Barbie Cœur de Pétasse ▹ posts envoyés : 696 ▹ points : 24 ▹ pseudo : bangkok. ▹ crédits : neon cathedral ; vocivus ; afanen. ▹ avatar : Sahara Ray. ▹ signe particulier : Les tatouages qui marquent sa peau, l'air superficiel pour mieux berner ses proies.
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| Sujet: faded beauty. (ltf négatif) Lun 6 Aoû - 23:10 | |
| « Et qu’est-ce que tu dirais d’me payer un verre ? » Son sourire se veut prédateur alors qu’elle observe l’homme face à elle. Bedonnant, la cinquantaine, l’aspect repoussant. Et pourtant, elle s’en contente. C’est qu’elle peut plus tellement espérer mieux, Barbra. Le type semble hésiter, la jauger de haut en bas, s’arrêtant sur son décolleté un peu trop plongeant, comme si ça suffisait à masquer le reste, à masquer la peau qui commence à se flétrir et les rides qui marquent sa peau. « Nan, ça m’dit rien. » Elle peine à masquer son choc, fierté blessée une énième fois face à cet homme qui n’aurait pas eu l’ombre d’une chance quelques années plus tôt. « Mais si tu m’suces, j’te file 50 dollars. » Ses poings se serrent alors que la colère gronde sous sa peau. Il pose sa main sur sa cuisse apparente ce qui ne manque pas de réveiller son envie de vomir. « Fais pas ta difficile chérie. Tu trouveras pas mieux. » Elle déglutit alors que les mots la marquent au fer rouge. Elle s’en veut, parce qu’il y a une part d’elle qui hésite, la part d’elle trop désespérée pour louper une telle occasion de se faire de l’argent, la part d’elle qui a honte de rien du moment que ça peut l’aider à survivre. Sa main remonte un peu sous sa jupe trop courte alors qu’elle sent son haleine fétide contre sa peau. Elle hésite encore, pense à tous ces repas sautés, à l’abri insalubre qu’elle squatte, au billet qui pourrait l’aider à tenir un peu si elle cédait. Et elle hoche la tête. Le type lui lance un sourire dégueulasse, probablement déjà excité pour la suite de la soirée. « Y aura sans doute personne aux toilettes, on y va ? » Elle hoche encore la tête alors que sa main tire la sienne sèchement, l’empressement dans tous ses gestes alors qu’il l’entraîne jusqu’aux toilettes.
Et quand il a fini – rapidement, évidemment – elle reste là, à genoux, le billet qu’il lui jette alors que son rire gras raisonne dans la cabine pendant qu’elle essuie sa bouche d’un revers de la main. Et dès qu’il est parti, la nausée la reprend, son estomac qui se vide sous l’effet de la honte et elle reste là, pendant des minutes, à pleurer agenouillée sur le carrelage dégueulasse de toilettes crasseux, à pleurer le peu de dignité qu’il lui restait et qu’elle a lâchement abandonné contre un billet. Billet qu’elle récupère même pas alors qu’elle se lève, son reflet qui la percute aussitôt qu’elle sort du cabinet. Elle est rien de plus qu’une fleur fanée, beauté envolée, années qui ont tout ravagé. Finalement, il lui reste plus rien à Barbra, plus d’amis, plus d’argent, elle a même plus cette beauté a laquelle elle s’est toujours accrochée. Reste rien de plus qu’une peau décharnée, des rides et une vie minable. C’est sa carcasse qu’elle traîne hors du bar, les yeux dans le vide. Elle fait même pas attention où elle va Barbra, l’acte immonde qu’elle vient de commettre encore ancré sur elle, l’impression d’être sale et de plus rien valoir.
Elle fait tellement pas attention que c’est à ce moment qu’une voiture la percute violemment, alors qu’elle traversait la route en face du bar. Elle comprend pas tout de suite –elle entend les cris, les siens et ceux des autres. Elle sent ses os craquer, sa peau se râper contre le macadam quand son corps le percute. Bientôt, une foule l’entoure, lui pose des questions auxquelles elle peut pas répondre, parce qu’il y a plus que du sang qui veut bien sortir de sa bouche. Elle réalise alors que c’est à ce moment là qu’elle va mourir, dans la crasse et la violence comme ça a été tout au long de son existence, et peut-être que c’est pas plus mal comme ça, que ça lui évitera de se mettre à genoux à nouveau pour qui que ce soit.
Alors elle sourit. Mais c’est pas pour ça qu’elle sourit. Elle sourit plutôt parce qu’avant de mourir, elle aura attiré une dernière fois tous les regards – et rien d’autre ne compte. |
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