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| where my demons hide (soad) | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: where my demons hide (soad) Jeu 11 Jan - 23:17 | |
| Quelle que soit notre destination, quelle que soit la vitesse à laquelle nous voulons arriver, et même si nous ne nous retournons jamais, le passé que nous avons laissé derrière nous finira malgré tout par nous rattraper. Même si nous voulons le fuir, nous sommes obligés d’affronter notre passé, et les secrets qu’il recèle doivent apparaître au grand jour. Et après, si nous sommes forts, nous serons capables de passer à autre chose. Oui, nous avons tous besoin de laisser le passé derrière nous et d’avancer le regard tourné vers l’avenir. Et avec de la chance, nous recevrons de l’aide pour y arriver. Putain. Il en revient pas que ce soit ça qui l’a mis en marche Seth. A procrastiner comme un connard devant la télé, avec une boîte de benzos à portée de main, juste pour rester tranquille. Juste pour arrêter de vivre. C’est qu’il fait le mieux en c’moment. Effacer son existence de celle des autres, éviter de donner trop de signes de vie. Eviter de faire chier. Eviter de blesser. Sauf des fois où faut qu’il sorte, que se doper suffit plus, qu’il doit éclater des tronches et s’faire éclater la sienne. Comme y a deux jours, où il s’est mis en tête d'entraîner sa bête de concours. Petit Merle. Il lui a fallu de la morphine en rentrant. Il a encore la moitié de la tronche qui tire sur le pourpre. Mais ça va. Si si, ça va. Physiquement. Avec un peu d’aspirine et de Xanax. Ça n’allait pas trop mal. Et y a fallu qu’il tombe sur Desperate Housewives. Et qu’il trouve judicieux de laisser deux ou trois épisodes filer, devant ses yeux floutés qui regardent à travers le mur derrière l’écran. Et il a entendu cette tirade à la con, de l’autre cruche de Mary-Alice qui s’est flinguée dans le premier épisode (oué, il s’y connait pas mal en DH Seth). Ça l’a tiré de sa torpeur. Ça lui a foutu une claque. Et pour une fois, putain, pour une fois, il sait pourquoi.
Il sait pourquoi il avance plus. Il sait pourquoi il s’est mis sur pause. Pourquoi il répond aux textos de Toad, parfois à ses appels, et refuse toujours d’aller le voir. Même si “ça va”. Que leurs conversations restent légères, qu’il arrive à rire un peu, tout seul comme un con derrière son téléphone. Il sait pourquoi il va pas le voir même s’il en crève d’envie, qu’il lui manque putain. Que sa voix au bout du fil ça suffit pas. Il sait. Pour une fois. Et pour une fois qu’il sait, il fait rien. Quel con. Et puis t’as l’autre nunuche tellement pas foutu de s’occuper de ses propres affaires qu’elle s’en est collé une balle dans la tête qui le rappelle à l’ordre. Il a pas envie de s’foutre une balle dans la tête Seth. Il a plus envie. Parce que y a Toad. Mais il est pas foutu d’aller l’voir non plus. Et il sait pourquoi. Alors oué, il va faire quelque chose. Parce que sinon, rien n’aura servi à rien. Surtout les souffrances engendrées ces dernières semaines, ces derniers mois. A lui-même, à Toad, à Asher, à Wini, aux types éclatés dans les chiottes des bars et au FC. Faut au moins qu’ça serve à quelque chose merde. Alors il s’est levé et est sorti de c’t’appart où il se terre depuis des jours.
Et il se retrouve à nouveau là, devant l’église en carton-pâte de Toad. Pour la deuxième fois oué. Mais la première, il était pas là Toad. Il espère qu’il sera là cette fois, pas sûr qu’il ait le courage de recommencer. Donc oué, il s’met en marche, un pied qui raccroche dans le vide lui fait perdre brièvement l’équilibre. Le mazout toujours collé aux godasses, qu’essaye de le rattraper par les chevilles et le tirer en arrière. Reste là, Seth, reste avec nous on est bien. On est bien dans le noir, le chaos. Rien à protéger puisqu’on détruit tout. Rien à perdre non plus. Noyer les souffrances du cœur dans d’autres physiques. Reste, Seth. Reste, putain ! La tête bien enfoncée dans l’pétrole qui s’insinue dans tes poumons jusqu’à t’faire étouffer. Ta rage, ta culpabilité, ta honte. Tu crois qu’il va t’sauver de la marée noire Toad ? La bonne blague. Allé reste mon grand. On est bien dans le rien.
Mais il veut pas laisser Toad. Il peut pas. Et il a des choses qu’il doit savoir. D’autres qu’il a le droit de savoir. Sinon il pourra rien lui demander, Seth. Il pourra pas s’permettre de recevoir quoique ce soit de lui. Et ça va encore tout bousiller.
nous avons tous besoin de laisser le passé derrière nous et d’avancer le regard tourné vers l’avenir
Alors il pousse la porte de l’église, accueilli par le lourd silence caractéristique des lieux saints. Encore les yeux qui montent au ciel, pour éventuellement voir arriver la foudre divine. Toujours pas. Bon. Les pupilles qui redescendent parmi les mortels et se posent sur lui, il est là, Toad. Et y a un léger sourire qui vient étirer les lèvres de Seth, « Putain t’es vraiment pasteur. » C’est soufflé mais ça se réverbère quand même contre les murs. C’était une chose de le savoir, c’en est une autre de le voir. Oué, il est vraiment pasteur. Et toi t’es vraiment une pauvre merde qu’à l’air d’être passée sous un poids lourd. Deux fois. Il prend brusquement conscience de sa tronche violette, et des strips qui ornent un de ses sourcils et de ses mains bandées qu’il fait disparaître dans les poches de son cuir élimé. Encore cette désagréable sensation d’avoir basculé dans une dimension miroir. Et encore la honte, la culpabilité et la trouille qui viennent lui serrer la gorge comme autant de paires de mains invisibles. « Salut. » qu’il finit par articuler, ses pupilles qu’hésitent entre les yeux de Toad et la porte pas encore trop loin derrière. Mais il continue d’avancer quand même. Lentement. « T’as… dix minutes? » Sinon c’est pas grave hein. Sinon je repars. Et je repasserai plus tard. Ou pas. Putain, dis-moi que t’as dix minutes. S’il te plait. Même une heure. Ou juste le reste de ta vie. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Jeu 25 Jan - 14:40 | |
| Putain de chanson qui tourne en boucle dans ma tête. Toujours la même rengaine. Sauf qu’avant, il était parti, et maintenant, il est là et j’arrive pas à m’la sortir du crâne, marquée au fer rouge sur mon cerveau. Putain de tronche que j’peux à peine mater dans le miroir, les cernes trop creusés, la peau mal rasée, cheveux en bataille et regard bovin. Gueule de bois. Encore. Comme hier, avant-hier, et avant-avant-hier. Et toute la semaine passée. J’me hais. Les paroles qui se déforment, j’me hais, j’me hais, j’me hais comme une ritournelle assassine, toujours sur cette foutue mélodie. Faut qu’je fasse quelque chose. Que j’reprenne mes esprits, ma vie en mains. Que j’recommence à essayer d’être un bon pasteur, plutôt qu’un pasteur en carton qui annule la messe une fois sur deux parce qu’il a trop bu la veille. Et qu’il se réveille pas dans le bon lit non plus. Mes sermons sont pourris, j’suis toujours ailleurs, assez pour que Magda me file des coups en me disant d’arrêter de penser aux filles, et le pire c’est le regard inquiet d’Ezra, et j’fais d’mon mieux pour l’éviter, les sourires faux pour rassurer. Vainement. J’ai plus la foi. Je crois. Perdue entre un énième mec à poil, une bouteille de whisky trop vide et les hommes de ma vie qui veulent plus me voir. Que j’veux plus voir. J’en sais rien, au fond, si c’est eux qui refusent de me voir ou si c’est moi qui est trop lâche pour demander, qui préfère faire comme s’il se passait rien, qu’y’avait rien à dire, rien à méditer, rien à trancher. J’vois pas pourquoi Dieu m’a fait ça, à moi. Alors que j’y croyais, à ma rédemption, assez pour décrocher mon diplôme de secondaire et faire des études – et c’était vraiment pas gagné d’avance. Si j’y croyais pas, je serais pas là, dans cette église à laquelle j’suis trop attaché malgré les murs décrépits, à Savannah parce que c’est là qu’il vit, j’aurais même pas tenté de revoir Seth. Parce que j’voulais me racheter à ses yeux à lui, surtout, parce qu’on a beau pas s’être marié religieusement, parfois j’ai l’impression qu’y’avait quelque chose de beaucoup trop métaphysique entre nous, qui s’était envolé quand il m’avait quitté, et que Dieu seul avait pu combler. Le vide, l’absence, le manque, j’ressens tout ça trop fort, encore plus fort qu’à mes débuts en désintox, alors qu’il n’a jamais été aussi proche de moi depuis six ans, alors que j’ai pu le voir, le toucher, l’embrasser, mais j’ai ce pincement au cœur et ce sentiment que la distance se creuse encore, que le fossé entre nous s’agrandit, et que j’peux toujours pas comprendre pourquoi. Parce qu’on s’est plus vus depuis Noël et les frasques de Mikan, parce qu’il semble qu’on se croise jamais de notre plein gré, et ça ravive des blessures trop longtemps cachées, ignorées, la chair à nu, à vif, le palpitant que j’m’arracherais bien pour le filer en pâture aux chiens errants, en emportant le nom gravé sur l’épiderme juste à l’endroit du cœur, langage codé, symbole à la con d’un amour immature, lui il l’a bien effacé. Cesser d’avoir mal, c’est tout c’que j’veux à présent.
J’me comporte en zombie, me coupe en m’rasant – boh, tant pis, ça s’arrêtera bien de saigner un jour –, enfile ma chemise et mon pantalon noirs spécial religion en ajustant le col blanc. Ouais, c’est bien, j’me dis en me regardant dans le miroir, en espérant qu’la tenue m’aidera à retrouver un peu de foi et d’envie de faire marcher mon église. J’vais commencer calmement, réparer ce banc qui traîne dans un coin derrière l’autel depuis une éternité, ce sera déjà un semblant d’accomplissement. J’attrape la boîte à outils clinquante que j’ai achetée en débarquant ici, bien décidé à retaper cette église de fond en comble. C’est pas une franche réussite, surtout ces derniers temps. Ça se passe pas très bien, avec le banc, j’finis par planter les clous n’importe où parce que ça m’fait du bien de taper sur quelque chose, et de faire du bruit dans ce silence assourdissant, ça résonne bien, ça m’empêche de penser. J’entends quand même le grincement de la porte en bois massif, me retourne avec un sourire fatigué vers le visiteur. Le sourire qui se fait la malle parce que j’suis fatigué, j’me redresse en laissant le marteau par terre, à cligner des yeux comme si j’faisais face à un mirage. Seth dans une église, dans mon église, l’air autant à sa place que moi et le visage à moitié défoncé, bleu, jaune, violet, des strips à l’arcade, les mains abîmées qu’il dissimule vite fait dans son blouson. « Ouais », j’réponds simplement, pour pas ajouter j’fais bien semblant en tout cas parce que j’reçois toujours mon maigre salaire de pasteur de la part de ma congrégation. « Salut », j’répète, comme un putain d’perroquet, pas capable d’avancer vers lui, me contentant de le regarder s’approcher, immobile, pantin sans volonté. « Ouais », encore, dix minutes c’est dérisoire, dix minutes c’est rien quand on a promis qu’on s’aimerait jusqu’à la fin des temps, et même après. J’lui donnerais tellement plus que dix minutes s’il daignait me l’demander. C’est toute ma vie qu’tu peux avoir si t’en veux. Elle est pourrie, vaine et remplie de conneries, mais tu peux l’avoir. Suffit de d’mander.. « T’aurais dû m’appeler avant d’venir. J’aurais fait le ménage. » Peut-être. Pas sûr. Mais j’ai soudain honte en voyant les volutes de poussière que ses pas soulèvent sur le sol, on s’croirait dans un bâtiment abandonné. Encore plus que d’habitude, j’ veux dire. Puis y’a comme un déclic, le corps qui se remet à vivre, à bouger, qui comble les quelques mètres qui nous séparent en un instant, les doigts qui s’emparent de ses avant-bras pour lui sortir les mains d’ses poches. « Fightclub, hein ? » C’est rien qu’un souffle, trop proche de sa bouche, le front qui se colle au sien, une seconde, peut-être deux, « Putain, Seth. », juste un regard, un seul, qui veut dire me repousse pas, et j’cède à mes envies bancales, les bras qui se glissent autour de ses épaules, visage calé dans le creux de son cou, les lèvres qui se déposent qu’une fois sur le tatouage qui le lie désespérément à moi. Et puis j’m’écarte, doucement, assez pour pouvoir respirer à nouveau et me laisser tomber sur le banc à côté de moi. « Désolé, j’en avais b’soin. » Et j’veux pas poser d’questions, le silence qui me paraît tout à coup réconfortant, alors j’me tais, une main qui s’accroche à la sienne pour lui intimer d’s’asseoir, lui aussi. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Jeu 25 Jan - 18:37 | |
| En fait, il s’en rend seulement compte, mais c’est la première fois qu’il le voit d’son plein gré. C’est toujours pas l’cas pour Toad, qu’il prend au dépourvu, peut-être, mais en tout cas, c’est la première fois qu’il le voit parce qu’il est venu le voir. Parce qu’il a envie de le voir. Enfin il dit pas non Toad. Ouais. Juste ouais. Mais c’est suffisant pour l’instant. Toujours ça de gagné. Le ménage ? Quoi ? On s’en branle. Et puis sérieusement, s’il avait fallu qu’il attende que le pasteur ait fini de nettoyer son taudis avant de s’y pointer, ils se seraient pas revus avec quelques mois. Soyons réaliste. Mais on s’en branle complètement. Il a beau avancer Seth, y a son corps qui proteste quand même. Qui réagit à la présence trop réelle de Toad. Pourquoi c’est aussi dur putain ? Enfin il sait mais… merde. Juste le voir s’avancer à son tour ça ralenti son rythme respiratoire pour compenser l'accélération du rythme cardiaque. Le souffle qui s’fait infime au contact, contrôler les tremblements, les envies de s’barrer, de pleurer, de l’prendre dans ses bras ou juste de lui dire qu’il. Chut. Il baisse les yeux sur ses mains, suivant ceux de Toad. « Ouais. » Il lui vole la réplique. Y a pas grand-chose d’autre à dire de toute façon. Oui, c’est ça. Oui, c’est stupide. Oui. Ouais, parce que tu sais pas parler comme une grande personne. Il sait pas faire beaucoup de trucs comme une grande personne. Alors il laisse juste Toad faire. Il proteste pas, il lui rend rien non plus. Coincé encore. La chape de plomb sur les épaules et le mazout aux chevilles. Coincé entre la fuite et … lui. C’est trop risqué des deux côtés. Alors il bouge pas. Même si toutes ses cellules voudraient le contraire, la sensation d’étouffement quand ses bras se referment autour de lui. Il dit rien, même s’il est à deux doigts d’arracher ce putain de bout de peau encré dans son coup, où les « leap » de Toad viennent se poser. Une nouvelle fois depuis trop longtemps. Et puis il s’écarte. Enfin. Ça n’a pas dû durer très longtemps. Il lui semble pourtant que si. Il s’excuse, Toad, comme si c’était mal. « Ouais. » Qu’il répète encore. Discussion merdique. Ça va pas s’arranger. Ouais pour pas dire qu’il a pas à s’excuser, pour dire que lui aussi il en a besoin. Même s’il bouge pas d’un pouce. PARLE PUTAIN. Mais il dit que dalle, parce qu’il a trop de trucs à dire, trop de trucs qui s’bousculent dans son crâne. Qu’il a un peu peur que s’il laisse couler un filet d’eau, le barrage se rompt d’un coup.
Y a la main de Toad qui le ramène un peu à leur réalité, il s’assoit. C’est mieux, oué. Les yeux fixés sur leurs mains jointes. Attentif à cette sensation familière brusquement retrouvée. Il y décèle de nouvelles callosités. Du temps passé et de ses nouvelles activités manuelles. Et malgré tout cette pensée lui arrache un faible sourire. Nan, il aurait pas imaginé Toad en saint Joseph, charpentier à ses heures perdues, même si semblerait que c’métier existait pas à ct’époque. Ou un truc dans le genre. M’enfin il est pas ici pour discuter incohérences bibliques. Il préfère rester concentré sur cette main dans la sienne, absente depuis trop longtemps. Les doigts qui glissent doucement sur son épiderme encore à la recherche de tout ce qu’il y a de nouveau dessus, ou d’ancien. « Tu comptes les épargner ou t’as pas encore décidé quoi tatouer dessus ? » Il râlait tout le temps Seth. A chaque fois de Toad parlait de ses projets tordus de tatouages. Surtout quand il revenait avec, indélébilement tracés sur la peau. C’est moche, ptn. Tu comprends rien à l’art, babe. Et puis il s’y faisait. Et puis il gueulait pour le suivant. Et s’y faisait à nouveau. Mais ça lui fait étrangement plaisir qu’il ait encore les mains immaculées. Même s’il doute pas que l’œuvre a dû s’étendre partout ailleurs. « J’suppose que t’en a un paquet de nouveaux... » Il relève les yeux vers les iris océanides de Toad, pour lui adresser un regard qui se veut de reproches. Plutôt raté à vrai dire. Le cœur est pas vraiment aux reproches, en tout cas pas envers Toad. Même s’il tente vainement une diversion, contre lui-même, repousser l'échéance de ce qu’il est venu faire, de dire c’qu’il est venu dire. C’est pas comme s’il pouvait l’ignorer de toute façon. Les bandages sur ses mains pour le lui rappeler constamment.
Alors son vague sourire s’efface, comme s’il n’avait jamais été. Il quitte le regard de Toad pour revenir sur leurs mains, doigts qui s’entrecroisent dans l’espoir de se raccrocher à quelque chose de solide. Pour pas qu’il se noie dans le noir. Faudra juste penser à lâcher si l’attraction des abysses est trop forte. Hors de question de ramener Toad vers les bas-fonds. C’est l’but même de cette visite. Alors y a encore cet air mécontent qui se peint sur le visage de Seth. Celui que ceux qui le connaissent comprennent comme sérieux, réflexif. « J’suis venu pour t’parler. Tu sais… j’ai essayé d’te foutre la trouille à l’hosto, parce que c’est… Enfin je suis plus c’que j’étais, tu sais. T’as dit que tu voulais pas me laisser. Mais tu sais pas. Alors j’suis venu pour tout t’dire. » Ça donne envie hein ? Tu la sens arriver, la franche partie de rigolade ? Même s’il s’essaye à un vague trait d’humour franchement mal venu. « Ça tombe bien qu’tu sois pasteur, hein. Pour ma confession. » Si c’est pour dire des conneries pareilles tu ferais mieux de la fermer mon grand. Il lance un regard inquiet à Toad, mais se réfugie aussi vite dans la vision de leurs mains. « En fait… j’peux pas juste… essayer quoique ce soit avec toi et faire genre que je suis pas… ça. Je peux pas t’imposer cette merde. Tu mérites pas ça. » Et j’suis pas sûr de mériter quoique ce soit de ta part.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Dim 28 Jan - 14:23 | |
| Y’a quelque chose d’inquiétant, à c’que Seth vienne me voir à l’improviste, à me demander dix minutes comme si j’n’avais pas tout le temps du monde pour lui. Y’a cette angoisse qui me chatouille le corps, j’rentre le ventre comme pour la compresser, l’étouffer. Qu’elle disparaisse, qu’elle me laisse tranquille, y’en a tant d’autres, des angoisses, tant de questions en suspens, de réponses toujours pas données, toujours pas trouvées. Les mots peinent à sortir, j’le sens bien, dans sa manière de répéter les ouais qui m’échappent, les mots peinent à sortir et j’me dis que peut-être c’est mieux comme ça. C’est mieux si j’les entends pas. Mais j’sais que Seth finira par parler, tôt ou tard, parce que la grande différence entre lui et moi, ça a toujours été le courage. J’ai l’impression qu’il m’épargne, plus qu’il ne s’épargne lui, quand il cause de mes tatouages, ses doigts contre ma peau et mes phalanges qui se resserrent un peu plus comme pour dire me lâche pas. « J’sais pas. Maintenant que j’suis pasteur j’me dis que c’est peut-être mieux si y’a rien qui dépasse de la chemise. » Ouais. Même si j’me balade torse nu le reste du temps, quand j’retape l’église – ou plutôt que j’aide Ezra à retaper l’église – ou que j’tonds la pelouse chez les voisins, j’ai pas mal souffert du regard dubitatif des connards trop fermés d’esprit pour croire qu’on puisse être pasteur avec ma dégaine. C’est récent, ça. Avant, j’me souciais jamais franchement c’que pouvaient penser les gens de mes tatouages, même pas Seth qui les trouvait toujours moches et essayait d’me dissuader, mais j’l’écoutais pas beaucoup. J’les ai toujours faits pour moi, pas pour les autres, parce que j’avais envie d’graver des conneries sur mon épiderme, des conneries et parfois un excédent d’amour, comme si j’arrivais pas à tout garder à l’intérieur de moi, qu’il fallait qu’ça soit écrit sur ma peau à l’encre indélébile. J’pense que c’est l’seul tatouage que Seth ait jamais aimé. J’suis même pas sûr, mais il avait souri, c’jour-là, en m’disant qu’j’avais l’air con avec mes hiéroglyphes sur le cœur. « J’te les montrerai un jour. » Un jour. P’t’être pas tout d’suite, p’t’être pas aujourd’hui, juste un jour, aussi étrange que ça puisse paraître, j’me vois pas me désaper d’vant lui là maintenant, même si j’aimerais bien que la diversion continue, qu’on puisse rester là à échanger des banalités au lieu qu’il me dise ce qu’il est venu me dire. Y’a mes yeux qui s’accrochent aux siens, quand même, juste pour sceller la promesse, j’te les montrerai même si tu tentes d’avoir l’air réprobateur, un petit sourire qui se glisse sur mes lèvres. « J’ai fait le Dali, tu sais ? Dans mon dos. J’pense qu’il te plairait. J’pense. » J’me souviens que j’lui en parlais déjà, à l’époque, l’unique bouquin d’art que j’aie ouvert de toute ma vie, La Tentation de Saint Antoine, tableau toujours dans un coin de ma tête. A croire que j’savais qu’j’allais me tourner vers Dieu. Ça fait bizarre, quand même, d’être assis côte à côte dans une église, face à l’autel comme si on allait prononcer nos vœux à nouveau, ça serait bien si tout pouvait être aussi simple, si on s’remariait devant Dieu maintenant qu’on a l’droit et qu’on reprenne là où tout s’est arrêté, bien avant qu’il parte, bien avant l’héro et les mains abîmées. Et mécaniquement, j’gratte doucement le bandage sur sa main, trop silencieux, trop calme. Juste pour lui intimer que j’sais trop bien pourquoi il fait tout ça.
Puis y’a son expression qui change et j’sais bien qu’il va parler, qu’c’est le moment d’entendre c’que j’veux pas entendre, et j’me redresse comme si ça allait m’aider à encaisser. J’suis pas sûr qu’tu puisse me foutre la trouille, Seth, mais j’dis rien, j’le laisse parler, le regard qui oscille lentement entre nos mains enlacées et son visage baissé, maigre sourire à son trait d’humour qui reflète plus mon désespoir qu’un vrai rire. J’ai envie d’le serrer dans mes bras, encore une fois, mais j’me retiens de toutes mes forces, me contente de sa main dans la mienne. C’est déjà bien. J’mérite pas ça, qu’il dit, et j’suis pas aussi certain de ça que lui. Ça m’semble être une punition appropriée, pour tout c’que j’lui ai fait, parce que si j’crois qu’on s’marie pas seulement pour la joie, j’crois aussi que j’l’ai trop éloigné du bonheur pour qu’il puisse en retrouver le chemin. Moi j’t’ai pas mérité. J’étais qu’un basketteur sans cerveau et j’ai réussi à devenir encore plus con avec les années. J’pense pas que j’mérite une récompense, j’pense pas que j’mérite tout l’amour qu’on veut bien me donner, j’tente seulement d’être un peu reconnaissant. Même si j’arrive pas à gérer. « On est toujours mariés. » Je murmure, comme si c’était la réponse à tous ses tourments, parce que c’est une évidence, pour moi, il pourra jamais rien faire d’assez horrible au point que j’veuille plus de lui. Il pourrait me dire qu’il est un voleur, un assassin, un monstre, que j’serais toujours pas prêt à le laisser filer, qu’il serait toujours scotché à mon âme comme une seconde partie d’moi. « J’t’ai pas épousé parce que j’me suis dit que ça serait toujours une partie d’plaisir avec toi. J’t’ai épousé parce que j’t’aime. Tu peux tout me dire, Seth. J’dis pas que ça me rendra pas triste ou qu’ça me mettra pas en colère. J’dis seulement que j’t’aime et qu’l’amour c’est pas un truc qui s’arrête d'un coup juste parce que t’as fait des trucs mal dans ta vie. » J’espère. Sinon ça veut dire que tu m’aimes plus.
Dernière édition par Toad Baxter le Jeu 15 Fév - 23:40, édité 1 fois |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Mer 31 Jan - 22:34 | |
| « On est toujours mariés. » Ça résonne un peu trop dans l’église, et dans les oreilles de Seth. Y a ses yeux qui dévient un instant sur le parquet. Ouais. Ça aussi ouais. Mais c’est pas parce qu’il l’a voulu. Il voulait pas lui. Il voulait se libérer, se l’arracher du cœur, et arrêter l’enfer. Il savait pas qu’il connaissait que dalle à l’enfer. Mais lui il voulait pas. Il avait détesté Toad pour lui avoir refusé c’te pseudo-liberté administrative. Nan ça aurait rien changé. Il aurait pas pu tout effacer comme ça. Naïf à l’époque. Maintenant, là dans cette église pourrie avec Toad à ses côtés, il lui en est presque reconnaissant, de ne pas avoir signé ses putains de papiers. Peu importe que les choses auraient pu être meilleures s’il avait réussi à l'oublier une fois divorcé. Parce que l’enfer en fait, c’est juste partout il n’est pas là.
Mais il veut pas s’montrer égoïste encore une fois, Seth. Et réclamer son mari auprès de lui, même s’il doute pas de ce que répondrait Toad. Sans doute pour ça d’ailleurs. Faut pas s’emballer, et qu’ça dérape encore. Même s’il essaye de la rassurer, avec ces mots qui lui échappent encore une fois, puis une deuxième trop facilement. Lui, il est pas peine foutu de les penser. De là à les dires. Alors ça lui crève le cœur de les entendre et de rien pouvoir lui donner en retour. A part ses réticences. Même pas contre lui, putain. Encore, toujours, cette crasse partout autour de lui et balancée depuis des années, tous les jours un peu plus, par-dessus c’qu’il peut ressentir pour Toad. Sont pas si loin que ça en fait, ces sentiments. Suffit de plonger une main dans le noir pour les récupérer. Mais suffit aussi d’effleurer la crasse pour voir qu’elle tâche, qu’elle grignote le peau et qu’elle laisse pas indemne. Ni lui, ni les autres. C’est de la tristesse qu’il y a dans ses yeux quand il les relève vers Toad. Ses doigts libres qui vont glisser sur l’os de sa mâchoire, et un bref baiser qu’il dépose sur ses lèvres. Merci. C’est tout c’qu’il peut lui donner en échange. Pour l’instant. C’est tout c’qu’il peut se permettre de prendre. Avant le noir.
Inconsciemment, ses doigts se resserrent encore sur ceux de Toad alors qu’il se renfonce contre le dossier inconfortable du banc. Il relève la tête vers le toit et ses poutres mal assurées, se demandant à nouveau s’il va pas s’faire empaler. Ce serait moins douloureux et plus rapide, certes. Pas forcément réjouissant cependant. Arrête de tergiverser. Y a que toi que tu trompes. Et encore. Finalement, c’est sur le petit Jésus que son regard se fixe. C’est plus facile de raconter tout ça à un type mort qu’avait 50% de chance d’être prophète (soyons optimistes) et 50% de chance d’être schizophrène plutôt qu’à Toad. Là. A côté de lui. Alors mon grand ? Par quoi on commence, hein ? Peut-être assez simplement par qui tu es, non ? « Guerre. Enchanté. C’est c’que j’suis devenu, c’est comme ça que mes… Tes quoi ? amis m’appellent. T’sais les cavaliers là, y a Pestilence, Guerre, Famine et Mort. Bah moi j’suis Guerre. Pas au cause du Fight-club, à cause de la rage. C’est à cause de la rage qu’y a le fight club. Pour que je puisse pousser les autres à s’entre-massacrer, éclater des tronches et m’faire éclater la mienne. Asher… Pourquoi tu parles de lui putain ? Il venait là comme les autres, pour s’défouler et s’prouver c’qu’il avait à s’prouver à lui-même. Moi pas, moi j’y vais pour foutre la merde. J’sais pas trop pourquoi on est devenus potes, mais il me calmait bien. Sauf la dernière fois que j’l’ai vu. J’ai faillis tuer un type. Pas lui, hein. Change de sujet crétin. Ça, Il désigne sa tronche d’un vague geste de sa main libre. C’est mon chien d’concours qui m’la fait. Un gamin que j’ai récupérer dans la rue et emmené ‘‘en bas’’. Une vraie terreur. Vu qu’j’ai instauré des paris au fight club, alors, bah disons que j’le fais concourir pour ma pomme, tu vois. J’ai un sacré paquet de pognon en vrai, à force. Autour des 50 000 aux dernières nouvelles. » Ça va, pas la vague impression d’être devenu proxénète récemment ?
Il se tait deux secondes. S’essaye à un regard vers Toad mais se ravise aussitôt. Il a pas fini, c’est pire après, alors vaut mieux pas qu’il le regarde tout de suite. Sait-on jamais c’qu’il pourrait lire dans son regard. Sa main libre va se poser contre sa nuque, pour s’insuffler un peu de chaleur et de courage. Faut pas croire. Sous son air nonchalant et ses sourires fugaces à certaines évocations, raconter ça comme ça le répugne assez. De sa propre personne. C’est juste pathétique. Et c’est sa putain de vie. Il soupire avant de reprendre. « Donc oué, y a les autres aussi. Mort, Famine, et le Léviathan aussi. Je sais pas qui est le plus taré de la bande. Mais… faut pas nous croiser ensemble. Vraiment pas. On fait ressortir le pire en nous. Wini tu sais déjà. Wini c’est la Mort. Wini j’l’ai rencontré l’jour où j’ai décidé d’me buter. L’ironie. Et je sais pas, mais… disons qu’on s’est reconnu. On s’est plus revu pendant 3 ans et depuis qu’elle est arrivée ici, on s’est plus quittés. C’est logique, la Guerre entraîne la Mort et la Mort entraîne la Guerre. Les pseudos-attentats à la Nouvelle-Orléans, pendant mardi gras, le flic massacré, c’était nous. Le flic s’était elle. Mais si ça n’avait pas été elle, ç’aurait était lui. Alors peu importe au fond. Et y a Famine. Ivy. Une putain de princesse capricieuse. Elle et moi c’est un peu comme au fight club. En pire. On attendra de voir qui tuera l’autre en premier. En attendant on se la joue 50 shades, sauf que… on est pas des putains de lopettes. Elle est terrible Ivy. Elle dit et je fais. Y a un autre type qu’a failli y passer y a pas longtemps à cause de ces conneries d’ailleurs. Ou peut-être juste à cause du retour de Toad, coucou c’est moi j’suis là, en fait. Mais ça on va pas le dire. Et puis y'a la Bête. Kizuki. Le seul dont t’as pas encore entendu parler. Celui qui me pousse vers toi, mais qui m’éloigne de toi en même temps. Kizuki c’est… Je sais pas. Je comprends pas. Mais il est capable de faire avec moi c’que j’ai pas été capable de faire avec toi. Il supporte. Tout. Et me tire la tête hors de l’eau, de force s’il faut. Mais… Il s’mord la lèvre Seth. Il sait pas trop quoi dire. Il sait pas trop ce qu’il ressent pour lui. Il a jamais eu envie de le avoir non plus. Je sais pas. Disons qu’il y a des jours où il est plus efficace que de la morphine. » Oué parce que y a ça aussi. Mais ça il lui a déjà dit à l’hôpital, et il a pas dû oublier Toad.
Y a un silence. Leurs mains qui se détachent et celles de Seth qui passent sur son visage et ses yeux, aveuglé par sa sordide existence mise ainsi en lumière. Nouveau soupire. « En gros j’suis un sombre psychopathe qui vit avec d’autres psychopathes, et qu’a participé plus ou moins activement au massacre de plusieurs dizaines de personnes. J’crois pas qu’il y ai eu de morts mais… Connaissant Wini ça m’étonnerait qu’à moitié. Mais j’veux pas le savoir. C’est la limite qu’il a pas encore franchie, Seth. C’est ça qu’je suis Toad. Et j’suis rongé par la haine. » Littéralement. Pour ça qu’il est pas effondré de c’qu’il raconte, yeux dans les yeux avec le p’tit Jésus. Pour ça qu’il arrive encore à en sourire faiblement. C'est l'éclat bizarre qui reste au fond de ses yeux inquiets qu'il tourne lentement vers Toad. C’est la haine qu’a engendré tout ça, et elle, elle se satisfait assez de la situation.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Dim 18 Fév - 20:42 | |
| Y’a trop de silence, son regard qui se détourne sur le plancher, qui m’évite comme je l’avais fait à Noël, coincé dans l’appartement de Baby, mon mari trop proche pour que j’puisse réfléchir correctement à un plan d’évasion. Y’a trop de silence et pas de je t’aime en retour, et j’peux empêcher un sourire triste de s’imprimer sur mes lèvres, parce que j’sais bien qu’il le verra pas, qu’il continuera à regarder ailleurs jusqu’à c’qu’il m’ait tout avoué, pour pas s’interrompre au moindre signe que j’ai pas l’air d’encaisser. Pas de je t’aime et c’est normal, j’le mérite pas. J’lui en ai tellement voulu quand il m’a quitté, j’lui en ai tellement injustement voulu, à lui reprocher toutes les choses que j’lui avais faites, la rupture qu’était là bien avant qu’il se casse, équilibre fragile qui allait de toute façon se péter la gueule au premier courant d’air. J’lui ai pas laissé d’autres choix, alors j’vois pas comment je pourrais lui réclamer un je t’aime aujourd’hui, aussi douloureux qu’ça puisse l’être de pas l’entendre de sa bouche, aussi avide de ces trois mots à la con que j’sois, j’y ai pas droit, j’le mérite pas. Peut-être que j’attends ça pour le traduire en j’te pardonne tout, peut-être que c’est ma rédemption finale, que j’veux plus que tout, me racheter aux yeux de l’homme que j’aime, comme dans un putain de film romantique. Mais j’fais de mon mieux pour faire croire que ça m’atteint pas, qu’y’a pas mon cœur qui s’atrophie un peu plus à chaque fois que j’y pense. Il le dit pas, Seth, il se tourne vers moi, m’embrasse, baiser fugace, maigre réconfort avant que la blessure ne s’infecte, que tout n’se nécrose. Alors je serre sa main, moi aussi, effrayé à l’idée qu’il me lâche, qu’il me laisse. Pas deux fois, steplaît, pas deux fois, mes prunelles supplient mais les siennes sont déjà plus là, se perdent au plafond, puis sur Jésus sur sa croix, et la crucifixion me paraît brusquement être un sort plus doux que de devoir écouter c’que Seth s’apprête à avouer. Moins de culpabilité dans la crucifixion, Jésus savait c’qu’il faisait et qu’il crevait pour le bien de tous, moi j’vais juste me ramasser dans la tronche tout c’que j’aurais pu éviter si j’avais été un meilleur mari.
J’me tais, pourtant, j’me tais et j’encaisse, j’l’empêche pas de causer, de vider son sac, toutes ces choses qu’ont pas beaucoup de sens dans ma tête, toutes ces choses que j’arrive pas à lui coller sur le dos, les trucs absurdes, qui semblent trop éloignés de lui pour que ça puisse être vrai. J’essaye de pas montrer qu’ça m’affecte, qu’il parle d’Asher, les ongles de ma main libre qui tentent vainement de s’enfoncer dans le bois pour pas réagir, même si l’inquiétude doit être bien trop visible sur ma face, surtout lorsqu’il balance qu’il a failli buter un type. Pas Asher. Est-ce que j’dois l’croire ? J’en sais rien, mais j’décide que oui, j’vois pas pourquoi il me mentirait alors qu’il est venu pour tout me raconter. J’ose pas faire de commentaires, comme déclarer que c’est ridicule, de s’baptiser d’après les cavaliers de l’apocalypse, ça ressemble à une idée de très mauvais jeu vidéo, d’autant plus que y’a Wini dans l’histoire, avec son look de gothique à la con – ouais je peux parler, mais bon, j’crois que j’lui ai toujours pas pardonné le rail de coke sur ma Bible. Et puis Mort, rien que ça, elle a jamais été étouffée par la modestie, Wini, et c’est un peu cliché, même pour mon level de subtilité. Et ma main qui s’resserre encore plus sur la sienne au moment où il dit qu’il avait décidé de s’tuer. Il est là, pourtant, bien vivant, en chair et en os, à côté d’moi, il est là et j’ai envie d’me raccrocher à lui de toutes mes forces. J’ai du mal à reconnaître le mec que j’ai épousé dans c’qu’il énumère comme s’il racontait un conte lugubre, une histoire pour expliquer le bien et le mal aux gosses. Et la culpabilité qui grandit, qui grignote le cœur et les os, putain de sentiment acide et corrosif. Y’a ce Kizuki, aussi, le nom qui se grave trop vite dans ma mémoire, nouvelle éraflure, nouvelle brisure, cette vieille jalousie qui remonte, plus fort encore que pour cette Ivy que j’connais peut-être. Y’a sa façon de s’mordre la lèvre en parlant de c’gars, la manière dont il prononce son prénom et j’ai soudain toutes les difficultés du monde à avaler ma salive. Puis il suffit qu’il dise morphine pour que j’pense héroïne, et à combien j’aimerais en avoir un peu sous la main, ces derniers temps, juste un peu, pour me soulager la conscience, mais c’est encore une autre pensée que j’articule pas.
Silence, à nouveau. Silence et j’garde sa main dans la mienne, et j’le repousse pas, et je hurle pas que j’veux plus rien à voir avec lui. J’sais pas si c’est ce qu’il voulait, j’sais pas trop où il voulait en venir, avec tout ça. Mais il se dérobe brusquement à mes phalanges et elles sont trop faibles pour protester, pour s’ancrer dans sa peau et l’emprisonner. Retour sur la terre ferme, brutal, le mot haine qui semble prendre trop d’écho dans mon église, à résonner dans le vide. C’est moi qu’tu hais ? « Dis pas ça. T’es pas que ça, Seth. Et t’as peut-être fait des trucs pas reluisants, mais. Moi aussi, tu t’souviens ? J’capte pas, c’est ça qui doit me foutre la trouille ? J’suis censé plus t’aimer parce que t’as fait toutes ces conneries ? Qu’tu les fais encore ? Bah j’peux pas, Seth. Désolé, j’peux pas te dire que j’veux plus t’voir et que j’t’aime plus pour tout ça. Ça m’rend pas heureux, c’est sûr, mais j’étais d’jà pas heureux sans toi. » J’détache pas mes pupilles des siennes, le cœur qui bat à fond la caisse quand je récupère sa main dans la mienne en espérant qu’il ne s’en libère plus, qu’il s’éloigne pas. « Par contre… » Et y’a le doute qui s’insinue dans mon regard, dans ma voix, le pouce qui caresse sa paume comme si c’était la dernière fois que j’pourrais le toucher. « Si toi, tu. Tu veux plus d’moi, j’sais pas c’que j’ferai. Mais ce type, là, ce Kizuki, tu. Tu l’aimes ? » J’parviens pas à faire plus que souffler la question, sûrement parce que j’ai pas vraiment envie d’entendre la réponse, vraiment pas. Peut-être que c’est con, qu’c’est débile, peut-être que c’était pas c’qu’il voulait dire quand il a parlé de c’mec, peut-être que c’est l’absence de ses je t’aime qui m’rend parano, peut-être que c’est la seule crainte qui ait réussi à s'infiltrer dans mon esprit, dans tout c’qu’il a dit, peu importe les potes psychopathes, le délire apocalyptique glauque, les doses de morphine, peu importe la rage, la violence, la douleur et la haine, j’serais prêt à tout sacrifier, j’serais prêt à replonger plus bas qu’terre pour quelques grammes de son amour. Est-ce que tu m'aimes encore, Seth ? Peut-être que c'est ça, que j'voulais demander. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Lun 19 Fév - 20:06 | |
| C’est dit, c’est tombé. Répandu sur le parquet comme la mauvaise gerbe d’un lendemain de soirée. Souvenirs vagues d’un truc que tu supposes avoir été cool, mêlé aux mauvaises odeurs de c’qui en reste. S’il pouvait s’casser, Seth, il le ferait. S’casser loin de lui-même. De tout c’qui va avec, qu’il a survolé comme on survole un fil d’actualité, constatant le dernier attentat, les saloperies de Monsanto, et le dernier scandale sanitaire (même si au fond, c’est du pareil au même). Constatant, oué, sans cliquer sur le lien, parce que juste savoir que ça existe c’est assez dur comme ça. Pas besoin d’en rajouter une couche. Il se casserait bien Seth, alors il comprend pas trop pour Toad il reste là. Même si la réponse est dans ses paroles. Peut-être qu’y a un bout de lui qui y croit plus, parce que les “je t’aime” il y en a eu plein pour rien. Juste pour faire passer la connerie de jour, sans empêcher celle du lendemain. Que c’était un prétexte pour qu’il lui pardonne, jusqu’à ce que ça suffise plus. Ou alors cette partie de lui a juste la trouille qu’au fond, ce soit les mêmes. C'est plus facile d’y faire la sourde oreille, même si y a qu’en apparence que ça marche. Et qu’il peut pas nier qu’à chaque fois, chaque appel, chaque sms, chaque conversation, il espère que Toad change pas d’avis. Et qu’il n'arrête pas de le dire. Mais lui il le dit pas. Il commence à comprendre c’que peut ressentir Toad. La frustration et le manque, cette sensation d’être si proches mais encore tellement loins. Mais c’est l’seul moyen qu’il a trouvé pour garder un peu de recul. Et pour rien réclamer à Toad. Il a déjà beaucoup trop à lui demander.
Mais c’est dit. Il a pas fui. Il s’est pas mis à hurler. Il est resté, il comprend pas tout, Seth, mais y a déjà un poids qui s’envole de ses épaules. Il essaye de marmonner un truc en réponse à Toad « C’est pas c’que j’veux... » parce qu’il croit qu’il veut l’faire fuir. C’est trop tard pour ça. Ce serait trop douloureux. Ce serait l’enfer. Ce serait juste fini. Y a pas de quoi en faire un roman, y penser le fait même plus frissonner. Il sait que maintenant, s’il le perd, c’est juste… fini. Et quand y a plus rien derrière, y a pas de quoi s'inquiéter. Pour ça que les suicidaires vont toujours beaucoup mieux après s’être décidé à en finir. Une bonne fois pour toutes. Mais nan, c’est pas c’qu’il veut. Il veut juste qu’il sache dans quoi il s’embarque. Que ça sera pas facile. Que les rôles vont s’inverser. C’est tout. Faut qu’il sache. Mais c’est pas la violence, la haine, le noir et l’enfer dans lequel il s’est plongé qu’inquiètent le plus Toad. C’est la lumière. Kizuki. Peut-être à juste titre à vrai dire. Y a un demi-sourire qui s’affiche sur les lèvres de Seth, un rire vague retenu. Les yeux qui sautent de banc en poutre en p’tit Jésus, le temps de la réflexion avant de revenir sur Toad, se tournant davantage vers lui. Pas qu’il ait de doute, juste qu’il s’était jamais vraiment posé la question. Il serait temps. « Non. qu’il lâche finalement, sans vaciller, sans trembler, les pupilles ancrées dans celles de son mari. J’l’aime pas. J’ai besoin de lui mais j’l’aime pas. Enfin s’pourrait que j’en aie plus tant besoin qu’ça maintenant. » Cette fois y a ses yeux qui dévient. Parce que ça, il peut que l’espérer, et le redouter quelque part. Mais ça dépend de trop de trucs. De lui, de Toad, et de chaque choix qu’il fera à chaque moment à partir de cet instant. Parce que s’il trébuche et s’effondre trop bas, y aura sans doute que la Bête pour le remettre à peu près debout. Simplement parce que y a que lui, parmi les sept milliards d’âmes peuplant cette planète, qu’a rien à perdre. Parce que c’est lui qui l’a décidé, et rien ni personne d’autre.
C’est un sourire triste qui s’peint maintenant sur son visage, alors qu’il se rend compte qu’il a de nouveau la main de Toad dans la sienne. La deuxième qui vient s’joindre à la première pour jouer doucement avec les doigts toujours immaculés du pasteur. Doucement mais c’est nerveux. Comme son souffle plus fébrile et ses yeux à nouveau baissés. La chape de plomb de plomb en moins, il se sent plus léger. Peut-être trop. Le gouffre qui s’ouvre en grand en dessous d’ses pieds, suffit d’un coup de vent pour qu’il chute encore. Y a plus rien derrière quoi s’cacher. Plus personne. Balayé le dernier rempart dont il aura peut-être bientôt plus besoin. Y a plus que lui, et … « Mais tout ça c’est pas grave en fait. Y a pire ... » Le tout. L’embryon du mal. C’qu’à fait tout le reste, et qui fait encore tout. Le mur de verre qui reste érigé entre eux deux. Celui qui interdit ses je t’aime même informulés. C’est devenu une bestiole grouillante au fond de lui qui lui bouffe les entrailles. Bien plus terrible que tout le reste. Bien trop terrible pour que sa voix se brise pas. Que ses mains se mettent pas à trembler, de peur, de honte, de rage, d’appel de morphine. Pour oublier la bestiole et pas y faire face. Elle qui panique, a idée d'être découverte, qu'arrache des lambeaux de chairs pour s'en faire une armure, ceux du cœur comme premier choix. Mais lui il a plus le choix. C’est violent. La nausée qui montent, et les larmes qui coulent déjà, en silence. Parce qu’il a pas le droit de pleurer. Mais il peut pas faire autrement non plus. Dis-le. « J’suis désolé. » Regarde-le, abruti. Le parquet s’en fout que tu sois désolé. Il a la bouche qui s’assèche d’autant qu’ses joues sont humides. Ses rétines qui peinent à s’fixer à celles de Toad autant qu’il peine à déglutir. Sa voix qui tremble autant qu’elle se fait rauque. « Je suis désolé. J’aurais jamais dû. Partir. Jamais. Jamais putain. J’ai cru qu’ça serait mieux. C’était pire. J’ai mis trop d’temps à l’comprendre. J’suis désolé. Je. Jt’ demande pas d’me pardonner mais... Si. Si. J’vois pas comment j’vais pouvoir arrêter d’me haïr sinon. Et jamais d'la vie j’te laisse avec un type que j’déteste. » Il sait pas trop comment il fait pour en dire autant. Il sait encore moins comment il peut arriver à rire d’sa dernière déclaration. Même si c’est bref et cassé. Que ça pu le désespoir.
Il a l’air d’un con, avec ses bleus, ses bandages, ses larmes et le rictus nerveux qu’étire obstinément ses lippes. Il a l’air pitoyable à répandre sa vie de merde sur le parquet en espérant un brin de rédemption. Il a l’air fou à remettre sa vie, son cœur, son âme, tout en fait, là, dans les mains d’un autre, à deux doigt de l’annihilation. Il a l’air d’un connard à réclamer un pardon auquel il a certainement pas droit. Mais c’est tout c’qu’il est. C’est tout c’qu’il peut donner à Toad. Et Toad, c’est tout ce qu’il veut. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Mar 13 Mar - 23:34 | |
| C’est pas c’qu’il veut. Soupir, la main libre que j’passe dans mes cheveux, regarde ailleurs, une demi-seconde, puis reporte mon attention sur lui, ses doigts contre les miens, son visage amoché, le cœur qui fait des ricochets dans ma poitrine quand il me dit qu’il aime pas, cet autre type. C’est pas c’qu’il veut, me faire fuir, pourtant j’ai du mal à savoir c’est quoi son but, de m’avouer tout ça, d’une traite, sans prendre le temps de mesurer les mot pour que ça heurte moins. C’est peut-être parce qu’on a jamais été des champions du tact, lui et moi, toujours à se dire j’veux baiser et tu m’emmerdes droit dans les yeux. On a jamais bien su s’cacher nos sentiments, de toute façon, même quand j’essayais, il savait tout à la seconde où il me voyait, putain d’amour trop fusionnel. Que j’veux à tout prix récupérer. Mais ça s’ra pas comme avant, hein, Seth ? C’est pour ça que tu me dis tout ça ? Pour qu’je sache dans quoi j’m’embarque, qu’je sache que ça va être encore moins rose tous les jours qu’avant ? J’m’en fous, j’ai pas besoin de rose dans ma vie. Juste besoin d’toi. Du moment qu’tu veux qu’je reste, du moment qu’t’essayes plus d’me faire partir, moi ça m’va. J’prends tout, tout c’qui va avec toi. Mais il a les yeux baissés, Seth, il me regarde plus et mes phalanges se pressent un peu plus contre sa chair, se relâchent rapidement, parce que j’ai peur de lui faire mal, à pas savoir à quel point sont profondes les blessures sous ses bandages. Son sourire qui s’éteint, s’attriste, et l’envie d’l’embrasser qui me ronge, juste pour ramener du soleil sur ses lèvres. Il est trop loin, le temps où on était deux ados trop cons pour capter que la vie c’était pas aussi simple que ça, qu’il suffisait pas d’se barrer d’chez soi et s’envoyer en l’air sur la banquette arrière d’la bagnole de son paternel en croyant qu’les problèmes s’envoleraient. Et prendraient même la peine d’nous éviter ensuite. Il est trop loin, ce temps-là, et il s’éloigne un peu plus parce que la voix de Seth pue le désespoir, qu’son souffle se fait irrégulier et qu’y’a les larmes qui s’incrustent, glissent en silence sur les ecchymoses qui lui maculent la peau.
Et j’comprends pas.
J’comprends pas qu’il puisse s’en vouloir pour ça. J’comprends pas qu’il me d’mande de lui pardonner une décision qu’avait rien de facile et rien d’insensé. J’comprends pas qu’ce soit ça qu’il l’ait bousillé à ce point, alors que j’espérais, du fond d’mon être, qu’il irait mieux loin de moi. Sans moi. Mais faut croire que mon ombre a plané sur son crâne, faut croire que j’ai réussi à le bousiller à distance, à pas vouloir crever d’overdose assez rapidement. A m’en sortir. Sans lui. Pour lui. Son rire brisé qui fait écho au creux de moi, me balance des années en arrière à genoux sur un bout de tarmac, à regarder un bus qui refuse de s’arrêter. J’avais pleuré. Et j’avais ri. En même temps. D’incrédulité, de nervosité, de désespoir, j’voulais pas y croire avant d’m’échouer en calebar sur un bout de trottoir. Ç’a été le rire le plus douloureux de mon existence et voilà que j’l’entends à nouveau, à travers Seth, et ça me fout en lambeaux. Y’a mes mains qui s’détachent des siennes sans qu’j’aie à y penser, qui vont se poser sur ses joues pour lui relever la tête vers moi, les pouces qui recueillent les perles au coin d’ses yeux au bout d’mes ongles, « Seth », c’est qu’un soupir, comme ceux des amoureux maudits, ma bouche qui tente de réapprendre à dire ce prénom tant aimé de la bonne manière, retrouver le ronronnement taquin que j’y mettais autrefois. J’me d’mande un instant si elles ont le même goût qu’avant, ses larmes, et mes lèvres viennent se perdre sur sa peau, légères, comme une émanation de mon ancien moi que j’peux pas retenir, le goût salé qui s’imprime contre ma langue. « J’t’ai pardonné y’a tellement longtemps, tu sais. J’sais même plus c’qu’y avait à t’pardonner, sans doute que dalle, parce que t’as eu raison d’me laisser. T’avais pas l’choix. J’t’ai pas laissé le choix. » Tu pouvais rester et me regarder crever sous tes yeux parce que j’aurais été trop con pour admettre que t’avais raison. Tu pouvais rester et m’attendre un jour jusqu’aux aurores, pour apprendre au petit matin que t’étais veuf, mari retrouvé noyé dans la cuvette des chiottes d’un bar sordide, surdose d’héroïnes dans le sang. J’préfère qu’tu t’sois barré, honnêtement. « Si j’vais mieux, c’est grâce à toi. Y’a pas un jour où j’ai pas pensé à toi en désintox, pas un jour où j’me suis pas dit ‘faut qu’je sois bien pour la prochaine fois qu’j’le verrai’, tu sais ? Tu m’as aidé à tenir. A pas rechuter dès que j’suis sorti, aussi. » J’colle mon front contre le sien, un instant de silence, puis mes lèvres qui rejoignent les siennes sans crier gare, baiser fugace alors que mes doigts s’accrochent à ses cheveux, caressent sa nuque. « Et maintenant t’es là, j’suis là, on est ensemble, c’est tout c’qui compte. » Toi, moi, jusqu’à la fin des temps, et même après. T’as pas oublié, hein ? |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Lun 2 Avr - 22:28 | |
| C’est étrange c’qu’il se passe à l’intérieur de Seth. A chaque seconde jusqu’à ce moment-là, y avait les monstres qui lui lacéraient les chaires. A chaque mot articulé, y avait le barbelé autour de son cœur qui se resserrait. A chaque larme échappée, y avait un bout d’son âme qui s’évaporait. L’impression de se désagréger. Jusqu’à ce moment-là. Et tout s’est arrêté quand il s’est tût. Que les mains de son mari se sont posées sur son visage, que son prénom a franchi ses lèvres, et qu’elles glissent sur sa peau. Le monstre a fait plus que se taire. Y a plus qu’un voile fin de tissu par-dessus. Il a disparu. C’est le silence au fond de son être. Et il va juste … bien. Ou en tout cas, il ne va plus mal. Démons effacés. Y a sa cage thoracique qui se soulève dans un spasme. Comme s’il recommençait seulement à respirer. Pas depuis sa confession. Depuis qu’il était parti. Y a une once de vie qui s’insinue à nouveau dans ses nerfs, dans ses bras, impulsant un geste de sa main pour se poser sur l’avant-bras de son mari, plus trop capable de le lâcher. Il dit plus rien. Il a tout dit. Ou presque. Il se contente de baisser les yeux, d’écouter Toad, quasi religieusement. Il n’y a que lui qui a le pouvoir de l’absoudre. Y a des points sur lesquels il est pas d’accord. Y a des trucs sur lesquels il a des doutes. Et reste à c’qu’il se pardonne à lui-même. Mais il décide d’en faire abstraction. Ils peuvent pas tout régler maintenant. S’ils le pourront un jour. Pour l’instant, peu importe. Il accepte ses mots, il accepte ses lèvres contre les siennes. Il accepte, pour une fois, de pas aller mal. D’aller bien. Juste bien.
« Et maintenant t’es là, j’suis là, on est ensemble, c’est tout c’qui compte. »
« On l’est ? Ensemble ? » C’est pas une vraie question. Mais les mots de Toad le surprennent un peu. Comme si ça pouvait être aussi simple. Peut-être que si. Si t’as envie, oui. Si t’as pas envie, non. Ça peut être aussi simple s’il le veut. En tout cas pour ça. Et ce sera oui, « malgré ma coloc’ qui veut te faire cramer et … le tien qui t’fais surement des pancakes tous les matins ? » Objectivement, ça n’a rien de drôle. Mais il s’en fout. Comme il s’en fout des ecchymoses sur sa tronche qu’il a déjà oubliées, et des bandages sur ses mains qui râpent la mâchoire de Toad quand il l’attrape. L’embrasser, c’est tout ce qui importe. Même si c’est un échec cuisant parce que ses lippes ne peuvent pas s’empêcher de s’étirer, et il peine à retenir son rire. Un rire stupide face à une situation tragi-comique, certes, mais juste un rire. Sans douleur. Juste une pointe d’ironie. Mais ça, c’est Seth. Avant maintenant et après, une constante dans son caractère. Mais oué, il rit comme le crétin qu’il est, à tenter désespérément d’embrasser son mari. C’est l’bleu de ses iris qui le calme, qui le frappe. Ce ptn de bleu. Comme d’habitude. Autant choqué du bleu que de l’habitude déjà revenue. Le rire qui se tait, le sourire à peine effacé par leurs lèvres qui se scellent enfin. Ses poumons qui se vident de leur air pour se remplir de celui respirer contre sa bouche. Son cœur qui bat trop fort pour que ce soit indolore. Et cette sensation de pas avoir été autant en vie depuis longtemps. Très longtemps.
« Tu m’as manqué. » qu’il murmure. Même si c’est pas c’qu’il aurait voulu dire. Il l’a déjà dit ça en plus. A l’hôpital. Tant pis. On va dire que ça compte quand même. Parce que maintenant il sait pour Asher. Et Ezra. Enfin plus ou moins. Bref. Peu importe. Ça lui reviendra. Quand ça lui reviendra. Quand il aura plus peur que son palpitant se fasse la malle en même temps que les mots franchiront ses lèvres. En attendant, il se contente de sourire bêtement. D’récupérer la main gauche de Toad dans les siennes, et de jouer distraitement avec son alliance. Sourcils vaguement froncés, à s’demander comment récupérer la sienne. Sans que Mama Inuzuka en fasse une affaire d’état. Non pas à se demander SI il allait récupérer la sienne. Laissant libre court à ses rêveries naïves depuis bien trop longtemps avortées avant d’avoir effleurées sa conscience. Même si il y a l’araignée dans un coin d’sa tête qui grince des dents pour lui rappeler que c’est pas fini. C’est pas un putain d’happy ending. Mais il se laisse le droit d’y croire pour l’instant. Lui qu’à jamais aimé les films d’amour.
« En vrai on fait quoi maintenant ? » C’est une vraie question. Qu’est pas négative, pour une fois. Même si c’est compliqué. S’il dit oui à eux y a plus qu’à être un minimum optimiste. Sinon c’est perdu d’avance. Alors il évite l’ironie dans le ton de sa voix, garde un semblant de sourire. Haut les cœurs, ça se construit un happy ending. Ptn. S’il devient fleur bleue Seth, on est pas sorti. Dis quelque chose de stupide, Toad. Dis quelque chose de stupide !
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Mer 18 Avr - 0:22 | |
| Ensemble. Ça a des allures de chimères, de putain d’rêve américain qui s’réalise que pour un d’mi pour cent d’la population, celui qu’on nous vend au cinéma, amour pour toujours et tout le tralala. P’t’être que notre problème, c’est d’pas avoir prévu à long terme. Y’avait pas d’maison à clôture blanche, de gosses qui courent partout, de boulot stable et d’vacances au bord de l’eau, dans nos cerveaux. Le plan, c’est qu’y avait pas d’plan, on s’barrait d’chez nous, d’notre ville merdique au nom merdique, on laissait nos familles derrière nous, plus ou moins tristement, selon qu’ce soit le paternel, la mère, les frères ou les sœurs, et on voyait c’qui arrivait après. Le plan, c’était d’vivre au jour le jour, d’amour et d’eau fraîche, de conneries, aussi. Ouais, c’était ça, l’plan, être jeunes et cons, s’marier sur un coup d’tête et baiser un max, et pas penser à l’avenir, jamais penser à l’avenir. Parce que l’avenir, c’était l’angoisse, c’étaient les remords, les regrets à venir, d’avoir quitté des sœurs sans défense ou une famille pas si mal que ça, parce que l’avenir, ça voulait dire savoir c’qu’on voulait, c’était admettre que l’amour suffisait pas pour vivre, qu’on pouvait s’dire j’te veux toi et seulement toi autant qu’on voulait, ça nous nourrirait pas plus, ça nous foutrait pas un toit sur la tête, ça nous f’rait pas grandir. Sans doute qu’j’étais pétrifié à l’idée qu’Seth se rende compte qu’j’étais pas assez bien pour lui, pas à la hauteur de ses ambitions depuis qu’j’avais été déchu d’mon futur prometteur de basketteur professionnel, pas foutu de l’épauler une fois qu’tout irait de travers, une fois qu’il irait mal. J’avais peur qu’il se rende compte que j’voulais rien faire d’autre, que j’pouvais rien faire d’autre, et qu’l’avenir existait pas, pas avec moi. Terrifié qu’il comprenne que j’faisais bien en fantasme d’adolescent, mais qu’en mari j’valais que dalle. Au final, c’est c’qui est arrivé, j’ai pas eu d’mal à piétiner toutes nos illusions, un peu (beaucoup) d’héro et c’était fait. Ensemble. Ça fait bizarre, parce qu’on s’est jamais dit on n’est plus ensemble, même si c’était sous-entendu, même si fallait pas être Einstein pour capter qu’une demande de divorce, ça impliquait une rupture dans l’équation. J’étais sûrement le seul à refuser de capter, mais il l’a pas dit tout haut, quand il est parti. Peut-être qu’on a cessé d’être ensemble bien avant ça, quand j’ai commencé à penser plus à moi qu’à lui, à pas l’écouter, à l’ignorer, à me voiler la face en m’convainquant moi-même que tout allait bien alors qu’Seth allait mal, et donc que rien n’allait dans notre couple. Ensemble. Lui et moi, et ça m’arrache un sourire autant que ça arrache un pincement à mon cœur, lorsqu’il cause de nos colocs, Wini qui veut ma peau et Ezra qu’j’ai entraîné dans le bordel qu’est ma vie sans lui d’mander son avis. « Oui, on l’est. » Y’a pas d’hésitation dans ma voix, c’est une évidence, ça va de soi, c’est lui et moi, même si j’veux pas penser à tout c’que ça implique maintenant, même si j’aimerais qu’tout soit beaucoup plus simple. Peut-être que j’devrais, peut-être que c’est repartir sur une base carrément bancale de s’dire qu’on pensera à tout ça plus tard, de rien prévoir encore une fois. Mais là j’veux juste voir mon mari sourire, l’entendre rire comme il le faisait autrefois, et l’embrasser, encore, toujours, à jamais.
J’ai tellement rêvé de c’moment. A imaginer chacune de ses réactions, de ses gestes, de ses mots, ses sourcils qui se fronceraient toujours de la même façon, la p’tite fossette qui se creuserait lorsqu’il me sourirait en coin. Ça devait être pour nos retrouvailles, mais c’est pas grave, qu’ce soit plus tard, qu’on se soit déjà revus avant, même si y’a eu du sang, des larmes et l’hosto, rien à foutre. C’qui compte, c’est aujourd’hui, c’est maintenant, c’est lui qui m’dit que j’lui ai manqué, même s’il l’a déjà dit, même si c’est pas un je t’aime comme j’l’avais espéré. J’sais qu’il arrive pas à le dire, j’sais qu’ça prendra possiblement du temps, j’sais que j’peux pas trop lui en demander, j’ai pas le droit, parce qu’après tout, si on en est là, c’est ma faute à moi. Mais j’souris aussi, lorsqu’il attrape ma main et qu’ses phalanges s’accrochent à mon alliance, toujours là, toujours au poste même après toutes ces années passées loin de lui. Je souris plus fort, à sa question, me mordillant la lèvre inférieure pour faire mine de réfléchir, pourtant pas d’humeur à lancer un truc sérieux. Ma main libre remonte le long de son bras, de son épaule, de sa nuque, termine sa course dans ses cheveux, les yeux plongés droit dans les siens. « J’te rends les cheveux gras pendant qu’on mate Grease. T’as promis. » Et moi j'promets de plus jamais t'lâcher. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: where my demons hide (soad) Ven 27 Avr - 0:20 | |
| Il est épuisé, Seth. Bien plus qu’il l’ait jamais été. Plus qu’en rentrant de ses longues nuits au fight club. Plus qu’après d’interminables heures à torturer et endurer la toxique Ivy. Même plus que ces nuits passées sans dormir, celles passées sur une chaise inconfortable à attendre que Toad rentre. Si le banc est tout aussi inconfortable, il a pas à attendre. Il est là, Toad. Et c’est lui qui vient de rentrer. Après une bien trop longue absence. Il pourrait se laisser tomber, là tout de suite, dans les bras de son mari et pioncer pendant des jours. L’âme enfin au calme. Mais c’est visiblement pas dans les plans de Toad. Avec ce sourire qui en dit long, et cette lueur dans son regard. Celle qui indique que Seth ne va pas forcément passer un bon quart d’heure, et il attend la sentence, sourire toujours accroché aux lèvres. Grease. « Put... » il ouvre la bouche pour protester et la referme aussitôt, grognant la fin de son juron. Un regard en coin au p’tit Jésus. Par contre va pas falloir déconner, il va pas arrêter de jurer parce que son mari est devenu pasteur. Ici il veut bien faire un effort, pour l’instant, faut pas pousser. Seth et la vulgarité, sont trop proches pour se séparer si aisément. Mais oui, il ravale sa protestation, ses sourcils froncés et un soupire las. Même si ça reste rassurant de voir que Toad arrive de nouveau à l’agacer aussi facilement avec ses comédies musicales. Cela dit, entre ça et fast & furious … disons qu’il préfère ne pas se faire tripoter les cheveux devant Vin Diesel. Mais si Travolta l’enjaille assez moyennement. Bref. De toute façon oui, il a promis. SMS comme preuves à l’appuis. Dommage dommage. « Ok, ok. Mais ôtes-toi tout de suite de la tête l’idée de me faire chanter. Ça n’arrivera pas. » Il regrette aussitôt ce qu’il vient de dire Seth, craignant de donner une fort mauvaise idée à son mari. Mais nan, il chantera pas. Il doute même de rester conscient jusqu’à la moitié du film.
Il se lève, et se laisse conduire par Toad jusque-là où il vit maintenant. Délaissant l’église désespérément vide derrière eux. Même si ça les arrange bien pour le coup. Un dernier coup d’œil au lieu en travaux, et il se dit qu’il filera peut-être son blé à Toad. S’il n’est pas devenu aussi allergique qu’il l’était aux thunes mal acquises. Mais pour ce que lui en fait … Elles seront toujours mieux utilisées comme ça. Et puis il découvre la maison de son mari, et d’Ezra, si on peut appeler ça comme ça. Cela dit, c’est toujours plus … mieux que tous les lieux où Seth a vécu depuis qu’il a quitté la maison de ses vieux. Mais il dit rien. Il dit rien au bazar de Toad, et aux essaies de maintien d’ordre d’Ezra. Il a rien à dire de toute façon. Alors il se laisse tomber le cul par terre devant le canapé. Le canapé c’est pour Toad. Tout le temps en train de bouger. Surtout devant Grease. Pas envie de se prendre un pain par inadvertance dans un similis de chorégraphie épileptique. Alors oué, il se met par terre, ça le dérange pas de toute façon. L’habitude. Jamais effacée. Jambes repliées, avant-bras posés sur les genoux, il regard son mari s’affairer un peu trop joyeusement pour regarder un simple film. Mais il sait bien que c’est plus que ça. Que c’est eux. Ça a pas l’air de grand-chose dit comme ça, mais c’est énorme. Lui-même garde un sentiment trouble, la vague impression que c’est pas réel. Une de ses drôles de rêves, ceux qu’il avait, parfaitement réveillé, les nuits où il était incapable de dormir. Mais ça l’est, réel. Son sourire, celui de Toad, et ses doigts qui viennent se mêler à ses mèches brunes, avant le premier baiser entre Dany et Sandy. Tu parles de prénoms ptn. Il grogne pour la forme Seth, mes ferme les yeux, et se laisse gratter derrière les oreilles, une pensée pour Duff. Et Wini qui se retrouve avec le chien sur les bras. La prochaine fois, il l’amènera. Certain cette fois qu’il y aura une prochaine fois. « T’es sûr que tu veux pas chanter ? » Il rouvre un œil, le temps de constater que Dany a rejoins ses gradins et que Sandy se fait de nouvelles copines, et tourner la tête vers Toad, son air (pas) malin sur le visage. « Jamais, babe. » Même si faut jamais dire jamais.
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