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| au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) | |
| Auteur | Message |
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banana-split on me ▹ posts envoyés : 2817 ▹ points : 51 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (ava + gif) & tumblr ▹ avatar : yuri pleskun ▹ signe particulier : regard fendillé, la folie qui crame au fond de son regard, la gueule toujours un peu cassée et l'allure dézinguée.
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| Sujet: au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) Mar 14 Nov - 9:29 | |
| Eanna reste sourde à mes messages, mes appels. Pourtant, je la harcèle. C'est étonnant qu'elle parvienne encore à m'ignorer. Mais moi, je n'en peux plus. Pourtant, je n'ai pas le courage d'aller l'affronter à l'hôpital. De lui faire face, de voir le carnage. De toute façon, je n'aime pas les hôpitaux. Ça pue et y a pleins de gens bizarres dedans. Les seules fois où j'y vais, c'est quand je termine aux urgences. Et encore, j'évite, je préfère que ce soit Daire qui me raccommode. Elle a pris le coup de main depuis le temps, elle se débrouille pas mal et j'estime que c'est largement suffisant. Je vais pas crever parce que je saigne un peu ou que j'ai un trauma crânien ou j'sais pas quoi. On meurt pas d'un trauma crânien, enfin, je crois pas. Aucune importance. Je secoue la tête, exaspéré. Je regarde les murs de ma chambre et cet endroit me paraît tellement froid depuis qu'Eanna n'est plus là. Je baisse tristement les yeux pour fixer mon téléphone qui refuse de vibrer. Elle ne répondra pas, pas vrai ? Elle ne répondra jamais. Je pose ma main sur ma bouche pour ravaler ma peine et mes peurs. J'ai l'impression qu'une tempête sévit autour de moi et emporte sur son passage tout ceux que j'aime, pour m'isoler. Et bientôt, il ne restera plus que moi. Dans un désert glacé. Putain d'merde. J'peux pas laisser faire ça. J'peux pas me contenter d'accepter mon sort. De regarder ma vie s'effilocher sans réagir. Je me lève d'un bond, bien décidé à tout tenter pour changer le cours des choses. Pourtant, je ne sais même pas par où commencer. Alors dans le doute, je vais démarrer par un bar. Je fouille le loft jusqu'à trouver un peu d'argent, surement à Max, ou Daire. Mais j'espère qu'il est à Samih, et qu'il en avait besoin. Bien fait, fils de pute. Je quitte notre vieux bâtiment et fonce vers le bar du bout de la rue. Mais mon plan démarre mal, le bar est fermé et sur la porte y a un panneau. En grosses lettres, c'est marqué FERMETURE POUR RÉNOVATIONS. Et moi, je ris jaune. J'ai envie de cogner le panneau. J'ai envie de saccager l'endroit, pour leur donner une bonne raison de rénover ce putain de bar de merde. Mon rire qui se casse et je passe mes mains sur mon crâne. Les bars, ce n'est pas ce qui manque dans la ville et j'en connais un paquet, mais je ne sais pas, ça me contrarie. Comme si le destin s'acharnait à déjouer mes plans pour tout foutre à l'eau, comme s'il s'obstinait à me pourrir la vie sans me laisser la possibilité de me défendre. J'ai pas mérité ce déferlement de merdes. Putain, je l'ai pas mérité ! Mon pied qui shoot violemment dans la poubelle la plus proche. Une fois, deux fois, trois fois, et l'objet en plastique finit par se décrocher et voler sur la route, se déversant sur le bitume comme un cadavre éventré. Ça klaxonne, freine et gueule. Et moi je brandis mes deux majeurs tout en m'éloignant. — J'M'EN BATS LES COUILLES, CIAO ! Et je disparais dans les rues adjacentes. Je prends finalement la bar d'un deuxième bar que j'aime bien, en espérant que celui-ci ne me lâche pas aussi. Dans tous les cas, je n'abandonne pas. Je ferais tous les bars de cette ville s'il le faut, le destin ne peut pas tous les fermer le même jour, c'est impossible. C'est moi qui vais gagner. Je remonte une rue que j'emprunte rarement, en fait, je ne suis même pas sûr d'être déjà passé par-là. Ou peut-être bourré, ou peut-être en voiture, en tout cas, ça ne me dit rien. Et mes pas ralentissent lorsque je passe devant une petite église à drôle d'allure. Elle n'a pas l'air neuve. Je finis par m'arrêter sans m'en rendre compte, intrigué par le drapeau arc-en-ciel accroché sur la façade. Je penche la tête sur le côté. Depuis quand l’Église a un drapeau ? Je regarde autour de moi, perplexe. L’Église a un drapeau, sérieux ? Je fais la moue, sceptique. Au fond, c'est possible, je n'y connais rien moi à la religion. Je hausse les épaules et repars. Mais très vite, je traine des pieds et finis par m'arrêter à nouveau pour revenir faire face à la bâtisse. Peut-être que le destin m'envoie un signe finalement ? Peut-être qu'il a fermé le bar pour une bonne raison ? Peut-être que le destin, c'est Dieu finalement. Peut-être qu'il existe et qu'il veut qu'on cause. Non, n'importe quoi putain. Je secoue la tête, t'es trop con JJ. Pourtant, je n'arrive pas à repartir. Je reste figé là, les pieds ancrés dans le ciment, les yeux rivés sur l'église. Y a comme un truc qui m'appelle, qui m'attire. La force du désespoir, peut-être. Il paraît que c'est chose courante, que les gens finissent souvent par se tourner vers le divin quand ils ne savent plus quoi faire. Au fond, je pourrais tenter. Je n'ai rien à perdre. Et puis, c'est gratuit. J'hésite encore un bon moment, avant de finalement me lancer. Je n'ai jamais mis les pieds dans une église il me semble. J'ai beau réfléchir, je n'ai aucun souvenir de ça. Raison de plus pour tenter l'aventure. Je pénètre dans l'endroit et je suis rapidement saisit par la drôle d'ambiance qui y règne. Comme une bulle hors du temps. Je remonte la petite allée centrale, pas à l'aise du tout. L'endroit est désert, sauf une silhouette masculine plus loin, qui me tourne le dos. Je lève les yeux vers le plafond et.. — Putain, c'est haut ! Que je m'exclame sans retenue et je sursaute aussitôt, surpris par l'écho. — Merde, ça raisonne de ouf cette connerie. Je m'arrête et regarde autour de moi, absolument pas gêné par le bruit que je fais. Je continue mon exploration, jusqu'à me retrouver face à un... euh.. un.. si, j'ai déjà vu ça dans des films. Les gens vont dedans pour dire ce qu'ils ont fait de mal et après, hop, Dieu leur pardonne. Ou une connerie du genre. Rah, c'est quoi son nom à cette boite en bois déjà ? Je fais la moue, ça ne me revient pas. Tant pis. Peut-être que je devrais essayer. Une suite d'idées me traverse l'esprit, un frisson remonte le long de mon dos et je me sens soudainement fébrile. Je me retourne et vois la silhouette du mec s'approcher de moi. Il bosse ici ? C'est à lui que je dois dire les conneries que j'ai faites ? Je lui fais signe, pas très à l'aise. — Euh mec, je voudrais utiliser ça, c'est gratuit ou pas ? J'attends qu'il soit plus prêt et je continue. — Par contre j'sais pas trop comment ça marche, faut procéder comment ? Parce que j'ai déjà vu dans les films, mais on sait tous que la réalité c'est pas comme dans la télé, hein ? Je lui lance un petit clin d’œil, rire salace, et j'ajoute tout bas. — En vrai, elles aiment pas qu'on éjacule sur leur visage... Merde, ça se dit ou pas ? Il baise des femmes ou pas lui ? Peut-être qu'il voit pas de quoi je parle. J'enfonce mes mains dans mes poches, un peu nerveux. Et puis cet écho, bordel, c'est relou à force. Qui est le con qui a construit un truc qui raisonne autant ? Faut foutre des tapis sur les murs ou je sais pas, mais ça doit refiler mal à la tête à la longue, surtout quand y a du monde et qu'ils parlent tous en même temps. J'imagine pas le bordel. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) Ven 17 Nov - 19:52 | |
| Il pleut. Enfin, non, il pleut plus dehors. Seulement dans l’église, ça fait plic-ploc sur le plancher, je sens d’ici le dégât des eaux, les lattes qui se gondolent et le bois qui pourrit. Fuite de merde. J’suis même pas sûr que y’a une assurance sur cette ruine, j’imagine que non, sinon elle serait pas en ruines, justement. Faudrait que je jette un coup d’œil à toute la paperasse administrative que j’ai foutue n’importe tout, comme d’hab. Ezra sait sûrement où ça se trouve. En attendant, je colle bassines et casseroles récupérées dans les placards de la maison là où ça tombe, mater le plafond, se prendre une goutte dans la tronche pour vérifier que j’suis bien au bon endroit. J’adore faire ça, job de rêve. J’ai vraiment pas besoin de ça en ce moment, y’a pas assez de pognon pour finir le toit pour empêcher de pleuvoir à l’intérieur, donc encore moins pour remplacer le parquet s’il se fait tremper. Cercle vicieux. C’est la galère. Me faut des paroissiens. Dieu, envoie-moi des paroissiens avant que j’aie plus assez d’torchons pour essuyer tout ça. Bizarrement, ça marche jamais, les prières comme ça. Ça marche pas comme ça, Dieu il a autre chose à foutre que d’exaucer mes prières à la con, je sais pas quoi, mais j’suppose que c’est important. J’comprends les gens qui se demandent ce qu’il fout, là-haut, et ceux qui pensent qu’il fait de la merde, cela dit. Mais bon, vu qu’Il nous a fait à son image, faut pas s’attendre à c’que ça vole très haut. Pardon, blasphème. Signe de croix pour s’excuser quand j’entends une voix qui m’fait sursauter, l’écho dans la nef qui étonne. Visiblement, la politesse dans les églises, c’est totalement has been. J’vais pas me plaindre, j’suis le premier à jurer à tout va. Puis j’suis plus occupé à hausser un sourcil en me retournant, mode MINDFUCK parce que. Attendez, j’ai demandé des paroissiens et PAF, y’a un mec qui entre dans mon église ? DEPUIS QUAND ÇA MARCHE ??? Et si j’avais souhaité Pedro Pascal, viens dans mon église, il s’rait apparu aussi ? C’est où le bureau des réclamations ??
Bon, j’suppose que je dois faire avec ce qu’on veut bien me donner. Moins ténébreux que Pedro, plus blanc-bec du coin, un peu plouc. Un peu comme moi, en fait. Con comme moi, aussi, apparemment, à demander comment marche le confessionnal et si c’est gratuit, manquerait plus qu’il parle de petite boîte comme Asher et j’me mettrais à rougir en regardant vers la sacristie. Du sérieux, Toad. T’es pasteur, merde. Il doit juste pas être trop habitué aux trucs religieux, bien que ce soit étrange de venir dans une église juste pour visiter. Dans la mienne, en tout cas, elle a pas franchement une architecture exceptionnelle, ça pourrait peut-être intéresser des archéologues, à la limite, ou des pyromanes, vu qu’elle est tout en bois. Enfin bref, c’est chelou de vouloir se confesser quand on a pas l’air de capter à quoi ça sert. J’prends une grande inspiration discrète pour retrouver mes esprits et chasser les pensées parasites. Mode pasteur activé. Mais. Une seconde. C’est quoi ce clin d’œil tendancieux, là ? Putain. Ok. Elle est où la caméra cachée ? Dieu m’a envoyé l’obsédé du coin ? Bon, ok, j’suis mal placé pour me plaindre, j’ai jamais été des plus poétiques non plus sur le sujet. « Sans déconner. J’connais pas de mecs qui aiment particulièrement ça non plus. » Grimace, on est là pour discuter films pornos ou ? J’trouve pas ça très approprié, j’ai beau être ouvert d’esprit et avoir les yeux qui dévient irrémédiablement vers la sacristie – j’tromperai personne en jouant les prudes, c’est sûr – il me semble que c’est pas le moment. Sauf s’il veut confesser son addiction au porno, eh, sales pensées impures, tout ça. Et le pasteur, il doit se confesser à qui ? « Ouais, c’est gratuit. On n’est même pas obligés d’aller dans le confessionnal, parce qu’en principe c’est pour une histoire d’intimité et là y’a personne d’autre, donc bon. » J’hausse les épaules en désignant le vide autour de nous et en m’asseyant sur le banc le plus proche, tapotant à côté de moi pour lui faire signe de s’installer. « Du coup, qu’est-ce t’as sur la conscience ? » |
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| Sujet: Re: au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) Sam 6 Jan - 8:14 | |
| — Sans déconner. J’connais pas de mecs qui aiment particulièrement ça non plus. Hein ?! Merde. Il est pédé ? Non. Si ? Putain, je sais pas, il essaye de me dire quoi là ? Je dois comprendre quoi ? Je le toise, perplexe, méfiant et recule d'un pas, les lèvres qui se tordent légèrement. Un truc un peu méprisant, tirant largement sur le dégoût. Je regarde autour de moi, à court de réponse. — Euuuuuh... Il baise lui ? Je le détaille de haut en bas. Dans les films, les papes ressemblent pas trop à ça. Ils sont plus vieux, et ils ont moins de cheveux. Et ils ont l'air chiants, genre, super chiants. Lui, ça va. Je viens me gratter le crâne, ne trouvant rien de plus à redire. Et de toute façon, je préfère ne pas m'étaler sur ce sujet. Oh merde, attendez ! Si Dieu existe et que ce con communique avec le divin, ça veut dire que, peut-être, si Dieu voit vraiment tout, il lui a dit pour moi et... Je pâlis. Fronce les sourcils et le regarde avec encore plus d'insistance, les yeux légèrement plissés. Comme si j'essayais de sonder son âme moi aussi, pour y découvrir ses noirs secrets, ou tout simplement savoir s'il sait tout sur moi et qu'il se fout de ma gueule. Il a le droit de se foutre de ma gueule ? C'est pas interdit dans, je sais pas, le code de bonne conduite des papes et des bonnes sœurs ? Il doit bien exister un truc de ce genre-là. Ou même dans la bible. Non ? Rah, ça me fait chier de penser autant putain. Je secoue ma tête et me redresse, chassant tout ça de mon esprit histoire de m'alléger un peu. J'aime pas bien encombrer mon crâne de conneries inutiles comme celles-là. — Ouais, c’est gratuit. On n’est même pas obligés d’aller dans le confessionnal, parce qu’en principe c’est pour une histoire d’intimité et là y’a personne d’autre, donc bon. Moi si c'est gratuit, ça me va. Je suis le genre de mec qui prend tout ce qu'on lui donne du moment que c'est gratuit, même si j'en ai pas besoin, même si c'est laid ou que ça prend trop de place. C'est une question de principe. Au pire, je peux toujours le revendre ensuite. Je jette un dernier coup d’œil au confessionnal - c'est bizarre, ça me dit rien ce mot, ça doit être un terme technique employé seulement par les papes - et finalement, je m'approche de lui quand il me fait signe. — C'est vrai qu'y a pas foule. C'est tous les jours comme ça ? Parce que putain, tu dois t'faire chier. Tu me diras, y a du ménage à faire, ça doit occuper. A moins que t'aies une femme de ménage. Ça existe les femmes de ménage pour église ? Enfin, c'est une église ou pas d'ailleurs ? On dirait plutôt une cabane. Et encore, j'ai vu des cabanes plus sympas que ça. Il me fixe d'un drôle d'air. Hum, je crois que je parle trop, pour changer. J'inspire un grand coup, hausse les sourcils, lui lance un petit sourire semi désolé et je regarde ailleurs quelques instants. On m'a souvent dit d'arrêter de formuler à voix haute tout ce qui me passe par la tête, mais j'ai du mal. Faut que ça sorte, faut que j'évacue. Et puis, je ne vois pas l'intérêt de garder les choses pour soi. C'est comme ça qu'après les gens finissent rongés par des choses qu'ils n'ont jamais pu avouer, blablabla. Moi au moins, je dors bien. — Du coup, qu’est-ce t’as sur la conscience ? Je relève la tête vers lui, affalé sur le banc et j'échappe un petit ricanement, à peine audible, très bref. Ce que j'ai sur la conscience ? Par où j'commence ? — Hé beeeeen... Je balance ma tête en arrière et je réfléchis, puis, je me fige quelques secondes, pris d'un doute. Mon visage qui redevient sérieux, le front qui se plisse un peu. Je redresse ma tête et le fixe avec insistance. — Juste pour être sûr, t'as pas le droit d'aller me dénoncer à la police ensuite ? Je hausse un sourcil, le regard inquisiteur. — Non parce que sinon c'est chaud, j'me tire direct moi hein. Et mens pas. Manquerait plus que ce soit un petit fils de pute de délateur et qu'il retourne mes aveux pleins d'émotions contre moi. Merde, y en a qui souffrent ici ! |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) Ven 19 Jan - 18:24 | |
| Y’a mes sourcils qui se froncent, devant la grimace de dégoût, j’ai l’habitude d’être confronté à des enfoirés qui supportent pas de voir deux mecs ensemble, mais là ça me semble assez aberrant qu’un gros homophobe soit entré dans une église avec un drapeau arc-en-ciel la bouche en cœur pour demander à se confesser. Il avait pas du tout l’air énervé ou prêt à tout casser quand il est entré. Peut-être qu’il est complètement con et qu’il sait pas c’que le drapeau signifie. Ou alors il s’est juste rendu compte que son sujet de conversation était scabreux et dégueulasse. Ça doit être ça, parce que la moue s’efface de son visage et qu’il a l’air seulement paumé, au final. Il doit pas être habitué à tout ça, l’église, la confession, Dieu, c’est sûr que ça fait toujours bizarre, au premier abord, y’a plein de question qui viennent en tête et elles sont parfois très connes. Moi-même j’y comprenais rien avant de. Ben, avant de devenir pasteur, quoi. La première fois que j’ai mis les pieds dans une chapelle, c’était en cure de désintox, j’trouvais tout bizarre et j’voyais pas l’intérêt de tout l’cérémonial pour simplement dire qu’on a péché et qu’on le regrette. Ça prend du temps de capter la symbolique, de s’rendre compte que tout a une utilité. Même si bien sûr, j’y vais mollo sur tout c’qui est costume et apparât, c’est pas le carnaval non plus, et j’aime bien que les choses restent modestes. Bon, ça serait mieux si c’était un peu moins modeste, moins vétuste, en fait, moins de trous dans le toit et de rats qui se promènent dans les coins, mais j’ai pas envie que ça en devienne impressionnant, le genre qui intimide et qui fait qu’on préfère passer son chemin sans jamais oser mettre un pied dans l’église, de peur de troubler un truc ultra solennel. Ouais, c’est pas moi, ça, j’pense que mon église, ma cabane comme il dit est tout à fait à mon image, bancale mais accueillante, dans le sens où on fait avec les moyens du bord pour aider les autres. « Ouais. Ça reste plus grand qu’une cabane, quand même. » Faut croire que j’suis de bonne humeur, parce que j’le dis même pas avec un semblant d’agacement, juste un haussement d’épaules désinvolte tandis qu’il s’affale à côté de moi. C’est vrai que vu le nombre de mes paroissiens, j’pourrais donner la messe dans une cabane. Ça pourrait être sympa, j’y penserai, acheter un p’tit abri de jardin et hop, plus d’impression d’église désertée voire carrément à l’abandon. Peut-être que Dieu avait des raisons d’envoyer ce mec, hein.
Pourtant, son petit ricanement n’augure rien de bon, me semble. Et quand il me demande si j’vais pas le balancer aux flics, j’espère quand même qu’il est pas venu pour confesser dix meurtres. « Secret de la confession, tout ce que tu peux dire reste entre toi et moi. » Enfin. A moins qu’il se fasse arrêter et qu’on m’appelle à la barre, j’crois qu’on est obligé de répondre aux avocats, maintenant. J’veux pas me rendre complice de meurtre, moi. Mais j’m’angoisse pour rien, ça s’fait il a juste volé un bonbon quand il avait dix ans et il s’en veut à mort pour ça. J’le toise de bas en haut. Il a la même allure de voyou que moi, mais ça veut rien dire. Moi j’suis bien pasteur. J’dois avouer que les secrets j’aime pas ça, et les cours de théologie ont beau préparer aux cas de conscience, c’est sûr que quand quelqu’un vous raconte toutes les horreurs de sa vie, c’est pas toujours super cool pour le pasteur. Mais on peut toujours s’améliorer, devenir quelqu’un d’un peu plus décent. La rédemption, tout ça. J’suis un bon exemple. On va faire comme si j’étais un bon exemple, à défaut d’avoir mieux sous la main. « Par contre, se confesser ne fait pas tout. Il faut se repentir et si t’as commis des péchés, ‘fin, des trucs moches, quoi, ben faudra qu’tu fasses des bonnes actions, tu vois ? Et faut arrêter les trucs moches. Et tu verras qu’tu te sentiras mieux. » |
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| Sujet: Re: au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) Dim 4 Fév - 16:18 | |
| — Ouais. Ça reste plus grand qu’une cabane, quand même. Bof. Je suis sûr que les gosses de riches qui exigent que leurs parents leur construisent une cabane dans le jardin obtiennent des cabanes plus grandes que son église. C'est genre, sûr à 99,9% (les 0,1% c'est si l'enfant est nain, dans ce cas il n'a pas besoin d'un truc immense, une niche pour chien fait l'affaire - quels cons ces nains). Je me contente de hausser les épaules, finalement assez peu intéressé par le sujet. On est là pour parler de moi. Pas de lui, ou de sa cabane. Donc ce serait bien qu'on se recentre un peu et qu'on en arrive à l'essentiel. S'il vous plait merci. Mais avant tout, je tâte un peu le terrain, je me renseigne avant de dire quoi que ce soit. Juste histoire d'être sûr que je ne vais pas finir sous les verrous à cause de lui. De toute façon, il n'aura pas de preuves. Ce sera sa parole contre la mienne. Et franchement, qui croirait un mec qui vit dans une cabane et parle à un homme imaginaire ? Personne, on est d'accord. Même moi à côté de lui j'ai l'air sain d'esprit - c'est pour dire. — Secret de la confession, tout ce que tu peux dire reste entre toi et moi. Ah, alors ça c'est une bonne nouvelle. Pour une fois que les religieux inventent un concept cool. Je souris, satisfait et ouvre la bouche, prêt à me lancer. Mais il me coupe dans mon élan et vient tout gâcher. — Par contre, se confesser ne fait pas tout. Il faut se repentir et si t’as commis des péchés, ‘fin, des trucs moches, quoi, ben faudra qu’tu fasses des bonnes actions, tu vois ? Et faut arrêter les trucs moches. Et tu verras qu’tu te sentiras mieux. Ma bouche qui était toujours ouverte se referme lentement sous le poids de la désillusion. Je fronce les sourcils et fais la moue, gardant le silence pendant quelques secondes. Je le dévisage très sérieusement, comme si j'attendais qu'il éclate de rire et m'annonce qu'il déconnait - humour de religieux, je pense qu'il faut faire partie du concept pour trouver ça drôle mais bon. Pourtant, rien ne vient. On reste plantés là à se regarder dans le blanc des yeux, jusqu'à ce que je comprenne qu'il est très sérieux. Je grimace et peste, déçu. — Putain mais c'est compliqué ces histoires ! Moi j'pensais que je racontais et puis après tu me lavais mon âme, genre tu remets l'ardoise à zéro avec une petite prière et hop-là. Je croise les bras et m'enfonce un peu plus en faisant la moue, boudeur. Je souffle un coup, plus très sûr de vouloir raconter quoi que ce soit désormais. Je tourne même la tête vers la sortie, hésitant à m'en aller. Mais je n'arrive pas à bouger d'ici. Y a toujours ce truc dans ma poitrine qui n'en peut plus, qui étouffe, qui veut sortir. Et si je ne le fais pas ici avec lui, je ne le ferais jamais. Et ça me gonfle un peu de ne plus avoir les pensées tranquilles. Je me ravise donc et soupire encore plus fort. Puis, je me mets à chercher mes mots, deviens subitement nerveux. Je triture mes doigts, les yeux rivés dessus, comme un gamin sur le point d'avouer une énorme bêtise. — En fait.. Je.. J'ai fait des tas de conneries mais de façon globale je m'en fous, j'le vis bien. Ouais, si on oublie l'épisode Eanna. D'ailleurs, faudra que je lui en parle. Peut-être. On verra. S'il est sympa avec moi et qu'il compatit et qu'il est de mon côté. Sinon, ça ne vaut pas le coup. Je déglutis et reprends. — Il m'arrive des trucs bizarres ces derniers temps.. O-on m'accuse de trucs mais j'les ai pas fait ! Je me tourne vers lui, comme scandalisé, le regard sincère. Je souffle, recommence à regarder mes mains toutes abimées. — Apparemment, « soit disant » ... Je mime les guillemets avec mes doigts. — ... J'aurais violé des filles. Je me tourne vers lui de façon précipitée, je pose un genoux sur le banc et brandis mes mains devant moi en signe d'innocence. — Ce qui est bien sûr totalement faux. J'insiste sur le dernier mot, regard qui ne laisse pas de place au doute. Du moins, durant quelques secondes. Je finis par m'avachir à nouveau sur le banc, le regard qui se perd dans le vide, trahissant ma confusion. — Enfin j'crois.. En fait, je sais plus. J'arrive pas à me souvenir. Je viens poser mes mains de part et d'autre de mon crâne, comme s'il était au bord de l'implosion - c'est souvent la sensation que j'ai. — Je sais pas ce qui m'arrive en c'moment. Qu'est-ce que j'dois faire ? Que je souffle assez bas, nerveux et dépité à la fois. Je relève les yeux vers lui, comme s'il était le graal en personne et qu'il allait pouvoir me donner la réponse, m'aider, me tirer de ce mauvais pas. Me dire que tout va bien, que je n'ai rien fait de mal, que tout est normal, que je suis normal. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) Sam 3 Mar - 19:52 | |
| Le mec a pas l’air très heureux de mes explications, la moue qui se glisse sur ses lèvres et le silence qui s’installe, pendant lequel il scrute mon visage en attendant Dieu-sait-quoi. Sûrement que j’lui balance qu’il lui suffit de sortir le chapelet et de réciter cinquante-deux Ave Maria et soixante-sept Notre Père pour expier ses péchés comme tous les clampins qui connaissent la religion qu’à travers la télévision. J’peux pas vraiment le blâmer pour ça, moi aussi j’pensais qu’ça marchait comme ça, avant, puis c’était un peu le cas dans l’ancien temps, probablement. Chez ces bons vieux cathos, on pouvait même payer pour racheter ses fautes, si c’est pas merveilleux. Mais bon, j’préfère ma façon de prêcher, y’a quelque chose de réconfortant à savoir que tout le monde est sauvé à la fin, même le plus parfait des connards, qu’on est tous dignes de Son Amour et qu’au final on peut changer sa vie si on L’accepte Lui. C’est puissant mais fragile, ce lien qui m’unit à Dieu, c’est les doutes qui subsistent même après être devenu pasteur, pourtant je sais que c’est c’que j’veux être. Après faut essayer de semer la bonne parole et de choper des paroissiens, mais, eh, peut-être que ça commence aujourd’hui. Soyons positifs, malgré l’air atterré du type et son regard plutôt sceptique. Les doutes, on les a tous, c’est normal de douter. Il trouve ça compliqué. Ok, je comprends, moi-même il avait fallu qu’on m’explique le principe une petite dizaine de fois avant que la pièce tombe – j’étais grave malade avec la désintox, ça aide pas trop à se concentrer. Mais bon, s’il pensait qu’il suffisait de parler sans avoir la foi pour laver ses péchés et se sentir mieux, sans essayer d’être un type bien… Bah, il a qu’à aller chez les scientologues, pour mille dollars ils vous font ça, j’crois bien. J’étais pas assez riche en sortant d’la cure, moi. J’me retiens de lui demander s’il croit en Dieu, au moins, parce que j’ai l’impression qu’il a plus besoin d’un psychologue et d’un bon avocat que d’un pasteur. Il ne semble plus vouloir parler, tout à coup, et je lui laisse le temps de réfléchir en silence. Ça aide toujours, le silence, pour mettre les choses au clair. Quand on peut penser à rien d’autre que soi-même et ce qu’on a fait. C’est d’ailleurs pour ça que j’me camais, pour pas y penser. Je l’observe du coin de l’œil, seulement, pour pas lui foutre la pression avec un regard trop insistant. Son attitude change subitement, la nervosité qui prend le dessus, les doigts qui s’agitent, les yeux qui m’évitent. Ça peut pas être si grave, si ? Il a sûrement volé un bonbon quand il était gosse et l’a toujours sur la conscience, c’est souvent comme ça, non ? En plus il me balance qu’il vit bien ses conneries. Pourquoi t’es là, mec. Il prend son temps, comme s’il mesurait ses paroles, quelques hésitations qui se glissent dans sa voix et mes sourcils qui se froncent de plus en plus d’incompréhension. Et c’est à mon tour d’avoir une gueule atterrée lorsque le mot viol est calé avec beaucoup trop de guillemets, dans les gestes et l’intonation. Y’a mon poing qui se referme, celui qu’il peut pas voir et je tente de faire preuve d’un peu de self-control devant cette situation absurde, alors qu’il poursuit son discours de je suis innocent, qui se termine en en fait j’m’en souviens pas, sans déconner, est-ce que ce serait vraiment mal de lui fracasser la tronche sur l’autel et puis lui demander s’il s’en souvient, maintenant ? Ouais. Ouais, on est dans une église, Dieu nous regarde. Putain, j’dois lui accorder le bénéfice du doute ? Me dire que c’est possible que les filles en question (combien, putain ?) sont toutes de salopes qui l’ont accusé à tort ? Il serait pas là si c’était le cas. Il serait pas là s’il savait qu’ces accusations étaient vraiment fausses, il voudrait pas qu’je lave ses péchés s’il avait pas commis de péchés. J’peux les laver dans son sang, les péchés, hein ? C’est dans ces moments-là qu’on s’dit que le secret de la confession, c’est vraiment de la merde. Toute façon, y’a pas mal de règles religieuses qui sont même pas dans la Bible qui sont de la merde, et j’les respecte pas toutes, alors j’pourrais très bien dénoncer ce connard, en toucher deux mots à Asher, ou quoi. Enfin. Pour l’instant, bénéfice du doute. Il est peut-être taré, le genre à avoir des dédoublements d’la personnalité. Ça m’fait penser à ça, quand il tient sa tête entre ses mains comme pour y faire taire des voix imaginaires. C’est flippant, merde. Respire, Toad, une grande inspiration. Essaye d’être impartial. Qui sait, peut-être que j’peux l’amener à reconnaître ses torts et à se rendre à la police. « Je crois que si c’était si faux que ça, tu ne serais pas là. Si ta conscience te torture, y’a une raison à ça. » Au moins, il est pas à cent pour cent psychopathe s’il a des remords, même s’ils paraissent enfouis très, très loin au fond de lui. Ouais, jouons à trouve des points positifs au violeur, trop cool. « J’suis pas là pour te dire c’que tu veux entendre, mec. J’suis pas là pour te dire ‘bravo mon p’tit, tu l’as dit, c’est pardonné’. » Dieu pardonne tout, de toute manière, mais j’lui dirai ça plus tard, faudrait pas qu’il considère que c’est bon, qu’il s’en sort comme ça. « L’Enfer, c’est c’que tu fais d’ta vie. Et si tu fais le mal, alors ouais, ta vie va être un enfer, c’est c’que tu ressens maintenant. C’est ça qu’t’arrives pas à comprendre, c’est pour ça qu’tu sais pas quoi faire. T’as détruit des vies et j’crois qu’tu sais très bien c’que t’as fait, et qu’y’a quelque chose en toi qui est en train d’te faire réaliser que t’es un putain d’monstre. Ça changerait rien si j’te disais qu’tes péchés sont pardonnés, c’est en toi, maintenant, et tu vas d’voir vivre avec ça. Peut-être qu’avant tu t’en foutais, peut-être qu’avant tu le vivais bien, comme tu dis, mais j’peux t’assurer une chose, une fois qu’c’est dans ton crâne, ça va te ronger jusqu’à c’que t’en crèves. » Et c’est peut-être mieux comme ça, et j’suis bien content que ça te bouffe, si ça peut t’faire arrêter de faire du mal autour de toi. C’est l’histoire de ma vie, ça. « Tu sais pas quoi faire, hein ? Et si tu commençais par être vraiment désolé ? Par tenter de faire un truc bien dans ta vie ? Va falloir qu’tu présentes des excuses, et va falloir qu’tu fasses beaucoup plus pour te racheter, mec. Et t’attends pas à c’que ces filles te pardonnent, et te dis pas qu’elles devraient le faire, parce que c’est toi le problème, pas elles. » |
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| Sujet: Re: au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) Lun 12 Mar - 15:07 | |
| — Je crois que si c’était si faux que ça, tu ne serais pas là. Si ta conscience te torture, y’a une raison à ça. Pardon ? Je fronce les sourcils, le dévisage, pas franchement certain d'apprécier sa réponse. Il joue à quoi là ? Mon désarroi qui repart aussi vite qu'il est venu. Reste plus qu'une colère sourde qui attend le moindre faux pas pour éclater. Je me tourne légèrement vers lui, ma main qui se pose sur le dossier du banc, mes doigts qui serrent le bois. Très fort. Ils blanchissent et je voudrais pouvoir broyer l'objet pour me calmer. Mais je ne dis rien, je ne fais rien de plus. J'attends la suite, étrangement curieux. Pourtant, je sais que ça ne va pas me plaire. Ça se voit à la tête qu'il tire qu'il n'a pas envie de pleurer sur mon cas, de serrer ses mains devant lui pour implorer son dieu de me pardonner, et de refaire de moi un mec pur, lavé des ses péchés. Si son église de merde existe sur google, j'irais y mettre une note négative et un commentaire assassin. C'est tout ce qu'il mérite. Franchement, il manque sérieusement de compassion. Je suis sûr que dans les films que j'ai vu, les gars étaient plus sympas que lui. Forcément, je rentre dans une église, faut que je choisisse celle qui est dirigée par un enfoiré. C'est de l'acharnement. Et ça ne s'arrange pas. Il se met à parler, beaucoup trop. Vraiment trop. Je deviens stoïque, comme pétrifié sur place, les yeux légèrement exorbités alors qu'il m’ensevelit d'un trop plein de mots. J'ai du mal à suivre. Du mal à tout capter. Mais l'idée générale me déplait. Énormément. Ce n'était pas du tout ça que j'étais venu chercher en entrant ici. C'était même l'exact opposé en fait. Je me crispe de la tête aux pieds, l'expression de rage qui danse au fond de mes yeux et qui déforme mon visage. Ses mots que je refuse d'ingérer, je les repousse, je les balaie, c'est de la merde c'que tu dis. Y a quand même le mot monstre qui filtre jusqu'à mon cerveau, déjoue les pièges pour venir s'y loger, prendre toute la place. Il s'incruste, se pavane, comme s'il était chez lui. Non. Non, non, non. Ce sont des conneries tout ça. J'suis pas un monstre, j'ai rien fait d'mal. Il comprend rien, il connait pas l'histoire, il m'a même pas laissé lui expliquer, lui raconter. Il a juste décidé qu'il n'aimait pas ma tronche, juste décidé de profiter du peu de pouvoir qu'il a sur les gens pour tenter de me perturber. Il s'amuse, l'enculé. Mais il n'a pas choisi le bon pantin. J'suis pas une foutue marionnette chez qui on peut insuffler une vague de doutes comme ça. J'suis pas un monstre. — Tu sais pas quoi faire, hein ? Et si tu commençais par être vraiment désolé ? Par tenter de faire un truc bien dans ta vie ? Va falloir qu’tu présentes des excuses, et va falloir qu’tu fasses beaucoup plus pour te racheter, mec. Et t’attends pas à c’que ces filles te pardonnent, et te dis pas qu’elles devraient le faire, parce que c’est toi le problème, pas elles. C'est trop. Je me mets à ricaner, d'abord tout doucement, par intermittence. Et puis ça me prend, ça me secoue, je me mets à rire franchement, les doigts que je pose sur mes yeux fermés avant de les faire glisser jusqu'à l'arête de mon nez. Que je m'excuse. C'est moi le problème. J'ai l'impression d'assister à une putain de caméra cachée. Ma main qui serrait le bois le relâche finalement et je laisse mon dos retomber sur le dossier, toujours hilare, étrangement détendu. Je reprends mon souffle, me calme et lâche un soupir d'aise, comme après un fou-rire lors d'une soirée entre potes. Je renifle un peu, passe ma main sur ma bouche et dessine le contour de ma lèvre inférieure avec mes doigts avant de laisser retomber ma main. Et d'un coup, j'explose. Mon pied que je balance sur les bancs devant moi, ça craque mais je ne regarde même pas si j'ai cassé quoi que ce soit ou pas. Je bondis pour me retrouver debout, subitement animé par une rage folle. Les yeux injectés de folie et le visage qui prend une teinte rouge. Mes tempes qui se creusent et se gonflent rapidement alors que je hurle. — QUE JE M'EXCUSE ? J'appuie mon index sur mon torse, légèrement penché vers lui. — Je vais certainement pas m'excuser que les meufs soient toutes des salopes en chaleur qui refusent d'assumer une fois qu'elles ont baisé ! T'entends ? JAMAIS. Je pivote et sors de la rangée de bancs, avant de m'arrêter et de me retourner pour continuer à crier. — J'ai violé personne, c'pour ça que je m'en rappelle pas, FIN D'L'HISTOIRE ! C'est juste un putain d'complot toute cette merde. Vous, vous voulez juste.. C'est.. Je m'embrouille, les idées confuses, je n'arrive plus à savoir ce que je veux dire. Je recule, pivote, m'éloigne de quelques pas, les mains sur mon crâne. Putain, putain, putain. Ça pulse dans ma poitrine, tout va trop vite et moi je m'enfonce. Inévitablement. Les lumières qui s'éteignent à tous les étages, je serre les dents et plisse le nez. J'étais venu ici pour trouver la paix, pas pour déclencher la tempête. J'en peux plus de tous ces orages dans ma tête. A nouveau je me tourne dans sa direction, le bras tendu devant moi que j'agite frénétiquement, l'index pointé sur lui. — T'es pas quelqu'un d'bien ! T'as pas l'droit d'dire ce que tu viens d'dire. J'suis sûr t'es pas un vrai pape, t'es rien qu'un putain de fils de pute. J'ai pas mieux pour me défendre. Et j'oscille entre rire détraqué et souffles rauques enragés. Je ne tiens pas en place, je tourne dans un sens, puis dans l'autre; j'ai l'impression que tout se passe en accéléré et moi je n'arrive pas à suivre le rythme. Alors je décide de partir, avant de tout casser. Lui et moi y compris. Je m'arrête une dernière fois, alors que je suis près de la porte. Et je hurle encore plus fort, ça ne fait que monter, monter, monter. Incapable de me raisonner, de me calmer. J'ai jamais su. — J'vais rev'nir tu sais ! J'vais rev'nir te montrer c'que c'est qu'un vrai monstre ! J'vais rev'nir ET J'VAIS TOUT CRAMER. ET J’ESPÈRE QUE TU SERAS D'DANS ! C'est tout ce qu'il mérite. Crever dans un grand brasier pour laver sa bouche des saloperies qu'il crache aux gens qui cherchent de l'aide. Je cogne dans un énième truc, sans même regarder ce que c'est avant de sortir dehors, la porte que je veux faire claquer derrière moi mais elle est trop lourde et se referme trop lentement. Ça me frustre, alors je beugle, on dirait un fou. Je traverse la route, sans regarder, voiture qui pile juste devant moi et qui klaxonne. Je me tourne dans sa direction, hors de moi. Et sans prévenir, je lèves les bras et viens taper trois fois de suite mes poings sur le capot. La tôle qui grince et les vibrations des chocs qui remontent le long de mes os, le long de ma peau, fourmillement qui me démange. — TA GUEULE ! FERME TA GUEULE ET BARRE TOI AVEC TA CAISSE DE MERDE ! Mais c'est moi qui m'en vais, sans savoir où. J'avance, faut juste que j'avance. Faut que j'avance jusqu'à ce que ça redescende. Plus jamais les églises, plus jamais. Y a pas de main tendue, y a pas de salut. RP TERMINÉ. |
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| Sujet: Re: au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) | |
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| | | | au nom du père, du fils et des pas sains d'esprit. (joad) | |
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