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 don't let me down (tora)

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MessageSujet: don't let me down (tora)   don't let me down (tora) EmptyJeu 25 Jan - 15:45

Je ne sais pas ce qui est le plus difficile. Il y a le choix de ses mots. Le sentiment. Envie de te sauter. J'avais raison finalement de garder mes sentiments pour moi, parce que de mon côté c'est bien au-delà de ça. J'avais raison aussi de suspecter qu'il voulait bien de moi dans son lit, je n'avais juste pas imaginé qu'il ne voulait rien d'autre. Enfin. Si. Ça ne le dérange pas que je fasse la cuisine et le ménage de toute évidence. Non. Je suis injuste. Le plus difficile c'est peut-être de ne plus lui parler. J'ai l'impression de le voir sombrer de loin et qu'il ne me laisse pas approcher pour l'aider. Ou bien c'est seulement que je manque de courage.

Je ne travaille pas aujourd'hui alors je m'accorde une journée de paresse, mais c'est sans doute une mauvaise idée parce que je ressasse seulement tout ce qui ne va pas en ce moment. Ça se résume à : Toad, Toad, Toad. Je regarde la même série depuis que je suis réveillé, ça doit faire trois heures que ça tourne et je suis encore sous ma couette. J'ai replié le clic-clac quand même pour me donner l'impression de m'être levé mais je me suis rallongé presque aussitôt. Mes Lucky Charms ont tellement gonflé dans le fond de mon bol qu'il se sont quasiment dissouts. C'est moins bon sans Toad à côté. Toad, je crois qu'il dort encore, mais j'ai peur d'être trop optimiste si je m'autorise à croire qu'il est dans sa chambre. Depuis la dernière fois au supermarché, je n'ai pas de mal à imaginer où il disparaît quand il découche, ça m'inquiète juste que ce soit aussi fréquent. Enfin même avant la photo je me doutais bien de ce qu'il faisait mais ça n'a rien à voir avec maintenant. Je pense que je le dérange. Peut-être qu'il voudrait amener son copain à la maison. Ou ses conquêtes, je ne suis pas sûr du genre de vie qu'il mène. Il la mène sans moi en tout cas. Je n'arrive pas à savoir si je dois lui en vouloir de m'éviter ou le remercier de me laisser rester chez lui alors que je suis devenu de trop. Évidemment la religion me dirait plutôt que je dois être reconnaissant. Ça fait plusieurs fois que je me dis qu'il est temps d'aborder le sujet avec lui mais je repousse toujours l'échéance. Il y a ses messages qui me font douter. Et puis cette fois au marché de Noël... Mais il est toujours ivre mort quand il me dit ce genre de choses, le lendemain il prétend que ce n'était pas pour moi mais après trois déclarations ça devient difficile d'y croire. De toute façon, que ce soit vrai ou non ça ne change rien au fait qu'il préfère ne pas me voir le reste du temps.

Je reste devant ma série sans vraiment suivre, à répéter dans ma tête la conversation que je voudrais avoir avec lui, et puis finalement j'entends ses pas du couloir. Il était là. Voilà, je suis vraiment injuste. J'ai le cœur qui bat la chamade parce que je viens d'imaginer ce que j'allais lui dire dans cinquante variantes du même scénario et je suis à la fois décidé et complètement paniqué à l'idée de lui adresser la parole. Je ne me sens pas préparé du tout mais ce ne sera sûrement jamais le bon moment. « Toad. » Je me redresse et je m'accoude au dossier du clic clac pour le regarder entrer dans la pièce. Ça m'embête de l'agresser au réveil mais si je laisse passer une minute de plus je vais encore me dégonfler. « Dis... Ze crois qu'il faut qu'on parle, non ? » Pourquoi je lui pose la question ? Je sais qu'il faut qu'on parle. « Enfin ze veux zuste te dire... Tu sais, tu m'as beaucoup aidé, ze te suis reconnaissant et ze continuerai à travailler avec toi à l'église mais... Si tu en as assez de m'héberger, tu peux me le dire, ze le prendrai pas mal. » Dans ces moments-là ça m'agace vraiment de zozoter. Surtout que dans ces moments-là, c'est pire.
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MessageSujet: Re: don't let me down (tora)   don't let me down (tora) EmptyVen 26 Jan - 22:26

Lève-toi, Toad, c’est le Seigneur qui te parle. Ou plutôt j’fais comme si, dans ma tête, pour essayer d’me forcer à faire quelque chose de ma vie. Ou au moins aujourd’hui. Ça marche pas trop, bizarrement. J’me dis que je devrais devenir matelas à temps-plein, ça c’est un job d’avenir. Peut-être pas. Les gens dorment de moins en moins, le stress, tout ça. Disons que j’dors pour trois ou quatre personnes, alors. Enfin, que j’reste dans mon lit à me tourner encore et encore. C’est pas tellement dormir. J’me déteste tellement. Est-ce qu’il y a une ligne téléphonique pour les cons qui se haïssent eux-mêmes ? Pas sûr que ça m’aiderait. Faudrait qu’je parle à quelqu’un de proche, pas à un inconnu au bout d’un combiné qui grésille. Quelqu’un qui sait, qui comprend, ou qui est susceptible de comprendre, au moins ça. Mais j’ai un peu épuisé toutes mes cartes. Pas question d’parler à Asher ou à Seth de Seth ou d’Asher. Y’a bien les barmans de Savannah qui sont au courant de tout quand j’suis trop bourré pour m’dégoter un mec qui veut bien me foutre dans son lit, mais ils me demandent de les payer au lieu de m’filer des conseils. Y’a Ezra. C’est vrai. J’l’oublie pas. Même si j’voulais l’oublier, j’pourrais pas, c’est difficile de l’ignorer parce que la baraque reste pas mal nickel et qu’il y a toujours quelque chose de relativement sain à bouffer dans l’frigo alors que j’suis dans un état déplorable. Y’a Ezra, et il fait déjà tellement que j’me vois pas lui imposer mes problèmes de cœur. Puis si j’ai pas oublié Ezra, j’ai pas non plus oublié mes épisodes passablement éméchés où j’lui ai balancé de but en blanc que j’voulais le sauter. Plusieurs fois. J’ai grave honte. J’peux plus le regarder en face. Encore moins qu’avant, quand j’avais des pensées sales en le voyant mais qui avaient le mérite de ne pas franchir la barrière de mes lèvres. C’est foutu, maintenant, et j’sais qu’il est pas assez bête pour croire à mes excuses bidons, les c’était pas pour toi, c’est le genre de trucs que moi je goberais. Pas lui. J’ai honte, ouais.

Je jette un œil à mon réveil. Miracle. Onze heures trente. Il est pas encore midi. Ezra doit être parti au boulot, à cette heure-là. J’me hisse hors de mon lit, remet mon caleçon plus ou moins en place avant de sortir de ma chambre, bâillement même pas dissimulé derrière une main et les pieds nus qui traînent sur le plancher comme si j’avais un boulet à la cheville. J’ai du mal à porter mon poids, ces temps-ci, surtout le matin. Surtout tout le temps, en fait. Puis j’ai un léger sursaut quand j’l’aperçois, à peine entré dans le salon, sa voix qui vient d’atteindre mon cerveau. Je panique. Alors j’me contente de me figer sur le pas de la porte, suspendu à ses lèvres et les yeux qui savent pas où se paumer. Mes oreilles enregistrent le il faut qu’on parle histoire de me le repasser en boucle, tous ces films et séries qui me reviennent en mémoire d’un coup. C’est jamais bon signe, ça. C’est toujours pour annoncer que les emmerdes arrivent. C’est la phrase classique de rupture. Peut-être même que Seth a commencé comme ça, le jour où il s’est cassé. Et puis les mots tombent, s’abattent sur moi comme un uppercut dans la trachée, souffle coupé, lèvres pincées, je grimace en espérant qu’ça atténue le picotement contre mes paupières. Pleure pas. Pleure pas, putain. T’es déjà assez un loser comme ça. « Tu. Tu veux partir ? » Bien sûr qu’il veut partir. Tu croyais quoi ? Qu’il allait te supporter pour toute l’éternité ? Y’a ma voix qui s’étrangle, quasiment inaudible vers la fin. J’ai toujours pas bougé. Disons que j’envisage sérieusement de retourner sous la couette dans les plus brefs délais. Je l’attendais, ce moment. Je l’attendais en me rongeant les ongles jusqu’au sang, mais j’savais bien qu’il arriverait tôt ou tard, que ça pouvait pas continuer encore bien longtemps. Un an, c’est déjà énorme. « C’est parce que j’t’aide pas assez ? J’vais faire des efforts, j’te promets, j’vais… J’vais faire la vaisselle, là, tout d’suite. » Reste. Pars pas. Qu’est-ce que j’vais d’venir sans toi ? J’me dirige vers la cuisine, me prenant les pieds dans le tapis, j’récupère mon équilibre de justesse en faisant bonne figure, disparais dans la petite pièce puis fais demi-tour, le doute qui vient d’me sauter à la gorge. « Ou… c’est à cause de c’que j’t’ai dit ? », je chevrote, en revenant dans le salon, poussant le pathétisme à son paroxysme. Et dire que j’pensais que ça pourrait jamais être pire que ma rupture avec Seth.
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MessageSujet: Re: don't let me down (tora)   don't let me down (tora) EmptyDim 28 Jan - 21:59

C'était un peu brutal de l'agresser comme ça au saut du lit. Je suis persuadé qu'autrement j'aurais fait comme d'habitude, comme si de rien n'était, et il m'aurait laissé faire parce que ça l'arrange lui aussi. Pas un pour rattraper l'autre. Enfin, quand même, j'ai manqué de tact. Il a été surpris de me voir là, il devait penser que j'étais au travail mais je n'ai qu'un job à mi-temps chez le disquaire. C'est pour ça que ce serait difficile, financièrement, s'il me demandait de quitter son canapé pour me prendre mon propre appartement, mais pour être honnête l'aspect financier de cette histoire n'est pas ce qui m'angoisse le plus. Bref. Là, j'aurais dû lui laisser un peu de répit avant de lui sauter à la gorge avec mes grands mots, le temps de revenir de sa surprise et de se servir un café au moins. Maintenant je le regarde alors qu'il se décompose quasiment sur place et je m'en mords les doigts mais c'est trop tard. « Tu veux partir ? » Je hausse les sourcils et je bafouille quelque chose comme « Hein, quoi ? » Non. Ou peut-être que je n'ai pas le temps de dire non à voix haute parce qu'il est parti au quart de tour et il enchaîne.

Tu veux partir ? Je ne comprends pas comment il en est arrivé à cette conclusion alors que je pensais plutôt bien avoir choisi mes mots. J'ai essayé d'être positif pour qu'il me croie quand je disais que je comprendrais, que ce n'est pas un problème... J'ai essayé de mettre ma rancœur égoïste de côté parce que je sais qu'elle n'a pas lieu d'être. Mais mon enrobage a dû lui mettre la puce à l'oreille et a eu l'effet inverse. C'est vrai qu'il filtre toujours les bonnes choses dès qu'il s'agit de lui, je devrais le savoir, mais là il a tellement filtré qu'il s'est retrouvé avec une miette d'information grignotée autour de laquelle son cerveau a reconstruit l'histoire. La mauvaise histoire. Je hoche négativement la tête en descendant du canapé, sans le quitter des yeux. « Mais... Non, Toad... » je commence sans vraiment savoir ce que je veux lui dire. De toute façon, il ne m'écoute pas, il se précipite maladroitement vers la cuisine et ça me fend le cœur de le voir comme ça, même si c'est peut-être en partie à cause de sa gueule de bois qu'il manque de trébucher, j'ai quand même l'impression qu'il y a plus que ça. Il croit vraiment que je veux partir à cause d'une histoire de vaisselle sale ? Il croit vraiment que je veux partir ? Mais ce qui me désarçonne le plus c'est que ça le mette dans un état pareil. Moi aussi j'ai dû tirer les mauvaises conclusions de son comportement de ces dernières semaines. Finalement ça n'avait sûrement rien à voir avec moi. Je ne me savais pas si narcissique. « Toad, » je recommence, et je m'apprête à le rejoindre quand il fait volte-face pour m'interrompre. « Ou… c’est à cause de c’que j’t’ai dit ? » J'ouvre la bouche pour nier à nouveau mais je me ravise et baisse les yeux sur mes pieds nus. Le carrelage est froid en-dessous. Je prends une longue inspiration avant de relever la tête. Après réflexion je fais aussi un pas en arrière pour ne pas attraper un torticolis en le regardant parce qu'il mesure toujours trente centimètres de plus que moi, ce géant. « Non. Toad, c'est pas ça. Enfin, ça peut pas être à cause de ça, parce que c'est pas ça, z'veux pas partir. » Au moins c'est dehors. C'est clair. Il ne risque pas de mal interpréter ça. Sujet, négation, verbe, tout y est. Je sens mon pouls galoper comme si je venais de tout lui avouer, mais je n'ai quasiment rien dit. Seulement une petite vérité. « Jz'croyais... Que peut-être toi tu voulais... Jz'veux jzuste que tu me le dises si... Jz'voudrais jzuste que tu me parles Toad. » Et pas seulement de ça, pas seulement de moi, de lui surtout. Je me rends compte que j'ai rebaissé les yeux, je ne sais même pas à quel moment. Je me force à affronter à nouveau son regard, même si ce n'est plus du galop dans mes veines, c'est quelque chose de trop rapide pour être encore contrôlé ou contrôlable. « Mais il faut qu'on parle de... Du reste aussi, oui. Jze crois ? » Je sais. Mais j'ai peur de le faire battre en retraite.
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MessageSujet: Re: don't let me down (tora)   don't let me down (tora) EmptyJeu 15 Fév - 23:23

Il veut pas partir. Il. Veut. Pas. Partir. Mon cerveau peine à enregistrer l’information, je dois plisser les yeux pour m’assurer que je suis pas en train d’halluciner la réponse que j’veux entendre, à sonder Ezra à la recherche d’un signe annonciateur de départ. Y’a rien. Pas de valise, de tas de fringues sortis de l’armoire ou de vinyles éloignés des miens. Il veut pas partir. Il reste. Il reste avec moi. Prends-toi ça dans la gueule, pessimisme à la con. Et puis j’réalise qu’il est soudain fort près, même s’il a reculé d’un pas lorsque je me suis retourné, et mes joues virent au rouge en captant c’que j’viens de lui demander. C’est pas sérieux, Toad, c’est vraiment la pire idée du monde de causer d’ça, j’croyais qu’on avait convenu qu’on tirait un trait sur toutes les déclarations lancées sous l’emprise du bourbon, qu’on faisait comme si j’avais rien dit, comme si y’avait rien à dire. Et pourtant, j’ai embrayé sur le sujet sans le vouloir, faut croire que ça me travaille plus que je n’veux bien l’admettre. Et que j’pense que ce serait une bonne raison pour Ezra de me quitter. J’comprendrais, s’il vient de s’rendre compte qu’il vit sous le toit d’un pervers qui mate ses chevilles quand il dort et qui rêve éveillé de s’le taper sur la table de la cuisine. Ça m’paraît légitime, de vouloir se barrer, dans ces conditions, je crois que dans n’importe quelle condition, j’aurais trouvé légitime qu’il veuille prendre son envol. Il vit avec moi, après tout, doit y avoir environ un milliard d’endroits sur terre mieux que sous mon toit. Sous notre toit. J’suis peut-être devenu un peu trop accro à notre simulacre de vie de couple, au point que j’me dis qu’il risque de me quitter, et pas seulement de partir. Trop l’habitude de dire nous, de tout partager, d’avoir cette présence dans mon salon, son sourire candide et son regard qui a l’air d’en savoir trop sur l’univers, et ce putain de zozotement que j’échangerais pour rien au monde. Et il le sait même pas, et tout c’que j’arrive à lui avouer c’est que j’veux grave le sauter. Pour la délicatesse, revenez dans un siècle. « Tu veux pas partir ? » C’est tout c’qui sort de ma bouche, comme un besoin de confirmation alors qu’il vient de m’expliquer que non, et qu’il faut qu’on parle. De quoi ? De tout, j’suppose, de tout c’qui va pas, de tout c’que j’lui ai jamais raconté, pour l’épargner ou m’épargner moi-même, c’est plus très clair, tout à coup, j’imagine que mes intentions ont jamais été très louables, concernant Ezra, et que j’tentais juste de lui apparaître sous mon plus beau jour, clean et sans histoire. Comment j’lui dis, maintenant, que j’ai fait qu’lui mentir depuis qu’on s’est rencontrés sur un bord de route ? J’arrive qu’à lui adresser un demi-sourire triste et maladroit, quand il relève la tête vers moi, le soupir qui m’échappe tandis que je le contourne pour me laisser tomber dans le canapé comme si on venait d’empiler dix éléphants sur mes épaules. « J’suis désolé. J’voulais pas qu’tu penses que. J’ai pas été correct avec toi, j’suis désolé. » Y’a trop de choses qui se font la guerre, dans mon crâne, boulets de canon qui explosent, font des dégâts dans tous les coins, Seth, Asher, la dernière réunion d’abstinence qui se fait de plus en plus lointaine, l’alcool qu’est en passe de remplacer l’héro comme si c’était moins dramatique et tous ces mecs dont j’me rappelle jamais les noms le lendemain, en m’disant qu’c’est peut-être mieux au fond. J’sais pas où placer Ezra, dans tout ce bordel, y’a pas de place pour lui, au fond, dans mon existence de merde, c’toujours comme ça quand on a quelqu’un de trop précieux, de trop cher, quelqu’un qu’on veut pas abîmer, même pas égratigner. « J’suis désolé, j’voulais pas t’faire subir mes conneries. J’ai pas été honnête avec toi, le Toad que j’t’ai vendu, c’est pas moi, c’est juste un mec que j’aurais bien voulu être mais que j’serai jamais. » Les rêves de rédemption se sont fait la malle, on dirait bien, j’suis de ces gosses qui peuvent pas s’imaginer autrement que riches et célèbres à l’âge adulte et qui se crashent inévitablement quand la vrai vie les rattrape. Pas d’contes de fées, pas de happy end, que des erreurs, des emmerdes, du sang, des larmes, le cœur qui a oublié comment on fait pour fonctionner. « J’suis marié et j’sais pas comment aider mon mari, j’ai bousillé une des personnes que j’préfère au monde et j’suis terrifié à l’idée qu’il retente de s’buter, j’ai baisé avec tellement de types en étant bourré que j’suis pas certain d’m’être protégé et j’ose même pas aller à l’hosto pour vérifier que j’ai rien, j’ai pas eu autant envie de m’planter une seringue dans l’bras depuis des années et j’suis même plus sûr de croire en Dieu, Ezra, j’suis même plus sûr de croire en Dieu. » C’est qu’un flot de paroles sans logique, tous les trucs qui me passent par la tête, ritournelle infernale et la honte qui s’abat quand j’saisis tout c’que j’lui avoue, toutes ces choses que j’ai passées sous silence depuis trop longtemps, pour qu’il sache pas, pour qu’y’ait pas de dégoût dans son regard, pour qu’il m’aime, rien qu’un peu, ça suffisait. Et maintenant j’peux même plus le regarder en face.


Dernière édition par Toad Baxter le Mar 20 Fév - 22:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: don't let me down (tora)   don't let me down (tora) EmptyMar 20 Fév - 22:21

« Tu veux pas partir ? » Je secoue la tête sans le quitter des yeux. Non, non, non. Je n'ai jamais voulu partir et moi aussi je suis rassuré de découvrir qu'il n'a aucune envie de me mettre dehors. On dirait même que c'est tout le contraire et j'aimerais rembobiner pour lui éviter de se mettre dans un tel état de panique, maintenant que je le sais. Et là il n'arrête plus de s'excuser et je le regarde les bras ballants, alors que je voudrais le prendre dans mes bras et lui dire qu'il n'a pas à le faire mais je n'ose pas, comme d'habitude. C'est moi qui viens de lui dire qu'on devait parler et j'ai toujours peur d'effleurer la vérité d'un peu trop près.

Mais je n'ai plus le choix. C'est comme si j'avais fait sauter un bouchon et maintenant la vérité se déverse, Toad m'en dit même plus que ce à quoi je m'attendais. Je le suis dans le salon, je me relaisse tomber sur un coin du clic clac pas encore replié. Toad me fend toujours le cœur à parler de lui comme il le fait, à se prendre pour un imposteur et un moins que rien, à se jeter la pierre pour tout ce qui déraille autour de lui. Ce qu'il ne comprend pas c'est que j'ai souvent ressenti la même chose, ce qu'il oublie pas c'est qu'il est celui qui m'a aidé à me rebâtir quand j'avais tout perdu. « Toad, arrête... » De t'excuser, de dire des choses pareilles, mais je n'ai pas le temps de terminer. Il continue et même si ce n'est pas le moment pour ça je rougis quand il parle de tellement de types avec qui il a couchés. Et puis il y a ses derniers mots qui me tombent comme une enclume sur la tête. Lui aussi ? Il fixe ses genoux ou un point par terre entre les deux, avec tellement de détermination que je ne vois pas comment attirer son attention. « Toad... » Je me lève de ma place et je viens m'asseoir près de lui. J'ai la main qui tremble un peu quand je la pose sur son bras mais je veux lui montrer que je suis là. « Hey, Shashawnee. » Dans ma bouche c'est encore plus étrange, comme prénom, à cause du zozotement. C'est quasiment la première fois que je le prononce, et ce qui est sûr c'est qu'il ne m'a jamais entendu le faire. « On lutte tous entre ce qu'on est et ce qu'on voudrait être. Moi aussi en tout cas. Tout le temps. » Je sais bien qu'il ne va pas me prendre au sérieux parce qu'on n'a pas les mêmes démons, les siens sont sûrement plus voraces et plus dangereux que les miens — je l'ai bien entendu parler de seringue —, mais ça ne m'empêche pas d'avoir une idée de ce qu'il ressent. « C'est déjzà bien d'aspirer à mieux, c'est important... Tu m'as pas menti, ça fait partie de toi, et t'es quelqu'un de bien Toad. Sinon tu t'en foutrais de tout ça. » Je presse ma main sur son bras et je penche la tête vers la sienne encore baissée, essayant d'accrocher son regard. « Et... Jz'pense que c'est normal de douter quand tout va mal. » Je pense à Job. Si j'étais l'un de ces chrétiens parfaitement sûrs d'eux, je lui donnerais cette histoire comme exemple et comme preuve de l'existence de Dieu ou du fait qu'Il en a quelque chose à faire de nous au moins, je lui dirais qu'il est testé et qu'il passera le test s'il conserve sa foi, même si sa vie devient un enfer terrestre, que c'est seulement pour un temps et que tout s'arrangera s'il a la foi. Mais moi, ça fait des mois voire des années que je lutte avec la foi dans laquelle j'ai grandi, Toad m'a aidé à en faire quelque chose de moins rigide et de plus personnel mais je suis encore plein de doutes, je ne peux pas lui faire ce genre de promesses. « Jz'ai pas la réponse non plus, jz'aimerais bien, surtout si ça pouvait t'aider... » Je ferais n'importe quoi pour l'aider. Mais je ne sais même pas si je choisis les bons mots, je ne suis pas sûr qu'il m'entende parce que Toad n'entend jamais que le pire, que le négatif, que ce qui correspond à l'image piteuse qu'il a déjà de lui-même. C'est frustrant, cette impuissance, parfois ça me fatigue, aujourd'hui ça me rend plutôt triste. « Mais pour le reste, l'hôpital, jz'pourrais t'accompagner si tu veux. Si t'arrives pas en parler à... Quelqu'un d'autre. » Seth, ou le mystérieux quelqu'un qu'il a bousillé. Je sens sa chaleur sous mes doigts et je me rends compte que je ne lui en veux même plus, pas pour l'instant. Je voulais juste qu'il me parle et j'ai été servi.
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MessageSujet: Re: don't let me down (tora)   don't let me down (tora) EmptyLun 19 Mar - 18:05

J’l’entends pas. J’l’entends pas, quand il me d’mande d’arrêter de m’excuser, j’l’entends pas quand il essaye d’attirer mon attention, de m’faire relever les yeux obstinément rivés sur le plancher. J’veux pas l’entendre. J’peux pas. J’peux pas le regarder en face, soutenir son regard maintenant qu’je lui ai avoué toutes ces choses honteuses que j’aurais voulu jamais avoir à lui dire. J’veux pas qu’il me rassure, qu’il me réconforte, j’veux pas parce que j’aimerais trop ça mais que j’le mérite pas, que j’ai droit à rien, de sa part, à rien du tout, et que j’peux seulement remercier Dieu d’avoir placé Ezra sur ma route. C’est la seule chose qui me raccroche à ma foi, Ezra dans ma vie, pris en auto-stop alors que j’voulais me racheter une conduite, comme un putain d’ange tombé du ciel. Ouais, il a tout d’un ange, Ezra, et j’le mérite pas. Y’a sa main qui se pose sur mon bras et j’me retiens d’m’éloigner, presque persuadé que j’vais le contaminer avec mes conneries si j’reste trop près d’lui. Me touche pas, c’est dangereux, d’mande à Asher. J’réponds pas à mon instinct peut-être parce que y’a mon cœur qui frémit, quand il prononce Shashawnee, ça m’arrache un maigre sourire, qu’il le sache, depuis j’sais pas combien d’temps et sans qu’je sache comment. Skeeter, probablement. Skeeter que j’vais encore décevoir. Il est doux, Ezra, et trop clément, trop tolérant, à croire qu’il voit pas c’que moi j’vois dans le miroir. A croire qu’il tente de m’épargner c’qu’il pense vraiment, de m’rassurer en m’disant qu’je suis quelqu’un de bien même si c’est pas du tout le cas. Comme Asher. J’serai jamais quelqu’un de bien, c’est trop tard pour ça. Fallait y penser avant. J’relève le visage vers lui, nos prunelles qui se croisent, le cœur qui accélère dans ma poitrine, qu’a envie d’se faire la malle. Fais pas ça, mec, le bousille pas, pas lui aussi. Mais mon bras a déjà bougé de lui-même, a légèrement dévié du long de mon corps pour que mes phalanges puissent se poser sur son genou, à se presser doucement contre sa rotule, les pupilles qui oscillent entre ses lèvres, sa main sur mon bras et ma main sur son genou, peinent à trouver leurs homologues parce que je sais qu’c’est mal. Tu sais qu’c’est mal, alors arrête. « Tu viendrais à l’hosto avec moi ? Vraiment ? » Y’a comme un grain d’incrédulité dans ma voix qui chancelle, comme toujours dès qu’il s’agit d’Ezra, parce que j’comprends pas c’qu’il fait là, pourquoi il veut rester, pourquoi il est là alors qu’il est tellement mieux qu’moi. Il a dit qu’il le ferait si j’arrivais pas à en causer à quelqu’un d’autre, j’sais pas si ça veut dire qu’il veut pas vraiment venir ou s’il se pense pas assez légitime. Mais j’peux pas en parler à quelqu’un d’autre, Seth et Asher en plein milieu de mes problèmes de cœur, et Skeeter qui est trop loin, qu’a déjà trop encaissé, trop supporté. Ça m’plaît pas de remettre ce fardeau sur les épaules d’Ezra, j’déteste ça, mais y’a personne d’autre, j’ai personne d’autre. « Ezra, tu sais, je. J’te l’ai jamais dit mais t’es une des personnes les plus précieuses du monde pour moi. Sans toi, ça ferait longtemps qu’j’aurais coulé à nouveau parce que ça aurait été plus facile. J’pourrai jamais te remercier assez, ni finir de remercier le Ciel d’t’avoir mis sur ce bord d’autoroute. » Sans lui, la maison serait dans un état déplorable, l’église se serait sûrement écroulée sur moi ou j’me serais replanté une aiguille dans le creux du coude en comprenant qu’j’aurais jamais plus qu’une paroissienne le dimanche matin. Sans lui, y’a beaucoup trop d’jours où j’aurais pas souri, où j’aurais pas été heureux, où j’aurais pas eu la force de continuer. « Excuse-moi, Ezra, ça fait trop longtemps que… qu’j’ai envie d’faire ça. » J’lui laisse pas le temps de capter c’que j’veux dire par là, ma main se décroche de son genou pour se perdre dans sa nuque et j’dépose un baiser sur ses lèvres, rien d’impudique, rien d’avide, juste un baiser doux et tendre pour le remercier. « Merci d’être là », je souffle contre ses lèvres, les yeux dans les siens à caresser distraitement sa joue du pouce.


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MessageSujet: Re: don't let me down (tora)   don't let me down (tora) EmptyMer 21 Mar - 22:25

« Tu viendrais à l’hosto avec moi ? Vraiment ? » Je hoche la tête, tâchant d'ignorer la main qu'il vient de glisser sur mon genou. Ce n'est pas le moment de faire mon prude, ce n'est pas comme ça, là. Sa main me paraît tellement grande que si j'appuyais ma paume contre la sienne, le bout de mes doigts arriverait à peine à la base de ses dernières phalanges. On aurait l'air ridicule ensemble, c'est ce que je me dis toujours pour ne pas être jaloux, pour arrêter d'espérer, pour ne plus penser à lui comme ça. Ce n'est pas très efficace mais même mon cœur amouraché ne peut pas nier que lui et Seth forment un couple beaucoup plus assorti. « Bien sûr que z'viendrais, Toad. » C'est évident, je ne vois même comment il pourrait en douter. C'est facile de concevoir qu'il ait besoin de soutien moral voire d'un coup de pouce pour se forcer à y aller et moi ça ne me demande aucun effort particulier. Il ne réalise pas à quel point il m'a soutenu, lui aussi, pendant toute la première année. Il ne réalise pas que tout ce que je fais pour lui n'est qu'un retour d'ascenseur. Il y a tellement de choses qu'il ne réalise pas. Comme la façon dont mon cœur déborde, explose, implose tout à la fois quand il me dit tout ça, la façon dont les mots se précipitent si vite dans ma gorge que je n'arrive pas à en articuler un seul. C'est moi qui ne pourrai jamais te remercier assez Toad, c'est moi qui remercie Dieu de t'avoir fait passer par cette route et toi de t'être arrêté pour moi, de ne pas m'avoir lâché quand tu t'es rendu compte que je n'avais nulle part où aller et de ne m'avoir jamais donné l'impression de profiter injustement de ta générosité. Toi, tu es la personne la plus précieuse au monde pour moi, au singulier, parce que les autres prétendants au titre ne font plus vraiment partie de ma vie. Y a rien qui sort. Il est courageux de me dire tout ça. Je devrais au moins le remercier, faire autre que le fixer de mon regard de chien battu, l'air éperdu. « Excuse-moi, Ezra, ça fait trop longtemps que… qu’j’ai envie d’faire ça. » J'ai raté un épisode, je ne sais pas de quoi il me parle. Mon cœur s'emballe avant que je comprenne ce qui se passe. Je ne comprends pas ce qui se passe. Toad Toad Toad.

Ses lèvres sur les miennes. Ça fait trop longtemps que j'ai envie qu'il fasse ça. Je ne réalise à quel point que maintenant, un moment trop tard pour en profiter pleinement parce que ça ne dure pas. Quand ma main se resserre sur son bras il a déjà décollé ses lèvres pour me dire encore merci, comme s'il en avait besoin, comme s'il avait eu besoin de s'excuser avant. Il n'est que la troisième personne qui m'a embrassé et il est le premier dont j'ai vraiment envie. J'ai envie qu'il recommence, qu'il me laisse le temps de réagir cette fois, et capturer son souffle et les mots de trop qui viendraient avec, merci, pardon, pardon, merci, avant qu'ils aient pu lui échapper. Mais moi je n'ose pas. Bientôt la bulle idéale dans laquelle il vient de me transporter éclate et ma raison se rappelle à moi. Toad est fragile en ce moment. Toad n'est pas disponible en ce moment, à trop de niveaux. Je ne veux pas qu'il ait l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, alors je pose doucement ma main sur sa joue pour l'éloigner un peu plus, et je lui souris. Je suis sans doute écarlate. Mon sourire est sûrement un peu trop timide ou même crispé. J'ai du mal à savoir, je me sens à vif de partout. « Toi aussi, Toad, t'as tellement été là pour moi. Jze... » Je veux lui dire que je l'aime, mais je ne sais pas comment lui dire ça sans qu'il comprenne je suis amoureux de toi. Parce que c'est ce que ça voudrait dire. Je ne veux pas le perdre plus qu'il ne l'est déjà et je suppose que j'essaie de me préserver aussi. « Jze te dois plus que ce que tu me dois, tu sais... On n'a qu'à dire qu'on est quittes et on arrête de se dire merci ? » On fait comme si c'était normal, parce que quand deux personnes sont aussi importantes l'une pour l'autre ça doit se passer comme ça.
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MessageSujet: Re: don't let me down (tora)   don't let me down (tora) EmptyDim 8 Avr - 18:33

Il viendrait, oui, bien sûr, qu’il a dit, et y’a un soupir qui se faufile entre mes lèvres, soulagement et joie mêlés, mon cœur qui fait des bonds comme un taré. Sûrement parce que j’sais que c’que j’m’apprête à faire est tout sauf bien, mais que j’le fais quand même, et Ezra qu’est trop surpris pour réagir. Evidemment. J’le prends au dépourvu, à lui voler un baiser alors qu’il a rien demandé, alors qu’il doit flipper depuis qu’il sait qu’il vit avec un pervers qui pense à le sauter dès qu’il a un coup dans l’nez. Mauvais idée, toujours des mauvaises idées, c’est ma spécialité. J’pouvais lui dire merci d’une autre manière, j’aurais pu éviter d’céder à mes pulsions, pour une fois, faire les choses bien, me conduire en mec décent. Mais non, faut toujours que j’foire tout, et y’a mon regard qui se fait fuyant, malgré la main d’Ezra sur mon bras, sur ma joue, malgré son sourire et ses pommettes trop rouges. Puis mes prunelles se raccrochent brusquement aux siennes, comme frappées par le manque, la surprise dans mes pupilles. « D’accord, on est quittes. » Ça m’arrache un sourire, un brin mélancolique, mais un sourire quand même, ma main qui se perd un instant dans ses cheveux avant de retomber sur le canapé, le long de mon corps, à essayer d’ignorer les picotements au bout d’mes phalanges avides de contact. « Excuse-moi. J’aurais pas dû faire ça. J’voulais pas t’brusquer. » Je me détourne un peu, passe mes paumes sur mon visage, comme pour tenter de me réveiller, d’y voir plus clair. C’est des excuses sincères, même si ça faisait trop longtemps que j’en crevais d’envie, même si j’sais pas s’il aurait répondu au baiser, si j’l’avais fait durer. J’aurais peut-être dû m’accorder une ou deux secondes de plus, histoire de voir s’il me repoussait ou pas. Et après quoi ? L’entraîner au milieu d’ce bordel monstre qu’est ma vie sentimentale ? C’est l’idée du siècle, tiens. Je soupire, secoue la tête de dépit face à mon pathétisme avéré. J’voulais pas le brusquer, ouais, j’voulais pas lui faire du mal, l’embrasser contre son gré, mais c’est raté, c’est fait et c’est trop tard pour tout effacer. Pourtant, Ezra a pas l’air traumatisé, pas autant que j’l’aurais imaginé, il s’est pas enfui, s’est pas immédiatement levé pour s’éloigner d’moi et d’mon baiser malvenu, n’a rien dit sur le baiser en question. J’crois que l’absence de réaction dans un sens ou dans l’autre m’inquiète plus que le reste, j’l’observe du coin de l’œil en quête d’un semblant d’indice. Il semble gêné, mais c’est tout. Peut-être qu’il garde tout à l’intérieur. Probablement, c’est sûrement son genre, il fait pas dans l’étalage de sentiments comme moi, il est pudique, Ezra, et pur, c’comme s’il avait une étiquette pas pour moi collée sur le front. « J’fais que des conneries en ce moment. Enfin. Depuis toujours, mais c’est particulièrement flagrant ces jours-ci. Enfin. J’veux pas dire que t’embrasser était une connerie. Enfin, si. Enfin. J’ai aimé t’embrasser, mais. Tu vois. Enfin. Pardon. J’vais me taire, maintenant. C’est mieux pour tout l’monde. » Avant que j’parvienne à m’enfoncer plus bas que terre, ça s’rait bien. C’est à mon tour d’être rouge vif, à cause de mon monologue de la honte, et j’me dis que j’ferais mieux de changer de sujet le plus vite possible. A la réflexion, j’suis pas sûr de vouloir connaître sa réaction après coup. Il m’a pas embrassé en retour, certes, mais il m’a pas repoussé non plus, ça doit vouloir dire merci mais j’suis pas intéressé mais j’veux quand même qu’on reste amis donc je n’vais pas piétiner ton peu d’amour-propre avec un refus catégorique. « Ouais. Hm. T’as déjà déjeuné ? » Et j’me réfugie dans la cuisine.
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MessageSujet: Re: don't let me down (tora)   don't let me down (tora) EmptySam 19 Mai - 0:33

Excuse-moi, encore ces mots, toujours ces mots. Un jour je devrais faire le compte et lui montrer combien de fois il s'est excusé à la fin de la journée. Il s'excuse si souvent pour rien que j'en oublie que parfois il y a vraiment des choses à pardonner. Ce serait hypocrite de ma part de prétendre que je lui en veux, là, et en même temps... En même temps j'aurais préféré qu'il choisisse un autre moment pour faire ça, j'aurais préféré qu'il ne le fasse pas si à ses yeux ce n'est qu'une erreur de plus. Mais je suis incapable de l'accabler davantage, alors je me contente de secouer la tête, un petit sourire aux lèvres qui veut dire c'est rien, ne t'inquiète pas. Mais il continue. « J’fais que des conneries en ce moment. Enfin. Depuis toujours, mais c’est particulièrement flagrant ces jours-ci. » Il doit lire la gêne dans mon regard quand il confirme mon impression — juste une erreur —, il se reprend aussitôt et il déblatère encore. Bon sang, Toad. Je ne peux pas m'empêcher de lâcher un petit rire, sûrement trop tendre,en le voyant se débattre comme ça avec ses mots. C'est un peu cruel, parce qu'il y a une vraie lutte en lui, ce ne sont pas que ses mots qui lui posent problème, ce sont ses sentiments, c'est flagrant, mais ça m'échappe. Il a encore dit pardon. Il a dit qu'il avait aimé m'embrasser, aussi. Je dois rougir de plus belle sur ces mots-là mais je fais comme je fais toujours, comme si je n'avais rien remarqué. Je n'ai rien à lui répondre de toute façon, je ne peux pas lui dire que moi aussi parce que ce serait l'encourager à se perdre encore plus et parce que je ne sais pas à quel point c'est vrai. Pas comme ça... Mais là aussi je suis hypocrite, je me mens à moi-même. J'essaie de me convaincre que je n'ai pas pu vraiment l'apprécier parce qu'il ne sait pas ce qu'il fait, parce qu'il ne va pas bien, mais la vérité c'est que je dois faire un effort pour ne pas laisser mon regard dériver sur ses lèvres, la vérité c'est la bulle de plaisir qui a éclaté au creux de mon ventre quand j'ai compris ce qui se passait.

Je ne veux pas qu'il se taise, moi, je pourrais l'écouter toute la journée, même quand il se confond en excuses et en justifications, même quand il se contredit et semble presque parler tout seul tant il se répond à lui-même et quand il patauge à la recherche de la clarté qu'il risque de moins en moins de trouver à force de remuer la boue. Je suis un peu cruel, définitivement, peut-être que la tendresse s'accompagne d'un brin de cruauté. Mais si je l'étais vraiment je n'aurais pas autant envie de le rassurer, de le prendre dans mes bras et de lui dire que tout va aller. J'hésite encore à me laisser aller, je cherche les bons mots, les bons gestes, ceux qui ne l'enverront pas glisser sur une mauvaise pente (j'ai l'impression qu'il y en a beaucoup), mais je suis trop lent à la détente. « Ouais. Hm. T’as déjà déjeuné ? » il me demande avant de m'échapper. Ça a le mérite d'appeler une réponse simple. « Non, jze t'attendais, » je réponds en le suivant dans la cuisine. Pendant une seconde tout paraît normal, c'est seulement notre quotidien, et puis je réalise que j'ai dit n'importe quoi. Le bol plein de céréales gonflées de lait m'attend sur la table basse dans le salon. Tant pis, ils ne sont plus mangeables de toute façon. « Jze peux faire des œufs si tu veux. » Je suis déjà en train de chercher à localiser la poêle, ce qui ne devrait me demander aucun effort puisque Toad n'y touche quasiment jamais, mais mes yeux passent dessus sans la voir. Ils finissent par se poser sur Toad, son air paumé toujours présent, ou bien c'est moi qui projette mon propre état sur lui. Des mots se bloquent dans ma gorge, c'est peut-être pour le mieux puisque je ne sais pas ce que j'allais dire. « Hm. Toad... On va s'en sortir, d'accord ? Ça va aller. » Qu'est-ce que j'en sais ? Mais on s'en est sortis jusque-là, et j'espère que m'entendre dire qu'on continuera à être un on le rassure autant que moi-même.
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