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 hell broke loose, (bran)

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MessageSujet: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyMer 31 Jan - 6:09


hell broke loose
novak & bran
I had a good home but I left. I guarantee you'll meet up with a suicide bomb. Hell broke luce. How is it that the only ones responsible for making this mess Got their sorry asses stapled to a goddamn desk? Hell broke luce. Hell broke luce. 
▲▼▲

Le but premier, c'était de lui tirer quelques informations. Pas de lui arracher la langue ni les couilles - ni quoi que ce soit qui lui manquerait pour la suite des choses. Un doigt ou une dent par-ci par-là, pourquoi pas. Ç'avait pour coutume de les rendre plus bavards, et tout le monde le savait. Mais celui-là, on voulait qu'il ait encore la moitié de ses doigts au bout de l'interrogatoire. Et ces derniers temps, Bran, c'était pas le plus fiable pour ça.

Alors, on l'avait appelé. On lui avait dit, rapplique, Novak. On lui avait dit, Bran est parti en chasse, retrouve-le là-bas. On lui avait filé l'adresse par texto, il l'avait mémorisée puis l'avait supprimée, et avait commencé à remonter les rues d'un pas soutenu jusqu'à atteindre sa destination. C'était un bloc d'appartements comme on en faisait tant. Murs de vieilles briques, fenêtres abîmées. Logements entassés, sûrement besoin d'être rénovés. Le genre de trou où un rat se terrait. Le genre de trou où la plupart de leurs pas les menaient. Gars des rues, les pieds foulant la misère et les coudes serrés avec la vermine de l'humanité.

Le type habitait au dernier étage. Bran était déjà là, il le savait. Il n'avait pour ordre ni de l'arrêter, ni d'interférer. On ne lui avait pas demandé de sauver le rat d'une mort quasi certaine, ni de se dresser face au chien fou qu'on lui avait lâché après. Tout ce qu'on lui avait demandé, c'était de limiter les dégâts. De s'assurer de mettre fin à tout ça si le type était trop amoché. S'il risquait de cafter pour répondre plus aisément aux questions qu'on lui poserait sur son état, la sentence était claire - de celles que Bran aimait, de celles que Novak portait depuis toujours en son cœur, sans jamais l'avoir désiré. Mais jamais, au grand jamais, on ne lui avait demandé de confronter le gamin et de lui faire comprendre le bordel qu'il laissait derrière lui depuis quelque temps. C'était pas son rôle de lui taper sur les doigts, pas son rôle de lui siffler aux oreilles qu'il allait falloir qu'il arrête ça s'il ne voulait pas que les choses chauffent pour lui. Son rôle à lui, c'était et ç'avait toujours été de le surveiller. De couvrir ses arrières et de s'assurer que personne ne mettrait son petit cul trop en danger. Il y allait quand on le lui disait, restait sinon à l'Inferno. Pas du genre à inventer des ordres qu'on ne lui avait pas donnés, pas du genre à se mêler des affaires de Bran si on ne l'y affectait pas personnellement. Y avait plusieurs années déjà qu'il avait cessé de lui servir de baby-sitter. Et ce n'était pas parce que le petit commençait à péter les plombs qu'il allait recommencer. Redresse le menton, gamin. La vie arrêtera pas de faire sa pute juste parce que t'as mal et que t'en as marre. J'te conseille de t'habituer maintenant à la déception. Tu risques d'y avoir à faire plus souvent qu'tu ne le crois.

Arrivé devant la porte principale de l'immeuble, il prit le temps de terminer sa cigarette et de l'écraser sur le trottoir avant de finalement entrer. Sans se presser davantage, il gravit les premières marches miteuses des escaliers miteux du building plus miteux encore. Arrivé au dernier étage, il ne met pas longtemps à trouver l'appartement dans lequel on a envoyé Bran. Y a encore du bruit à l'intérieur - mais pas de cris. Rien que des quelques grognements, rien qu'une sensation que le type était en train de vivre ses derniers instants. Rien qu'une odeur de sang, trop faible pour être perçue par qui que ce soit, qui faisait pourtant japper le chien de la voisine et qui détendait les épaules du colosse posté devant la porte. Sans même toquer ni signaler sa présence de quelque manière que ce soit, il s'adossa au mur à droite du battant. Mains dans les poches, les sens alertes à tout ce qui se passait dans le couloir, il se mit à attendre. Attendre, jusqu'à ce que la voisine au chien bruyant ne sorte finalement la tête de son appartement. D'un coup d'œil, son chihuahua finalement muet sous le bras, elle avisa rapidement le géant qui se tenait là. Elle sembla hésiter à lui adresser la parole, avant que les mots ne s'échappent finalement, fluets mais lancés d'un ton presque agressif. Autoritaire, le menton levé pour tenter de ne pas perdre la face, et ses petits doigts arthritiques caressant nerveusement le chien aux grands yeux globuleux. « Qu'est-ce qu'il a encore inventé, hein ? » Elle n'a pas l'air de l'apprécier, et ça n'étonne pas le serbe qui la fixe, sans un mot. Elle ne se démonte pas face au silence, remontant le cul de son chien pour le replacer un peu mieux dans ses bras. « Est-ce que j'dois appeler la police ? » Il secoue doucement la tête. L'air calme, l'air froid. Elle n'est pas sûre du comportement à adopter, mais commence à comprendre que tout cela la dépasse, et qu'il vaut mieux pour elle de ne pas s'en mêler. « J'ai entendu crier. » Elle insiste, la vieille peau. Elle veut pas rentrer chez elle, et sa présence commence à devenir dangereuse. Dangereuse pour Bran, dangereuse pour lui. Surtout si le gamin ne retient pas ses coups et que l'autre y passe. Ils ne peuvent pas laisser un témoin vivre. Surtout pas un témoin qui hésite à appeler la police. Mais finalement, elle hausse les épaules. Elle lâche un petit soupir exaspéré, et hisse son chihuahua jusqu'à son épaule. « Bah. C'est sûrement rien qu'il aura pas mérité, quand on y pense bien. Si ça prend un coup ou deux pour lui faire rentrer les leçons dans le crâne, vous privez pas. P't-être qu'il arrêtera de donner des coups de pieds dans Bobby après ça. » À la manière dont elle le regarde avec de grands yeux attendris, c'est pas dur de comprendre que Bobby, c'est la prunelle de ses yeux. Il a beau avoir la tronche à la fois écrasée et étirée, le poil hirsute et la bave aux babines, elle a l'air de l'aimer comme le prince charmant de ses rêves oubliés. Si vous le croisez, dites-lui de baisser sa musique de cochon. Si j'l'entends encore une fois, je porte plainte. Il la regarde retourner dans son appartement, hoche la tête pour acquiescer. « Bonne soirée, jeune homme. » « Madame. » Il a réduit comme il le pouvait l'accent, et elle a presque l'air de n'avoir rien remarqué. Si quelque chose lui a sonné à l'oreille, elle n'en laisse pourtant rien paraître ; sans un mot ni un regard de plus, elle retourne chez elle et claque la porte. Fin de l'intervention.

Lentement, Novak soupire. Coup d'œil à la montre. Bran est là-dedans depuis trop longtemps. Pourtant, il ne rentre pas. Plus utile dehors, plus utile à surveiller les environs et à s'assurer que la vieille curieuse ne vienne pas fureter en compagnie de Bobby là où leurs nez n'ont pas lieu de se trouver. Mais si tu sors pas, Bran, j'vais devoir venir te chercher.

J'sais pas c'que t'es en train de faire là-dedans, Bran, mais t'as intérêt à pas avoir merdé. C'est plus seulement ta vie qui en dépend, maintenant. La mienne aussi. Et celle de la vieille peau et de Bobby, très certainement.

J'sais pas c'que t'es en train de faire là-dedans, Bran. Mais si t'as encore merdé, t'attends pas à ce que tout le monde continue de se plier en quatre pour te protéger. Tu sais c'que ça veut dire si je suis là, nan ? Ça veut dire qu't'es en probation. Ça veut dire qu'tes pas de côté sont comptés.

Ça veut dire que, la prochaine fois, j'aurai le droit d'entrer sans frapper.
D'entrer pour te frapper.

C'est ça que tu veux, Bran ?

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Dernière édition par Novak Zoranovic le Lun 19 Mar - 1:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyDim 4 Fév - 19:13

Fais-le parler. C'est facile. Quelques promesses – menaces – à balancer, quelques os à faire grincer, un peu de sang à faire couler, tout ce qu'il faut pour rendre les gens bavards. C'est la routine c'est comme aller acheter un paquet de clopes ou faire son jogging matinal, ça aide à se dépenser et à calmer la mauvaise humeur.

Ça fait des semaines qu'il est incapable de se calmer.

Dans sa tête y a la voix de Lim qui résonne et ses mots qui tournent en boucle, à chaque coin d'rue il la voit, dans chaque ombre il a envie d'la chercher. Il s'enfonce dans les rues, les lampadaires qui l'éclairent momentanément mais ses yeux qui restent toujours aussi sombres – Lim. Il longe les murs pour se faire discret, une silhouette qu'on regarde à peine et qu'on a vite oubliée – Ipo. Le col de sa veste levé pour manger la moitié de son visage, ses poings serrés avalés par ses poches – Anton. Le bâtiment dans lequel il se faufile, les escaliers qu'il montre quatre à quatre – le sang sur ses mains les mensonges sous sa langue l'amertume au fond du cœur. Les étages qui défilent sous ses pas de géant, la bulle qui semble l'entourer comme s'il n'existait rien que sa rage ses doutes les ruines de son monde à-demi effondré – la bête qui feule au creux d'son bide et la soif qui lui assèche la gorge lui retourne les tripes. Quelques coups frappés sur le bois et lorsque la porte s'entrouve il s'engouffre sans attendre, avide, comme le ferait un monstre tout juste sorti de sa tanière. Il n'écoute ni les protestations ni les questions, le loquet qu'il verrouille derrière lui, le bourdonnement à ses oreilles qui le rend sourd. Il est affamé, tous crocs dehors, clébard enragé qui n'arrive plus à se contenter de ses maigres rations. Ses phalanges craquent quand elles viennent cueillir la mâchoire de sa proie, quand elles reviennent à la charge pour faire saigner son nez. Et normalement il attaque plus doucement, les mots et les sourires d'abord, les coups après.

Ce soir il a pas envie d'parler, il voudrait juste cogner fracasser et tout dégueulasser, se faire les dents sur le premier os qu'il a trouvé à ronger. Il se ravise.

Ses paluches qui se referment autour du col du type, il le redresse et le plaque contre le mur violemment – assez pour sentir la cloison trembler sous l'impact, ou peut-être que c'est juste son squelette il sait pas il s'en fout. Son visage est proche du sien quand il fait claquer sa langue, la voix aussi basse que rauque. « Paraît qu'tu sais pas tenir ta langue ? » Paraît qu'il vient traîner sa carcasse à l'Inferno pour mieux jacter après, ses yeux fatigués qui se perdent sur les gars du gang plus que sur les filles, ses oreilles qui se glissent là où elles ne le devraient pas, ses observations qui vont se perdre au mauvais endroit. « J'peux y remédier, tu sais. » D'une main il lui étreint la gorge, lui coupe le souffle le temps de récupérer le couteau planqué dans sa poche. La lame qu'il dévoile, qui remplace rapidement ses doigts contre sa jugulaire, qui s'enfonce juste un peu, juste assez pour faire perler le sang. « Ouvre. » L'autre pince les lèvres si fort qu'on dirait qu'il n'en a plus du tout, sa tête qui se secoue vivement de gauche à droite dans un non silencieux, ses yeux qui semblent supplier. Bran sourit. « M'oblige pas à venir la chercher. » La vérité c'est qu'il n'en a pas le droit, c'est pas ce qu'il est censé faire – s'il lui coupe la langue l'autre ne pourra plus parler et ne pourra pas donner les noms de ceux à qui il faisait ses rapports. Il est pas censé trop l'amocher tant qu'il aura pas craché tout ça, mais c'est dur de lutter, ça vibre dans ses veines dans ses os, ça bourdonne à ses oreilles et ça lui fait un peu tourner la tête. La violence qui pulse jusqu'à son cœur, qui le fait battre plus fort, qui empoisonne tout son organisme. S'il cède, Lazar lui tapera sur les doigts, encore. Combien de fois avant que ça n'soit celle de trop ? Combien de fois avant qu'il finisse comme son père ?

Il le relâche, le jette au sol brutalement. « Parle. » C'est aboyé comme un ordre, la lame qui brille à la lumière de l'ampoule crasseuse. L'autre qui lui demande d'attendre, qui lui promet de tout expliquer, que c'est pas sa faute il avait pas l'choix et puis on l'a payé, il est désolé. Les dents de Bran qui se dévoilent dans un rictus trop large, rictus balafre qui lui donne l'air d'un fauve prêt à déchirer la chair. Il replie son couteau, le range sagement, voit la lueur d'espoir dans le regard de l'autre. Ça n'fait qu'accroître sa sensation de puissance, attiser les brasiers de sa colère. Il a soif de sang, faim de violence – ça brûle si fort en lui que tout le reste lui paraît secondaire, Lazar le gang et les ordres qu'on lui a donnés. Y a tout qui part en fumée sous le poids de ses pulsions, ses doutes. À quoi bon obéir quand on n'fait que lui mentir ? Il ne peut rien dire rien montrer, il a nulle part où se défouler. Nulle part ailleurs qu'ici, sur ce pauvre type qui n'a rien à voir là-dedans. Il oublie sa mission, les directives sagement enregistrées qui finissent enfouies sous ses démons. Ses rangers qui viennent s'abattre contre les côtes de sa cible sans préavis, l'une puis l'autre et il entend les os céder. Le couteau n'est plus là mais ce qui vient le remplacer est pire, un poing américain qui entoure ses doigts, se superpose aux bagues déjà là. « Non, non, j'vais parler, attendez ..! » Il lit la panique dans ses yeux et c'est comme un carburant, l'essence balancée sur les flammes qui menacent de tout dévaster. Son dos qui se courbe, sa main libre qui attrape le haut du type pour le soulever de terre d'une dizaine de centimètres. Son poing armé se lève et foudroie la joue offerte à lui, une fois, deux, cinq. La chair qui se déchire sous ses assauts, le sang qui vient redonner des couleurs à ses jointures blanchies. Il ne s'arrête pas, vise les pommettes le nez les mâchoires, le visage qui se déforme à mesure que ses attaques se font plus virulentes. Les coups sont ponctués des « non arrêtez » et des « s'il vous plaît » de sa victime, les mains s'agrippant à lui, les ongles qui déchirent son épiderme dans un sursaut de survie. L'autre essaie de le repousser et ça ne fait que l'enflammer encore plus, il frappe il frappe il frappe. Encore. Encore. Plus rien n'existe, c'est juste lui et un tas d'viande à déchiqueter, lui et une carcasse à démembrer. Il frappe. Les os grincent et craquent sous son poing. Il frappe. Le sang l'éclabousse, atterrit jusque dans sa bouche. Il frappe. Sa victime ne ressemble plus à rien, les traits gonflés les yeux enflés la peau qui vire au rouge et se dégrade en violet. Il frappe. Plus de suppliques, juste des gargouillis incertains, le sang qui bulle entre les lèvres éclatées, une dent qui manque et qu'il a sûrement avalée. Il frappe.

Quand il s'arrête il est à cheval sur un corps immobile, devenu mou sous son poids. Y a du sang sur ses mains son visage son t-shirt, une auréole pourpre autour de la tête posée contre le parquet élimé. Ce n'est plus qu'un tas de chair il est méconnaissable – défiguré. Encore vivant pourtant, une faible respiration qui résonne comme un sifflement, bestiole en fin de vie qui mériterait d'être achevée pour faire preuve de pitié.

Il se relève. Son cœur qui bat à ses tempes, ses yeux vissés sur la silhouette agonisante à ses pieds. Négligemment, il vient essuyer son poing américain puis ses doigts sur le jean de sa victime, range l'arme, frotte son propre visage du dos de sa main. Il regarde ce qu'il a fait, sait qu'il a merdé – il ne lui a pas laissé le temps de cracher la moindre information, il a rien à ramener à son maître, sale chien qui a rongé sa laisse et qui sera puni il le sait. Il soupire, serre les dents, fait volte-face. Son portable déjà sorti, prêt à appeler Vlad pour qu'il vienne nettoyer son fiasco, résigné à aller subir les foudres du chef sans broncher. Mais quand il ouvre la porte, il se fige. La carrure qui le dépasse en long et en large, le regard qui le transperce de part en part. Il l'affronte, fronce les sourcils, jauge Novak de haut en bas avant de revenir à ses prunelles. « Qu'est-c'tu fous là ? » Au fond, il sait déjà. C'est comme au bon vieux temps mais il n'y a plus rien de bon, que des non-dits et des trahisons, des secrets dévoilés et une confiance fissurée. « Il t'a envoyé m'surveiller, hein ? » Un ricanement comme une lame enfoncée en plein cœur – les doutes sont des deux côtés. Et il sait de quoi il a l'air, avec l'odeur du sang qui émane encore de lui, discrète mais familière pour les tueurs, pour eux deux. Les traces rouges atténuées mais pas totalement effacées de sa peau, qui imbibent le t-shirt offert à la vue de Novak puisqu'il n'avait pas encore fermé sa veste. « C'est bon, c'est fait. » Pas ce qui lui a été demandé. Il referme la porte derrière lui et reste planté devant, comme pour lui barrer le passage, comme un gosse qui planque sommairement sa dernière connerie. Il sait parfaitement que Novak a déjà compris. « Tu peux y aller, j'vais appeler Vlad. » Aucune animosité dans sa voix pourtant il est froid, ça lui ressemble pas. Il n'aime pas savoir que Novak est là pour jouer la nounou, pour regarder ce qu'il fait et vérifier qu'il déraille pas. Certes c'est justifié ; la preuve, il vient de tout foirer. C'est pas pour autant que la pilule est plus facile à avaler.
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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyMer 14 Fév - 20:23

Il n'a pas besoin de voir la scène de ses propres yeux pour savoir que Bran a merdé. Ça suinte dans l'air, ça secoue son instinct et ça lui retourne les tripes. Pendant un instant, il se dit qu'il devrait entrer pour intervenir - mais il se retient. Son petit doigt lui souffle que c'est trop tard, de toute façon. Que y a plus rien à sauver, et que l'imprudent a eu ce qu'il méritait. Que Bran va encore se faire engueuler, et que lui, Novak, va devoir essuyer les pots cassées et les remontrances non méritées. Mais y a rien qu'il peut faire pour l'empêcher. Il peut presque sentir l'odeur du sang, de là où il est. Et s'il n'entend pas vraiment les coups pleuvoir, son imagination est suffisante pour lui permettre de visualiser la fureur débridée de Bran. Le rouge qui gicle, les poings qui souffrent bruyamment contre les joues, le nez, les dents. Novak sait la noirceur qui agite la carcasse du clébard. Il sait les instincts meurtriers, sait ce que l'on ressent lorsque l'on peut finalement se laisser aller. Et si une mince part de lui envie Bran et son insouciance face aux conséquences, l'autre ne peut s'empêcher d'être inquiétée. J'pourrai pas toujours te sauver le cul, gamin. J'espère seulement qu'tu l'réaliseras avant qu'ils se mettent d'accord sur ton utilité périmée, et qu'ils ne décident de se débarrasser de toi.

La porte s'ouvre, et Novak se décolle du mur. Ses yeux transpercent Bran de part en part, notant rapidement le sang qui a éclaboussé son t-shirt, et ses poings abîmés par les coups qu'il avait donnés. Le chien a du mal à gommer les traces de bestialité sur ses traits, et sa sauvagerie se reflète dans la manière dont il le toise. Haut en bas, puis bas en haut. Leurs regards qui se croisent. La montagne qui garde les lèvres scellées, tandis que celles du clébard se mettent à cracher le fuel d'un gamin pris sur le fait. Novak ne lui répond pas. Novak le laisse parler, le laisse ricaner. Ça ne lui fait ni chaud ni froid, l'arrogance dont Bran peut parfois faire preuve. Son attitude le laisse de marbre, et tout ce qui passe au fond de ses iris n'est qu'un souci à peine dissimulé. Bran, il est en train de déraper. Bran, il est en train de faire grincer des dents ceux qu'on voudrait éviter de se mettre à dos. Il est en train de devenir un problème - et Novak, il fréquente les rangs depuis suffisamment longtemps pour savoir que les problèmes finissent toujours par être réglés. Réglés d'une manière à laquelle on se refuse de penser, au premier abord. Mais Bran le sait. Il est au courant pour son père, au courant des mensonges qu'on a fait circuler à son sujet. Au courant que son paternel n'était qu'un problème, qui a été réglé de la même manière que tous ceux avant lui, et depuis lui. Si tu le sais, alors dis-moi. À quoi tu joues, hein ?

C'est bon, c'est fait. Y a la porte qui se referme derrière Bran, comme pour cacher le désastre d'un spectacle qu'on ne veut pas montrer. Novak ne bouge pas. Pas d'un pas, pas d'un cil. Ses yeux qui continuent de poignarder la conscience du gamin, ses traits aussi impassibles que s'ils avaient été en train de faire tourner une bouteille de vodka après un quart de travail pénible. Tu peux y aller, j'vais appeler Vlad. Ça ne sert à rien d'insister, Bran. Ça ne sert à rien de faire comme si de rien n'était. Le loup continue de te regarder, sans la moindre intention de se détourner. Il ne partira pas. Pas comme ça. Pas alors qu'on lui a donné pour mission de garder ton p'tit cul de tes propres conneries. Faut croire que les retours de flamme, t'y as pas encore assez goûté pour comprendre l'effet que ça fait.

Le géant finit par bouger. Ses yeux qui tombent vers sa poche, sa main qui s'y faufile pour en tirer son paquet de cigarettes. On dirait que la froideur de Bran a glissé contre lui sans le marquer. On dirait que la situation ne le contrarie pas, et que la suite des choses ne le plonge nullement dans l'anxiété. On dirait qu'il a ramassé ce genre de merdes toute sa vie - et peut-être que c'était vrai. Peut-être qu'il n'avait jamais vraiment arrêté d'assurer les arrières de Bran, durant toutes ces années. Et peut-être que la soudaine folie de liberté du Kovac l'avait juste confronté à ce qui avait toujours été présent, latent. Pourquoi tu crois qu'j'suis jamais bien loin, hein ?

Le paquet est sorti, la cigarette en a été tirée et le colosse l'a rangé, sans jamais altérer la tranquillité de ses gestes. Il glisse le bâton de nicotine derrière son oreille, alors que ses yeux se posent à nouveau sur son vis-à-vis. Il a l'odeur du sang plein le nez, et il sait ce que ça signifie. Il sait que Bran se tient entre lui et la porte comme un loup garde sa proie d'un charognard. Il sait qu'une part de lui craint les représailles. Et tous deux savent qu'il a merdé. Pas besoin de faire comme si de rien n'était. « Il t'a dit ce que tu voulais ? » La question est caduque. Rhétorique, sans pour autant être agressive ou accusatrice. Le pauvre type n'a sûrement pas eu l'occasion de parler. Novak se contente de fixer Bran, et de fouiller son regard avec un calme désarmant, sans se décaler. Le serbe a coulé sur sa langue avec bien plus de facilité que l'anglais, et il sait que n'importe quel mot peut être prononcé dans ces circonstances. Y a peu de chances pour que quelqu'un ne les comprenne, peu de chances pour qu'on saisisse ce qui est en train de se jouer dans ce dialecte d'une Europe de l'Est ignorée et bafouée. Il ne va pas trop loin pour autant ; simple question de sécurité. Sait-on jamais, dans cette ville de tarés. Ses yeux parlent pour lui, et crachent les mots qu'il y a à prononcer. Qu'est-ce que t'as branlé, encore, hein ? Qu'est-ce que tu vas encore devoir inventer pour t'en tirer ? Quel chapeau est-ce que tu vas encore me forcer à porter pour sauver une fois de plus ton cul ?

Est-ce qu'il a parlé, au moins, avant que ne te prenne l'envie de le défoncer à coups de poings ?

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Dernière édition par Novak Zoranovic le Lun 19 Mar - 1:47, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyDim 25 Fév - 12:55

Ses mots se heurtent au silence de Novak et s'il y est habitué, ça l'empêche pas de grincer des dents. Il voit que tout coule sur lui avec facilité, ça ne l'atteint pas, il reste inébranlable. C'est sûrement pour ça qu'il a besoin de lui maintenant plus que jamais, parce que Novak est solide Novak est un roc, Novak reste immuable quoi qu'il se passe – c'est le phare dans la tempête, c'est la dernière lueur à laquelle il peut se raccrocher pour espérer ne pas aller se fracasser contre les rochers. Pourtant la confiance est trop ébranlée pour qu'il puisse s'y fier les yeux fermés, il sait même plus vers qui se tourner. Anton est trop instable pour s'appuyer sur lui sans qu'ils s'entraînent mutuellement dans la chute, Lazar est passé du statut de gourou à celui de traître et il est perdu entre son admiration pour lui et la rancœur qui le ronge un peu plus chaque jour, l'amour qu'il lui porte comme à un père de substitution, et la douleur de savoir qu'on lui a menti toutes ces années. Il sait plus ce qu'il doit penser ou ressentir, pris entre deux feux qui finiront par le réduire en cendres il en a parfaitement conscience. C'est déjà c'qui est en train de se passer ; il s'embrase seul, consumé par la fureur qui le rend ivre de violence. Les cadavres s'empilent sous ses pieds et plus ça va moins il est capable d'avancer, à se faire avaler par les carcasses qu'il accumule, à s'enfoncer jusqu'au jour où il n'arrivera plus à remonter à la surface.

Il le sait, au fond, qu'il est condamné. Y a plus d'issue.

Alors Novak c'est comme l'ombre de la faucheuse avant qu'elle n'arrive, l'oiseau de mort, le messager. Il sait que s'il est là, son temps est compté, sa place est en jeu. S'il est là c'est qu'on n'lui fait plus confiance et qu'on doute de ses capacités autant que de son obéissance, on doute de lui tout entier et il sait ce qui s'passe pour les éléments à risque. On s'en sépare, de la manière la plus radicale qui soit.

Il reste silencieux lui aussi, tellement que ça lui ressemble pas. Il a toujours un truc à dire, une blague hors de propos à balancer ou une question débile à poser. Pas ce soir. Pas avec tout ce qui lui tord les entrailles. Il est planté là, à bloquer la porte comme Cerbère garderait les Enfers, regard fixé sur Novak qui se sort une clope pour finalement la percher derrière son oreille. Leurs prunelles qui s'accrochent s'écorchent et ne se lâchent plus. « Il t'a dit ce que tu voulais ? » Il connaît déjà la réponse, et Bran sait pas si la question est là pour amorcer une conversation ou pour le tester, pour voir ce qu'il va dire. C'est pas l'genre de Novak mais au point où il en est il sait plus ce qu'il doit croire – c'est pas l'genre de Novak non, mais c'est celui de Lazar et si Lazar l'envoie tout est possible. De toute façon, Bran n'a jamais rien eu d'un menteur. Il n'a pas de filtre, qu'il parle de ses exploits ou ses échecs il s'en fout, il sort toujours la vérité, brute, jamais édulcorée. Sauf une fois. Sauf Ipo, parce qu'il peut pas se résoudre à assumer si ça veut dire que Lim le haïra jusqu'à ce qu'elle en crève. « Non. » Sa voix est rauque, le serbe roule sur sa langue comme il l'a fait sur celle de Novak. « Les seuls trucs qu'il a pu dire c'est stop et s'il vous plaît en boucle. » Il croise les bras contre son torse, s'appuie contre l'encadrement sans le quitter des yeux. Il a merdé il le sait, il a su que ça arriverait à l'instant même où il est entré dans cet appartement crasseux – il est prêt à l'assumer il sait ce qui l'attend, il est résigné. « J'ai foiré, il est en train d'agoniser là. Ou il est p't'être mort entre temps, j'sais pas. » Il hausse les épaules comme si c'était rien, parce que c'est trop banal pour eux c'est devenu le quotidien, la mort n'a plus rien d'effrayant quand on la côtoie tous les jours, quand on la donne à tour de bras. « Tu l'savais déjà alors pourquoi tu poses la question ? » À quoi ça sert d'avoir confirmation sur une évidence pareille ? Novak le connaît assez pour l'avoir lu sur ses traits à l'instant même où il l'a vu, il a même assez d'expérience pour l'avoir senti dans l'air quand il attendait devant la porte. Bran le sait.

Dans les cas comme celui-ci c'est Vlad qu'il appelle, Vlad qui vient nettoyer et tout effacer, qui s'occupe de faire disparaître toutes les traces et le corps avec. Mais Novak est là et il semble pas prêt à partir alors Bran attend, il ne fait rien, ne cherche pas à utiliser son portable. Il se contente de le jauger, pas sûr de ce qui est attendu de lui maintenant que le mal est fait. Y a plus rien à faire, il aura juste à assumer et accepter la punition que Lazar choisira, quelle qu'elle soit. « Et maintenant ? Tu vas faire un rapport détaillé à Lazar ? Tu veux p't'être voir le mec pour avoir plus d'infos à donner ? » Y a un soupçon d'agressivité dans sa voix, une amertume mal dissimulée. C'est plus fort que lui, il doute de Novak comme il doute de tout l'reste. Il n'a plus rien à quoi s'agripper parce que tout se délite sous ses doigts, tout ce qu'il fait c'est trébucher, chuter encore et encore, incapable d'avancer seul mais pas foutu de trouver à quoi se tenir pour pas sombrer. Après tout si celui qu'il mettait sur un piédestal n'est qu'une fraude, c'est que les autres le sont tous.
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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyMar 6 Mar - 18:40

Non.

Bien sûr que non. Le type n'a pas parlé. Pas vraiment. Il n'a certainement pas dit ce que Lazar voulait, ce que Lazar attendait. Ce que Lazar réclamerait, les dents serrées, en se doutant bien qu'il n'obtiendrait rien et que tout avait chier. Le type n'avait pas parlé, et les questions auraient même pu ne jamais avoir été posées. Dans l'état actuel des choses, et au vu de la manière dont Bran agissait ces derniers temps, tout était possible. Novak le savait, Novak le sentait — rien ne s'était passé comme on l'avait demandé. Les ordres n'avaient plus d'impact sur le chien, qui les avalait comme des prétextes pour laisser parler ses poings. Il perdait pied. Il perdait pied, et rien ne semblait pouvoir le rattraper. Chute libre, ignorante à la main qui se tendait à ses côtés. Parce que Novak, lui, n'avait jamais bougé. Prêt à stopper les dégâts, quand le gamin en aurait marre de voir son monde s'écrouler. Prêt à lui venir en aide, quand la fumée des feux qu'il allumait commencerait à l'asphyxier. Il restait dans son ombre, vieux loup à la loyauté infaillible. Prêt à crever sans jamais l'avouer — prêt à crever pour le chien fou, comme il l'avait toujours été. Y avait les ordres, au-dessus d'eux. Y avait la suspicion et la méfiance envers leurs poings sans cesse sanglants. Y avait la peur de ce qu'ils étaient capables de faire, et l'assurance feinte qu'on pourrait facilement les abattre si les choses dégénéraient. Car malgré leur différence d'âge et leurs expériences contraires, Novak et Bran étaient, d'une certaine manière, traités à la même enseigne. Ils étaient la violence et les poings serrés, le sang et les phalanges crispées. Peau arrachée, lèvres éclatées, oeil tuméfiés. Ils étaient les instruments d'une cruauté parfois méritée, la plupart du temps exagérée. Leur liberté était un leurre, et seule comptait leur efficacité. Marche. Frappe. Tire. Tue. Une rengaine qu'ils avaient intégrée, chacun par un différent biais. Une rengaine qui rythmait leur vie, et que peu d'autres gens, y compris parmi les leurs, ne comprenaient. Une rengaine qui était en train de se retourner contre Bran, et que Novak devait surveiller. Rationaliser, analyser, et endiguer. Merde pas, Bran. Ou tu seras pas le seul à en être éclaboussé.

Mais Bran a merdé. Bran a merdé et il l'assume. Ses yeux dans ceux de Novak, ses mots crachés dans des oreilles sans cesse attentives. Il s'appuie contre l'encadrement de la porte, le gamin. C'est toujours fermé derrière lui, et le serbe qu'il use pour parler à son cerbère coule entre ses lèvres comme si personne autour d'eux n'était capable de le comprendre. Ce qui, avec un peu de chance, serait vrai. Il ne sait même pas si le type est mort. Ne sait même pas pourquoi Novak lui pose la question, alors que tous deux connaissaient la réponse bien avant que la scène n'en vienne à se jouer. Et quand il le lui demande, quand ses lèvres sifflent, tu l'savais déjà, les yeux de Novak se vrillent sur le Kovac avec plus d'intensité qu'ils ne l'avaient jusqu'à lors fait. Y a pourtant pas de mots pour passer la barrière de ses propres lèvres, alors qu'il continue de le toiser. La cigarette toujours calée sur l'oreille, et l'attente du dénouement de cette situation se retournant dans le fond de sa tête. Car maintenant que Bran avait merdé, il allait falloir ramasser. Il allait falloir adopter le comportement le plus efficace possible. Maîtriser l'étendue des dégâts, et faire en sorte que la punition que Lazar lui donnerait soit moins cruelle qu'il ne le méritait peut-être. C'était la priorité. La seule priorité.

Mais Bran en doute. Bran en doute et les mots reviennent à l'assaut. Agressifs, amers. Pas besoin d'y insuffler plus d'émotions pour que son vis à vis en ressente la négativité. Bran a chié, Bran le sait, Bran a peur et il a l'impression que Novak est là pour lui présenter le bâton qui le battrait. Bran n'a pas tout à fait tort, mais l'autre préfère se dire qu'il est là pour briser la trique. La briser pour qu'elle ne puisse plus vraiment le frapper. Plus vraiment l'atteindre, et plus vraiment le faire saigner. Il lui faudrait conserver un semblant d'apparences, à son tour. Jouer son rôle de cerbère, et s'assurer que le Kovac ne merde pas plus que ça, d'ici à ce qu'il ne le ramène aux pieds du maître. Mais chaque chose en son temps. Et pour l'heure, c'était l'agressivité non-voilée du chien blessée qu'il lui faudrait apprivoiser. Arrête d'aboyer, Bran. Tu l'sais bien que ça m'a jamais intéressé de devoir te bouffer le nez pour te calmer. « J'fais pas les rapports. » C'était pas son truc, et Lazar le savait. Il envoyait Novak pour être les yeux et les poings — rarement pour rapporter. S'il y avait quelque chose à dire, quelqu'un s'en chargerait. Et s'il était le seul capable de le transmettre, le boss savait généralement quelles questions poser pour éviter au géant d'avoir à aligner plus d'une vingtaine de mots. Il n'était pas l'espion, ni l'anguille. Ça, c'était le boulot d'Andrej. Lui, il était les bras. Ceux qui étouffaient, ceux qui se croisaient, ceux qui menaçaient. Ceux qui s'assuraient que les choses filent droit et suivent la ligne tracée, même lorsque tout semblait parti pour s'écraser au pied des rochers.

« Montre-le-moi. » Mots abrupts. Il ne veut pas le voir pour noter. Il veut le voir pour l'examiner. Savoir s'il sera capable d'un jour parler, ou s'il vaut mieux l'achever, et prétexter qu'il n'a jamais délié sa langue comme on le voulait. Il veut savoir s'il va lui falloir trouver une autre piste pour éviter à Bran de se faire secouer, violenter, rabaisser. Il veut savoir jusqu'où il va devoir aller pour le protéger. Et il le sait, que si le gamin met sa fierté de côté, il va être capable de le comprendre. Capable de le voir, dans son regard droit et sa manière de le confronter. Il a beau être envoyé par l'ennemi, il n'a pas vraiment l'intention de le représenter. Pas plus que lorsqu'il lui a livré la vérité. Pas plus que toutes ces fois où il a couvert ses arrières sans un mots — ombre sanglante avalant le chaos que chacun de ses pas créait.

Rien ne sert de douter, gamin. Ma veste ne se retournera pas. Elle ne l'a jamais fait.

Mais si ça t'amuse, alors vas-y. Continue de cracher. Continuer de méfier.
Continue de croire que le monde est contre toi, et que tu n'as aucun moyen de t'en tirer.

Continue de te saboter. Essaie juste de ne pas y rester.

Essaie de ne pas sombrer dans un de ces endroits où, même moi, je ne pourrai pas venir te chercher.

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Dernière édition par Novak Zoranovic le Lun 19 Mar - 1:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptySam 10 Mar - 17:44

« J'fais pas les rapports. » C'est lâché abruptement, simplement. Sans la moindre fioriture, sans rien pour venir appuyer ses propos, sans grand discours pour le prouver par A+B – y a pas besoin au fond, Bran sait que c'est vrai. Pourtant il est là, à le dévisager en silence, bras croisés contre son torse. Comme s'il doutait. Comme s'il cherchait à scanner ses prunelles trop sombres, se perdre dans les abysses de ses iris pour y chercher la vérité, pour s'assurer qu'on n'est pas en train de le berner encore une fois. Il se rend compte qu'il a été naïf, qu'il l'est toujours, qu'il ne cessera probablement jamais de l'être. Cœur d'enfant qui n'a jamais vraiment grandi, cœur qui a continué de grossir malgré les poignards qu'on y a planté. Cœur trop gros mais trop noir, encrassé par toute la violence qu'on a éveillée en lui, toute l'horreur qui s'est ancrée dans ses veines. Le sang l'a éclaboussé trop de fois pour qu'il puisse y échapper. « Pourtant si t'es là, c'est parce qu'il te l'a demandé. » Il sait, et Novak sait qu'il sait. Leurs prunelles qui continuent de s'affronter en silence, celles de Bran trop orageuses, assombries par les doutes et les restes de la rage qu'il a déversée sur un pauvre type qui n'avait rien à voir avec tout ça.

Il reste planté contre la porte, godasses bien ancrées au sol alors que tout en lui est en train de tanguer – sa raison, ses convictions, ses allégeances. On a oublié de lui apprendre à nager et sans le gang en guise de bouée, il sait plus à quoi se raccrocher pour pas se faire avaler par les vagues. Comment il est censé faire, pour ne pas se noyer ?

« Montre-le-moi. » La fermeté dans la voix de Novak ne laisse pas la place au refus, pourtant il ne bouge pas. Immobile, ses yeux qui n'le quittent pas, on dirait deux bêtes qui se jaugent sans savoir laquelle attaquera la première. Pourtant il sait que Novak ne le fera pas, et il n'en a pas envie non plus. Ils pourraient rester des heures à se fixer dans le blanc des yeux comme ça, en chiens de faïence. Et ça rime à quoi tout ça ? Pourquoi s'acharner si le mal est déjà fait, si Novak sait et que lui ne tente même pas de le cacher ? Pourquoi protéger sa proie s'il n'en veut plus ? C'est pas comme si Novak était un charognard venu roder, il est de la même meute, forgé du même acier. Ça n'sert à rien de lui barrer la route.

Alors il finit par obtempérer, silencieux quand il glisse sa main dans son dos pour actionner la poignée, un petit coup du talon dans la porte pour qu'elle s'ouvre derrière lui. Il se tourne de profil pour laisser passer Novak, puis entre à sa suite et referme derrière lui. À nouveau il reste collé au bois, refusant de s'approcher du carnage qu'il a fait, pas décidé à venir vérifier si sa victime est toujours en vie ou non. Il laisse ça à Novak.

Mais le silence le pèse alors il ne tient pas longtemps, n'attend même pas de savoir le verdict avant d'ouvrir la bouche. « C'est quoi la suite ? Tu m'tiens la main jusqu'au bureau du boss pour le voir me punir ? » Y a une pointe de sarcasme dans sa voix et c'est moche ça lui va pas, ça lui ressemble pas. Il sait pas manier ces choses-là, c'est à peine s'il les comprend de manière générale. Le sarcasme c'est pas pour lui, s'il en arrive là c'est qu'il est trop amer, trop perdu, la douleur qui prend le dessus et lui vrille les neurones. « C'pas la première fois que j'foire, c'est rien, j'vais gérer. » C'est arrivé avant c'est vrai, mais il ment quand il dit qu'il va gérer. Il gère plus rien, le contrôle qui lui échappe totalement et tout le monde le voit, tout le monde le sait – surtout Lazar. Il sait ce qui se passera s'il continue d'avancer sur ce chemin sinueux, mais il est incapable de faire demi-tour ou de trouver une autre route, trop aveuglé par tous ses doutes pour regarder où il fout les pieds. « Dis-lui qu'ça va, qu't'as pas besoin de continuer à m'surveiller et que c'était juste un écart. » Mens-lui, couvre mes arrières, fais comme si j'étais encore digne de confiance alors que j'deviens ce clébard un peu fou, celui qui finit par se faire euthanasier. « S'il croit que j'déraille, tu sais comment ça tournera. » Pourtant il s'est longtemps cru immunisé à tout ça, même quand il enchaînait les faux pas, même quand il tâtonnait et commettait des erreurs à tout va. Parce que Lazar plane au-dessus de lui depuis qu'il a dix ans, parce qu'il est l'ombre d'un paternel disparu, un substitut qu'on lui a fait avaler de force comme une putain de pilule placebo. Ce n'est que maintenant qu'il réalise qu'on l'a pris pour un con, qu'on l'a manipulé – il n'est qu'une marionnette entre leurs doigts quand ils sont les piliers de sa vie, rien de plus qu'un chien qu'on n'hésitera pas à abandonner alors qu'il est incapable de vivre sans eux à ses côtés. « J'veux pas finir comme mon père. » L'aveu se fait à voix basse, yeux baissés. La colère est là, contenue dans ses poings serrés, ses mâchoires crispées. Il veut pas crever – pas de la main de ceux qui l'ont nourri toutes ces années.
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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyLun 19 Mar - 1:45

« Pourtant si t'es là, c'est parce qu'il te l'a demandé. »

C'est vrai. Novak sait que Bran sait. Ça ne servirait à rien de mentir, ça ne servirait à rien de nier. Si Lazar n'avait rien demandé, Novak n'aurait pas rappliqué. Les affaires de Bran ne le concernaient pas, plus depuis bien longtemps déjà. Le chiot était devenu un chien, chien enragé diablement efficace dans les missions qu'on lui avait confiées. Il avait été bien dressé. Bien encadré. On lui avait tenu la patte suffisamment longtemps pour qu'il soit paumé, une fois qu'on la lui lâchait. Et quand la vérité avait frappé, il n'avait pas été capable d'avancer dans zigzags. Il s'était pris tous les obstacles qui passaient. Un vertige qui lui avait flanqué la nausée, et dont il n'était jamais parvenu à se débarrasser. Pas capable de se rassembler pour continuer d'exister. Pas capable d'avaler la pilule, de tourner la page, de laisser tomber. La nausée était restée. Et maintenant, Bran dégueulait sur tous les pieds qui avaient le malheur de passer à sa portée. Lazar en avait marre. Le chien comme le loup le savaient — c'était peut-être encore une rumeur pour d'autres, mais plus pour eux. Plus depuis quelque temps déjà. Lazar en avait sa claque, et il n'était plus question qu'il se fasse dégueuler sur les pieds sans répliquer. Alors il avait envoyé son meilleur bouclier. Le roc que personne n'avait, de mémoire d'homme, réussi à faire ployer. Le loup qui mordait avant même de grogner, lorsqu'il le fallait. Le seul capable de gérer le chien fou, que plus personne ne pouvait approcher.

Lazar l'a envoyé, et Novak n'a rien à redire sur le sujet. Il choisit de ne pas répondre — de ne pas gaspiller sa salive sur ce qui n'en vaut pas la peine. C'est à Bran de répondre. Pas à lui. Lui ne parle pas. Lui ne cille pas. Lui ne bouge pas. Ç'a toujours été comme ça. Ça ne changera pas. Et c'est pour ça qu'il est là. Alors il se contente de lui balancer un ordre. S'attendant à ce que le gamin réplique, proteste. L'envoie chier, et attrape son téléphone pour appeler Vlad. Mais le p'tit n'en fait rien. Le p'tit reste là à le toiser, les pieds vissés dans le sol, et l'air peu décidé à bouger. C'est un duel du regard qui se joue. Duel des prunelles, combat caduc avant même d'avoir vraiment commencé. Ils le savent, que Novak ne ploiera jamais. Qu'il ne demandera pas une deuxième fois, et qu'il attendra jusqu'à ce que mort s'en suive que Bran n'ouvre cette putain de porte et n'assume les conséquences de sa violence. Ils le savent, et la mascarade ne met pas longtemps à cesser. Bran finit par ouvrir la porte et lui céder le passage — presque plus rapidement que son mentor n'aurait pu l'imaginer. Celui-ci ne commente pourtant pas. Se contentant de passer, se contentant d'entrer. N'accordant pas un regard de plus au chien battu qui se tient derrière lui, et qui semble vouloir se fondre dans le bois de la porte pour se faire oublier. Novak ne dit rien. Novak n'a pas besoin. Novak est là pour constater l'état des lieux, et Bran sait que lui tenir la main ne sera d'aucune utilité. Que l'appartement n'est de toute manière pas assez grand pour qu'il s'y perde, et que tout commentaire qu'il pourrait prononcer ne fera qu'aggraver son cas. Même plus besoin de lui dire, même plus besoin de lui signifier. Bran l'a compris, Bran le sait. C'est, Ta gueule, Bran. C'est Ta gueule, et reste là. T'as d'jà fait assez d'conneries comme ça.

En quelques pas, l'ombre est arrivée au-dessus du corps meurtri par les coups de sa violente progéniture. L'enfant de l'horreur n'a pas bougé, toujours collé au battant, quand le monstre se penche doucement pour venir prendre le pouls de la silhouette flasque. Il s'attendrait presque à ce qu'il n'y ait plus rien. Que le silence lui réponde, et que la chair s'enfonce sans réaction sous ses doigts. Mais alors qu'une seconde passe, il le sent. Filant, menu. Presque hésitant. Le pouls d'un type en train de crever. Le pouls d'un morceau de viande qu'on n'a pas frappé avec suffisamment de ferveur pour attendrir complètement. Et alors, les choses se compliquent drastiquement. Ça se signe par un soupir, léger, de la part du géant qui reste accroupi, un genou à terre, les yeux vrillés sur le visage tuméfié. Il ne lui voit qu'à peine les yeux, au milieu des entailles et de la peau gonflée. Du bleu, du rouge, du violet. Des chairs rebondies, éclatées. Il est encore vivant, mais sans soins, ce ne sera pas très long avant que le pouls ne s'arrête définitivement. Va falloir choisir. Choisir entre les soins et la mort, choisir entre faire taire les souffrances de ce type, pour Bran, ou les lui faire supporter vers la voie de la guérison, et improviser. Va falloir choisir et, soudain, Novak n'est pas certain de savoir quelle voie emprunter. Le tuer serait plus simple. Règlerait nombre de leurs problèmes, malgré les nouveaux que cela créerait. De nouveaux problèmes qu'ils étaient pourtant habitués à gérer, et qui ne les inquiéterait sûrement pas. Mais au milieu de tout ça, il y avait la vie. La vie de ce type, qui comptait aux yeux de Lazar. Qui comptait sûrement pour quelqu'un d'autre, sur cette planète. Et dans une situation où le monstre se devait d'être la tête froide, se devait de penser, il peinait à trancher. Pour la première fois depuis longtemps, il n'avait pas vraiment envie de tuer.

Mais ce qu'il veut ne compte pas, et il le sait. Parce qu'au coeur de tout ça, y a Bran. Y a Bran, et il n'est pas question de le tenir écarté de l'équation, comme Lazar le voudrait. Pas question de rattraper le coup pour arranger le patron, et de laisser le chien subir les coups de bâton sans au moins essayer de l'aider. Essayer de rattraper la balle au rebond, et empêcher les choses d'empirer, à défaut d'être capable de pouvoir vraiment s'en tirer. Au milieu de tout ça, y avait Bran. Et qu'importe les autres pions placés sur l'échiquier : Novak ne le laisserait pas tomber. Ses coups seraient joués pour sauver sa tête, bien avant de préserver la sienne. Qu'il le croie ou non, et quelle que soit la dose de venin qu'il continuerait de lui verser, les choses ne changeraient pas. Ne changeraient jamais. Bran avait toujours été, et serait toujours, sa priorité.

Priorité qui ne semble pas y croire, pourtant. Qui se réfugie derrière un mur de mots — des mots plus faciles à cracher que ne sont les regards à soutenir. « C'est quoi la suite ? Tu m'tiens la main jusqu'au bureau du boss pour le voir me punir ? » À nouveau, Novak soupire. Lentement, souffle bas qui pourrait presque être oublié. Esquivé. Il sait ce qui va venir. Sait les reproches que Bran accumule dans le fond de sa gorge, et la peur qu'il lit dans ses yeux depuis le jour où il a posté cette question qui lui tordait l'estomac depuis des années. Le loup sent la tempête qui approche, et sait que la seule tanière à sa portée est celle qu'il a toujours gardée disponible pour le chien enragé qu'il lui fallait aujourd'hui affronter. « C'pas la première fois que j'foire, c'est rien, j'vais gérer. » Les mots traversent ses tympans sans qu'il n'esquisse de nouvelle réaction. Son corps est toujours replié, ses yeux toujours vrillés sur le corps qui ne bouge qu'à peine. De là où Bran se tient, on croirait qu'il est mort. Il n'y aurait presque un doute à avoir — et on ne serait pas loin d'avoir tort. Mais de la distance où Novak se tient, il peut voir la poitrine se soulever lentement. Trop peu. C'est inquiétant. Et il n'a pas besoin d'être un expert pour savoir que ce type est sûrement tombé dans le coma, et que s'il a la chance d'en sortir ce sera dans plusieurs mois, plusieurs années. Si son esprit est capable de s'en tirer. Ça, pour foirer, t'as foiré.

« Dis-lui qu'ça va, qu't'as pas besoin de continuer à m'surveiller et que c'était juste un écart. » Finalement, la montagne finit par bouger. Par se redresser, lentement, sans se presser. Par s'appuyer sur ses genoux pour aider son poids à se hisser. Par se dresser de toute sa taille au milieu de ce salon trop petit, trop sale et trop mal rangé. Ses yeux n'ayant pas une seconde quitté le corps inerte à ses pieds. « S'il croit que j'déraille, tu sais comment ça tournera. » Oui, il le sait. Il le sait et, au fond de son esprit, les choses commencent à se placer. Mais il sait aussi qu'il ne peut pas proférer ce genre de mensonges à Lazar — et Bran aussi, le sait. Les choses sont ingérables depuis trop longtemps, maintenant. Et pour cette fois encore, le mal est fait. Prétendre que c'était juste un écart ne fonctionnerait pas. Ne fonctionnait plus depuis quelques mois déjà. Les choses étaient hors de contrôle, et c'était la seule raison qui avait poussé Lazar à rendre la surveillance plus vraie. Il n'avalerait pas ce genre d'hypocrisie. N'avalerait pas les mots que Bran voudrait prêter à des yeux qui, d'ordinaire, jamais ne mentaient. Lazar était bien des choses, mais Lazar n'était pas con. Et Lazar connaissait son chien. Restait à l'écart du loup, à défaut d'être capable de complètement le cerner. Et c'était là leur atout. Leur seule chance de s'en tirer. Le seul espoir pour Bran de ne pas finir au fond du caniveau dans quelques mois, quand le terrain serait devenu trop glissant pour qu'il ne puisse freiner ou s'arrêter, et que l'impardonnable serait commis.

« J'veux pas finir comme mon père. » Et l'aveu est bas. Bas comme la réalisation d'une connerie qui est en train de lui coûter la vie. Bas comme sa fierté, au moment où il abaisse finalement son bouclier crasseux de sang pour laisser voir l'animal blessé qui se tient derrière. Et les yeux du loup se posent sur la silhouette aux poings crispés du chien, du chiot, qui se tient toujours près de la porte. Prêt à se tirer au moindre coup de sifflet. Quand on l'y autoriserait. Le loup l'observe, de haut en bas. Inspecte ses traits tirés, la fatigue évidente qui lui bouffe les yeux, et les taches de sang que son t-shirt arbore sans aucune fierté. Il ressent la colère, ressent la honte qui tend à s'immiscer là où on ne l'avait pas réclamée. Et par-delà tout ça, il croit ressentir cette peur, peur qui s'est glissée dans les entrailles du Kovac à l'instant où le doute l'a envahi. Peur qu'il ne doit pas sentir, qu'il ne doit même pas deviner. Peur que, pourtant, son mentor distingue clairement, et qui fait apparaître un pli sur son menton d'ordinaire toujours lisse. Sourcils légèrement froncés, les yeux qui se sont arrêtés pour de bon sur son visage crispé. Et après un léger flottement, les mots tombent. Seule réponse à la colère comme à la peur — seule réponse à la situation qui essayait de tirer Bran vers le fond, et de faire pour de bon disparaître la surface à son regard paumé. « You won't. » C'est un étrange retour à l'anglais. Une culture qui s'imprègne chaque jour un peu plus dans leurs veines. Et Novak renifle, Novak jette un nouveau coup d'oeil au corps à demi-mort. Revenant au serbe et à ses intonations plus dures. Revenant à cette langue dans laquelle lui comme Bran préfèreront toujours s'exprimer. « T'en fais pas pour ça. » Et il continue de penser, le géant. Il continue de chercher une solution à ce problème plus grand qu'eux. Ce problème dont, cette fois, ils ne se débarrasseront pas comme ça.

Son regard retourne finalement sur Bran. Un premier pas, puis un deuxième. Sa silhouette s'approchant de la sienne, sans manifester la moindre agressivité. Il sent le poids de son propre poing américain, au fond de sa poche. Sent le poids de toutes ses prochaines décisions s'approcher vicieusement de sa conscience, et la noircir sans même la toucher. Pourtant, il le sait : il n'a pas le choix. S'il veut protéger Bran, les choix n'existent plus. N'existent pas. Seuls les actes vont compter. Chaque fois plus sanglants. Chaque fois plus tranchés. Et quand il s'arrête, à un mètre à peine de lui, le dominant de toute sa taille, il peut presque sentir les cauchemars lui chatouiller la plante des pieds. L'humanité envolée, la bête retourne à son état naturel. Franche. Brutale. Regardant un instant sa progéniture dans les yeux, avant de fixer un point invisible au-dessus de son épaule. « J'vais finir ça. » Le tuer, Bran. J'vais le tuer. Ou plutôt, l'achever. Voix basse, ton ferme. Ce n'est pas une proposition — c'est une affirmation. Il va le tuer. Il va poser l'acte, pour que les mensonges deviennent réalité. Qu'il puisse endosser pour de bon le chapeau, et que Bran n'ait pas à s'en retrouver plus éclaboussé que l'état précaire des choses ne le lui permet. T'en fais pas, va. J'vais m'occuper de tout ça.

Et son regard retourne à nouveau vers Bran, Ses yeux plantés dans les siens, sans lui laisser l'occasion de s'en tirer. « Et porter le chapeau, pour cette fois. » C'est pas une option. Pas pour cette fois. Mais va falloir que t'essaies de te reprendre. Tu comprends, ça ? « Lazar m'écoutera. » On le sait. On le sait, que Lazar m'écoutera. On le sait, que si je le tue, y aura pas de mensonges à proférer. Y aura rien à lui cacher. On agrandira juste les bords du chapeau, pour qu'il couvre tes conneries au passage. J'prendrai les conséquences s'il y en a. Une à une. Coup par coup. Et puis, toi, tu t'en tireras.

Tu t'en tireras pour vivre. Tu t'en tireras pour avancer.
Tu t'en tireras pour voir ce monde, qui a bien plus à donner que Lazar ne te l'a jamais laissé soupçonné.

Tu finiras pas comme ton père, gamin.
T'en fais pas pour ça. J'te laisserai pas.

Tu t'en tireras.

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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptySam 24 Mar - 18:08

Silence. C'est assourdissant, ça rend son chaos intérieur cent fois plus puissant, tympans parasités par le sang qui bat à ses tempes et lui donne l'impression d'avoir un marteau-piqueur dans la tête. Il voudrait que le type crie à l'aide, que Novak remplisse l'air de sa voix trop grave, que des sirènes viennent troubler ce calme dérangeant, que quelqu'un mette fin à la tempête qui fait rage en lui. Mais y a rien. Rien d'autre que le silence, encore, toujours. Novak penché au-dessus de la victime, Bran collé à la porte comme s'il voulait fusionner avec le bois. Il sait plus si c'est pour barricader l'entrée ou s'assurer d'être prêt à s'évader, tout se mélange et il a du mal à réfléchir – il est incapable de gérer. Ça l'empêche pas de prétendre le contraire, plaider sa cause comme s'il se tenait sur le banc des accusés. C'est ridicule parce qu'il sait que Novak n'est pas le juge c'est pas lui qui rendra la sentence, c'est pas lui qui le condamnera. Ou peut-être que si, s'il devient le témoin clé de l'affaire. Il sait plus quoi penser et ça le ronge ça le bouffe, il supporte pas cette méfiance constante, le doute qui s'incruste dans ses veines jusqu'à le mettre sur la défensive face à ses alliés les plus fidèles.

Même Novak n'est pas épargné.

Il attend le verdict mais Novak ne dit rien et son visage est trop impassible pour qu'il puisse y déceler quoi que ce soit. Il sait pas si l'autre est vivant, il sait pas si lui est condamné. Il se contente de rester là, à l'observer, à faire des demandes auxquelles Novak ne pourra pas céder et il le sait. P't'être que c'est le désespoir qui prend le dessus, p't'être qu'il sait plus quoi faire. Y a cette sensation désagréable qui s'insinue en lui, qui fait des nœuds dans son bide et une boule dans sa gorge, qui lui donne l'impression d'étouffer dans une fournaise alors que des frissons se baladent le long de son échine. C'est cette chose qu'il ne veut pas nommer, qui le fait agiter ses doigts frénétiquement et lui donne envie de se barrer en courant, qui grignote les dernières miettes de la façade qu'il tente de garder malgré toutes les brèches qui y ont été ouvertes.

La peur.
Pour la première fois de sa vie, le gang en tant qu'entité lui fait peur.

Ses yeux suivent Novak qui se redresse, toujours concentré sur la carcasse échouée par terre. Mais il n'y prête pas attention, lui, bien trop focalisé sur le géant, inquiet à l'idée de ce qui viendra ensuite. S'il y a une chose qu'il sait c'est qu'il veut pas crever et c'est avoué à mi-voix, prunelles braquées sur le carrelage et fierté trouée. L'os de sa mâchoire qui se contracte par intermittences, ses sourcils qui se froncent alors qu'il continue de fixer le sol comme s'il voulait le voir s'ouvrir sous ses pieds pour l'éloigner de toute cette merde – qu'il a pourtant causée lui-même. « You won't. » L'anglais lui écorche les tympans et le fait lever les yeux à nouveau pour croiser ceux de son vis-à-vis le temps d'une seconde. C'est fugace, l'autre qui contemple le corps encore une fois, Bran qui ne s'y attarde toujours pas. « T'en fais pas pour ça. » Le serbe revient et ça a quelque chose de rassurant, ça rappelle la maison ça rappelle les racines, tout ce qui lui réchauffe le cœur et lui donne l'illusion de la sécurité. Y a l'assurance dans la voix de Novak et il a envie d'y croire mais il reste hésitant, à pas savoir sur quel pied danser, les muscles tendus et son regard qui sonde le sien comme s'il y cherchait une preuve, quelque chose de tangible sur lequel s'appuyer pour pas s'effondrer.

Novak esquisse un pas et il se raidit malgré lui, son menton qui se redresse, ses prunelles qui le toisent avec un peu trop de méfiance. Pourtant il reste là où il est, il attend, ses poings qui se crispent quand Novak s'approche calmement. Il veut le croire c'est vrai mais les doutes sont toujours là et son corps le trahit, sa posture tendue, comme un animal prêt à bondir ou déguerpir au moindre signe de danger. Il l'observe et comme toujours y a cette impression d'être petit, si petit face au colosse. Pas comme s'il était faible ou s'il manquait de carrure, juste la sensation de n'être qu'un enfant face à une montagne, pauvre môme qui sait plus s'il va devoir la gravir de force ou si elle l'aidera à passer de l'autre côté. « J'vais finir ça. » Il capte le changement au fond de ses yeux, reconnaît la bête qui s'éveille au creux des entrailles – celle qui n'est pas bien différente de la sienne. Et à cette seconde précise il sait. Si Novak doit choisir un côté il prend le sien, pas celui du gang ou de Lazar, le sien. Novak est là il ne bouge pas, la certitude qui vient défaire l'étau autour de sa gorge, le soulagement qui l'aide à déglutir plus facilement. Pourtant il fronce les sourcils parce que les doutes sont ancrés trop profondément pour disparaître d'un claquement de doigts, ils sont apaisés certes mais combien de temps avant qu'ils reviennent ? « Et porter le chapeau, pour cette fois. » Ils savent tous les deux ce que ça veut dire. Peu importe qui est à blâmer, Lazar laissera pas passer ça. Y aura des remontrances et si elles seront sûrement moins virulentes pour Novak qu'elles ne l'auraient été pour Bran au vu de ses dernières frasques, il sera pas épargné pour autant. « Non j'vais... » Il finit pas sa phrase. Il va quoi, au juste? L'achever ? Maintenant qu'il sait qu'il n'est pas tout à fait mort, il est pas sûr de vouloir finir le travail. Il a ouvert les vannes de sa rage une fois et il n'en a plus la force pour ce soir, il a plus envie de tout fracasser. Il se sent juste cerné par tous les morceaux qu'il a détruits et il sait pas comment les recoller, il sait pas comment combler les vides et camoufler les brèches. Suffit d'une seule pour qu'ils aient sa peau il le sait – comme les requins attirés par le sang, une goutte et il est condamné. Ils ont pas le choix. « Lazar m'écoutera. » Sûrement. Novak a toujours prouvé qu'il était digne de confiance pourtant il s'apprête à faire un écart, tout ça pour lui. Il accepte de s'écorcher les pieds sur le fil du rasoir, pour lui. Ça tourne en boucle dans sa tête et il comprend que cette fois sa loyauté est ailleurs, tournée vers l'attachement personnel plutôt que la communauté, vers le loup blessé plutôt que l'intérêt de la meute. Si sa confiance s'est effilochée, la dévotion de Novak semble être intacte. Vers le frère que le cœur a choisi plutôt que vers ceux trouvés dans le sang.

Y a un moment de flottement, leurs regards qui s'accrochent – celui de Bran qui laisse transparaître la détresse qu'il a du mal à cacher, celui de Novak qui est aussi solide qu'il l'a toujours été. Une seconde. Deux. Dix. Il s'arrache à la porte pour trouver un appui ailleurs, là où il aurait dû le chercher dès le départ. Ses bras qui s'enroulent autour des épaules de Novak alors qu'il le serre contre lui dans une étreinte fraternelle, à s'y agripper comme un naufragé à sa bouée, comme si c'était la seule chose qui l'empêchait de couler complètement. « Merci. » Il finit par le relâcher au bout de quelques instants mais il reste proche, ses yeux qui se posent enfin sur le type qui continue d'agoniser. Ses traits se durcissent, regard assombri quand il vient trouver celui de Novak à nouveau. « J'peux le faire, si tu veux. » Finir ce qu'il a commencé ; quitte à foirer autant le faire jusqu'au bout. Pourtant il n'en a plus envie, mais le travail c'est le travail et il n'a jamais rechigné devant la moindre besogne. Si Novak lui demande, il le fera, il fera tout ce qu'il faudra sans la moindre hésitation. « Tu sais qu'il laissera pas passer ça, même si ça vient d'toi. » Il y aura punition, peu importe qui se désigne comme étant le coupable. Ils le savent tous les deux. « Si tu lui mens, c'est d'la trahison. » Moindre, certes, puisque ça reste entre leurs rangs, rien d'autre qu'un détail interne. Pourtant si Lazar l'apprenait ça remettrait en cause sa confiance en Novak, et toute la machine pourrait se retrouver ébranlée. « Pourquoi tu préfères m'aider plutôt que d'lui obéir ? Tu serais tranquille si tu prenais pas parti. » C'est la méfiance qui reste malgré lui, qui se lit entre les lignes, qui a besoin d'une dernière assurance pour enfin se taire. Ça serait la neutralité que de simplement énoncer les faits et c'est dans cette catégorie qu'il a toujours mis Novak – le roc qui tient contre vents et marées sans être ni l'un ni l'autre, qui voit tout mais reste à sa place, inébranlable. En faisant ça il va à l'encontre de leur chef, de l'intérêt commun du gang. Il privilégie un maillon dispensable, qu'on aurait pas de mal à remplacer.

Bran a toujours voulu croire qu'il était un rouage aussi important que les autres, mais maintenant il sait que sans lui la machine continuerait de tourner quoi qu'il arrive. Il a fini par comprendre. Personne n'a besoin de lui, il fait partie du troupeau comme les autres, mouton qu'on a réussi à convaincre qu'il était privilégié. C'est p't'être pour ça que c'est aussi brutal, de réaliser qu'il n'est qu'un élément superflu.
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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyDim 25 Mar - 20:38

Il l'avait toujours su : tôt ou tard, ça se reproduirait. La mécanique se réenclencherait, et il n'était rien qu'il pourrait faire pour l'arrêter. Il n'en avait pas été capable, la première fois. Il avait serré les dents, serré les poings. Supporter le vacarme dans son crâne et la douleur de chacune des scènes auxquelles il assistait. Ça avait duré des années, et il avait cru que ça ne finirait jamais. Il avait souhaité que la guerre l'emporte comme elle en avait emporté tant d'autres. L'emporte pour l'aider à trouver la paix — juste retour de flamme de tout le mal qu'il avait semé sur son passage. Les vieillards, les femmes, les enfants. Enfants-soldats, enfants-innocents, enfants-pleurant. Il ne méritait que la mort qu'il infligeait — que le fléau pour lequel il était passé professionnel. Mais la mort avait décidé que ce n'était pas l'heure. Qu'il n'avait pas assez payé. Il avait choisi de lui tourner le dos et de s'en aller. Il avait failli à sa mission. Failli au seul boulot qu'on lui avait confié. Failli ses frères, failli ceux qui avaient besoin de lui. Et c'était sur le point de se reproduire. Sur le point de se répéter. Sauf que cette fois, il faillirait ses frères en prenant le temps d'y penser. Faillirait ses frères pour sauver celui qui avait vraiment besoin de lui pour s'en tirer.

C'était sur le point de se reproduire, et ça l'obsédait. Ça le hantait, ça le dévorait. Chaque putain de seconde qui passait, il sentait le doute lui ravager les tripes. L'instinct grogner, le loup rugir. Pas question de laisser tomber Bran. Mais il devait la vie au gang. Pas question de laisser tomber Bran. Mais le gang, c'était tout ce qu'il lui restait. Pas question de laisser tomber Bran. Mais s'il les quittait, où irait-il ?
Pas question de laisser tomber Bran. Mais le gang le tuerait.

Durant un maigre instant, un maigre silence, il continue de le regarder. Le chien fou qui s'est calmé, chien fou qui a le regard plus posé. Qui se décolle de la porte et qui finit par se rapprocher. Par enrouler ses bras autour de lui, sa tête non loin de se caler elle aussi. Et alors, la fatalité le saisit. Il la laisse faire. Ne lutte pas, n'y pense même pas. Il la laisse faire et il l'embrasse. Acceptant les faits, acceptant ce que son instinct lui grondait et ce que le loup lui hurlait. Pas question de laisser tomber Bran. Et s'il devait y rester, alors il y resterait. Ce serait la fin d'une course trop longue, d'une course qu'il n'avait pas mérité. Ce serait l'aboutissement d'une chute aux Enfers qu'il n'était plus sûre de vouloir continuer. Il était prêt. Prêt à mourir, depuis l'instant où il avait pris la vie pour la première fois. Prêt à mourir. Prêt à en finir.

« Merci. » Il entend le petit mot, sent les bras toujours serrés autour de lui. Lentement, il lui rend l'étreinte. Un bras qui soutient Bran, l'autre qui vient lui tapoter doucement le dos. Un petit coup. Deux petits coups. T'en fais pas, va. Tu vas t'en tirer. J'm'en assurerai. Ça dure quelques secondes de plus. Secondes durant lesquels l'esprit du serbe reprend prise sur la réalité. S'éloigne de la guerre, desserre son emprise sur la fatalité. Il la laisse reculer, au même rythme que Bran le relâche et s'éloigne. L'heure n'est pas encore venue de baisser les armes et de confronter les loups. L'heure n'est pas aux crânes fracassés ou aux balles perdues. L'heure est à la survie. À s'en tirer. Les dégâts pouvaient encore être amortis, et ils feraient ce qu'il fallait. Novak y était décidé, et il savait que l'étreinte de Bran avait été sa manière d'accepter le chemin sinueux sur lequel ils s'apprêtaient à s'engager.

Lentement, il pivote. Son corps complètement décollé de celui du gamin, son regard suit le sien jusqu'au corps encore inerte. Et lorsque leurs yeux se retrouvent, ceux du Kovac se sont durcis. La peur est subsiste, mais la résignation l'a voilée. Il se propose de terminer le boulot, et le géant ne met pas longtemps avant de secouer la tête. C'est un geste presque trop lent, un geste presque trop mesuré. C'est un réflexe qu'il ne peut pas empêcher. C'est hors de question que Bran finisse ce qu'il a commencé. S'il fait ça, il n'y aura rien qui empêchera Lazar de l'abattre comme un chien galeux qui a finalement dépassé les bornes qu'on lui avait imposées. Et ça, Novak ne le permettrait pas. « Tu sais qu'il laissera pas passer ça, même si ça vient d'toi. » Les mots complètent leurs pensées silencieuses, énoncent ces faits avec lesquels il va leur falloir composer. « Si tu lui mens, c'est d'la trahison. » Il ne l'arrête pas. Ne l'empêche pas de parler. Il lui tourne le dos, lentement, et il retourne vers le corps. Le pauvre type respire toujours, faiblement. Ça ne prendra pas grand-chose pour qu'il ne bascule définitivement dans l'ombre — et peut-être même son âme y est-elle déjà. Les mots de Bran tournent dans sa tête, mais il ne lui répond pas. Il n'y a rien à dire. Lazar le punira, et il le sait. Lazar sera sûrement obligé de le faire lui-même, à défaut de trouver quelqu'un d'assez féroce et d'assez solide pour s'en prendre à celui que personne n'approchait. Celui qui savait tout. Celui dont les poings étaient craints même dans les rangs du gang. Lazar le ferait probablement lui-même, pour affirmer son ultime supériorité. Même les intouchables, les respectables, peuvent tomber. Le seul pilier, c'est lui. Le seul pilier, c'est sa volonté. Et sa volonté n'est pas de celles que l'on peut bafouer. Pas de celles qu'on peut défier.

« Pourquoi tu préfères m'aider plutôt que d'lui obéir ? Tu serais tranquille si tu prenais pas parti. » C'est une bonne question. Le genre qui demande de la réflexion, et qui soulève d'autres interrogations. Bran a raison : ce serait plus facile d'obéir. L'aider, c'est signer un arrêt de mort. C'est emprunter une voie dont il ne se sortirait pas. L'aider c'est marquer une fin. Marquer sa fin. Et il le sait. Il le sait mais, pourtant, la question ne se pose pas. Pas pour lui. Pas après tout ça. Il comprend la méfiance de Bran, comprend que ses motivations lui échappent. Il comprend que le gamin n'a pas tout ce qu'il faut pour le saisir. Il collectionne les secrets depuis avant même l'arrivée du Kovac dans le gang. Cultive le silence, et laisse enterrés les démons qu'il a peur d'approcher. On sait sa violence. On sait qu'il a fait partie de l'armée. Mais il y a trop de choses qu'on ne sait pas. Trop de choses que Bran ne sait pas. Que Novak ne veut pas lui expliquer. Et qui dictent aujourd'hui ses actions et pensées. La question n'a qu'une réponse, et cette réponse est simple : parce que j'te laisserai pas crever. « J'ai rien à perdre. » Sauf la vie. Sauf lui. C'est un fait. Et s'il peut se passer de la première, il lui est impossible de sacrifier le deuxième. De le laisser se faire dévorer par les chiens parmi lesquels il s'est longtemps cru intégré. Ces chiens qu'il a pensé ses alliés, et qui l'ont trahi jusque dans les fondements de son histoire et de sa personnalité. Novak le sait. Son silence y a participé. Il a vu le chien se faire dresser, l'a accompagné dans ses premières sorties. L'a encadré, guidé, et a laissé les coups de matraque et les ordres doucereux le diriger. Une part de lui se sent responsable — et c'est cette part de lui qui agit aujourd'hui. Au diable les répercussions : il sait qu'il faudra de bien plus gros écarts pour que Lazar ne perde sa confiance en lui. Et peut-être qu'il est là, son réel pouvoir. Peut-être que tout a tendu dans cette direction, aussi longtemps, pour que tout en arrive là. Pour qu'un beau jour, Novak puisse aider Bran, et que la confiance qu'on lui voue soit assez solide pour encaisser ces quelques coups nécessaires à leur laisser un peu d'avance. Leur laisser le temps de se préparer à la tornade qui grondait. À l'ouragan qui les emporterait.

Lentement, il s'accroupit. Son regard n'a pas retrouvé celui de Bran après les mots qu'il a prononcé. Il pensait chacun d'eux, et son ton n'avait pas tremblé. Ses yeux restaient vrillés sur le corps qu'il allait lui falloir achever. Et ses méninges tournaient. Il n'y avait pas d'échappatoire complète, et il le savait. Il était arrivé trop tard pour ça. Beaucoup trop tard. Quand bien même il serait entré dans l'appartement avant que Bran n'ait terminé, ça n'aurait rien changé. Le type aurait déjà été trop amoché. Les dés avaient été jetés avant même qu'il n'ait mis un pied dans l'immeuble qu'on lui avait indiqué. Il allait faire avec. Et tant pis pour les conséquences qui en découleraient. « Il t'a attaqué. » Ce-disant, il sort une paire de gants noirs de la poche de sa veste. Les enfile, et jette un regard autour d'eux. « Vous vous êtes battus. » Il va leur falloir saccager un peu l'appartement, s'ils veulent que ça ait l'air vrai. Mais ce n'est pas ce qui posera problème, et il le sait. La voisine risque d'être plus compliquée. Si quelqu'un en vient à lui parler, la vérité pourrait refaire surface trop facilement. Trop rapidement. Et si la police l'interrogeait, tout risquait de devenir encore plus délicat à gérer. « Il a sorti une arme. » Ou il a pris le dessus. « Et je suis intervenu. » C'était une première proposition. À peaufiner, à trouver comment rendre vraie. Ça n'excuserait pas le geste qu'il allait poser. Ça n'empêcherait pas Lazar de le punir, ou d'engueuler Bran. Mais c'était la seule solution qu'il voyait. La seule ébauche d'histoire qui, pour le moment, lui venait. Alors ses yeux se reposent sur le Kovac. Le toisent, une seconde ou deux. Ils disent, si t'as mieux, c'est le moment de proposer.

Et ils s'excusent, par avance. Car si l'histoire veut avoir une chance d'être avalée, s'ils veulent avoir le moindre espoir que la cloche de verre retiennent l'étendue des dégâts, Bran ne pourra pas s'en tirer comme ça. Va falloir le brusquer. Va falloir le frapper. Mais c'était ça, où faire un pas de plus vers le précipice. Sans savoir à quel moment le sol se déroberait sous ses pieds. Sans savoir à quel moment Lazar décrètera que les conneries sont terminées, et qu'il lui collera une balle entre les deux yeux sans même ciller. Un mal pour un bien, dans le fond. Quelques coups valaient mieux qu'une balle. Quelques coups pour Bran, quelques coups pour lui. Quelques coups pour empêcher que l'étau ne se referme, et n'achève de les étouffer.

Quelques coups que Novak encaisserait sans ciller, si cela voulait dire offrir un jour de plus à un gamin qu'il s'était inconsciemment juré de protéger.

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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyJeu 29 Mar - 10:46

Ses bras passés autour de Novak, il est surpris quand il le sent lui rendre l'étreinte. Il sait qu'il est loin d'être aussi tactile que lui et qu'il ne fait jamais dans les effusions, alors il comprend sans qu'aucun d'eux n'ait besoin de parler. Il comprend que Novak ne compte pas le laisser tomber – et au fond il sait que ce simple geste l'élève au rang de privilégié. Ça lui tire un sourire alors qu'il laisse le géant s'écarter et mettre fin au contact, ses bras qui échouent contre ses flancs, ses lèvres qui se fanent quand son regard tombe sur sa victime encore une fois. Il est prêt à finir ce qu'il a commencé même s'il n'en a pas envie, parce que le travail c'est le travail et il recule jamais devant la moindre tâche, quelle qu'elle soit et peu importe le poids que ça lui laisse à porter parfois. Pourtant Novak refuse. Il le regarde secouer la tête et il sait pas s'il est soulagé ou frustré, rassuré d'être débarrassé ou contrarié de laisser un autre terminer sa besogne. C'est pas dans ses habitudes ; il déteste qu'on passe derrière lui. Pourtant ce soir il ne proteste pas.

Ça l'empêche pas de rappeler à Novak ce qu'il s'apprête à faire, la trahison qui vient avec le mensonge, les risques qu'ils encourent à vouloir berner Lazar. S'ils font ça y a pas de retour en arrière – et si Bran est déjà presque foutu, c'est loin d'être le cas de Novak. Mais il n'obtient aucune réponse, pas même la moindre réaction. C'est peut-être pour ça qu'il insiste comme s'il cherchait à tester comme s'il avait besoin d'une assurance, quelque chose pour lui promettre qu'il est en sécurité. « J'ai rien à perdre. » Il tique. C'est vrai qu'il a peu d'informations sur Novak sur sa vie – seulement ce qu'il a bien voulu lui montrer toutes ces années et c'est pas grand-chose – mais il a du mal à croire qu'il n'ait rien à perdre, à moins qu'il ait déjà tout perdu. Il fait le comparatif avec lui-même et ça lui semble absurde, chez lui la liste est trop longue. Y a sa mère restée en Serbie, qu'ils connaissent puisqu'elle était mariée à l'un d'entre eux avant qu'ils ne le tuent. Y a toute l'illusion d'une famille qui vient avec le gang, tous ces hommes à qui il s'est réellement attaché, qu'il considère comme des pères des frères des oncles, des liens forgés dans le sang même s'ils ne partagent pas le même. Y a Lim, cible facile pour l'atteindre en plein cœur. Y a sa vie toute entière entre leurs mains, sa vie qui pourrait partir en lambeaux si facilement sans qu'il ne puisse rien y faire. Il a tout à perdre et il refuse de croire que Novak n'a vraiment rien. « Si, y a au moins un truc. Ta vie. » Peut-être pas juste pour cette trahison mais si Lazar l'apprend ça viendra, il perdra sa confiance et ça finira par se retourner contre lui. Bran est convaincu que c'est comme ça que lui crèvera – il pensait pas que Novak finirait par emprunter la même route que lui. Il l'a toujours pensé trop intelligent pour ça.

Toujours planté au même endroit, il l'observe s'accroupir près du presque cadavre, ses muscles qui se tendent. « Il t'a attaqué. » Il arque un sourcil, ne le quitte toujours pas des yeux alors qu'il enfile des gants noirs, suit son regard autour de la pièce sans trop comprendre. « Vous vous êtes battus. » Lentement ça se fraie un chemin jusqu'à son cerveau, le mensonge qui prend vie dans sa tête, la mise en scène qui se fait de plus en plus claire. Il a le regard qui s'éclaire – signe qu'il a compris. Et il peut pas s'empêcher de sourire parce que ça lui paraît génial, même si c'est pas infaillible il le sait. C'est déjà mieux que le chaos qui résonnait entre ses tempes, incapable de réfléchir il s'en serait pas sorti tout seul. « Il a sorti une arme. Et je suis intervenu. » Il hoche doucement la tête, songeur, prunelles dans le vague alors qu'il sent celles de Novak peser sur lui à nouveau. Il finit par les croiser une nouvelle fois, ses traits qui se font si sérieux qu'il a l'air plus vieux, plus dur, loin du gamin qui continue d'essayer de briller sous la crasse. « On s'est battus. J'ai sorti une arme. Mon couteau. » Il le sort de sa poche intérieure et se met à le faire passer d'une main à l'autre, ses doigts qui s'entortillent autour de lui et jouent trop près de la lame, comme si ses gestes nerveux pouvaient l'aider à mieux réfléchir. « J'l'ai lâché dans la bagarre et il a réussi à le récupérer, il m'a planté. » Il sait parfaitement les conséquences de ce qu'il avance – sait que Novak devra le frapper et le poignarder pour corroborer leur histoire. Il encaissera parce que c'est la meilleure solution, parce que de toute façon ils n'ont pas le choix. Faut que ça ait l'air réel et pour ça faut une bonne raison pour que le type ait pu prendre le dessus, ça lui paraît être la meilleure explication, même s'il en grimace d'avance. « C'est là qu't'es arrivé et c'est parti en couille parce qu'il a osé me planter, c'fils de pute. » On dirait qu'il y croit déjà, comme si le type était coupable de ce fiasco alors que c'est lui qui est à blâmer.

Son regard est interrogateur quand il revient trouver celui de Novak, comme pour demander si sa version est plausible, s'il est prêt à suivre. Il prend ce qu'il voit dans ses yeux pour un oui et se détourne sans chercher plus loin – faut qu'ils agissent vite malgré tout, si les détails ne conviennent pas ils s'en occuperont plus tard. Il le laisse se charger d'achever la bête à l'agonie, se mettant en tête de saccager une partie de l'appartement pour laisser des traces de leur bagarre inexistante. Il renverse des objets, fait tomber des chaises, décale les meubles comme s'ils avaient tout poussé en se ruant dans tous les coins. Il éventre un coussin du canapé pour faire comme s'il avait tenté de le poignarder mais l'avait loupé, claque l'arrière de son crâne contre un cadre accroché au mur, se jette contre le buffet pour abîmer le bois et faire tomber la vaisselle autour de lui – et s'il se fait mal dans le processus tant pis tant mieux, faut qu'il ait les blessures qui correspondent avec leur mensonge. Il défonce un tas de choses autour de lui et tant pis pour le boucan que ça fait, quand il se tient au milieu des ruines il peut pas retenir un sourire satisfait. Ça a l'air vrai. Sûrement que l'expérience de ce genre de scènes est un atout non négligeable, ça lui a permis de savoir où et comment viser.

Reste plus qu'un détail : lui-même.

Quand il revient près de Novak, y a cet air résigné sur sa trogne, la détermination au fond d'ses yeux. Il ne regarde même pas la carcasse, trop concentré sur ce qui l'attend, ses poings serrés et ses muscles bandés. Manche de son couteau tendu dans la direction de Novak dans un signe de confiance absolue, il prend une inspiration avant de lâcher : « J'suis prêt. »
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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyMer 18 Avr - 17:42

Rien à perdre. Et pourtant. « Si, y a au moins un truc. Ta vie. » Le petit n'a pas tort, mais le petit ne comprend pas. Dans la tête du loup, le problème n'existe pas. « Et toi. » J'ai fait mon choix.

Maintenant, faut s'en tirer. Faut faire en sorte que les foudres de Lazar ne s'abattent pas sur Bran. Alors Novak réfléchit. Novak énonce un scénario, le premier qui lui passe par l'esprit. Sachant qu'il leur faudrait le peaufiner, sachant que la mort et le sang devraient encore couler pour rendre le tout crédible. Mais c'est un début. Bran semble mettre du temps à comprendre ce qui se trame, mais une fois que les mots ont tracé leur chemin jusqu'à son esprit, il sourit. Novak ne le lui rend pas. Continue de les projeter dans une scène qui ne s'est jamais jouée. Et le gamin hoche la tête. Commence à embarquer. Les yeux des deux loups qui se trouvent. Fouillent dans le regard de l'autre à la recherche de la clé qui rendrait l'histoire plausible. Authentique. Et c'est Bran qui finit par la trouver. « On s'est battus. J'ai sorti une arme. Mon couteau. » Novak ne fronce pas les sourcils, mais une lueur d'inquiétude passe dans son oeil. Il a peur de comprendre. Peur d'être capable de combler seul les zones d'ombre que Bran s'apprêtait à éclairer. « J'l'ai lâché dans la bagarre et il a réussi à le récupérer, il m'a planté. » Et au fond de lui, y a quelque chose qui se raye. Une pensée noire, de laquelle il n'aurait jamais voulu s'approcher. Qui ne transparaît pas dans ses yeux, ne transparaît pas dans sa mâchoire perpétuellement crisper. Va falloir qu'tu poignardes Bran, Novak. Tu le sais. « C'est là qu't'es arrivé et c'est parti en couille parce qu'il a osé me planter, c'fils de pute. » C'est le meilleur scénario qu'ils pouvaient trouver, dans la situation. Ça explique tout. La folie de Bran est suffisante pour justifier l'ampleur qu'a pris la bagarre, et les instincts protecteurs de Novak se chargeront de consolider les fondations d'une raison à ce meurtre. Dans les yeux du gamin, la question apparaît. Question de savoir si c'est une bonne idée. Si c'est ça qu'ils vont faire. Et c'est un ok dans le regard du colosse. Un ok qui lui file la nausée rien qu'à y penser. Mais il sait qu'il n'a pas le choix. Sait qu'il leur faudra s'en tirer avec ça.

Bran part. Se met à saccager l'appartement, tandis que le géant retourne à l'homme à moitié mort, toujours inconscient à ses pieds. Il prend une longue inspiration, avant de retirer ses gants pour les remettre dans la poche de sa veste. Il lui faudra se salir les mains. Pouvoir prouver qu'il a tué ce type. Et tandis qu'il entend les fracas autour de lui, il prend un instant pour se retirer dans les tourments de son esprit. Pour réfléchir à la meilleure manière d'achever cet homme déjà bien amoché. Il sait que le défaut de leur plan se trouve là. Que seul l'état de Bran pourra potentiellement lever les soupçons sur l'état du cadavre laissé derrière eux. Car la colère de Novak n'est jamais assez puissante, jamais assez débordante, pour qu'il ne s'acharne ainsi sur un homme. S'il tue, c'est d'un coup de couteau. D'une prise féroce autour du cou, pour le faire lâcher. S'il tue, c'est sale mais c'est net. Jamais aussi fou. Jamais aussi débridé. Pourtant, il n'a pas le choix de terminer ce qui a été commencé. Les doigts qui se serrent. Ont enfilé son poing américain. Il relève son bras, lui fait prendre l'élan nécessaire. Un coup sec dans la gorge. Enfonce la trachée, déchire la peau. Le sang qui coule et le type qui se met à étouffer. Deux coups dans le front. Crâne qui s'enfonce. Un troisième, et ça se brise sous ses mains. C'est dégueulasse, mais il ne cille pas. Il en a vu d'autre. Les chocs résonnent dans son bras. Mais il n'y a plus aucun doute à émettre. Cette fois, le type ne se relèvera pas.

Quand il se redresse, agitant doucement le poing américain au bout de ses doigts pour en ôter le sang, Bran a terminé. Novak le voit, planté là. Le manche du couteau est déjà tendu vers lui, et ce sont les mots du gamin qui le font finalement sortir de son état second. État de concentration. « J'suis prêt. » Pas lui. Mais il ne sera jamais, et il le sait. Va falloir accepter d'agir pareil. Accepter de le frapper. De le poignarder. Et il n'y a pas un mot pour s'échapper de ses lèvres, alors qu'il se tourne entièrement vers le Kovac. Le poing américain retourné dans sa poche. Il tend la main et ses doigts se referment autour du couteau. Un petit geste habile, et il vient le tenir avec la lame contre son poignet. Le poing armé, prêt à frapper sans poignarder. Il se tient là, une seconde. Si brève seconde, avant que le premier coup ne parte enfin. Violent, brutal. Heurtant le visage de Bran avec une précision et une force désarmante. Le corps du petit qui flanche, et la main libre de Novak qui vient attraper le côté du visage de son protégé. Reste avec moi.

Un deuxième coup vient ouvrir la pommette déjà entaillée. Lui faire couler du sang sur le nez, dans la bouche. Il ne lâche pas sa tête, empêche le corps de Bran de flancher. Le gamin peut en prendre, et il le sait. Mais il se refuse à le laisser aller. Son poing toujours replié le percute dans le creux de l'estomac. Le couteau ne l'a pas encore touché, garder dans une position où la seule personne qu'il pouvait blesser était Novak lui-même. Mais l'heure est arrivée, et cette fois il ne peut plus reculer. Les coups au visage ont été assez puissants pour remplacer ceux que l'autre aurait pu lui décocher. Mais le coup de couteau, lui, il n'aura aucun moyen de l'atténuer. Alors, sa main tenant la tête de Bran l'attire contre lui. Lentement, mais trop rapidement à la fois. Entre ses doigts, le couteau a bougé. La lame s'est repointée vers le corps du gamin. C'est trop tard pour reculer.

La front de Bran contre l'épaule de Novak. Guidé là par une poigne aussi puissante que désolée. Et la culpabilité lui déchire l'abdomen, au moment où la petite lame qu'il tient s'enfonce dans celui du gamin. Il serre les dents. Yeux grands ouverts, sentant le sang couler le long de ses doigts. Maintenant le couteau en place pour un bref instant, avant de le retirer aussi sec. Il sait qu'il n'a rien touché de vital. Sait que Bran va s'en tirer. Mais il ne peut pas empêcher les démons de son esprit de hurler. Monstre. Monstre. Monstre.

J'suis désolé, Bran.
Ne pas s'arrêter. Toujours continuer d'avancer. De réfléchir et de penser. Un coup d'avance sur tout ce qui allait se jouer. Il allait s'entailler le bras, pour soutenir l'hypothèse que l'autre avait tenté de se défendre au moment où il l'avait attaqué. Après ça, l'histoire serait crédible. Et Bran pourrait se faire soigner.

Sa main le retient toujours. Le laisse s'acclimater à la douleur, que même les plus résistants des loups ne pouvaient nier. Et sur ses doigts toujours refermés autour du couteau, la chaleur d'un sang qu'il avait fait couler pour protéger. Il n'y a plus rien à faire. Plus moyen de s'échapper. Le point de non-retour a été franchi, et Novak le sait. Désormais, y a plus que Bran et lui. Bran blessé par ses soins, et lui. Lui, silencieux. Lui, éteint. Lui, dévoré éveillé par les démons. Monstre. Regarde c'que t'as fait.

J'ai pas eu le choix.
Et s'il le fallait, j'le referais.

(c) blue walrus
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MessageSujet: Re: hell broke loose, (bran)   hell broke loose, (bran) EmptyDim 22 Avr - 20:13

« Et toi. » Sa tête se penche légèrement sur le côté, ses yeux dans les siens. Et toi sur la liste des choses qu'il a à perdre, et toi comme un aveu à demi-mots. Bran peut pas s'empêcher d'afficher un sourire. « Tu m'perdras pas. » Il a l'assurance des mômes qui ont la vie devant eux et les yeux plus gros que le monde, à lâcher ça comme une promesse qu'il ne devrait pas faire. Y a plus de chances pour qu'il ne la tienne pas plutôt que l'inverse – même si ça n'sera pas volontaire. Pourtant, à cette seconde précise, il y croit dur comme fer.

Il sourit à nouveau quand il comprend le plan que Novak essaie d'établir pour le sortir de ce mauvais pas. Il se concentre, vient compléter ses idées en cherchant son approbation, gamin appliqué qui s'en remet à son mentor comme si rien n'avait changé depuis le premier jour où Novak a dû le prendre sous son aile. Tout ce qu'il voit c'est le ok silencieux, l'accord qui lui est donné sans avoir besoin d'échanger le moindre mot.

Il se met au travail.

Les meubles qu'il saccage consciencieusement, les objets qu'il brise, la pièce qu'il renverse de part et d'autre. Il s'applique, prend soin des détails, n'hésite pas à se faire mal pour rendre le tout plus réaliste. Il finit par se tenir au milieu du champ de bataille pour observer son œuvre, un peu trop fier de lui. Quand il revient vers Novak, il le voit se redresser, poing américain ensanglanté sur ses phalanges, un amas de chair qui se liquéfie sur le plancher. Il fixe le cadavre une seconde, la flaque qui se forme autour de ce qu'il reste de son crâne. Ses yeux remontent finalement vers Novak, ses pas le rapprochent de lui. Manche du couteau dans sa direction, il est prêt. Le silence lui paraît lourd, électrique, mais il ne cherche pas à le briser.

Il attend.
Le premier coup arrive sans prévenir.

Il est sonné par la violence de l'impact, son corps qui part vers l'arrière, ses pieds qui titubent pour l'empêcher de tomber. Il prend une inspiration, ignore la douleur, secoue la tête vivement comme s'il cherchait à se remettre les idées en place en se tenant droit à nouveau. La main de Novak sur son visage, rugueuse, familière. Il s'y raccroche, ses prunelles qui se fondent dans les siennes même s'il voit un peu flou.

Il est préparé au deuxième coup. Ça ne l'empêche pas de tanguer dangereusement.

Novak n'a pas lâché sa tête et c'est ce qui lui permet de ne pas reculer cette fois, la douleur qui éclate sous sa peau et se répand dans son visage tout entier. Son souffle est court, il ne sent pas le sang couler sur sa chair mais le goût métallique roule sur sa langue. Il s'efforce de redresser l'échine encore une fois, pour mieux ployer la seconde suivante. Son bide se tord sous la force du poing qui vient de le cueillir, sa respiration se coupe, ses bras se replient autour de sa carcasse par réflexe. Il les enlève rapidement pour les replacer le long de son corps, pour laisser tout la place à Novak. Il lui fait confiance, totalement, poupée de chiffon entre ses griffes, à recevoir les coups sans broncher, tout juste de légers grognements qui lui échappent.

Il ne lutte pas quand Novak l'attire à lui comme pour l'étreindre, un gémissement de douleur qui filtre entre ses lèvres quand la lame s'enfonce en lui comme dans du beurre. Son front collé à l'épaule de Novak, ses paupières qui se ferment, ses dents qui s'enfoncent dans sa lèvre inférieure pour se forcer à garder le silence. Ses mains viennent s'agripper à la veste de Novak, ses phalanges qui serrent le tissu comme si sa vie en dépendait, son corps qui s'affaisse contre le sien. Il s'appuie sur lui de tout son poids ou presque, étouffe un couinement quand le couteau quitte sa chair rapidement. Immobile, son souffle qui se saccade, une main qui se pose sur sa blessure alors que l'autre reste accrochée à Novak. Le sang est chaud contre ses doigts, la douleur est familière mais ça n'la rend pas moins intense. « Merci. » Sa voix est sifflante, étranglée, un peu plus aiguë que d'habitude. Il reste contre lui un moment, pour s'acclimater, pour reprendre ses esprits et tenter de contrôler sa respiration. Quand il s'écarte enfin, il garde une main sur lui pour avoir un point d'appui, ses yeux qui cherchent les siens. « C'est marrant, j'oublie chaque fois qu'ça fait putain d'mal. » Un rire échappé dans un souffle, il grimace. La douleur à son visage est devenue sourde mais ça fait comme des milliers d'aiguilles à chaque expression un peu trop appuyée, à chaque mouvement de lèvres, chaque tressautement de ses traits. Celle dans son abdomen est toujours aussi vive, alors qu'il fait pression avec sa paume pour limiter l'hémorragie. Il lâche Novak, fait trois pas avant de devoir se raccrocher au mur, s'appuyant dos contre la paroi pour ne pas s'écrouler. Il reste là, silencieux, pendant que Novak s'occupe des derniers détails.

Une fois que tout est terminé, il tend la main dans sa direction comme pour lui faire signe d'approcher, se laissant faire quand Novak l'aide à passer son bras autour de ses larges épaules pour qu'il puisse se reposer sur lui. Ses doigts s'accrochent au tissu une fois de plus et ils se mettent en marche, l'esquisse d'un sourire qui continue de planer sur les lèvres de Bran, comme s'il avait oublié l'ampleur de la situation. « On va chez moi. » Il tourne la tête vers lui, éclat de candeur au fond d'ses yeux qui tranche avec les abysses qu'il trouve dans les siens. « J'ai d'la bonne vodka, ça passera nickel pendant qu'tu me recouds. » C'est Novak qui l'a ouvert, c'est Novak qui le refermera. C'est Novak qui vient de lui sauver la mise et c'est tout ce qu'il retient, sans percevoir ce que ça a pu éveiller chez l'autre. Pour lui Novak est la main tendue, l'allié, le roc sur lequel il est sûr de pouvoir s'appuyer. Un pilier.

( RP TERMINÉ )
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