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 I'll never be the man for you (Tosher)

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MessageSujet: I'll never be the man for you (Tosher)   I'll never be the man for you (Tosher) EmptyLun 9 Avr - 0:18

J’veux pas ouvrir les yeux.

J’ai pas rêvé. J’ai pas rêvé, du fond d’mon inconscience, avalé par des limbes trop sombres, trop noires, pas un flash, pas un souvenir revenu des oubliettes, pas d’hallucinations colorées, de fantasmes élaborés. Rien. Que dalle. Sommeil trop profond, trop lourd, cerveau aux abonnés absents, à prendre la réalité pour un songe, à croire que le monde autour n’est qu’un mirage, comme les paupières qu’on soulève, le halo d’une lampe fichée dans les pupilles, la sirène d’une ambulance, le jargon médical lancé à tort et à travers, boomerang entre des bouches assurées, le brinquebalement du véhicule à filer la nausée au meilleur marin. Ça revient par bribes, seconde après seconde, dans mon inconscience feinte. Je ferme les yeux plus fort, presse mes paupières les unes contre les autres comme si ça pouvait faire disparaître la sensation désagréable dans le creux de mon coude, comme si ça pouvait faire taire ce putain de bip qui ne s’arrête pas. Pas vraiment régulier. J’suis sûr qu’il s’est accéléré d’puis que j’me suis réveillé, d’puis qu’je suis resté paralysé sur un lit qu’est pas l’mien, cloué au matelas, incapable de bouger, à pas oser ouvrir les yeux de peur que tout devienne réel, qu’mon cœur explose en s’prenant la vérité en pleine tronche. J’jurerais qu’le bip s’accélère encore. Faut pas. Faut pas. Respire. J’peux pas. J’peux pas, j’arrive pas à respirer, j’sais plus comment on fait. J’me tourne, j’fais comme si j’m’agitais dans mon sommeil alors qu’j’suis à la recherche d’oxygène, trouve un endroit où prendre une goulée d’air, coule à nouveau dans un océan de culpabilité. J’veux pas ouvrir les yeux. Parce que j’sais qu’il est là. J’sais pas de quel côté du lit il est, assis à droite, à gauche, debout au pied du lit, peut-être, ou dans un coin de la pièce. A m’regarder, à attendre que j’émerge, ou assoupi, j’sais pas, j’veux pas savoir, j’veux pas admettre que c’est réel, j’veux ignorer le bip et le baxter planté dans mon bras, les draps qui sentent la javel et le bruit ambiant d’l’hosto. J’y suis pas, non, j’y suis pas, il s’est rien passé hier soir, il est pas là, planté quelque part dans une chambre aseptisée, il est pas là, il est sûrement pas resté, ils ont dû lui dire qu’j’allais m’en sortir et de rentrer se reposer.

J’me tourne encore, paupières fermement closes, trop fermement, ça m’en fait mal, à m’bousiller l’esprit pour pas penser, à gueuler la ferme à toutes les voix dans ma tête, et à ce bip qui m’fait vriller les tympans, les poings qui se serrent sous les draps de peur de laisser mes doigts s’emparer d’la machine pour la balancer contre un mur. J’préférerais avoir rêvé, avoir eu un d’ces putain de mauvais rêves desquels on est trop heureux de s’défaire, parce qu’on sait qu’la réalité sera jamais aussi horrible, qu’c’était qu’un cauchemar qu’a fait pisser l’sang à son palpitant, rien d’plus, rien d’grave. Pas le noir. Pas le noir trop profond de l’inconscience, l’impression d’avoir été mort l’espace de quelques heures, sans s’sentir bien comme après avoir dormi, juste en se reprenant toutes les horreurs de la veille à la gueule et comprendre qu’une bonne nuit d’sommeil peut clairement pas résoudre tous les problèmes. Respire. J’me murmure des ordres du bout des lèvres, le visage enfoncé dans l’oreiller, mes dents qui s’accrochent sur mes lippes pour étouffer c’qu’essaye de remonter le long de ma gorge depuis mes entrailles, le ventre qui se tord et le corps qui se recroqueville un peu plus. Y pense pas, y pense pas, t’as pas fait ça, comme une formule magique dans le flot de mes pensées, mais plus j’me la répète, et plus j’sais qu’elle est fausse, et plus ça me r’vient en mémoire, la seringue lovée dans la peau, l’héroïne qui s’faufile dans mes veines, le bonheur retrouvé dans les bras d’ma vieille amie, les nuages, le blanc immaculé, là-haut, tout là-haut, et puis Asher, les contours de son visage en flouté, sa voix sans qu’j’me souvienne des mots, ses mains froides sur mon front brûlant, l’inconscience, le noir, le néant.

J’veux pas ouvrir les yeux. Et j’le fais pas, j’me force à pas l’faire, mais j’arrive pas à contenir le reste, les soubresauts légers qui soulèvent ma cage thoracique, s’transforment peu à peu en spasmes incontrôlables, les sanglots qui finissent par transpercer ma gorge sans crier gare, comme tant de bêtes sauvages qu’on aurait tenues enfermées trop longtemps, torrents de larmes sur mes joues que j’dissimule sous mes avant-bras, à tenter stupidement de comprimer mes paupières pour les arrêter, et ma bouche pour atténuer un hoquet pathétique, confiner l’abomination qui se terre là, honte, culpabilité, angoisse, désespoir, tristesse mêlés, enchevêtrés, à espérer qu’il entende pas, qu’il remarque pas. Qu’il soit pas là.

J’veux pas qu’tu m’voies comme ça.
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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: I'll never be the man for you (Tosher)   I'll never be the man for you (Tosher) EmptyLun 9 Avr - 11:27

C’est comme dans un mauvais film. Il y a tous les éléments qu’il faut, les lumières un peu glauques des néons qui se pètent sur le macadam humide, se mélangent au bleu et au rouge de l’ambulance, le gyrophare qui tourne comme un carrousel infernal et la voiture du flic juste derrière. Il conduit au radar, Asher, pas sûr de vraiment savoir ce qui l’empêche de s’effondrer, de tomber derrière le volant, d’aller finir sa course dans un lampadaire. Avec un peu de chance ils transporteraient deux victimes au lieu d’une seule. Il tient par la force du Saint Esprit, faut bien qu’il y ait un petit miracle ce soir, que l’église en ruine recèle toujours quelque trésor de foi, accomplisse aléatoirement des prodiges pour ses fidèles les plus paumés. C’est presque ce qu’il se passe, au fond, parce qu’Asher marmonne ce qui ressemble vaguement à une prière, les yeux rivés sur la route, la porte de l’ambulance, imagine les corps qui s’agitent à l’intérieur, tentent de réanimer le pasteur. Ça se bouscule dans sa gorge, dans son cœur, l’impression qu’il ne devrait pas être là, à suivre le convoi, à se shooter à l’adrénaline. Il devrait changer de route maintenant, rentrer chez lui, persuadé de toute façon qu’ils ne le laisseront pas rester près de Toad. Parce que lui, il n’a pas un bout de papier qui impose des prérogatives maritales, octroie un passeport pour toutes les emmerdes que l’autre pourrait bien vivre. Lui, il a tout juste des vieux SMS qui trainent sur son téléphone, d’une époque où tout semblait si simple. Il se demande soudain si Toad a fait pareil, s’il a gardé les textos du temps où ils flirtaient outrageusement, où on devinait les sourires derrière les virgules. Rembobine, putain. Rembobine le film, essaie de comprendre où ça a merdé. Quelque part entre les murs de ce même hôpital qui se trace au bout de la route, quelque part entre Seth, Ezra, le passé et futur, à l’instant où leur relation n’est plus devenue une évidence mais une anomalie. Une trop grosse anomalie. Coup de frein, l’ambulance prend de l’avance alors qu’Asher se noie dans les souvenirs, la respiration de plus en plus saccadée, impossible à calmer. Il aurait besoin de Merle, de Niamh, de n’importe qui qui tienne un peu à lui et pourrait lui mentir sans aucun scrupule, prétendre que tout se passera bien même s’ils savent que ce n’est pas vrai, que rien ne pourrait aller plus mal qu’en ce moment-même. Matei, il a besoin de Matei, de respirer l’odeur si caractéristique de son crâne d’œuf, d’étouffer des baisers sur ses joues rondes, de frotter leurs nez l’un contre l’autre. Sauf qu’il ne l’a pas, Matei. Sauf que là aussi, il joue sur un terrain glissant, les pieds qui s’accrochent mal dans l’herbe trop molle, prisonnier d’un futur trop incertain, à ne pas savoir s’il va se briser les genoux dans la boue ou pouvoir remonter la pente tout seul. Toad est le premier à savoir pour Matei. Toad est le premier, et il n’a peut-être même pas retenu, même pas compris, à quel point c’était important pour Asher de lui dire, juste après avoir revu Elena, juste après avoir refait une mise au point pathétique sur l’écran noir de sa vie.
Il ne voit plus l’ambulance lorsqu’il regarde de nouveau la route, capte tout juste le klaxon de la voiture qui le suivait, n’accorde aucune espèce d’attention au conducteur qui le double en lui adressant un regard assassin. Pilote automatique, il colle de nouveau le pied sur l’accélérateur, fonce sans réfléchir vers l’hôpital. Il aura le temps de s’en vouloir plus tard.

Maintenant. C’est le matin, il a dû passer toute la nuit dans le hall, à attendre que les visites soient enfin autorisées, au moins dix cigarettes grillées dans l’équation, cinq cafés et autant d’heures à ressasser, cogiter, culpabiliser parce qu’il aurait dû voir, il aurait dû comprendre. Il déteste Toad pour l’avoir mis devant le fait accompli, attendu qu’il ait l’esprit occupé par d’autres choses pour s’enfoncer une seringue trop chargée dans le creux du coude. Il déteste Toad. Pas du tout. Pas quand il le voit aussi vulnérable, pâle comme un linge dans son lit d’hôpital. Il freine un peu à l’entrée de la chambre, comme un enfant stupide qui ne voudrait pas obéir à ses parents, aller débarrasser la table, se brosser les dents. En parlant de ça, il doit empester, un mélange de cigarettes, de café et d’angoisse. Il aurait peut-être dû rentrer chez lui, au fond, prendre au moins une douche avant de revenir. Il aurait peut-être dû essayer de manger un morceau, se forcer, essayer de ne pas rendre sa bile dans la cuvette des toilettes. Il ne l’a pas fait. Assume, putain. « Très drôle », il grommelle, pas très loin de l’insanité, les mots d’Elena qui lui reviennent en tête avec l’ironie mordante des souvenirs qu’on aurait préféré oublier. Très drôle, il assume déjà plutôt bien en ce moment, quand on voit la masse de conneries qui lui tombent sur le coin de la tête sans qu’il ne se repasse une corde autour du cou. Y a un miracle et il s’appelle Matei, faut croire. Très drôle, pas drôle du tout en réalité, Toad allongé dans un lit à quelques pas de lui, le bip régulier de la machine qui sert à voir si son cœur bat toujours. Il bat. Respire. C’est ce qu’il se répète à chaque centimètre parcouru dans la pièce, respire, jusqu’à se laisser tomber sur une chaise en plastique à l’assise rembourrée, un tout petit peu plus confortable que les bancs de la salle d’attente. Respire. Il appuie sa tête contre le mur derrière lui, ferme un court instant les paupières. Trois secondes, dix minutes max. Il a perdu la notion du temps, faut croire. Tout ce qu’il comprend lorsqu’il rouvre les yeux, c’est que Toad sanglote, c’est que Toad pleure, c’est que Toad s’asphyxie et il renverse presque la chaise pour se jeter sur le lit et le prendre dans ses bras, par instinct, par devoir, par tout ce qui fait qu’ils sont une entité indissociable, qu’ils ne crèveront jamais malgré le fait qu’ils soient eux-mêmes instigateurs de leurs plus grandes souffrances. « Respire », il souffle doucement en caressant son dos du plat de la main, la joue écrasée contre le front du pasteur, juste au-dessus de l’avant-bras qui cache maladroitement ses yeux. Plus facile à dire qu’à faire, sûrement. Y a presque un regret dans son cœur parce qu’il est responsable, de l’héroïne et puis du reste, de ne pas l’avoir laissé sur son nuage, il était pourtant heureux, putain, heureux. « Respire mon amour. » Trop doux, trop calme, ça menace d’exploser à n’importe quel moment, de crever ses yeux de larmes à force de trop retenir, de trop intérioriser. Le cul posé sur un bout de lit, il se rapproche de Toad, resserre l’étreinte de ses bras autour de son corps, plus maigre que dans son souvenir, il pense. Est-ce qu’il s’alimente correctement ou est-ce qu’il se laisse crever de faim comme lui ? On était si beau, putain. « Ça va aller, j’suis là pour toi, j’serai toujours là pour toi, j’t’abandonnerai pas. » Cette fois-ci.
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MessageSujet: Re: I'll never be the man for you (Tosher)   I'll never be the man for you (Tosher) EmptyDim 15 Avr - 23:13

J’ai atteint le paroxysme du pathétisme, à chialer sur un lit d’hosto comme si on v’nait d’m’annoncer l’heure de ma mort, alors que j’viens seulement d’apprendre que j’suis toujours en vie, qu’j’ai survécu à ma connerie, qu’mon cœur va bien et qu’je serai pas un putain d’légume pour le restant de mes jours, non, j’vais devoir assumer, j’vais devoir m’expliquer, j’vais devoir m’justifier. J’vois déjà les juges me toiser, et j’ai rien à dire pour ma défense, Asher, Ezra, Seth, pardon, j’ai pas d’circonstances atténuantes pour excuser c’que j’ai fait. Et si j’me retrouvais à nouveau avec une seringue entre les doigts, j’la replanterais au même endroit, sans trembler, sans hésiter. J’suis désolé. Moi qui croyais qu’ça s’rait jamais pire qu’en désintox. Moi qui pensais que je s’rais jamais plus pathétique que le jour où Seth m’a largué, s’est barré, à poursuivre le bus qui l’emmenait à moitié à poil, à gueuler en pleine rue sans en avoir rien à foutre des passants. Y’a toujours pire. Même quand on vous dit qu’vous pourrez pas tomber plus bas, c’est jamais vrai. Y’a toujours plus bas, peut-être parce que l’gouffre a pas d’fond. Alors j’suis là, à pleurer comme un con parce que j’veux pas qu’on m’pose de questions, j’veux pas en parler, j’veux faire comme si rien n’s’était passé. Mais j’ai toujours ces sensations fantômes au bout des phalanges, à chercher vainement une illusion, les flashes de la veille qui me reviennent en filigrane, me transpercent les rétines sous mes paupières obstinément fermées. Y’a le manque qui parle à ma place, dans mon crâne, la p’tite voix qui marmonne des inepties – t’étais heureux, ça t’rendait heureux, pourquoi t’as arrêté ? Ils t’ont forcé à arrêter, voilà pourquoi, c’était pas ton choix. Si. Si. J’voulais arrêter. Pour Seth. Pour être bien. Pour lui. C’était mon choix. Ou p’t’être pas tant que ça.

Y’a ses bras autour de moi et j’m’accroche à lui comme à une bouée d’sauvetage, j’s’rais presque en train d’nous faire un remake de Titanic, mais j’joue mieux la force du désespoir que Leo, les doigts qui s’agrippe à ses vêtements, à me coller contre lui comme si j’avais encore le droit d’faire ça, comme si c’était légitime, comme si j’avais pas signé sa perte avec mes pulsions égoïstes. Ses bras pour refuge, le visage calé dans son cou, caché, à espérer qu’le tissu d’sa chemise absorbera toutes les larmes avant qu’il veuille me regarder en face. J’essaye d’écouter Asher, de respirer, d’copier sa propre respiration, mais j’ai l’impression qu’elle est aussi chaotique que la mienne, à entendre tout de trop loin, en déformé, en différé, comme si j’avais la tête sous l’eau. J’peux pas respirer. J’me noie. J’me noie dans mes larmes, j’me noie dans mes péchés. J’sais plus si j’crois encore en Dieu. Me semble que j’avais trouvé la réponse, hier, quand j’planais, mais ça me paraît à des années lumières, à présent. Et pourtant si proche. Si proche. Comme Asher. Tu l’bousilles encore. Tu vois pas ? Tu t’shootes à l’héro et il te dit mon amour. T’l’as rendu bien accro, t’es fier ? « Non. » Non ? Hoquet lamentable, et mes bras se resserrent un peu plus autour de lui, à mimer mon cœur qui se serre lui aussi. J’veux pas le lâcher, je l’aime, putain, je l’aime. J’veux pas le lâcher. Mais j’veux pas lui faire de mal.

J’prends une trop longue inspiration, ça ressemble à une lente agonie, à humer son odeur, comme si c’était la dernière fois. Il a trop fumé, relents de cigarettes et de sueur sur sa peau, c’est d’ma faute, tout ça, et j’tente de calmer les tremblements qui m’agitent, d’étouffer les sanglots qui m’étranglent encore, soupire quand j’écrase les larmes sur mes joues du revers de la main. J’desserre l’étreinte, m’écarte doucement, toujours tremblant, un peu fiévreux, j’le libère. Faut qu’j’le libère. « Asher, j’suis désolé. » Mon sourire est triste, paumé, mes mains qui se posent sur son visage, putain j’l’aime tellement, ce visage, et ses yeux trop noirs qui balancent toute ma volonté aux oubliettes. J’sais toujours pas c’que j’veux, j’sais même pas c’que j’suis en train d’faire. J’veux pas le lâcher, mais faut qu’j’lui rende sa liberté. Arrêter d’penser qu’à moi, arrêter d’me dire qu’il peut bien m’attendre éternellement, arrêter d’lui faire croire que j’suis quelqu’un pour lui. « Faut pas qu’tu restes là. Faut qu’tu partes, j’suis sérieux. J’suis pas bon pour toi. C’est pas bon pour toi, tout ça. J’aurais pas dû t’en parler, hier. J’regrette vraiment, tu sais, j’regrette. » C’est haché, le souffle trop court pour faire des phrases décentes, le cerveau trop en vrac pour trouver une meilleure manière de le dire. Et le corps qui refuse de m’écouter, les bras qui s’enroulent de nouveau autour de lui, à serrer trop fort même si j’sais qu’c’est mal. « Tu d’vrais pas être là », qu’je murmure dans l’creux d’son cou, à la recherche de l’arnaque, d’la cause du mirage. Tu d’vrais pas être là. Et on d’vrait pas être ensemble.
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MessageSujet: Re: I'll never be the man for you (Tosher)   I'll never be the man for you (Tosher) EmptyLun 16 Avr - 0:09

C’était un jeudi.
C’était un jeudi et il avait préparé les choses plusieurs semaines à l’avance, le joli costume, la jolie bague dans son minuscule écrin, les invités savamment disséminés dans la salle, impossibles à déceler sans un œil averti, l’orchestre qui avait répété sans relâche pour jouer à la perfection The way you look tonight de Sinatra. C’était un jeudi et une limousine s’était garée devant chez Scarlett et Asher lui avait suggéré de regarder par la fenêtre et de mettre sa plus belle robe pour aller manger un morceau, la richesse jusque dans les instincts, à confondre grandiloquent et habituel. Elle avait mis une robe noire, avait attaché ses cheveux roux en un chignon négligé. Il serait capable de refaire le tracé de sa silhouette de mémoire, jusqu’au moindre petit grain de beauté. Des moments comme ça durent une vie, même quand on a fini de s’aimer, même quand on est à des milliers de kilomètres. Même quand la demande en mariage la plus romantique au monde s’est ajoutée à la liste de tous ses actes manqués, de tout ce qui a pu foirer, s’écraser dans un grand boom apocalyptique. Réminiscence. Il se souvient du visage de Scarlett ce soir-là, à la découverte du diamant dans le verre de champagne et malgré le cliché que ça implique fatalement, l’image se fait une place confortable parmi ses souvenirs les plus chers. Les plus doux. La liste est assez succincte parce qu’il a vécu une vie plutôt courte, trente-trois piges, parce qu’il y a juste eu des flashs plus vifs que d’autres, premier baiser, première fois, diplôme, première affaire gagnée, premier échec, premier mariage, premier ratage. C’était un jeudi.
Il s’en souvient plutôt bien et c’est étrange que ça lui revienne comme ça, de nulle part, alors qu’il tient Toad contre lui et qu’il y a un océan qui semble les séparer. C’était un jeudi et il avait pensé, à cette époque, qu’il n’aimerait jamais quelqu’un autant qu’il aimait Scarlett dans sa jolie robe noire, avec ses cheveux roux attachés en un chignon négligé, avec son sourire à transpercer le cœur et ses yeux remplis de larmes de joie quand elle avait dit oui, quand elle avait accepté, quand elle avait placé sa vie entre ses mains et lui avait fait confiance. C’était un jeudi et il se rappelle qu’il avait passé des heures à répéter son discours, à planifier le mariage du siècle jusqu’au plus petit détail, à s’imaginer leur vie d’après, leurs gamins qui joueraient dans un jardin beaucoup trop grand et leurs vies d’adultes bien installés, sérieux, parvenus, à fantasmer sur les possibilités qui seraient les leurs quand ils auraient enfin le monde à leurs pieds. Sans se douter qu’il ne suffirait que de quelques mois pour réduire ces ambitions à un rêve naïf qui ne se réaliserait jamais. C’était un jeudi, il y a quatre ans environ. C’était un jeudi et il ne savait pas qu’il rencontrerait quelqu’un d’autre un jour, quelqu’un qui allumerait tous ses capteurs comme Scarlett avait su le faire avant. Quelqu’un sans qui il ne s’imaginerait jamais vivre.

Il laisse Toad parler, l’écoute à moitié, perdu dans son jeudi il y a quatre ans, dans un moment suspendu à plusieurs galaxies d’eux, de cet hôpital, de cette ville. Blablabla. T’es stupide Baxter, quand tu t’y mets. T’es stupide quand tu lui demandes de partir, quand tu penses un seul instant qu’il en serait capable, qu’il aurait ne serait-ce que la force physique de lever son cul de ce lit et de sortir de cette chambre alors que tu es dans cet état-là. Alors que tu es là. Tu d’vrais pas être là, il dit. Toi non plus, Baxter. Tu devrais être dans ton église à préparer ton prochain sermon, tu devrais être dans ton lit à pioncer encore comme un bienheureux, tu devrais être dans les rues à essayer de retrouver la trace d’Ezra, tu devrais être avec Seth à refaire des plans pour toute une vie. Mais tu ne devrais certainement pas être dans un lit d’hôpital après avoir fait une overdose. « Je suis là, pourtant. » Y a rien d’autre à dire, en fait. Il est là et il ne compte pas bouger malgré les suppliques de Toad, malgré ses yeux qui essaient de le regarder mais ne le voient pas vraiment, encore trop tristement happés par l’héroïne, malgré le mal que ça lui fait de constater l’état pitoyable ans lequel il s’est mis à cause de ces conneries. Il recule un peu, cale le visage de Toad entre ses paumes trop moites d’avoir eu peur pour lui, le regard planté dans le sien. « J’crois qu’t’as pas bien compris. Je ne t’abandonnerai pas. » Chaque syllabe soigneusement articulée. Il ne le fera pas, pas aujourd’hui ni dans six mois, ni dans quarante putain d’années. Il ne le fera jamais parce qu’il sait qu’il ne peut pas, physiquement, mentalement, que le pasteur et lui forment une entité indissociable et qu’il refuse à tout prix de prendre ses jambes à son cou simplement parce que ça devient trop dur. Ce n’est pas ça, l’amour, ce n’est pas partir quand les choses deviennent délicates, ce n’est pas s’offrir une jolie bague, ce n’est pas payer un orchestre hors de prix, ce n’est pas balancer des je t’aime en espérant que ça sera suffisant, en ne le prouvant jamais vraiment. L’amour, c’est le truc qui fait qu’on se dit qu’on va rester, qu’on va planter ses godasses dans le sol et qu’on refusera de bouger, peu importe le nombre de pavés qu’on se prendra en pleine gueule ou l’obstination avec laquelle on nous repoussera vers le départ. « J’veux être avec toi pour le meilleur et pour le pire. Toute ma vie. Toute ta vie. J’baisserai pas les bras juste parce que c’est un peu plus difficile que prévu. J’serai pas ce mec-là. » Ce mec qui te foutra en l’air, encore, ce mec qui te laissera te démerder pour ramasser les morceaux à la petite cuillère. Quasiment aucune hésitation, il s’avance pour embrasser les lèvres du pasteur, d’un baiser simple, court, délicat, un baiser de bonjour et d’au revoir, un baiser de routine. D’éternel.
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MessageSujet: Re: I'll never be the man for you (Tosher)   I'll never be the man for you (Tosher) EmptyLun 23 Avr - 23:09

Tout ce que nous aurions pu être toi et moi si nous n’avions pas été toi et moi.

Titre trop long d’un bouquin trop court que j’avais acheté après la désintox, en me disant que lire ferait d’moi quelqu’un de bien, puisque tous les gens qui lisent sont des gens bien. Ou peut-être parce que tous les gens bien que j’connais lisent. J’l’avais choisi parce qu’y’avait pas plus petit sur l’étalage, et j’suis même pas sûr de l’avoir terminé, plus aucun souvenir de c’qu’il recèle, mais j’me souviens du titre. J’me souviens qu’ça avait curieusement raisonné en moi, à l’époque, j’me souviens qu’j’avais répété la phrase à voix basse plusieurs fois, le livre entre les mains dans une chambre de motel, en me demandant comment les écrivains font pour toujours avoir les mots justes, les mots qui appuient là où ça fait mal et tirent des larmes au plus insensible. Et c’est cet enchaînement de mots qui m’envahit à cet instant, foutu conquérant avec son armée de sentiments, ça vient heurter mon cerveau comme un caillou dans un pare-brise, le verre qui s’étoile avant de voler en éclats, tout qui défile sous mes paupières closes, lui, moi, tout ce que nous aurions pu être, tout ce que nous étions, tout ce que nous sommes, tout ce que nous aurions aimé être. On pourrait conjuguer à l’infini, on pourrait inventer mille phrases avec les mêmes mots, les agencer à notre guise selon l’envie du moment, ajouter des négations, en changer les temps pour plonger dans l’espoir à la place du désespoir. Mais rien de tout ça n’est possible, mais rien de tout ça n’est bon pour Asher, et j’veux pas être l’ancre qui le fera couler, et j’veux pas l’traîner par le fond comme je l’ai déjà fait. J’recommencerai, j’le sais, parce que c’est pourri de l’intérieur, parce que c’est écrit dans mes gènes, la lâcheté et la connerie héréditaires, pas foutu d’aimer comme il faut, d’aimer sans étouffer, d’aimer sans bousiller. Digne descendant d’la branche paternelle, y’en a un qui s’rait fier, depuis sa décharge à ciel ouvert au beau milieu du Texas. Tout ce que nous aurions pu être toi et moi si nous n’avions pas été toi et moi. Si on avait pas été autre chose avant, si y’avait pas eu Seth, Caïn, et la ribambelle d’autres gens, si t’avais pas failli te marier, si j’m’étais pas marié, si t’avais pas tenté d’te suicider, si j’voulais plus être marié à quelqu’un d’autre que toi. Tu mérites pas ça. Tu mérites tellement mieux qu’un redneck shooté à l’héro dans un lit d’hosto. Tu mérites tellement mieux qu’moi. Pourquoi tu l’vois pas, putain.

Pourquoi t’es là, pourquoi tu restes, pourquoi tu m’regardes dans l’fond des yeux comme si tu savais tout de moi, pourquoi t’articules comme si j’pouvais pas comprendre, comme si tout ça me dépassait. Abandonne, j’ai envie d’t’hurler à la figure, abandonne-moi, laisse-moi crever là, tue-moi dans ta mémoire, tue-moi dans ton cœur, c’est maintenant ou jamais. C’est pas l’moment de m’embrasser. Même si j’t’embrasse en retour. Même si j’t’embrasserai toujours en retour. J’arrive pas à savoir pourquoi j’suis en colère, ça brûle contre mon sternum, mes doigts qui s’resserrent sur ses vêtements, comme s’ils voulaient s’accrocher à sa peau au travers, les ongles qui s’y plantent un peu, mon baiser qu’est plus vorace que le sien, des envies de violence au creux du corps. Contre moi. Envie de frapper les murs de mes poings, envie de me punir pour tout le mal que j’lui ai fait, pour tout l’espoir que j’lui ai pas retiré. J’sais pas c’que j’dois faire, j’suis paumé, perdu au milieu du désert, à attendre de trépasser, les larmes qui se remettent à glisser le long d’mes joues, à maculer les siennes, le souffle que je reprends à un millimètre de ses lèvres. « C’est pas un peu plus difficile que prévu. C’est juste impossible, Asher. Toi et moi. C’est impossible. » Comme l’impression d’enfoncer un poignard dans nos deux cœurs en simultané, l’harmonie dans le malheur, à tout faire pour l’éloigner. « J’suis marié. J’vais pas divorcer. » Ne plus lui dire je t’aime, ne plus nourrir le monstre qui grouille en nous, qui massacre tout sur son passage. L’amour. L’amour, c’est aussi savoir quand il faut arrêter de détruire l’autre, c’est aussi savoir abandonner, c’est aussi savoir repousser l’être aimé pour qu’il cesse de se blesser contre des rochers trop escarpés. C’est faire un choix même si c’est le plus douloureux qui soit. « Lui dis pas c’qu’est arrivé ce soir, s’te plaît. » A lui. A celui qui n’est pas là. A celui que j’ai choisi au lieu de toi. Peut-être parce qu’y’a plus grand-chose à sauver, entre lui et moi, ou peut-être parce que c’est plus facile comme ça. Et j’espère que ça te fera souffrir, et j’espère que ça te fera partir, et j’espère que tu m’en voudras.

Tout ce que nous aurions pu être toi et moi si nous n’avions pas été toi et moi.

Tout ce que nous ne serons jamais.
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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: I'll never be the man for you (Tosher)   I'll never be the man for you (Tosher) EmptyMar 24 Avr - 0:14

Toute ma vie, toute ta vie, pour le meilleur et pour le pire, ça ressemble à la plus nunuche des demandes en mariage et c’est sorti des lèvres de l’ex-futur marié le plus récalcitrant. Plus de ça, plus jamais. À croire que tenir ses promesses ne coule pas dans son sang, après l’échec Scarlett il réitère, jamais à court d’idées quand il s’agit de se ruiner. De les ruiner. Jeu, set et match, ses billes noires à la recherche du bleu dans celles du pasteur, plutôt couleur orage depuis qu’il a laissé couler trop d’héroïne dans ses veines. Il est fait de contradictions, Toad, et il aurait dû le voir venir, depuis la première fois qu’il l’a croisé dans un bar, toutes les fois suivantes sur les bancs de son église. Il aurait dû sentir le micmac, l’embrouille, se blinder les sentiments avant qu’ils ne se prennent un trop gros coup et dégringolent dans sa cage thoracique. Douche froide, il la prend tout seul, y aura personne pour sentir la chair de poule consteller sa peau, goûter à la raideur de son épiderme. Douche froide, les yeux dans les yeux, il l’a pensé depuis longtemps pour pouvoir lui réciter l’algorithme avec autant d’assurance. Impossible. Il ne comprend pas, y a deux neurones qui ne se touchent plus, ne font plus totalement le contact. Quoi. Quoi bis. Répète un peu pour voir, rembobine, rabâche. Comme s’ils ne parlaient plus la même langue, d’un seul coup, un câble qui s’est coupé pendant la retransmission. Impossible. Le cerveau fait des tours, patine, se prend les pieds dans un tapis imaginaire. La neige le fait glisser, enrobe son corps de sa fraîcheur polaire. Sordide en plein printemps, il se noie dans la glace. Impossible. C’est toi qu’est impossible, Baxter, à sortir ce genre de phrase comme s’il pouvait te croire, penser que tu ne disjonctes pas totalement, que les plombs n’ont pas sauté. Impossible. Il sait que c’est difficile, qu’il n’y a pas beaucoup de chances en leur faveur, que les aléas sont plutôt tournés vers le négatif, la barre de température qui affleure le zéro. Mais ce n’est pas impossible. Ça ne l’a jamais été. Rien n’a semblé aussi facile que quand ils étaient tous les deux. Aimer, se faire aimer, se détruire, un gamin de cinq ans n’aurait pas fait mieux avec un putain de boulier. Facile, comme deux et deux font quatre, évident, comme aligner les pas pour marcher, enfantin, comme manger des framboises sur le bout de ses doigts. Mais certainement pas impossible.
Sauf que ça l’est, et qu’Asher le sait, quelque part. Il le sait mais peut-être s’accrochait-il encore du bout des doigts à la maigre possibilité que ça puisse marcher, que Toad quitte Seth, qu’il revienne vers lui, pour de vrai. Chance quasi nulle à la base, il avait évidemment fallu que le tirage confirme qu’il est le grand perdant de la loterie. Ou gagnant, s’il en croit Toad, à s’auto-persuader que c’est mieux parce qu’il n’est pas bon pour lui, parce qu’il n’est bon pour personne, le camé qui ne s’en sortira jamais. Facile, oui, tellement facile d’endosser des torts qui n’ont jamais été complètement les siens, de s’attribuer tous les mérites du plus cuisant des échecs. On lui a pas dit qu’Asher était aussi un professionnel dans l’art de tout faire foirer ? Il n’a qu’à demander à Elena, à Caïn, à Minnie, à Merle, à Niamh, à tous ceux qui se sont succédés et se sont rompu les os, amateurs sur une piste noire. Il n’a qu’à faire un sondage, oui, voir lequel d’eux deux est le plus destructeur. Dix contre un qu’Asher gagne les yeux fermés, mains attachées dans le dos. Trente contre un qu’il embroche son cœur avant que la réciproque ne soit vraie. À moins qu’il soit trop tard pour ça, va savoir. Il ne sait pas s’il peut battre l’infâme révélation qui a trébuché des lèvres du pasteur, alors que son regard navigue entre les deux yeux du pasteur pour essayer de voir où se trouve le piège. Y en a pas, il dit vrai. Et puisque le silence est parfois plus éloquent que les mots, Asher reste muet.

Pas longtemps. Pas assez longtemps. Parce que Seth revient en filigrane dans leur échange et que ça bout trop fort, depuis trop longtemps. Ça pulse trop vite, badumbadum, trop dur pour qu’il ne puisse ignorer, faire semblant, lui adresser ce sourire dont il a le secret, quand il veut cacher qu’il est brisé. Quand il veut se réfugier derrière le dernier rempart qu’il a : les apparences. Golden boy. « Tu plaisantes, là ? » Il demande, on ne sait jamais. Au cas où il aurait vraiment décidé de faire dans l’humour, même si les larmes vendent un peu la mèche, laissent penser que ce n’est pas seulement une mascarade qu’il préparerait depuis bien trop longtemps. Il recule, le dévisage. Sûr que tu ne blagues pas, Baxter ? Le cœur qui se serre, putain de cauchemar. Il aurait peut-être préféré qu’il crève sur le sol de son appart. Il l’aurait suivi peu de temps après, aurait pu l’engueuler au paradis. En enfer. Peu importe. « T’es en train de me demander de ne rien dire à mon pote, à ton mari, duquel d’après tes propres mots tu ne comptes pas divorcer ? » C’est pas lui qui l’a dit, putain. C’est texto ce qu’il vient de lui souffler, pour toute réponse à la chose la plus intime qu’il n’ait jamais dite à quelqu’un auparavant. Drôle, il y a quelque temps, il aurait tout mis sur le dos de Seth, l’aurait blâmé pour lui avoir volé l’homme de sa vie. Les mouches ont changé d’âne, sa colère s’est réfugiée dans un autre camp. Meilleur ami. Mon cul. « T’as fait ton choix. Et j’le comprends. Et j’t’en veux pas. » Ou juste de l’avoir mené en bateau pendant autant de temps, les je t’aime prononcés, envoyés par SMS alors qu’il n’y avait plus l’once d’une histoire, les baisers rendus et les j’ai pas choisi balancés pour se donner une bonne conscience. Le parfait homme d’Église, au fond. Pas le parfait pote, faut croire. « Mais maintenant, assume. Et si tu l’fais pas, j’le ferai pour toi. » Peut-être qu’il dit tout ça pour qu’il le déteste, ajoute un semblant de réciprocité au sentiment. Sûrement. Ça sera plus simple, il pense, le jour où Toad le regardera sans avoir envie de pleurer. Comme il le fait lui, à l’instant, alors qu’il se lève, s’éloigne, attrape son portable pour envoyer un message à Seth. « Je vais prévenir une infirmière que t’es réveillé et je m’en vais. » Puisque tu n’as plus besoin de lui, Toad. Puisqu’il a trop besoin de toi. « A plus tard. » Ça sonne comme un à jamais. Il ne pleure pas pourtant, Asher, à croire que la source s’est tarie à force de trop nourrir son chagrin. Il attrape juste son blouson, sort, hèle une infirmière qui passe pour qu’elle ne le laisse pas seul, surtout pas. Le cœur en miettes alors qu’il ne s’attendait pas à une autre issue, bizarrement. Le cœur en morceaux, irréparable. Un jour, il saura. Qu’il y a de nouveau Elena, qu’il y a un enfant, son enfant, qu’il y a un peu trop de choses qui se bousculent. Qu’il est un peu trop perdu. En attendant, ça s’est paumé quelque part dans sa gorge, entre deux reproches. Ça s’est perdu au moment où il a compris ce que Toad a essayé de lui dire, sans prendre de détour. Impossible. On était si beau.
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