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MessageSujet: have i missed anything (zylina)   have i missed anything (zylina) EmptyDim 11 Mar - 12:56

Eh, ta sœur et Jax ont remis l'couvert ? Il se souvient avoir froncé les sourcils sans comprendre, il se souvient du rire qui lui a répondu, de l'affirmation qu'Halina a été vue sortant de la caravane de Jax après y avoir passé la nuit. Il se souvient de l'incompréhension qui l'a envahi, puis la rancœur, ce truc qui lui fait serrer les poings et qui l'met en colère. Parce qu'il pige rien à tout ça, parce qu'elle est trop contradictoire et qu'il sait plus ce qu'il doit en penser – elle veut qu'ils se disent les choses mais elle garde tout pour elle, elle veut qu'ils veillent l'un sur l'autre mais comment il est censé faire quand elle n'lui parle pas et qu'elle se réfugie chez Jax ? Elle lui parle, à lui ? Et c'est con mais y a cette pointe de jalousie, parce qu'il se sent écarté de trop de choses, parce que Ninel a disparu et qu'il fait même pas ses recherches avec le reste du groupe, parce que Jax veut s'barrer et qu'il sait pas comment le retenir avec le fossé qui les sépare, parce qu'Halina va mal et que c'est même pas lui qu'elle vient voir. À quel moment tout a commencé à dérailler ? À quel moment ils ont tous explosé, à quel moment ils se sont dispersés ? L'impression qu'ils sont des grains de sable emportés par le vent, il les voit tous s'envoler et il sait pas comment les rattraper alors que lui-même s'éparpille, lui-même est découpé en morceaux qui partent tous dans une direction différente. S'il arrive déjà pas à s'recoller lui-même, il risque pas de pouvoir le faire avec les autres.

Il n'a même pas pris le temps de réfléchir, de se poser les bonnes questions, de chercher à comprendre. Il a pas envie de se retourner le cerveau dans tous les sens – cet organe à la con le fait déjà bien assez tout seul – il préfère aller directement à la source. La confronter comme elle l'a fait quand Pia lui a raconté n'importe quoi.

Quand il arrive à sa caravane il se met à tambouriner sur la porte, encore et encore dans un boucan pas possible, son poing qui s'abat contre la porte sans relâche, sa voix qui appelle son prénom dans le vide. Elle est pas là. Ça n'fait que l'énerver un peu plus, ses pas trop rapides quand il s'éloigne, ses pieds qui se prennent dans les quilles qu'un jongleur a dû laisser traîner au milieu de l'allée. Il s'écroule, la terre qui encrasse son jean et ses mains, les jurons qui lui échappent quand il se relève et reprend sa route. Il apostrophe tout le monde pour demander si on l'a vue, tourne en rond, revient sur ses pas parce qu'il sait même plus où il va. Ses neurones qui tournent à l'envers et se noient, les questions et les émotions qui l'assaillent avec trop de force pour qu'il réussisse à réfléchir correctement. Il finit par atterrir du côté des animaux sans trop se souvenir avoir fait le chemin, mais il s'en fout parce qu'il la voit. Elle est là, auprès des chevaux, et il se rapproche à grandes enjambées, absolument pas discret quand il se cogne le tibia à un seau posé là. « PUTAIN MAIS RANGEZ VOS TRUCS AUSSI ! » Il beugle dans le vent, ne s'adresse à personne en particulier.

Il continue de pester dans sa barbe en arrivant à la hauteur d'Halina, l'allure débraillée comme toujours, le manque de sommeil qui creuse ses traits et injecte ses yeux qui viennent se planter dans les siens. « C'est vrai qu'tu t'es remise avec Jax ? » Pas de bonjour ni merde, pas le moindre préavis avant de lâcher la bombe. Mais il lui laisse pas vraiment le temps de répondre, reprenant de plus belle, l'esprit qui tourne à mille à l'heure et qui le fait parler tellement vite que c'est à peine compréhensible. « J'croyais qu'c'était fini votre truc franchement faut savoir hein parce que personne sait ce que vous foutez et j'crois que même vous vous savez pas, faut s'décider merde ! » C'est tout sorti d'une traite et il est obligé de reprendre son souffle parce qu'il n'a pas pris le temps de respirer entre les mots.

Il comprend rien à leur histoire, la dernière chose qu'il sait à leur sujet c'est qu'Halina a bien failli le buter en lui faisant bouffer du sable. Et s'il n'a jamais vraiment cherché à savoir pourquoi, il s'est toujours dit qu'il l'avait forcément mérité, si Halina a fait ça c'est qu'il l'avait blessée alors elle a fait ce qu'il fallait, évidemment qu'elle avait raison – c'est sa sœur elle a toujours raison, même quand il sait que c'est pas le cas.

« Puis qu'est-c'tu fous avec lui là il te fout mal et en plus c'est qu'un con p'tain tu sais qu'il veut s'barrer ? Il veut nous laisser ce gros lâche et il fait n'importe quoi j'sais même plus si j'le connais à force. » Si elle est mal c'est forcément à cause de lui pas vrai ? C'est le seul élément qu'il a qui pourrait s'additionner, parce que Jax déraille, Jax veut les quitter et Jax traîne avec des sédentaires plus souvent qu'avec eux et Jax se met à utiliser ses couteaux comme un boucher. Elle a l'droit d'être mal à cause de tout ça, il se persuade que ça peut être que ça parce que c'est la seule solution acceptable – il refuse l'hypothèse que ce soit quelque chose qu'il ignore, qu'il a laissé passer, qu'il n'a pas vu. Il refuse d'admettre qu'ils se sont tellement éloignés qu'il n'a aucune idée de ce qui se passe dans sa vie, et de ce qui a bien pu la traîner si bas. Il préfère se dire que c'est Jax, là au moins il a un coupable à blâmer, quelqu'un à accuser. « Tu m'saoules Hali, t'es venue me gueuler dessus en disant que j'te cache des trucs et tout mais en fait c'est toi regarde les autres sont obligés de m'balancer les choses parce que tu gardes tout pour toi, bientôt j'connaîtrai ta vie qu'à travers les commères du cirque. » Il parle beaucoup trop, le flot d'informations et le débit de ses mots est bien trop élevé, si c'était à lui que ça s'adressait il n'en comprendrait même pas la moitié. C'est juste qu'il ouvre les vannes, il parle à l'allure où il pense et c'est un sacré bordel, les éléments qui se chevauchent et qui sortent si vite qu'il est à bout de souffle. Ses yeux dans les siens, la voix un peu éraillée, il est à mi-chemin entre le reproche et la supplique quand il finit par demander : « Pourquoi tu m'dis plus rien ? »
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Halina Kida

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MessageSujet: Re: have i missed anything (zylina)   have i missed anything (zylina) EmptyLun 19 Mar - 15:05

Le dressage a ce côté réconfortant de vous donner le contrôle de la situation. La voltige, je ne l’ai aimé que par défaut, c’était la grande carrière de ma mère. Elle était magnifique sur ses cheveux ou tout autre animal. Elle m’a tout appris en pensant que je reprendrais son numéro, elle l’a su avant moi que je finirais pas le faire. Peut-être savait-elle déjà à l’époque qu’elle finirait pas renoncer à sa vie et qu’elle ne voulait pas voir son numéro disparaître. Et pourtant, c’était la dernière chose que je voulais faire. La dernière. Et pourtant me voilà, de nombreuses années plus tard, à parler avec sa même autorité, dans un polonais sévère, devant huit chevaux dociles, qui ne réagissent qu’à ma voix, qu’à mes ordres. Je me sens incroyablement bien, au centre de la piste, le fouet dans une main qui claque dans l’air pour les faire suivre mon rythme, le dos droit, l’air sûr. Je reprend enfin un peu de consistance. Depuis Jax, c’est comme si je redécouvrais qui j’étais. J’ai passé une nuit complète, sans cauchemar, sans peur, pour la première fois de ma vie. Partager mon fardeau m’a rendu une horizon. Tout va bien se matin. Même la répétition se passe à merveille, et pourtant, ça fait longtemps que je n’ai pas travaillé avec les chevaux.

PUTAIN MAIS RANGEZ VOS TRUCS AUSSI ! Je fronce les sourcils et me dresse sur la pointe des pieds, pour voir Zyki arriver au loin. Je suis seule dans le manège, sa remarque me vise donc personnellement. Mais, parce que c’est un bon jour, je n’ai même pas envie de l’envoyer bouler. Je me contente d’ordonner en polonais aux chevaux de s’arrêter, ils reprennent le pas et puis s’arrêtent, laissant à Zyki la possibilité de fendre ma meute pour foncer droit sur moi. Je n’attends pas qu’il soit devant moi pour balancer en me penchant pour ramasser la bouteille d’eau qui est à mes pieds. Parce que je le devine à sa démarche hasardeuse, ses membres qui bougent dans tous les sens à chacun de ses pas. C’est comme ça quand il est en surchauffe : il ne peut juste pas contrôler toute l’énergie qui fuse dans son corps. Il a ce regard qui se pose partout et nul part à la fois. C’est tellement clair maintenant, tellement clair que je me demande comment j’ai manqué ça ces six derniers mois. Qu’est-ce qui t’arrive Zyki ? Que je demande d’une voix lasse, avant de prendre une gorgée. C'est vrai qu'tu t'es remise avec Jax ? Je manque de m’étouffer avec l’eau qui j’avale par miracle sans tout recracher, cependant, je ferme le bouchon et lève doucement mon regard sur lui. Comment il sait putain ? On a pourtant pris toutes les précautions, personne n’était sensé nous voir. Parce que malgré tout, malgré cette merde qui s’est abattut sur nous deux, le plus grand secret reste nous deux. Mon père se fichera bien de savoir que j’ai été violée s’il apprend que je sors avec Jax. Il se fichera de tout. Ce n’est pas mon bonheur qui lui importe, c’est l’héritage familiale. Et il est impossible de partager un héritage avec les Roses. Y a quelques secondes de blancs, et d’une voix aussi tranchante que l’acier, je sors enfin, entre deux cognements de coeur : Qui t’a dit ça ? Mais il ne m’écoute pas, je pense qu’il ne m’a même pas entendu. Il embraille tout de suite, pressé, comme si quelqu’un lui courait après, il ne prend même pas la peine de respirer, j’le vois à sa mine déconfite, surexcitée. J'croyais qu'c'était fini votre truc franchement faut savoir hein parce que personne sait ce que vous foutez et j'crois que même vous vous savez pas, faut s'décider merde ! J’ai du mal à le suivre, j’ai même du mal à comprendre ce qu’il me dit, il avale la moitié des mots. Et ? Ce n’est pas la réponse qu’il veut entendre, mais le temps qu’il reprenne son souffle, me laisse du temps. Allez, vite, réfléchit, réfléchit, réfléchit… J’ai pas envie de lui mentir. Mais Zyki est trop buté, il pourrait créer un drame sans même s’en apercevoir. Il le dirait à la mauvaise personne, et la traînée de poudre s’étalerait sur tout le cirque, ensuite il ferait tout péter. Il est comme ça. Mon coeur tambourine, j’ai chaud. Je fais tout pour camoufler mon trouble, tout. Lentement je ramasse mes affaires, enfile la veste à capuche que j’ai laissé dans un coin. Me barrer, ouais, c’est ça la solution. Me barrer. Le temps qu’il s’aperçoive que je suis partie, je serais déjà enfermée à double tour dans ma caravane. Parfait. Je prend la direction de mes chevaux pour les déséquiper, ce con me suit. Je soupire. Puis qu'est-c'tu fous avec lui là il te fout mal et en plus c'est qu'un con p'tain tu sais qu'il veut s'barrer ? Il veut nous laisser ce gros lâche et il fait n'importe quoi j'sais même plus si j'le connais à force. Mes muscles se crispent. Non, je savais pas. Surtout, ne rien montrer. Rien. Je reste parfaitement impassible, c’est plus facile en étant dos à lui et retire la selle du premier cheval. Arrête un peu, Jax se barrera jamais d’ici. Pas sans moi en tout cas, que je me garde bien d’ajouter. Alors c’est vrai ? Il a évoqué l’idée de partir ? Je souffle discrètement pour me calmer. Il oserait pas faire ça, pas sans m’en parler. Il n’osera plus en tout cas, plus maintenant. Après… honnêtement, j’ai passé tellement d’années à haïr ma mère d’être partie que je n’imaginerais jamais faire la même chose. Mais y a une simple vérité qui s’affiche dans mon esprit : peu importe où Jax veut aller, j’irais avec lui. Et tant que ça sera comme ça, je me sentirais toujours chez moi. Jax et moi, on est partis trop loin maintenant, c’est devenu trop fort entre nous. En fait, je pense qu’on vient tout juste de se rendre compte jusqu’où ça peut aller entre nous. Et quand on a ça, quand on vit ce genre d’amour, y a plus grand chose qui peut vous atteindre. Zyki n’en démord pas : Tu m'saoules Hali, t'es venue me gueuler dessus en disant que j'te cache des trucs et tout mais en fait c'est toi regarde les autres sont obligés de m'balancer les choses parce que tu gardes tout pour toi, bientôt j'connaîtrai ta vie qu'à travers les commères du cirque. Je laisse tomber la selle sur le sable et je me retourne vers lui. Tu veux la liste des mecs que j’me suis tapée ? J’te préviens ça va être long, t’es sûr d’être prêt ? En vérité, c’est pas si long, ça m’amuse simplement de voir la gueule qu’il tire à ce moment-là. Je passe au cheval d’à côté sans un mot de plus, sans trop m’occuper de la façon qu’il a d’être aussi perturbé. Je comprend même pas pourquoi il se met dans un état pareil. Jax est son meilleur ami, qu’il l’assume ou pas aujourd’hui, et peu importe la rancoeur. Il sait parfaitement que terminer ma vie avec lui, c’est loin d’être la pire option. Pourquoi tu m'dis plus rien ? Qu’il pleurniche. Je lâche la selle avant même de l’avoir retirée et me tourne vers lui. Nos regards s’accrochent une seconde. Je pense qu’on est tous les deux à fleur de peau à ce moment-là. Tu me ferais le même sketch si tes copains t’avais raconté que j’avais remis le couvert avec Fabio ou bien c’est juste parce que c’est Jax ? J’connais déjà la réponse, j’ai simplement envie de savoir ce qu’il lui reproche au fond. Jax m’aime tellement qu’il serait prêt à tuer pour moi. Réellement prêt à tuer. C’est pas le rêve, ça ? Oui, j’ai revu Jax, oui. Et qu’est-ce que tu vas faire de ça hein ? Tu vas nous balancer à papa pour qu’il lui casse la gueule à nouveau ? Mon visage n’est ni las, ni rieur, juste fermé. J’le défie de faire ça. J’le défie l’aller me balancer. Il osera jamais, comme moi je balance pas tous les écarts. Rien que là j’peux vous dire qu’il n’a pas pris son médicament habituel, il est pas clair, dans le gaz. J’le sens à dix kilomètres putain. Maintenant ferme-la avant quelqu’un nous entende, tu veux ? Je fais volte-face et retire la selle du deuxième cheval.
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MessageSujet: Re: have i missed anything (zylina)   have i missed anything (zylina) EmptyJeu 22 Mar - 19:09

« Qu’est-ce qui t’arrive Zyki ? » La vérité c'est qu'il sait même pas par où commencer, pourtant les mots fusent entre ses lèvres comme une balle perdue, sans qu'il ait à y réfléchir. Ça sort tout seul et si ça sonne comme une accusation c'est peut-être que ça en est une, c'est peut-être que c'est justifié, à en juger par la façon qu'elle a de s'étouffer avec l'eau qu'elle était en train de boire. Il n'a même pas besoin qu'elle réponde pour savoir que c'est vrai. Elle ne fait que le confirmer un peu plus en demandant qui a dit ça plutôt que de le contredire, mais il n'y prête pas attention. Pourtant y a ce truc désagréable dans sa poitrine, ce pincement discret mais bien là – parce qu'il ne l'a pas appris par elle mais par quelqu'un d'autre, parce qu'elle continue de taire les choses importantes alors qu'à une époque il avait l'impression qu'ils pouvaient tout se dire.

Qu'est-ce qui s'est passé, pour qu'ils n'arrivent même plus à se parler ?
C'est la question qui tourne en boucle dans sa tête, celle qu'il voudrait hurler à s'en péter les cordes vocales, pourtant c'est la seule qu'il ne prononce pas. Elle se perd dans le flot de ses autres interrogations, ça pleut encore et encore, il martèle Halina de ses mots avec une telle vigueur qu'il risque de la noyer, que lui-même a du mal à respirer. Elle se met à avancer vers les chevaux et il la suit machinalement, sans avoir à y penser, sans même s'en rendre compte. Il la suit et il continue comme s'il pouvait plus s'arrêter, comme si on venait d'ouvrir les vannes et qu'y avait plus moyen de les refermer, comme si un putain de barrage avait cédé. S'il s'arrête c'est seulement le temps de reprendre son souffle, et elle en profite pour répliquer. « Arrête un peu, Jax se barrera jamais d’ici. » Il se fige une seconde, la dévisageant d'un air un peu incrédule, parce qu'elle a l'air beaucoup trop sûre d'elle mais il l'est encore plus. Il sait ce que Jax a dit, ce que Jax semble vouloir – j'vais partir ça résonne encore dans sa boîte crânienne, il se rappelle de sa résignation, des mots qui sonnent trop vrai, qui tordent le bide et donnent envie de hurler. Le souvenir est encore vivace alors il sait qu'il a raison, et si elle réagit comme ça c'est soit qu'elle le couvre, soit qu'elle ne sait pas. Il préfère croire à la seconde option. « C'est ce qu'il veut faire. » Et rien que d'y penser, ça lui fait serrer les poings. « Il me l'a dit et j'te jure qu'il était sérieux. Il veut nous abandonner. » Il a l'impression qu'il arrivera jamais à le digérer. Que Jax s'en aille vraiment ou non, le mal est déjà fait.

Quand il recommence à parler à toute allure, c'est le bruit de la selle qui s'effondre sur le sable qui le rappelle à l'ordre. Il s'arrête, sa sœur qui lui fait face à nouveau, leurs regards qui entrent en collision. « Tu veux la liste des mecs que j’me suis tapé ? J’te préviens ça va être long, t’es sûr d’être prêt ? » Il peut pas s'empêcher de grimacer à cette idée, sourcils froncés et nez plissé, sa tête qui se secoue frénétiquement de gauche à droite comme s'il avait peur qu'elle continue sur sa lancée, qu'elle lui file la liste alors qu'il n'a aucune envie de savoir. « Arrête p'tain, t'es chiante. » On dirait un môme qui proteste, c'est ridicule.

Elle lui tourne le dos pour s'occuper des chevaux, et il a toujours cet air un peu trop juvénile placardé sur la tronche alors qu'il la regarde faire. Il n'a plus vingt-cinq ans il en a dix, et il comprend pas pourquoi sa sœur ne lui dit plus rien. « Tu me ferais le même sketch si tes copains t’avaient raconté que j’avais remis le couvert avec Fabio ou bien c’est juste parce que c’est Jax ? » Il voudrait rétorquer mais quand il ouvre la bouche rien ne vient, pas un son ne s'en échappe. Parce qu'au fond c'est vrai et une part de lui en a conscience, si c'était juste Fabio il aurait jamais eu une réaction aussi virulente, il aurait jamais pris ça autant à cœur. Mais là c'est Jax, c'est Halina, et tout est différent. « On s'en fout c'est pas de Fabio que j'te parle ! » C'est tout ce qu'il est capable de sortir. De toute façon, elle enchaîne si vite qu'il a pas le temps de chercher quelque chose à ajouter pour esquiver et noyer le poisson. « Oui, j’ai revu Jax, oui. Et qu’est-ce que tu vas faire de ça hein ? Tu vas nous balancer à papa pour qu’il lui casse la gueule à nouveau ? » Il écarte les bras sur les côtés dans un geste un peu trop théâtral, se penchant vers l'arrière avant de revenir droit. « Ben ouais, faut croire qu'il a toujours pas retenu la leçon ! J'vais m'faire un plaisir d'être le premier à apprendre cette super nouvelle à papa ! » Il joue la comédie mais ça sonne creux. Il sait qu'il ne le fera jamais, et il sait qu'elle sait aussi. Plutôt crever que de balancer.

« Maintenant ferme-la avant que quelqu’un nous entende, tu veux ? » Encore une fois elle fait volte-face et il est fatigué de la regarder s'activer auprès des chevaux, ses yeux qui suivent les mouvements mais il a le cerveau trop submergé par les émotions pour pouvoir traiter les informations qui arrivent de ses sens. Ça lui file le tournis de la voir faire et il en a marre, alors il avance jusqu'à elle dans de grandes enjambées pour saisir son bras et la forcer à se tourner vers lui à nouveau, son regard qui cherche le sien mais qui a du mal à se fixer. Il voudrait pouvoir s'accrocher à ses prunelles pour pas sombrer mais ça marche pas, ça marche plus – il a perdu son ancre et sans elle il se retrouve à dériver au large sans savoir comment rejoindre les côtes. « Tu sais c'que je veux ? Que tu me parles, putain ! » Il se fout de savoir qu'on pourrait les entendre, sa voix qui porte trop et son manque de discrétion habituel qui serait capable de rameuter tout le cirque en moins de cinq minutes. C'est pas important pour lui, pas là, pas maintenant. Tout ce qu'il veut, c'est pulvériser ce mur qui s'est érigé entre eux sans qu'il le voie venir, parce qu'il supporte plus de se le prendre dans la gueule. « Ça fait des mois que ça va pas et bizarrement c'est pile quand ça allait pas avec lui non plus. » Il a rien suivi mais il a la sensation que tout n'a fait que dégringoler encore et encore depuis la nuit où elle a failli le tuer sur la plage, alors il se dit qu'y a forcément un rapport, parce que si c'est pas ça il a aucune autre explication et il peut pas supporter l'idée d'être dans l'ignorance à ce point. « J'sais pas c'que vous glandez mais vous faites chier, ok ? Ça va encore partir en couille et tu recommenceras à t'isoler, c'est ça ? Puis t'façon ça sert à rien puisqu'il veut se barrer. Laisse-le. » S'il veut s'en aller, quel intérêt de retomber dans ses bras ? Il pige pas. Il a beau tourner la chose dans tous les sens ça n'en a aucun – jusqu'à ce que ça le frappe. « M'dis pas que tu veux partir avec lui ? » À cette idée il a le cœur serré, les tripes en vrac, un étau autour de la gorge. Il peut pas perdre deux piliers d'un coup, même si l'un d'eux s'est déjà salement effrité au fil du temps, même si l'autre s'est fissuré sans qu'il sache comment combler la brèche. Aussi abîmés qu'ils puissent être, aussi effilochés que soient leurs liens, il a besoin d'eux pour tenir debout.

Elle peut pas partir. Il veut pas y croire pourtant ça lui paraît évident, l'impression que c'est la seule chose logique qui découle de tout ça, la seule conclusion à laquelle il peut arriver avec le peu d'éléments qu'il a. Ça expliquerait pourquoi elle dit plus rien, pourquoi elle est si distante, pourquoi ils se comprennent plus. Ils peuvent pas communiquer si une part d'elle n'est déjà plus là. « Tu peux pas faire ça Hali si tu t'en vas tu sais que t'auras plus l'droit de revenir et tu seras morte pour moi bordel c'est des conneries. Pis t'façon il déraille faut pas le suivre j'te jure qu'il pète les plombs, je l'ai vu. » Le couteau, la menace à peine voilée. Bien sûr il l'a pas pris au sérieux – il sait que Jax pourrait jamais lui faire de mal, pas comme ça, mais le simple fait qu'il puisse le prétendre suffit à montrer à quel point il vrille. « J'vais vous foutre en cage tous les deux c'est bon. » Il a déjà essayé, littéralement. Il a pas la moindre envie de retenter l'expérience vu la façon dont ça s'est terminé avec Jax, mais il est tellement confus et désespéré qu'il serait prêt à tout. Convaincu d'avoir trouvé ce qui clochait, cette fois il a mis le doigt dessus, il en est sûr. Si y a un fossé entre eux, c'est parce qu'elle s'applique à le creuser elle-même.
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Halina Kida

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MessageSujet: Re: have i missed anything (zylina)   have i missed anything (zylina) EmptyMer 4 Avr - 11:47

Il me l'a dit et j'te jure qu'il était sérieux. Il veut nous abandonner. Mon coeur se resserre dans le fond de ma poitrine, l’onde glacée que cette simple phrase provoque en moi me paralyse une seconde, deux tout au plus. Je soupire bruyamment. Zyki ne sait rien. Et si Jax a un jour évoqué l’idée de nous abandonner, jamais il ne pourra le faire désormais. Je m’accroche à ces quelques particules de confiance qui me reste. Je sais que cette idée a traversé son esprit. Je sais qu’il a voulu partir, je l’ai vu s’éloigner, se lier avec des sédentaires, traîner la mine triste entre les caravanes, s’échapper quand il le pouvait. J’ai vu tout ça, pendant que j’essayais de sortir la tête de l’eau. Mais maintenant il est pieds et poings liés. Il peut pas partir sans me le dire, il peut pas partir tout court. Et l’idée qu’il planifie cet abandon en secret, ça me terrifie. Et si c’était Zyki qui avait la bonne version de l’histoire ? Non. Il part pas j’te dis, arrête maintenant. Je suis catégorique, parce que j’ai pas envie de penser à une trahison supposée. J’ai pas envie de virer paranoïaque, parce que Jax c’est le spécialiste pour tout rentre fou chaque petit atome qui me constitue. Alors je suis catégorique, et les sous-entendus sur ma prétendue liste interminable de conquêtes me donnent quelques minutes de répit, le temps que Zyki assimile l’information et ne m’offre sa plus belle grimace, à laquelle je répond par un sourire forcé sur fond d’un cynisme profond. Je me retourne pour éviter d’affronter son regard, j’ai peur qu’il n’en comprenne trop. Qu’il comprenne qu’entre Jax et moi y a quelque chose de si fort que rien ne pourra jamais nous séparer. Qu’il est ma priorité absolue maintenant, que j’ai partagé mon plus sale secret avec lui, que je lui ai fait promettre de réparer mon coeur en commettant l’irréparable. J’ai peur que tout ça éclatent sur ma rétine et que Zyki ne capte tout, par ses pupilles dilatées à l’extrême. La seule chose qui peut me rassurer c’est qu’il ne me balancera jamais. Pas de ça entre nous, on a été élevé dans la loyauté la plus pure, la plus littérale. Il n’osera pas, même s’il prétend le contraire, ce qui me fait rouler des yeux fatiguées. Ah tu veux jouer à ça gamin ? Cool et moi je pourrais être la première à lui dire que tu te défonces aux médocs. Même si, ça m’étonne qu’il ne l’ait pas encore remarqué lui-même. Je jette un coup d’oeil à Zyki, mes sourcils sont froncés. il veut parler de secret ? Parfait commençons par lui, la plus grande arnaque de l’univers. R’garde-toi, tu planes complètement. Que je fais remarquer, parce que même lui ne semble plus s’en rendre compte. Et pourtant j’le vois, l’éclat trop euphorique dans ses yeux, ses mains qui tremblent. Il ne suit pas son traitement, ça fait un bail que ça dure, j’le sais, il sait que j’le sais. Et pourtant, j’ai été clean avec lui : je n’ai rien fait contre son automédication de toxicomane. Rien, je l’ai laissé tranquille avec ses démons. Qu’il me laisse tranquille avec les miens. Ou alors, on pourrait tous les deux décider de la fermer, surtout que papa a d’autres choses en tête en ce moment que nos petits problèmes. Comme le fait que Ninel a disparu, enfin, par exemple. Cette fois mon regard se plante dans le sien quelques secondes, le temps de marteler l’information dans le fond de sa sale caboche d’enfant. Pas tellement fière d’utiliser ce drame pour ma cause, mais l’idée reste viable. Pourquoi il vient me faire chier à propos de Jax dans des circonstances pareilles, hein ?

Mais il n’arrête jamais Zyki, c’est bien ça son plus grand drame. Il ne veut rien entendre et m’agrippe le bras pour que je lui accorde enfin l’attention qu’il demande. Tu sais c'que je veux ? Que tu me parles, putain ! Ma mâchoire se contracte, mon bras brule sous la pression trop forte de ses doigts. Lâche-moi. Que je préviens une première fois, avec la voix qui tremble d’une émotion que je ne contrôle pas. Il n’écoute pas il s’enfonce, il continue, il parle trop vite. Ça fait des mois que ça va pas et bizarrement c'est pile quand ça allait pas avec lui non plus. Peut-être que ça semble logique vu de l’extérieur, j’en sais foutre rien. Pour moi, c’était le chaos, c’était la tempête. Tout a été ravagé, et je n’ai juste pas pu avoir le discernement nécessaire pour réfléchir. J’ai tout perdu dans cette bataille, chaque partie de moi a été touchée par la gangraine, tout s’est cassé la gueule. Et bizarrement, debout dans le néant, Jax a été le seul roc de mon existence. Même si on a passé des mois à ne plus se parler. L’amour qu’il a pour moi, que je ressentais malgré tout, a été ma seule bouée. J’accepte pas qu’il pense le contraire, et jamais je pourrais accepter cela. Mais pour le moment, tout ce que je sens, c’est la pression de sa main autour de mon bras. D’un mouvement brusque d’épaule je me dégage de son emprise et le pousse en arrière avec les maigres forces dont je dispose face à lui. Arrête ! Je lui demande une première fois, sans même savoir s’il m’a vraiment entendu ou pas, en tout cas il m’ignore. J'sais pas c'que vous glandez mais vous faites chier, ok ? Ça va encore partir en couille et tu recommenceras à t'isoler, c'est ça ? Puis t'façon ça sert à rien puisqu'il veut se barrer. Laisse-le. Je le regarde en clignant des yeux, je vois le film qu’il se fait défiler dans sa tête. Putain Zyki arrête ton cerveau qui tourne trop vite pour toi. T’y es pas du tout, arrête putain ! Ca ressemble presque à des suppliques, parce que je veux stopper la machine avant qu’il ne soit trop tard, qu’il se monte tout un truc dans sa tête sans que je ne puisse l’empêcher. Trop tard. M'dis pas que tu veux partir avec lui ? Je suis muette trois secondes de trop. Je répond pas assez vite, je suis bloquée et j’vois que ça brise quelque chose au fond de lui. J’ai la bouche entrouverte parce que j’ai envie de parler mais y a rien qui sort. Peut-être que j’peux pas mentir à Zyki sur ce sujet. Peut-être qu’au fond de moi, j’en ai envie, de partir. J’peux pas le rassurer parce que même moi je ne sais plus où j’en suis. j’ai envie parfois de tout quitter, recommencer à zéro, mais le cirque est bloquée en ville depuis trop longtemps maintenant, il a pris racine sur ce putain de terrain vague de Tybee Island et moi j’ai juste besoin de voir de nouveaux horizons. Besoin d’aller de l’avant. Avec Jax, c’est tout ce que je demande. Je secoue vivement la tête de gauche à droite pour me remettre les idées en places. Non, non, évidemment que non ! Que j’arrive enfin à formuler, tremblante d’hésitation. Mais ce n’est pas assez et Zyki est déjà en plein breakdown.

Tu peux pas faire ça Hali si tu t'en vas tu sais que t'auras plus l'droit de revenir et tu seras morte pour moi bordel c'est des conneries. Pis t'façon il déraille faut pas le suivre j'te jure qu'il pète les plombs, je l'ai vu. J’inspire profondément et me passe les mains sur le visage puis rejette mes cheveux en arrière. Je sens l’énervement monter, parce qu’il ne veut rien entendre. Rien de ce que je pourrais dire ne sera suffisant, parce qu’il s’est fait sa propre vérité. Je déteste avoir à faire à lui, surtout dans cet état, quand il devient sourd, quand il a trop de certitudes et que je sens que son système est en surchauffe totale. Zyki, tu te trompes j’te dis ! J’appuis chacun de mes mots mais ils ne veulent tout simplement pas s’imprimer. J'vais vous foutre en cage- MAIS FERME-LA ! J’le coupe en criant, et j’obtiens enfin deux secondes de silence. Tu sais rien du tout, RIEN. Jax n’a rien fait, rien ! Au contraire il… Il est prêt à tout pour moi ? même à tuer ? Je m’arrête au bon moment et ravale les secrets qui trainent au bout de mes lèvres. Je reprend mon souffle et recule d’un pas. Tu sais rien de ce qui m’arrive, et j’t’en parlerais pas. Fais-toi une raison. Mais si j’étais mal toute cette année, ça n’a pas le moindre putain de rapport avec Jax, compris ? Mes mots sont tranchants, trop même. Mais je dois mettre fin à cette conversation avant qu’elle ne dégénère. Mieux vaut lui faire un peu de mal comme ça que de bugger tous ses systèmes avec la vérité dégueulasse qu’il n’arrivera de toute façon pas à assimiler correctement. Si t’as envie de nous balancer à papa, fais-le, mais j’te préviens ça sera le meilleur moyen de nous faire partir tous les deux. Je menace de partir, pour la première fois de ma vie, j’évoque cette idée sans même le regretter et mon coeur se met à battre si fort que je l’entend résonner dans tout mon corps. Je croise mes bras, garde le menton haut, la mâchoire volontaire et le coeur en miettes.
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MessageSujet: Re: have i missed anything (zylina)   have i missed anything (zylina) EmptyMar 10 Avr - 11:27

« Il part pas j’te dis, arrête maintenant. » Elle insiste et s'enfonce dans ses convictions mais ils sont aussi bornés l'un que l'autre – elle veut pas croire ce qu'il dit il le sent, et lui aimerait la croire mais il y arrive pas. Pas avec ce qu'il sait, ce qu'il a vu, ce que Jax a dit. « MAIS TOI ARRÊTE ! Il est déjà plus là, t'es aveugle ? » Il est plus là depuis qu'il s'est mis à s'enfoncer dans ses travers, depuis qu'il passe plus de temps à l'extérieur du cirque qu'à leurs côtés, depuis que sa silhouette s'efface au milieu des sédentaires. Il est plus là et peut-être bien que cette idée le terrifie. Le fil s'est trop effiloché pour être réparé, tout ce qu'il peut faire maintenant c'est attendre qu'il rompe une bonne fois pour toutes et regarder Jax chuter. Y a pas d'autre option, il en est persuadé.

Ça le désespère de la voir le défendre comme ça, de la voir si près de lui et pourtant si loin. L'impression qu'il a beau tendre les doigts, la seule chose qu'il attrape c'est le vide. Alors il verse dans le théâtral, il menace de balancer comme s'il en était capable, comme s'il pouvait les vendre à leur père juste pour voir Jax se faire massacrer. Il le fera pas et elle le sait aussi bien que lui. « Cool et moi je pourrais être la première à lui dire que tu te défonces aux médocs. Même si, ça m’étonne qu’il ne l’ait pas encore remarqué lui-même. » Comme chaque fois qu'on mentionne sa prise de médicaments, il se tend d'la tête aux pieds. Sa mâchoire se contracte, son regard se fait plus sombre. « R’garde-toi, tu planes complètement. » Et peut-être qu'elle a raison pourtant il continue à être convaincu du contraire – il gère il gère il gère, tout va bien, tout est sous contrôle, il a pas besoin qu'on l'aide. Elle raconte n'importe quoi c'est elle qui déraille, c'est elle qui sait plus ce qu'elle dit ni ce qu'elle fait, c'est elle qui a besoin d'être remise dans le droit chemin. Il se le répète en boucle comme un mantra, c'est elle c'est juste elle, c'est pas moi. « J'plane pas. » C'est trop sec, il est sur la défensive. Il plane pas mais alors pourquoi le monde va trop vite pour lui ? Ou peut-être trop doucement d'ailleurs, à ce stade il n'arrive même plus à faire la différence. « À t'entendre on dirait que j'suis un toxico, arrête un peu ! » C'est elle qui se monte la tête toute seule c'est tout, elle s'imagine n'importe quoi. Mais si c'était le cas il aurait pas peur qu'elle en parle à leur père, s'il avait pas de problème il aurait rien à cacher. Elle a visé dans le mille, c'est juste qu'il est pas prêt à l'accepter, encore moins à l'assumer. « Ou alors, on pourrait tous les deux décider de la fermer, surtout que papa a d’autres choses en tête en ce moment que nos petits problèmes. Comme le fait que Ninel a disparu, enfin, par exemple. » Il se fige en entendant son prénom, sa gorge qui se noue et son cœur qui se contracte douloureusement. Ça fait des semaines qu'il la cherche, qu'il retourne toute la ville sans le moindre succès. C'est la goutte de trop et il déraille – il croit la voir partout mais elle n'est jamais nulle part. Il fait n'importe quoi dans l'fond il en a conscience, mais il s'en fout, tout ce qu'il veut c'est que Ninel soit retrouvée. Alors elle a pas le droit de lui balancer ça à la gueule, pas quand ça sonne comme un reproche, pas quand elle semble dire qu'il se concentre sur des choses futiles plutôt que sur la gamine qui manque à l'appel. « J'la cherche j'te signale et j'ai failli la trouver mais c'était pas la bonne pis il a fallu l'assommer cette cruche mais J'LA CHERCHE ! » Il respire même pas entre les mots et il fait pas attention à ce qu'il dit, les informations qu'il laisse filtrer et qui sonnent presque banales entre ses lèvres. « Et j'suis pas là pour parler de ça. » Elle essaie de détourner son attention et ça a marché le temps d'une seconde, mais le sujet est trop important pour qu'il puisse le balayer comme le reste. Il a besoin de savoir ce qui n'va pas, et il partira pas tant qu'il aura pas eu de réponse.

C'est p't'être pour ça qu'il commence à perdre pied, qu'il agrippe son bras sans réaliser qu'il serre avec la force des désespérés – on dirait un putain de naufragé qui s'accroche à sa bouée. « Lâche-moi. » Il entend mais n'écoute pas, trop occupé à parler, parler encore, toujours trop vite. Elle finit par lui échapper et ça devrait pas faire si mal, pourtant y a ses doigts qui brûlent dans le vide. Elle le pousse et il se laisse faire, recule de deux pas pour mieux revenir à la charge ensuite. Il n'écoute pas ses protestations, la machine peut plus s'arrêter, lancée à grande vitesse et vouée à s'écraser contre un mur. C'est la sensation que ça fait, quand il comprend, quand toutes les pièces du puzzle s'assemblent à la perfection dans sa tête. Elle veut partir, il voit que ça, c'est la seule chose qui a du sens, c'est la seule explication qui relie tous les éléments qu'il a récoltés. Elle veut partir elle veut les laisser, le laisser et pendant quelques secondes il n'arrive plus à respirer.

Il est là, le mur. Sa carcasse qui s'écrase contre lui et dans sa boîte crânienne c'est un fracas assourdissant, c'est sa tête qui explose et ses os en miettes ou peut-être que c'est juste son cœur, y a des morceaux partout et il a l'impression qu'il pourra jamais tout ramasser.

Ses yeux dans les siens sont suppliants. Réponds Hali, dis moi qu'c'est pas vrai, dis-moi qu'tu vas pas m'abandonner. Il attend. Il attend mais rien ne vient, y a trois secondes de battement mais c'est trois secondes de trop. C'est qu'elle hésite ou qu'elle ment. « Non, non, évidemment que non ! » Il la croit pas et ça fait un mal de chien. Y a un voile qui passe sur ses yeux – il la regarde comme si elle était une étrangère, il la regarde comme il regarde leur mère. Mais ça disparaît aussi vite que c'est venu parce qu'elle est là, elle est toujours là alors il peut encore la retenir, c'est pas trop tard. Sa voix qui trahit sa détresse quand il recommence à parler à toute allure, quand il essaie de dénigrer Jax parce qu'il est à court d'arguments, parce qu'il sait pas comment l'empêcher de partir si elle ne veut même plus attraper la main qu'il lui tend. Elle s'agace mais il voit rien, plus rien, trop enfermé dans sa bulle de panique, dans toutes les histoires qu'il se monte et qui se mélangent. Il imagine le cirque sans Halina sans Jax sans tout ce avec quoi il s'est bâti, c'est son monde qui s'écroule et il a les doigts qui tremblent. Y a comme un bourdonnement à ses oreilles, il n'entend pas Halina lui dire qu'il se trompe, il ne l'entend plus du tout et on dirait qu'il la voit plus, qu'il regarde à travers. Comme si elle était déjà plus là – l'écho avec ses mots sur Jax est trop ironique, le parallèle lui donne envie de rire ou peut-être de pleurer, tout est confus alors il reste bloqué. Y a un bug dans la matrice et il est complètement ailleurs, les mots qui continuent de couler entre ses lèvres sans qu'il s'en rende compte, il est loin. Trop loin.

« MAIS FERME-LA ! » Il s'arrête. Ses yeux qui se posent sur elle comme s'il avait oublié qu'elle était là, il a l'air complètement perdu. « Tu sais rien du tout, RIEN. Jax n’a rien fait, rien ! Au contraire il... » Il attend une suite qui ne vient pas, ne viendra peut-être jamais. Des secrets toujours des secrets et il se demande combien de choses ils se sont caché depuis qu'ils se sont éloignés, combien de choses ont été passées sous ce silence qu'il ne supporte plus. « Tu sais rien de ce qui m’arrive, et j’t’en parlerais pas. Fais-toi une raison. Mais si j’étais mal toute cette année, ça n’a pas le moindre putain de rapport avec Jax, compris ? » Chaque mot est une lame enfoncée dans son myocarde, elle l'assassine sans hésiter, sans même ciller. Il ouvre la bouche et la referme, sans trouver quoi répondre. C'est dur de parler quand on se fait poignarder. « Si t’as envie de nous balancer à papa, fais-le, mais j’te préviens ça sera le meilleur moyen de nous faire partir tous les deux. » Et voilà – le coup final, l'apothéose. Touché coulé elle a gagné, mais pourquoi il a l'impression qu'ils vont tous les deux se noyer ? « Non. » C'est catégorique, ça laisse pas la place aux protestations. « Vous partirez pas. » Et s'il doit les foutre en cage pour les en empêcher il le fera, il rigolait pas. De toute façon il voit plus d'autre solution, que ce soit Jax ou Halina aucun ne l'écoute, aucun ne lui parle. La communication s'est rompue et quand il essaie de la rétablir y a trop de grésillements sur la fréquence, ils ne sont plus sur la même. Pour Jax il sait pourquoi, ça fait des années il s'y est habitué. Pour Halina c'est nouveau et il peut pas digérer, ça fait trop mal. Il peut pas la laisser bâtir un tel mur entre elle et lui.

« Pourquoi tu veux pas m'parler ? » Ses yeux se mettent à fouiller les siens frénétiquement mais il ne trouve ni réponse ni solution, rien pour l'aider à combler les brèches qui se sont creusées. « Si c'est pas Jax c'est quoi ? Hein ? C'est quoi qui t'rend comme ça ? DIS-MOI ! » Il voudrait la secouer mais il se contente de tourner en rond, trop agité, sa nervosité qui emplit tout l'espace et qui semble même contaminer les chevaux petit à petit. Ses mains qui passent sur son visage et dans ses cheveux avant de partir dans des grands gestes pour accompagner chacun de ses mots. « J'ai l'impression que j'te connais même plus c'est n'importe quoi Hali ! Tu m'dis que dalle et tu m'mens et j'comprends pas pourquoi bordel, j'ai fait quoi ? » Il a beau réfléchir et tout retourner dans sa tête, il trouve pas le moment où tout s'est cassé la gueule. Il trouve pas quel plomb a tout fait sauter. « Si c'est pas Jax j'vois pas pourquoi tu veux pas m'dire alors j'suis sûr qu'c'est lui. Tu l'protèges c'est ça ? » Il voit que ça, il est pas habitué à ce qu'elle lui cache des choses, surtout quand elles sont si importantes. Si elle dit rien c'est qu'y a une raison, c'est qu'elle veut pas que tout explose alors ça lui paraît logique. C'est Jax et elle refuse de parler pour le protéger. « Il a fait quoi ? » Jax déraille alors tout se tient à ses yeux, c'est qu'il a merdé et qu'elle est au courant de quelque chose, c'est sûrement un truc moche ou grave ou les deux justement. Y a tout un tas d'hypothèses qui se montent et se mélangent c'est le chaos, il n'arrive plus à y voir clair et il sait plus quoi penser, il sait plus ce qu'il doit croire quand on le garde à l'écart comme ça, quand il les voit s'effondrer alors qu'il aimait les penser inébranlables. « J'veux savoir. » Il insiste encore et encore, s'approche brusquement d'elle pour planter ses prunelles dans les siennes, ses mains qui viennent attraper ses épaules pour l'empêcher de lui échapper encore une fois. Il repense à Jax et à ce qu'il sait, ce qu'il a vu, le couteau dans sa poche et les gens contre qui il s'en sert, la menace qu'il a lancée et l'ombre qui prend trop de place dans ses yeux. Jax déraille et soudain lui aussi. « Il a pété les plombs ? T'étais là ? Il a fait quoi, il s'en est pris à toi ? C'est ça, c'est pour ça qu'tu veux rien dire ? C'est ça ? » Et dans l'fond il sait que ça n'a aucun sens, il sait que Jax ne s'en prendrait jamais à Halina, pas plus qu'il ne s'en prendrait à lui. Mais il est dans le flou total et son esprit tourne à l'envers avec une telle force que tout peut lui paraître plausible, même la plus insensée des hypothèses. « Hali ? C'est ça ? RÉPONDS ! IL T'A FAIT QUOI HEIN ? PUTAIN MAIS DIS-MOI ! » Il continue de la tenir et de la fixer comme si tout allait pouvoir se lire dans ses yeux, comme si la clé se trouvait là. Il veut savoir ce qui se passe dans sa tête alors qu'il n'est plus capable de faire le tri dans la sienne.
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Halina Kida

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MessageSujet: Re: have i missed anything (zylina)   have i missed anything (zylina) EmptyJeu 19 Avr - 15:03

J'plane pas. Bien sûr que si, il plane. J’le connais. Mieux qu’il ne se connait lui même. À travers le prisme déformant des médocs qu’il avale comme des bonbons, il ne se rend même plus compte de l’état dans lequel il est. Y a que moi pour percer à jour ses pupilles explosés et ses gestes imprécis. Que moi pour m’en rendre compte et choisir de l’ignorer, respecter sa volonté, surveiller sans interférer. Je ne réponds rien, pas convaincue par sa défense pourrie, de toute façon il ne cherche même pas à me convaincre moi. Il se parle à lui-même. À t'entendre on dirait que j'suis un toxico, arrête un peu ! Si, c’est c’que t’es Zyki. Alors avant d’me faire chier, règle tes propres problèmes, tu veux ? La meilleure défense, c’est l’attaque. Papa nous a appris ça, à chacun d’entre nous. Et j’évite comme je peux le sujet qui m’oppresse, quitte à décôcher des coups-bas. Sa prise de médicaments, Ninel. Tous les coups sont permis pour protéger notre sale secret avec Jax. Tous, pour enfin le faire taire et m’échapper loin d’ici. Et Zyki recommence, il monte trop vite en pression, me balance des tas d’inepsies qui n’ont aucun sens. Quoi c’est quoi cette histoire de nana qu’il a prise pour Ninel ? J’essaie de le suivre mais il va trop vite pour moi. Il va trop vite pour le reste du monde. J’essaie de lui couper la parole, rien à faire, il clos la discussion avant même qu’il y ait vraiment eu une discussion.

Et tout s’enchaîne beaucoup trop vite, sans même que je ne comprenne comment l’escalade a été aussi fulgurante. Mes trois secondes d’hésitation ont créé une déflagration en lui à laquelle je ne m’attendais même pas. Et je sais pertinemment que peu importe ce que je pourrais dire ensuite, tout est déjà fichu. Il ne m’écoute plus, il ne me voit même plus. Il est complètement en état de choc et ça m’écrase le coeur de le voir comme ça. Ca m’écrase le coeur parce que je n’ai appris que deux choses dans ma vie : ta famille passera toujours avant le reste, et faut te battre pour te faire entendre. Les deux grandes leçons de vie, celles qu’on a tous eux. J’ai pas fait passer ma famille avant le reste. J’ai arrêté de me battre depuis longtemps, vaincue par K.O. J’ai tout renié. J’ai renié ma famille, j’ai renié Zyki. Et j’aimerais lui expliquer, tenter de le faire comprendre, mais je ne peux pas. Je suis bloquée et lui n’écoute plus. Il n’a pas envie de comprendre je l’ai déçue une fois de trop, j’le comprend bien. Putain ça fait un mal de chien. Et quand il reprend ses explications incohérentes, quand il recommence à parler c’est pour tout mettre sur le dos de Jax. Parce que ça l’arrange de penser que je me suis laissée détruire par lui. Ca l’arrange de le détester et de ne pas voir plus loin. Ça l’arrange que ça soit Jax qui m’entraîne. Parce que si c’est de sa faute à lui, ce n’est pas moi qui l’abandonne, c’est Jax qui m’a volée. J’suis comme une putain de collégienne qui tente de défendre son crush. J’y mets toutes mes tripes, persuadée que si j’arrive à lui faire comprendre qu’il est innocent ça réglera tout. Il se calmera. Mais j’ai perdu l’habitude. Je sais même plus comment calmer mon frère, mon satané grand frère. Le gouffre qui nous sépare est tellement immense que je me demande comment on peut s’entendre, d’un côté et de l’autre. Et même si la solution est toute trouvée, je m’y refuse encore. Alors ça monte, encore et encore. Le ton monte et lui, y a tous ses systèmes qui se mettent à surchauffer. Non. Vous partirez pas. Je ne cherche même pas à le reprendre là-dessus, de toute façon il enchaine le premier. Pourquoi tu veux pas m'parler ? Je soupire bruyamment, j’me rends compte que je suis en train de trembler de tout mon être. Il fait bugger mes circuits lui aussi. Si c'est pas Jax c'est quoi ? Hein ? C'est quoi qui t'rend comme ça ? DIS-MOI ! Je trésaille quand il se met à hurler, comme si je n’étais pas déjà habituée. Je suis figée, terrifiée par ce qui pourrait se passer. C’est pas pour moi que j’ai peur, c’est pour lui, j’ai l’impression qu’il va finir par s’écrouler, que son coeur va exploser, que son cerveau va planter. J’le regarde, essouflée par ce trop plein d’émotion qui me submerge tout à coup et j’ai la bouche entrouverte mais y a rien qui sort. J’suis dépassée tout simplement. Dépassée par son inquiétude, dépassée par son désespoir et cette façon qu’il a de se battre de la mauvaise manière pour se rassurer. J'ai l'impression que j'te connais même plus c'est n'importe quoi Hali ! Tu m'dis que dalle et tu m'mens et j'comprends pas pourquoi bordel, j'ai fait quoi ? J’ai envie de chialer. Vraiment. Je m’enfouis le visage dans mes deux mains, je tremble tellement sur place que mes chevaux commencent à réagir, à hénir, s’impatienter. Ils sentent quand je vais mal, et ils n’aiment pas tellement les cris de détraqué que Zyki m’envoie en pleine tronche. Je sais plus quoi faire pour m’en sortir, je sais plus quoi faire pour désamorcer la bombe qui va bientôt m’exploser à la gueule. Je sais même pas quoi répondre. Si c'est pas Jax j'vois pas pourquoi tu veux pas m'dire alors j'suis sûr qu'c'est lui. Tu l'protèges c'est ça ? J’envoie mes cheveux en arrière et tente de reprendre mon souffle, impossible, Zyki est déjà repartie de plus belle : Arrête, tais-toi bon sang.. arrête ! Je le supplie presque, étranglée par toute cette putain de situation. Et il continue, il enchaîne les questions, encore et encore, il n’arrête jamais. C’est comme s’il me maintenait la tête sous l’eau sans me laisser reprendre mon souffle, j’angoisse de plus en plus. Il a pété les plombs ? T'étais là ? Il a fait quoi, il s'en est pris à toi ? C'est ça, c'est pour ça qu'tu veux rien dire ? C'est ça ? NON ! Que j’gueule d’un coup. NON ! Comment il peut croire un truc pareil ? Jax, c’était son meilleur ami il n’y a encore pas si longtemps, c’est toujours son meilleur ami, j’arrive pas à croire le contraire de toute façon. Comment il peut se dire que c’est Jax qui m’a souillée ? Comment il peut ne serait-ce que le penser un tiers de seconde ? Je ne trouve la force de me battre que pour défendre l’honneur de Jax et son cul par la même occasion. parce qu’il va le détruire si un seul doute persiste. Si j’avorte pas tout de suite les films qu’il se fait dans la tête, son prochain arrêt ça sera la caravane de Jax et il obtiendra les réponses qu’il veut, par un moyen ou par un autre. Je sais que quand il est dans cet état ce n’est même pas la peine de vouloir parler avec lui. Faut que j’trouve une solution. Faut que j’le calme. Faut que j’dise quelque chose n’importe quoi, n’importe quoi. Mais il hurle si fort que je ne m’entends même plus penser. Hali ? C'est ça ? RÉPONDS ! IL T'A FAIT QUOI HEIN ? PUTAIN MAIS DIS-MOI ! J’ME SUIS FAITE VIOLÉE ! J’ai crié plus fort que lui, si fort que j’ai presque peur qu’on m’ait entendu, à l’extérieur du chapiteau. Le silence assourdissant qui suit est bien pire que nos cris mêlés l’un à l’autre. Je reste là, la bouche entrouverte, lui aussi. On se regarde sans trop savoir si ça s’est vraiment passé, si j’ai vraiment lâché ce secret sordide, là, d’un coup. Je fais un pas en arrière, je ferme soudainement la bouche et avale ma salive, ma gorge est si nouée que j’ai l’impression qu’on m’étrangle. La pression retombe tout doucement. Un mec m’a violé l’année dernière, c’est ça qui s’est passé. J’ai la voix brisée tout autant que je le suis. Je tremble, c’est comme si on venait de m’injecter de l’anesthésiant et que je ne sentais plus rien, comme si on m’avait droguée. J’ai la tête tellement lourde que j’ai l’impression que je vais m’écrouler d’une seconde à l’autre et mes yeux se remplissent de larmes que je retiens avec les dernières forces qu’il me reste. Voilà, t’es au courant maintenant, t’es content ? Je lui balance ça d’un air acerbe, je le déteste là, maintenant. Je le hais du plus profond de moi de m’avoir poussé à bout, de m’avoir arraché mon secret au fond de mes tripes et de l’éparpiller là, sur le sol entre nous. J’ai pété le secret une deuxième fois, et j’me sens tout aussi dégueulasse que quand j’ai dû l’avouer à Jax. Non, pire en fait. Au fond d’moi, j’savais que Jax encaisserait. Là, j’ai l’impression que j’viens de tirer une balle dans la tête de mon frère et qu’il pourra jamais plus me regarder autrement qu’avec cet air assommé qu’il a, là. Je fais encore un pas en arrière, pas assez solide pour supporter tout ça. Maintenant fous-moi la paix. Que je crache avant de me retourner et de faire quelques pas vers la sortie. J’ai attendu d’avoir le dos tourné pour me mettre à pleurer, parce que chez les Kida, on ne montre pas ses faiblesses, jamais.
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MessageSujet: Re: have i missed anything (zylina)   have i missed anything (zylina) EmptyDim 22 Avr - 16:28

« Si, c’est c’que t’es Zyki. Alors avant d’me faire chier, règle tes propres problèmes, tu veux ? » Il se met à secouer la tête de gauche à droite frénétiquement, comme un refus catégorique de tout ce qu'Halina peut bien lui dire, comme pour signifier à quel point il la pense dans le faux. Y a pas de problème à régler. Y a pas de réponse à donner. Y a rien d'autre qu'un déni si profond que ça engloutit tout le reste, avec plus de ferveur que le néant. Il balaie tout d'un grand geste du bras, et aussi simplement que ça, ça n'existe plus. Y a rien. Tout va bien.

Pourtant c'est tout le reste qui dégénère, parce qu'Halina ne parle pas, parce qu'elle ne veut rien lui dire et que ça le pousse au bord du gouffre. Il a besoin de savoir, de comprendre, et il ne lâchera rien tant qu'elle n'aura pas cédé. Alors il insiste et tant pis s'ils se font du mal, tant pis si elle le poignarde trop facilement, tant pis s'il perd pied. À trop garder le silence elle n'arrange rien – il tire ses propres conclusions du peu d'éléments qu'il a réussi à assembler et le résultat est moche, douloureux. Elle veut s'en aller c'est la seule explication, elle va se barrer et Jax aussi et cette idée suffit à le terrifier. Il n'arrive plus à la croire quand elle nie, il n'arrive plus à la comprendre. Il a l'impression qu'ils se tiennent chacun au bord d'une falaise et y a pas de pont pour les relier, rien pour les aider à se rejoindre. Tout ce qu'ils peuvent faire c'est rester comme ça ou sauter dans le vide pour se crasher ensemble, y a pas d'entre-deux, pas de filet de sécurité.

Alors il saute.

Ses neurones qui s'emmêlent et les mots qui fusent plus vite que ses pensées, au fond il croit même pas à tout ce qu'il avance mais c'est la seule chose qu'il a, alors il s'y raccroche furieusement. Jax désigné coupable d'office, Jax sur le banc des accusés puisque dans sa tête tout pointe dans sa direction, c'est la seule constante, la seule chose à la portée de sa compréhension. C'est Jax et tant pis si ce qu'il dit n'a aucun sens. « Arrête, tais-toi bon sang.. arrête ! » Il peut pas. Il a mis le doigt dans l'engrenage et il s'est fait happer, la machine de son propre esprit est en train d'le broyer. Il n'écoute pas les protestations d'Halina, son « NON ! » sonne trop lointain quand elle essaie de défendre Jax. Il ne la voit pas trembler, ne perçoit pas le trouble des chevaux – il ne capte plus rien, cervelle focalisée sur ses convictions erronées, système en train de surchauffer. Il enchaîne encore et encore il n'arrive même plus à respirer entre les mots, il tourne comme un lion en cage, beugle sans même s'en rendre compte, le ton qui monte comme son rythme cardiaque, sa pression sanguine. Cocotte-minute qui siffle et siffle encore, s'il ne relâche pas la pression sa tête va exploser. Il perd pied, il crie, il a besoin de savoir, besoin qu'elle réponde.

Elle se met à crier plus fort que lui. « J’ME SUIS FAITE VIOLER ! » Arrêt sur image. Il est figé d'la tête aux pieds et c'est pas normal – Zyki n'est jamais immobile, jamais. Y a toujours un spasme nerveux, un mouvement de pied ou de sourcil, toujours quelque chose qui tressaute. Mais là, il ne bouge plus. Dehors, c'est le calme plat. Le silence qui les enveloppe, Zyki statue, l'air en suspens.

Dedans, c'est le chaos.

Y a les questions qui se bousculent sans qu'il soit capable de les poser, ses lèvres qui refusent d'articuler quoi que ce soit. Y a la confusion l'incompréhension le doute – pourquoi il n'a rien vu pourquoi elle n'a rien dit pourquoi il ne l'a pas senti ? La fureur, brûlante, dévastatrice, torrent de lave dans ses veines, ça crame son système nerveux et calcine les connexions dans son cerveau. La tristesse s'y mêle et submerge son myocarde, remplit ses poumons, il se noie dans les remords les regrets, Halina a été brisée et il était même pas là. La révolte comme une tempête, les bourrasques qui secouent ses tripes et le font tanguer, l'œil de la tornade dans ses entrailles et il a le tournis, l'estomac retourné, la nausée. Les émotions sont trop nombreuses elles se mélangent, il est désemparé, bras ballants contre ses flancs, yeux dans le vide. Ça l'assaille de tous les côtés, ça le détruit de l'intérieur, les flammes les vagues les rafales, c'est trop pour un seul homme, trop pour lui. Il n'arrive pas à tout assimiler, il suffoque, son corps menace de lâcher et son esprit est au bord de la rupture.

Shutdown.

Son cerveau coupe les vannes, tout s'arrête. La machine en stand-by, tous les plombs ont sauté pour empêcher l'implosion. « Un mec m’a violée l’année dernière, c’est ça qui s’est passé. » Son corps abandonne le front à son tour, ses jambes qui n'le portent plus, il se laisse mollement tomber au sol, assis dans la terre comme un pantin désarticulé. Elle parle mais il n'entend plus, un bourdonnement à ses oreilles, le vide qui se fait dans sa tête. La seule chose qui résonne en échos c'est le cri d'Halina, j'me suis faite violer encore encore encore ça se heurte aux parois de sa boîte crânienne et ça se multiplie, ça hurle un peu plus fort chaque fois. Il essaie de rejouer les images de cette dernière année, de comprendre à quel moment ça a merdé, à quel moment elle a été fracassée sans que personne ne s'en rende compte. Il essaie mais il n'y arrive pas – sa mémoire ne coopère pas, sa tête est verrouillée, son inconscient a pris le dessus pour le protéger. Il ne reste qu'un petit bout de lui aux commandes, trop petit pour remplir toute cette grande carcasse qui a soudain l'air vide. Il la regarde sans la voir, à peine capable de capter qu'elle lui tourne le dos, qu'elle est en train de s'éloigner. « C'est qui ? » Il ne reconnaît pas sa propre voix, trop fade, trop monotone. Trop morte.

Il lève les yeux vers elle pourtant on dirait qu'il regarde à travers, comme si elle n'était qu'un spectre, fantôme de sa sœur. Comme s'il était là sans l'être, coincé quelque part dans les limbes, un pied dans la réalité mais l'autre dans le néant. « Tu l'connais ? Son nom ? Sa tête ? Où le trouver ? » Il n'est même pas en mesure d'articuler des phrases complètes, comme s'il en avait oublié la moitié de son vocabulaire. Il passe d'un extrême à l'autre – des longs discours sans pause pour respirer, il passe aux mots-clés, à peine quelques syllabes pour communiquer. « J'vais l'avoir. » Lentement il se redresse, se remet droit sur ses deux pieds. Pourtant on dirait qu'il tangue, que le moindre coup de vent pourrait suffire à le faire s'écrouler. Il s'approche d'elle, le pas mal assuré, comme s'il avait même oublié comment marcher. « Promis Hali. » Il hoche le menton mais il ne la regarde même plus, les yeux fixés sur un point imaginaire, à s'adresser à elle alors qu'on dirait qu'il parle dans le vide. Il a les yeux un peu trop écarquillés, les gestes désarticulés comme si son corps n'était plus vraiment le sien, ses lèvres qui continuent de se mouvoir sans qu'aucun son n'en sorte, des promesses mimées en continu sans qu'il soit capable de faire vibrer ses cordes vocales pour les faire entendre.

Y a une fracture qui s'est faite en lui, son esprit obligé de se scinder pour survivre, pour ne pas sombrer complètement. Le temps d'assimiler, d'enregistrer, de se faire à l'idée que sa sœur a été brisée. Une part de lui qui s'est retranchée loin, au fond de lui-même, hors de portée. C'est trop violent pour qu'il puisse encaisser.

Ses mains attrapent finalement celles d'Halina et il serre, il serre de toutes ses forces quitte à lui broyer les doigts entre les siens. Il serre parce qu'il sait pas comment lui dire autrement qu'il est là, qu'il la lâchera pas. Plus jamais.
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Halina Kida

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MessageSujet: Re: have i missed anything (zylina)   have i missed anything (zylina) EmptyMer 16 Mai - 8:43

C'est qui ? Je m’arrête net, là, à quelques mètres de lui, de dos. Je ne veux plus le voir. Je ne supporte pas de le voir comme ça. Zyki, étoile filante qui perce le ciel de son aura radioactive et solaire, Zyki et son sourire qui arrive jusqu’aux oreilles, son euphorie excessive et ses grands gestes désordonnés. Tout ça a disparu quand j’ai crié plus fort que lui, quand j’ai avoué la vérité. J’entends sa voix monocorde, sa voix sans aucune intention, parce que tout a éclaté et qu’il n’y a plus de place ni pour l’hystérie ni pour les cris. Juste un grand vide. J’ai l’impression dégueulasse que j’ai beau être une victime, j’suis aussi un bourreau. J’détruis tout ceux qui se trouve autour de moi. Je leur fais trop de mal à m’être fait salement avoir. Et si je pouvais retourner en arrière, c’est sûr que je ferais tout différemment. Quand je fais le chemin inverse, quand j’y repense. J’aurais pas dû contacter JJ, pas dû plaisanter avec lui dans ce bar, pas dû m’isoler avec lui, renverser ma bière sur mon décolleté, me changer devant lui. Tout ça je l’ai cherché, tout ça était mes faits, mes gestes, mes choix. Tous plus mauvais les uns que les autres. Et par cette succession de mauvaises décisions, il a fini par péter une durite. Ses cris, ses mains, son corps qui entre en collision contre le mien. Je suis victime et coupable à la fois. J’ai brisé mon frère, pas JJ, moi. Quand j’ai avoué, quand j’ai craqué. Alors je m’arrête de marcher, à bout de force, je reste dos à lui pour essuyer d’un revers de manche les larmes qui coulent le long de mon visage et je ne répond rien. J’entends le souffle court de Zyki dans mon dos, j’entends son agonie comme si c’était la mienne. Pourquoi j’ai pas été fichue de me taire, une fois encore ? Tu l'connais ? Son nom ? Sa tête ? Où le trouver ? Ma gorge se noue. Il n’hésite même pas, digne fils à papa. Défendre sa famille, se venger, tout ça est inscrit dans notre ADN, et aucun doute que je ferais la même chose à sa place, du haut de mon mètre soixante et avec ma patte folle. Rien à foutre, j’égorgerais tout ceux qui toucheront à l’un de ses cheveux. Et pourtant ça ne m’émeut pas, ça ne me remplit pas d’une sécurité infinie, ça ne m’aide pas à aller mieux. J’étais sensée oublier. J’étais sensée faire comme si rien ne s’était passé. Le plan déconne, vraisemblablement. Je soupire longuement et me retourne vers lui, il est par terre sur le sable. Je fronce les sourcils, l’âme écorchée de le voir ainsi, l’air abattu. Laisse tomber Zyki. Que j’expire sans force. Mais ça serait mal le connaître. Quand il a une idée derrière la tête, personne ne peut lui arracher. Et je sais que j’ai fais la connerie de trop en lui parlant.

Il se redresse mon héros, avec toute la force d’esprit qui lui reste. Et je le regarde de loin sans oser faire le moindre mouvement. J’ai peur qu’il s’écroule à nouveau si je parle. J’ai peur de me mettre à chialer si je bouge. Et alors que nos corps sont de plus en plus proches à chaque pas qu’il fait, j’ai l’impression de le perdre, de le voir dévaler dans le néant. Et j’peux rien faire par le rattraper. J’ai pas de force, j’en ai plus. J’ai pas les mots. Je sais pas quoi faire pour le calmer. Je sais pas quoi faire pour remettre en route la machine. J'vais l'avoir. Je ferme les yeux une seconde. J’voudrais lui dire que c’est Jax qui l’aura, qu’il m’a déjà promis sa tête. J’aimerais lui dire mais je ne peux pas. Je tente de réfléchir mais mes pensées s’embrouillent. Si j’dis rien à Zyki, ça le rendra fou, si je lui dis quoi que ce soit il risque de commettre l’irréparable. Et si je sais que Jax pourrait encaisser, je sais aussi que Zyki lui, ne le pourra jamais. C’est triste hein ? J’ai aucun problème à faire de Jax un meurtrier, mais mon satané frère j’en suis incapable. Et pourtant je tente même pas de le contredire, je me contente de fixer le vide. On est face à face sans se voir, comme si c’était impossible maintenant. Et j’ai l’impression que ça ne sera plus jamais possible. Promis Hali. Je craque et brise cette glace entre nous, ce mur qui s’est dressé. Je tend une main vers lui, celle qui fonctionne correctement et je caresse sa joue lisse d’angoisse. Je fais un sourire tordu. C’était un copain à moi, un irlandais d’Historic District. Que je souffle doucement, sans réfléchir aux conséquences atroces de chaque mot que je prononce. Je sens son corps qui se déforme dès que j’ouvre la bouche, comme si le simple fait de m’entendre lui filait des allergies. J’suis devenue tellement contagieuse que j’ai foutu en l’air ma personne préférée sur terre. J’ai fait imploser mon soleil. Soudain tout semble plus sombre. Jamais je ne me pardonnerai. J’veux pas de tes promesses, et j’veux pas de ta vengeance. Je souffle doucement, comme une mère, comme une soeur que j’ai cessé d’être depuis trop longtemps maintenant. J’ai pas confiance en Zyki pour gérer cette affaire, j’peux pas avoir confiance en lui sur ce coup-là. J’pourrais dire n’importe quoi ça n’arrangera jamais rien, les dégâts ont déjà tout ravagé et l’idée de me venger s’est infiltré trop fort dans ses circuits. Il attrape mes mains, je sens la pression sur l’une, et une sorte de douleur fantôme sur l’autre. Il sert si fort, comme pour essayer de se prouver que je suis bien là, physiquement. Que je suis encore dans le même monde. Je ferme les yeux pour ravaler mes larmes, je refuse de pleurer devant lui. Ca fait un an que j’essaie d’accepter ce qui s’est passé, un an. Lui tout vient de se casser la gueule. J’ai pas le droit de pleurer devant lui. J’suis tellement désolée Zyki… Désolée d’avoir laissé JJ nous foutre en l’air. tous. Je comprend même pas que j’ai balancé son prénom. Je comprend même pas ce que je dis à l’heure actuelle. La seconde d’après je m’effondre dans les bras protecteurs de mon frère, sans savoir qui retient l’autre de sombrer.
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MessageSujet: Re: have i missed anything (zylina)   have i missed anything (zylina) EmptySam 19 Mai - 16:06

« Laisse tomber Zyki. » Il le fera pas et elle le sait. Il sait qu'elle sait. Elle peut pas lui demander ça et il peut pas l'écouter, il peut pas prendre ses mots au sérieux. Ça sonne creux, ça sonne faux, c'est balayé du revers de la main. Quelqu'un l'a brisée et ce qui lui fait peur c'est de n'pas savoir en combien de morceaux, où les trouver, par où commencer pour les recoller. Cette fois il est face à quelque chose qu'il n'est pas sûr de savoir réparer et ça lui fait perdre tous ses moyens, c'est tellement douloureux qu'il en devient anesthésié. Figé, amorphe, il n'est plus capable de fonctionner. L'impression de n'plus la voir alors qu'il approche et il sait pas si c'est parce que la brèche en elle est trop grande ou parce qu'il est en train de s'effacer, il sait pas lequel des deux n'est plus ancré dans la réalité. Peut-être l'un autant que l'autre. Peut-être qu'ils sombrent.

La main d'Halina sur sa joue est froide ou peut-être que c'est lui qui est en surchauffe, peut-être que tout son corps fournit trop d'efforts pour garder la machine sous contrôle, pour enfermer son esprit à double-tour. Elle tente un sourire mais ça a des airs de grimace. « C’était un copain à moi, » son cœur loupe un battement, il a l'estomac retourné et la gorge nouée, « un irlandais d’Historic District. » Quelque part dans sa tête, ça s'imprime au fer rouge.

Irlandais. Historic District.

Il tressaille, comme si les émotions tentaient de refaire surface, comme si la fureur dévastatrice se heurtait aux portes posées par son subconscient. Le barrage tangue mais ne cède pas. Il cligne des yeux, immobile. L'orage disparaît sans avoir éclaté, le vide se fait dans sa boîte crânienne aussi bien qu'au creux de ses prunelles – elles ont perdu tout leur éclat. Regard terne et visage figé, on dirait juste une coquille vide. « J’veux pas de tes promesses, et j’veux pas de ta vengeance. » Il entend mais n'écoute pas. Si elle parlait dans une langue qu'il connaît pas ça ferait le même effet, pas de réaction, pas de vague. Rien d'autre qu'un silence qui n'lui ressemble pas et qui vrille ses tympans, ça bourdonne jusqu'à créer un bruit strident dans sa tête. Comme la fréquence qui s'intensifie jusqu'à tout faire sauter. « J’suis tellement désolée Zyki... Désolée d’avoir laissé JJ nous foutre en l’air. » Il retient. C'est l'avantage du vide qui s'est fait dans sa boîte crânienne – y a plus rien pour brouiller les transmissions et mélanger les informations. Il note, il garde, c'est clair et précis, c'est tout ce qu'il n'est pas d'habitude.

Irlandais. Historic District. JJ.

Il met une seconde de trop à revenir à la réalité, à réaliser que sa sœur s'est effondrée contre lui comme une vague se serait écrasée sur les rochers. Un train de retard mais ses bras finissent par se refermer autour d'elle, fermes et forts, comme deux blocs d'acier qui l'empêchent de s'écrouler définitivement. Il la retient autant qu'il s'accroche à elle, une main calée à l'arrière de son crâne, l'autre qui se cramponne férocement à l'arrière de son t-shirt. « Dis pas n'importe quoi Hali c'est pas d'ta faute. Il va pas s'en tirer comme ça. » Il la serre contre lui encore et encore et s'il continue peut-être qu'il va lui pulvériser les os, peut-être qu'il va lui-même se briser à son contact. Pourtant il serre. Incapable de s'arrêter ou de la lâcher, comme s'il avait peur qu'elle se disloque ou s'évapore, comme s'il était pas sûr de pouvoir tenir debout sans elle. Il a les yeux dans le vague et une bombe à retardement dans la poitrine, compte à rebours lancé, l'esprit bloqué. Il voudrait lui dire de respirer et que ça va aller mais il en est pas capable alors qu'il a lui-même le souffle coupé, poumons vidés et cerveau qui s'atrophie, il suffoque à l'intérieur. Étranglé par son propre subconscient, celui qui le bâillonne et l'enferme dans une cage, celui qui prend le dessus pour l'empêcher de s'écrouler comme un château de cartes. S'il n'a pas explosé c'est juste parce que les vannes se sont fermées, verrouillées. Y a quelque chose qui s'est brisé si profondément en lui qu'il peut pas y survivre sans se mettre en quarantaine. Tout ce qui lui reste c'est l'idée de venger Halina et ça tourne en boucle, les maigres informations récupérées qu'il se répète comme un mantra.

Irlandais. Historic District. JJ.
Irlandais. Historic District. JJ.
Irlandais.
Historic District.
JJ.
Vengeance.


Et Halina qui s'effrite entre ses bras.

( RP TERMINÉ )
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