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 it was always yes with you (merlael)

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Jael Feliciano

Jael Feliciano
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▹ pseudo : zoé (baalsamine)
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MessageSujet: it was always yes with you (merlael)   it was always yes with you (merlael) EmptySam 6 Jan - 19:01

C’est banal comme journée. Du moins banal comme on peut, la cigarette entre les lèvres et les yeux qui se posent un peu sur tout. J’ai mal au cœur. Gueule de bois que j’assume moyen, à trop avoir fait la fête, boire et laisser le corps faire le reste, comme si je cherchais à casser un truc. Me casser moi peut être. Je sais pas. J’ai mal au cœur. Pas du genre la gerbe. Enfin si un peu ça aussi, quand même. Mais j’ai mal au cœur. C’est devenu une habitude, depuis que j’ai quitté l’appart de Peadar, depuis que j’ai enterré ce qu’il me restait de famille. Enfin famille. Biologique. Le reste c’est plus diffus, l’impression que de perdre le sens de tout, le temps qui file sans que je ne m’en aperçoive. C’est rythmé par des nuits trop longues, des journées trop courtes, des heures à refaire le monde dans un appartement sur lequel je repeins les murs. J’y peins des noms, comme un début de mémorial, de ceux que j’ai perdu. Non. Pas perdu. De ceux que je ne retrouverais plus. Voilà, c’est mieux, les disparus, les abonnés aux absents. Lydie – Willow – Tobias – Jedediah – Merle et tous les autres que j’oublie, Max et sa fureur de vivre à l’école, Armand et ses baisers, la prof de sculpture et ses doigts si doux à force de les user sur de l’argile. C’est des couleurs, des fleurs, ça prend vie un peu partout, autour de la télévision, plus je peins et moins ça fait mal, comme une espèce de transe. Son visage à lui, la barbe mal rasée, la croix de Tobias et les cernes sous ses yeux. Merle, le sourire moqueur, puis Lydie, comme un visage effacé, j’ai du mal à tracer ses traits.
Mais voilà que j’ai plus de bleu. Ni de rouge d’ailleurs. Alors je repose le pinceau, essuie mes doigts sur mon pantalon déjà bien abimé, m’écarte un peu avant de tirer sur ma cigarette. Ca prend forme. Doucement. Lentement. Presque un mur de fait, et un millier de possibilité, une fresque gigantesque, pour ne plus jamais oublier. J’ai envie de chialer. Mais je ne chiale pas. Je chiale plus maintenant. Je me contente d’assourdir la douleur dans tout ce que je trouve, les stupéfiants qu’on glisse entre mes doigts contre une poignée de billets, je rechute lamentablement. Pas grave. J’ai le droit non ? On dit que le deuil fait faire des conneries, alors je m’autorise à rater des trucs, à échouer un peu plus encore.
Soupire, j’enfile un manteau sur ma chemise trop grande, une des siennes, ça semble stupide, mais l’odeur m’apaise. Comme quand j’étais gamine et qu’il me prenait dans ses bras. Rien n’a changé. C’est dire. Bonnet, bottes, cigarettes. Je referme la porte derrière moi et descend les escaliers un peu trop vite, manque de me ramasser au troisième étage, saute les quatre dernières marches avant d’effectuer un atterrissage douloureux pour mes genoux. Je ricane. Gamine.
Dans la rue il fait froid, un peu plus encore, le ciel gris, et les passants gris eux aussi. Finit les fêtes, finit la magie de noël, les sapins meurent tristement à chaque coin de rue, abandonnés par les gens. C’est triste. C’est la vie. Je fais comme tout le monde, détourne le regard pour ne pas voir la misère, fonce vers mon objectif.
Mais c’est jamais aussi simple.
Faut dire que j’ai la concentration d’un poisson rouge. Et quand je vois des choses qui brillent j’me transforme en pie et je finis par vagabonder un peu partout dans le quartier. Je fais attention quand même, à pas trainer des pieds là où je pourrais le voir. J’ai envoyé un sms maladroit pour m’excuser, il me manque c’est vrai, mais je suis pas encore prête à rentrer. Pas encore. Juste un peu de liberté. Mais pour le reste je flâne, l’argent qui brûle dans mes doigts, je me retrouve comme avant, quand tout m’étais autorisé. Un café noisette dans une main, un donut dans l’autre, le sac à dos déjà plus lourd de trois livres de biologie. J’ai un peu oublié les couleurs, je dois avouer. Plus tard. Je m’amuse, je profite. Les doigts dans la bouche, je lèche le reste de sucre glace avant de me poser un instant, déjà mieux, la nausée éloignée et le mal de crâne qui se tait. Ptêtre que je ressortirais ce soir. Danser, danser, danser. Ouais. Bonne idée.
Je m’apprête à repartir quand mon regard se pose sur la boutique en face de moi. Je l’aime bien cette friperie, des trucs pas chers et quand on sait fouiller on trouve des trésors. Trop longtemps que je n’y ai plus mis les pieds, parce qu’avec l’héritage plus besoin de racler le fond des poches pour me payer un manteau. Mais c’est nostalgique. Puis la robe en vitrine me fait de l’œil. Le genre de robe qu’on voit dans les films des années vingt, argentée, courte, les franges en perles qui décorent l’ourlet. Et puis merde pourquoi pas ? A force de me faire appeler Princesse, j’ai bien le droit non ?
J’aime l’odeur de ces boutiques. C’est étrange, renfermé un peu, une odeur bien particulière qui me donne l’impression de voyager dans le temps. Et c’est un peu ça au fond non ? Mes yeux qui se perdent dans les rayons, j’attrape un ou deux t-shirt au hasard, des couleurs flashy totalement passées, une paire de lunette que j’enfile sur mon nez, je passe quelques minutes à creuser un peu partout avant de finalement me diriger vers le comptoir. « Excusez moi ? La robe dehors ? C’est pour exposer ou elle est à vendre » que je demande cachée sous ma pile de vêtements que je finis par faire tomber sur le comptoir, relève la tête pour adresser au vendeur mon plus beau sourire.
C’est-à-dire pas vraiment un sourire.
Plutôt une grimace en fait.
Et les mots qui refusent de sortir. Y a rien. Juste du vide. Du blanc. Les bras le long du corps et l’impression que quelqu’un vient de me débrancher. « C’est une blague en fait non ? »  ou une hallucination. Un peu des deux ? Si je pouvais bouger j’essayerais le toucher pour vérifier qu’il est bien réel, poser ma main sur sa joue, savoir si c’est lui où si je rêve.
Et voilà. Je recommence.
La panique qui grimpe, mélangée à la colère, drôle de cocktail que je maitrise pas vraiment. L’air qui refuse de rentrer dans les poumons, comme un caprice de sale gosse, mes doigts qui tremblent alors je serre les poings, essaye de trouver un truc à dire, quelque chose, partir sinon. Mais j’y arrive pas. Y a que lui qui prend toute la place tout d’un coup. Y a que lui, lui, lui et encore lui. Il a toujours pris trop de place mais là c’est comme une explosion, le cœur qui vacille, les sentiments qui pleurent. Respire Jael, respire. Mais j’ai encore oublié comment. Sans doute trop concentrer à effacer les souvenirs, ceux que j’ai enfermé au fond d’une boite, de son rire un peu rauque, son odeur quand il me prenait dans ses bras, puis les doigts dans les miens, à serrer un peu trop fort quand il fait noir, pour pas qu’on chute tous les deux. Mais c’est fini. C’est terminé. C’est lui qu’a lâché le premier. « non. »  et c’est tout ce que j’arrive à souffler.
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MessageSujet: Re: it was always yes with you (merlael)   it was always yes with you (merlael) EmptyDim 7 Jan - 19:14

Il a rêvé d’elle, cette nuit-là.

Ça commence toujours un peu comme ça, les livres de romance nuls. Ça commence par un rêve, une prémonition, une vision. C’est une promesse de la nuit au rêveur, quelque chose de sacré et de précieux, quelque chose de tendre et de délicat. C’est un visage en ombre et lumière, les cils trop longs qui découpent leur silhouette sur les joues rougies, une silhouette qui se détache à contre-jour dans la pénombre. C’est stupide, comme dans tous les livres de romance nuls. C’est débile mais rassurant, absurde mais apaisant. Ce n’est pas du tout ce dont il a rêvé.

Il a rêvé d’elle, pourtant.

Elle avait le visage fermé et les yeux clos. Elle avait les mains plaquées sur les oreilles et la mâchoire serrée, elle avait une robe de la couleur du ciel sur laquelle des nuages passaient et du rouge plein la peau, et du sang dans la peau, et un meurtre dans les entrailles. Il a rêvé d’elle et quand elle a ouvert les yeux, elle a hurlé. Il a rêvé d’elle et lorsqu’elle l’a aperçu, elle a pleuré. Il a rêvé d’elle et dès que ses yeux se sont posés sur lui, elle est partie. Fini, terminé, il repasse en boucle les mots dans sa tête. Adieu, aussi, et il a le goût des larmes dans la bouche. Adieu, et ça le transperce, adieu et il ressemble à ce christ sur sa croix qui trônait dans l’église qu’il fréquentait lorsqu’il était enfant. Adieu, et Jael enfonce ses aiguilles, adieu, et il n’a rien à dire pour sa défense. C’est lui qui est parti, il suppose, et peut-être que les raisons n’importent pas. C’est lui qui est parti et elle qui a tiré le dernier trait, raturé son visage, effacé son prénom. C’est lui qui est lâche, peut-être, lui qui saute sur son téléphone dès qu’il vibre, lui qui espère qu’elle revienne sur sa décision. Ce n’est pas juste, pourtant, il devrait le savoir, parce qu’elle ne sait rien, Jael. Elle ne sait pas qu’il est revenu, elle ne sait pas d’où il est revenu. Elle ne sait pas qu’il ne l’a pas abandonné et qu’elle habite toujours dans ses rêves, qu’elle plante ses griffes dans son cœur toute la nuit et qu’il est incapable de l’oublier, les paupières lourdes et l’agonie dans l’âme.

Il a rêvé d’elle, cette nuit-là, et lorsqu’il a ouvert les yeux au petit matin, elle n’était pas là. « Tu joues avec le feu. » lui a dit Daria, une cigarette entre les lèvres alors qu’elle vidait un sac par terre pour trier les fringues qu’ils venaient de recevoir. Tu jours avec le feu et il a hoché mécaniquement de la tête. Elle sait ce que c’est, de jouer avec les flammes, Daria, parce qu’il a vu le prénom tatoué sur son poignet et la brûlure en travers, comme pour effacer, détruire, éliminer, la politique de la terre brûlée dans la chair et le bruit de mille chevaux dans les oreilles. Elle comprend ce que c’est, les cœurs brisés, Daria. C’est pour ça qu’ils n’en parlent pas. Elle lui dit juste « tu joues avec le feu » et il hoche de la tête en lui tendant un string léopard coincé entre deux pulls. Elle lui dit juste « tu joues avec le feu » et il se dit que si Jael était un incendie il ne serait plus que des cendres.

Il pense encore à ça, dans l’après-midi, derrière le comptoir alors qu’il reprise le bouton d’une chemise que Daria lui a collé entre les mains. Elle a vite compris, Daria, qu’il ne supportait pas de ne rien faire, qu’il détestait rester à attendre les clients en se tournant les pouces. Elle a vite compris, aussi, qu’il apprenait trop vite pour qu’elle laisse passer sa chance de lui donner plus à faire et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé avec du fil et une aiguille et une pile de vêtement à côté de lui pendant qu’elle part faire un tour pour acheter de quoi manger ce soir. Il s’en fout, de rester tout seul. Il prend ça pour ce que c’est : une marque de confiance, une façon de dire qu’elle sait qu’il ne fera pas de bêtises, un moyen de signifier qu’il est chez lui. Il ne relève pas les yeux quand la cloche tinte, baisse un peu le son de la musique qui passe, sourit, pour faire bonne figure. Il connaît la plupart des clients réguliers et les autres n’aiment souvent pas qu’on leur colle aux bask’. Il les comprend. Il a vécu ça. Les mecs qui s’attachent à tes chaussures parce que t’as l’air pauvre, parce que t’as une tête à tirer des trucs, parce que t’as pas la bonne gueule. Il les comprend, alors il reste derrière son comptoir, attend un geste, un signe, comme la pile de fringue qui s’approche du comptoir et la demande qui résonne et le visage qui apparaît.

C’est une blague, demande Jael, et il se demande si ce n’est pas à lui de poser la question. C’est une blague, Jael ? Il a envie de demander, les mains blanches, sur le comptoir et un menhir dans la gorge. C’est une blague, Jael ? C’est une blague que tu sois, là ? C’est une blague que tu veuilles essayer la robe qui traine dans la vitrine depuis des jours et qui me fait penser à toi ? C’est une blague le j’arrête, une blague le fini, une blague le terminé ? Non, c’en est pas une et c’est ce qu’elle dit, Jael, de toute façon. Non, quand elle commence à paniquer, non, quand elle se recroqueville, non quand il s’approche parce qu’il se rappelle, parce que c’est instinctif. Non, non, non, non, et Merle est un miroir brisé, le reflet difforme de ce qu’il était, l’ombre de l’être humain qu’il était.

« Jael. » Il arrive à articuler et le silence est trop long. Il a les jambes qui tremblent, les mains qui tremblent, la voix qui tremble, le cœur qui tremble. « Jael. » Il répète et il s’est interdit tellement de fois de prononcer son prénom. « Écoute-moi. » Il y a la supplique dans sa voix, quelque chose de sombre et de profond et de douloureux. Il voudrait dire s’il te plaît mais les mots brûlent l’intérieur de sa bouche. Il voudrait les articuler mais il en est incapable. Il déglutit, ferme les yeux pour chasser les mauvais esprit. « J’ai reçu tes messages récemment. »

Tous d’un coup, un coup de feu dans la tête, dans le cœur, dans le ventre, tirée à bout portant, la salve de mots, et la moitié de son corps qui fout le camp.

« J’ai pas eu accès à mon téléphone pendant longtemps. » Il trébuche sur les mots, trébuche sur les contours de ce qu’il veut bien avouer. Il veut pas lui dire qu’il a plus rien à donner, plus rien de valeur, plus rien qui soit digne d’elle. Il veut pas qu’elle s’en rende compte. Il veut pas qu’elle sache. « J’étais en prison. J’ai pas pu. Voir. »

Il sait même pas si elle entend. Il sait même pas si ça a de l’importance. Il sait même pas si elle va pas partir. Il sait même pas si elle va pas le laisser. Encore et encore et pour toujours et à jamais, parce qu’il était pas là quand c’était important, pas là quand il aurait fallu, parce qu’il a disparu et qu’il l’a laissé avec le trou béant de son absence.

« Tu m’as dit que tout était terminé alors je savais pas si j’avais le droit de te rappeler. »

Et il a les yeux dans les siens et une main près de son épaule. Il la touche pas, il peut pas, il a pas le droit, elle a dit non et il ose pas, parce que tout est tordu, distordu et que plus rien n’a de sens. Il a un je t’aime au bord des lèvres, et un je suis désolé pas loin, les larmes qu’il refoule et la nausée qui lui tord l’estomac. Il peut pas craquer, pourtant. C’est pas à lui de craquer. C’est jamais à lui.
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Jael Feliciano

Jael Feliciano
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MessageSujet: Re: it was always yes with you (merlael)   it was always yes with you (merlael) EmptyLun 8 Jan - 23:28

Jael. C’est moi. Je crois. Jael. C’est lui aussi. Et combien de fois j’ai rêvé de l’entendre m’appeler comme ça. Sa voix. Toujours la même, trop diffuse dans mes souvenirs et le besoin de repasser en boucle un vieux message sauvegardé sur ma boîte vocale, pour raviver le timbre. Jael. Et ça fait mal, chaque fois qu’il ouvre la bouche c’est comme un pic qu’il place, délicatement, entre mes côtes, planter mon palpitant. Jael. Et je voudrais lui arracher les mots, parce que le rêve devient cauchemar et que la réalité explose. Jael Jael Jael. Je voudrais hurler. J’ai mal. Je crois que j’ai senti mon cœur se briser. Littéralement.
Une nouvelle fois.
Combien avant que ce soit la dernière ? La bonne ? Avant que le scotch ou la glue ne servent plus à grand-chose ? Combien avant d’accepter et de se laisser aller ? Je sais pas, je tiens plus les comptes. Peut être que je devrais, ça m’apprendrais à faire des erreurs stupides, comme celle de laisser Peadar entrer trop près, comme celle d’accepter de serrer la main de Mihail dans la mienne, comme celle de toutes les autres conneries que j’ai commise. Ratée. Écoute-moi. Non. Je veux pas. Ca résonne au fond de moi, comme un grondement qui monte, la marée débordante, j’ai envie de dégueuler une rivière d’insultes, de mots brulants, de mots glacés, lui faire comprendre qu’il n’a plus le droit de me demander ça. Je ferme les yeux, les rouvre, la respiration sifflante entre mes dents serrées, l’impression que je pourrais briser l’émail comme ça. J’ai reçu tes messages récemment. Comme un rire qui m’échappe, je sais même pas en fait, si c’est un rire ou un sanglot, quelque chose de désabusé en tout cas. Tes messages. Lesquels ? Parce qu’il y en a encore trop qui attendent d’être envoyé, ceux que j’ai gardé pour moi dans les brouillons, parce que j’ai décidé de me tenir à mes promesses. C’est terminé, j’arrêter tu parles et la centaine d’appels à l’aide que j’ai pianoté après, effaçant la plus part avant même que ça soit concret. T’es passé où Merle ? J’ai besoin de toi – Mon père est mort Merle, j’aimerais que tu viennes à l’enterrement avec moi – On fait comment pour sourire encore Merle ? Dis moi hein ? mais t’es pas là – Pourquoi Merle ? Pourquoi ? J’ai fais quoi ? On a fait quoi ? Sans doute qu’on était pas assez pour lui, non, que j’étais pas assez pour lui. Sans doute que nos promesses ça valait que dalle, du vent, parce qu’il a réussi à la rompre trop facilement.
J’ai envie de partir. Tourner les talons, tout laisser en plan par terre, retourner en arrière et faire comme si rien n’était arrivé. Peut être qu’il est encore temps non ? Non. Non pas vraiment. Mes pieds qui s’enlisent dans la moquette usée de la boutique, les mains qui tremblent, j’essaye de regarder partout sauf devant moi. Ne pas le regarder lui. Pas voir son regard terrifié, pas voir son regard embué, pas voir son regard qui fait bouger trop de trucs en moi. Comme avant. Les souvenirs qui viennent égoïstement, nous deux sur le canapé, ses doigts dans mes cheveux, la chaleur de ses cuisses et la façon dont il me sourit de travers quand je raconte une connerie. C’était quoi déjà ? Une référence à la télé surement. Comme toujours, tradition stupide. Tradition déglinguée maintenant. J’ai pas eu accès à mon téléphone pendant longtemps. Sa voix me ramène sur terre, je loupe l’atterrissage, pose mes yeux sur lui. Merde. C’est un autre mensonge c’est ça ? Toujours aucun mot, je sens comme un gout métallique dans la bouche, la douleur qui envahit ma lèvre. J’ai mordu trop fort je crois, pour pas hurler, retenir le cri qui lutte pour sortir. Pas encore. J’étais en prison. J’ai pas pu. Voir.
J’étais en prison.
Prison.
Comme un arrière-goût de déjà vu sur la langue. C’est dégueulasse. Désolé Luce, ton père va partir en prison il ne pourra plus te voir. « Ha ! » exclamation qui m’échappe, je lutte, je lutte, c’est terminé les grands pardon. Terminé. C’est plus comme ça maintenant, passer l’éponge comme si de rien n’était. J’ai trop pleuré pour ça. Trop souffert pour ça. Je recommencerais pas. Tu m’as dit que tout était terminé alors je savais pas si j’avais le droit de te rappeler. Ses yeux. « Arrête » Ses yeux. « J’ai dit arrête » ses putains d’yeux qui ne me quitte pas. Il me couple le souffle encore une fois, me vole mon air alors qu’il ne me touche même pas.
Touche moi
Ses mains, ses doigts, m’assurer qu’il est réel. Ressentir sa chaleur, pas une illusion provoquée par une dose mal passée.
« Arrête ! » Supplique qui m’échappe, j’attrape la première chose qui me tombe sous la main – la paire de lunette – la lui balance à la figure, pour le forcer à s’éloigner. [color=cornflowerblue] « Menteur, t’es qu’un menteur » vite ça sort, trop fort, c’est douloureux, comme vomir quand on a rien dans l’estomac, l’acidité le long de l’œsophage, ces mots je les hais presque autant que lui. Presque autant que je l’aime aussi. Mais c’est pas une raison. Ca n’en sera jamais une. « La prison ? Ah elle bien bonne celle là ! » pourtant je sais que c’est vrai. Pourtant je sais qu’il ne ment pas. Et mes doigts qui attrapent les vêtements que j’ai abandonné, je les lance un à un avec force, avec colère, incapable de m’arrêter. « Tu pouvais pas ? Tu savais pas si t’avais le droit ? » la voix qui monte dans les aigues de façon crescendo, mon souffle qui se meurt alors que je commence à chercher autre chose à lui lancer, à casser, pour essayer d’évacuer le trop plein d’émotions. « T’es comme lui au fond » comme Jedediah. Même pas capable de tenir ses promesses, tout ça pour quoi ? Pour la prison ? Excuse minable. Je l’ai entendue trop de fois celle-là. J’y crois plus maintenant. « Vous êtes tous pareil putain, tous les même » Des menteurs, des lâcheurs
C’est comme un cri de rage ou un cri de douleur qui s’échappe de mes lèvres. Celui que je retiens depuis qu’ils ont foutu mon père dans une boîte et qu’ils l’ont enterré. Je hurle. Et je pleure aussi. Je crois. Trop sentimentale Jael. Trop sentimentale. Parait que c’est mauvais pour la santé d’être aussi sensible. Pas ma faute pourtant. Non. C’est sa faute à lui. « T’avais promis » et pourtant j’arrive pas à le frapper, le poing en suspens à quelques centimètres de sa poitrine, j’a envie d’y planter mes griffes, d’ouvrir sa cage thoracique pour m’assurer qu’il est bien vivant. Je me déteste. Je le déteste. De ne pas avoir essayé. D’avoir renoncé pour quelques messages balancés. « Ca tenait qu’à ça ? Nous deux ? » que je finis par demander, le regard toujours fuyant, incapable de le regarder. Mais j’ai besoin de savoir. D’entendre la vérité. Que quelques mots numériques sur un écran fissuré ça peut tout bousiller. C’est terminé. Tu parles, l’impression que ça ne fait que commencer.
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MessageSujet: Re: it was always yes with you (merlael)   it was always yes with you (merlael) EmptyMer 10 Jan - 15:26

Elle est injuste, Jael, et il la regarde, le regard ouvert et les mâchoires serrées, une boule dans la gorge qui ne cesse de gonfler. Elle est pas juste, Jael, avec ses généralités et ses douleurs, avec son accusation à peine voilée. On tient qu’à ça, nous, et non, c’est pas vrai, bien sûr que non, ils sont tellement plus que ça, ils sont tellement plus que les bras baissés et la culpabilité, que la colère, que la terreur, ils sont ce qui lui a permis de rester sain en prison, ce qui le tient debout, l’espoir qui lui colle aux bottes, l’envie d’essayer, encore une fois, encore un peu, de tendre la main vers elle pour qu’elle arrête de cracher ses mots comme on tire avec un flingue et il est touché, au coeur, à la tête, dans le ventre, et il saigne sur le parquet de la friperie, les yeux grands ouverts et les mots entravés quelque part dans la gorge. Comme tous les autres, dit Jael et il ferme les yeux aussi fort qu’il le peut, et il a les mains qui tremblent et il sait que sa voix va lâcher parce qu’il est pas en état, plus en état, parce qu’il y a des combats qu’il est pas capable de mener, parce qu’il a jamais été doué lorsqu’il faut se servir de sa voix. Il communique pas comme ça, Merle, il communique avec ses poings, avec un rire, un sourire, un pas de côté, pas avec des mots, pas avec des phrases, parce que ça mène jamais à rien, parce que ça finit toujours en catastrophe, parce qu’il évalue trop mal le poids de ses mots. Il réfléchit pas, lorsqu’il attrape la main de Jael pour la presser contre les cicatrices qui barrent son poignet, réfléchit pas lorsqu’il la regarde dans les yeux, la force à palper, à toucher, les marques sans équivoques qui coupent le dessin de ses veines. C’est lâche de sa part, de pas lui cacher, de pas faire comme si ça allait, lâche parce qu’il se positionne en victime, lâche parce qu’il essaye de lui dire des choses qu’elle ne veut pas entendre, parce qu’elle en a trop vu, trop bouffé, trop goûté. Il est lâche, Merle, quand il fait ça, mais il veut pas en parler, mais il veut pas réaliser, parce que y a les doigts de Jael dans sa main et ses doigts contre sa peau et que le sang pulse beaucoup trop vite sous les chairs encore rouges. Il déglutit. Il la relâche. Il répète, doucement, parce que c’est trop compliqué de trouver autre chose à dire.

« Je pouvais pas, Jael. » Parce que c’est la vérité. Parce qu’il aurait pu, peut-être, avant d’être jeté en isolement mais que c’est sans importance, après, parce que sa voix était trop démolie pour qu’il puisse articuler, parce qu’il était usé et abusé et qu’il aurait été incapable de dire quoi que ce soit sans pleurer. C’est de la lâcheté, encore, parce qu’il a caché ses plaies pour éviter que le monde entier ne les constate, parce qu’il a tout fait pour rester fort et qu’il a ignoré les gens qui l’attendaient dehors, parce qu’il voulait qu’ils viennent le chercher mais qu’il ne leur a donné aucune raison de le faire. Je peux pas, Jael, il lui dit, et c’est la vérité mais pas toute la vérité, parce qu’il ne peut pas lui parler des ongles enfoncées dans sa nuque et des indentations en croissant de lune qu’il croit parfois encore pouvoir sentir dans sa peau, parce qu’il ne peut pas lui dire qu’il y avait des mains contre lui et des pleurs dans sa gorge, parce qu’il ne peut pas lui parler de la douleur et du désespoir et de l’impuissance parce qu’il a promis de la protéger, des jours et des jours auparavant, parce qu’il a juré et qu’il a failli et qu’il n’y a rien qu’il puisse faire pour effacer cela. « On m’a trop imposé de trucs contre ma volonté, Jael, je voulais pas revenir dans ta vie et te laisser penser que t’avais pas le choix. » Il lâche sa main, frotte sa gorge, mal à l’aise, parce qu’il a trop chaud, parce que l’air est pesant, parce que y a trop de choses à dire, trop de choses à raconter, trop de souvenirs douloureux à affronter, Frank qui lui susurre que tout le monde l’a oublié, Frank qui lui dit que personne ne voudra plus jamais de lui, Frank qui lui murmure que tous les gens qui l’ont aimé le détesteront après qu’il soit sorti. Frank, Frank, Frank et ses doigts se crispent autour de son cou comme pour se rappeler à l’ordre. « Je serais pas en vie si y avait pas eu toi. »

Il aurait retenté de se buter, se serait jeté sous un bus ou sous une voiture à sa sortie. Il y a pensé, encore et encore, le contact du bitume contre sa joue et les roues contre son dos, le craquement de ses os, la lente dislocation de sa colonne vertébrale. Y aurait eu une deuxième tombe à son nom, dans un coin des USA qu’il aime pas, dans une ville qui n’est pas la sienne, qui n’a jamais été la sienne. Il a besoin de contact, à ce moment-là, regarde sa main sans oser s’en saisir, plonge les mains dans sa poche ventrale pour en sortir Bob qu’il garde contre son torse, comme un écran de fumée, un bouclier de protection.

« On est tellement plus que ‘juste’ ça, si tu savais. » Il murmure, tout bas, et la colère revient tirer dans son ventre et ses yeux rencontrent ceux de Jael. « Je comprends pas comment t’as pu penser que j’avais pu t’abandonner. Toi, t’aurais dû savoir. T’aurais dû te douter. »

T’aurais dû faire quelque chose.
T’aurais pu.
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MessageSujet: Re: it was always yes with you (merlael)   it was always yes with you (merlael) EmptyMer 10 Jan - 17:36

Disparaitre. Partir. Tout de suite, maintenant. Claquer des doigts pour me retrouver dans l’appartement, foutus pouvoirs magiques qui ne marchent jamais quand on voudrait vraiment. Tu parles, si j’avais une baguette magique j’en serais pas là. J’ai le cœur amer, ça fait mal, un peu plus, chaque seconde passée en face de lui, ça dérape dans la poitrine, pulse dans mes veines. Arrête, arrête, arrête. J’pensais pas que ça ferait si mal. J’pensais pas du tout en fait. Paumée dans ma bulle, mes pensées, brume entretenue à l’aide de stupéfiants pour passer le temps.
Et lui qui vient tout faire voler. Pitié soit une illusion, pitié soit une hallucination. Une de celles qui me font chialer quand je me retrouve allongée dans le lit bien trop grand, queen size, perdue au milieu des draps blancs. Non. Ça meurt dans ma gorge, quand il m’attrape la main, la force sur sa peau. Trop réel, vivant, brulant. Y a comme un sursaut dans ma gorge, je lutte un instant avant d’abandonner. Touche moi – non me touche pas, encore la foutue indécision, à croire que c’est une habitude dans ma vie. Je sens les marques sous ma paume, le relief de sa chaire contre la mienne. Lacérée. Mutilée. J’imagine la lame, j’imagine le geste, et la nausée qui m’envahit. Et pendant un instant je perd mon armure, cherche le regard de Merle, la douleur trop présente partout. Pourquoi, qui t’as fait ça ? Parce que Merle c’est pas ça, Merle c’est pas des cicatrices sur les bras, Merle il a la rage de vivre dans le ventre et c’est comme ça. Putain de roc dans la tempête, le genre de gars auquel on s’accroche pour pas se faire emporter. Alors je me demande qu’est-ce qu’il a bien pu traverser pour finir par se faire faucher à son tour. J’pensais pas quelqu’un capable de ça, quelqu’un ou quelque chose. J’en sais rien. Et j’ai envie de chialer, envie de remonter le long de ses cicatrices, les solidifier pour que ça n’arrive plus jamais. J’ai envie, de tellement de chose, comme une brèche dans mon cœur, un torrent de sentiments qui me donnent l’impression d’être vivante – et je déteste ça – parce qu’il arrive à faire tout ça. Connard, connard. J’inspire entre mes dents, sifflement de détresse, il me lâche quand je m’apprête à le supplier d’arrêter.
Je pouvais pas, Jael. Un pas, deux pas en arrière, les mains qui me brûlent soudain, j’essaye de prendre de la distance. Mais c’est trop petit ici, trop encombré par des cadavres de vêtements, des fossiles de siècles passés. On m’a trop imposé de trucs contre ma volonté, Jael, je voulais pas revenir dans ta vie et te laisser penser que t’avais pas le choix. Je le dévisage, lui, essaye de comprendre ses mots. Je pouvais pas. Vraiment ? Combien de fois j’ai entendu ça tout au long de ma vie ? J’arrive même pas à entendre la détresse qui filtre dans sa voix, quand il parle de volonté et d’imposer, de ne pas laisser le choix. Parce que je n’arrive pas à imaginer. Ou peut être que je ne veux juste pas, ferme les yeux, les oreilles, bloque toutes les portes d’entrées et déjà trop vite je rebouche la brèche, me maudit d’avoir flanché un instant. Je serais pas en vie si y avait pas eu toi. « arrête » plus une supplique qu’un ordre. C’est un filet de voix, les larmes trop présentes, bon sang ce que je dois avoir l’air ridicule. « arrête dis pas ça » dis pas que t’as eu envie de crever, dis pas que c’est vraiment arrivé, c’est des conneries tout ça. Ouais des conneries. C’est mieux comme ça. Parce que je n’arrive pas à accepter qu’il aurait pu finir par céder, appuyer un peu plus fort, un peu plus longtemps, laisser tout s’écouler.Pas encore. Pas un nom de plus, vraiment, sur ce putain de mur. Ce mur que je crève d’envie de repeindre maintenant, de rouge, de bleu, de vert ou de orange. Cacher la liste, les pertes, parce que tout ça n’est qu’un rêve.
Je me perds moi même.
Les mains qui tremblent, le corps qui tremble, séisme dans la cage thoracique. C’est encore pire que pour Jedediah, parce que c’est trop récent, parce que j’ai à peine eu le temps de cautériser la plaie. Et puis il sort un lapin. C’est irréel. Illogique. Minuscule boule de poil qui attire mon attention, la façon trop délicate qu’il a de le tenir, j’essaye de mimer le geste, cherche Alijah dans ma poche à moi avant de me rappeler qu’il est plus là lui aussi. Encore un abandon. Et soudain j’ai peur. J’me sens comme une gamine qu’est pas encore entrainée pour vivre tout ça, pour réagir à ce genre de situation. J’ai envie de tomber par terre comme une enfant, pleurer à chaude larmes et appeler à l’aide. Je veux ma mère, je veux mon père, je veux les bras, les doigts de tout ceux que j’aurais plus jamais. C’est injuste. Je devrais même pas. Juste me jeter contre lui, baisser les bras et le laisser m’embrasser un peu, beaucoup, les doigts sur les joues, effacer les larmes. On est tellement plus que ‘juste’ ça, si tu savais. « Non je sais pas » que j’articule à peine, les yeux qui vont et viennent du lapin jusqu’au visage fatigué de Merle. Il a maigrit. Moi aussi. On est deux vestiges d’un passé qu’on pourra recréer. C’est stupide. Débile. Terrible.
Et ça explose. Encore. C’est laid putain. Que c’est laid.
Je comprends pas comment t’as pu penser que j’avais pu t’abandonner. Toi, t’aurais dû savoir. T’aurais dû te douter. Chaque mot qui s’abat, chaque reproche pas vraiment dissimulé, ça pénètre ma peau, mes os, se glisse sournoisement. J’aurais du savoir. Vraiment ? J’arrive même pas à savoir de quoi sera fait demain. J’étouffe, l’envie de le frapper qui revient en force, de hurler. « Pardon ? » je siffle, montre les dents, j’ai appris depuis que t’es parti. J’ai du apprendre. Parce que t’étais plus là. A cause de Seven, à cause des autres, à cause de Peadar aussi. Putain si tu savais tout ce que t’as loupé Merle, ses doigts sur ma gorge, la façon dont il a serré, encore, encore. Tous les même au final et la douleur terrible de sentir son monde s’écrouler. Encore une fois. « J’aurais dû ? Tu te fous de moi ? » rageusement je sèche les larmes qui finissent de couler sur mes joues et me rapproche de lui. Il est plus petit que dans mes souvenirs. Ou alors j’ai grandit. Six mois c’est long. Puis y a les talons. Il a raté ce passage, en plus de tous les autres trucs, quand je me suis enfin décidé à basculer. « J’aurais dû me douter de quoi Merle ? T’étais pas là, tu sais pas, tu sais juste pas » de tout ce qui s’est passé pendant ce temps là. « J’ai enterré mon père. Lui aussi il était en prison tu sais. » comme une pique dégueulasse, j’essuis les doigts sur mes cuisses, essaye de me retenir de l’attraper, parce que le touche reviendrait à me laisser avoir, encore. « Je suis sevrée » non ça c’est faux ; « J’étais sevrée. » aussi. Voila ; C’est mieux. Les nuits passées à gerber dans ma chambre à supplier Peadar pour une dose, juste une dose, à réclamer Merle aussi, qu’il passe ses doigts sur mon front pour me calmer. « Un jour t’étais là et le lendemain t’avais disparu » comme d’habitude, j’ai pas eu peur au début. Parce que c’était Normal. « puis y a eu des trucs. Trop de trucs. Tu sais pas » non il sait pas. Il sait vraiment pas. « Ose me dire que c’est ma faute » je finis par murmurer, le regard ancré dans le sien, incapable de le lacher.
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MessageSujet: Re: it was always yes with you (merlael)   it was always yes with you (merlael) EmptyMer 10 Jan - 18:37

Ça devrait pas se passer comme ça. Ça devrait pas être Jael versus lui, lui versus Jael, ça devrait être Jael contre lui et eux deux contre le reste du monde. Ça devrait pas être ça, eux deux, pas les mots qu’ils crachent et ceux qu’ils taisent, le serpent silencieux qui rampent entre eux et les rend malade de rage. Ça devrait pas. Peut-être que c’est une réalité alternative, alors, peut-être que dans un autre monde Merle est pas allé en prison, peut-être que dans un autre, Jael a pas perdu son père, peut-être que y en a un où ils l’ont retrouvé avant que l’impensable se passe, peut-être que y en a où il est pas cassé, brisé, au bord du gouffre, encore et encore, les mains tremblantes à force de chercher des prises pour remonter la pente. Peut-être. Il sait pas. Il sait juste que lui vit dans ce monde-là, avec les mots de Jael qui l’empoisonnent et la colère qui enfle et qui hurle, l’ouragan qui le dévaste et emporte tout. S’il a les mains qui tremble à cet instant-là, ce n’est plus de surprise ou de tristesse ou d’impatience, s’il a les mains qui tremblent c’est qu’il se retient de taper dans quelque chose, qu’il se retient de shooter dans le comptoir, d’envoyer balader les vêtements qui y gisent, de lui cracher à la figure. C’est facile, pour Jael, de lui faire des reproches, parce qu’elle l’a toujours considéré comme acquis, parce que y a toujours eu Merle entre elle et le reste du monde depuis qu’elle est arrivée ici. C’est facile, pour elle, de lui hurler dessus, facile de pas écouter, facile de rien comprendre, facile de pas essayer, parce qu’il a toujours été là et qu’elle a toujours pensé que c’était son droit, parce qu’il a toujours recollé les morceaux, Jael dans son château. Il est revenu encore et encore, Merle, il a toujours pris soin de lui épargner les barbelés qui l’entourent, de faire tomber les barricades lorsqu’elle tendait les mains vers lui, il a toujours fait attention, beaucoup trop, parce qu’elle est précieuse, parce qu’elle est fragile.

Parce qu’elle est capricieuse, aussi, et il digère ses mots, le visage figé en un masque gelé. Il est furieux, et ça fait trembler tout son corps. Il enrage et sa mâchoire se crispe. T’étais pas là, elle arrête pas de répéter. T’étais pas là quand son père est mort, pas là pour l’enterrement, pas là pendant six mois et elle a pas eu la vie facile, il en doute pas, mais elle se demande pas où elle elle était pendant qu’il crevait la bouche ouverte, pendant qu’il suppliait qu’on l’achève, pendant qu’il traçait des lignes dans sa peau dans l’espoir de voir tout son corps disparaître dans les murs. Elle se demande pas où elle était, elle, elle se pose pas la question, elle se demande pas s’il avait besoin d’elle, s’il avait besoin de sa voix, de ses bras, de ses mots, elle se pose pas la question, parce qu’elle se pose jamais la question, parce qu’il a toujours donné mais qu’elle a jamais pris soin de donner en retour, parce que c’est plus simple, hein, Jael, de balancer sa souffrance à la gueule des autres en espérant qu’ils aient rien à rétorquer, plus simple d’absorber le réconfort que les gens ont à donner mais de rien donner en contrepartie. Plus simple, plus simple, plus simple, et il pose Bob sur le sol d’un geste beaucoup trop lent, beaucoup trop délicat. Il est gelé, Merle, parce que Jael aurait dû se demander, parce que Jael sait, parce que Jael aurait dû le connaître mieux que n’importe qui au monde mais qu’elle s’en fout, qu’elle préfère se boucher les oreilles et fermer les yeux plutôt que d’accepter qu’il a traversé l’enfer et qu’il en est revenu, que tout était trop compliqué, que tout est encore trop sensible pour lui. Elle s’en cogne, Jael, tout ce qu’elle voit c’est l’absence de Merle sur les photos.

« Ta gueule. » Il assène et ses yeux brillent de larmes de rage. Ta gueule et c’est incroyablement sec, incroyablement brisé et il enterre les souvenirs de leur relation. Ta gueule et il a envie de crever. Ta gueule et il a entendu et il a compris et il a envie de dire pardon. Ta gueule et il a envie d’hurler. Ta gueule et il a juste envie de la foutre à porte et de plus jamais la recroiser. Ta gueule parce que t’es égoïste. Ta gueule parce que tu cherches pas, parce que tu cherches plus, parce que t’en as rien à foutre des marques sur ses poignets et du reste, des mois en prison à oublier le bleu du ciel et le contact des autres, à oublier de respirer. « J’étais pas là ? J’étais pas là ? Et toi t’étais où, Jael ? » Et il hurle, maintenant, il crie et y a des sanglots au fond de sa gorge qui dérape à chaque fois qu’il élève la voix parce qu’il est pas guéri, pas encore, jamais peut-être, parce que six mois de sévices répétées s’envolent pas en quelques semaines, parce que ça fonctionne pas. « T’étais où quand ils m’ont balancé au trou ? T’étais où quand on m’appelait Camille ? T’étais où quand on m’appelait elle ? T’étais où quand je me tranchais les veines ? T’étais où quand il me balançait contre le mur ? T’étais où putain Jael, quand j’ai saigné sur le sol de ma cellule ? T’étais où quand il m’a dit que personne m’aimerait plus jamais maintenant ? T’étais où, putain, t’étais où ? C’est facile derrière un téléphone, facile de tout me foutre dans la gueule, facile de me transformer en fantôme, mais t’es où quand j’ai besoin de toi, quand je peux pas dormir, quand je cauchemarde ? T’es où quand je rêve tous les soirs de sa bite dans ma bouche et dans mon cul ? T’es où, putain ? T’es dans ta putain de tour d’ivoire à croire que le monde tourne autour de toi et qu’on devrait s’ajuster tous à toi mais il se passe des trucs, dehors, putain, Jael ! » Et il shoote le comptoir, finalement, savoure le craquement du bois, serre les dents quand il se retourne, pour la regarder, la crucifier des yeux, parce qu’il a de la bile dans le corps et qu’il est en passe de se noyer.

« T’étais pas là non plus, Jael. T’es pas là, maintenant. T’as jamais été là. »

Il est injuste mais elle l'est aussi. Il serre les poings, compte jusqu’à dix, déglutit.

« Va-t-en. »

Il a les yeux dirigés vers la porte, un, deux, trois.

« Dégage. » Quatre, cinq, six. Il enfonce les clous du cercueil, le cœur en deuil. « J’aurais voulu être là pour toi mais toi t’as même pas la décence d’admettre que t’es la personne qui me connaît le mieux et que t’aurais dû savoir, ouais, que je t’aurais jamais abandonné parce que je suis amoureux de toi. » Sept, huit. Neuf. Il a un rire, brisé, épuisé, craquelé, fissuré. « Mais tu sais quoi ? T’avais raison. Moi aussi j’arrête. C’est fini, terminé. »

Il soutient ses yeux, se laisse glisser au sol, au milieu des vêtements qui sont tombés au sol, parce qu’il a plus la force, plus l’énergie, parce qu’il creuse son trou et qu’il sait qu’il a plus rien, après ça, plus que l’amertume dans la bouche, plus que ses mains qui tremblent et il se roule en boule.

« Je sais même plus si on aurait pu être grandiose, mais peut-être qu’on aurait pu être moins désastreux. »

Il fixe le sol, quelque part droit devant lui. Dix.

« Merci d’être passée. »

Et à jamais.
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Jael Feliciano

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MessageSujet: Re: it was always yes with you (merlael)   it was always yes with you (merlael) EmptyMer 10 Jan - 21:34

Ta gueule. il a quelque chose de cassé dans le regard Merle. Quelque chose de violent, quelque chose de sauvage. J’avais jamais vu ça. Jamais entendu ça non plus. Ta gueule. Comme une claque dans la gueule, ça fend l’air et ça fait mal, la main sur ma joue, comme pour vérifier l’absence de trace. J’ouvre les yeux. Perds mon air. Toujours. Encore. Ta gueule et j’obéis, les mots qui restent coincés au fond de la gorge pendant que j’agonise, et c’est lui qui serre fort, doigts invisible autour de mon cou, c’est léthal, décisif. J’étais pas là ? J’étais pas là ? Et toi t’étais où, Jael ? Chaque bouffée d’air qu’il prend, c’est une bouffée d’air en moins pour moi, soudain ridiculement petite quand il hausse la voix, je vacille, serre les poings, les ongles qui s’incrustent dans ma paume. J’étais où dans tout ça ? Je sais pas Merle. Je sais pas. Je sais même pas où je suis actuellement, je sais même pas ce que je fais, à foutre tout en l’air, ma vie, les gens. Je sais pas Merle. Soudain j’ai gagné un paqué d’argent et une cible sur le dos. Soudain j’ai posé des fleurs sur une tombe trop fraiche la leur. Soudain j’ai compris ce que ça voulait dire de grandir, mais je sais pas, ça fait trop peur. J’étais où Merle ? Pendant que toi t’agonisais ? Ptêtre que j’agonisais moi aussi en parallèle, perdue quelque part, déchue de ma putain tour d’ivoire. La réalité fait mal, surtout quand on la percute de plein fouet, le nez qui pisse le sang à cause de la collision.
Et y a rien qui vient, pas même un son de protestation. Pas même on grondement. Rien. Y a que Merle et ses yeux. Merle trop près, Merle trop loin. Merle encore et toujours, à prendre trop de place alors que je pensais l’avoir délogé de l’étagère. Tu fais chier putain. Parce que ses mots ne devraient pas me toucher mais que c’est terrible, brulant. J’ai mal.
T’étais où quand ils m’ont balancé au trou ? T’étais où quand on m’appelait Camille ? T’étais où quand on m’appelait elle ? T’étais où quand je me tranchais les veines ? T’étais où quand il me balançait contre le mur ? T’étais où putain Jael, quand j’ai saigné sur le sol de ma cellule ? T’étais où quand il m’a dit que personne m’aimerait plus jamais maintenant ? T’étais où, putain, t’étais où ? C’est facile derrière un téléphone, facile de tout me foutre dans la gueule, facile de me transformer en fantôme, mais t’es où quand j’ai besoin de toi, quand je peux pas dormir, quand je cauchemarde ? T’es où quand je rêve tous les soirs de sa bite dans ma bouche et dans mon cul ? T’es où, putain ? T’es dans ta putain de tour d’ivoire à croire que le monde tourne autour de toi et qu’on devrait s’ajuster tous à toi mais il se passe des trucs, dehors, putain, Jael ! chaque mot qui monte crescendo, j’accumule. Chaque mot qui monte crescendo, j’imagine. C’est dégueulasse ce sentiment, l’envie de gerber qui monte, monte, et le corps qui se paralyse. J’pourrais recracher tout, maintenant, tellement j’ai mal au cœur, tellement j’ai mal au ventre, l’impression qu’il m’enfonce la vérité à coup de poings, sans que j’ai rien demandé.
j’ai jamais aimé la vérité.
Menteuse, voleuse, c’est ma spécialité ça, faire semblant, fermer les yeux, ne pas comprendre. Je comprends jamais, les gens, les autres, les sentiments. Je comprends jamais, cette tornade de sensation dans mon corps, et Merle qui continue, chaque phrase aiguisée comme un couteau, qui me taillade l’esprit. Je veux pas savoir. Je veux pas voir. Je veux pas entendre. J’ai besoin de me boucher les oreilles, recule, trébuche peut être un peu. C’est dégueulasse. Et les images dans mon crâne parce que j’ai toujours été une personne très – trop – imaginative. J’le vois le sang, sur ses bras, sur ses doigts, sur le sol aussi. Je comprends à moitié les mots, les histoires, les silhouettes floues comme un mauvais film au focus raté. Je déteste ça. C’est trop cru, trop vrai, y a plus de mensonges tout d’un coup, juste une vérité brute à vous en écorcher le cœur, le sentiment immonde d’être un monstre et qu’il a raison. Mais c’est injuste non ? Je sais pas. Je sais plus. Je cherche mes cailloux dans les poches, les compter pour respirer, mais y a que du vide, parce que Seven les a tous volé. T’étais pas là non plus, Jael. T’es pas là, maintenant. T’as jamais été là.
Ah.
C’est peut être ça en fait la solution.
Ouais. Ptêtre qu’au fond j’ai jamais été vraiment là. Juste une tache de vin sur un journal, le genre de trace qu’on efface d’un coup de pouce. Ptêtre que c’est ça ouais. Juste un fantôme, que j’ai jamais vraiment existé, pour ça le décalage, c’est pas con, vraiment pas con. Bizarrement ça m’aide à respirer de nouveau, le regard qui se pose sur mes mains, les larmes qui brûlent mes yeux, le sel sur mes joues ça agresse la peau à force. « Non t’as raison, je suis pas là » pas vivante, vestige d’une existence, foutu fantôme qui essaye de s’accrocher à une vie qui vaut plus rien. J’hante un appart trop grand, m’attache comme un boulet aux pieds des gens, les plaintes stridentes pour qu’on me regarde, pas qu’on m’oublie. Va-t-en.
Peut être même que je suis déjà partie.
Dégage.
Exorcisme efficace, déjà je m’efface.
J’aurais voulu être là pour toi mais toi t’as même pas la décence d’admettre que t’es la personne qui me connaît le mieux et que t’aurais dû savoir, ouais, que je t’aurais jamais abandonné parce que je suis amoureux de toi.
Je t’aime je t’aime je t’aime. C’est dommage qu’il m’ai fallut une vie pour m’en rendre compte aussi.
Mais tu sais quoi ? T’avais raison. Moi aussi j’arrête. C’est fini, terminé.
Bien sur que j’ai raison, pauvre sourire le visage, je recule.
Je sais même plus si on aurait pu être grandiose, mais peut-être qu’on aurait pu être moins désastreux.
Lui en boule au sol, j’ai du mal à me dire qu’il faut bouger, l’envie mordante de le toucher. Bien sur que si Merle. On aurait pu être grandiose toi et moi, si on était pas aussi con. Pas aussi cassé aussi. Mauvais timing, mauvaise époque, mauvais lancé de dés.
Merci d’être passée
Merci de ne pas m’avoir oublié.
Tintement de cloche, je referme la porte, plus épuisée que jamais, comme un vide immense à l’intérieur du corps, coquille vide, je m’étale, je m’affale.
Et j’ai oublié le bleu avec tout ça. Puis le rouge aussi.
Surtout le rouge.
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