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 I'm no shooting star, just a burning heart (peadar)

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Jael Feliciano

Jael Feliciano
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MessageSujet: I'm no shooting star, just a burning heart (peadar)   I'm no shooting star, just a burning heart (peadar) EmptyVen 9 Fév - 15:03

Je sais plus à quel moment le manque s’est fait sentir. Comme un poignard entre les côtes, se réveiller la nuit sans vraiment savoir où je suis. Perdue. Paumée. Pas chez moi tout ça. Ca ne le sera jamais. Je sais plus à quel moment le manque s’est fait sentir. Peut être un midi entre deux tentatives ratées de cuisiner, quand je me suis rendu compte que je savais pas déboucher un évier, quand la tache de peinture sur le tapis refusait de partir. Je sais pas. Mais c’est comme un creux dans l’âme, une fissure qui s’agrandi un peu plus chaque jour, chaque minute. Tout qui tourne un peu trop vite, m’échappe sans que je sache vraiment comment tout raccommoder. Y a les prénoms qui se mélangent, les sentiments aussi, des visites sur une tombe trop sobre, deux tombes, trois tombes. Même cimetière, même terre, c’est putain d’ironique. Je sais pas.
J’essaye de me persuader que c’est pas si mal que  ça finalement, que je suis grande, indépendante, noyée au milieu des cadavres de plats à emporter, boites éventrées dans la cuisine, bouteilles renversées et toutes les fringues qui attendent d’être lavées. Désastre ambulant. J’ai cru pouvoir être grande, adulte. Adulte. Dix huit ans déjà, parfois plus quand je fais semblant, quand je mets des jupes trop courtes, des talons trop hauts, que je peins mes lèvres trop en rouge. Dix huit ans et l’envie d’en avoir dix de moins, la responsabilité trop lourde. Puis le vide aussi.
C’est pas si mauvais que ça. Parce qu’il y a certaines choses qui se réparent, y a Merle et moi, y a le cœur qui bat trop fort, mais ça fait plus mal. Y a certaines choses qui naissent aussi, y a Mihail et moi, y a le cœur qui bat trop fort et le sourire qui s’accroche. Pas fonctionnel pour deux sous mon palpitant, comme si le combler avec des visages différents ça pouvait changer quelque chose. Puis y a lui. Et ce manque. Qui se fait sentir.
Ce manque dans la nuit, de me blottir contre lui comme une gamine, l’entendre rouspéter parce que j’ai pas refermé le paquet de céréale, parce que y a Tinks qu’a laissé trainé ses chaussettes, parce que Nibs a mangé le dernier gâteau dans le paquet. Ca me manque même le jour, de pas poser mes yeux sur lui, sur son visage un peu trop fatigué, mais lui qui continue à avancer, encore, foutu roc inébranlable.
Il me manque. Ce qu’on rate tous les deux, les tâtonnements, le fait de se mentir parce que c’est plus facile comme ça. Il me manque, les engueulades, les insultes, les punitions. Il me manque, les rires, les caresses, les surprises. Il me manque. Il me manque. Il me manque. J’étouffe.

Silencieuse, c’est la clé dans la serrure, faire grincer la porte parce que soudain j’ai plus l’habitude. Me faufiler sans bruit, comme une souris, c’est un peu raté et l’impression d’être un putain d’éléphant qui marche sur le parquet. Tant pis. Les chaussures que je range sagement dans l’entrée, pour une fois il criera pas là-dessus. J’espère qu’il appréciera l’effort. A cette heure ci y a tout le monde qui dors, alors je me dirige vers la cuisine, allume la lumière et referme la porte derrière moi tout doucement avant de me débarrasser de mon manteau, mon écharpe, l’impression de peser dix kilos de moins. Curieuse j’inspecte autour de moi, je sais pas vraiment ce à quoi je m’attendais mais y a rien qui a changé. Ptêtre une différente marque de céréale, pas la même que celle que je réclame tout le temps. Ptêtre aussi une nouvelle tasse, je sais pas, je farfouille un peu, allume la cafetière et ouvre le frigo, sors les restes. J’ai mon ventre qui gronde. Un mois à bouffer que de la merde ça creuse, ça rend tout de suite un brocoli totalement séduisant. Dire que je déteste ça normalement. Et je m’installe, comme avant, à ma place, en tailleur sur ma chaise attitrée, tasse fumante à côté de moi pendant que je prend même pas la peine d’utiliser des couverts, avec les doigts c’est toujours meilleur de toute façon.
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MessageSujet: Re: I'm no shooting star, just a burning heart (peadar)   I'm no shooting star, just a burning heart (peadar) EmptyVen 9 Fév - 17:43

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Une gamine parmi tant d’autres qui sont passées chez toi fait sa valise et tu te retrouves incapable de tourner en rond. C’est ridicule, c’est puéril, tu n’es plus un adolescent qui s’écroule quand les vacances d’été sont finies et les amours ensoleillées parties. Tu le sais pourtant, que tout le monde s’en va, même toi t’as pris la tangente et laissé derrière toi une famille entière qui, à un continent de là, a dû faire son deuil. Pourtant alors que tu es le premier fautif c’est la chose à laquelle tu n’as jamais réussi à te faire. A chacun qui arrive tu t’accroches, les enchaînes comme tu le peux dans l’espoir que celui-ci ne partira pas, que ce sera un départ de moins dans ta vie, qu’on ne t’oubliera pas. Tu ne veux pas être de ces visages dont on se souvient vaguement, de ceux qu’on a connus autrefois. Tu te fais donjon, et tu deviens la raison pour laquelle ils veulent fuir, cercle vicieux. Vaincu, tu finis toujours par lâcher prise. Et ce sont leurs visages qui rejoignent tes anciennes connaissances. Mais pas elle, bordel, pas elle. Et pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle a de différent des autres ? Rien que tu n’arrives réellement à comprendre. Au premier jour elle a saupoudré ton cœur de poussière de fait et depuis elle a été impossible à écarter de ta vie. Il n’y a pas besoin de justification. Jael c’est l’enfant des nébuleuses et pour elle tu irais explorer les recoins des galaxies les plus lointaines, toi qui n’a pourtant jamais connu que deux villes. Son absence c’est un trou noir implanté dans ta poitrine, qui grandit chaque jour, qui avale tout. Juste une gamine qui prend la route et les engrenages déraillent.
Tu as écumé les ruelles, les bars, les fêtes, les musées, envoyé des messages à toutes tes sources. Mais parfois il est difficile de chercher ceux qui ne veulent pas être trouvés. Et surtout, l’imprévisible ne se traque pas. La routine finit toujours par payer mais ceux qui vivent hors du système, qui sortent à n’importe quelle heure, vont là où le vent leur plaît, deviennent insaisissables. Peut-être qu’elle est à deux rues d’ici. Peut-être qu’elle est à l’autre bout du pays. Peut-être qu’elle est au Népal, en Suisse, en Afrique du Sud, peut-être qu’elle a trouvé l’El Dorado, peut-être qu’elle est retournée vers ses étoiles brûlantes où elle est née. Tu peux remuer ciel et terre sans trouver le moindre signe de son existence. Un parfum ici, l’impression de la reconnaître dans une crinière blonde, un rire qui semble un instant familier. Le vide.
Tu peux courir à l’infini, à la poursuite du bonheur, la Terre est ronde, autant l’attendre ici.

Cette nuit c’est tenter de revenir à une vie normale, comme tous les jours où t’essaies d’oublier ta quête effrénée. Tu ne tournes plus rond mais le monde lui, continue sa course et les autres ont besoin de toi. Tu as besoin de toi. De vivre comme si de rien n’était. Pendant quelques semaines le moindre bruit te réveillait la nuit et un instant l’espoir naissait. Est-ce que c’est elle ? C’est sûr, c’est sûr, cette fois c’est elle tu l’as entendue. Mais rien. La sensation a disparu. Maintenant un bruit c’est un bruit. Mais tu te réveilles quand même, détectant un intrus dans la cuisine. Premier pari : Jordie, qui passe son temps à bouffer, n’a pas résisté. Deuxième option : Lex rentre de soirée et les vapeurs d’alcool le poussent vers le frigo. Troisième éventualité : Nibs pique ce qui est encore bon avant que quelqu’un d’autre ne le fasse.
Finalement c’est le miracle, l’impossible. Un mirage sans doute. Mais l’illusion perdure, la silhouette ne disparaît pas, elle est là. Aussi surnaturelle qu’au premier jour, posée comme un improbable pantin sur la chaise de cuisine, dans les yeux l’air d’être partie hier, d’être juste sortie prendre l’air. Il y a quelques battements de ton cœur qui oublient de faire leur boulot. Tu restes figé à l’entrée de la cuisine. T’y crois pas, tu refermes la porte devant toi, poses le front contre le battant. Un instant pour reprendre ton souffle, pour ravaler la terreur et le bonheur, essayer d’intégrer la nouvelle. Tu rouvres la porte à la volée, plante tes yeux droit dans les siens sans lui laisser d’échappatoire. « Where were you? The fuck is wrong with ya, leavin’ like that? » Dans tes mots que du fiel, un soupçon de rage pour une bonne recette de rancune.
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MessageSujet: Re: I'm no shooting star, just a burning heart (peadar)   I'm no shooting star, just a burning heart (peadar) EmptyVen 9 Fév - 20:02

C’est la porte qui s’ouvre. Grincement presque trop discret, juste de quoi me sortir la tête de mes pensées, avaler de travers un morceau de tarte tourner la tête comme un animal pris au piège pour voir qui va entrer, savoir si je dois détaler le plus vite possible ou tranquillement continuer à manger.
Bien sur c’est ni la solution A, ni la solution B.
Non. C’est plutôt le souffle qui se coupe quand c’est lui qui ouvre la porte. C’est plutôt manquer de m’étouffer, la panique qui grimpe d’un coup quand je croise son regard, trop vite, puis la porte qui se referme. Silence.
J’oscille.
Les yeux rivés sur la porte, je retiens ma respiration, guettant le moindre bruit, la moindre réaction de sa part. Est-ce qu’il va juste m’ignorer ? refermer la porte, partir dans sa chambre, fermer à clé ? Est-ce qu’il va vraiment faire ça ? Au fond de moi y a une part de mon esprit qui hurle, qui feule, qui veut plus, des mots, des gestes, parce que notre dernier échange remonte à trop loin, à l’impact des balles dans mon ventre, l’impression de me vider de mon sang sur le plancher.
Puis la porte qui s’ouvre de nouveau. Plus qu’un visage entraperçut dans l’embrasure, je le dévisage, avale difficilement parce qu’il y a quelque chose qui brule dans son regard, ses yeux qui refusent de me lacher, et je n’ose même pas baisser la tête. Where were you? The fuck is wrong with ya, leavin’ like that? Ouais. Je sais pas. C’est drôle putain, ça sonne douloureux, parce que quelque part je comprends ce qu’il ressent. Disparaitre sans rien dire, disparaitre et me terrer quelque part. Je vois où j’ai appuyé, où j’ai enfoncé ma lame. J’ai merdé, alors qu’il n’avait rien fait. Rien du tout pour mériter tout ça. J’ai merdé, j’ai déconné, je lui ai fait mal. Et je me déteste. Assumer les conséquences, j’y arrive pas, ça a comme un goût usé dans la bouche, je panique un instant, respire, inspire, cherche mes mots.  « Je » ouais vas y Jael. Tu commence bien putain.  « Pardon »  murmuré tout bas, alors que j’arrive enfin à dévier le regard, me libérer un peu. Juste un peu. Parce qu’il est partout, où que je regarde, où que je pose mes yeux il est là. Il prend trop de place. Encore plus qu’avant. Je lutte pour ne pas me lever, me jeter dans ses bras, prendre ma dose de lui comme la foutue accro que je suis. « Je voulais pas » non vraiment promis. « Je me suis perdue » un peu, beaucoup, dans les dédales de la ville, de la vie.  « Et après j’avais peur de rentrer »  faire comme si rien ne s’était passé. Noël toute seule, sans eux à ses côtés. Premier nouvel an, avec d’autres gens, soirées déchirées, passées à moitié défoncée dans un coin de canapé. « Je suis désolé Peadar »  vraiment vraiment vraiment vraiment. « je savais plus quoi faire tu sais »  parce que c’est comme ça, incapable de retrouver mon chemin, Petit Poucet pas très doué. Je voudrais disparaitre, qu’il arrête de me regarder comme ça. C’est trop dur, ça fait mal, juste là, dans la poitrine, comme un poids.
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MessageSujet: Re: I'm no shooting star, just a burning heart (peadar)   I'm no shooting star, just a burning heart (peadar) EmptyVen 9 Fév - 20:55

Elle n’a pas le droit de revenir, de se poser comme une fleur, d’arriver en valsant, à peine fatiguée d’une nuit un peu trop courte, de reprendre là où elle s’était arrêtée. C’est injuste. T’aurais l’air de quoi si tu ne lui disais rien, que tu l’accueillais à bras ouverts en lui pardonnant tout ? C’est une faiblesse que tu ne t’autoriseras pas. Orgueil uniquement, mâtiné de revanche. Pour chaque minute de doute, chaque heure de recherche, chaque nuit d’angoisse, tu veux qu’elle comprenne le gouffre dans lequel elle t’a poussé. Jael elle revient toujours, tu le savais, tu l’as toujours su, mais juste cette fois-là tu as arrêté d’y croire. Et la perte de foi est le pire des enfers, le plus profond des poignards, le plus virulent des poisons. Jael revient toujours, ils te l’ont tous soutenu mais jour après jour le doute insupportable t’a corrompu jusqu’à-ce que ce ne soit plus qu’un mensonge. Un mois et demi c’est rien. Un mois et demi c’est une éternité d’incertitude et d’abandon. Et pourtant ta rage aussi est injuste, dans cette bataille où vous avez tous deux tort. Ce n’est pas vraiment une adulte la Wendy, à peine ; elle n’a fait que prendre la fuite un temps pour survivre à tous ses malheurs, ce n’est pas une trahison, c’est un instinct. On n’a pas vraiment conscience de ces choses-là à cet âge, non ? Trahison néanmoins. Elle t’avait fait promettre de ne jamais la quitter et tu n’as jamais pensé que, peut-être, tu aurais dû lui demander la même chose.
« Pardon. » Elle passe sa vie à s’excuser sans jamais changer ses actions. La sincérité ne suffit pas, il y a un jour où les excuses n’arrivent plus à couvrir et réparer les erreurs. Un ‘pardon’ ne te rendra pas tes nuits sans sommeil. « Je voulais pas. » T’y crois pas ça. Ce n’est pas tant le choix de partir qu’elle a pris, c’est le choix conscient, chaque soir, de ne pas rentrer à la maison. La décision de laisser chaque appel sonner dans le vide, chaque sms sans réponse. Elle l’a voulu ça, ça lui a pris un peu d’énergie à chaque fois, mais visiblement ça ne lui a pas coûté grand-chose. « Je me suis perdue. » Mais toi tu aurais pu la prendre par la main, la guider dans ce labyrinthe épuisant. Tu sais bien qu’il n’y a pas besoin d’aller loin pour se perdre, il suffit de s’être retrouvé sans futur en perspective pour soudain se mettre à errer, à tourner en rond sur les mêmes autoroutes meurtrières. « Et après j’avais peur de rentrer. » Peur de toi ? Peur de cette déception dans tes iris ? Avant quand elle avait peur elle courait vers toi. Et ta mâchoire qui se crispe, d’être devenu peut-être le Capitaine Crochet, de l’avoir poussée sur la planche vers ces eaux infestées de crocodiles. « Je suis désolée Peadar. » Toi aussi, mais tu en as marre d’écouter des excuses, elles glissent sur ta peau comme autant de larmes. « Je savais plus quoi faire tu sais. » Comme si qui que ce soit avait la moindre idée de ce qu’ils devaient faire, alors que chacun vit au jour le jour, surpris chaque matin d’être encore là pour voir ce monde. Tu restes une forteresse face à ses troubles, enfermé dans ta propre douleur.

« Not this. Anything but not this. » Tu croises les bras comme pour te défendre, pour éviter de les lui ouvrir et de tout oublier, de retomber droit dans le piège. « You have any fucking idea what it felt like ? » Bien sûr que non, elle était du bon côté des nuages, elle était là où le soleil survit toujours malgré le froid, au-dessus des orages et des naufrages. « I thought you were gone. » Sur une autre planète, pour toujours, vers de meilleurs horizons où tu n’aurais pas été. « For a moment I thought you were dead. » Bien trop proche, juste un peu plus bas, juste un peu trop loin pour que tu puisses jamais l’atteindre à nouveau. Tu as déjà perdu trop de gens. Pas elle.
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MessageSujet: Re: I'm no shooting star, just a burning heart (peadar)   I'm no shooting star, just a burning heart (peadar) EmptyLun 26 Fév - 0:54

C’est un mur contre lequel je me fracasse. La chute fait mal, je sentirais presque mes os craquer quand il croise les bras, la façon dont il me regarde. Not this. Anything but not this. Je grimace, voudrais continuer à m’excuser encore et toujours, mais je sens bien que cette fois ci ça ne me sortira pas de mes problèmes. Non. Cette fois ci il ne suffira pas d’un petit sourire désolé, de larmes versées à moitié, d’excuses bafouillées les bras tendus. Non. Pas cette fois. Je le sens dans sa voix. You have any fucking idea what it felt like ? Etrangement j’ai envie de répondre oui. Oui. J’ai une petite idée. J’ai une petite de ce que ça fait de se faire abandonner comme ça, persuadé que les autres ne reviendront pas. Plus jamais. Avec mon père, avec Merle, avec tous ceux qui sont venus et repartis. Je grince des dents. I thought you were gone. La façon dont il le dit me renvoi en arrière, moi en larmes dans la boutique de fringue, Merle au sol. Finalement je ne suis qu’une putain d’hypocrite. Ouais, voilà. Hypocrite. Depuis le temps que le mot me tourne sur la langue. « Peadar » je commence un peu, avance comme pour lui montrer que j’ai autre chose à dire mais déjà il me coupe, reprend la parole et ça me cloue le bec. Je ferme la bouche, ravale mes mots. Encore une fois. C’est peut être mieux comme ça. For a moment I thought you were dead. « Et pendant un moment moi aussi » ça m’échappe. Je relève la tête pour le dévisage, avance encore un peu pour combler la distance. Parce que ça fait mal. Terriblement. Qu’il soit si proche et pourtant si distant. « Crois moi Peadar, j’ai une petite idée de ce que ça fait » et surement qu’il le sait. C’est lui qui m’a récupéré quand Merle a tout simplement arrêté de répondre aux messages, quand j’ai fondu en larmes parce qu’il y avait du vide à sa place habituelle. Parce que c’est lui aussi qui m’a récupéré quand ils sont venus m’annoncer pour la mort de Jedediah, quand j’ai cru que le sol s’ouvrait pour m’avaler. Je me sens soudain un peu trop lucide maintenant, comme si j’avais enlevé toute la brume qui m’obscurcit la vue, je tends la main, hésitante avant d’essayer d’attraper la sienne, glisser mes doigts entre les siens crispés, essayé de me faire une petite place, à nouveau. « Je savais plus quoi faire. J’ai cru que je survivrais pas. Je pouvais juste plus rester là » ici, avec lui, avec eux, dans ce putain d’appart qui me rappelle en boucle toutes les saloperies qui me sont arrivées. L’appartement de mon père aussi, mais étrangement y a comme un sentiment d’apaisement quand je vais là bas, allongée sur la moquette à regarder le plafond, le lustre qui tangue, bercé par le vent. « Tu peux pas m’en vouloir pour ça. S’il te plais. T’as pas le droit » comme un murmure dans la voix, une supplique dans le regard. Je veux qu’il tourne la tête, qu’il me regarde moi, juste moi. Je veux qu’il comprenne à quel point j’ai du me battre, à quel point ça été dur de revenir ici. De pas rester là bas, pour l’éternité, me laisser dépérir sur ce foutu canapé. « Peadar regarde moi » la main sur la joue, j’hésite un peu avant de la poser complètement, caresse du bout du pouce, y a comme un putain de besoin qu’il me dise que ça va. Ca ira. C’est pas grave tout ça. Alors j’attends, le cœur qui bat trop vite, trop fort. Bon sang ce que ça fait mal.
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MessageSujet: Re: I'm no shooting star, just a burning heart (peadar)   I'm no shooting star, just a burning heart (peadar) EmptySam 10 Mar - 3:06

« Peadar. » Non, elle n’a plus le droit. Plus le droit de te rappeler à elle de cette voix douce, de cette supplication dans ton nom. Elle n’a plus le droit de te raisonner comme si tu lui appartenais encore, parce que de toute façon ça n’a jamais été le cas, non ? Et tu secoues la tête, tu refuses d’écouter, tu t’enfonces dans ta rengaine, dans tes terreurs. La faire culpabiliser ne changera rien mais peut-être que bien égoïstement ça aidera ton cœur. Parce qu’elle était passée d’un côté où tu ne savais pas comment la suivre. « Et pendant un moment moi aussi. » A vrai dire il est possible qu’elle se soit crue plus morte que toi. Après tout, tu avais bien reçu son message de Noël, ce poignard dans le cœur ou bien dans le dos, rappelant qu’elle avait choisi de vous quitter, de te quitter. Finalement, tu ne pouvais pas réellement ignorer la réalité. « Crois moi Peadar, j’ai une petite idée de ce que ça fait. » Comme chaque personne qui vit ici ou n’y fais qu’un passage, parce que vous êtes des laissés pour compte que quelqu’un a jetés au bord de la route et que personne ne veut prendre en stop. Enfin, tu l’étais, maintenant tu es censé être celui qui conduit. Vous devriez tous comprendre, vous ne devriez jamais vous faire ça les uns aux autres, comme des rats qui se déchirent plutôt que de faire face au reste du monde. Vous ne devriez jamais ; pourtant continuellement il en faut un pour panser les griffures laissées par l’abandon d’un troisième. « That makes it even worse. » Avoir goûté à l’agonie du départ et l’infliger en toute conscience à ceux qui croyaient vous être chers, un crime d’une cruauté qui te dépasse. Ignorer sa douleur, lui cracher à la gueule l’acide qui te ronge les intestins, refuser d’entendre. « Je savais plus quoi faire. J’ai cru que je survivrais pas. Je pouvais juste plus rester là. » Quand la vague a menacé de la submergé elle a choisi de nager dans la direction opposée à la bouée, c’est tout ce que tu comprends, problème de communication impossible à résoudre, de mondes et de conceptions qui s’affrontent. Tu ignores sa tentative de contact, refuses de laisser la fraîcheur de ses doigts sur les tiens laisser une marque dans tes sentiers nerveux. « Tu peux pas m’en vouloir pour ça. S’il te plait. T’as pas le droit. » Ton corps entier qui se rigidifie, tes yeux qui fixent résolument le mur d’à côté pour ne pas lui accorder le moindre regard, la moindre compassion. Elle n’a pas le droit. C’est elle qui a tout arraché en partant, elle ne peut pas soudainement décider que tout va bien et que tout sera pardonné. Quand sa main se pose sur ta joue tes lèvres tremblent, de rage, de frustration, de désespoir. « Peadar regarde moi. » Elle a pas le droit putain, de te parler comme si elle était encore en train de te rafistoler alors que chaque coupure a été infligée par sa main. Alors tu lui donnes ce qu’elle veut. Tu la regardes droit dans les yeux. Les larmes qui perlent sont de fureur et il n’y a qu’un nœud de rancœur qui transparaît dans le vert de tes iris. Elle n’a pas le droit, elle. « I have all the fucking rights in the world. » C’est ton tour de déchirer, de te venger, de rappeler, si elle l’a oublié, que si un de vous commande ce sera toujours toi parce que t’en as fait du chemin pour arriver ici et t’as gagné le droit de ne plus jamais pardonner les abandons. « I hate you. » Il n’y a pas le moindre mensonge, pas la moindre hésitation dans cette sécheresse. Etonnant alors que tout ceci batte étrangement comme une déclaration d’amour. Ta tête dit une chose, ton corps une autre et au lieu de fuir, de lui rendre la pareille comme elle le mériterait, tu la prends dans tes bras comme un ouragan, serrant sans doute trop fort cette gamine qui semble trop fragile. Et la tête enfouie dans ses cheveux, la rengaine ne change pas. « God I hate you. »
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MessageSujet: Re: I'm no shooting star, just a burning heart (peadar)   I'm no shooting star, just a burning heart (peadar) EmptySam 10 Mar - 14:58

That makes it even worse. Oui surement que c’est encore pire, que c’est totalement hypocrite, que je devrais savoir à quel point ça fait mal de laisser les autres sur le pavé. Mais y a comme une peur en moi, l’idée de ne pas être suffisante pour lui, que mon absence ne laisse qu’un trou de serrure dans son cœur et non un maëlstrom. Tu seras jamais assez bien Jael, des mots imprimés dans mon squelette, tout au long des années. Alors oui, surement que c’est encore pire, mais j’arrive pas à me dire que je le blesse autant, et pourtant c’est bien là, dans la façon qu’il a de se tendre, d’éviter mes yeux, comme un grondement dans la poitrine qui annonce la tempête.
Je lui ai fait mal.
Et ça me déchire le cœur. Quand le constat se fait, quand je comprends qu’il y a autre quelque chose de cassé, que j’ai moi-même piétiné. Tout mais pas ça je voudrais hurler, le forcer à me regarder, le forcer à le faire dire que ça ira, que c’est rien, qu’on s’en remettra. Même si ce ne sont que des mensonges. Ses mensonges à lui valent mieux que tout le reste, que tous les autres. Mais même là y a pas les mots, y a plus rien, juste du silence face à mes paroles. Et ça fait peur.
I have all the fucking rights in the world. Son regard, ses yeux, il pleure. Vraiment ? J’ai tout cases. Tout. Je sens mes lèvres trembler. Je ne pleurerais pas. Pourtant là tout de suite j’ai l’impression d’étouffer. Dernière parcelle d’oxygène, il est entrain de la brûler, comme un feu qui s’étend trop rapidement. « Peadar » ma voix ridicule, je me sens rentrer la tête dans les épaules, chercher quelque chose à quoi m’accrocher, je suis même prête à le supplier. S’il te plait, s’il te plait, s’il te plait. Ne dit pas ça. Lui faire ravaler ses mots, ravaler sa haine, réparer les fissures de mes doigts maladroit. Pas lui aussi. Pas lui. Jamais lui. Je pourrais pas. Faite qu’il ne me déteste pas.
I hate you. Sanglot qui m’échappe malgré moi, l’impression d’accuser un choc trop violent je ferme les yeux, incapable de supporter plus longtemps son regard. Je peux pas. Je peux pas, je peux pas je peux pas. Le souffle qui s’accélère, ses mots qui tournent en boucle, ça me brûle un peu plus, me consume complètement, totalement. « non non non » comme une rengaine dans ma bouche.
Puis y a ses bras qui m’enserrent, y a lui contre moi et mon souffle qui se perd. Y a sa tête dans mon cou, sa chaleur sur ma peau, la douleur dans nos cœur. God I hate you. Mes doigts dans ses cheveux, je serre comme je peux, me plaque contre lui, brise le vide, avale l’espace parce que c’est trop violent, trop blessant. Et les larmes le long de mes joues, il me faut un instant, quelques secondes, trouver le courage de parler. « Déteste moi autant que tu veux Peadar » non c’est faux. Aime moi. « Déteste moi autant que tu veux si ça peut t’aider » je pourrais crever maintenant tellement ça fait mal, imaginer un monde où il me hait tellement, encore pire que tout le reste, je ferais quoi sans lui putain ? Je ferais quoi ? « Mais me laisse pas je t’en supplie » les jambes qui tremblent, mes doigts qui serrent un peu trop fort, comme si ça pouvait le retenir de partir, de me laisser là dans la cuisine, seule encore, encore, toujours trop seule. « Je t’en supplie Peadar me laisse pas, me laisse pas » je m’écarte un peu attrape son visage entre mes mains, le force à me regarder, pour qu’il comprenne à quel point ça me détruirait. Je pourrais pas. Pas un autre, pas après tout ça. Mon front contre le sien, je ferme les yeux, le cœur au bord des lèvres, l’impression que je vais crever si je fais pas ça, si j’envoi pas tout valser. Trop d’espace encore, l’impression qu’il pourrait me filer entre les doigts à chaque instant.
Je l’embrasse. Comme une voleuse, parasite, besoin de son air pour respirer moi aussi, besoin de sa chaleur pour exister moi aussi. Je l’embrasse et tant pis s’il me hait, tant pis s’il me jette, tant pis s’il me brûle. J’peux faire que ça maintenant, l’embrasser comme si j’avais plus rien à perdre, parce qu’au fond c’est le cas. « Me laisse pas » murmure contre ses lèvres, j’ose pas, j’ose plus, ouvrir les yeux, voir ce que j’ai détruit. J’assume plus.
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