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 ondes de choc (silas)

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Casper Pryce

Casper Pryce
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MessageSujet: ondes de choc (silas)   ondes de choc (silas) EmptyMar 13 Mar - 21:31

Journée de merde.

Il l’a su dès que son pied a rencontré le parquet trop froid, dès la douche avec de l’eau glaciale, facture impayée, dès la dispute avec Juno parce que c’était elle qui devait s’en occuper, dès le départ précipité pour se rendre en cours parce que le réveil avait sonné avec vingt minutes de retard. Il l’a su dès qu’il a passé la porte de la classe pour trouver la bande de morues qui lui sert d’élèves regroupés autour d’une même table à regarder l’un d’eux se faire ridiculiser sur YouTube, dès le long couplet qu’il a dû leur servir sur l’enfer du harcèlement et l’importance de ne pas devenir une petite brute. Il l’a su quand il s’est servi un café en salle de repos mais qu’il avait ce sale goût de rance de la boisson qu’on a laissé fermenter trop longtemps. Course folle, le soleil s’est levé trop tôt, se couche trop tard, quand il sort il aimerait qu’il fasse déjà noir, qu’il puisse rentrer dans les rues désertes, déambuler sous les lampadaires, la tête rentrée dans les épaules, il aimerait retourner se coucher dix minutes plus tard, ne pas chercher à veiller tard, ça ne sert à rien. S’il en parlait, Nova lui dirait que c’est une crise passagère, elle le prendrait contre elle, collerait un baiser sur sa tempe et ébourifferait ses cheveux. S’il en parlait, Nova lui ferait comprendre que c’est pas juste lui, que c’est le monde entier, que c’est le fait de vieillir, d’avancer, pas assez. De reculer, au final, un pas derrière l’autre, le sourire qui s’efface au profit d’une moitié de visage croquée, d’un dos trop cassé, les lombaires brisées à force d’essayer d’arrêter d’exister, de se ratatiner les jours où ça va mal.
Mais il fait jour, alors Casper remet son sourire et pose son pied devant.
Il ne sait pas pourquoi il prend le chemin du centre-ville, pourquoi il passe devant son immeuble sans s’arrêter, va jusqu’à ce magasin honteusement grand rempli de bagnoles trop chères pour lui. Il n’a jamais été pauvre, Casper, n’a jamais vécu dans la misère, avec ses parents bien placés dans la société, né sous une trop bonne étoile, les bras remplis de tout ce qu’ils pouvaient lui offrir, simulacres d’affection pour compenser l’absence trop fréquente, les rendez-vous trop loin, les baisers trop impersonnels. Il a toujours été privilégié, Casper, ce qui ne l’a pas empêché de vouloir impressionner les caïds, chercher toujours un moyen de se faire une place quelque part et pourquoi pas dans la rue. Les mains trop habiles quand il faisait sauter les vitres des Jaguars avec le bout d’un tournevis, mécano en herbe qui jouait avec les fils pour faire vrombir le moteur, apprenti pilote à se rêver aller trop loin, enfoncer ses pieds dans les pédales et avaler le bitume. En réalité trop petite main au service de grands méchants loups, faudrait pas qu’il compte le nombre de caisses qu’il a chourées comme ça, le nombre de fois où il a échappé aux grosses paluches des flics. Con. Stupide. Il a toujours aimé ça, les jolies voitures. Journée de merde.

Quand il pousse la porte de la concession, c’est avec l’intention d’en piquer une. Ça ne lui est pas arrivé depuis des années, certainement pas depuis qu’il agit pour son propre compte. Il sait que c’est stupide. Il sait que ça n’a aucun sens. La sienne est parfaite pour le moment, même si complètement pourave. Elle lui fera bien deux années en plus, facile. Facile. Ça ne l’empêche pas d’avoir l’œil qui dévie sur une jolie berline, de tourner plusieurs fois autour, juste histoire de vérifier le système de sécurité, voir s’il pourrait la piquer facilement. Y aura qu’à trouver un modèle à l’extérieur, après. Faire sauter discrètement la sécurité, voir comment il peut contourner le système pour la démarrer. C’est risqué, en réalité, les choses ont trop changé depuis dix piges. Opération kamikaze. Il s’en branle. Ça doit faire le sixième tour qu’il effectue, il ne s’en était même pas rendu compte. Ce qu’il remarque, en revanche, c’est la main qui attrape violemment son bras, la voix trop grave qui lui demande ce qu’il compte faire. Il n’aurait peut-être pas dû venir comme ça, avec un sweat à capuche et une casquette vissée sur sa tête. Il n’aurait peut-être pas dû venir du tout. « Putain mais lâche-moi », il s’offusque, plus aussi lisse que d’habitude, trop âpre, amer. S’il avait voulu, il aurait pu faire un effort, prétendre qu’il regardait simplement, qu’il compte s’en acheter une bientôt, en utilisant un langage châtié et en mettant les formes. Irréaliste. Le vigile a déjà entrepris de l’attraper, les bras qui viennent le serrer en tenaille par derrière, mains agrippées aux épaules. Il déteste ça. Il déteste parce que ça lui rappelle l’époque où il était trop frêle pour se défendre, l’époque où il se faisait violenter, l’époque où chaque matin était un cauchemar et chaque soir une délivrance. « PUTAIN JE T’AI DIT DE ME LÂCHER ESPÈCE DE CONNARD ! » Un cri, des gens qui se retournent, pensent sûrement qu’il s’agit d’une énième racaille en manque d’attention. Sauf que pas du tout. Sauf qu’il se débat, s’agite, essaie vainement de se dégager de l’étreinte du gorille. Ce qui ne l’empêche pas de remarquer l’agitation autour de leur échange musclé. Un visage parmi d’autres qui fend la foule et le cœur qui s’arrête. Ça doit faire sept, huit ans peut-être. Ça fait trop longtemps, c’est sûr. Journée de merde. Il n’a aucune autre échappatoire, obligé de quémander de l’aider là où il aurait aimé ne plus jamais parler, ne plus jamais regarder, ne plus jamais se souvenir. Il porte sa main à sa bouche, glisse deux doigts entre ses lèvres et souffle. Sifflement strident, frisson d’effroi. « SILAS ! » Il l’a entendu, il le sait. Est-ce qu’il viendra, il l’ignore.
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