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 sing me to sleep (arthur)

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River Albarn

River Albarn
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MessageSujet: sing me to sleep (arthur)   sing me to sleep (arthur) EmptyMar 13 Mar - 15:09


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Il voudrait bien mourir mais seulement temporairement. Il voudrait que Rhoan le laisse s'endormir et ne le réveille que dans dix jours, dix ans, le temps qu'il faudrait à son corps pour se réparer et à ses rêves pour effacer ses mauvais souvenirs. Les recouvrir suffisamment pour qu'ils ne puissent plus remonter à la surface, au moins. Il voudrait bien, mais Rhoan lui secoue doucement l'épaule dès qu'il le voit dodeliner de la tête. Il ne sait pas si c'est la drogue qui l'assomme, s'il a seulement besoin de sommeil ou si c'est le meilleur mécanisme de défense qu'ait trouvé son esprit pour faire barrière aux flashs de la soirée qui essaient de se frayer un chemin jusqu'au présent. La rage de Rhoan, le sang de l'autre, son sang à lui, le mur de briques. Ah oui. Il y a aussi l'option traumatisme crânien pour expliquer son envie de dormir. C'est pour ça que Rhoan ne le laisse pas faire. Il ne sait pas s'il l'a deviné ou si c'est Rhoan qui vient de lui dire, sa mémoire immédiate lui joue des tours.

Il ne se souvient pas du moment où Rhoan a arrêté la voiture dans River Street, par exemple, et pourtant ils sont déjà au bas des marches de son immeuble. Rhoan le soutient et River guide ses mains pour qu'il évite d'appuyer là où ça fait mal. Il avait réussi à se caler dans la voiture mais la douleur s'est réveillée quand il a fallu se lever et elle lui fait payer des intérêts. La bonne nouvelle c'est qu'il commence à réussir à cibler les zones douloureuses. La mauvaise nouvelle est exactement la même.

Il prend appui sur le mur le temps que Rhoan essaie la porte de l'appartement, verrouillée à cette heure-ci, qu'il sorte ses clés et réussisse à insérer la bonne dans la serrure malgré le tremblement de ses doigts. « Rhoan, ça va, » lui souffle River, mais il en faut plus pour le calmer. Il finit par y arriver et entraîne River avec lui jusqu'à sa chambre. Il l'aide à s'installer sur son lit sans faire craquer l'une de ses côtes mal en point. River retient quand même un gémissement de douleur quand il s'étend un peu trop sur le matelas. Et puis Rhoan le laisse le temps d'aller chercher un de ses colocs presque-médecins, en espérant qu'il y en ait un dans les parages. T'endors pas, garde les yeux ouverts, se répète River, ou bien c'est Rhoan qui le lui a ordonné avant de quitter la pièce, il ne sait plus.
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Arthur Teague

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MessageSujet: Re: sing me to sleep (arthur)   sing me to sleep (arthur) EmptyDim 25 Mar - 1:47

J’ai réussi à trouver le sommeil par je ne sais quel miracle. Enfin, si, je sais quel miracle, ceux des somnifères que j’ai réussi à me faire prescrire à l’hôpital. Ca va, rien de grave. L’auto-médication c’est courant dans le milieu médical, encore plus pendant les études. Les étudiants sous amphet’, les anxiolytiques, les somnifères et tout un tas d’autres médocs qui ne servent strictement qu’à bosser mieux. Je fais des insomnies depuis la disparition de Bo, depuis tout ce qui s’est passé avec Nur. Et là, puisque j’ai clairement un weekend à prendre au taf, je me suis dis que c’était l’occasion de dormir douze heures d'affilées et de repartir du bon pied le lendemain. Mauvaise pioche.

Je ne l’ai ni entendu frappé, ni entendu m’appeler. Non, je me suis réveillé quand Rhoan m’a secoué doucement, alors que j’étais enroulé façon nem dans ma couverture. Je sors du sommeil de plomb dans lequel j’étais plongé depuis des heures en sursautant, et quand j’vois la tronche que tire Rhoan, juste au dessus de moi, j’me force à me redresser et fait tomber lourdement ma main sur l’interrupteur de la chambre. Quooi ? que j’beugle de mauvaise grâce. Le pauvre à l’air complètement anéanti, complètement choqué, il me dit des mots que je ne comprend même pas, je ne sais pas si c’est à cause des somnifères ou si c’est lui qui est complètement dans le gaz. Dans ma chambre. oui ? examiner. hmm? vite. Je soupire longuement, et hésite honnêtement à me planquer sous l’un de mes 4 oreillers (ouais du coup j’ai piqué ceux de Bo, faut pas déconner). Mais au dernier moment je commence à geindre comme un enfant et m’arrache du lit. J’ai l’impression de peser dix tonnes. Sérieux Rhoan, ça peut pas attendre demain là ? J’ai l’impression que non. J’attrape un jogging qui traine et un t-shirt, j’me prend mon armoire au passage, je n’ai même pas l’impression que mon cerveau se soit mis en route. J’arrive à peine à ouvrir les yeux, mes cheveux sont un tas informe sur le haut de mon crâne. Et pourtant, j’peux pas m’empêcher d’y aller. J’aurais pu dire que j’verrais ça demain, j’aurais pu l’envoyer aux urgences, j’aurais pu lui dire de demander à Nur, mais c’est plus fort que moi : j’adore être médecin, j’adore être considéré comme tel, et ce que j’adore encore le plus, c’est les urgences en plein milieu de la nuit.

Je sors de la chambre et passe par la salle de bain pour attraper la trousse de secours, dix fois plus grosse qu’une trousse de secours normale, on pique régulièrement dans les stocks de l’hôpital pour l’alimenter. J’attrape un peu tout, sans trop savoir à quoi m’attendre, d’abord parce que Rhoan ne parle quasiement pas -pour changer- d’autre part parce que quand bien même, j’pense pas que je suis en état de comprendre. J’en profite pour me passer le visage sous l’eau. Faut être opérationnel quand on est médecin, peu importe l’heure, peu importe l’état. Et en étant interne, on acquiert cette capacité rare à se réveiller et à mettre en route ses méninges en cinq minutes, pas plus. J’traine les pieds jusqu’à la chambre de Rhoan qui me suit sans trop que j’y fasse attention.

Le type qui est assit sur le bout de son lit, dans la pénombre, j’le reconnais, ou pas. j’en sais rien. On s’est déjà croisé, c’est l’impression que ça me donne, mais je sais plus vraiment où, à cette heure-là. J’entre doucement dans la chambre et m’approche du lit, j’passe une main dans mes cheveux, et j’attrape la chaise de bureau de Rhoan pour m’y asseoir, la trousse sur son bureau, je fouille dedans pour ressortir des gants en latex que je tente d’enfiler pendant cinq bonnes minutes. Salut. que j’dis en même temps que je m’énerve. Quand enfin j’arrive à mettre un gant, j’me dis que ça suffira amplement et j’attrape le style-lampe que tout bon médecin a dans sa trousse. Je l’allume devant ma main et le braque soudainement devant le regard vitreux du péroxydé. Tu peux m’dire ce qui s’est passé ? J’fais ça bien voyez-vous, mais lui il est carrément muré dans un silence que j’comprend pas tellement. Du coup je m’arrête, et me redresse, je me tourne vers Rhoan. Tu peux nous laisser s’il te plait ? Il a pas tellement l’air de vouloir, en fait je ne lui laisse pas tellement le choix, tout content de pouvoir user de mon pouvoir de docteur. Parce que les gens écoutent toujours les docteurs. Des que la porte de sa chambre se ferme derrière sa mauvaise humeur, je me penche à nouveau vers le blond et recommence à faire passer la lumière devant son regard. T’as pris quelque chose ? Que j’demande, même si je connais déjà la réponse. Ses pupilles réagissent pas, enfin peu. Il est sous l’influence de quelque chose. Et c’est la première affirmation que j’ai, pour le reste, l’hématome sur son front, les marques sur son cou et le reste, j’ose pas encore aborder le sujet, préférant lui laisser un peu d’espace, la chance de s’expliquer avant que j’en arrive à la conclusion qui s’inscrit dans ma tête : quelqu’un l’a agressé. Peut-être même Rhoan. Bref, je secoue la tête et soupir, fatigué, et commence à imbider une compresse pour nettoyer ses plaies, d’un geste expert. C’est pas comme si j’faisais ça toute la journée.
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MessageSujet: Re: sing me to sleep (arthur)   sing me to sleep (arthur) EmptyVen 27 Avr - 22:56

« Salut. »

Une voix qu'il ne connaît pas. Il ouvre les yeux sur des murs qu'il ne connaît pas davantage et il est confus pendant quelques secondes. Merde, il était sur le point de s'endormir. C'est dingue comme il a envie de dormir, c'est tout aussi dingue qu'il en soit capable alors qu'il a si mal, un peu partout de la tête aux pieds, sans oublier à l'intérieur. Pas juste métaphoriquement. Il sait pas si Rhoan a tout deviné. Il veut pas lui dire, même si c'est con, même s'il s'en doutera bien quand River inventera des excuses bidons pour ne pas coucher avec lui comme d'habitude, le temps d'aller mieux. Il dit jamais non, parfois il dit attends, parfois il dit même demain, mais il dit jamais vraiment non et c'est sûr qu'il dit jamais « peut-être dans trois semaines, je sais pas ». Ça lui fait peur. C'est sans doute pas ça qui devrait lui faire peur.

Rien ne tourne rond, rien ne va dans le bon sens. Il ne raisonne pas comme d'habitude non plus, si on peut dire qu'il raisonne dans cet état semi-comateux. Lui qui a toujours peur de déranger, d'être de trop, de prendre de la place et du temps qu'il ne mérite pas qu'on lui accorde, ça ne lui traverse pas vraiment l'esprit lorsqu'il laisse Rhoan aller tirer son coloc du lit. Ça l'effleure à peine maintenant qu'il est là, sa trousse à la main, puis cet espèce de stylo laser qu'il pointe sur lui, à lui demander ce qu'il a. Ça, c'est de la trousse de secours, rien à voir avec le truc que trimbalait sa famille pour parer aux urgences et c'était déjà pas mal, vu qu'ils évitaient à tout prix les médecins et que les trois gosses se prenaient régulièrement pour des singes. Mais y avait pas de médicaments dans celle de ses parents, jamais de médocs s'il y avait un remède naturel pour faire le boulot.

Le jeune médecin lui a posé une question et River n'a toujours pas répondu. Ses yeux se perdent un instant sur la silhouette sombre de Rhoan adossé à l'encadrement de la porte et l'autre garçon se retourne, suivant son regard. « Tu peux nous laisser s’il te plaît ? » River hoche brièvement la tête pour signaler à Rhoan qu'il peut les laisser — que ce serait mieux, même, peut-être —, mais il est presque surpris que Rhoan ne proteste pas plus que ça. Il doit faire confiance à son coloc. Enfin... Assez pour obtempérer, même s'il grogne et ne s'éloigne pas de bon cœur. Encore heureux. Il regarde vaguement la porte se fermer sur lui et ne comprend pas tout de suite ce qui se passe quand la lumière balaie à nouveau ses yeux. « T’as pris quelque chose ? » Il hoche encore la tête, juste une fois et lentement cette fois aussi parce que sa tête est lourde et il a l'impression qu'elle partirait rouler plus loin s'il la secouait un peu trop fort. Il se laisse faire quand le coloc approche la compresse. Intérieurement, il rechigne un peu à l'idée de laisser un autre inconnu le toucher ce soir, mais Rhoan fait confiance à celui-là et River fait confiance à Rhoan, même s'il devrait pas. Il se contente de serrer les dents au contact humide. « J'sais pas c'que c'était, c'que j'ai pris. » Il sait pas si la précision est utile mais il a pas envie de ce silence pesant, même s'il a du mal à parler et même s'il veut pas tout dire. Il va falloir pourtant, à lui ou un autre médecin, à un moment, il faudra bien. « J'voulais pas. » Sa voix s'étrangle un peu.

Il voulait pas avaler le cacheton réduit en poudre au fond de son verre.
Il voulait pas se laisser faire.
Il voulait pas que Rhoan le trouve comme ça.
Il voulait pas que Rhoan devienne à moitié fou.
Il voulait pas pourrir la nuit d'un parfait inconnu parce qu'il a peur d'aller à l'hôpital.
Tiens, ça y est, la culpabilité qui se pointe enfin. Il commençait à se demander où elle était passée, il la connaît bien, elle, contrairement à son médecin de fortune. C'est quoi son nom d'ailleurs ? Il le fait bosser pour rien et ils ont même pas échangé de politesses. Il doit pas avoir envie, en même temps. « J'veux être sûr que j'vais pas crever c'est tout, t'as pas besoin de... » Faire tout ça, t'occuper de moi comme ça. Fais le minimum. Il sait pas si ce qui est sorti de ses lèvres était aussi clair que dans sa tête, il a toujours la bouche pâteuse, et il arrive même pas à finir. Alors il fait mine de hausser les épaules et s'arrête aussitôt, la bouche tordue par une grimace. « J'crois que j'ai un truc cassé. » Ou fêlé ou quelque chose. Il désigne une zone vague autour de ses côtes. Il est pas bien sûr de ce qu'il ressent mais c'est par là que la douleur est la pire, sûrement atténuée par la drogue pourtant, mais il veut pas trop y penser.
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MessageSujet: Re: sing me to sleep (arthur)   sing me to sleep (arthur) EmptyLun 21 Mai - 1:43

On a l’habitude, aux urgences, de traiter toutes sortes de patients. Y a l’hypocondriaque qui a déjà son diagnostic dans la tête parce qu’internet lui a dit qui c’était ça. Y a le rebelle qui réfute tous nos arguments et est persuadé qu’on est juste là pour lui faire passer le maximum d’examens coûteux. Y a le type bourré qui fait n’importe quoi. Y a le parano qui pense qu’il va mourir dans les cinq minutes si on ne s’occupe pas de lui. Et puis y a cette dernière catégorie : y a celui qui, peu importe les dégâts physiques qu’il a, est brisé autrement. Y a quelque chose qui débloque dans son regard. Il a vécu quelque chose d’horrible. Et il est pas très préoccupé par les séquelles physiques, parce qu’il est autre part. C’est un peu ça que je retrouve devant les absences répétées de mon patient clandestin. Devant son regard brillant de détresse qui ne fixe rien. Honnêtement, ça ne m’émeut pas vraiment. Conscience professionnelle, on apprend à faire la part des choses entre ce qui est médicalement pertinent ou pas dans ce milieu. J'sais pas c'que c'était, c'que j'ai pris. J’inspire profondément. Ok. Je sais ce que ça veut dire. Je crois comprendre, mais j’me force à ne pas réagir. Je le regarde dans le fond des yeux et l’écoute, simplement. J'voulais pas. J’acquiesce doucement en continuant à regarder dans le fond de sa pupille dilatée. Je sais à quoi m’attendre, je sais parfaitement ce que je suspecte. Mais je garde le silence pour le moment et continue mon examen minutieux. Ce n’est pas tellement son corps pleins d’ecchymoses qui m’inquiète, mais le coup sur sa tête. On dirait juste qu’il s’est fait assommé par… une boule de démolition. On dirait qu’il s’est fait totalement ravagé par quelqu’un. Quelque chose. Un monstre. J’arrive pas à m’enlever de la tête que, j’connais pas si bien Rhoan que ça et que c’est lui qui me l’a apporté, peut-être bien pour essayer d’effacer ses traces. Pourquoi l’amener ici plutôt qu’à l’hôpital, où il y a plus de matériel et des médecins plus compétents que moi ? Rhoan, il rentre couvert de bleus tous les soirs lui aussi. Et y a tout une part de sa vie dont j’ignore tout. Mais je ne laisse rien transparaître, fatalement professionnel malgré la situation qui s’assombrit sous mes yeux encore un peu rouges de fatigue, aux pupilles tombantes.. Et même si mon patient n’est pas tellement coopératif, je m’efforce d’écarter une à une les options qui s’offrent à moi. T’as des nausées ou.. des genres de pertes de conscience ? On dirait bien, impossible de savoir si c’est dû à une commotion cérébrale ou bien à la drogue qui fait encore effet. Mais il s’en fiche de savoir d’où viennent ses symptômes, il veut juste les oublier, les faire disparaître, ne pas mourir.J'veux être sûr que j'vais pas crever c'est tout, t'as pas besoin de... Je soupire. Difficile à dire si tu veux pas m’expliquer comment ça t’es arrivé. Que je réponds du tac au tac, sans trop prendre le temps d’y mettre les formes. Pour ma défense, j’suis fatigué. Je recule un peu sur la chaise de bureau, lui laisse deux secondes pour réfléchir à coopérer, au lieu de ça, il attire mon regard sur ses côtes douloureuses, persuadé d’avoir un truc de pété. Je jette un coup d’oeil distrait. C’est toujours pas ça qui m’inquiète. Des côtes cassées, y a de toute façon rien à faire, sauf à s’assurer qu’elles ne sont pas trop proches des poumons ou d’un autre organe pour éviter la perforation. Mais ça, c’est impossible sans faire de radio. J’hausse les épaules. Ecoute… Que je commence, hésitant. J’avale ma salive, peu habitué à ce genre de situation, même si les consultations clandestines, ça commence à me connaître. Je fais que ça. Je vois tout le monde s’effondrer autour de moi. Et Bo prend toute la place dans ma tête, j’suis incapable de m’inquiéter pour plus de chose que son état de santé. Même si je retrouve dans l’âme courbée de tourments de mon patient nocturne, un peu de la brisure de Bo que je tente de soigner du mieux que je peux. C’est peut-être pour ça que j’ai besoin de mettre un peu de distance avec lui, tout comme je n’arrive pas à enchaîner, pendant trois secondes interminables. T’as l’air de t’être pris un sacré coup sur la tête, et… faudrait passer un scan pour être sûr qu’il n’y a rien de plus grave. Pas besoin de lui préciser que j’ai pas de scan dans le salon. Faut aussi que tu passes des radios pour évaluer les dégâts des autres coups, mais c’est pas ce qui m’inquiète. Que j’ajoute, en fouillant dans la trousse de secours d’un air distrait. J’peux rien te donner de très efficace en savoir plus. Mais, tiens, un peu d’ibuprofène ça peut pas te faire de mal. Que j’assure confiant en lui tendant les deux cachets. J’pourrais m’en tenir là. Lui dire qu’il doit dormir ici pour que j’surveille son trauma crânien 12 heures, et que son corps se réparera tout seul pour le reste. Mais je sais qu’il y a quelque chose d’irréparable en lui, en tout cas, pas avec des médicament. Je me lève pour attraper une bouteille d’eau qui traine. Je me poste devant lui, juste à quelques centimètres quand je lui tends la bouteille d’eau. Je baisse les yeux vers le sol. Euh… faut que tu saches aussi que… que ton état colle avec une prise de GBH. J’pourrais préciser qu’il s’agit de la drogue du viol, mais j’sens que c’est inutile. Le truc c’est que ce genre de drogue n’est détectable par les tests toxico qu’une douzaine d’heures. Alors… bah j’te conseille d’aller à l’hôpital pour passer tous les examens qu’il faut. Examen toxico, scan, radio.. Et tous les autres, ceux que je n’ose pas aborder encore. J’peux t’y emmener si tu veux… au cas où tu voudrais… tu vois… avoir des preuves de ce qui s’est passé ce soir et… des réponses. J’ai pas envie de lui dire ce que je soupçonne et qu’il sait déjà. Pas envie de briser plus de coeur que ceux déjà en miettes par ma faute.
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MessageSujet: Re: sing me to sleep (arthur)   sing me to sleep (arthur) EmptyDim 27 Mai - 0:32

Des pertes de conscience, peut-être bien qu'il en a. Le temps se contracte, il se retrouve propulsé d'un instant à l'autre avec l'impression d'avoir manqué une étape transitoire. Le problème c'est qu'il n'a pas les mots pour l'expliquer au garçon, c'est seulement une sensation. Tout ce dont il est sûr, c'est qu'il a décidé de ne pas mourir et il voudrait s'assurer que ça ne va pas arriver, mais comme le dit l'autre... « Difficile à dire si tu veux pas m’expliquer comment ça t’est arrivé. » River entend le reproche dans sa remarque mais il n'a pas la force de répliquer, pas même de lui demander pardon. Ce n'est pas par manque de volonté qu'il reste vague et qu'il réagit à tout ce qu'il lui demande avec un train de retard, il n'arrive juste pas à suivre, et pour cause. « T’as l’air de t’être pris un sacré coup sur la tête, et… faudrait passer un scan pour être sûr qu’il n’y a rien de plus grave. » Il acquiesce légèrement de la tête pour lui montrer qu'il l'écoute. Il se force à focaliser son regard sur lui, et dès qu'il le sent dériver il le redirige sur les iris sombres du jeune médecin sans blouse blanche, ça l'accroche plus que le reste. « Faut aussi que tu passes des radios pour évaluer les dégâts des autres coups, mais c’est pas ce qui m’inquiète. » Il l'entend, mais c'est difficile de l'écouter. Il n'a pas envie d'aller à l'hôpital, il ne serait pas là autrement, et c'est cette idée fixe qui envahit ce qui lui reste de capacité de réflexion. Bon sang, c'est dur de rester concentré. Il cligne fort des yeux et tend la main pour attraper les cachets qu'il lui offre. Il n'en a quasiment jamais pris, mais il ne se voit pas les refuser maintenant, et si ça peut réellement soulager ses douleurs il est prêt à faire une exception. Il les dépose aussitôt sur sa langue pâteuse et attrape la bouteille d'eau pour aider à les faire passer, tandis que le garçon continue. « Euh… faut que tu saches aussi que… que ton état colle avec une prise de GBH. » River avale un peu de travers malgré la gorgée d'eau. C'est pas vraiment qu'il est surpris, s'il avait pris le temps de se poser la question il aurait sans doute identifié la même drogue, ou une cousine — après tout, il sait à quoi ça sert et il sait ce que le type a fait. Pas besoin d'examens pour ça, c'est pas une radio qui lui révélera la douleur qui transperce sa chair. La radio, elle lui confirmerait que ses côtes ont pris un sale coup, mais ça aussi ça lui semble évident. Il veut des médecins qui soignent, lui, pas qui lui disent ce qu'il sait déjà... Mais il regrette aussitôt son amertume mal dirigée. C'est pas sa faute à... Tiens, il sait toujours pas comment il s'appelle — ce sera Coloc. Non seulement c'est pas sa faute, mais il en fait déjà beaucoup plus qu'il le devrait. « Le truc c’est que ce genre de drogue n’est détectable par les tests toxico qu’une douzaine d’heures. Alors… bah j’te conseille d’aller à l’hôpital pour passer tous les examens qu’il faut. J’peux t’y emmener si tu veux… au cas où tu voudrais… tu vois… avoir des preuves de ce qui s’est passé ce soir et… des réponses. » River a recommencé à le fixer dans les yeux, simplement pour ne pas décrocher. Il a d'ailleurs une envie terrible de fermer les siens, mais il lutte et finit par l'emporter, ce qui lui semble être un bon signe concernant son état. « Merci, t'es gentil. Mais j'veux pas faire tout ça. J'veux rien prouver ni rien, juste... » Juste pas mourir, mais ça il l'a déjà dit. Et les informations ont enfin fait le tour, il a compris que c'était pour ça qu'il devrait passer un scan et compagnie. « Faut la faire maintenant aussi, la radio ? » Il désigne son front. Il a aussi compris qu'a priori c'est ça le plus urgent. Il a déjà eu un traumatisme crânien quand il était petit, c'est même l'une de ces rares fois où ses parents ont accepté de consulter un vrai médecin. C'est ça, le plus urgent. Le reste n'a aucune importance. Ce qui le dérange le plus c'est que Coloc a dû deviner ce qui lui était arrivé, puisqu'il a identifié la drogue. Il n'a pas besoin que River lui raconte quoique ce soit, il sait déjà l'essentiel, et s'ils se recroisent un autre jour, il ne verra plus jamais River autrement que comme cet animal blessé et souillé qu'il a dû rafistoler. Il ne croira jamais à son numéro d'enfant lunaire au cœur gai, Coloc. Ça ne devrait pas être grave, ils pourraient ne jamais se revoir, mais ça le mine, River. C'est encore un barrage qui cède et l'eau dégueulasse qui se déverse là où elle ne devrait pas. « J'suis désolé... T'as pas à faire tout ça. T'as rien demandé toi. » Il avait pas prévu d'empoisonner une autre vie ce soir. Il aurait dû réfléchir avant, pour une fois.
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MessageSujet: Re: sing me to sleep (arthur)   sing me to sleep (arthur) EmptyMar 17 Juil - 8:24

C’est pas de sa faute, à River. Pas de sa faute s’il ne veut pas coopérer. J’essaie d’imaginer la soirée qu’il a vécu, l’état dans lequel il se trouve. Mais il ne m’arrive jamais rien, à moi. Et pourtant, des soirées j’en ai fais, avec des tas de gens, en prenant tout un tas de drogues expérimentales piquées dans le stock de la pharmacie ou bien achetées à un gosse de riche pseudo dealer de cocaïne ou de MD, ou encore à un étudiant en échange revenu tout droit d’Amsterdam. Mais là, mon patient clandestin est une publicité à lui tout seul de comment tout peut dégénérer, et comment en un claquement de doigt, on peut passer du jeune type qui va bien à un genre d’enveloppe sans vie, assommée par une drogue qu’il ne se souvient pas d’avoir pris. Il tente de me répondre, il tente de coopérer. Le fait est qu’il ne le fait pas. Il refuse tout. En bloc. Comme s’il avait peur de savoir. Comme s’il le savait déjà en fait, mais qu’il ne voulait pas le voir écrit noir sur blanc. J’ai jamais compris ce principe. Mais c’est un peu comme ça quand on est en médecine. On est là pour traiter. Si on sait pas ce qui se passe, on peut pas traiter, et ça nous rend dingue. On est peut-être plus optimiste que les autres, parce qu’on connaît les solutions. On sait ce qu’il faut faire dans ces cas-là. Spoiler alert, refuser d’aller à l’hôpital ne fait pas partie des bons réflexes. Merci, t'es gentil. Mais j'veux pas faire tout ça. J'veux rien prouver ni rien, juste... J’inspire profondément, presque énervé de sa réponse. Parce que j’me dis qu’il dit ça maintenant, mais que quand la drogue se sera dissipée il changera d’avis. Sauf que ça sera trop tard, il pourra pas faire machine arrière. J’ouvre la bouche pour le contredire, et m’arrête en plein élan. Je la refaire et acquiesce. Comme il veut. C’est pas mon problème. La distance. La barrière. Tout ça. Tout ce que je peux lui dire, c’est ce qu’il y a à faire médicalement. Passer un scan me semble la meilleure des options. La seule option. Faut vraiment que je lui explique ce qu’est un oedème ? Faut que je lui dise qu’il risque l’hémorragie cérébrale ? Mourir dans son sommeil s’il ferme les yeux ? Peut-être. Mais quelque chose au fond de moi me dit qu’il le sait déjà au fond de lui. Mais qu’il s’en fiche. Quand on est sous GHB, pas grand chose semble important. Faut la faire maintenant aussi, la radio ? J’hausse les épaules. C’est le scan qui est urgent. La radio ça peut attendre demain. J’lui répète ce qu’on lui dirait aux urgences. J’suis un pro de la classification des urgences maintenant. La radiologie est toujours surbooké, alors on apprend à faire attendre des heures un patient avant ça. Et puis plus rien, un mutisme. Un silence qui s’installe. Il sait que je sais. Je sais qu’il sait que je sais. Ca crée un genre de malaise entre nous. Quand il brise le silence, c’est encore pour s’excuser en s’endormant à moitié. J'suis désolé... T'as pas à faire tout ça. T'as rien demandé toi. Je pose mon pied sur le sol et faire rouler la chaise de bureau un peu plus loin pour m’éloigner en lâchant dans un souffle un : Ok, comme tu voudras. fatigué, presque insolent. Je retire mes gants en latex et range tout mon nécessaire dans la trousse d’urgence et me relève d’un bond. S’il veut pas coopérer, reste plus qu’à le surveiller. J’ai un lit de libre dans ma chambre, quoi qu’il arrive faudrait que j’te surveille toutes les deux heures, voir si t’es pas en train de mourir. Donc si tu veux bien me suivre. Sacrée nuit de merde qui s’annonce encore une fois. Mais je tente de faire bonne figure malgré ma mauvaise humeur. C’est pas forcément une réussite, j’suis du genre ronchon, surtout au milieu de la nuit. Je finis par me lever et me dirige vers la porte, alors que mon patient clandestin n’a pas encore bougé. Je fais tomber ma main sur la poignée de la porte et au moment de l’ouvrir, je m’arrête en plein élan et ferme les yeux une seconde. J’ai décidé d’être médecin tout jeune. Je ne sais même plus pourquoi. Sans doute parce que c’est le symbole ultime de réussite, d’être médecin. Je ne me suis découvert une vocation qu’après avoir débuté mes études. Et quand on a ce genre de révélation dans notre vie, on peut plus jamais faire marche arrière. Parce quand on devient médecin, on a une responsabilité, celle de la vie des gens. Celle de la vie de ce type, qui s’est fait droguer, tabasser et violer cette nuit. Alors je soupire pour me donner du courage et me tourne vers lui dans une ultime tentative, plus ou moins délicate. Ok alors… Faut savoir que y a des traitements d’urgence qui existent, en cas d’exposition au VIH ou autre. Des traitements qui peuvent tout changer. Tu sais manifestement pas vraiment ce qui s’est passé et j’trouve ça stupide de prendre des risques. Entre ça et ton coup sur la tête c’est… Je me coupe en pleine phrase, parce que je me rend bien compte que ce n’est pas la bonne manière d’aborder le sujet. Mais c’est plus fort que moi, j’supporte pas qu’il refuse de se faire soigner, de passer tous les tests. J’veux dire, si tout ce qu’il souhaite c’est d’oublier, alors qu’il fasse le maximum pour qu’il n’y ait pas plus de conséquences de cette nuit, non ? Si c’est une question d’assurance, ou j’sais pas quelle connerie j’ai… j’ai deux trois contacts aux urgences, j’y bosse, j’peux demander à mes supérieurs de fermer les yeux. Je t’y emmène on fait tous les examens nécessaires. Je ferais ça moi-même. Et dès que c’est fait je te raccompagne… là où tu veux ? Je me mords la lèvre et le regarder un moment. Sans trop d’espoir, mais avec l’impression -au moins- d’avoir fait tout ce que je pouvais.
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MessageSujet: Re: sing me to sleep (arthur)   sing me to sleep (arthur) EmptySam 4 Aoû - 16:52

Il aurait dû réfléchir avant, mais c'est trop tard maintenant. Il est là, Rhoan a réveillé Arthur et il est déjà impliqué. Même s'il n'en a pas envie, même si les réponses de River n'ont pas l'air de le satisfaire, c'est clair maintenant qu'il ne va pas le laisser foutre sa vie en l'air pour avoir refusé un examen plus poussé. River sent l'exaspération dans sa voix, c'est peut-être surtout la fatigue, mais il croit quand même qu'il y a plus que ça et il s'en veut d'être passé d'inconnu à fardeau en l'espace de quelques minutes. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu la voix mesquine dans sa tête. Parasite. Il aurait dû mourir y a longtemps, River, mais le moment est passé et maintenant il y a des gens dans sa vie qui ne le laisseront pas filer si facilement. Rhoan le premier. Et si River ne coopère pas et que quelque chose lui arrive, Rhoan le fera sûrement payer à Arthur. Il ne peut pas lui faire ça alors qu'il fait tout pour l'aider. Et de toute évidence ça sert à rien de lui demander pardon, c'est pas ce qu'il attend. Alors il acquiesce quand Arthur lui propose de le surveiller toute la nuit, et il n'ouvre même pas la bouche pou s'excuser même si ça le démange. Désolé désolé désolé. Ça brûle dans sa gorge.

Il est en train d'évaluer la meilleure façon de se lever sans déranger ses côtes fêlées (cassées ?) quand Arthur se retourne finalement vers lui. River croit voir une crispation nouvelle dans l'attitude de l'autre garçon, alors il se fige, les yeux rivés sur lui comme un enfant qui s'attend à se faire gronder. Silencieusement, il prépare déjà une réponse. C'est pas grave si finalement il ne veut plus s'occuper de lui, c'est pas grave, River comprend. Bizarrement ce qu'il redoute le plus à ce moment-là c'est qu'Arthur lui confirme tout ce qu'il suspecte. Fardeau. Parasite. Pourquoi t'es pas déjà mort ? Ce serait plus facile pour tout le monde. Mais c'est pas ça.

« Ok alors… Faut savoir que y a des traitements d’urgence qui existent, en cas d’exposition au VIH ou autre. Des traitements qui peuvent tout changer. Tu sais manifestement pas vraiment ce qui s’est passé et j’trouve ça stupide de prendre des risques. Entre ça et ton coup sur la tête c’est… » Tout ne fait pas son chemin dans la petite tête blonde, mais y a plusieurs mots qui résonnent. VIH. Il a peur. Stupide. C'est vrai qu'il est stupide. Il hoche la tête. Il est encore étourdi. « Si c’est une question d’assurance, ou j’sais pas quelle connerie j’ai… j’ai deux trois contacts aux urgences, j’y bosse, j’peux demander à mes supérieurs de fermer les yeux. Je t’y emmène on fait tous les examens nécessaires. Je ferais ça moi-même. Et dès que c’est fait je te raccompagne… là où tu veux ? »

Il ne pensait pas que c'était possible. Son premier réflexe serait plutôt de refuser l'offre, mais il a déjà établi que ça ne rendrait pas Arthur plus heureux. « Je... Oui. OK. » Il a la gorge sèche et les mots s'y accrochent. Il finit la bouteille d'eau encore dans sa main et essaie de se lever, dents et poings serrés comme si ça allait atténuer la douleur, le plastique souple qui s'écrase à peine sous la force toute relative de sa poigne. Réalisant qu'il n'est pas vraiment assez décent pour sortir (et braver le froid), il attrape un hoodie zippé à Rhoan, jeté sur le dossier de sa chaise. Il se voit pas essayer de passer un tee shirt dans son état. Là, il arrive à enfiler ça sans demander plus d'aide à Arthur et ça a le réconforte un peu, bêtement. Et puis à voix plus basse encore : « T'inquiète pas pour le reste. Les... preuves, tout ça. J'sais déjà. Enfin j'sais ce que j'fais. Ça j'peux gérer... Juste pas les os pétés. » Il est pas sûr qu'Arthur s'inquiète vraiment, il a pas de raison, il le connaît pas, mais il est pas sûr de vraiment s'adresser à Arthur de toute façon. « J'sais pas comment... Tu sais. Merci. » Et il se mord la langue pour retenir un énième désolé. Il voudrait lui dire qu'il lui revaudra ça, mais il a rien à offrir, rien du tout, même pas sa positivité et ses sourires en toc, parce qu'Arthur n'y croira plus maintenant qu'il l'a vu au fond du trou. Et il sait pas si on peut devenir amis après ça.
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