La soirée finissait mieux qu'elle n'avait commencée. Loin des craintes de solitude et d'ennui qui avaient étreint le cœur de Jax toute la journée. Halina qui continuait de jouer les abonnées absentes, et le reste de la troupe qui lui tournait le dos, en clamant qu'il avait commencé le premier. Il s'était alors livré a un petit spectacle de cracheur de feu en pleine rue, pour se donner l'illusion d'être entouré. Mais tout seul, ce n'était pas pareil. Faire ça là, sur un trottoir, ce n'était pas pareil. Et au final, cette initiative lui avait plus plombé le moral qu'autre chose. Par chance, le vent avait tourné lorsqu'un grand blond s'était approché pendant qu'il rangeait ses affaires. Le courant était passé, et se retrouvant tous les deux seuls pour la soirée, ils avaient décidé d'aller boire un verre ensemble. Et puis, les verres s'étaient enchainés, la discussion s'était éternisée. Ils avaient finit par se retrouver dehors à nouveau, pour prendre l'air, et Jax en avait profité pour fumer quelques clopes, tout en écoutant les récits rocambolesques du pasteur. Et lui aussi il en avait, des histoires à raconter. Et toute cette soirée lui avait rappelé ce pourquoi il aimait le cirque et voyager. C'était pour ça, pour ces rencontres d'une nuit, pour cet échange de culture et d'aventures. Pour tous ces moments éphémères qu'il n'oubliait jamais et qu'il pouvait conter ensuite, à quelqu'un d'autre, dans une autre ville, un autre pays. Ils s'était finalement retrouvés assit sur un muret du port, les pieds pendant au-dessus de l'eau, un pack de bière acheté rapidement dans une épicerie. Soudain, au milieu d'une tirade, Jax se fait interrompre par des hurlements. Il sort son téléphone : minuit. Il se tourne vers Toad, plutôt bien éméché et pose une main sur son épaule. — Bonne année mon gars ! Qu'il balance joyeusement, bien qu'assez peu convaincu pour son propre cas. Et c'est là qu'il l'attire vers lui, ses lèvres qui se posent sur les siennes, une seconde à peine, juste le temps d'un smack anodin. A ses yeux en tout cas, puisque pour lui ce n'est rien d'autre qu'une vieille tradition. Une coutume qui se partage de génération en génération au cirque. On s'embrasse pour la nouvelle année, hommes ou femmes, ça ne change rien, ça ne choque personne. Les habitudes ont la vie dure et il oublie parfois que tout le monde ne partage pas les mêmes que sa Famille.

La vie est beaucoup mieux après plusieurs verres d’alcool. Y’a soudain plus d’problème, que d’la joie, l’envie de rire pour des conneries et de l’énergie à revendre. J’étais pas encore bourré, mais j’étais bien, quand mes yeux se sont fait choper par un cracheur de feu plutôt impressionnant, p’tit spectacle qui me fait presque oublier que j’suis tout seul le jour de l’an à traîner dans la rue et dans les bars. Pas de Seth, pas d’Asher, pas d’Ezra, personne à embrasser à minuit pile. Qui aurait cru que moi l’ex-basketteur débile reconverti en pseudo-pasteur aurait autant d’choix dans sa vie amoureuse, c’t’à croire que j’jette des sorts pour qu’ils voient pas la montagne de défauts qui m’accompagne partout où j’vais. J’suis trop grand, c’est p’t’être pour ça. Toujours est-il que moi j’veux pas choisir, j’aime pas choisir, j’suis le mec indécis qui prend des plombes dans un nouveau resto et qui prend toujours la même chose au McDo, routine, confort, laissez-moi tranquille avec vos multiples opportunités de vie, j’en veux qu’une, de vie. Et là c’est encore pire parce que y’aura un blessé peu importe la décision, et j’ai jamais été bon pour prendre les bonnes décisions. On finit pas camé la gueule déglinguée tous les soirs quand on est capable de prendre les bonnes décisions. Même si pour une fois j’vois pas trop où est le mauvais choix, faut dire que si y’en avait eu un, j’me serais précipité dessus sans réfléchir, alors clairement, y’en a pas, j’ai que des mecs que j’mérite pas. Super. J’aime Seth. J’aime Asher. Et putain, les dilemmes amoureux de romans, ça m’est toujours passé au-dessus de la tête à l’école, et ça m’passe encore plus au-dessus de la tête aujourd’hui, c’comme un autre univers que j’croyais pas possible. Y’avait que Seth, avant, Seth, personne d’autre, et j’aurais tué pour lui, j’en aurais rien eu à foutre de blesser des gens au passage. Mais Asher c’est pas pareil, c’est pas qu’un amant éconduit, c’est pas juste une ombre au tableau de notre amour parfait (la blague) avec Seth, j’pourrais même pas lui dire droit dans les yeux que j’l’aime pas. Et j’comprends pas. J’comprends rien à rien donc ça me change pas, mais j’ai pas envie d’y penser ce soir. Alors je mate ce cracheur de feu qui est pas mal mignon en fait, juste pour m’occuper l’esprit, arrêter d’penser au bordel qu’est ma vie. Plusieurs heures après, j’me retrouve avec lui sur les docks, les pieds qui pendouillent au-dessus de l’eau et les idées plus très claires, mais joyeuses quand même. J’crois que j’ai dû lui déballer toute ma vie en une soirée, l’alcool aidant beaucoup, enfin bref, on a bien accroché. Et c’est mieux que d’se retrouver seul comme un clampin pour la nouvelle année. Y’a des beuglements au loin, et les feux d’artifice du centre-ville qui s’font entendre jusqu’ici, doit être minuit, et comme pour me confirmer la chose, Jax cale une main sur mon épaule pour me souhaiter bonne année. « Bonne a– » Heeein ? Quoi ? « Mais qu’est-ce tu fais ? » J’demande, vraiment surpris, juste après notre baiser d’une demi-seconde. C’est Baby qui s’rait pas contente, vu qu’elle a pas eu son bisou sous le gui tant attendu. J’ai pas un très bon radar pour savoir quand j’plais à quelqu’un, mais là j’l’ai vraiment pas vu venir. J’fronce les sourcils, bah, comme j’l’ai dit, il est pas mal mignon, le mec, j’vais pas cracher dessus. Au final mes neurones noyés dans l’alcool décident d’y aller franco, et j’le chope par la nuque pour l’embrasser à nouveau.

— Mais qu’est-ce tu fais ? Jax le dévisage, un peu hilare, sans comprendre le problème. — Ben quoi ? Il fronce les sourcils et le rire de Jax meurt progressivement, alors qu'il réalise lentement qu'il l'a peut-être brusqué, qu'il est peut-être allé trop loin, bien qu'il n'ait pas eu de mauvaises intentions. Il ouvre la bouche, s'apprête à s'excuser, mais Toad ne lui en laisse pas le temps. Sa main qui se cale derrière sa nuque et qui l'attire vers lui, les yeux de Jax qui s'écarquillent, son sang qui ne fait qu'un tour alors que le baiser du grand blond n'a rien à voir avec le sien. Y a pas de pudeur, pas de retenue, le message derrière n'est pas le même et ça le refroidie aussitôt. Il se braque, l'alcool le ralentit mais il finit malgré tout par réagir, repoussant assez violemment le pasteur en arrière. — Mais ça va pas ?! Dans un réflexe irréfléchis il s'essuie la bouche du revers de la main, un peu brusqué, un peu perdu. — Qu'est-ce qui t'a pris ? Il ne comprend pas toute l'ironie de la situation. Il ne comprend pas à quel point son geste a pu être mal interprété, à quel point ça pouvait porter à confusion. Plein d'une innocence sincère il le dévisage, réellement stupéfait, et avec la sale impression d'être tombé dans un traquenard.

« HEEEY. » J’manque de me fracasser la gueule par terre ou de faire un p’tit plongeon dans l’océan quand il me repousse, les bras qui tourbillonnent dans l’air avant de trouver quelque chose à laquelle s’agripper. Son T-shirt. Une seconde. Puis la main qui se repose sur le muret pour retrouver mon équilibre précaire de mec bourré, qui s’attendait pas trop à s’faire rejeter de la sorte, la sensation de vertige qui a réveillé la nausée au fond d’mon estomac. C’était violent, comme réaction, surtout qu’c’est lui qu’a commencé. J’capte pas, sérieux, puis il me vexe à s’essuyer la bouche, là, ça va, j’me lave les dents, enfoiré. J’fronce les sourcils, en tentant d’imiter à peu près son expression. J’sais pas pourquoi, en fait, je crois que j’essaye de le singer parce qu’il vient d’me blesser dans mon amour-propre. Mais j’imagine que ma gueule doit pas ressembler à autre chose que celle d’un mec qui a beaucoup trop bu pour pouvoir savoir quelle gueule il fait. J’espère quand même que la grimace que j’fais lui fait comprendre que j’suis un peu en colère et très confus, et pas seulement sur le point de gerbe. « Eh, tu déconnes, c’est toi qui m’as embrassé. J’t’ai dit qu’j’étais gay. J’t’ai pas dit ? » J’sais plus du tout c’que j’lui ai raconté ou pas raconté. Mais c’est la partie la plus évidente de mon histoire, alors j’vois pas comment j’aurais pu éluder là-dessus. Enfin, c’était peut-être pas très clair quand j’lui ai expliqué. Faut dire que les mots sont pas souvent à la bonne place lorsqu’on boit le whisky au goulot. « ‘Scuse-moi, j’croyais qu’y avait un truc entre nous làààà. Ça s’fait pas d’embrasser les gens comme ça, t’es un allumeur ou quoi ? » Et mon doigt tente désespérément d’être accusateur. Sauf qu’il vise pas très bien. Tant pis.

Toad qui manque de tomber dans la flotte et qui se rattrape in-extremis au t-shirt de Jax, le faisant reculer le buste de façon instinctive. Comme pour placer un maximum de distance entre eux. Mais Toad n'insiste pas et va rapidement s'accrocher ailleurs. Dans les yeux de Jax plane la confusion la plus totale sur ce qu'il vient de se passer, une gêne cuisante et l'impression d'avoir raté un épisode. Et vu la tête de Toad, lui aussi. Y a comme un moment de flottement, ou chacun ne sait plus à quoi s'en tenir ni ce qu'il vient de se passer. La soirée qui prend une tournure inattendu alors qu'elle s'était dessinée de façon assez réussie jusque-là. Et y a comme un goût amer qui lui revient dans la gorge, cette foutue sensation de tout gâcher en permanence. Comme un fardeau à porter. Même pas le droit à une foutue soirée tranquille. Les effets de l'alcool qui redescendent brusquement, la réalité qui revient au galop ; c'est sacrément désagréable. — Eh, tu déconnes, c’est toi qui m’as embrassé. J’t’ai dit qu’j’étais gay. J’t’ai pas dit ? Jax qui se décompose, qui devient livide. Si, en effet, il lui avait dit. Mais il avait comme occulté ça de son esprit. Grisé par l'alcool et l'instant, il n'y avait plus pensé. Surtout que ses intentions étaient innocentes. — Je.. Non, enfin si, mais.. L'argumentation qui peine à sortir à cause du malaise grandissant. C'est la première fois qu'il se retrouve dans une telle situation et il ne sait franchement pas comment il doit gérer ça. — ‘Scuse-moi, j’croyais qu’y avait un truc entre nous làààà. Ça s’fait pas d’embrasser les gens comme ça, t’es un allumeur ou quoi ? Son index braqué sur lui, Jax fronce les sourcils et se retient de reculer ou même de se lever pour se tirer et écourter leur entrevue. Sûrement que c'est ce qu'il devrait faire. Mais l'alcool le cloue sur place, l'impression de peser une tonne et aucune volonté de bouger pour l'instant. Il se braque un peu et se met à râler. — Un allu.. ?! Il croit rêver. Il secoue la tête, un peu sidéré de cette accusation sans queue ni tête. — Y a rien du tout entre nous, c'était un baiser comme ça, pour la nouvelle année, c'est une coutume, c'tout. Il passe une main derrière sa nuque, vraiment inconfortable. — Et puis c'était pas vraiment vraiment un baiser. Qu'il tente de justifier, un peu pitoyable, pour minimiser ce qu'il a fait alors qu'il comprend que cette coutume ne doit pas être si répandu que ça dans le monde.

Ma main retombe sur mes genoux, le doigt qui se replie de peur de choper une crampe, et puis aussi parce que j’me rends compte que j’dois avoir l’air parfaitement ridicule, vu qu’mon index oscille inévitablement entre les deux mecs face à moi. Qui sont qu’un seul mec, si vous aviez pas compris. J’ferme les yeux, inspire, au moins j’lui ai dit qu’j’étais gay, il a admis, j’deviens pas complètement amnésique. Même si j’y suis peut-être allé un peu fort en le traitant d’allumeur, et j’me sens soudain assez coupable. Les malentendus, ça arrive, j’devrais pas le prendre mal. Puis c’est sûr que ça doit faire bizarre d’avoir un type qui s’jette sur vous quand vous avez rien demandé, et finalement y’a un minuscule sourire, entre le désolé et le ça va, on est toujours potes, qui s’empare de mes lèvres quand j’lui colle une tape amicale dans le dos après ses explications pas très claires dans ma tête, mais ça m’suffit. « Okaaay, du coup t’es genre Russe, comment ça s’passe ? » C’est pas chez les Russes qu’ils se galochent à la moindre occas’, même les hommes politiques ? C’est sympa comme coutume, pour un pays aussi homophobe. Au moins Jax l’est pas, il a pas eu l’air écœuré quand j’lui ai parlé de tout ça. Sinon j’l’aurais déjà tabassé. « J’suis désolé, mec, ça a dû t’faire bizarre. J’suis un vrai dalleux pour ça, j’ai pas trop réfléchi. » Haussement d’épaules alors que j’termine mon fond d’bière, puis attrape les deux dernières cannettes du pack acheté à l’épicerie du coin, lui en tendant une avant d’ouvrir la mienne, la brandissant comme un signe d’armistice. « On fait la paix ? J’t’embrasserai plus, promis, ça a jamais été mon truc les mecs hétéros. Trop compliqués à pécho. » Et j’ai toujours été du genre à abandonner au moindre obstacle.

Toad est sacrément bourré, ça crève les yeux. Techniquement Jax aussi, mais l'effet est violemment retombé lorsque le blond est venu l'embrasser. Il le regarde chanceler un peu, réalisant finalement que c'était peut-être pas la meilleure idée du monde de venir s'installer juste au-dessus de l'eau du coup. Mais Toad n'a pas l'air très concerné par cet éventuel danger. — Okaaay, du coup t’es genre Russe, comment ça s’passe ? Il hausse lentement les épaules. — Polonais. Mais on vit principalement avec des Russes, les coutumes des uns deviennent les coutumes des autres chez moi. A force de vivre ensemble, on ne fait plus vraiment de distinctions sur certaines choses. Et j'ai toujours adoré ça, ce gros mélange, toutes ces origines qui se regroupent pour n'en faire plus qu'une au final. La nôtre, unique. — J’suis désolé, mec, ça a dû t’faire bizarre. J’suis un vrai dalleux pour ça, j’ai pas trop réfléchi. Mâchoire qui se contracte légèrement. — Bizarre ouais... Qu'il murmure. C'est rien de le dire. C'était bien la première fois que ça lui arrivait. Il se rapproche un peu de lui, juste par précaution. Maintenant que l'euphorie de l'alcool est retombée, il a vraiment l'impression que Toad est sans cesse à deux doigts de tomber. — Et ton dieu il est ok avec ça ? Il en a vu des religions différentes Jax à force de voyager, et pas beaucoup étaient très en accord avec l'homosexualité. Mais au fond, il n'y connait pas grand chose. Il termine sa bière d'une traite, chope deux canettes et lui en offre une. Ce n'est clairement pas raisonnable, mais Jax ne sait pas dire non à ce genre de choses. Il l'attrape et la lève en même temps que lui, tout en gardant un œil sur lui. — On fait la paix ? J’t’embrasserai plus, promis, ça a jamais été mon truc les mecs hétéros. Trop compliqués à pécho. Jax se marre doucement et cogne sa canette contre la sienne pour trinquer. — Excellente résolution, j'adhère totalement. Pas certain qu'il tolère un deuxième baiser de sa part. Il boit plusieurs gorgées, laissant les effluves de l'alcool lui remonter tranquillement à la tête. — Mais du coup toi t'es plutôt genre... tu sais... Jax qui agite ses mains dans le vide, tentant de mimer quelque chose d'incompréhensible. Il toussote. — Enfin tu vois quoi ? La question qui ne sort pas, c'est : passif ou actif ? Jax pose une main sur son front et se remet à rire nerveusement. — Pardon, trop tôt, beaucoup trop tôt, j'crois que j'ai besoin d'être plus bourré que ça pour avoir cette conversation. Curiosité mal placée. Mais faut dire qu'il n'en a jamais vraiment rencontré. Y a pas de gays au cirque, ou en tout cas ils ne le disent pas. Ça ne passerait pas vraiment.

J’me retiens d’dire que Polonais, Russe, c’est du pareil au même pour moi, ils portent des chapkas, roulent les r et boivent de la vodka, me mordant la langue pour pas sortir une telle connerie. J’me souviens qu’il faut respecter les nationalités et les origines de chacun, c’comme moi, j’aimerais pas qu’on me dise que Texan et New-Yorkais, c’est la même chose, même si y’a pas franchement d’quoi être fier quand on vient du Texas. Puis y’a la question de Jax et j’plisse les yeux, en essayant d’savoir s’il demande pour rigoler, si ça l’intéresse ou si c’est plus suspicieux, du genre c’est dégueulasse d’être pédé, aucun Dieu peut cautionner ça. J’décide de répondre sans prendre la mouche, surtout parce que j’suis trop bourré pour pouvoir déchiffrer son expression. « Ouais, mon Dieu à moi aime tout le monde, en fait, Dieu est amour, tout ça. C’pas Dieu qu’est homophobe, c’est les gens, et ils prétextent que c’est dans la Bible pour cacher qu’ils respectent pas le principe de base du aime ton prochain, mais c’est pas vrai, tu vois ? » Au moins notre amitié naissante a l’air d’être sauvée, vu qu’on s’réconcilie en trinquant avec les deux dernières cannettes de bière. Ça m’rassure, j’aurais pas aimé finir la soirée du nouvel an seul après m’être engueulé avec lui à cause d’un malentendu culturel. Ça aurait été foutrement déprimant, quand même. J’entame tout doucement ma nouvelle bière en l’observant se débattre avec ses mains, à tenter de mimer c’qu’il a pas envie de dire tout haut, c’qui m’arrache un petit rire, un peu moqueur, mais tout en restant bienveillant. « Direct, comme ça, toi. Bah putain, pour un hétéro, t’es bien curieux. » J’hausse les épaules, en me marrant à sa réplique, c’est sûr que c’est pas le style de conversation qu’on a normalement avec un mec qu’on vient d’rencontrer. Enfin, surtout quand on a pas prévu d’coucher avec ledit mec. « Mais en fait, ça dépend. C’comme vous les hétéros, vous baisez pas toujours dans la même position, si ? Le Kâma-Sûtra a pas été inventé pour les plantes, à c’que j’sache. »

— Ouais, mon Dieu à moi aime tout le monde, en fait, Dieu est amour, tout ça. C’pas Dieu qu’est homophobe, c’est les gens, et ils prétextent que c’est dans la Bible pour cacher qu’ils respectent pas le principe de base du aime ton prochain, mais c’est pas vrai, tu vois ? Il hoche la tête, songeur. C'est peut-être un peu trop profond comme discussion pour son état actuel. D'ailleurs, il finit par enchainer sur autre chose. Quelque chose d'un peu moins, philosophique. Et Toad se marre sous le regard à moitié gêné de Jax - l'autre moitié est noyée dans l'alcool. — Direct, comme ça, toi. Bah putain, pour un hétéro, t’es bien curieux. Jax le rejoint dans son rire, cependant un peu plus nerveusement que Toad. Il hausse les sourcils, bien d'accord avec lui avant de finalement désigner sa canette de bière. — C'est d'sa faute à elle. Qu'il balance, comme pour se dédouaner de toutes responsabilités. Mais, contrairement à toutes attentes, Toad répond à sa question, le prenant de court. Jax qui se fige et qui l'écoute, plus très convaincu de vouloir savoir finalement. — Mais en fait, ça dépend. C’comme vous les hétéros, vous baisez pas toujours dans la même position, si ? Le Kâma-Sûtra a pas été inventé pour les plantes, à c’que j’sache. Silence. Jax le fixe, les yeux un peu vaseux avant de finalement secouer la tête. — Ouais non en fait, j'ai pas envie de savoir. Qu'il finit par lâcher en se remettant à rire avant de prendre une nouvelle gorgée de bière. Il n'a pas l'habitude d'en croiser beaucoup et cette discussion le met finalement assez mal à l'aise. — Oublions ça. Et il revient trinquer, changeant de sujet. Pas la peine de s'attarder là-dessus, il leur reste encore beaucoup de bières et la nuit ne fait que commencer.


HJ : pardon pour l'attente omg je m'étais pas rendue compte de l'abus Et du coup j'pense qu'on peut en rester là si t'es ok, vu que ça date pas mal