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 machiavel. (tovy)

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MessageSujet: machiavel. (tovy)   machiavel. (tovy) EmptyVen 9 Mar - 21:46


Ciao les amigos, à demain.
Mon sceau de poulet sous le bras, je salue mes collègues d'un signe solennel avant de m'éclipser. Je tiens la porte à une cliente qui veut rentrer, sourire et courbette, je la laisse passer. Elle me rend un sourire et ne s'attarde pas. Contrairement à mes yeux qui reluque ses fesses (elle a de jolies fesses). De quelle couleur étaient ses yeux ? Demanderait ma mère. Elle est con des fois avec ses questions. Finalement, ça me fait marrer (ça fait longtemps que je l'ai pas appelée, faut que je fasse ça bientôt). En plus j'ai plus de linge propre et la laverie automatique franchement, c'est pénible. C'est long et c'est bruyant et y a que des gens bizarres. En plus la dernière fois, j'ai terminé avec un t-shirt vert au lieu de blanc et deux jeans trop petits. J'ai pas compris. Quand j'y pense, y avait plus mes caleçons non plus. Je m'arrête, ça turbine dans ma tête. Merde. Je crois que j'suis reparti avec le linge de quelqu'un d'autre. Bref, faut que j'amène mon linge sale chez ma mère.

Je grimpe dans mon van en chantonnant et installe la box de poulet sur le siège passager et je l'attache (un virage trop serré, un coup de frein, et le poulet retrouve sa liberté). — Joey, direction la plage ce soir ok ? Oui ok Toto j'adore la plage. Ma voix qui se déforme et grimpe dans les aigües pour jouer le rôle de Joey (un putain de van) alors que je m'adonne à ce faux dialogue. Je le fais tout le temps. La première fois, Didi a ri. Les 1000 fois suivantes, bizarrement, beaucoup moins. Je démarre le vieux moteur, bruit affreux et le pot d'échappement qui pétarade, une musique devenue douce à mon oreille depuis le temps. J'allume le poste radio-cassette (un jour faudra que je le change) et c'est toujours la même cassette qui se joue (elle est coincée dedans). C'est du reggae, un truc pas connu, enfin je crois pas. Au début c'était marrant de toujours écouter la même chose. Après, ça m'a gonflé. Et maintenant, c'est redevenu marrant. Je chante (hurle) en rythme (pas du tout), les fenêtres ouvertes, l'assise décontractée, un coude sur le rebord de la vitre et mes doigts qui tapent sur le volant en même temps que je secoue la tête lentement.

Je m'éloigne des plages touristiques, celles où on ne peut accéder qu'à pieds. J'ai cherché un moment la première fois mais j'ai fini par trouver un coin sympa. Un endroit où le sable est plus plat et où je peux m'aventurer un peu avec le van sans y rester coincé. Pas trop loin non plus. En plus, y a ces histoires de marées. Parfois ça monte, parfois ça descend. Il paraitrait que c'est à cause de la lune (n'importe quoi). A mon avis, c'est plus une question de grosses vagues, ou si une baleine est passée à quelques kilomètres de là, forcément ça fait monter le niveau de l'eau. Comme dans la baignoire. C'est une question de logique (ben oui).

Une fois installé, je me fous à poil (y a jamais personne ici c'est l'avantage) et je cours jusque dans l'eau. C'est le problème ici, y a pas de point où raccorder le van pour avoir de l'eau, alors je me débrouille autrement. Le truc, c'est que l'eau est encore vachement (vachement, j'insiste) fraîche à cette époque de l'année. Du coup, j'assume moyen ma solution alternative. Je ne fais que courir dans un sens et dans l'autre, au rythme des vagues, pour éviter que l'eau ne monte trop haut, en poussant des petits cris. Ça dure une éternité et j'ai le cul gelé, mais je parviens enfin à terminer. Je me dépêche de me rhabiller, jogging et t-shirt (aussi large l'un que l'autre). Je récupère mon sceau de poulet, déception : tout est froid. Et, franchement, on ne mange pas du poulet froid (ça s'fait pas). Ni une ni deux, je sors mon petit barbecue (ce machin prend grave de la place et en plus ça pue la fumée à cause de lui dans tout le van, mais, hey je l'aime quand même). Didi beaucoup moins. Ouais, mais Didi elle me fait chier. Et je me débarrasse pas d'elle pour autant. Donc, cqfd, tout est lié, blablabla, le barbecue reste là. J'allume un feu précaire du premier coup (non, du quatrième) et installe mes morceaux de poulet sur la grille. Puis j'allume ma radio à piles, le son qui grésille un peu (ça donne un genre), y a du vieux rock qui passe alors je laisse. Je m'éloigne un peu et attrape quelques galets qui trainent. Je me concentre et tente de les envoyer sur l'eau pour faire des rebonds. Ça coule à pic, à chaque fois. Je comprends pas. J'y arrive au lac, pourquoi ici ça ne marche pas ? Alors j'insiste, encore et encore. Mais ça ne veut pas. La faute à ces crétins de cailloux. Je souffle, soupire, un peu contrarié. Mais le coucher de soleil est joli, le ciel teinté d'orange et de rose. Et déjà, ça va mieux. Je souris et tourne la tête vers la fille qui s'approche de moi.

Merde putain, y a une fille qui s'approche de moi.

Je sursaute à moitié, surpris de cette arrivée. J'ai l'impression qu'elle vient vers moi. Non, oui ? Non. Si. Non ? Si, on dirait. Oui. Non. Merde. Je regarde autour de moi, y a personne d'autre. J'espère qu'elle ne vient pas pour moi. Attend, elle est jolie ? (oui). Ok, alors j'espère qu'elle vient vers moi. Grand sourire. Ma mère dit que je suis trop mignon quand je souris comme ça. Mon père lui, dit que j'ai l'air con. Je crois que les deux sont pas incompatibles (j'espère, sinon j'suis mal).
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MessageSujet: Re: machiavel. (tovy)   machiavel. (tovy) EmptyLun 16 Avr - 0:26

C’est une histoire vieille comme le monde, celle de deux amies un peu trop proches, un peu trop semblables, un peu trop nocives aussi. C’est une histoire vieille comme le monde et un peu dégueulasse, parce que c’est pas fair-play et que ça se plante des couteaux dans le dos. Le genre d’histoire qu’Ivy adore en somme, ce genre de drama qu’elle cultive avec passion, entretient chaque jour comme on arrose un jardin. C’est Ivy et Didi, Didi et Ivy, depuis trop d’années maintenant, graines plantées quand elles n’étaient que des gosses malmenées entre les mains de leurs mères assoiffées de pouvoir. Pas étonnant que ça ai mal tourné au fond.
Alors oui c’est Ivy et Didi, le plus souvent dans cet ordre-là, comme elle aime le penser. Didi l’amie canon mais pas autant que soit, celle qui sert de faire valoir, celle qu’Ivy aime malgré toutes les crasses qui leur sont arrivées. Elle sait plus pourquoi. A croire que c’est comme ça. Foutu pacte qui les a liés pour l’éternité. Ptêtre pour ça qu’elles peuvent pas s’empêcher de tout faire foirer. Ptêtre pour ça aussi qu’Ivy est trop curieuse, qu’Ivy veut savoir, qu’Ivy veut comprendre, et surtout qu’Ivy veut voler. Comme des putains de représailles, un œil pour un œil, un homme pour un homme. C’est le prix à payer pas vrai ?
C’est pour ça que le plan a prit forme dans son esprit fissuré. Vengeance pour l’autre soir au bar, pour les mots de trop déversés par la brune. Elle va le regretter. Elle a peut être eu Meo. Mais Ivy aura Tommy. Parce qu’on ne la lui fait pas comme ça. Non vraiment pas. Et que Didi pensait pouvoir lui cacher son ami. Tu parles. Rien n’échappe à Ivy. L’avantage d’être beaucoup trop populaire sur les réseaux sociaux. L’avantage de connaitre beaucoup trop de monde. L’avantage d’être elle tout simplement. Parce qu’il faut bien qu’il y en ai quand même. Pour compenser les larmes, pour compenser les coups, pour compenser les heures à vomir dans les toilettes. Alors elle s’est faite belle Ivy, un peu sage avec une jolie robe fleurie, cheveux sagement lissés qui tombent parfaitement sur ses épaules, joues trop roses, sourire virginal et yeux de biches. Foutue Dolly. Visage d’ange mais juste l’enfer à l’intérieur. Mais ça le fameux Tommy ne le sait pas.
Du moins pas encore.
Alors oui elle s’est faite belle Ivy. Chasser les cernes, les bleus, les larmes. Chasser le reste, la grisaille. Parce qu’elle sait qu’elle va s’amuser. Parce qu’elle a sa proie dans sa ligne de mire, pauvre gars qui comprendra rien. Et ça lui donne un truc en plus, comme une rage dans le ventre, de quoi s’accrocher à la vie encore quelques minutes, quelques heures, l’idée de tout foutre en l’air, de faire saigner Didi comme elle l’a faite saigner. Qui aime bien châtie bien pas vrai ?

Il est là, face à la mer, cailloux entre les doigts à essayer lamentablement de faire des ricochets. C’est ridicule. Il a l’air ridicule. Heureusement qu’il a sa gueule pour lui. Heureusement qu’il a ce côté un peu trop cassé, de ces mecs au visage imparfait, charme rugueux dont il ignore surement les effets sur les filles lambda croisées dans la rue. Quelques enjambées et elle est tout près, le sable sous ses pieds nus, sandales dans sa main droite, elle colle sur son visage son plus joli sourire, celui qu’elle offre aux caméras quand on lui demande de faire rêver les foules. Serpent. De ce genre de fleurs venimeuses qui sentent si bon mais qui font si mal. Pardon Tommy. T’es juste tombé au mauvais endroit, au mauvais moment. Et le voilà maladroit qui se retourne, qui la regarde, sourire un peu bloqué aux lèvres, ça illumine un truc sur son visage, comme si son âme collait pas avec son corps : gosse perdu dans une enveloppe d’adulte.
« Tommy ? » elle hésite, un peu, avance encore, penche la tête sur le côté avant de reprendre. « Mon dieu….Tommy ?? Je ne rêve pas ? » l’excitation qui monte, elle bat des mains, le rouge qui monte aux joues si facilement. « Tu es bien Tommy de Shark Gang non ? » la voix qui tremble, le rôle parfait, on oublie trop souvent qu’avant d’être mannequin elle était actrice. Des années d’entrainement, à apprendre à faire semblant. Et la voilà dans la peau d’une groupie au souffle coupé, qui ne croit pas en sa chance, fan d’un groupe de musique pourtant complètement merdique. Mais parfois faut bien faire des sacrifices pour obtenir ce que l’on veut. « J’y crois pas… Putain… Les filles vont être vertes…… » ou pas. Et la voilà qui dégaine son téléphone plus vite que son ombre avant de demander timidement, les lèvres qui tremblent un peu, le cœur qui bat trop fort dans la poitrine, petite ingénue dans le monde des loups. « On peut… Prendre un selfie ensemble.. Enfin je comprendrais si ça te gène. Désolé… C’est juste que…pardon » et les larmes qui coulent lentement, l’émotion trop forte.
Menteuse.
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MessageSujet: Re: machiavel. (tovy)   machiavel. (tovy) EmptyDim 22 Avr - 12:25


   — Tommy ? Oula. La panique qui traverse mon regard pendant une seconde. On s'connait ? Réfléchis. Réfléchis. Réfléchis. Réfléchis. Je n'y arrive pas. Y a mes yeux qui glissent sur son visage, je voudrais la détailler pour tenter de me remémorer quelque chose mais y a qu'un truc qui vient : jolie, jolie, drague-la. Je fronce les sourcils, concentre-toi. Je ne suis pas du genre à oublier les gens, non pas que je sois un physionomiste hors-paire, mais quand même. Peut-être que je l'ai déjà draguée un jour ? J'étais bourré, trop, et je ne m'en souviens plus ? Je la regarde encore. Ça m'étonnerais. Elle a le look et l'allure qui diffèrent suffisamment de la moyenne pour être du genre à rester imprimée dans ma tête. — Mon dieu….Tommy ?? Je ne rêve pas ? L'angoisse. Je souris, maladroit, nerveux, j'écarte les bras et hausse les épaules, tentant d'avoir l'air familier tandis qu'elle semble en pleine extase de me voir. Putain mais c'est pas possible que je ne me souvienne pas d'elle. — Hey ouais... Ouais, ouais, ouais... Je presse mes lèvres l'une contre l'autre, mal à l'aise, cherche quelque chose à dire pour ne pas me faire griller. Dis un truc, dis un truc, dis un truc.Woh, hé ben, ça faisait long- Sa voix qui s'élève et qui avorte ma phrase. — Tu es bien Tommy de Shark Gang non ? Oh putain ! Soulagement. Je me détends aussitôt et me mets à rire, passant mes mains dans mes cheveux en bataille - ce qui ne les arrange en rien. — Ouhhh merde, putain, j'ai cru qu'on se connaissait j'étais trop mal de pas m'souvenir de toi, le flippe ! Et je ris de plus belle, de bon cœur, le sourire plein d'entrain et de candeur qui s'étire, le visage qui s'illumine. Le malaise a disparu, ne reste plus qu'une putain de couche d'un bonheur brute qui adoucit mes traits. Étincelles malicieuses qui crépitent au fond de mes yeux bleus. Bleu électrique, profond. — J’y crois pas… Putain… Les filles vont être vertes... Et soudain je réalise ce qui est en train de se passer. Le sourire qui redouble d'ardeur, le torse qui se bombe légèrement, de façon inconsciente alors que mon égo vient de tripler de volume. La fierté qui crame mes rétines. Putain, une groupie. Johnny sera trop jaloux quand il saura. Je joue mon rôle de star à merveille, petit sourire en coin désormais, une fausse modestie trahie par un orgueil adolescent. Je crâne. Avec toute l'innocence d'un gamin trop content d'offrir son premier collier de pâtes à sa mère. — Oh ben tu sais, j'bouge pas de là, t'as qu'à les inviter, j'ai de la bouffe pour tout un régiment. Que je dis en désignant les pots du KFC qui débordent encore. Une soirée avec des fans, ce serait génial. Je pourrais leur faire quelques démos, des freestyles, leur faire découvrir quelques chansons que j'ai écrite et qu'on a pas encore postées sur Youtube. Peut-être que l'une d'entre elles finirait la nuit avec moi. Oh attend. On pourrait peut-être tous baiser ensemble sur la plage, les culs tournés vers la lune. Quoi que, si elles sont trop nombreuses j'ai peur de ne pas gérer. Bon, juste deux ou trois alors. Ou deux. Ou peut-être qu'une c'est suffisant finalement. Ou alors elles se touchent et je matte. Non, c'est bizarre. Quoi que. Merde, j'en sais rien. La groupie me sort finalement de mes drôles de pensées en s'approchant de moi, hésitante, téléphone à la main. L'émotion qui bat son plein, sa voix tremblante, ses yeux remplis d'admiration qui viennent me caresser dans le sens du poil. Et je me sens tel un Eminem qui déchaine les foules. — On peut… Prendre un selfie ensemble.. Enfin je comprendrais si ça te gène. Désolé… C’est juste que…pardon. Merde, elle chiale ? La vache. Tommy, ça y est, t'es une star. Les filles pleurent devant toi. Nul doute qu'elle doit bien mouiller sa culotte aussi. Je ricane bêtement en silence en pensant à ça. — Oh mais non pleure pas, t'es trop mignonne ! Vas-y Toto, assure. C'est maintenant que tu fais ta réputation. Je viens gentiment essuyer ses larmes, lui offrant un grand sourire réconfortant et chargé d'une tendresse sincère. — Franchement avec plaisir pour la photo t'inquiètes pas. Une fois ses joues séchées, je viens passer mon bras autour de ses épaules pour la serrer contre moi le temps d'un selfie. Mon corps que je colle au sien, ma chaleur qui se diffuse sur elle. Une fois le cliché pris, je la relâche, mais laisse trainer une main sur elle, sur le haut de son bras. — Putain ça me fait trop plaisir de rencontrer une fan quoi, j'suis grave touché. Je me retourne et désigne le barbecue à côté de mon van. — Ben tu sais quoi, je t'invite ! Et sans trop lui laisser le choix, je resserre doucement ma main autour de son bras et me mets en route, l'incitant ainsi à me suivre. Elle est fan, donc elle en a forcément envie, cqfd. Je la relâche une fois devant le barbecue et je récupère une fourchette pour tourner les morceaux de poulets afin d'éviter qu'ils crament. Mais très vite je reporte mon attention sur elle, la détaille encore, mon sourire qui devient charmeur. — N'empêche, j'ai d'la chance d'avoir une fan aussi jolie. Je vais quand même pas me priver de draguer une groupie. J'ai pas de loge pour l'emmener après mes concerts, mais mon van est ultra cool et ça fera largement l'affaire. — Et du coup, c'est quoi ton p'tit nom ? Je lui balance un clin d’œil. J'sais pas trop pourquoi. Je crois que je trouve ça stylé. Comme une rock-star sur scène qui balance des clins d’œils aux filles du premier rang pour rendre leur soirée inoubliable.
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MessageSujet: Re: machiavel. (tovy)   machiavel. (tovy) EmptyJeu 17 Mai - 20:07

Stupide. C’est le premier mot qui lui vient à l’esprit quand elle voit l’éclair de panique se dessiner dans les yeux du jeune homme. Oui stupide. Il doit se dire qu’il l’a déjà rencontré, qu’il l’a oublié, comme il a surement oublié trop de femmes avant elle. Désolé mon gars, mais ça c’est pas possible. Pas avec Ivy. On ne l’oubli pas. Elle laisse dans la bouche un gout trop étrange, dont on ne se détache jamais vraiment.
Alors elle continue Ivy, bat des cils, joue l’étonnée, l’exaltée, petite fan chanceuse qui n’en revient pas de croiser son idole sur la plage, comme si tout cela n’était pas du tout calculé. Et bon sang ce qu’elle est crédible. On la sous-estime un peu trop, trop vite cataloguée comme femme stupide, greluche ridicule, bout de ficelle superficiel. Qu’ils continuent tous de penser ça, cela lui permet de naviguer en paix au milieu des requins. Ouhhh merde, putain, j'ai cru qu'on se connaissait j'étais trop mal de pas m'souvenir de toi, le flippe. Tiens. Peut être un peu moins stupide que prévu. Ou juste encore plus. Il avoue sa faute, rigole, se mélange un peu les pinceaux. Adorable benêt, surement que ça plaie à certaines femmes. Surement que ça pourrait lui plaire aussi si elle n’était pas là dans l’idée de mener sa vendetta contre Didi. « Oh non non, t’en fais pas » voix qui bredouille un peu elle sourit trop fort, continue de battre des cils. Ca a l’effet escompté et elle voit le jeune homme qui se redresse un peu plus, fier comme un paon d’avoir une petite fan ébahie devant lui. Idiot. Faut croire qu’ils se méritent avec Didi. Ivy étouffe un ricanement, prétend de tousser un peu avant de passer sa langue sur ses lèvres, les yeux rivés sur celles de Tommy. Signal implicite, joue avec une mèche de ses cheveux. Oh ben tu sais, j'bouge pas de là, t'as qu'à les inviter, j'ai de la bouffe pour tout un régiment.
Merde. Elle n’avait pas pensé à ça.
Vite, vite réfléchit Ivy, fait tourner tes jolies méninges. Rire un peu hésitant, elle secoue la tête, fait voler ses boucles de façon totalement charmante. « Oh… Eh bien le truc c’est qu’elles ont décidé de faire une virée sans moi cette semaine…. Comme quoi ça leur apprendra à me laisser en arrière pas vrai ? »  jouer la carte de la pitié, une des meilleures cartes au monde, puis celle de la revanche aussi. Pauvre fille abandonnée par ses amies, cendrillon du jeudi soir qui tombe sur son prince charmant sur la plage pendant qu’elle broyait du noir.
Oh mais non pleure pas, t'es trop mignonne ! Mignonne. Elle est mignonne. Adorable petite poupée aux cheveux psychédéliques, derrière sa main qui essuie ses larmes elle en profite pour sourire. Victorieuse. Franchement avec plaisir pour la photo t'inquiètes pas. « Merci t’es vraiment le meilleur »  alors qu’il vient passer son bras autour de ses épaules, elle se colle contre lui, glisse sa main dans son dos, à la limite des reins, pas trop bas, pas trop haut non plus, juste de quoi laisser la situation un peu floue. Comme une réponse il fait trainer le contact quand ils s’écartent et elle lui offre un sourire un peu plus franc, plus tranchant celui là. Je sais où ça va. « Merci » qu’elle répète encore, contemplant la photo, satisfaite d’elle-même.
Putain ça me fait trop plaisir de rencontrer une fan quoi, j'suis grave touché. « Pourtant tu dois en voir souvent non ? » Non ? Non. Surement pas. Vu la merde musicale qu’il produit. Ca lui fait mal au cœur de devoir prétendre, d’avoir du écouter, pour pouvoir broder au cas où si elle se retrouvait amenée à devoir parler de sa chanson préférée. Ben tu sais quoi, je t'invite ! Pas le temps de protester que déjà il l’entraine à sa suite, et Ivy se laisse faire, essayant de masquer son dégout immédiat quand l’odeur grasse du poulet frit se met à lui agresser les narines. Vas y Ivy. Tu peux le faire gamine. Tu l’as déjà fait. elle essaye de ne pas y penser, de ne pas compter les calories qui pourraient se coincer juste en respirant la fumée. Silencieuse elle se laisse rapproche un peu plus alors qu’il s’occupe de la viande, fait semblant d’être interessée à ce qu’il fait, attend qu’il la regarde.
Et c’est ce qu’il fait.
Y a comme un frisson qui la parcourt quand il la dévisage, qu’il laisse trainer ses prunelles sur son corps cintré dans sa jolie robe. Elle lui plait. Ca se voit. Elle connait son regard. Ouais. Elle connait ça par cœur. N'empêche, j'ai d'la chance d'avoir une fan aussi jolie. Elle se sent revivre, à chaque fois qu’on la complimente c’est comme une nouvelle tranche de vie. Famine, elle se nourrit aux compliments, à l’admiration, incapable de combler le manque, le vide. Aime moi, adore moi. Rouge aux joues, elle rigole timidement, lui donne un léger coup sur le bras comme pour simuler sa gêne. Et du coup, c'est quoi ton p'tit nom ? « Ivy »  c’est soufflé tout bas alors qu’elle comble encore plus la distance, fait glisser ses doigts sur le bras, son biceps, jusqu’à sa main, un peu comme pour s’assurer qu’il est vraiment réel. « Comme la plante. »  comme le lierre. Envahissante, étouffante, mortelle. « et toi ? – oh… merde… Je suis con » main devant le visage elle secoue la tête et s’éloigne un peu, le visage mortifié. « Pardon c’est… Quand je suis nerveuse j’ai tendance à dire n’importe quoi » encore un rire, que des rires, toujours des rires, tellement plus simple à simuler. « Tu me rend nerveuse. » et le sourire qui s’efface, pour laisser autre chose, une sorte de gravité qui reflète à quel point son monde se retrouve bouleversé par la rencontre avec le jeune homme.
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