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⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 213 ▹ points : 17 ▹ pseudo : bangkok, Laura. ▹ crédits : soeurs d'armes ; old money ; baalsamine ♥ ▹ avatar : ira chernova. ▹ signe particulier : ses tatouages et sa cicatrice au bas du ventre, vestige d'un avenir qui n'est plus.
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| Sujet: Cri des loups (Sina) Mer 7 Mar - 22:44 | |
| Il y a Mila qui lui tend la main, qui hurle son nom, et Lena qui arrive à rien, qui court pour la rattraper sans que ça ne fonctionne. Et il y a cette mare de sang qui porte le nom de sa sœur, et la culpabilité, encore, encore, encore, celle d’avoir foiré, incapable de protéger ceux qui lui sont chers, poison qui contamine son entourage. Il y a un bruit strident qui semble se rapprocher, l’attirer ailleurs, loin du sang et des larmes qui noient ses joues et soudain, elle se réveille, le souffle court, l’esprit perturbé. Elle met quelques instants à comprendre que c’était qu’un rêve, que leur sœur est pas morte –elle l’est pas, elle sait qu’elle le sentirait si c’était le cas. Pourtant, quand elle passe ses mains sur son visage, elle y retrouve des perles salées, qu’elle frotte aussitôt, comme si ça suffisait à chasser la tristesse et la rage qui se livrent une bataille sans merci en elle. La russe se lève rapidement, prend une douche chargée de la réveiller davantage encore. Elle se fait silencieuse, silhouette qu’on entend à peine et qui se glisse dans les pièces de l’appartement. Les autres dorment probablement, mais Lena vit en décalé, ses nuits occupées par toujours plus de travail. Et c’est ailleurs qu’on l’envoie cette nuit, remplacement demandé à la dernière minute. C’est avec un long soupire qu’elle entre dans le concessionnaire avec les clefs données la veille. Elle aurait préféré être ailleurs, passer du temps à chercher sa sœur, se remuer plus encore que ces cons qui servent de flics. Elle est tellement dans ses pensées, Lena, qu’elle remarque pas les lumières encore annulées. Elle a pourtant l’habitude d’être toujours seule, ou presque, quand elle nettoie des locaux la nuit. C’est sans doute pour ça qu’elle a réussi à garder cet emploi aussi longtemps. Il y a personne à insulter, personne pour l’énerver. Et rien que pour ça, pour cette solitude dont elle bénéficie dans le secret de la nuit, c’est presque le métier rêvé, pour elle en tout cas. La brune ne connaît pas les lieux alors elle entre avec son matériel dans le premier bureau rencontré, y pose son sac et sa veste. Elle attache ses cheveux dans un chignon lâche, prête à enfiler sa blouse quand elle entend la porte du bureau, quelques pas et plus rien. « Désolée, j’pensais qu’il y avait personne et.. » Elle se retourne et se stoppe net.
Elle a le souffle coupé. C’est comme une droite dans l’estomac, comme un coup porté au cœur. C’est un fantôme, c’en est forcément un, venu se jouer d’elle, lui faire payer ses actes, lui faire payer son impuissance à protéger les siens. C’est l’enfer qui s’ouvre sous ses pieds, le retour en arrière qu’elle a jamais voulu, les souvenirs qu’elle avait entassé loin qui reviennent la heurter de plein fouet, l’envahir et lui faire perdre pied. Silas. Lena reste silencieuse et immobile une poignée de secondes. Ça lui arrive jamais, d’agir ainsi. Mais elle a l’impression d’avoir perdu le contrôle, de son corps, de tout, d’être rien d’autre qu’une enveloppe vide, que tout ça est rien d’autre qu’une foutue blague de mauvais goût, la vengeance d’une victime de sa rage, ou simplement le karma qui vient lui offrir ce qu’elle a provoqué. Mais c’était rien d’autre que le calme avant la tempête, qu’une brève accalmie avant qu’elle ne se déchaîne. Et soudainement, l’enfer c’est elle quand elle s’élance vers lui, déesse de la vengeance qui fait des siennes. C’est la rage qui l’emporte sur tout, qui terrasse les souvenirs et le cœur brisé, qui la pousse quand son poing vient frapper sa mâchoire aussi fort qu’elle le peut. « Qu’est-ce que tu fous là ? Dégage, Я буду бить тебя ! » Les menaces sèches, le regard dur qui ne le lâche pas, et ses poings, plus faibles, qui frappent maintenant son torse, raz-de-marée de violence incapable de s’arrêter, incapable de se maîtriser. Et dans sa tête, c’est une série de propos incohérents. Pourquoi t’es là, t’es censé être ailleurs, loin de moi et du bordel que t’as créé, pars, pars, pars avant de m’achever. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Cri des loups (Sina) Jeu 8 Mar - 1:06 | |
| Sans doute qu’il aurait préféré être chez lui, un verre à la main, à oublier toute réflexion dans la monotonie agréable. Mais il y a quelque chose d’intemporel à être entièrement dans seul au milieu de toutes ces pièces éteintes, d’être la dernière lumière encore allumée. Ça ne lui fait pas peur Silas, faut dire qu’il n’y a pas grand-chose pour lui faire peur si ce ne sont ses propres échecs. Quoique, les feuilles qu’il a sous les yeux ont quelque chose d’intimidant. Il n’y a rien de plus mortel que la comptabilité. Bien évidemment il a protesté en arrivant ici, c’est pas son boulot de faire ce genre de choses, mais il n’a pas eu le choix, on lui a rappelé que le bébé de la comptable n’allait pas se pousser tout seul et qu’en attendant ils devraient se passer d’elles. Il regarde danser les chiffres sous ses yeux, essayant de se rappeler de ce qu’il a fait à l’université. Cela semble remonter à bien trop longtemps. Quelqu’un a intérêt à refaire les comptes derrière lui parce que ça risque de mal finir. Les heures ont passées sans qu’il les voie, plongé dans la perplexité, absorbé par ses authentiques tentatives. Un à un les bureaux se sont éteints, les âmes ont quitté le bâtiment et il est resté seul. Comme une impression de vivre en quarantaine, d’être coupé des vivants, de se trouver à sa place. Un bruit inattendu lui fait lever la tête. Peut-être est-ce un miracle venu pour l’arracher à cette paperasse fastidieuse. Le blond reste assis en silence, suit la progression des pas, attend patiemment de savoir s’il se trouve dans un film d’horreur et devrait s’inquiéter. L’intrus semble se balader sans s’être rendu compte de sa présence, si c’est un tueur psychotique il n’est pas pressé. L’équipe de ménage, ça doit être ça, pas de quoi s’arrêter en plein boulot, plus vite il aura fini plus vite il sera rentré chez lui. Mais il n’a pas envie de se replonger dans ces colonnes impardonnables, il ne pourrait les tolérer que s’il avait eu la bonne idée de mettre une bouteille de bourbon dans son tiroir. A la recherche d’une quelconque distraction il se lève et se déplace silencieusement dans le complexe, suivant la source des bruits. Il entre dans un bureau et s’arrête net. Ce n’est qu’une silhouette, il n’y a pas la moindre raison de la différencier d’une autre. Mais lui il fait la différence. Parce qu’il n’existe aucun univers où il lui faudrait plus de deux secondes pour la reconnaître. « Désolée, j’pensais qu’il y avait personne et.. » Son timbre a légèrement changé. Pas assez pour le tromper. Juste de quoi confirmer ses peurs – à moins que ce ne fussent ses espoirs. Son visage a pris une dureté qui ne la marquaient pas avant, des tatouages qu’il n’a jamais vu ornent sa peau, bijoux exotiques. Le silence lui retourne le ventre parce qu’elle n’a jamais été de ceux qui préfèrent le vide à une explosion. Peut-être bien que c’était utopique de sa part de croire qu’en revenant ici il ne la verrait pas. Peut-être bien qu’il aurait dû préparer quelque chose à dire. Ils se fixent comme des étrangers de part et d’autre d’une vitre jusqu’à-ce qu’elle brise la paralysie.
Il ne laisse échapper qu’un gémissement quand ses phalanges écrasent violemment sa mâchoire. Au fond il l’a bien mérité, même si le frère de la brune s’était chargé de donner les coups par procuration. Il n’est pas encore sorti de sa torpeur lui, confronté à ce fantôme dont il n’avait pas imaginé l’existence sans lui. Sur sa poitrine s’abattent les coups et la culpabilité, cruels, désespérés. « Qu’est-ce que tu fous là ? Dégage, Я буду бить тебя ! » Il ne comprend pas ce qu’elle a dit, pourtant elle lui en a appris des insultes en russe. Ses explosions n’ont pas changé, juste l’étincelle derrière ses yeux, qui a mué en une bête dont il n’ose affronter le regard. Comme une impression que toutes ces rancunes sont vieilles de la veille, que rien ne s’est vraiment passé, qu’il suffit d’attendre la fin de l’orage pour se pardonner et continuer à vivre. Naïveté, réflexe encodé dans ses muscles. Il se saisit de ses poignets, les bloque dans leur assaut contre lui. « Arrête putain, arrête Lena ça sert à quoi ce que tu fais ? » Quelques bleus ne vont rien changer à ce que les années ont cimenté. L’américain tourne la tête, crache au sol un peu de sang qui lui parfume la bouche après son coup. Il ne peut s’empêcher de la scruter, de haut en bas, parvenant mal à assimiler ces années qui semblent avoir filé en un jour, qui l’ont tant changée. « Je suis désolé okay ? Ça changera rien de me coller une droite. » Comme si quelques excuses allaient suffire.
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| Sujet: Re: Cri des loups (Sina) Jeu 8 Mar - 22:22 | |
| C’est un fantôme qui revient le hanter alors même que Lena a toujours été persuadée qu’elle le reverrait jamais. C’est cette conviction qui l’a aidé à remonter la pente, à prendre le dessus sur la douleur, même si celle-ci est jamais vraiment partie. C’était juste plus simple de tout enfouir sans avoir à le voir, c’est bien pour ça qu’elle est restée silencieuse quand il a essayé de la contacter alors qu’elle était enfermée. C’était plus simple de laisser Malo la venger, de garder ses poings serrés pour une fois. Et pendant toutes ces années, la russe s’est bernée d’illusions, s’est convaincue que la page était tournée, que le voir ne lui ferait jamais rien. Elle s’est jamais autant trompée, Lena. Le voir est douloureux, comme une plaie qui s’ouvre à nouveau alors qu’on la pensait fermée. Tout lui revient, les bons moments, les rires, le cœur qui s’emballe à chaque baiser, les étreintes passionnées. Mais ce sont surtout les mauvais souvenirs qui se font plus forts, les cris, la trahison, la vie arrachée à cause de lui, lui, lui. Le déferlement de rage continue, les coups pleuvent sur son torse jusqu’à ce qu’il ne s’empare de ses poignets. Et il a raison, Silas, ça change rien, ses coups n’effaceront pas ce qu’elle a vécu. La vérité, c’est que ça la soulage même pas, Lena, elle qui utilise pourtant toujours la violence comme défouloir, pour évacuer la trop grande rage qui gangrène son palpitant. Elle a l’impression que la colère est toujours la même, malgré les coups, malgré les hurlements, l’impression ça ne suffira pas à l’aider à avancer, à l’oublier, et ça l’inquiète parce que si la violence marche pas, rien ne fonctionnera, du moins pas pour la russe, trop habituée à cette façon de faire. Elle ne se débat pas mais un sourire mauvais étire ses lèvres quand il crache du sang – même si ça la soulage pas, elle est satisfaite d’avoir au moins réussi à lui faire mal. Elle est surtout étonnée d’avoir réussi à agir, parce qu’elle était pas sûre d’y parvenir, Lena, à cause de cette sensation de faiblesse qu’elle ressent alors, faiblesse parce qu’elle s’est laissée berner en pensant qu’il l’aimait, faiblesse par ce qu’elle avait été incapable d’éviter le pire.
Puis, il y a ces quelques mots qui l’énervent davantage encore, alors qu’elle ne pensait pas ça possible. « T’es désolé ? » Et cette fois elle se débat, s’écarte pour qu’il lâche ses poignets. Elle fait quelques pas en arrière, parce qu’être aussi proche de lui est dangereux, autant pour lui que pour elle. « T’es désolé de quoi, au juste ? » qu’elle demande, incrédule face à cette excuse loin d’être suffisante pour l’apaiser ou pour effacer quoi que ce soit. « T’es désolé d’avoir menti ? T’es désolé d’avoir été un foutu connard ? T’es désolé d’avoir volé deux ans de ma vie ? D’avoir gâché ma putain de vie ? » Comme s’il était le seul responsable pour ça. Elle est probablement plus responsable que lui, est celle qui a voulu se lancer dans des traffics en tout genre. C’est elle aussi qui a pas été capable de pas la ramener, c’est elle aussi qui a causé la perte de l’enfant qui commençait seulement à grandir en elle. Pourtant, c’est plus facile de blâmer Silas, de lui reprocher tous ses problèmes, même ceux dont elle est la seule origine. « Ou t'es désolé de tomber sur moi, de devoir assumer ce que tu m'as fait? » Les accusations qui pleuvent sans discontinuer alors qu’elle ne le lâche pas du regard, chienne enragée qui n’en démord pas, qui ne lâchera pas le morceau. Elle aurait pu fuir, rentrer, mais elle le fait pas, parce qu’il y a toute cette rage qui s’est accumulée ces derniers jours, ces dernières années, et Silas semble être le moyen parfait pour s’en décharger – quitte à l’accuser de tous les maux de la Terre. |
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| Sujet: Re: Cri des loups (Sina) | |
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