Il est sept heures passées. Les rayons de soleil m’aiguillonnent doucement les pupilles alors qu’ils passent enfin au-dessus de la ligne des gratte-ciels. Y a un vent froid qui transforme parfois les volutes des mégots incandescents entassés dans l’cendrier en motifs barbares. Ça fait deux semaines que j’attends. Les yeux grands ouverts de nuit, de jour. Alternant entre l’cœur au bord des lèvres ou au fond des talons. Depuis ce fameux duel à la prison. Depuis le frôlement d’une overdose. Depuis qu’toutes ces choses prononcées m’aient un peu plus déformé le filtre de la réalité. J’arrive pas à reprendre pied, funambule en haut des tours qui regarde l’bitume en contrebas avec envie. J’veux retrouver ma vie d’avant. Les journées passées au lit à sécher nos job avec JJ. Les soirées à la coloc’ avec les crises de rires éthyliques. Daire qui nous crierait d’arrêter de ricaner comme des hyènes. Sam, toujours égal à lui-même avec sa clope au bec. Les mauvais coups à ces branleurs de Yobbos. Les courses poursuites avec les ennuis. J’sais plus comment faire pour continuer là, pas de mode d’emploi sous la main. Plus que dix minutes avant que l’heure des appels démarre. Mon portable trône en évidence, juste devant mes jambes croisées en tailleur. Chargeur branché. Volume à fond. S’il compose mon numéro j’suis sûre de pas le louper. Même pour des insultes et des reproches. J’en ferais abstraction simplement pour entendre l’accent discret et ses manies de langage. Pour faire comme si tout allait bien, pendant quelques secondes au moins.
La sonnerie retentit fatalement. J’reste quelques secondes ébahie, à fixer le cellulaire. Mon esprit doit s’foutre de moi. Puis je me jette dessus en furie, appuie sur l’bouton vert pour laisser le message retentir d’une voix robotique. « Un détenu de la prison fédérale Coastal cherche à vous joindre. Pour accepter la communication veuillez appuyer sur dièse. Cet appel vous sera facturé… » Je presse frénétiquement sur le symbole et me colle le haut-parleur à l’oreille. « Allô ? » Deux syllabes qui renferment un terrible mélange de soulagement et d’angoisse. Quatre lettres pour me raccrocher au fil.
JJ O'Reilly
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▹ posts envoyés : 2817 ▹ points : 51 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (ava + gif) & tumblr ▹ avatar : yuri pleskun▹ signe particulier : regard fendillé, la folie qui crame au fond de son regard, la gueule toujours un peu cassée et l'allure dézinguée.
Elle décrochera pas, ça ne sert à rien d'espérer. Et même si elle décroche, elle n'acceptera pas la communication. Ça sonne et je suis déjà résigné. Je n'y crois pas. Elle ne répondra pas. Elle ne répondra plus. Plus jamais. Elle doit sûrement être trop occupée à sucer toute la ville. Salope. Quand je vais sortir, je vais devoir tous les buter un à un. Je regarde autour de moi, un peu nerveux, faut pas qu'un des gars m'entendent. Si Don apprend que j'ai appelé Nana, je vais en prendre pour mon grade, c'est sûr. — Allô ? Hein ? Je sursaute à moitié, comme étonné d'entendre une voix à l'autre bout du combiné. C'est pas possible. Il me faut quelques secondes avant de réaliser. — N-nana... ? Elle a décroché. Putain, elle a décroché. Je ferme les yeux une seconde, juste le temps de me mordre la lèvre inférieure et de serrer mon poing, le ramenant vers ma poitrine en signe de victoire. — J'pensais pas que t'allais décrocher. Du coup j'suis comme un con et j'sais pas quoi dire. Dernière œillade autour de moi, la voie est libre. — J't'aime. Que je souffle tout bas. C'est pas souvent que je lui dis, généralement quand ça arrive c'est pour me faire pardonner. Faut croire que c'est ce que je tente de faire encore une fois. Je tenterais jusqu'à ce que l'un de nous deux crève. J'pourrais m'arrêter là. Je devrais m'arrêter là. Mais c'est plus fort que moi. — Alors ? T'as sucé combien d'gars d'puis la dernière fois ? Dommage.
« N-nana... ? » Putain, il a fini par appeler. Mon surnom dans sa bouche, peut-être devenu mon prénom avec le temps, fait déferler une lame de bonheur. C’est fugace. Intense. Mais bordel, c’que ça fait du bien ! JJ m’a pas rayé d’sa vie après les mots jetés comme des poignards effilés. Après les hurlements et les promesses obscènes. « J'pensais pas que t'allais décrocher. » « J’pensais pas que t’allais appeler. » Je passe sous silence les journées sombres à rôder autour du téléphone et à vérifier compulsivement de l’état de la batterie. Je me lève pour refermer la fenêtre. J’veux être sûre de préserver tout l’son de sa voix sans perturbation extérieure. Et tant pis si l’proprio m’engueule parce que j’ai jaunis les murs. « J't'aime. » J’me fige en plein élan, une plante de pied sur le parquet, l’autre sur le matelas en fouillis. J’voudrais revenir à cette fameuse nuit pour démontrer à Seven par a+b que Nana et JJ existent encore. Toujours. Il m’aime. Il l’a dit. Comme il t’a traité de salope. Mon palpitant s’envole, se brise, s’écrase. J’ose pas répondre parce que j’en suis incapable. Alors je me rassois en attendant la suite, les yeux déjà embués à l’idée des questions que j’vais poser. Des réponses que je dois arracher. « Alors ? T'as sucé combien d'gars d'puis la dernière fois ? » C’était à parier. Il a pas besoin d’savoir à quel point j’avais pas la tête à mettre ma vengeance à exécution. J’secoue la caboche dans le vide. « Une petite dizaine, rien d’bien méchant. » Le ton est railleur. Un fantôme de mon ancien sourire traîne sur mes lèvres. J’vis un moment suspendu dans les limbes : à deux doigts d’attraper le paradis, certaine de dégringoler en enfer. « JJ… » Mes doigts jouent nerveusement avec le drap entortillé. J’ai du mal à me lancer. « T’as combien de temps d’appel ? » Faut que je sache. Pour stopper l’hémorragie et les centaines d’interrogations qui me rampent dans les veines en m’laissant aucun répit. « J’dois te raconter… ‘Fin il s’est passé des choses. » Compte à rebours lancé pour un nouveau désastre.
JJ O'Reilly
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— J’pensais pas que t’allais appeler. Je fais la moue, elle n'a pas tort d'une certaine façon. Et encore, elle ne sait pas tout. Elle ne sait pas que Don veut que je mette un point final à cette histoire. Que je me débarrasse de tous les kids. De tout le monde. Il dit qu'ils sont nocifs pour moi. J'ai pas encore décidé de s'il avait raison ou pas.
Mon je t'aime qui sort tout seul, spontanément et qui ne récolte que le silence. Je sais pas si c'est mieux comme ça ou si j'aurais encore préféré des insultes. Quand Eanna ne dit rien, ça peut vouloir dire tout et son contraire. Alors j'sais pas, j'sais pas. Mais ça froisse mon muscle qui se met à cogner un peu de travers. Dis moi que tu m'aimes aussi. C'est le bruit que fait l'écho de mes battements. Alors je surenchéris, je passe à autre chose, j'attaque pour la faire réagir. Mais y a pas d'agressivité dans ma voix. Je veux pas me battre. Pas cette fois. — Une petite dizaine, rien d’bien méchant. Je hoche lentement la tête, comme pour approuver ses dires. Je reprends sur le même ton qu'elle. — J'avoue. Pense à bien t'hydrater malgré tout, à force de saliver sur leurs queues tu vas finir par t'assécher. C'est le genre de fausse querelle qui me plait. C'est calme, y a pas de rage dans les mots. C'est comme avant, comme on sait si bien le faire. A se heurter sans se faire vraiment mal parce qu'on sait que c'est du bluff. Rien que du bluff. — JJ… Je fronce les sourcils, me crispe un peu alors que le ton de sa voix ne présage rien de bon. On repart sur du sérieux. — T’as combien de temps d’appel ? Le temps que je réfléchisse pour retrouver l'information, elle enchaine. — J’dois te raconter… ‘Fin il s’est passé des choses. J'me fige. Silence. Je déglutis, nerveux tout à coup. Je n'ai plus envie de rire, plus envie de faire semblant de mordre. Je me rapproche du mur, pour plus d'intimité. — Quoi ? Il s'est passé quoi ? Murmure sec qui trahit mon appréhension. Ça n'sent pas bon putain, ça n'sent vraiment pas bon.
L’atmosphère change immédiatement. Un déchaînement de particules s’empare de ma chambre qui vire à une obscurité plus soutenue. Ma paume se contracte tandis que j’inspire difficilement en rassemblant mes lambeaux de courage. Mon moi amoureuse se balance en pleurant et en répétant comme une lunatique en camisole Il était avec une autre il était avec une autre… JJ aussi l’a ressenti, cette brusque variation. J’l’entends dans la rondeur de sa voix qui s’est envolée pour laisser la place à des angles acérés. Va bien falloir s’y mettre. « J’ai appris que t’étais sorti avec quelqu’un d’autre. » Voilà je l’ai dit. C’est rapide, trois secondes. Et pas si terrible. J’ai juste remplacé « baisé » par « sorti », rien qui n’change vraiment de d’habitude. Enfin, normalement j’aurais juste eu à pousser une gueulante pour qu’il cherche à s’faire pardonner et l’avoir en exclusivité pendant quelques temps. Ce qui m’paraît compromis vu où il crèche en ce moment. Compromis également parce qu’on parle d’une relation suivie, copier/coller foiré de la notre. J’espère. « Elle a voulu se foutre en l’air à cause de ça. » J’désigne son énorme faute par un terme générique. Ça marche mieux avec lui de toute façon. L’irlandais préfère systématiquement transférer sa culpabilité sur le dos des autres et mettre le plus de distance possible entre lui et ses conneries. « J’crois qu’elle s’en est tirée. Mais j’ai aussi failli y passer à cause de ça. » Toujours l’impersonnelle dénomination. Parce que je sais même pas exactement pourquoi on s’est retrouvée toutes les deux mêlées à leur partie d’échec morbide. « C’était pour ça qu’t’étais pas là, hein ? T’étais trop occupé à la sauter pour être avec moi ? » Merde. J’dois pas me laisser déborder. Faut que j’arrête des les imaginer au pieu. Elle en train de soulever ses hanches pâles dans une soumission lente, complète, victorieuse. Lui qui compisse notre autel en se livrant tout entier, qui déterre et souille mon cadavre aimé en un sacrilège exquisément sensuel. Mon subconscient en souffrance exulte de la chute après la Chute. Qu’est-ce que j’en chie putain. Y a pas de raison pour que je sois la seule à morfler. « Et j’sais que c’est la sœur de Seven. »
JJ O'Reilly
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— J’ai appris que t’étais sorti avec quelqu’un d’autre. Y a un moment de flottement. D'incompréhension. Quoi ? Il me faut un certain temps avant de comprendre, avant que les connexions se fassent et que le prénom d'Anca s'affiche. Avec tout le bordel des dernières semaines, j'avais oublié ça. Comme si ce n'était qu'un simple détail. Eanna profite de mon silence pour enchainer. — Elle a voulu se foutre en l’air à cause de ça. — Hein ? Les sourcils qui se froncent, les yeux qui se plissent. Je comprends vraiment plus rien cette fois. Se foutre en l'air ? A cause de ça ? A cause de quoi ? Comment ça ? Je ne pige pas. Mon esprit qui n'est pas capable d'assimiler la douleur que je peux parfois causer sur mon passage. Les mots d'Eanna ne trouvent pas de sens et je reste insensible. — J’crois qu’elle s’en est tirée. Mais j’ai aussi failli y passer à cause de ça. Je passe une main sur mon visage, le cerveau qui surchauffe alors que je peine à suivre le fil de son discours. — Atta, atta, je pige rien Nana. Elle, elle a essayé d'se suicider ? Y a comme un brin de mépris dans ma voix. — Et c'est quoi l'rapport avec toi ? Comment ça t'a failli y passer ? J'ai l'impression qu'il me manque une information capitale qui me servirait à décrypter le code. Je deviens nerveux et m'agite un peu. Je regarde autour de moi, toujours pas de gars de la bande en vue. Parfait. — C’était pour ça qu’t’étais pas là, hein ? T’étais trop occupé à la sauter pour être avec moi ? Je lève les yeux au ciel et soupire bruyamment. Mon avant bras que je pose contre le mur à la hauteur de mon visage avant de finalement venir poser le front dessus. Mon pied droit qui vient buter mollement contre le mur de façon répétée. — Nana, c'ét- — Et j’sais que c’est la sœur de Seven. Je grince des dents, supportant assez mal de me faire couper la parole. Je prends sur moi et inspire profondément avant de reprendre ce que je disais. — Oui, c'était là tout l'intérêt justement. J'm'en fous d'elle putain, tu comprends pas ? C'était rien qu'un coup d'pute en plus contre les Yobbos. Le meilleur même. T'aurais dû voir dans quel état il était quand il l'a découvert. Je ricane puis me calme. — Écoute, j'sais que j'aurais dû vous le dire sur le moment. Mais j'sais pas, ça allait déjà plus avec Samih à c'moment là. J'ai rien dit et après c'était trop tard. Je hausse les épaules même si elle ne peut pas me voir. — J'm'en balec d'elle, c'est promis. Y a que toi. Ok ? Pas sûr que Don soit très d'accord avec tout ça.
Le type rigole. Il arrive à s’marrer alors qu’il devrait être étendu raide mort, glacé de remords. J’ai l’cœur qui remonte fissa jusque sur la langue. J’le sens battre en se décomposant. J’en viens à me poser sérieusement la question d’une quelconque humanité qui pourrait subsister chez JJ. Et ça date pas depuis la prison. Ouais, encore une fois j’sais que ça remonte à plus loin, mais j’arrive pas encore à mettre le doigt dessus. « J'm'en balec d'elle, c'est promis. Y a que toi. Ok ? » Il est pas prêt. Vraiment pas. Parce que là, y a pas de maton pour me déblayer, pas de vitre, pas de barreaux, pas d’ambiance oppressante. Juste les voisins qui peuvent me casser les couilles en râlant pour tapage. Et si c’est pas assez clair, j’les emmerde tous. C’qui est dommage c’est que le téléphone pourra pas rendre justice à ma gueulante. « Ok. Ok JJ y a que moi. Moi et puis ma connerie sans fond à essayer d’te donner raison. » J’me mords le poing pour pas éclater tout de suite. Un arc de cercle haché s’affiche sur la peau dans un violet mauvais. J’relâche la pression. Inspire. Expire. Tentative ratée. « ELLE A TENTÉE SE CREVER À CAUSE DE TOI. TOI TOI TOI TOI !!!! » P’t’être qu’en lui répétant ça va finir par connecter là-haut. « ET PUIS TU SAIS QUOI ? TON SUPER POTE SEVEN A VOULU S’VENGER SUR MOI ! » J’sens les tendons sur mon cou qui saillent de par mon orgie de décibels. J’éloigne le haut-parleur quelques secondes, consciente d’être sur la brèche. J’peux pas craquer tout de suite. Avant faut que j’puisse avoir toutes les infos dont j’ai besoin. Je ramène le combiné contre ma joue. S’il a parlé pendant ce temps-là je l’ai pas entendu et j’m’en fiche. « Il a dit qu’vous aviez été trop loin et que j’devais payer à ta place. Alors j’me suis retrouvée avec une putain d’aiguille d’héro dans l’bras. Tu comprends c’que ça peut entraîner une overdose nan ? » J’ai les mots fébriles. Débit d’hallucinée qui les noient et les heurtent dans un horrible charivari. « Donc puisque j’ai toute la ville à dos par ta faute tu vas m’dire pourquoi. » Y a aucune question dans ma phrase, sauf rhétorique. Il a pas non plus intérêt à raccrocher parce qu’il doit savoir aussi bien qu’moi que s’il en a l’audace il me perd. Et pas juste pour deux jours, trois semaines ou cinq mois. « Porte tes couilles merde ! » Tu sais si bien les sortir à tort et à travers pourtant JJ.
JJ O'Reilly
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▹ posts envoyés : 2817 ▹ points : 51 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (ava + gif) & tumblr ▹ avatar : yuri pleskun▹ signe particulier : regard fendillé, la folie qui crame au fond de son regard, la gueule toujours un peu cassée et l'allure dézinguée.
— Ok. Ok JJ y a que moi. Moi et puis ma connerie sans fond à essayer d’te donner raison. Je ne dis rien, un peu perplexe. Je ne vois pas où elle veut en venir, encore une fois. J'ouvre la bouche, mais rien n'en sort. Alors je me ravise, je me tais, dubitatif. Et la suite, je ne la vois pas venir. — ELLE A TENTÉE DE CREVER À CAUSE DE TOI. TOI TOI TOI TOI !!!! Je sursaute presque, éloigne le combiné de mon oreille une seconde, sidéré par la violence de son hurlement. Mais au moment où je le ramène, prêt à crier aussi fort, elle enchaine déjà et me précède, sans me laisser le temps de me défendre. — ET PUIS TU SAIS QUOI ? TON SUPER POTE SEVEN A VOULU S’VENGER SUR MOI ! J'ouvre la bouche. Hein ? Je bug. Et d'un coup, y a une colère terrible qui éclate sous ma peau et qui se répand de partout. Quoi. Quoi, quoi, quoi, quoi ? Je me redresse, mon poing qui tape le mur. — QUOI ? Je hurle aussi fort qu'elle. — IL A FAIT QUOI ? NANA ? IL A FAIT QUOI ? Elle ne répond pas. — NANA PUTAIN ! Je lâche un hurlement de rage et me mets à taper frénétiquement contre le mur, attirant encore une fois tous les regards sur moi. Je n'arrête que lorsque la voix de Nana revient enfin. — Il a dit qu’vous aviez été trop loin et que j’devais payer à ta place. Alors j’me suis retrouvée avec une putain d’aiguille d’héro dans l’bras. Tu comprends c’que ça peut entraîner une overdose nan ? Je me fige. Non. Non il a pas pu faire ça. Non, non, non, non. Putain. Je deviens rouge, ou blanc, ou les deux, je sais pas, mais je passe par tous les stades possibles et imaginables. Mes dents qui mordent ma lèvre inférieure si fort que ça me fait mal, mais je ne peux pas m'arrêter. Je ferme les yeux, ma main libre qui passe sur mon crâne, mes doigts qui s'y enfonce, j'ai besoin de cogner. J'ai besoin de faire couler l'hémoglobine. Celle de Seven. Ou celle de n'importe qui en fait. — Donc puisque j’ai toute la ville à dos par ta faute tu vas m’dire pourquoi. Porte tes couilles merde ! — PUTAIN ! J'entends un maton qui gueule plus loin et qui me fait signe de me calmer. Je l'ignore, je m'en fous. Il n'existe même pas. — Putain... PUTAIN ! Je finis par refiler un violent coup de pied contre le mur, mais c'est moi qui morfle. Rien à foutre, la douleur me calme. Me canalise. — J'ai pas essayé d'la buter moi ! J'AI PAS ESSAYE D'LA BUTER T'ENTENDS ? Qui s'fout en l'air pour ça putain ? PERSONNE ! Elle l'a sûrement fait pour une autre raison, ça n'a rien à voir avec moi. Je, j'ai... PUTAIN ! Il va crever, il va crever. Je ris, mais c'est nerveux. Un rire cassé. Les nerfs qui lâchent, l'impuissance qui me fait vriller. Je suis ici, il est là-bas. Il peut s'en reprendre à Nana quand il veut. J'peux rien y faire. Rien du tout. Je digère pas. J'ignore ses dernières questions, ce n'est même pas volontaire, j'occulte juste complètement parce que ça ne m'intéresse pas. — Il s'est passé quoi ? Dis moi exactement ce qu'il s'est passé. I-il t'a fait mal ? Il t'a fait quoi ? Je.. Dès qu'je sors il est mort. Il est, il est mort PUTAIN ! Pas Nana, il peut pas. Pas elle. Pas elle.
Évidemment JJ évacue sa rage de manière impérative. À coups de jurons et de vociférations. J’imagine qu’il doit même s’cogner les poings contre les murs, lui qui a toujours été adepte de la fracture du con. J’compte plus le nombre de fois où il se plaignait de son métacarpe douloureux à force d’avoir envoyé des goldens dans du parpaing. Je dis rien. Parce que je sais qu’il entendra mais écoutera pas. « J'ai pas essayé d'la buter moi ! J'AI PAS ESSAYE D'LA BUTER T'ENTENDS ? Qui s'fout en l'air pour ça putain ? PERSONNE ! Elle l'a sûrement fait pour une autre raison, ça n'a rien à voir avec moi. Je, j'ai... PUTAIN ! Il va crever, il va crever. » Le pire c’est que j’y crois à moitié. Je l’vois mal en train d’essayer d’assassiner une pauvre gonzesse en mal d’amour. N’est-ce pas ? S’en servir d’une façon tordue pour atteindre son rival, pourquoi pas, mais de là à passer le cap de meurtrier… Et Seven qui a voulu te filer un aller-simple pour l’septième ciel ? D’accord, ça, ça vient pas de nulle part.
Au final c’est son rire qui m’fait flancher. Son foutu rire ritournelle, couplet indissociable de mon bonheur. Mais il sort différemment j’ai l’impression. Il m’paraît amoché. Altéré. Ebréché. JJ déteste l’inaction, et sa cage lui laisse pas beaucoup de liberté de riposte. Ce son me crève absurdement le cœur. « Il s'est passé quoi ? Dis moi exactement ce qu'il s'est passé. I-il t'a fait mal ? Il t'a fait quoi ? Je.. Dès qu'je sors il est mort. Il est, il est mort PUTAIN ! » « Calma síos… » Ça sort rouillé, vieux langage secret que je n’utilise uniquement lorsqu’il veut rien entendre. Les racines ça parle toujours et vous vibre jusque dans les tripes. On naît, on vit et on meurt irlandais. Un très long soupir se fait entendre entre lui et moi. Il provient de mes propres poumons, déjà fatigués par leur utilisation. J’viens m’appuyer contre la tête de lit, les yeux rivés sur le plafond lézardé. « Il a été plus gentil que toi. » Pas à m’laisser pour morte dans un coin. J’hésite franchement à lui raconter les détails. J’flippe complet d’envisager une nouvelle escalade dans l’horreur. Et surtout je veux pas en être la cause. On en a tous déjà vu assez. « Au final je m’en tire bien JJ. Mais faut que t’arrête. Sérieusement. » T’es déjà à l’ombre pour trop longtemps. Et comment est-ce qu’on va faire pour recoller les morceaux si tu passes ton temps à les éparpiller constamment plus loin ? « Tu t’es pas déjà fait d’nouvel ennemi mortel à la prison, hein ? » J’peux pas m’empêcher de m’inquiéter. C’est plus facile quand il est loin, seulement raccordé par sa voix. La colère et la peur se font moins violentes. A moins que je n'sois trop fatiguée pour m’y accrocher. Aujourd’hui j’ai pas envie de réfléchir à toutes ces conneries ; fermons les yeux juste le temps d’un quart d’heure. Puis j’ai pas mal merdé moi aussi. Y a un innocent qui se retrouve au bûcher par ma faute. Chut, il a pas besoin d’le savoir.
JJ O'Reilly
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▹ posts envoyés : 2817 ▹ points : 51 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (ava + gif) & tumblr ▹ avatar : yuri pleskun▹ signe particulier : regard fendillé, la folie qui crame au fond de son regard, la gueule toujours un peu cassée et l'allure dézinguée.
— Calma síos… Connotations familières qui ont l'étrange pouvoir de me calmer partiellement. Le temps pour moi d'inspirer un peu tandis qu'elle soupire. Je passe frénétiquement ma main sur mon crâne, l'impression qu'il est en feu. Putain, putain, ça tourne trop vite dans ma tête, je n'arrive plus à y voir clair. L'envie de carnage qui pulse dans mes veines. L'envie de voir Seven au sol, à se noyer dans son sang, et puis plus rien. Et puis le silence. Pour toujours. Je ferme les yeux, tente de m'imprégner de ce silence illusionné. — Il a été plus gentil que toi. Je rouvre les yeux, mâchoire crispée, mine contrariée. — Ta gueule Eanna. Narines dilatées, ma colère qui se dirige à nouveau vers elle alors qu'elle m'accuse à nouveau et que je refuse d'assumer quoi que ce soit. Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour elle, pour nous. Alors que Seven a juste voulu la détruire. Les intentions étaient mauvaises. C'est lui le méchant, c'est lui. Pas moi. On m'a donné ce rôle par erreur, elle comprend pas. Ils comprennent pas. — Au final je m’en tire bien JJ. Mais faut que t’arrête. Sérieusement. Je ricane, c'est nerveux. Je viens mordre ma lèvre inférieure tout en secouant la tête. Que j'arrête ? C'est trop tard. C'est déjà allé beaucoup trop loin pour qu'on puisse faire marche arrière. — Ce taré s'en prend à toi et j'devrais rien faire ? J'devrais pas te défendre, pas te venger ? T'as pété un plomb ou quoi ? Et là, c'est moi qui ne comprend plus. D'habitude, elle aurait été la première à me souffler d'aller lui régler son compte. Qu'est-ce qui a changé ? Qu'est-ce que j'ai raté ? J'ai le souffle court, malmené par la marée de violence qui m'engloutis tout entier. Aveuglé par le monde entier, y a plus que ma cible dans ma ligne de mire. — Tu t’es pas déjà fait d’nouvel ennemi mortel à la prison, hein ? Non. Si. Peut-être. Il est déjà mort en fait. Je ne réponds rien, silence qui s'éternise un peu trop sous le poids d'un secret que je ne peux pas lui avouer. De toute façon, je ne peux rien dire, pas ici, c'est trop risqué. De toute façon, ça ne servirait à rien qu'elle sache. De toute façon, on a décidé que c'était Bart. C'était Bart. C'était pas moi. Pas moi. — Non, même pas. Figure toi que j'me suis même fait des potes tu vois. Je viens tirer nerveusement sur le fil du téléphone avant de baisser la voix pour plus de discrétion. — Eanna... tu s'ras toujours là quand j'ressortirais, hein ? Là, à Savannah. Là, pour moi. Avec moi.
« Ce taré s'en prend à toi et j'devrais rien faire ? J'devrais pas te défendre, pas te venger ? T'as pété un plomb ou quoi ? » Non j’ai pas « pété un plomb » JJ. J’les ai carrément tous grillés, et si on fait bien les comptes des désastreux évènements qui se sont enchaînés y a d’quoi. J’ai beau essayer de me raccrocher à l’ancienne Nana, elle me file entre les doigts comme de la fumée. Et en parlant de ça, je m’aperçois qu’un minuscule nuage se dégage de mes draps : la faute à une cendre mal éteinte en train de trouer le tissu. « Merde ! » Je coince le combiné entre mon menton et l’épaule avant de taper sur la braise indisciplinée. Dans mon oreille la respiration erratique de JJ cadence mes mouvements. J’sais pas pourquoi mais ce staccato inarrêtable m’insupporte. « T’es plus là. » L’évidence même que j’lui crache par ondes interposées. « Alors non, tu vas ni m’défendre, ni m’venger : j’me débrouille toute seule. » Ces quatre dernières lettres sont cruelles, pour lui comme pour moi, mais d’une absolue vérité. Ça m’arrive encore de l’chercher à tâtons quand j’me réveille après un sommeil chaotique. Mon esprit débloque en étant persuadé de trouver sa peau brûlante quelque part sur l’immensité du matelas. Une fraction de seconde seulement avant que j’me rappelle enfin qu’il se trouve emmuré derrière des barreaux inoxydables. Avant que j’me souvienne aussi de l’absence tristement indolore au creux du ventre dont il est la cause. J’ai la gorge qui se noue sans prévenir. Je m’exaspère à pleurer sur c’que j’aurais jamais : à quoi bon regretter ? L’oiseau continue à battre des ailes par instinct de conservation, pour éviter de s’écraser. Alors j’esquive. J’préfère parler de lui, même si j’ai pas plus envie de m’le représenter au milieu de la meute de criminels. « Non, même pas. Figure toi que j'me suis même fait des potes tu vois. » « Des amis ? » Je pousse un sifflement strident, clairement moqueur. « J’imagine même pas les fiestas qu’vous devez faire. » JJ doit se sentir comme un poisson dans l’eau avec les braqueurs, violeurs et autres joyeusetés du genre. J’espère juste qu’il va pas encore se foutre dans la merde. ‘Fin plus qu’il l’est déjà. « Eanna... tu s'ras toujours là quand j'ressortirais, hein ? » Mon irlandais baisse la voix sur des airs de conspirateur. Sa question m’atteint comme une beigne et me laisse sur le carreau. « Attends, quitte pas. » J’lâche le téléphone et me précipite sur la table basse. Y a les restes d’une ligne éventrée de la veille. Vite, la carte de crédit claque sur l’bois usé et ramasse les grains éparpillés pour en faire une trace parfaitement rectiligne. Vite, j’roule un post-it à l’abandon. Vite, j’expire et inspire – forcenée – pour attraper jusqu’à la dernière miette dans les sinus. La coke explose juste entre les deux yeux. Je renifle encore deux ou trois coups puis reprends le fil. « Je… » Au loin y a les éclairs et les nuages lourds de colère. « J’sais pas. J’peux pas te l’promettre JJ. » Je grince des dents, l’cœur qui tambourine entre les côtes, fou furieux. « J’arrive pas à passer au-d’ssus. J’essaye mais j’trouve pas c’qu’il faut. T’es trop loin et j’comprends pas pourquoi t’as fait ça. Y a rien d’logique, aucun argument qui tient la route. » Mais t’es encore amoureuse Nana. Ça vibre au bout de ta langue. « Puis tu sais que j’déteste discuter par téléphone. » Ouais, on préfère le face à face. Les gueulantes qui vous font exploser les tympans, les mots sales. Les mains qui volent et finissent par s’attraper. Les lèvres qui s’mordent. Les ongles qui s’accrochent aux membres entremêlés et les soupirs qui viennent, s’effacent en gémissements. « J’voudrais qu’tu sois là. » Dérapage incontrôlé. Sortie de route parce que la courroie a été grignotée par la dope. La reddition est douloureuse mais salvatrice. J’plante mes dents dans mon poing si serré qu’il en devient minuscule. C’est c’que je voulais dire. Pas ce que je devais.
JJ O'Reilly
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▹ posts envoyés : 2817 ▹ points : 51 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (ava + gif) & tumblr ▹ avatar : yuri pleskun▹ signe particulier : regard fendillé, la folie qui crame au fond de son regard, la gueule toujours un peu cassée et l'allure dézinguée.
— Merde ! — Qu'est-ce tu fous ? Que je demande, les sourcils froncés. Je tends les oreilles, pour m'assurer que je n'entends pas une tierce personne dans la pièce avec elle. Comme un mec par exemple, qu'elle aurait ramené dans nos draps en profitant de mon absence. — T'es plus là. Putain. Je souffle et serre les dents, passant une main sur mon visage pour tenter de me calmer alors que chacun de ses mots me fait mal et m'énerve un peu plus. — Alors non, tu vas ni m’défendre, ni m’venger : j’me débrouille toute seule. — Putain ok donc t'as décidé d'être chiante aujourd'hui en fait, c'est ça ? Ma patience qui s'effrite face à ses attaques, je commence à avoir envie de cogner dans quelque chose. Ou quelqu'un. Au choix. — Des amis ? J’imagine même pas les fiestas qu’vous devez faire. Je n'arrive même pas à m'énerver, à vociférer. Y a comme un truc qui reste coincé dans ma trachée. J'ai envie de tout lui dire, c'est terrible. Les mots qui brûlent ma langue, mes lèvres, qui veulent sortir et que je retiens tant bien que mal. Eanna, j'ai tué quelqu'un. Eanna, y s'passe trop d'choses ici. Mais je ne dis rien, je ravale tout. J'peux rien dire. Rien. Et ça me rend fou. Alors je change rapidement de sujet, tente de me raccrocher à quelque chose qui compte encore, qui a encore du sens à mes yeux. Mais je n'obtiens pas vraiment ce que j'espérais dans un premier temps. — Attends, quitte pas. — Comment ça 'attends', t'es sérieuse ? Pas de réponse. — Eanna ? ... Eanna ! Et la colère commence à grimper violemment, ça me monte à la tête, et je me mets à répéter son prénom en boucle. Les doigts qui se serrent autour du combiné et sa voix qui revient juste avant l'explosion. La pression redescend aussitôt. — Je… J’sais pas. J’peux pas te l’promettre JJ. Moue boudeuse. Je viens poser mon front contre le côté de l'appareil, tirant nerveusement sur le fil. Déçu. — J’arrive pas à passer au-d’ssus. J’essaye mais j’trouve pas c’qu’il faut. T’es trop loin et j’comprends pas pourquoi t’as fait ça. Y a rien d’logique, aucun argument qui tient la route. C'est simple pourtant, je l'ai fait parce que je l'aime. Je n'comprends pas qu'elle ne comprenne pas. Et je me sens tout fébrile, le cœur qui se détache et les yeux qui se mouillent. — Puis tu sais que j’déteste discuter par téléphone. — Je sais. Que je souffle tout bas. Je n'aime pas non plus. Si j'étais en face d'elle, je suis convaincu que tout serait déjà réglé. Qu'on pourrait continuer à s'aimer comme avant, que tout se serait arrangé naturellement. Qu'on aurait déjà oublié. Pas vrai ? — J’voudrais qu’tu sois là. Et d'un coup, en une fraction de seconde, tout se renverse. Je me redresse et retrouve mon sourire. Comme si j'avais déjà tout gagné. Le cœur qui se réchauffe et un peu de douceur qui coule dans mes veines, chassant la colère et les peines. — J'voudrais aussi. Tu m'manq- Y a un bip qui raisonne dans mes oreilles. — Merde, putain ! Temps écoulé. La rage qui revient à la charge, elle n'est jamais loin celle-là. — Ça va couper, faut que j'te laisse. Mais j'te rappelle vite, ok ? J't'aime. Silence. — Tu m'aimes aussi ? Faut que j'sois sur.
« J'voudrais aussi. Tu m'manq-» L’avertissement sonore retentit sans douceur pour nous signifier la fin du chrono. Quinze jours à espérer cet appel et dix minutes en tout pour récompense. Y a pas d’justice. Je pousse un juron fleuri en écho à celui de JJ. J’suis mitigée. Adoucie comme une gamine qui s’fait consoler après un cauchemar – un dont vous avez l’impression de jamais parvenir à vous réveiller – d’avoir pu entendre sa voix. Même pour déblatérer autant d’horreurs. Puis aussi nauséeuse. Parce que rien n’est résolu, pas plus qu’absous, et que le bordel règne toujours. « Ça va couper, faut que j'te laisse. Mais j'te rappelle vite, ok ? J't'aime. » Alors c’est à ça qu’on va se résumer ? Des appels en coup de vent, des promesses creuses, des visites au parloir ? Bah quoi Nana, t’es pas foutue de rompre clairement avec lui alors arrête de chouiner. Tout se bouscule et forme un immonde mélange. L’éclatement des Kids. Le regard terrible de Sam en m’enjoignant de partir. JJ et ses sourires distants. JJ en train d’embrasser une silhouette brune aux longs cheveux soyeux. JJ au regard de sauvage et les phalanges qui s’ensanglantent. « Tu m'aimes aussi ? » Putain. Quel enfoiré. Le ton qu’il emploie et sa manière de faire rouler ces syllabes chéries font exploser le barrage. J’suis pas faite pour encaisser autant de misères en les ruminant derrière. J’sais pas en faire une force utopique qui m’permettrait de faire face, la tête haute, aux coups durs de la vie. J’veux retrouver encore cette sensation inimitable de se penser sensée en étant avec quelqu’un alors que la terre entière vous considère comme barjot. Vous vous regardez dans un miroir plus fêlé que le vôtre, qui vous accepte telle quelle, et ça fait du bien. C’est c’que j’ai toujours vu chez lui, je peux pas l’nier. « Oui. J’t’aime aussi. » Ça me brûle la gorge en passant. J’les vomis ces mots. Ils sortent à peine articulés - irrépressibles pourtant - en passant entre les dents qui refusent de se desserrer. J’espère qu’il va pas m’étaler sa victoire sous le nez en jubilant. J’me sens déjà assez humiliée de pas réussir à l’envoyer se faire voir définitivement, pas la peine d’en rajouter. Mais au lieu des exclamations satisfaites que je m’attends à entendre y a que l’annonce mécanique et préenregistrée. « La prison Fédérale Coastal vous remercie pour votre appel. Il vous sera facturé au prix de deux dollars par minutes. » Je fixe le téléphone qui ne produit plus que la sonnerie incessante du vide. La parenthèse est terminée et j’sais plus si c’est pire ou mieux qu’avant. « Et merde… MERDE, MERDE, MERDE ! » J’envoie tout balader en vrac sur le sol. Couette, mégots rongés, écran brisé. J’voudrais pouvoir faire pareil, me mettre en pièces et plus avoir à m’demander à quoi ça rime. À quoi je rime.
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