Quand on est privé du sens de la vue, comme moi, ce n’est parfois pas évident de faire certaines choses. Comme offrir un cadeau par exemple. Il y a quelques jours, c’était l’anniversaire de mon beau-père. Forcément, je lui ai fait un cadeau, parce que même si j’en veux à ma mère d’avoir trompé mon père avec cet homme, j’ai appris à l’apprécier. C’est donc normal pour moi de lui faire un cadeau. Cependant, je ne peux pas compter sur ma mère et sur le fils de mon beau-père pour m’aider à aller acheter le cadeau, puisque l’un comme l’autre, ne sait pas garder le secret et il saurait le contenu du paquet avant même de l‘avoir entre les mains. Bref, j’ai du me débrouillée toute seule. En soit, ça ne me dérange aucunement, mais voilà, ce n’est pas facile. Surtout lorsque l’on veut acheter un vêtement. Mon beau-père adore les chemises, aussi, mon choix c’est porter sur ce genre de cadeau. Si je suis parfaitement capable de reconnaitre le tissu rien qu’en le touchant, il n’en a pas de même pour la couleur. Il adore le bleu marine, mais je pourrais très bien acheter du jaune canaris sans le savoir puisque je ne le vois pas. Et sur ce point, je ne peux pas compter sur Black, comme tous les chiens, il voit en noir et en blanc. Du moins, c’est ce que je suppose car on m’a toujours dit que les chiens ne distinguaient pas les couleurs et voyaient le monde en noir et blanc. Je ne peux donc que m’en remettre aux vendeurs et à leur gentillesse. Mais voilà, tous ne sont pas bienveillant à mon égard. Certains sont moqueurs, voir carrément méchant. Je me souviens encore d’un maillot de bain que je m’étais offert, lorsque je l’avais essayé, la vendeuse ; qui voulait absolument faire sa vente ; m’avait assuré qu’il m’allait à merveille et au final, lorsque je suis sortie de l’eau, il s’est révéler être complètement transparent. Je l’ai compris lorsqu’un inconnu, pris de pitié, m’a passé sa serviette pour que je la mette autour de ma taille. J’ai alors dit que je ne comprenais pas, car j’avais acheté un maillot de bain noir, pour ne pas avoir ce genre d’incident. C’est là qu’il m’a dit que je maillot était en fait jaune fluo, la nana c’était bien fichue de moi. Enfin, dans le cas de mon beau-père, il n’y a pas eu de soucis, la chemise était bien de couleur bleue et il l’a adoré. Mais ce n’est pas pour parler chiffons que je suis au parc aujourd’hui ; encore moins pour déguster une gaufre en compagnie de mon cousin. Non, si je suis là, c’est pour profiter du soleil, plutôt rare en cette saison, et me faire plaisir en m’adonnant à ma passion, la musique. Je vous rassure tout de suite, je n’ai pas transporté mon piano jusque-là, je joue aussi de la flûte traversière et du violon, et c’est justement du violon que je suis en train de jouer, tandis que Black ronfle paisiblement à mes pieds. Avec lui, pas besoin de métronome, il donne le rythme en piquant un somme. Toutefois, je m’arrête net lorsque j’entends le bruit de pièces de monnaies qui tombent dans l’étui à violon. « C’est gentil, mais je ne suis pas en train de faire la manche ! » je réponds, espérant que la personne reprendra ce qui lui appartient, mais je n’ai pas de réponses. J’entends une respiration et les grognements de mon chien. « Il … il y a quelqu’un ? » je demande alors, d’une voix peu assurée du tout.