour respirer l'air frais et se remettre les idées en place, son calme revenu, ses mains qui passent sur son visage. Il se tourne vers Mads, agenouillée plus loin, prostrée comme si elle n'arrivait plus à se tenir droite. Il s'approche, sourcils froncés d'inquiétude, sa voix qui l'appelle doucement. « Mads ? » Il comprend qu'elle a vomi et il sait combien elle déteste ça, il sait dans quel état ça la met. Il finit à genoux près d'elle, ses mains qui attrapent son visage délicatement pour le tourner vers lui, ses prunelles qui cherchent les siennes. « Hey, hey, j'suis là. » Il écarte ses cheveux et cale les mèches rebelles derrière ses oreilles pour mieux la voir, les sillons tracés par les larmes qui s'offrent enfin à lui. Ça lui serre la poitrine, comme chaque fois qu'il la voit pleurer. Ses pouces frottent doucement ses joues pour essuyer les larmes, passent en bordure de ses cils comme s'il voulait les tarir à la source. « Ça va aller. » Avec douceur, il l'attire contre lui et l'enferme dans l'écrin de ses bras, comme si ça pouvait la protéger du monde entier. Il sait pas combien de temps il reste comme ça, les bras enroulés autour d'elle, une main qui caresse ses cheveux alors qu'il continue de murmurer des j'suis là, respire, ça va aller comme une litanie. C'est douloureux de la tenir contre lui, mais c'est pas comme sur le toit, pas comme la brûlure qu'il a ressentie à son contact. Ça fait mal parce qu'elle a mal, parce qu'il voudrait absorber sa peine et tout effacer ; la bile qui lui a cramé la gorge, l'arme qu'elle a brandie, les mots crachés, l'absence qu'il lui a imposée. Il voudrait tout arracher de son esprit pour qu'elle oublie, lui rendre sa mère et reprendre là où tout s'est arrêté. Mais il sait que c'est impossible – trop de choses ont changé.
Quand il s'écarte enfin, il dépose un baiser sur son front avant de se relever, la tirant avec lui. « Viens, j'te ramène au motel. » Un bras enroulé autour de sa taille en guise de support, il la raccompagne jusqu'à la voiture, se penche en premier pour attraper le flingue. Il le range dans la boîte à gants et en profite pour y placer le sien aussi, qui était resté perché à l'arrière de sa ceinture. Il la fait s'asseoir avant de fermer la portière et de revenir s'installer derrière le volant, demi-tour pour rejoindre la route. Les questions continuent de se bousculer dans sa tête mais il veut pas les poser tout de suite, il veut pas la brusquer. Alors il se tait, dents serrées, à lancer des œillades dans sa direction régulièrement. Il reste silencieux tout le reste du trajet, jusqu'à se garer devant le motel et couper le moteur. Il sait pas ce qu'il doit dire ou faire, il sait pas si elle veut qu'il vienne ou si sa colère est toujours trop brûlante pour ça. Se tournant vers elle, il ouvre la bouche, la referme, soupire. Ses yeux se ferment une seconde et il passe une main sur son visage, avant de la regarder à nouveau. « J'suis désolé. Je sais que c'est pas ce que tu veux entendre, mais j'le suis. J'te laisserai plus. » Ça sonne comme une promesse et il compte s'y tenir, même quand ça fera trop mal, même quand elle lui donnera envie de tout casser. Elle a besoin de lui, c'est bien ce qu'elle lui a fait comprendre en l'accusant de tous ses maux, comme si elle s'était mise à faire n'importe quoi par sa faute. Alors tant qu'elle aura besoin de lui, il sera là. Jusqu'au jour où elle le réduira en miettes. |
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Bip bip ▹ posts envoyés : 1301 ▹ points : 38 ▹ pseudo : miserunt (mathie) ▹ crédits : ailahoz (avatar) moi (gif) & whi (profil) ▹ avatar : mimi elashiry ▹ signe particulier : air mauvais, moue boudeuse, la crinière sauvage qui vient toujours cacher son visage ; tenues provocantes et allure d'allumeuse, pourtant elle n'assume rien et s'indigne lorsqu'on la drague un peu trop.
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Sam 14 Avr - 16:59 | |
| L'estomac qui tiraille, le cœur qui flanche, perdue dans une bulle hors du temps, là sur l'herbe, elle voudrait disparaitre. Juste pour ne plus ressentir tout ça. Le manque laissé par l'absence de sa mère, la peur de découvrir ce qui lui est arrivé, l'horreur d'imaginer ce qu'elle peut endurer à chaque instant. Le tout mélangé à cet horrible goût de bile qui la rend malade et c'est trop pour elle. Elle n'a jamais été très forte Mads, elle a toujours compté sur Sidney pour ça. Pour qu'il soit fort pour deux. Mais là, il ne peut rien y faire et elle est confrontée à sa propre faiblesse. Elle ne bouge plus, ne pense plus, le temps suspendu. Elle voudrait pouvoir prolonger cet instant étrange qui lui offre un répit inespéré alors qu'ils ont faillit crever. Mais ça ne dure pas. — Mads ? Elle sursaute à peine, elle n'en a même plus la force. Elle ne tourne pas la tête vers lui, mais tous ses sens sont concentrés sur Sidney désormais. Elle ne sait plus si elle est toujours fâchée contre lui ou non. Si elle doit lui en vouloir ou pas. A cet instant, elle ne pense plus à tout ça. Elle ne pense plus à rien. Cerveau éteint. Y a que son myocarde qui bouge encore, qui dégueule du sang lentement, comme si on venait de l'ouvrir en deux. Liquide épais, gluant, qui enlise ses sentiments. Du coin de l’œil, elle le voit se mettre à genoux à côté d'elle, elle ne bronche pas. Il attrape son visage et elle se laisse faire, remonte son regard jusqu'au sien, on dirait une gamine esseulée. Le regard perdu, ses yeux trop grands qui se noient dans un désespoir sans fin. — Hey, hey, j'suis là. Ses gestes tendres qui prennent soin d'elle. Les mèches qu'il replace, les larmes qu'il essuie. Elle ne le lâche pas du regard, elle voudrait qu'il puisse régler tous ses problèmes d'un claquement de doigts. Il est là, oui. Mais hier, il était où ? — Ça va aller. Elle aimerait lui dire que non, que même lui n'y croit pas vraiment au fond. Mais il ne lui en laisse pas le temps et de toute façon les mots restent bloqués dans sa gorge tapissée de bile. Il vient l'entourer de ses bras et elle se laisse faire, chute mollement contre lui, ses bras toujours sur son ventre. Elle ne le lâche pas, comme pour retenir le flot de ses émotions qui risquerait de se déverser sur le sol, à leurs pieds. Elle finit par souffler, son corps qui se détend sensiblement au contact du sien ; comme un réflexe instinctif. Elle ferme les yeux et le laisse la bercer, sa main dans ses cheveux qu'il caresse avec précaution, ces mêmes mots qu'il répète encore et encore, tout bas. A force, elle ne les entend même plus, elle n'entend plus que les battements de son corps qui cogne contre elle. Elle se concentre dessus, fait le vide. Elle voudrait qu'il la serre encore plus. Elle voudrait être encore plus proche de lui. Jusqu'à fondre en lui, pour ne plus jamais être séparée de lui. Il finit par s'écarter et c'est trop tôt à son goût. Il aurait pu l'étreindre dix ans sans s'arrêter que ça n'aurait pas été assez. Un baiser qu'il dépose sur son front et ses lèvres diffusent une douce chaleur sur sa peau qui s'étale un peu partout, jusque dans son palpitant meurtrit. Et c'est comme un coup d'aiguille dedans, Sidney chirurgien de son cœur ; un talent qu'il ne doit même pas soupçonner. Elle se relève avec son aide, n'oppose aucune résistance, docile. Pour changer. — Viens, j'te ramène au motel. Et elle voudrait lui dire de ne surtout pas l'emmener là-bas. Parce que c'est trop vide sans sa mère. Parce que ça lui fait trop mal de voir le bureau déserté de sa présence. De ne plus l'avoir sur son dos à chaque instant. Mais elle ne dit toujours rien, comme verrouillée de l'intérieur. Elle prend appui sur lui et le laisse la mener jusqu'à la voiture, faire de la place sur le siège et l'y déposer délicatement. Elle se laisse tomber, fatiguée. Sidney fait le tour et vient s'installer à sa place avant de relancer la voiture. Partir d'ici, partir le plus loin possible. Elle fouille dans son sac et en sort une bouteille d'eau ainsi qu'un petit flacon de comprimés. Toujours les mêmes, contre ses nausées. Elle en prend deux, même si le mal est déjà fait. Et elle descend la moitié de la bouteille dans l'espoir de faire passer le goût qui la ronge. Après quoi, elle pose sa tête contre la vitre et ferme les yeux, se laisse bercer par le vrombissement du moteur et s'endort à moitié. Elle ne voit pas le trajet défiler. Elle ne réalise même pas que la voiture s'est arrêtée, arrivée à bon port. C'est à nouveau la voix de Sidney qui la tire de son semi-sommeil. — J'suis désolé. Je sais que c'est pas ce que tu veux entendre, mais j'le suis. J'te laisserai plus. Elle rouvre péniblement les yeux et tourne la tête vers lui, un peu blême, elle a l'air malade. Elle l'observe en silence pendant de longues secondes avant de finalement détourner ses yeux ternes. Elle n'a pas la force de s'engueuler avec lui. Elle pourrait lui demander pourquoi il a fait ça, mais son subconscient de ne veut pas entendre la réponse, alors elle ne demande rien. Ne rien savoir, ne pas se confronter à la réalité. C'est toujours plus simple. Elle soupire, lasse avant de finalement se mouvoir. Elle sort difficilement de la voiture et claque la portière derrière elle, faisant quelques pas sur le parking. Elle s'arrête et pivote lentement, le dévisageant à travers le pare-brise l'air de dire : alors, tu viens ?
Elle ne passe pas par l'accueil, se fiche royalement des clients qui ont potentiellement appelé. Qui avaient peut-être des réclamations. Elle se dirige directement vers sa chambre à elle, la clé qui tourne dans la serrure, la main qui tremble légèrement dû à une certaine impatience. Elle ouvre la porte et balance son sac sur son lit avant de filer dans sa salle-de-bain. Elle commence par se laver les dents comme si ça dépendait de sa survie puis elle se glisse sous la douche, laisse l'eau brûlante couler un long moment sur sa peau plus claire que d'ordinaire. Comme pour se laver de tout ce merdier. Elle coupe l'eau et s'enroule dans une serviette, les cheveux à moitié mouillés et retourne dans la chambre toujours sans la moindre pudeur face à lui. Elle fonctionne au ralentit et s'arrête devant sa commode, comme si elle se demandait ce qu'elle foutait là avant de finalement l'ouvrir pour attraper une culotte propre et un grand t-shirt. Qu'elle a d'ailleurs sûrement dû voler à Sidney un jour. Elle enfile la culotte puis retire la serviette, sans se soucier de savoir s'il la regarde ou pas. Elle s'en fout. A cet instant, c'est le cadet de ses préoccupations. Elle enfile le haut, puis se penche pour ramasser la serviette qu'elle pose négligemment sur la commode avant de venir se hisser sur le lit. Et, enfin, elle daigne lui accorder à nouveau son attention. — Tu dors avec moi ? Elle demande, mais ça ressemble plus à une supplication. Il a promis qu'il ne la laisserait plus, c'est le moment de tenir parole. Elle se glisse sous les draps, amorphe. Les yeux rivés vers le plafond, elle reste silencieuse encore un moment, ressassant le cours des évènements de la soirée. Et, finalement, la voix enraillée par la culpabilité, elle se remet à parler. — J'ai tout fait foirer. Si ça s'trouve ma mère était là-bas. Si ça s'trouve on aurait pu la sauver ce soir. Elle tourne la tête vers lui, le regard désemparé. Elle a le souffle coupé. — Demain il s'ra peut-être trop tard. C'est dit tout bas, l'air lui manque, la peur l'étouffe. Demain il sera peut-être trop tard, oui. Ou peut-être que c'est déjà le cas. Ses yeux se gorgent à nouveau de larmes à cette idée. Elle se rapproche, recherche sa chaleur pour ne pas mourir de froid. |
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Sam 14 Avr - 22:10 | |
| Elle reste amorphe entre ses bras, poupée de chiffon qui se laisse bercer puis guider jusqu'à la voiture à nouveau, les lèvres closes et le regard vide. Il passe tout le trajet à lui lancer des coups d'œil inquiets, comme s'il avait peur de la voir se disloquer et partir en fumée. Elle ne parle pas. Elle ne bouge même pas et ça lui ressemble pas, ça jette un froid dans sa poitrine et il voudrait la serrer contre lui encore une fois, l'envelopper pour la garder loin de tout jusqu'à ce qu'elle soit prête à revenir affronter le monde.
La voiture garée devant le motel, il ouvre la bouche le premier, la fixe en attendant une réponse. Elle le regarde pourtant il a l'impression qu'elle ne le voit même pas, ses yeux ont perdu tout leur éclat, on dirait qu'elle tourne au ralenti et ça lui retourne les tripes. Elle n'a pas dit un seul mot quand elle s'extirpe de l'habitacle et claque la portière derrière elle, sans un regard dans sa direction. Il reste figé sur son siège, à l'observer s'éloigner sans savoir ce qu'il doit penser. Il n'ose pas la suivre tout de suite, mais il n'a aucune envie de la laisser seule dans un tel état. Son cerveau qui fonctionne à toute allure, la situation qu'il retourne dans tous les sens en se demandant quelle est la meilleure option, trop occupé à tergiverser des heures pour agir quand il le faut. Il la voit se retourner, son cœur se serre. Leurs regards se croisent et il comprend.
Il se fait pas prier pour la rejoindre en courant.
Il reste sagement campé derrière elle, ses yeux bloqués sur le moindre de ses faits et gestes, les sens aux aguets, prêt à la rattraper si elle venait à s'effondrer. Il la suit jusque dans sa chambre, son regard inquiet qui ne l'a toujours pas quittée, ses sourcils froncés et sa gorge trop sèche. Il voudrait trouver quoi dire pour la réconforter mais il sait qu'aucun mot ne suffira. Pas cette fois. Alors il se tait et l'observe disparaître dans la salle de bains, l'oreille tendue quand l'eau se met à couler. Il s'assoit au pied du lit en soupirant, ses coudes qui s'appuient contre ses cuisses et sa tête qui vient se nicher dans ses mains. L'impression qu'elle s'est fissurée et il ne sait pas comment combler la brèche. Il a peur de ne pas suffire.
Il n'a pas bougé d'un millimètre quand il entend la porte s'ouvrir. Il se tourne et la regarde arriver en serviette, ses doigts qui se nouent les uns aux autres nerveusement. « Mads... » C'est tout ce qu'il est en mesure de prononcer, son prénom qui meurt entre ses lèvres sans qu'il sache quels mots ajouter derrière. Il retombe dans le silence alors qu'elle s'habille, détournant les yeux quand elle laisse tomber la serviette, se retrouvant à moitié nue devant lui. Il ne la regarde plus, fixant un point sur le sol, son rythme cardiaque qui s'accélère malgré lui. Il reste comme ça jusqu'à sentir le matelas s'affaisser sous le poids de Mads quand elle grimpe sur le lit, se tournant à nouveau vers elle quand elle s'adresse enfin à lui. « Tu dors avec moi ? » Il hoche la tête et se lève en silence alors qu'elle se glisse entre les draps, ôtant simplement ses chaussures, ses chaussettes et son pantalon avant de la rejoindre. Doucement, il vient se placer tout près d'elle, un bras qu'il fait passer sous sa tête, ses prunelles toujours braquées sur elle alors qu'elle reste concentrée sur le plafond. « J'ai tout fait foirer. Si ça s'trouve ma mère était là-bas. Si ça s'trouve on aurait pu la sauver ce soir. » Enfin elle le regarde et ce qu'il lit dans ses yeux fissure quelque chose en lui. Elle a la voix trop basse, comme si parler lui demandait trop d'efforts, comme si elle avait même du mal à respirer. « Demain il s'ra peut-être trop tard. » Il voit les larmes menacer de couler à nouveau, et il l'attire vers lui au moment où elle cherche à se rapprocher. Couché sur le flanc, il garde un bras derrière sa tête, l'autre qui s'enroule autour de sa taille pour la serrer contre lui, l'une de ses jambes qui vient se mêler aux siennes. « Dis pas ça. » Sa main remonte jusqu'à son visage et se campe sur sa joue, son pouce qui se met à effectuer de petits mouvements circulaires sur sa peau blême. « On aurait rien pu faire à nous deux. » Y a qu'à voir comment les choses ont tourné quand ils se sont fait repérer par les deux types. Ça aurait donné quoi, s'ils avaient tenté quoi que ce soit ? Il est même pas sûr qu'ils seraient rentrés entiers. « Elle va bien. » Elle ne peut qu'aller bien, il refuse de considérer toute autre éventualité. S'il y croit assez fort, peut-être qu'il la convaincra. Et s'ils y croient tous les deux, peut-être que ça deviendra vrai. « On va la retrouver et tout ira bien, j'te le promets. » Il devrait pas faire des promesses qui ne reposent pas sur lui et qu'il n'est pas certain de tenir. Pourtant c'est plus fort que lui – tout ce qu'il veut c'est l'apaiser, la rassurer, l'empêcher de continuer à se blâmer.
Ses yeux continuent de scanner ses traits, comme s'il restait attentif au moindre mouvement, à la moindre variation. Comme s'il était incapable de regarder autre chose qu'elle, elle elle elle qu'il serre toujours contre lui, qu'il voudrait enfermer entre ses bras jusqu'à ce qu'elle s'endorme et qu'elle oublie tout. Mais il sait que demain, ça n'ira pas mieux.
« Tu sais, ton flingue... » Sa voix est douce, ses mots sont prudents. Il veut pas faire remonter la panique, mais il n'arrive pas à se taire. Il a besoin de demander, besoin de savoir. « J'ai vérifié, il était pas chargé. » Ses mâchoires se contractent un instant, et il inspire pour faire redescendre la pression. Il reste calme, posé. Solide, pour qu'elle puisse se raccrocher à lui. Ses doigts se mettent à caresser sa joue lentement, descendant jusqu'à sa mâchoire pour mieux remonter à sa pommette, avant de finalement s'aventurer sur l'arête de son nez. « J'peux savoir où tu l'as eu ? C'est pas normal. » Et c'est surtout dangereux. Ça l'est qu'elle soit en possession d'une arme, mais ça l'est encore plus qu'elle ne soit pas chargée. S'il n'avait pas été là, il se serait passé quoi ? Elle aurait pensé être en mesure de se défendre, mais au moment fatidique elle aurait été abandonnée par son seul rempart. Il veut même pas y penser. « Si tu veux apprendre à t'en servir, j'veux bien te montrer. Mais l'emmène plus avec toi sans savoir ce que tu fais. » Son index qui glisse le long de son menton et effleure ses lèvres – il déglutit, dévie sa trajectoire pour revenir à sa joue. « S'il te plaît. » L'inquiétude lui fait plisser le front, ses yeux qui s'ancrent aux siens. Si elle veut apprendre à manier les armes à feu, il l'aidera. Mais il refuse qu'elle continue à faire n'importe quoi – il supporte pas l'idée que sa vie ait pu être en danger ne serait-ce qu'une seconde.
Et y a ses mots qui reviennent tourner dans sa tête, qui lui nouent la gorge et lui serrent le cœur. Si t'avais été là, c'est évident que je serais pas ici. Peut-être qu'elle a raison. Peut-être que tout est de sa faute. S'il avait été là, elle aurait pas fini dans cet état. |
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Bip bip ▹ posts envoyés : 1301 ▹ points : 38 ▹ pseudo : miserunt (mathie) ▹ crédits : ailahoz (avatar) moi (gif) & whi (profil) ▹ avatar : mimi elashiry ▹ signe particulier : air mauvais, moue boudeuse, la crinière sauvage qui vient toujours cacher son visage ; tenues provocantes et allure d'allumeuse, pourtant elle n'assume rien et s'indigne lorsqu'on la drague un peu trop.
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Sam 14 Avr - 23:14 | |
| Sidney obtempère, se déshabille à moitié et la rejoint sous les draps sans un mot. Son bras qu'il glisse sous sa tête et elle ne se fait pas prier, le corps qu'elle tourne légèrement vers lui pour plus de proximité. Elle brise rapidement le silence, laissant sa culpabilité et ses doutes sortir. Sidney qui doit tout gérer, lui mais elle aussi. Elle ne lui laisse pas un instant de répit, grignote toutes ses forces, tout son sang-froid, comme s'il en avait une dose illimitée. Comme si elle pouvait en abuser indéfiniment. Elle ne se rend pas compte qu'un jour, à force que les choses aillent toujours dans ce sens elle finira par l'épuiser. Le tarir à sa source et il ne restera plus rien de lui. Elle l'aura consumé jusqu'à la dernière cendre. Mais elle ne s'en rend pas compte, parce que depuis qu'elle le connaît Sidney n'a jamais flanché. N'a jamais montré le moindre signe de fatigue ou de faiblesse de ce côté-là. Alors comment elle pourrait savoir qu'un jour tout ça se terminera ? En attendant elle en profite, comme si ça lui était dû. Elle finit par poser son regard dans le sien, démunie, tirant encore un peu plus sur le fil qui les relie. Elle le croit incassable et ne voit pas à quel point il a pu s'élimer au fil des années. Par sa faute. Le regard de Sidney la détaille, à la fois inquiet et bienveillant. Elle s'y laisse choir, s'abandonne, confiante. Il saura la sauver de la noyade qu'elle pensait inévitable pourtant. Dans une symbiose parfaite, il l'attire quand elle s'approche et elle vient se lover contre lui, sa tête qu'elle enfouit dans sa nuque, ses bras repliés contre sa poitrine tandis que lui l'entoure. Elle suit le mouvement quand il glisse une jambe entre les siennes et vient s'y accrocher, pour l'empêcher de lui échapper si l'envie l'en prenait. Son odeur si singulière qu'elle connait par cœur et qui s'infiltre partout dans ses veines, bon sang ce que ça avait pu lui manquer. Pendant un temps, elle a même cru ne plus jamais pouvoir la sentir un jour. Et elle voudrait lui dire de la serrer encore plus fort, qu'il l'étouffe dans sa tendresse. — Dis pas ça. Elle ne peut pas faire autrement. Cette idée ne la quitte plus désormais, comme une obsession terrifiante. Et si, et si, et si. Elle s'imagine mille scénarios. Si sa mère meurt, ce sera forcément de sa faute dorénavant. Sa poitrine qui se comprime encore plus, elle manque d'air. — On aurait rien pu faire à nous deux. Et il a sûrement raison, mais Mads n'est plus en état de réfléchir de façon logique. Elle ne pense qu'à sa mère, en train de croupir on ne sait où, dans un état inconnu. Sûrement mauvais. Peut-être pire que ça. Sid qui pose sa main sur sa joue et elle se décolle de son épaule pour revenir à une distance raisonnable. Suffisamment proche malgré tout pour que leurs souffles s'emmêlent en rythme. Les yeux dans les yeux, le calme qu'elle trouve dans les siens finit par être contagieux. Ou peut-être que ce sont les mouvements de son pouce sur sa joue qui la tranquillise. Elle ne sait pas, aucune importance, elle se laisse guider vers des terres moins hostiles. — Elle va bien. Elle voudrait pouvoir en être aussi sûre que lui, mais elle n'y arrive pas. Une partie d'elle est convaincue que si elle était morte, elle l'aurait senti. Mais c'est bien trop abstrait pour suffire à la rassurer. Son regard qu'elle dévie du sien un instant, un peu fuyante, n'arrivant pas à adhérer à sa conviction. — On va la retrouver et tout ira bien, j'te le promets. Elle remonte son regard vers lui, légèrement perplexe de cette promesse bien audacieuse. Mais elle s'en fout, elle l'accepte et s'y accroche désespérément. Si Sid promet, ça ne pourra qu'être vrai. — J'espère que tu as raison. Qu'elle finit par souffler tout bas. Elle n'en dit pas plus, ce soir elle a perdu sa capacité à enchainer les mots. Rien ne lui vient. C'est juste un énorme trou béant qui aspire tout dans sa tête. Et quand le silence les enveloppe elle se laisse aller, ferme un peu les yeux sans se soucier de la lumière encore allumée. Le sommeil qui détend ses muscles, elle est éreintée. Elle voudrait sombrer, rassurée par la présence de Sidney. Mais lui, il n'en a pas encore fini avec elle. Sa voix qui la tire à nouveau de ce foutu sommeil qui pourtant lui tend les bras depuis des jours. — Tu sais, ton flingue... Elle ne rouvre pas les yeux tout de suite, le front qui se plisse doucement ; sujet qui fâche. — J'ai vérifié, il était pas chargé. Elle se contracte en même temps que Sidney, mais pas pour les mêmes raisons. Elle rouvre les yeux sans le regarder, brin de colère au fond des yeux. — L'enfoiré. Qu'elle grogne tout bas, protestation indignée. Elle devrait sûrement le remercier, parce que grâce à sa brillante idée il lui a évité d'avoir la mort de quelqu'un sur la conscience. Mais si Sidney n'avait pas été là ? Si les choses s'étaient passées autrement ? Elle serait peut-être morte à cette heure-ci. A cause de lui. Elle ne manquera pas de lui en toucher deux mots et de lui passer un savon comme elle sait si bien le faire. Mais ça attendra. Demain, ou peut-être encore plus tard. Ça attendra qu'elle ait retrouvé suffisamment de forces pour pouvoir hurler sans se briser en mille morceaux. Les doigts de Sidney qui glissent sur les différentes parties de son visage, mâchoire, pommette, nez. Elle se sent fébrile subitement, comme toujours sa douceur qui la percute violemment et qui la met dans tous ses états. Et ce soir, elle est trop fragilisée pour l'ignorer, ne pas l'écouter et l'enterrer comme elle fait toujours. Non, ce soir, ça l'envahit toute entière, ça lui retourne l'estomac et ça accélère son pouls fatigué. Elle fuit lâchement son regard, refusant qu'il y perçoive un quelconque trouble. — J'peux savoir où tu l'as eu ? C'est pas normal. Elle soupire bruyamment, abdiquant. Elle a suffisamment faire durer le suspens. Elle roule des yeux. — Malo. C'est Malo qui me l'a donné. Elle omet plus ou moins volontairement le fait qu'elle l'a presque harcelé au téléphone pour l'avoir. Qu'elle a menacé d'en voler un au commissariat ou même d'en trouver un dans la rue, auprès de gens peu recommandables. Histoire qu'il se sente coincé et obligé de céder. Ça a marché, mais il a eu le dernier mot en oubliant de préciser que l'arme était vidée. Elle espère qu'il s'en mordra les doigts d'avoir faillit les faire tuer tous les deux. — Si tu veux apprendre à t'en servir, j'veux bien te montrer. Mais l'emmène plus avec toi sans savoir ce que tu fais. Le doigt de Sidney qui frôle ses lèvres, elle rougit. Ferme les yeux et se maudit d'être aussi prévisible. Elle a l'impression de s'afficher devant lui ce soir comme un livre ouvert. — S'il te plaît. Elle plonge dans sa nuque, ne veut plus le regarder, ne plus sentir son souffle qui effleure ses lèvres comme d'interminables caresses. Ça lui fait trop mal et cette nuit elle n'est pas en état de gérer tout ça. Elle répond tout bas, sa bouche qui touche la peau de son cou à chaque mouvement. — Non, j'veux pas. L'expérience de ce soir a suffit à calmer ses instincts de Calamity Jane. La simple idée d'être responsable de la mort de quelqu'un lui déchire le cœur, alors elle n'ose pas imaginer si s'était vraiment arrivé. Le silence s'installe et s'étire et la question de tout à l'heure revient à la charge dans son esprit. Elle n'arrive finalement pas à en faire abstraction. Elle serre les dents, lutte contre elle-même pour la retenir, mais les mots s'entassent derrière ses lèvres, jusqu'à en faire péter toutes les barrières. Et finalement, toujours enfouie contre lui, elle demande. — Pourquoi t'es pas v'nu me voir ? Peut-être qu'elle cherche un peu trop les ennuis ce soir. |
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Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Dim 15 Avr - 0:12 | |
| « J'espère que tu as raison. » Il espère aussi. Il espère de toutes ses forces et il voit bien qu'elle a du mal à croire à sa promesse – il peut pas lui en vouloir, elle se fonde sur le vide le plus total. Y a comme un étau autour de sa gorge chaque fois qu'il pense aux disparus, aux visages qu'il connaît parmi la liste – Daja, Veronica, Nemo. L'envie de les retrouver, le besoin viscéral de faire quelque chose mais c'est comme donner des coups d'épée dans l'eau, tout ce qu'il tente ne mène jamais à rien. Et il subit le poids des reproches, de tous ces gens qui viennent se lamenter et hurler parce que l'enquête n'avance pas, les journalistes qui les enfoncent, les révoltés qui les incendient. Il repense à Leo et Daire, à leur tentative d'infiltration au poste, aux mots qui font mal parce qu'ils visent trop juste.
Alors sa promesse à Mads est creuse, et au fond il sait même pas qui d'eux deux elle vise à rassurer le plus.
Blottie entre ses bras elle lui paraît minuscule, ça lui donne envie de n'plus jamais la lâcher. Il l'observe, silencieux, regarde ses paupières se fermer et sûrement qu'il devrait essayer de faire la même chose. Caler sa respiration sur la sienne et laisser Morphée l'emporter. Pourtant il sait qu'il en est incapable, son cerveau qui continue de tourner, les questions trop nombreuses pour qu'il puisse être apaisé. Il voudrait la laisser dormir mais c'est plus fort que lui, les mots qui dévalent la barrière de ses lèvres prudemment, pour ne pas éclater la bulle de douceur dans laquelle il a réussi à les envelopper. Il la sent se tendre entre ses bras, la voit rouvrir les yeux sans le regarder pour autant. « L'enfoiré. » Il fronce les sourcils, un peu perdu, mais il ne relève pas tout de suite. Il caresse son visage lentement, laisse ses doigts glisser sur sa joue, longer sa mâchoire, effleurer son nez et remonter jusqu'à sa pommette. Il laisse planer un silence, traçant des sillons invisibles sur sa peau du bout de ses phalanges comme pour la tranquilliser à nouveau, calmer la tension qu'il sent émaner d'elle. Son regard le fuit et il met ça sur le compte de ses questions, surtout quand elle se met à soupirer d'un air exaspéré. « Malo. C'est Malo qui me l'a donné. » Le prénom résonne dans sa boîte crânienne et il se fige un instant, clignant des yeux comme s'il n'était pas certain de ce qu'il vient d'entendre. Ça peut pas être Malo – il est tout sauf stupide, il aurait jamais filé un flingue à Mads. Si ? Il sait pas, il sait plus. Ce qu'il sait en revanche, c'est que la dernière Ryjkov est portée disparue elle aussi. Alors il ne le blâme qu'à moitié, même si ça ne suffit pas à faire taire cette colère sourde qui s'insinue doucement en lui. Il ravale tout et recommence à dessiner des arabesques sur la joue de Mads, se concentrant sur elle pour se calmer, étouffer toute trace de tension dans son attitude. « Je vois. » Il ne s'épanche pas, parce qu'il a peur de se trahir et de laisser apparaître son irritation. Il réglera ça avec Malo quand il pourra, Mads n'a pas besoin de le savoir. Sûrement qu'elle ira l'emmerder elle-même – il imagine sans mal l'esclandre dont il va écoper. Il peut pas s'empêcher d'être un peu désolé pour lui, finalement.
Ses doigts dérapent jusqu'aux lèvres de Mads et il est obligé de changer sa trajectoire pour ne pas montrer son trouble, pour ne pas risquer le pire. Pourtant il voit la couleur que prennent ses joues, la façon qu'elle a de fermer les yeux. Ça lui donne envie de recommencer même s'il devrait probablement pas, même si c'est dangereux pour lui comme pour elle. Il a envie de tester les limites qu'ils ont déjà franchies trop de fois.
À croire qu'il ne retiendra jamais la leçon.
Elle lui échappe avant qu'il puisse réitérer l'expérience, son visage qui se planque dans son cou, son souffle qui brûle sa peau et ses lèvres qui se meuvent contre lui quand elle parle. Il sent son cœur s'affoler, et il prie pour qu'elle ne puisse pas le sentir elle aussi. « Non, j'veux pas. » Elle veut pas apprendre à manier un flingue et il laisse échapper un soupir de soulagement, parce qu'il préfère encore la savoir loin de tout ça, même s'il aurait aidé sans broncher si elle l'avait demandé. Il la serre un peu plus étroitement dans ses bras, leurs corps presque collés, les battements cardiaques qu'il sent vibrer dans toute sa cage thoracique sans pouvoir distinguer les siens de ceux de Mads. Comme s'ils ne faisaient plus qu'un.
Il voudrait que ce moment s'éternise, qu'ils finissent par se laisser sombrer tous les deux et qu'ils oublient tout jusqu'à demain matin. Mais cette fois, c'est elle qui brise le silence. « Pourquoi t'es pas v'nu me voir ? » Il se tend. Son souffle reste coincé quelque part dans sa trachée et il se met à fixer un point sur le mur face à lui, son étreinte qui se desserre sensiblement. Son malaise est palpable ; s'il le pouvait, il fuirait lâchement ou il se mettrait à faire le mort. Mais aucune des deux options n'est envisageable et il est coincé, il n'a aucune échappatoire, aucun moyen de se défiler. Il serre les dents, les secondes qui s'égrainent longuement avant qu'il se décide enfin à répondre d'un ton hésitant. « J'y arrivais pas. » Sa voix est basse et il déglutit difficilement, se bornant à fixer le mur, ses bras qui ne la serrent presque plus même s'ils restent posés autour d'elle. « À cause de la dernière fois je... » Il ne finit pas sa phrase, incapable de lui dire combien elle lui a fait mal, combien il l'a haïe sur le coup et même après. Il inspire, reprend. « Au début j'voulais plus te voir et après j'ai su pour Daja et– j'sais pas. J'ai pas réussi à le faire de suite, et après j'avais l'impression que c'était trop tard. » Il compte pas le nombre de fois où il a failli venir et celles où il a fait demi-tour avant d'arriver à destination. « J'aimerais t'sortir une bonne excuse, mais j'en ai pas. J'ai juste été lâche. » L'amertume teinte sa voix et il finit par la lâcher complètement même s'il reste proche, se tournant sur le dos, ses yeux qui se braquent sur le plafond. « J'suis désolé. Vraiment. T'avais besoin d'moi et j'étais pas là et... » Il soupire, passant ses mains sur son visage fatigué, fermant les yeux. « J'suis désolé. » C'est qu'un murmure étranglé, la culpabilité comme une enclume sur sa poitrine qui l'empêche de respirer. Il voudrait tout effacer mais c'est trop tard pour ça. Le mal est fait, et il le sait. |
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| Sujet: Re: fury road. (madney) Lun 16 Avr - 17:28 | |
| — Je vois. Elle ne fait pas gaffe à la tête qu'il tire, à cet instant elle se fiche pas mal de savoir ce que Sidney en pense. De toute façon, il est trop tard. De toute façon, il n'a rien à dire là-dessus. Malo est un grand garçon, loin d'être irresponsable. Enfin, globalement en tout cas. Le fait qu'il ait déjà terminé en prison ne joue pas vraiment en sa faveur, c'est sûr. L'idée de l'arme déchargée peut-être pas non plus. Quoi qu'il en soit, il n'y a probablement personne à blâmer. Les temps actuels sont compliqués pour chacun d'entre eux, plus personne n'a les idées claires. Et si Malo n'aurait pas dû lui donner cette arme, Sidney n'aurait pas dû disparaitre comme il l'a fait. Et cette idée trotte dans sa tête, revient à la charge, inlassablement, même si elle tente de la chasser, de la piétiner. Alors c'est plus fort qu'elle, elle finit par demander. Lovée contre lui, sans avoir le courage d'affronter ses grands yeux. Il est trop expressif Sidney et ça ne joue jamais en sa faveur. Mads pourrait lire en lui comme dans un livre ouvert si elle se donnait la peine de faire l'effort. Elle pourrait savoir ce qui se trame derrière les œillades qu'il lui lance depuis toutes ces années. Mais elle garde ses œillères, joue les aveugles à la perfection. Elle ne voit rien et c'est tant mieux. Elle ne sait pas vraiment ce qui l'effraie dans tout ça, elle n'y a jamais songé. C'est toujours l'instinct qui gère ça, comme pour la protéger. Mais de quoi ? Mais de qui ? Au fond, elle a peut-être juste peur de se faire briser le cœur. Parce qu'elle sait que venant de lui, ce serait terrible. Le genre de plaies qui ne se referme jamais, qui ne guérit jamais. Elle a trop peur qu'il la bousille. Qu'il la fusille. Et quand il sera repartit, y aura plus d'après. Plus d'avenir. Y aura plus rien. Alors elle lutte corps et âme pour tenter de garder leur relation telle quelle. Parce qu'elle fonctionne, depuis des années. Parce qu'elle a trop peur d'ébranler tout ça et que leurs chemins se séparent. Elle a trop peur de tout perdre. De le perdre. Elle a vu ce que ça a donné quand il a joué au abonné absent. Elle a déconné sévère, parce que son cerveau ne fonctionnait plus correctement. Elle a besoin de lui pour que son monde tourne rond. Besoin de lui, viscéralement. S'il n'est plus là, elle ne pourra plus l'être non plus. Mais peut-être que la réciproque n'est pas vraie. C'est peut-être même l'inverse. Peut-être que Sid ne pourra s'épanouir qu'en la rayant de sa vie. Elle y a déjà songé, une fois. Y a longtemps. Elle en a chialé si violemment qu'elle a préféré foutre le feu à cette idée, ne jamais y repenser.
Alors elle demande. Mais elle regrette aussitôt. Sidney se tend, Sidney arrête de la serrer si fort. Elle retient son souffle, voudrait ravaler ses mots, remonter les dernières secondes et les effacer. C'est mieux quand elle se tait. C'est toujours mieux quand elle ne dit rien. Elle reste contre lui, elle se dit qu'il va finir par reprendre son étreinte. — J'y arrivais pas. Il la serre encore moins, elle panique. Elle voudrait s'accrocher à lui mais elle ne bouge pas. Elle ne bouge plus, de peur de briser quelque chose. Lui, peut-être. Elle ne voit même pas que c'est déjà fait. Que y a longtemps qu'elle traîne derrière elle les débris de son cœur. Elle ne voit même pas que le sien est dans le même état. — À cause de la dernière fois je... Elle serre les yeux encore plus fort, ne veut pas entendre la suite, ne veut surtout pas se souvenir de ça. Mais les images fusent malgré tout, la sensation de ses mains sur elle qui revient et ça lui fait aussi mal que peur. Le pouls qui s'emballe, ça tape dans sa poitrine. Mélange de crainte et d'envies inavouables. Elle attend la suite avec appréhension, comme s'il venait de poser sur sa tempe une arme chargée. Elle attend la détonation, l'impact. Le cerveau qui éclate, l'arrêt cardiaque. — Au début j'voulais plus te voir et après j'ai su pour Daja et– j'sais pas. J'ai pas réussi à le faire de suite, et après j'avais l'impression que c'était trop tard. Elle se remet à respirer, il a changé d'avis, il a baissé l'arme. Il l'épargne. Elle voudrait lui dire que c'était pas trop tard. Mais au fond, elle sait qu'il a raison. C'était tout de suite ou jamais. Elle est trop tranchée, trop sévère. Elle est trop dur avec lui. A se demander ce qu'il fout encore là, à la tenir dans ses bras après toutes ces années. Après tout ce qu'elle lui fait endurer. — J'aimerais t'sortir une bonne excuse, mais j'en ai pas. J'ai juste été lâche. Elle devrait comprendre, la lâcheté est un art qu'elle maitrise à la perfection. Mais elle n'y arrive pas. La rancœur qui se dissout en tâches noirâtres dans ses veines et qui vient tout polluer. Engorger son cœur, le noyer de rage. Elle lui en veut encore, terriblement. Et encore plus lorsqu'il la relâche complètement. Quand y a plus aucun de ses bras autour d'elle et qu'il se met sur le dos pour fixer le plafond. Courant d'air glacé qui se faufile sous les draps et d'un coup elle a trop froid. Les couvertures n'y font rien. Elle se retrouve un peu idiote, recroquevillée dans sa direction, tellement loin de lui. Chaque centimètre qui se transforme en kilomètre. Elle a rouvert les yeux, mais elle ne le voit pas. Ses pupilles qui observent le vide, comme un écho au trou béant dans sa poitrine. — J'suis désolé. Vraiment. T'avais besoin d'moi et j'étais pas là et... J'suis désolé. Elle ne dit rien. Pensive. Elle devrait sûrement tout lui dire, apaiser ses tourments. Passer aux aveux. Lui dire que ça n'avait rien à voir avec Nash. Qu'elle ne pensait qu'à lui à ce moment-là. Que c'était lui qu'elle voulait. Qu'au fond, c'est toujours lui qu'elle a voulu sans avoir trouvé le courage de l'admettre. Elle devrait lui dire que la peine est finie, qu'elle arrête les conneries. Qu'il n'a qu'à l'embrasser là, maintenant. Qu'ils peuvent faire l'amour, puisque c'est de ça qu'il est question finalement. Y a jamais eu d'amitié, c'est juste un putain de leurre un peu trop bien dessiné. Y a tellement choses qu'elle devrait lui dire. Tellement de choses qu'elle pourrait faire pour le débarrasser de toute sa peine et sa culpabilité.
Mais elle ne peut pas.
Ses jambes qu'elle décroise pour libérer la sienne. Elle se tourne aussi, fixe le plafond à son tour. Un poids sur sa poitrine. Elle soupire finalement et se tourne du côté opposé à Sidney, tirant sur les couvertures pour s'enrouler un peu dedans, pour tenter de réchauffer son corps gelé. — Bonne nuit. Ça claque entre eux, la sentence qui tombe finalement après un long jugement.
Elle ne pardonne pas. RP TERMINÉ. |
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| Sujet: Re: fury road. (madney) | |
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