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crashtration ▹ posts envoyés : 1304 ▹ points : 32 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (avatar) & tumblr (profil) & solosands/vovicus (icones) ▹ avatar : matt gordon ▹ signe particulier : look un peu décalé, tatouages éparpillés, sourirs pondérés et un accent londonien terrible qui vient appuyer un phrasé peu compréhensible.
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| Sujet: dérapages. (jutty) Dim 14 Jan - 10:50 | |
| Allongé sur le bitume, je regarde le ciel et j'ai l'impression de sentir la terre tourner. Je tousse un peu et je finis par me redresser, crache par terre, le sang qui se mêle à ma salive et je m'essuie le visage avec le revers de la manche de mon blouson, le tâchant de sang au passage. Je me relève péniblement, la tête qui va exploser, l'abdomen en feu, les jambes en coton. Ils ne m'ont pas raté les salauds. Quand je tâte mes poches, je constate sans surprise qu'elles sont vides, plus un seul billet dedans. Fait chier. J'inspire, expire, pour m'empêcher de craquer. Ce n'est pas le moment de s'effondrer. Faut que je me reprenne, faut que je trouve de nouveaux partenaires de poker pour me refaire des sous. Et rapidement. Si je ne paye pas les frais médicaux de Michael, ils vont le foutre dehors. Foutu système. Je traîne ma carcasse à travers les rues encore endormies, en direction d'un point de rendez-vous. Là où les clodos qui ne dorment pas la nuit se retrouvent, autour de bidons en feu et de bouteilles d'alcool. Je crois que j'ai bien besoin de ça. Juste quelques gorgées, juste de quoi fatiguer mon cerveau, le mettre au repos, faire taire la douleur qui attaque mes os. Quand j'arrive enfin, l'accueil est chaleureux, réconfortant et ça me fait oublier un peu les problèmes que je traine comme un boulet accroché à ma cheville. Je souris à travers ma gueule cassée et je prends la bouteille qu'on me tend. Personne ne me demande comment j'ai terminé dans cet état, tout le monde s'en fout. Chacun a déjà suffisamment de ses problèmes et ça m'arrange. Ça m'aide à ne pas m'apitoyer sur mon sort ; qui pourrait être bien pire je le sais. Les heures défilent, les bouteilles aussi. Et sans m'en rendre compte, j'ai bu bien plus que prévu. Je finis dans un état lamentable. Je ris comme un vaurien, le regard hagard, injecté de sang à cause des coups reçus, on dirait un fou. Le soleil qui se lève, la ville qui s'éveille. Chacun commence à repartir de son côté et je me résigne à m'en aller aussi. Je vais sûrement aller m'échouer au foyer, même si Michael va gueuler. Tant pis. De toute façon, à cette heure-ci, je ne sais plus où aller. Si je me pointe chez Penelope dans cet état, j'ai trop peur de la décevoir. Peur qu'on s'engueule. Peur qu'elle veuille qu'on parle de tout ça. Et j'veux pas parler. J'veux dormir, je veux m'écrouler.
Je déambule sur le trottoir, une bouteille quasiment vide à la main, je m'arrête devant une vitrine pas encore ouverte et je constate mon allure déplorable. L’œil droit boursouflé, le coquard naissant, le sang séché qui a coulé de mon nez et de ma lèvre fendue. Les fringues de travers, tâchés, légèrement déchirés par endroit, les cheveux en pagaille. On dirait un illuminé. Mais ça me fait rire. Il ne me reste plus que ça je crois ; rire pour ne pas pleurer comme un gamin. Je me remets en marche, et je chantonne gaiement, comme si ça allait pouvoir faire disparaitre tout ce qui me ronge. Je ralentis en passant devant la librairie que je reconnais aussitôt. Ça me fait toujours un petit pincement au cœur quand je passe là. On aurait pas dû mentir, on aurait pas dû laisser Boo filer. On aurait dû la garder près de nous, égoïstement. Parce qu'elle me manque, ou peut-être que c'est Bee qui me manque, j'sais plus trop. Ça se mélange un peu trop dans ma tête. Je m'arrête et viens poser mon front contre la vitre, une marque de buée se dessinant aussitôt sur les carreaux alors que je soupire. Et c'est là que je vois une silhouette à l'intérieur. La sienne. Ça me réveille d'un coup, je me redresse et viens claquer mes mains sur la vitre pour attirer son attention. — BOO ! Ni une ni deux, je me décolle et regagne la porte pour rentrer dans la boutique. Mon entrée est chaotique, je me prends à moitié la porte, je pousse au lieu de tirer, je me prends les pieds dans la petite marche et me raccroche à la poignée pour m'empêcher de m'étaler par terre. Une fois à l'intérieur, je me précipite vers elle, les bras écartés et je me jette sur elle, je l'enlace un peu brusquement, ma bouteille qui vient heurter son dos et mon haleine alcoolisée qui s'écrase sur son visage. — T'es revenue ! Je la serre contre moi, la soulève à moitié du sol avant de la reposer négligemment. Je me recule, me raccroche à ses épaules pour garder mon équilibre et mon regard vitreux se pose sur elle pour la scruter. Mes sourcils qui se froncent à moitié alors que je constate les dégâts sur sa gueule de poupée. Ma main libre qui vient caresser ses blessures. — Merde, comment t'as fait ça ? Je le relâche, recule d'un pas, commence à partir en arrière et me rattrape in-extremis à une étagère, faisant tomber deux bouquins au passage, sans même remarquer, sans m'en soucier. — Laisse-moi deviner, t'es revenu sans Bee hein ? Et j'éclate de rire. Je ris à pleines dents, pour cacher la vérité atroce. Pour cacher le chagrin douloureux qui m'enserre le cœur, pour cacher la misère de mon âme, pour cacher la mort, celle qui a foutue nos vies en l'air. Et qui foutra en l'air la sienne aussi quand elle saura. Elle n'est pas belle la vérité, et je commence à comprendre pourquoi Michael a tenté si férocement de la fuir en buvant autant. Je devrais peut-être m'y mettre aussi. J'me suis jamais senti aussi joyeux qu'à cet instant depuis sa mort. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: dérapages. (jutty) Dim 14 Jan - 20:20 | |
| _ Qu'est-ce que je dois faire maintenant ? Un murmure dans la nuit, une insomnie de plus, et tellement de questions qui restaient sans réponses. J'avais regardé les heures défilées, en priant presque pour que le temps est pitié de moi, et qu'il se décide à passer à une vitesse folle. La journée, j'étais assez occupée pour ravaler mes angoisses, mais la nuit elle revenait me frapper de plein fouet. Remontant un peu plus mon blouson sur moi, je tenais une des lettres de Bee dans mes mains. Et si les garçons avaient raison, si je devais me faire à l'idée de jamais retrouver Bee. Après tout, peut être que c'était ce qu'elle voulait, peut être que finalement, elle avait définitivement tiré un trait sur cette ville, sur les twins... sur moi. Seulement, qu'est-ce que ça ferait de moi, si d'un coup je l'abandonnais, si je décidais d'aller de l'avant. Mon regard avait glissé sur les vieux meubles, cartons et autres babioles qui traînaient dans l'arrière boutique. Heureusement, j'avais pu passé la nuit au chaud. Stan, le proprio, ne savait absolument pas que je restais ici certaines nuits par semaine. Enfin ce n'était pas comme si j'avais réellement le choix. Sans un sou en poche, je pouvais user de ce stratagème les soirs où je faisais la fermeture, et quand c'était à moi d'ouvrir le lendemain matin. Un soupir avait franchi mes lèvres, après tout j'allais réussir à m'en sortir. C'était une question de temps, et j'étais du genre têtue et déterminée, alors c'était pas ce qui allait m'arrêter. J'avais retiré mon blouson avant de m'asseoir dans ce qui avait du ressembler à un fauteuil il y avait quelques années de cela. Enfin, je n'allais pas me plaindre, il était assez confortable, bien plus qu'un simple carton posé à même le sol. En plus de ça, il y avait un minimum de chauffage dans la boutique. Que demander de plus...
Regardant mon reflet dans le miroir, j'avais fait une légère grimace en constatant que mes bleus virés au violet. J'avais posé ma main sous mon œil avant de passer ma langue sur ma lèvre fendue. C'était pas bien méchant, mais je voyais le regard des clients se poser sur moi avec une légère interrogation. Passant de l'eau sur mon visage, j'avais attrapé le peu de maquillage dont je disposais pour atténuer les marques. C'était pas vraiment concluant mais ça ferait bien l'affaire. Retirant mon jeans et t-shirt de la veille, j'avais fouiné dans mon sac à la recherche de vêtements de rechange. À vrai dire, il fallait que je pense à faire un tour à la laverie dans la soirée. J'avais jeté mon sac dans un coin de la pièce avant d'attraper le t-shirt que je venais d'enlever. J'avais fini par attacher mes cheveux dans un chignon désordonné avant de me rendre compte qu'il était temps pour moi d'ouvrir la librairie. Enfilant à la va-vite mes vieilles converses, je jetais un œil à la boutique pour voir si tout était en ordre avant de finalement donner un tour de clé tout en retournant la pancarte qui se trouvait sur la porte. Une nouvelle journée commençait, et j'avais peu d'espoir qu'elle soit différente de la précédente.
Le nez plongé dans un livre, j'avais avalé une gorgée de mon café avant de sursauter légèrement en entendant quelque chose ou quelqu'un tapé dans la vitrine. Fronçant les sourcils, j'avais penché la tête avant de voir... Michael ou Junior ? Visiblement, pas au meilleur de sa forme. J'avais posé ma tasse et mon livre sur le comptoir, avant de le regarder essayer de rentrer. J'avais levé les mains dans un automatisme pour lui faire comprendre de faire attention. J'avais pas eut le temps de lui dire quoi que ce soit que je le voyais fondre sur moi pour me prendre dans ses bras. Maintenant je savais que c'était Junior qui m'avait pris dans ses bras. Car il ne semblait pas encore au courant de mon retour à Savannah, alors que j'avais été rendre visite à Michael. Gênée, je ne savais absolument pas comment me comporter face à un Junior qui n'avait, à priori, pas sucer que de la glace. _ Salut. Un léger sourire sur les lèvres, j'étais tout de même tendue, et mes bras étaient restés le long de mon corps. _ Apparemment oui. J'avais poussé un léger cri en sentant mes pieds se décoller du sol. Posant mes mains sur son blouson, alors que je sentais que mon cœur essayait de faire un petit sprint dès le matin.
Bon il ne faisait plus aucun doute que Junior était complètement saoul. J'avais jeté un œil aux blessures qui se trouvaient sur son visage avant de prendre un air surpris alors qu'il me demandais ce qui m'était arrivée. _ Je pourrais te demander la même chose Junior. Mon regard avait glissé de ses yeux, vers son nez puis ses lèvres. _ Tu devrais soigner ça. Je l'avais vu reculer et perdre l'équilibre avant de faire une grimace en le voyant déjà par terre. Cependant, il s'était rattrapé in-extremis à une étagère. Heureusement, assez solide pour supporter Junior. Jetant un œil à la bouteille qu'il tenait toujours dans sa main, j'avais relevé mon regard sur lui alors qu'il ouvrait à nouveau la bouche avant de partir dans un rire que je ne comprenais absolument pas. _ Comment tu peux en être si sûr ? J'avais croisé les bras sur mon ventre alors que je plissais mes lèvres dans une moue contrariée. Encore une fois, j'avais l'impression que je ne savais pas toute la vérité, que les frères Healy me disaient pas toute la vérité. _ Je suis contente de voir que ça t'amuse. J'avais soufflé ces quelques mots avant de contourner Junior pour aller ramasser les livres qui se trouvaient sur le sol. Les reposant sur l'étagère, j'avais attrapé la bouteille de Junior avant de me retourner vers lui. _ Café ? Je ne lui avais pas laissé le temps de répondre que je me faufilais vers la pièce à l'arrière de la boutique. J'avais jeté le reste de l'alcool dans l'évier avant d'attraper la trousse de secours de Stan. _ Pourquoi avoir bu à ce point ? Je croyais que des deux Healy, c'était Micha qui était le genre à noyer ses problèmes dans l'alcool. Je m'étais retournée prenant appui sur un des meubles alors que je m'inquiétais réellement pour lui, pour eux. J'étais paumée, et ne pouvait pas dire qu'ils me facilitaient les choses, et pourtant au fond, je savais que j'étais tout de même contente de le voir se tenir debout, enfin debout, devant moi. |
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| Sujet: Re: dérapages. (jutty) Jeu 18 Jan - 11:08 | |
| — Je pourrais te demander la même chose Junior. Tu devrais soigner ça. Je la relâche et fais la moue, l'air un peu bêta, le regard vitreux. Il me faut quelques secondes avant de réagir et je finis par brandir la bouteille devant moi, l'agitant sous ses yeux. — Ben, c'est c'que j'fais. Que je clame, fier de moi. Et voilà que je ris encore ; l'hilarité pour cacher la détresse. L'équilibre incertain qui m'entraine en arrière et je me rattrape de justesse, provoquant quelques dégâts au passage. Dégâts que je ne relève même pas, l'esprit diffus qui plane trop loin de la réalité. Et les mots qui fusent trop vite, que je ne contrôle pas, que je ne retiens pas, sans me douter un seul instant des conséquences. C'est comme si la vérité me brûlait les lèvres et se débattait pour enfin sortir, exploser. Après tout, c'était l'idée de Michael de tout cacher à Boo, pas la mienne. Je ne supportais pas les secrets, les mensonges, ça finissait toujours par me ronger. Je n'étais pas câblé comme Michael, lui vivait très bien dans le pêché. Moi pas. Et l'alcool faisait doucement tomber toutes les barrières que je m'étais évertué à bâtir dans mon esprit. Je la vois qui croise ses bras, mon rire qui ne trouve pas d'écho chez elle, son regard dur qui me détaille. Mais ça me laisse insensible, je suis trop immergé pour ressentir ses émotions. Mon empathie habituelle qui s'est noyée dans mon chagrin. — Comment tu peux en être si sûr ? Parce qu'elle est morte. Je bug, bois la tasse, mon esprit qui s'enfonce dans les abysses. Et voilà que j'éclate à nouveau de rire, un truc nerveux, je n'arrive pas à m'arrêter. Je finis par me pencher vers elle, je tangue comme un bateau en pleine tempête, une main sur son épaule pour m'aider à tenir et mon haleine qui empeste le mélange d'alcool qui vient tapisser son visage délicat. — C'est mon p'tit doigt qui m'l'a dit, shhh. Index devant ma bouche, je pouffe bêtement avant de la libérer et de reprendre une gorgée - non deux. Puis elle vient me l'arracher des mains en me disant quelque chose que je n'écoute même pas. Je laisse mes bras retomber le long de mon corps et je geins comme un gamin. — Maaaaais.... Front plissé, lèvres tombantes, je regarde la bouteille disparaitre avec désespoir. Et je fais comment moi maintenant pour anesthésier mon cerveau ? Et la douleur au visage, et dans mes côtes, et dans mes jambes - ça commence à piquer. Elle me propose un café mais je reste boudeur, croisant mes bras sur mon torse, pas du tout enclin à faire un effort. Pourtant, je me décide malgré tout à la suivre dans la seconde pièce, trainant des pieds ; sale gosse capricieux. Je m'appuie contre le chambranle de la porte et l'observe, pleurant en silence l'alcool vidé dans l'évier - quel gâchis. — Pourquoi avoir bu à ce point ? Je croyais que des deux Healy, c'était Micha qui était le genre à noyer ses problèmes dans l'alcool. Je souffle, lève les yeux au ciel, décroise mes bras et fais quelques pas vers elle, avant de venir laisser mes bras retomber bruyamment, mes mains qui claquent contre mes cuisses. — Alors Micha il a l'droit et pas moi ? Micha, Micha, Michaaa, y en a que pour lui. Micha il est malheureux alors il peut boire, il peut être chiant, il peut n'pas être parfait. Mais pas toi Junior, alors fais pas chier et reste sage. Je débite tout ça à une vitesse folle, ma langue qui fourche sur quelques syllabes à cause de l'alcool qui l'engourdie. Je m'approche de la table et me laisse lourdement tomber sur une des chaises. Mais je vise mal et seule une de mes fesses se retrouvent dessus. Je tangue, agite les bras, la chaise qui commence à basculer sur le côté et je me raccroche à la table, je gesticule comme un forcené pendant quelques brèves secondes et rattrape le coup je ne sais comment. La chute est évitée et je souffle un coup, me replaçant correctement sur la chaise. Je pose mon coude sur la table et ma tête dans la paume de ma main, fixant Bee. Non, Boo. Merde. — On dirait Bee comme ça. Que je lâche, en dessinant quelques cercles avec mon index autour de mon propre visage pour parler de ses blessures. Et encore, c'est léger chez elle. La nuit où elle est morte, je me souviens que j'avais à peine pu reconnaître son visage tant il y avait eu du sang dessus. Mon bras lâche et ma tête part en avant, se cognant mollement contre le bois de la table alors que je me remets à ricaner comme un idiot, les épaules secouées par ce fou-rire qui n'a aucun sens. Les images de Bee reviennent brusquement me brûler la rétine. Ça y est, j'ai à nouveau envie de pleurer. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: dérapages. (jutty) Ven 19 Jan - 14:24 | |
| — Ben, c'est c'que j'fais. Je l'avais regardé brandir la bouteille devant moi, avant de faire une moue sceptique. Je n'étais pas sûr que ce soit le remède idéal, mais si ça lui convenait alors pourquoi pas. Je me mordillais légèrement la lèvre alors qu'un sourire s'était glissé au coin de mes lèvres malgré-moi en l'entendant rire. Secouant légèrement la tête, je me souvenais pas l'avoir entendu rire avant aujourd'hui. Heureusement, il était sauvé par ses réflexes plus ou moins coordonnés, qui lui avait permis de se rattraper à une étagère au lieu de par terre dans une allée de la librairie. Une chance, la librairie était déserte, pas que je m'inquiétais pour mon boulot, quoi qu'en réalité peut être un peu. Cependant, pour le moment, seul Junior comptait à mes yeux. Je me demandais pourquoi un homme pouvait boire au point, d'accord, je savais que ça n'avait pas été tout rose dans la vie des Healy dernièrement, et peut être que Junior essayait de faire redescendre la pression. Seulement, y avait toujours ce doute en moi, cette impression persistante qui me répétait encore et encore qu'il me manquait une pièce importante du puzzle. D'ailleurs, j'étais limite vexée en voyant Junior être si sûr de lui face à mon nouvel échec pour retrouver Bee. C'était déstabilisant, voir limite agaçant. Jetant un œil à sa main qui se posait à nouveau sur mon épaule, je l'avais regardé se rapprocher avant de faire une légère grimace en sentant son haleine.
_ Alors ton petit doigt est plutôt bien renseigné. Non je n'ai pas retrouvé Bee. Une fois avoir replacé les livres sur l'étagère, j'avais attrapé sa bouteille, avant de lui demander s'il ne préférait pas un café. Seulement, il ne semblait pas réellement d'accord.
— Maaaaais.... Je m'étais stoppée en chemin en entendant sa plainte. Pire qu'un gamin à qui on aurait confisqué son jouet. Levant un sourcil dans une mimique amusé, j'avais secoué légèrement la tête en voyant sa bouille. Un léger signe de tête, je l'invitais à me suivre malgré le fait qu'il semblait bouder, en tout cas, ça y ressemblait. Jetant le reste de l'alcool dans l'évier, j'avais jeté la bouteille dans une poubelle qui se trouvait à proximité. J'essayais de me souvenir de la dernière fois où j'avais bu au point de ne me retrouver dans l'état de Junior. Surement, lors d'une des dernières fêtes étudiantes. Quelque part, l'époque de l'université me manquait, mais j'avais fait le choix de tout abandonner pour pouvoir retrouver Bee. Curieuse, j'avais pas résisté à l'envie de connaître la raison qui avait poussé Junior à se mettre dans cet état. Appuyée le long d'un meuble, j'avais froncé les sourcils en l'entendant reprendre la parole.
— Alors Micha il a l'droit et pas moi ? Micha, Micha, Michaaa, y en a que pour lui. Micha il est malheureux alors il peut boire, il peut être chiant, il peut n'pas être parfait. Mais pas toi Junior, alors fais pas chier et reste sage. Me mordillant la lèvre, j'avais froncé quelque peu les sourcils en l'entendant se comparer à Micha. Je n'avais pas eu l'intention de le froisser, mais à vrai dire, je pouvais tout à fait comprendre. J'avais en quelque sorte vécu la même chose avec Bee. J'étais celle qui devait restes sage, réussir mes études, et rattraper en quelque sorte les bêtises qu'avaient pu faire Bee. Penchant légèrement la tête, je l'avais regardé s'approcher de la chaise avant de faire une grimace en le voyant déjà tomber sur le sol poussiéreux de l'arrière boutique. Je m'étais redressée prête à lui donner un coup de main, mais par chance la chute avait été évité. J'avais fait un sourire avant de laisser un léger rire franchir mes lèvres.
— On dirait Bee comme ça. Mon regard s'était à nouveau posé dans le sien, avant de l'entendre me comparer à ma soeur. Je n'avais pas tout de suite compris avant de le voir faire des genres de cercle avec son index. Passant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, j'avais levé légèrement les épaules. C'était pas surprenant, car à vrai dire, Bee était du genre à se mettre dans les embrouilles avec une facilité plutôt déconcertante. Encore une fois, c'était Bee qu'il voyait, et quelque part, j'aurais voulu qu'il en soit autrement. Je l'avais regardé aller se cogner mollement la tête contre la table avant de froncer à nouveau les sourcils en l'entendant rire. Laissant un léger soupir franchir mes lèvres, j'étais un peu perdue mais je ne pouvais pas le laisser comme ça. J'étais partagée entre le fait de rire avec lui ou laisser cette angoisse qui me vrillait les tripes prendre le dessus. Mon regard ne quittait plus Junior, je m'étais approchée avant de m'accroupir à ses côtés. Glissant ma main sur son jeans, j'avais attendu qu'il redresse la tête alors qu'un sourire était accroché à mes lèvres.
_ Tu veux bien me laisser nettoyer tout ça ? Je suis désolée de t'avoir comparé Micha, pourtant je sais très bien ce que ça fait. C'était maladroit de ma part, mais pour ma défense je ne t'avais encore jamais vu dans cet état. J'avais retiré ma main de la cuisse de Junior, avant de me redresser et de m'asseoir sur le bord de la table. Mon regard était posé sur mes vieilles converses, je l'avais relevé dans celui de Junior. _ Pour être honnête Junior, j'ai hésité à revenir à Savannah. Je sais que c'est Bee que vous voyez quand vous me regardez, et je ne peux pas vous en vouloir. Seulement pour la première fois de ma vie, je ressens de la jalousie envers Bee, et je trouve ça complètement idiot mais je peux pas m'en empêcher. J'avais fait un léger sourire gêné à Junior, avant de finalement me redresser pour aller préparer du café avant de soigner ses coupures. Bon, avec un peu de chance, il était bien trop saoul pour ce souvenir de quoi que ce soit. Peut être que c'était ce qui m'avait poussé à lui parler d'ailleurs, à moins que ce soit le fait de le revoir après mon épisode à Charleston. |
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| Sujet: Re: dérapages. (jutty) Sam 10 Fév - 10:23 | |
| — Alors ton petit doigt est plutôt bien renseigné. Non je n'ai pas retrouvé Bee. Je ricanais bêtement, de façon à peine audible. Pourtant je n'avais qu'une envie : m'écrouler au sol, me mettre à chialer et lui hurler toute la vérité. Je maudissais Michael de nous avoir mis dans une telle situation. Quel besoin il avait eu d'aller lui parler ? De la rencontrer ? Et pire encore, de lui mentir ? J'aurais préféré être le premier à la croiser. Pouvoir lui dire toute la vérité, tout de suite. Une partie en tout cas. Je ne pense pas que j'aurais osé lui donner tous les détails. Comment on est censé annoncer à quelqu'un qu'il a perdu sa sœur parce qu'on est lâche ? Que la sœur est morte toute seule, sans que personne ne sache même qui elle était ? Et qu'on a strictement rien fait pour remédier à ça. Je n'en peux plus de tout ça. De toute cette merde. Ça fait trop longtemps que ça me pèse sur les épaules, trop longtemps que je lutte pour rester debout, pour tenir le coup. Je commence à me fissurer de tous les côtés, je sens que chaque jour le craquage avance un peu plus. Que bientôt, je vais exploser. J'espère seulement que Betty sera loin à ce moment-là, qu'elle n'assistera pas à ça. De toute façon, le spectacle que je lui sers aujourd'hui est bien assez désolant. J'enchaine les plaintes et les remarques sans queue ni tête, les rires imbibés d'alcools et les gestes maladroits. Elle ne bronche pas, se contente de m'observer depuis son coin de la pièce, visiblement dépassée par la situation. Sûrement un peu dubitative, je peux comprendre. Je finis par m'étaler sur la table, le front contre le bois du meuble et je reste comme ça, trop fatigué pour me redresser, pour continuer à parlementer. Je voudrais m'allonger quelque part, m'endormir pendant des années et me réveiller seulement quand la douleur aura totalement disparue. Est-ce qu'elle disparaîtra un jour ? Pitié, faites que oui. Parce que c'est insupportable. Je ne peux pas vivre comme ça, dans cet état. Je l'entends qui s'approche mais je ne bouge toujours pas, me contentant de soupirer longuement à plusieurs reprises, commençant à être pris de nausées. C'est sa main sur ma cuisse qui me fait réagir. Je me redresse subitement et mon regard se fixe sur sa main. Y a mon cœur qui déraille sévèrement et je me mets à trembler doucement. Ça cogne et ça pulse dans ma poitrine, mon sourire ivre a disparu pour laisser place à un regard triste. L'envie d'attraper sa main, de la serrer. Mes yeux remontent jusqu'à son visage et tout se mélange. Bee, Boo, je ne vois plus la différence. Je reste stoïque, luttant contre une pulsion violente. L'envie de me jeter sur elle, de l'embrasser, de croire qu'elle est revenue. Mais c'est Boo. C'est Boo putain. Je ferme les yeux une seconde avant de détourner la tête, à bout de souffle. Je suis las d'avoir mal en permanence. Et si même l'alcool ne suffit pas à anesthésier tout ça, qu'est-ce que je peux faire ? — Tu veux bien me laisser nettoyer tout ça ? Je suis désolée de t'avoir comparé Micha, pourtant je sais très bien ce que ça fait. C'était maladroit de ma part, mais pour ma défense je ne t'avais encore jamais vu dans cet état. Elle retire sa main et vient s'installer sur le rebord de la table. Je hoche lentement la tête, les yeux posés dans le vide. — Ouais, c'est rien t'en fais pas. Mon ton est bas et lent, l'euphorie de l'alcool qui redescend et laisse place à la morosité. J'ai l'impression de peser une tonne. Sûrement le poids de la culpabilité. Je passe une main sur mon visage en soufflant bruyamment, pour essayer de me remettre les idées en place. — Tu sais, les clodos ça picolent, faut pas t'affoler pour si peu. Que j'ajoute, pour tenter de dédramatiser un peu les choses. Pour lui faire croire que tout est normal, que j'ai bu seulement parce que c'est comme une coutume chez les gens qui vivent dehors. Mais c'est n'importe quoi. J'ai fait comme tous les désespérés qui ne s'en sortent pas, j'ai tenté de noyer mon chagrin pour l'oublier. De toute évidence, ça n'a pas marché. Pas longtemps en tout cas. — Pour être honnête Junior, j'ai hésité à revenir à Savannah. Je sais que c'est Bee que vous voyez quand vous me regardez, et je ne peux pas vous en vouloir. Seulement pour la première fois de ma vie, je ressens de la jalousie envers Bee, et je trouve ça complètement idiot mais je peux pas m'en empêcher. Je fronce les sourcils, un peu étonné de ses mots. Mais lorsque je tourne la tête vers elle, elle a déjà filé. Elle se met à préparer du café et je l'observe faire sans broncher. J'essaye de me repasser ses aveux calmement, pour ne rien rater d'important, mais l'alcool complique un peu les choses. Je reste silencieux quelques instants, jusqu'à ce qu'elle finisse par revenir avec le café et de quoi me soigner. Je pivote un peu sur la chaise pour pouvoir lui faire face, prêt à la laisser panser mes plaies. Mon regard qui cherche le sien, avec trop de questions au fond des yeux. — Jalouse ? Pourquoi ? Que je finis par demander en toute sincérité, ne parvenant pas vraiment à voir où elle veut en venir. Je peine à rester droit sur ma chaise et finis par prendre appui sur le bord de la table, complètement avachis. J'ai les paupières tombantes, faut dire que je n'ai pas dormi de la nuit et que je suis en train de subir le contre-coup de tout l'alcool ingurgité. Mais je lutte vaillamment, sentant qu'on vient de mettre le doigt sur quelque chose. Plus bas, j'ajoute finalement. — J'suis content que tu sois revenue.. Même si ça fait mal, même si c'est insupportable, même si j'ai espéré qu'elle ne revienne jamais. Je suis heureux d'être là, avec elle. Je ne sais pas trop pourquoi. Elle a sûrement raison. Sûrement qu'on ne voit que Bee à travers elle et ça me serre le cœur. Je sais ô combien ça peut être douloureux de n'être que le double, que l'ombre de celui ou celle que tout le monde voit. Ça a toujours été comme ça pour moi et Micha. Ça a toujours été Michael et son jumeau. Quand je parviens à reposer mon regard sur elle, je la dévisage avec cette compassion qu'ont les gens complices qui ont traversé la même chose. Il n'y a pas de pitié, juste un je comprends silencieux. |
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| Sujet: Re: dérapages. (jutty) | |
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