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 (intrigue) Highway to hell (Mana)

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Lena Ryjkov

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MessageSujet: (intrigue) Highway to hell (Mana)   (intrigue) Highway to hell (Mana) EmptySam 17 Fév - 22:59

Un soupire s'échappe de ses lèvres alors qu'elle claque son portable contre le comptoir du bar. Elle sait qu'elle a merdé, Lena, du moins, du point de vue de Malo. En ce qui la concernait, elle recommencerait sans la moindre hésitation. Ce type s'était pointé en pensant pouvoir mal lui parler et entraîner son frère dans ses trafics – trafics dans lesquels il est déjà impliqué jusqu'au cou, certes, mais elle n'allait certainement pas être être une complice volontaire dans cette histoire. Si elle avait la possibilité de limiter les risques que Malo prenait, alors elle le faisait. Cette fois, ça s'était traduit par des insultes en russe que le type avait pas compris – par une chaise qu'elle avait envoyé vers lui quand il refusait volontairement de comprendre et qu'il la prenait pour une conne. Au final, ça avait marché et il était parti du bar, non sans balancer quelques insultes au passage. Elle sait pas si ça va empêché quoi que ce soit, mais elle a au moins été capable d'empêcher l'autre con d'approcher son frère pour la journée et ça lui suffisait pour qu'elle considère ça comme une victoire. Lena aurait pu continuer à mentir et prétendre qu'elle ne voyait pas de quoi Malo parlait, sauf qu'il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle mentait et qu'elle était coupable des faits dont on l'accusait. De toute façon, la brune aurait fini par tout lui dire, pas du genre à tourner autour du pot, elle a toujours – ou presque – assumé ses fautes, surtout quand elles sont commises pour protéger un membre des Ryjkov. Tant pis si Malo lui en veut, elle peut bien vivre avec. Ce qu'elle ne pourrait pas, en revanche, c'est survivre dans un monde où Malo ne serait plus là. Ce serait bien trop austère, comme monde, elle pense pas pouvoir se débrouiller sans lui – parce que si elle essaye de le recadrer quand il part trop en vrille, l'inverse est vrai, et il est probablement le seul à pouvoir la canaliser, à pouvoir alléger les peines ressenties par son cœur déjà trop éprouvé. Et ça la rend malade, de savoir qu'elle pourrait le perdre du jour au lendemain à cause de ce qu'il fait, inquiétude qui la ronge quand bien même elle ne la formule pas à voix haute. Mais elle est comme ça, Lena, il y a son cœur qui ressent trop pour les siens, qui supporterait pas qu'il leur arrive quoi que ce soit et ça la déchire de l'intérieur pas pouvoir faire plus pour les protéger davantage. Peut-être qu'elle veut tant les materner parce qu'ils seront la seule famille qu'elle aura jamais – tout espoir d'un jour avoir la sienne s'était envolé quand la lame avait mordu sa chair et que son monde s'était écroulé. Mais ça lui suffit, d'avoir qu'eux, elle aura jamais besoin de personne d'autre tant qu'ils sont là, à la fois supports inconditionnels et sources de toutes ses inquiétudes.
Elle se prépare à la confrontation, Lena. De toute façon, il y a encore la rage qui coule dans ses veines, tornade pas encore tout à fait calmée. Elle saisit un grand sac plastique pour ramasser le bordel qu'elle a elle-même causée, jetant un peu trop violemment les morceaux de bois éparpillés au sol. Le bar est vide, heureusement – de toute façon, un affrontement entre deux Ryjkov aurait fini par faire fuir les potentiels clients. Enfin, la porte s'ouvre, et la russe ne laisse même pas le temps à son aîné de parler que déjà, elle montre aux créneaux. « Alors déjà, avant que tu dises quoi que ce soit, il a de la chance d'avoir eu le droit qu'à une chaise dans la gueule parce que j't'assure que ce type était un sacré connard ! Il s'pointe ici et pense pouvoir faire la loi et m'parler comme à un chien, Этот идиот» L'insulte qui glisse en russe entre ses lèvres alors qu'elle continue à claquer les bouts de bois au fond du sachet. Pour autant, la pause est courte, juste le temps de reprendre son souffle, et elle continue, volcan en éruption. Parce que la vérité est autre, qu'elle l'a pas viré parce qu'elle était vexée qu'il lui ait mal parlé - même si c'est sans doute ça qui lui a valu la fameuse chaise. « Et ouais, ok, j'savais qu'il était là pour tes trafics à la con et c'est pour ça que j'l'ai viré, parce que t'as déjà assez de merdes comme ça, que ça t'aurait apporté que des conneries d'plus, alors j'hésiterai pas à recommencer si ce con ce pointe quand j'suis là. » qu'elle lâche et enfin, elle lui laisse l'occasion de réagir, de parler, même si elle se tient prête à aboyer à la moindre reproche, trop persuadée d'avoir eu raison pour abdiquer.
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Malo Ryjkov

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MessageSujet: Re: (intrigue) Highway to hell (Mana)   (intrigue) Highway to hell (Mana) EmptyMer 21 Fév - 14:04

Mila s’était volatisée.

Luydmila Ryjkov n’était ni dans le café où elle avait prétendu s’être trouvée, ni dans les rues adjacentes. Même si le gérant l’avait bien vu, et même discuté rapidement avec elle, il n’était pas plus avancé sur le sujet. Il l’avait aperçue à travers la vitrine comme si elle attendait effectivement quelqu’un et il l’avait rejoint sur le palier pour savoir si elle voulait prendre un café dehors en attendant. Elle s’apprêtait à téléphoner à quelqu’un à ce moment-là, le temps qu’il retourne vaquer à ses occupations et ses autres clients avant d’observer à nouveau la terrasse, et elle n’était plus là. Au bout du fil, c’était Malo qu’elle avait eu. Il était la dernière personne à avoir discuté avec elle, ce qui le faisait d’autant plus enrager face à son impuissance. Elle lui avait littéralement glissé entre les doigts sans qu’il ne puisse rien faire, sa voix lointaine à travers le grésillement du téléphone lâché sous la surprise valsait dans sa tête encore et encore à le rendre dingue. Le gérant n’avait pas apprécié les manières de l’aîné de la famille quant à sa façon de poser les questions et au ton qu’il employait. Si Malo n’était pas de nature à avoir une colère démonstrative, tout transparaissait à travers le timbre froid de sa voix et les pores de sa peau. Personne ne s’y était trompé dans le café des artistes, ce n’était pas le genre de type envers lequel on pouvait s’octroyer des mensonges et des messes basses. On l’avait menacé d’appeler les flics lorsqu’il s’était mis à alpaguer les passants pour les traiter de la même manière, il leur avait alors répondu sèchement que leur sens des priorités était à chier compte tenu de l’adolescente qui s’était envolée sous leurs yeux. Les habitants des appartements donnant sur le lieu de l’enlèvement n’y échappèrent pas également, mais personne ne lui apporta aucune preuve, aucune version, aucun apaisement. Pas un seul putain de témoin dans les immeubles adjacents, comme si toute la population avait décidé de se taire d’un commun accord. Il suffisait de porter le mauvais nom de famille, de ne pas avoir le bon frère, pour faire d’une gamine une parjure comme le reste de sa famille. La conscience collective s’accordait certainement sur un énième règlement de compte du quartier, que la dernière subissait les écarts des plus vieux. Le flair de Captain n’apporta rien de plus que des jappements malheureux au bord du trottoir où ils avaient retrouvé le téléphone portable, même le chien était dépassé par les évènements. Malo avait compris bien rapidement qu’en retournant tout Historic District, il ne retrouverait aucune trace de Mila.

Quelqu’un avait enlevé sa petite sœur et il ne donnait pas cher de sa peau. On ne s’en prenait pas aux Ryjkov sans en payer les conséquences, de chair et de sang.

Il avait fini par recevoir un message qui mit un terme à ses recherches, probablement pour le plus grand bonheur des badauds. Une sombre histoire de famille pourrie jusqu’à la moelle, de russkov maudits sur des générations et d’un service déplorable qui lui vaudrait autant un client important en moins qu’une épine bien enfoncée dans sa réputation. La situation n’était visiblement pas assez chaotique pour que qu’une certaine russe enragée vienne apporter sa pierre à l’édifice de cette journée de merde – car il ne faisait aucun doute sur l’identité de la personne problématique à l’origine de cette discorde. L’échange par messages sur le chemin vers son appartement lui apporta la confirmation que Lena avait probablement mis le Smoking Dog en état de siège de ses états d’âme et l’exaspération monta crescendo pour se dilapider dans ses veines aux côtés de son inquiétude. Il savait pertinemment que les premières 24h étaient déterminantes dans la disparition d’une personne, il n’avait ni le temps ni la patience de maintenir à flot son business quand sa sœur s’évertuait aussi bien à le mettre à mal. Compte tenu des circonstances, Malo avait préféré ramener le chien à l’appartement – il savait que la confrontation qui l’attendait avec sa cadette pouvait dégénérer rapidement. Elle n’était pas encore au courant pour Mila, mais il redoutait déjà sa réaction.

Plusieurs cigarettes s’échouèrent au bord de ses lèvres jusqu’au bar, tout l’endroit baignait dans ce silence si caractéristique des tempêtes en approche. Ce n’était certainement pas un membre de sa famille qui allait le faire ployer, mais Lena avait suffisamment de caractère pour lui tenir tête jusqu’à l’épuisement. Preuve en fut lorsqu’elle se fracassa contre lui en ayant à peine eut le temps de franchir l’entrée de son propre territoire, déjà le soupir las au bord des lippes. « Alors déjà, avant que tu dises quoi que ce soit, il a de la chance d'avoir eu le droit qu'à une chaise dans la gueule parce que j't'assure que ce type était un sacré connard ! Il s'pointe ici et pense pouvoir faire la loi et m'parler comme à un chien, Этот идиот. » Les insultes fusèrent dans la pièce pour se percuter dans sa conscience paternelle, aussi bien que les bouts de bois qui jonchaient le plancher s’imprégnèrent derrière sa rétine. Lena avait littéralement pulvérisé une chaise sur le malheureux qui avait osé lui parler de la pire des manières, elle avait eu de la pour que le client en question ne riposte pas. L’ombre de Malo planait sur l’endroit même en son absence mais il savait que ce n’était pas suffisant pour éloigner les écarts de conduite de certains. Baisse d’un ton qu’il eut seulement le temps de penser, les mots s’étouffant dans sa gorge alors même qu’elle reprenait l’assaut. « Et ouais, ok, j'savais qu'il était là pour tes trafics à la con et c'est pour ça que j'l'ai viré, parce que t'as déjà assez de merdes comme ça, que ça t'aurait apporté que des conneries d'plus, alors j'hésiterai pas à recommencer si ce con ce pointe quand j'suis là. » Les mots s’imprégnèrent dans son esprit à mesure qu’elle chavirait plus loin dans sa colère, mais ce ne fut que le silence qui s’imposa entre leurs corps échauffés lorsqu’elle s’essouffla. Le silence et le regard percutant de l’aîné s’accrochant aux prunelles brunes de sa sœur. « Ces conneries sont mes affaires, Lena. » Ses affaires et celles de Nash, à qui l’annonce de la perte d’un client n’allait certainement pas lui faire plaisir, même coincé derrière les barreaux. Il n’appréciait pas que quelqu’un vienne mettre son nez dedans, encore moins quand il s’agissait quelqu’un de sa famille qui outrepassait les limites qu’il avait imposé. Ça ne l’étonnait pas, pourtant, venant de Lena – il avait conscience de ses craintes, ses inquiétudes mêmes qu’elle laissa échapper dans ses remontrances. Mais famille ou non, Malo n’épargnait personne pour remettre les consciences en place. « J’te rappelle que c’est grâce à tout ça que t’as pu avoir un toit sur la tête avant d’te trouver un boulot correct. » Grâce à tout ça aussi, qu’il a pu préserver au mieux sa fratrie des charognards en tout genre. Lena a toujours été l’exception à la règle, l’électron libre qui avait dû se brûler les ailes pour comprendre ce qu’il s’était évertué à bâtir ; et les souvenirs de ce qu’elle avait eu à affronter lui percutaient encore la conscience. Son regard n’avait pas flanché, il savait tout aussi bien qu’il n’avait fait qu’attiser la colère de sa sœur. « T’as déjà ton taf, te mêle pas de celui des autres, мла́дшийая сестра́. »
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MessageSujet: Re: (intrigue) Highway to hell (Mana)   (intrigue) Highway to hell (Mana) EmptyDim 25 Fév - 14:21

Si Lena s'est calmée depuis sa sortie de maison de correction, son caractère reste explosif, peut-être parfois trop. C'est toujours la colère qui s'accumule, la rage qui gangrène son cœur, la dégoût de ce qui s'est passé et de ce qui se passera, mélange d'émotions qui font d'elle un volcan en éruption à la moindre secousse. C'est d'autant plus vrai quand sa famille est concernée, quand elle sent le moindre danger s'approcher d'eux. Malo n'y échappe pas, même si c'est l'aîné, même si il a toujours eu l'air de mieux savoir qu'elle ce qu'il faisait. Elle comprend pas, Lena, qu'il continue sur ce chemin alors même que ça lui a déjà trop arraché, que son cœur a déjà été trop martelé. Il a suffit d'une fois, d'un cœur émietté chez elle pour que ça suffise à l'éloigner de cette vie, consciente qu'elle supporterait pas d'autres coups – peut-être que Malo est plus fort qu'elle, finalement, qu'il arrive à encaisser davantage. Elle y croit moyennement, parce qu'elle voit bien dans son regard que c'est plus pareil, qu'il est plus le même qu'avant et qu'il le sera probablement jamais mais c'est pas grave, parce qu'elle répondra toujours présente, qu'elle fera toujours ce qu'il faut pour lui et si ça passe par une énième engueulade, elle est prête à hausser le ton. Parce que la vérité, celle qu'elle osera jamais dire, c'est qu'elle a peur, Lena. Derrière les cris, l'air assuré, la distance imposée, elle a peur qu'il arrive quelque chose, qu'on lui arrache les siens. Ça lui broie les entrailles, inquiétude constante, craintes qui tournent en boucle dans sa tête et tourmentent son esprit inlassablement. Et probablement que ce sont ces craintes qui la pousse à faire ce qu'il faut pas, à se mêler d'affaires qui sont pas les siennes, à hurler au lieu de parler calmement.

Cette fois Malo en fait les frais, et ses paroles ne la calment pas, loin de là, colère qui la consume toujours un peu plus. « C'est mon taf de veiller sur vous tous. » qu'elle rétorque, sûre d'elle, parce qu'il y a rien de plus vrai. Et même si ils râlent, même si ils se disputent quand la russe se mêle de ce qu'il faut pas, ça lui importe peu, elle continuera à veiller, même quand ils partiront tous de l'appartement, même quand il y aura plus qu'elle entre ces quatre murs trop étroits, même quand ils auront réussi à s'en sortir bien mieux qu'elle dans la rue. Officiellement, c'est plutôt Malo qui a toujours veillé sur eux tous, aîné projeté trop tôt au statut de parent et si elle a pas toujours été d'accord avec lui, elle a compris, trop tard, après avoir été bousillée par le monde, qu'il avait raison. Elle s'en veut, souvent, de pas l'avoir écouté plus tôt. Rien ne serait arrivé, elle aurait pas la mort sur la conscience, celle d'un enfant qu'elle aura jamais, sensation amère d'avoir tout foutu en l'air alors qu'elle aurait pu tout évité si elle n'en avait pas fait qu'à sa tête. Il n'empêche qu'elle s'est reprise, a rejoint Malo et a fait de son mieux pour l'aider, même si ça veut dire prendre son parti – par moment seulement – face aux autres. Et depuis Lena prend à cœur de veiller sur les siens, quitte à faire des reproches à Malo alors qu'à une époque, quand elle se noyait et n'arrivait pas gagner suffisamment pour subvenir à leurs besoins, elle a bénéficié de ce qu'il gagnait avec ce business sur lequel elle crachait sans hésiter aujourd'hui. « C'est mon taf de faire en sorte que tes conneries viennent pas tous nous foutre dans la merde ! » Sa colère retombe pas, elle envoie le dernier bout de bois dans le sachet. Elle est injuste, la Ryjkov, mais elle s'en fiche, trop persuadée d'être dans son droit, d'avoir raison. « Puis merde, tu sais très bien ce que j'pense de tout ça, alors si tu voulais pas que j'foute la merde, fallait pas m'demander de garder le bar. » C'est plus facile d'inverser les rôles, de tout lui remettre sur le dos alors que si elle avait été capable de faire preuve d'un minimum de retenue, rien de tout ça ne serait arrivé. « Et c'était quoi, ton urgence ? » qu'elle demande alors qu'elle fait un nœud autour du sac pour le fermer. Elle a pas encore conscience de ce qui arrivera, du monde qui va s'écrouler sous ses pieds – et si seulement elle avait su, peut-être qu'elle n'aurait jamais posé la question.
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MessageSujet: Re: (intrigue) Highway to hell (Mana)   (intrigue) Highway to hell (Mana) EmptyDim 11 Mar - 19:58

Il l’observa alors qu’elle déversait sa colère contre lui, flamboyance éreintée par l’usure du temps du passé. Les muscles tressautant sous sa peau à chaque éclat, ramassant les morceaux de bois éparpillés d’une force brute – de cette force dévastatrice, que personne n’aimerait recevoir à la gueule. Les débris de son explosion étaient balancés dans un sac poubelle d’un geste ravageur, et il était même étonné qu’elle n’ait pas encore transpercé le plastique dans sa frénésie. Ses tatouages semblaient prendre vie dans cette aura brûlante, s’animant dans les ombres et les mouvements. Cette peau ancrée qui avait pourtant tardé à l’être, vestige d’une histoire devenue cendres, témoins d’une mémoire qui la hantera à jamais. Aux grandes tonalités russes, il releva son regard vers son visage, son regard furibond partagé entre lui-même et la tâche à laquelle elle accordait trop d’importance – probablement pour ne pas s’en prendre directement à lui. Prunelles brunes usées dans son existence, Lena avait quelque chose d’incontestablement contradictoire entre ce qu’elle était et ce qui se tapissait au fond d’elle. Entre ses grands éclats et les miettes au fond de ses entrailles. Elle était forte, indéniablement la plus solide femme de son existence, mais elle était aussi complètement bousillée. Probablement un trait inhérent à toute la famille, bien que Lena, comme les autres, se démenait pour ne rien montrer. Ne pas flancher, credo à la saveur de souffre des Ryjkov, d’autant plus empli de sens chez sa sœur. Elle compensait dans sa vulgarité et coups de jus, électricité en constante mutation prête à foudroyer n’importe qui.
Lena était belle dans sa colère bancale, la rage au ventre et le désespoir dans la cage thoracique. Souffle de braise se consumant sur les autres, étincelles que Malo avait appris à dompter, tempérer et encaisser. De cette figure inébranlable de la famille, il s’était fait de pierre pour supporter tous les déboires de sa famille ; réceptacle inépuisable, il avait appris rapidement à savoir faire la part des choses entre chacun, adapter son comportement, tout en recadrant tout le monde de la même manière. Il était l’aîné, la figure dominante de la famille, et il n’appréciait pas qu’un de ses frères ou sœurs se prenne pour plus grand.e que lui – c’était un travers qu’on lui reprochait, mais qui faisait fonctionner le système. Il ne supportait pas non plus voir un membre de sa famille souffrir, et pendant que sa sœur se fracassait dans toute sa hargne verbale contre lui, il n’avait qu’une image en tête. Le visage de Mila, acide citrique lui faisant fondre la rétine. Ses dernières paroles tournant en boucle dans son encéphale en déraillement, ses trois neurones en bataille incapables de faire le discernement entre l’instant présent et la disparition de leur cadette.
Il ne redoutait que deux choses : ne jamais retrouver sa petite sœur, et la réaction de Lena quand il allait devoir lui annoncer.
« C'est mon taf de veiller sur vous tous. » La femme la plus solide dans sa vie, qu’il disait, celle sur laquelle ils pouvaient tous compter quand Malo n’était pas là. Elle était la mère de substitution de tous, là où lui était la figure paternelle. « Je sais. » Il ne le remettrait jamais en question, il avait conscience de toute l’énergie qu’elle dépensait pour maintenir la cohésion entre eux et panser leurs blessures. Mais Malo restait Malo, fier dans sa colère muette contre la vie, déchiré dans sa tristesse silencieuse ancrée dans le passé. Lena pouvait bien veiller sur lui, il était avant tout celui qui veillait sur elle – car il ne l’avait jamais perçue comme une mère, mais comme une sœur qu’il devait protéger au péril de sa vie. Si Lena veillait sur les autres, il fallait que quelqu’un le fasse pour elle – et c’était son rôle. Quelque part au fond de lui, se tapissait discrètement la crainte qu’un jour, elle replonge. Qu’elle lui glisse entre les doigts et qu’il lui arrive à nouveau malheur, ce qu’il ne s’excuserait jamais.
Son éclat suivant vint lui hérisser l’échine, dans une contraction des poings évidente. « C'est mon taf de faire en sorte que tes conneries viennent pas tous nous foutre dans la merde ! » Il fit craquer sa mâchoire crispée avant de répondre, de cette intonation aussi neutre qu’impassible. « T’égare pas. J’vous ai jamais mis dans la merde et ça n’arrivera pas » Toujours sûr de lui, le grand russe aux prunelles sombres. Pourtant, sa sœur venait de mettre le doigt sur ce qu’il avait toujours craint : que ses emmerdes leur retombent dessus. Ce n’était pas impossible, c’était même déjà arrivé. La tombe de Lula était là pour lui rappeler chaque jour qu’il pouvait détruire la vie de ses proches en un claquement de doigts. Les parents de Lula ne lui avaient jamais pardonné, avaient même quitté la ville. Il était toujours sûr de lui, pourtant. Mais combien de temps avant que ça ne tombe sur l’un d’entre eux ?
Mila, pour commencer.
Mila, qui ne rentrera pas ce soir.
« Puis merde, tu sais très bien ce que j'pense de tout ça, alors si tu voulais pas que j'foute la merde, fallait pas m'demander de garder le bar. » Une esquisse se glissa sur ses lèvres et ses phalanges retrouvèrent leur couleur pâle naturelle, venant croiser les bras sur sa poitrine en attendant que la tempête ne s’éteigne complètement. Pour mieux reprendre, parce que la suivante allait être fatale. T’as raison, il ne dit rien, pensée muette qui lui aurait arraché la fierté. « J’t’ai demandé de le faire parce que t’es la plus responsable, ok ? » La plus sûre, celle qui gardait une part de conscience même si elle pouvait faire exploser le Smoking Dog pour une broutille. Dans la famille, elle était la moins pire de tous pour tenir un bar, et celle qui avait du temps libre quand Alek n’en avait pas. Malo savait reconnaître les atouts de chacun, et il espérait que la confiance qu’il mettait en Lena pour le remplacer, suffirait à compenser l’annonce de l’enlèvement de sa sœur. « Et c'était quoi, ton urgence ? » Voilà, le centre du problème.
La raison de son cœur fracassé dans sa poitrine affaissée.
Mila disparue, Mila entre la vie et la mort.
Il libéra ses bras dans un soupire et vint sortir un objet de sa poche, avant de le poser dans la main de sa sœur, silencieusement. Son regard accroché à son visage, priant pour qu’elle ne s’effondre pas. Dans la paume ouverte de Lena, le portable à la coque délurée de Mila, l’écran brisé à un endroit par sa chute sur le bitume. « Je l’ai trouvé par terre devant le café des artistes où elle va d’hab’ » Il voyait bien l’incompréhension dans les traits de sa sœur, le doute qui se faisait une place au fond de ses prunelles. « Lena, regarde-moi » Il attendit que son regard vienne percuter le sien pour s’y accrocher, venant poser une main sur son bras. Prêt à tout, encaisser le coup, la ramasser si elle chutait. « Ils ont enlevé Mila » Ils, ces détraqués responsables des multiples disparitions dans la ville – il n’avait plus aucun doute quant à leur responsabilité. « Je l’ai cherchée partout, je l’ai pas trouvée » Ses doigts s’enfoncèrent involontairement dans sa chair ; la frustration dans les mots les pensées, les miettes au fond de son âme. L’échec agonisant contre ses tempes. « J’suis désolé »
Désolé de ne pas être arrivé à temps.
Désolé de pas avoir pu la protéger.
Désolé pour tout.

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MessageSujet: Re: (intrigue) Highway to hell (Mana)   (intrigue) Highway to hell (Mana) EmptyMer 21 Mar - 22:05

Et malgré tout, ça lui arrache un sourire, cette confiance qu’il a en elle. Elle en est fière, suffisamment pour l’amadouer pendant quelques secondes. Parce que même si Lena râle, si elle grogne quand on lui demande quelque chose, elle agit toujours volontiers pour eux et réaliser que sa meute sait pouvoir compter sur elle lui réchauffe le cœur. Il y a cette certitude, celle qui s’est dégagée au fil des années passées, au fil des trahisons, des couteaux dans le dos, des coups durs et des coups bas, la certitude que Lena vit pour eux, pour les voir s’épanouir, pour les voir un jour heureux – ou plutôt, c’est l’espoir qu’elle nourrit, celui qu’un jour, les Ryjkov seront autre chose qu’une meute de loups blessés, celui qu’un jour, ils pourront à nouveau vivre et non survivre. C’est Malo qui l’inquiète le plus, d’ailleurs, Malo qui a déjà trop encaissé, qui a toujours dû prendre sur lui pour eux, Malo sur qui ils ont toujours compté, parce que même si Lena peut lui reprocher le contraire quand elle est énervée, elle sait bien qu’il fait tout pour les protéger, les protéger du monde et d’eux-mêmes. Alors parfois elle se dit que ce serait bien, si la vie arrêtait de s’acharner un peu sur lui, si elle lui laissait du répit pour qu’il puisse arrêter d’être en apnée.
Mais ça arrivera pas maintenant.
La russe comprend pas tout de suite – ou plutôt, elle refuse de comprendre. Elle regarde l’objet fracassé que son frère vient de déposer dans sa main et reconnaît de suite le portable de Mila. Pour autant, son cerveau refuse d’opérer les liens logiques entre ce qu’elle a dans les mains, l’urgence de son frère et ce qui se passe en ville. Ses sourcils se froncent, son cœur s’emballe.
Pas ça, pas ça, pas ça. Tout mais pas ça.
Et c’est pas possible que quelque chose soit arrivé. Ils ont déjà tous encaissé ; c’est assez, ils pourront pas subir plus, elle pourra pas subir plus.
La voix de son frère la pousse à le regarder, alors qu’elle veut pas, parce que si elle fait ça, elle sait que ça deviendra vrai, qu’il lui dira ce qu’elle veut pas entendre. Pourtant, la brune prend sur elle, le fixe, cœur sur le point d’exploser.
Et elle met quand même quelques secondes avant de réagir, les mots qui viennent la frapper,  mots qui ont pas de sens, qui restent en suspens. Chaque syllabe lui fait l’effet d’une balle, les mots qui s’ancrent dans sa chair et son âme, qui s’empare de ce qu’il reste de son cœur pour le briser toujours plus. « Quoi ? Non, c’est.. » Rien de plus ne franchit ses lèvres.
Ils ont enlevé Mila, ils ont enlevé Mila, ils ont enlevé Mila.
C’est comme une litanie sans fin, quelques mots qui se répètent encore, encore, encore, jusqu’à ce qu’elle réalise ce qu’ils impliquent, jusqu’à ce qu’elle réalise ce que Malo dit. Leur sœur arrachée à eux, leur sœur peut-être déjà morte. Et c’est cette éventualité qui l’achève, son palpitant qui loupe un battement alors qu’elle est prise de vertiges, qu’elle a en tête les images de sa cadette inerte au sol, dans une mare de sang, Mila torturée, Mila qui hurle leur nom, son nom, Mila qui appelle mais personne pour venir la sauver, Mila qui finira par crever sans que Lena ait pu l’en empêcher. Et elle dit rien, les informations qui font vriller son esprit dans tous les sens, les excuses de son frère en boucle dans sa tête, Malo qui apparaît alors comme le coupable idéal à blâmer, parce que c’est lui qui lui apporte la nouvelle. « Pourquoi tu m’as rien dit ? » L’accusation qu’il entend probablement pas, l’accusation trop faible, Lena qui se sent déjà vidée, Lena qui est rien sans sa fratrie et qui pourrait jamais survivre si l’un d’entre eux venait à mourir. Et elle aurait préféré que ce soit elle, aurait préféré se faire torturer encore et encore si ça signifiait que Mila était encore là, en vie, en bonne santé, près des siens, là où est sa place.
« Pourquoi tu m’as rien dit ? » Et cette fois, Malo l’entendra, la colère qui se mêle au désespoir, la colère comme seule source d’énergie, parce qu’elle carbure à ça, la russe, condensée de rage et de tristesse, mélange qui ne mène jamais à rien de bon. « On y serait allés à deux putain, on l’aurait trouvé, on l’aurait ramené et elle serait là avec nous si tu m’avais tout dit, elle serait là et elle irait bien. » Le ton monte alors qu’au fond elle se doute que c’était faux, que sa présence n’aurait rien changé. Son poing s’abat sur son torse alors qu’elle veut se défaire de son emprise, seul support qui lui empêche de s’écrouler. « Merde mais lâche moi ! On va y retourner et on va la trouver, elle est forcément pas loin, alors laisse moi aller la chercher Malo, faut que j’y aille. » Et ça n’a aucun sens, comme si le fait qu’elle y aille changerait quoi que ce soit, mais elle a besoin d’y croire.
Parce que son cœur menace de céder sous le poids de la disparition de Mila, choc de trop qu’il pourra jamais encaisser. Parce qu’elle est sur le poing de s’effondrer, Lena, larmes que Malo peut déjà voir dans son regard et qui menacent de se déverser à n’importe quel moment et qu’elle refuse toujours d’être faible, surtout maintenant alors qu’elle doit être forte ; elle le doit pour Mila.
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Malo Ryjkov

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MessageSujet: Re: (intrigue) Highway to hell (Mana)   (intrigue) Highway to hell (Mana) EmptySam 21 Avr - 22:28

Elle semblait satisfaite, Lena, face à la confiance qu’il plaçait en elle. Pas pour rien, c’était certainement la personne la plus digne de confiance dans leur équipe de bras cassés – sûrement parce qu’elle avait déjà trop encaissé, et c’était ce qui la rendait aussi authentique dans sa détermination de les maintenir à flots. Son cœur affaissé au fond de sa poitrine s’émietta un peu plus, à la pensée de ce qui l’attendait. Malo était toujours celui qui annonçait les mauvaises nouvelles, celui qui bouclait la boucle. C’était indéniablement sur ses épaules qu’incombait la charge d’annoncer une menace d’expulsion, un déficit dans la caisse, une disparition, un décès. Qu’importait le degré déplorable de la nouvelle et la difficulté avec laquelle elle pouvait prononcée, et entendue, elle était toujours profanée de ses lèvres. Aussi difficile qu’avait été d’annoncer à Nash que sa sœur avait quitté Savannah sans laisser de trace, et son impuissance face au désastre qu’il avait engendré à des kilomètres derrière des barreaux de faire ; ce qu’il devait apprendre à Lena était pire. Parce que cette fois-ci, il était question des siens de son sang de son âme.  
Il imagina l’effondrement au fond de ses prunelles avant même que les mots maudits n’aient été avoués. Lorsqu’elle considéra le portable, il ne perçut que trop facilement son trouble et son refus d’admettre la vérité encore silencieuse. Il avait déposé l’objet dans sa main et attendait la moindre réaction, autant à cran que lorsqu’il devait gérer une sale affaire. Mais c’était une sale affaire, celle-là aussi. C’était leur petite sœur qu’on avait emportée loin d’eux, c’était leur Mila solaire qu’on avait fait disparaître. Comme tous les autres avant elle, comme tous ceux qui suivraient. Mais il s’en foutait considérablement des autres, tout ce qui lui importait était la survie de sa famille. Il sentait bien la désagrégation de sa sœur au creux de son âme, comme si les liens du sang lui permettaient de ressentir la moindre des émotions de ses frères et sœurs. Plus il insistait, pesant sur ses paroles pour lui donner tous les éléments, plus il la sentait proche du précipice. Tout ce qu’il avait redouté, était indéniablement en train de se produire. Lorsqu’il lui intima de le regarder, sa main profondément accrochée à son bras, elle hésita quelques secondes. Il aurait aimé ne jamais avoir à affronter ce regard, pour rien au monde il aurait voulu être à cette place. Mais il le devait, autant pour lui, que pour elle. Que pour Alek, Isak et Dani. C’était son rôle, celui qu’il avait endossé dès que leur mère s’était fait la malle. Il n’avait pas attendu que leur père disparaisse à son tour pour tous les porter sur ses épaules. Ils étaient dans son ombre aussi bien qu’à ses côtés, mais il resterait toujours celui qui ferait le premier pas. Pour pallier les obstacles, encaisser les crachats de mauvaise fortune, s’écorcher la gueule pour que les autres puissent avancer en prenant le moins de coup possible. Ça ne leur plaisait pas toujours, mais Malo ne laisserait jamais aucun d’entre eux prendre sa place et les responsabilités qui allaient avec. Il était l’aîné, le qui de droit, et c’était ainsi, point. « Quoi ? Non, c’est.. » Le silence qui suivit fut plus accablant que les mots bredouillés, que l’hésitation au bout de ses doigts, que la compréhension sordide qui s’installait doucement dans ses veines.
Il n’osa pas imaginer tout ce qui lui traversa la tête à cet instant en dehors du temps, tout comme il n’osa pas la lâcher. Il appréhendait aussi bien la violence que l’effondrement, il n’était pas certain de la manière dont sa sœur allait réagir une fois que son corps aurait assimilé la nouvelle. Autant il était dévasté par la disparition de Mila, déjà pactisé avec le diable pour jurer la vengeance par le sang ; autant il était persuadé que ce serait pour sa sœur. Il était peut-être l’aîné, mais ce n’était pas lui qu’on réclamait pour la tendresse et l’amour. C’était Lena, celle qui était devenue la maman de tous. C’était Lena, qui les portait quand lui-même n’était pas là. Mila était la prunelle de ses yeux, et bien plus encore.  
Sa raison bataillait avec son cœur, aussi dérisoire que ça pouvait paraître. D’un côté, il fallait que Lena encaisse le coup, qu’elle tienne bon, avec cette force dont elle seule avait le secret. Pour maintenir la cohésion de la famille, pour que la fratrie ne s’effondre pas. Il avait confiance en chacun d’eux, mais les limites étaient humaines. Alors d’un autre côté, il se disait que ce n’était pas grave si elle ne pouvait pas y faire face pour l’instant, si elle avait besoin de temps, s’il fallait qu’il reste à ses côtés aussi longtemps qu’elle le voudrait, il les porterait tous seul si c’était nécessaire. « Pourquoi tu m’as rien dit ? » Ce fut à peine s’il l’entendit la première fois, souffle plaintif d’un cœur en lambeaux. C’était peut-être pour ça qu’il ne répondit pas tout de suite, pas certain de la question qu’elle lui avait posé, pas certain non plus de trouver les mots adéquats pour y répondre. Pourtant, lorsqu’elle insista une seconde fois, de manière plus brutale, il devait bien se rendre à l’évidence, ses questions et ses accusations muettes étaient légitimes. Même sa colère.
Mila n’était plus là.
Et elle avait laissé derrière elle, de la rage et des larmes.
Ses doigts toujours sur son épiderme, Malo dévisagea sa sœur en attendant le déversement de la tempête. Sans pour autant prendre la peine de lui répondre, pas pour l’instant. Seulement son impassibilité offerte à la marée comme une ancre dans l’orage, seulement son regard pour l’envelopper de sa force polaire, de son amour fraternel. « On y serait allés à deux putain, on l’aurait trouvé, on l’aurait ramené et elle serait là avec nous si tu m’avais tout dit, elle serait là et elle irait bien. » Il contracta la mâchoire, les plis de son front se dessinant dans la contrariété, dans l’excuse. Ils savaient aussi bien l’un que l’autre que seul ou à deux, ou même à plusieurs, rien n’aurait changé la donne. Peut-être que Lena s’y serait pris autrement, qu’elle n’aurait pas agressé les passants, qu’on ne l’aurait pas menacée d’appeler les flics à cause de son tapage. Mais rien n’était moins sûr, quelque part au fond de lui il était certain qu’elle aurait réagi exactement de la même manière que la sienne devant cette indifférence générale. De la même violence, dans le même esclandre. Il ne recula pas sous le coup qu’elle lui porta, ne l’intercepta même pas. Lena pouvait bien le frapper autant qu’elle le voudrait, il la laisserait faire. « Merde mais lâche moi ! On va y retourner et on va la trouver, elle est forcément pas loin, alors laisse moi aller la chercher Malo, faut que j’y aille. » « Non. » simple, implacable. Il l’attira contre son torse, l’enfermant entre ses bras. Comme lorsqu’ils étaient enfants, qu’il la prenait dans ses bras pour la protéger du monde extérieur, des autres, et de tout l’univers. Il l’étreignit contre lui de sa force brute, lui murmurant doucement que tout irait bien, douceur de leur langue maternelle pour apporter un premier baume à la plaie. Il avait aperçu les larmes au bord des cils, il avait perçu son corps au bord de la rupture. Elle ne tomberait pas, plus jamais. Pas tant qu’il était là, pas tant qu’il se tiendrait à ses côtés. Si elle chutait, alors il irait la chercher, mais il ne la laisserait jamais à terre. « On va retrouver Mila, vivante. J’te l’promets. » Juré craché Lena, si j’mens, tu pourras m’faire la peau. On, pas lui. S’il avait le goût du sang sur le palais à l’égard de agresseurs de leur petite sœur, il n’excluait personne. S’il voulait porter le fardeau seul, il le ferait, comme toujours. Mais les autres avaient également leur place dans cette traque. « Ça sert à rien d’retourner là-bas. J’ai rien trouvé, personne n’a rien vu. Y a pas d’trace, pas d’témoin. » Il fallait qu’elle le comprenne, qu’elle l’accepte, aussi difficile que ça pouvait être à entendre. Son regard s’assombrit en repensant à l’indifférence générale dans laquelle Mila s’était volatilisée, alors que seule l’amie qui devait la rejoindre s’était inquiétée de sa disparition. Il les aurait bien étripés un à un, leur arrachant une sœur une mère un mari, n’importe qui pour les mettre dans la même détresse à leur tour, mais ça n’aurait rien changé. Rien avancé.
Le mal était fait, et la population ingrate.
« Il faut qu’on soit plus intelligent qu’ceux qui ont fait ça. » La nature de l’alpha reprenait déjà sa place, parce qu’il n’avait plus de temps à perdre. Malo agissait en conséquence, échafaudait déjà le plan. Celui que les Ryjkov devraient suivre pour ne pas s’éparpiller, pour ne pas se déchirer dans l’absence de la petite dernière. « Il faut qu’on soit organisé » sinon on y arrivera pas. Il s’écarta d’elle pour lui rendre un peu d’espace, pour qu’elle puisse respirer et assimiler. « On va devoir signaler son enlèvement à la police. » Il n’avait aucune foi dans les forces de l’ordre, pas après avoir passé trop de temps derrière les barreaux. Pas après qu’aucune justice n’ait été faite pour Lula. Mais c’était une précaution nécessaire, et il fallait mettre toutes les chances de leur côté. « On va quadriller l’quartier. Puis l’suivant. Jusqu’à c’qu’on ait fait toute la ville. J’en ai rien à branler qu’ça soit nous cinq contre l’reste du monde, on va la retrouver. »
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MessageSujet: Re: (intrigue) Highway to hell (Mana)   (intrigue) Highway to hell (Mana) EmptySam 5 Mai - 23:34

La vie était plus censée lui prendre quoi que ce soit. On lui a déjà trop pris à Lena, futur arraché trop tôt, espoir envolé avant l’heure. Elle a tout encaissé en continuant d’avancer grâce au refuge qu’elle trouvait auprès des siens. Parce que ça l’aide à tenir, de les aider, de les voir grandir, d’être une béquille sur laquelle s’appuyer en cas de faiblesse. On lui a trop pris et c’était censé s’arrêter. Combien de coups une personne peut encaisser avant d’être finir au sol, terrassée ? Combien de fois on peut avoir le souffle coupé sous le poids d’une mauvaise nouvelle avant de suffoquer jusqu’à en crever ? Comment on fait pour se remettre d’une blessure quand une autre s’ouvre juste à côté ? Elle a jamais eu les réponses à toutes ces questions, Lena, mais ce qu’elle savait, c’est qu’elle était proche du point de saturation, proche du coup fatal qui l’amènerait à rendre les armes.
Pourtant ça s’arrête pas et aujourd’hui, c’est Mila qui lui prend. On lui prend Mila et elle trouve rien de mieux à faire que reporter la responsabilité sur Malo. Malo qui a seulement eu le malheur de lui apporter la nouvelle qui renverse tout. Malo qui a jamais rien fait que les protéger, mais c’est quand même plus simple de le blâmer que d’accepter que Mila soit plus là sans qu’ils aient pu faire quoi que ce soit pour l’en empêcher. Malo qui, malgré la situation et ses accusations, sait toujours quoi faire, sait comment agir pour l’apaiser et pour dompter la bête qui gronde en elle. Pourtant elle se débat, Lena, refuse d’être perçue comme faible, même auprès de sa famille. Pourtant elle finit par abdiquer, par trouver refuge dans ces bras qui l’ont toujours soutenu et consolé. La Russie déborde des lèvres de son aîné alors même que des larmes perlent aux coins de ses yeux pour se frayer un passage sur ses joues. Elle pleure rarement, Lena. Elle a toujours préféré intérioriser ce qu’elle ressent ou, au contraire, l’exprimer en explosant dans un raz-de-marée de violence. Et si aujourd’hui elle pleure, c’est pas à cause de son cœur brisé. C’est plutôt parce qu’elle a peur. Peur de jamais revoir Mila, peur d’être impuissante. L’impuissance qu’elle peine à accepter quand son frère lui explique que retourner sur les lieux de la disparition est vain. Mâchoire qui se serre mais la brune hoche la tête, bien que l’aîné n’a probablement rien remarqué.

Son cœur va toujours mal mais Malo a promis, alors la tempête s’apaise. Parce qu’il a toujours tenu ses promesses alors elle le croit, aveuglément. Les pleurs cessent alors qu’elle l’écoute, que la soif de vengeance remplace le désespoir.  Elle suivra ce que le brun lui dit religieusement, a une confiance totale en lui pour gérer la situation. La russe grince des dents à l’idée de faire intervenir la police – mais elle comprend. Elle s’écarte, lui tourne le dos alors qu’elle essaye de digérer tout ça, de réfléchir à la meilleure façon de procéder. Elle passe ses mains dans ses cheveux, vision encore floue après les larmes versées. « Ok. » Rien de plus, syllabe qui exprime son accord alors qu’elle efface d’un revers de la main les traces de larmes sur ses joues pales. Sa respiration se fait plus régulière. L’angoisse est toujours là mais elle a en tête l’image de sa sœur et pour elle, elle doit se reprendre. « Ok. » qu’elle répète, plus à elle-même qu’à Malo. Elle se tourne vers son frère, l’air enragé, bête prête à aller chasser pour ramener la pièce manquante de la meute. « J’vais aller voir les flics. » Non pas que l’idée l’enchante. Elle les a jamais apprécié mais il est hors de question que Malo endure ça, qu’il doive les côtoyer alors même qu’ils l’ont envoyé derrière des barreaux, loin d’eux. « Et toi, tu dois le dire aux autres. » Pendant un instant, elle envie l’ignorance dans laquelle ses frères sont encore, persuadés qu’ils sont qu’ils vont tous bien, que rien ne viendra troubler l’équilibre familial – puis elle se rappelle du choc qu’ils vont subir, le choc qu’elle a elle-même toujours pas digéré. Si elle fait mine de garder la tête froide, c’est parce que Malo est là, et c’est aussi pour eux, pour Mila. Elle fait quelques pas alors que ses mains tremblent encore, tristesse et colère qui se mélangent. « Faut l’dire à Alek d’abord, d’accord ? Il pourra reprendre son calme plus rapidement et t’aider à canaliser Dani et Isak après, pour pas qu'ils fassent n'importe quoi.» Comme moi j'l'aurais fait si t'avais pas été là. Et elle déteste le fait que Malo soit celui qui doive leur annoncer à tous, alors même qu’il vient déjà d’essuyer une première tempête. Elle est même pas sûre de pouvoir le faire, Lena, ne sait même pas si elle serait assez forte pour ça. « Avant d’rentrer, j’irais faire imprimer des affiches avec sa photo. » Et Lena compte bien faire en sorte que chaque habitant de cette foutue ville regarde ces affiches – si un seul l’ignore, elle fera en sorte de l’effrayer suffisamment pour qu’il fixe la photo de sa sœur assez longtemps pour se souvenir de son visage à la perfection. L’hésitation la traverse, elle baisse un peu les yeux. « Je… Merci Malo. » Merci d’m’aider à garder la tête froide, merci de rester toi quand moi j’arrive même pas à être moi, merci d’toujours nous tirer des emmerdes qui nous tombent dessus, encore et encore.
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