Le dessin, le graff, second souffle, c’est le seul truc qui te fait te sentir assez vivant pour hurler, assez vivant pour pleurer. Les larmes, ça fait longtemps qu’elles n’avaient pas coulé, c’est comme si tu t’étais transformé, statue de cendre, statue de glace, le mot « paradoxe » comme une définition de ton être. Crétin avec des valeurs, tu refuses de dormir plus de deux nuits à un endroit, refuse de laisser les gens s'attacher, de toute façon tu vas crever alors pourquoi tu voudrais de l’amour ? Pourquoi tu voudrais qu’on réchauffe ton cœur. Elle l’a emporté avec elle, ce morceau un peu trop précieux, cet espoir qui brillait dans tes yeux quand tu la regardais, elle a brisé tes rêves quand elle a arrêté son propre cœur. Lui en vouloir et en vouloir au monde, pour quoi ? Pour une vie, un esprit, un secret, des mots dit des berceuses et des chansons douces. Peut-être que tu avais trop voulu qu’elle soit mieux que toi, grandisse mieux, sans soucis, sans cette psychologie débile, en aidant cette mère tarée et ce père assommé à l’herbe. Alors, peut-être que c’est pour ça que tu te déchaînes, toi contre le monde et le monde qui t’ignores.
Tu brises les rêves et les corps alors t’essayes de ne pas toucher, de ne pas montrer que tes côtes se rapprochent beaucoup trop de ton cœur, presque prêt à l’enserrer, à le faire suffoquer. L’air qui ne passe que rarement sans médicament dans tes poumons. T'es pas unique, les gosses perdus, qui souffrent, y a que ça, ces filles et ces gars qui offrent leurs corps magnifiques à ces gens trop confus pour réfléchir convenablement, ils veulent survivre, ils font semblant de rien et toi t’observes. Au détour d’une rue des gémissements et des larmes, parce qu’elle se rappelle pourquoi elle fait ça et toi t’as cette envie de vomir. Alors tu dessines, ouvre grand tes yeux, méditation trop profonde, le silence comme amie, parce que parfois le bruit des moteurs et le signe qu’il faut partir, rapidement, plus vite qu’un battement de cœur. Mais t’as l’espoir que ce ne ça ne soit pas ça ce soir, l’espoir de pouvoir terminer ce visage, ces mains, ces traces de larmes et ce grain de peau, du temps, un jour, deux jours, trois jours, tu sais pas, t’espère juste qu’on ne l’effacera pas. Elle commence à avoir cet air un peu hautain, avec ces yeux tristes et ces lèvres trop rouges, la forme du visage qui se dessine, comme sur ton calepin, gamin des villes tu courbes l’échine, peut-être que tu seras enfin fier d’un travail, d’un projet.
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Sujet: Re: dust and fire (zaim) Mer 6 Déc - 21:05
Zaim était sorti plus tôt que prévu de la clinique. Il avait trainé dans quelques magasins, toujours constate à la main, à la recherche d’un cadeau plausible pour ses grands-parents. Les fêtes approchaient à grands pas, et sa vie tout à fait banale, normale, voulait qu’il décide des prochains cadeaux. Il avait des idées précises … malheureusement les marques qu’il visait n’était pas forcément présente dans les ruelles animées de Savannah. Il allait devoir faire un aller-retour pour Washington ou une autre plus grande ville, un petit weekend prochainement. Leur faire plaisir était la dernière chose qu’il pouvait faire pour eux. Ne vivant plus avec eux, ou proche d’eux, il ne savait comment le démontrer. Après tout, on a qu’une famille, on ne peut prendre soin d’eux que quelques fois.
Il roulait en rêvassant. L’air était frais, il n’y avait pas beaucoup de monde dans les rues. Il n’avait pas vraiment d’envie particulière, il vagabondait, ouvrait les yeux, découvrant ses alentours sans vraiment se concentrer sur quelque chose en particulier. Pour une fois, son casque était rangé sagement dans son sac. C’est le bruit qui, d’abord, attira son attention. Un pschhht insistant, un son qui ne lui était pas totalement inconnu. Quelques uns de ses amis de Los Angeles avaient les mêmes habitudes. Il avait déjà pris plaisir à les accompagner, à rechercher les endroits les plus originaux, inaccessibles pour taguer, graffer, dessiner, se libérer tout en bravant l’interdit. C’était un concept qu’il appréciait. La fougue de la jeunesse l’avait menée à découvrir des endroits extra-ordinaires, à escalader des montagnes, des bâtiments, et surtout à sauter de toit en toit. Si ses parents l’avaient vu… Mais fort heureusement, il passait souvent au travers des filets de la sécurité ou de la police. Ce bruit le mena à un endroit plutôt isolé. Il vit une ombre noire se mouvoir de façon rapide. Il resta quelques instants à distance, contemplant le schéma, les traits qui commençaient à couvrir la surface nue. Depuis qu’il était à Savannah, il était d’humeur jovial. Certainement sa nature gaie qui reprenait le dessus lorsqu’il se trouvait à un endroit éloigné avec le besoin de se lier aux autres. C’est donc naturellement qu’il s’approcha en roulant.
« Hey » Il le lança d’un ton nonchalant, voulant se montrer sympathique et accessible. « C’est plutôt sympa ce que tu fais. » Je voudrais bien essayer moi aussi. Il ne savait même pas où il pouvait se procurer des bombes aérosoles à vrai dire. Il ne s’était clairement pas posé la question non plus, il n’avait pas le temps pour ça, ni l’envie à vrai dire. C’avait été un passe-temps notamment à cause de ses potes qui s’y étaient adonnaient, et il n’avait fait que suivre. Mais si ça pouvait le libérer et le lier à quelqu’un, pourquoi ne pas en profiter ?
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Sujet: Re: dust and fire (zaim) Jeu 7 Déc - 18:46
T’arrive l’inspiration dans les choses les plus dégueulasses, le plus triste, à croire que c’est comme un sixième sens. Les visages, les expressions, les regrets des remords et les prises de conscience. L’être humain est beau dans sa décadence dans son absence dans ses sentiments, les yeux réellement passage entre l’intérieur et l’extérieur, un regard ne ment que rarement et tu trouves ça beau. T’as ce pouvoir, voir à travers les gens, remarquer les mini-expressions, les sourcils froncés et les lèvres pincés même imperceptiblement, t’a cet œil, celui de l’artiste celui du peindre, du dessinateur, tu reproduis, l’humain comme sujet, t’aurait pu faire ses études-là, les micros-expressions, les sentiments humains, la psychanalyse, mais t’es à la rue et c’est déjà bien, tu peux être heureux de ne pas être encore crevé, heureux, ouais, tu devrais mais ce n'est tellement pas le cas en réalité. Visage qui se dessine, on pourrait croire qu’elle observe cette fille de peinture, qu’elle cherche celui qui la sauvera, expression de détresse qui mettrait mal-à-l’aise bien des gens, art choquant mais pas vraiment, ils ne savent pas pourquoi ce regard, ce visage, parce qu’ils passeront devant et qu’ils demanderont aux autorités de nettoyer ce bordel, un truc a entreposé.
Tu vires l’air de tes poumons, t’as bien envie de hurler, de dire à la personne qui vient d’arriver de te laisser tranquille, que tu n'as pas que ça à foutre, ou bien de dégager en courant si jamais c’était les keufs, m’enfin, t’es plus à ça prêt de toute façon, la prison c’est mieux que la rue non ? T’es libre mais conditionnellement la liberté s’arrête quand on n’a plus le choix, t’as encore certains choix, mais pas celui de bouffer ce que tu veux en paix, de te laver, de dormir. Dormir, tu ne sais même plus ce que ça fait, t’es toujours dans un sommeil trop léger, peur qu’on te vole, qu’on te plante, qu’on te viole même. Il y a des tarés partout après tout. « Merci, j'suppose. » Tu sais pas trop quoi répondre aux compliments, t’es tellement crevé que ton accent russe ressort encore plus que d’habitude, ça se trouve tu vas aussi te mettre à parler russe et espagnol dans une même phrase à force de forcer. « Tu veux tenter ? » Il y a assez de mur pour tout le monde nan ? Tu t’es même ne pas retourner, tu lances juste la bombe aérosol en arrière et t’en attrapes une nouvelle. « T’es nouveau ? J'ai jamais entendu ta voix ici. » A vrai dire c'est pas comme si tu connaissais tout le monde dans la ville mais t’as des notions genre qui ne connaît pas les Popescu ? T’as enfin la délicatesse de te retourner vers le gars et de le regarder de haut en bas, tu le sondes, le scan, pour savoir si tu peux réellement lui faire confiance. « Gâche pas trop de peinture, ça coûte cher ces trucs-là. » En même temps t’es le genre de blaireaux qui les achètent dans un magasin spécialisé, enfin, chers, ça doit couter un délire comme quatre dollars l’aérosol, mais pour un gosse des rues comme toi ça reste une somme. T'es pas aimable, tu le sais, t’es même pas désolé. « J'suis Luka, avec un K et sans S, et toi ? » Prénom typiquement russe ça.
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Sujet: Re: dust and fire (zaim) Ven 8 Déc - 23:43
C’était sympa de se promener dans Savannah. Mais clairement, il ne connaissait que la partie plutôt cool. Il n’avait encore jamais vraiment eu l’occasion de découvrir l’envers du décor. Un décor sombre, sortant de l’ordinaire, plutôt malfamé, avec ses personnages aux antipodes de la normalité. Et il pensait être tombé sur ce genre de personnage à cet instant précis. Original. Mais son graff était bon, sa main était clairement artistique et inspirée. Ce n’était pas un aspirant artiste, il en était un à part entière.C ‘était plaisant à regarder. Il aurait du rester plus longtemps en retrait… Mais il ne voulait pas entrer dans le voyeurisme vulgaire, et ne pas saluer sa performance. Et puis il avait simplement envie de papoter, découvrir autre chose que ses habituels à la clinique. Il passait déjà sa vie à parler avec des animaux, il pouvait bien passer un autre temps à parler avec des inconnus. Comme un fou, oui. Il n’avait aucune envie de passer la nuit chez lui, seul, à ruminer ou jouer à la play comme lorsqu’il était encore ado. Non, il avait besoin de voir et connaitre d’autres personnes, et puis Wolfy n’était pas dispo pour sortir. Et s’il devait encore se retrouver dans un bar gay à jouer au gay, non merci.
En bref, c’est ainsi qu’il se retrouva à parler à un mec qui dessinait sur un mur. Et qui avait l’air bavard, en plus de cela. Il nota un la présence d’un fort accent, plutôt européen, au vu de sa tête. Il attrapa la bombe aérosol en s’approchant. La bouteille était particulièrement froide. « Des bites. C’est ce que je sais faire de mieux je pense. » Parce que je suis ce genre de mec un peu idiot qui dessinait des phallus bien en chair sur ses cahiers pour déconner avec les potes. C’est un art comme un autre, n’est-ce pas ? « Et des seins. » Il s’approcha du mur et se positionna à quelques mètres de lui à peine.« Ouais, je suis arrivé y a quelques semaines. » Il posa son skate contre le marbre. Il ne savait pas trop ce que c’était comme bâtiment. « Je t’en achèterai t'inquiète. » Parce que ce qui est certain, c’est que je vais te la gâcher mec. Je suis vraiment loin, très très loin, d’être aussi doué que toi. Je peux dessiner des trucs. Des trucs débiles, essentiellement… Luka… Luka… avec un k et sans s. C’était beaucoup de précision pour si peu. Mais j’avais déjà compris que tu n’étais pas américain poto. « Zaim. ça fait longtemps que t’es dans cette ville ? »
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Sujet: Re: dust and fire (zaim) Dim 10 Déc - 18:37
L’art c’était un souffle, un truc qui te rendait accro, qui t’avait toujours rendu accro. Tu dessines depuis que t’es gosse, t’as évolué à travers le temps, tu te crées ton style, t’oscille parfois, tu laisses ton cœur décidé, tes yeux qui voient une chose qu’ils aiment et qui disent à ton corps d’agir, parce que t’es contrôlé par tes pulsions, tes envies, contrôlé par l’impulsion créatif et destructrice, plus présente chez toi que chez eux, l’impression d’être un monstre, humain déjà bouffé par les vers, crevé par les gens, le monde. T’es un putain de zombie et ça te vas très bien, les autres font souffrir, ils plantent des couteaux dans des cœurs encore sanglant, encore irrigués, le tien il est juste enfermé sous une épaisse couche de glace, glace que t‘as installée un peu trop tôt, elle ne veut pas fondre, tu veux pas faire pitié, t’es juste toi et tous les jours t’avance avec la certitude que tu vas crever de faim, de soif, de chaud, de froid, et tu t’en branles avec les deux mains parce que t’as aucun problème avec ça, parce que tout le monde crève un jour, toi t’as juste prévu de mourir plus rapidement. Des bites, c’est ce que l’autre savait dessiner de mieux, putain t’as juste éclaté de rire, parce que c’était tellement enfantin, t’espère au moins qu’il essaye de les faire correctement. « C’est classique mais inratable. » T’as mal au crâne, c’est comme si un ouragan se déchaînait dans ta tête, et ça te donne un peu envie de gerber aussi, malade, toujours malade, c’est ça au fond de vivre dans la rue, t’as toujours la crève ou presque. T'aime pas qu’on pense que t’es américain, même si tu l’es officiellement, c’est juste qu’ils ont une façon chelou d’écrire ton prénom et du prononcé avec un s qui n’existe pas et ça te donne envie de leur cracher à la gueule. Quelques semaines hein, alors il avait tout vu, Savannah ce n'est pas si intéressant que ça, c’est redondant surtout après trois ans à marcher dans la rue. Skate qui est posé et t’as un sourcil qui se lève, il avait encore l’âge de faire du skate le vieux ? Pas mal. En fait t’es méchant, il n'a pas l’air si vieux que ça, c’est juste que tu vois que la trentaine rapproche dangereusement. « J’espère bien putain. » Ouais, t’espère bien qu’il va t’en racheter, même une demi-douzaine, tant que tu peux profiter de quelqu’un ça te va vraiment, puis il a l’air cool, alors tu lui laisses une chance quand même. « Zaim, c'est pas très Américain ça non plus. » Tu penses un peu trop fort peut-être qu’il est pure souche et que t’es insultant. « Trois ans, en deux semaines j’avais déjà fait le tour de ce bled. » T’es honnête, c’est tout, et tu continues, visage triste, détruit, blesser, c’est beau les humains même s’ils sont faits à base de boue. « Tu dois te rapprocher un peu plus, ah et aussi évite de respirer ou bien met ton t-shirt sur ton nez et ta bouche. » Parce que c’est légèrement toxique, c’est bien de prévenir après Luka. « Et fait des mouvements circulaires sinon ça va ressembler à une putain de tâche. » Tu souffles légèrement, parfois ça fait un style mais souvent ça fait juste dégueulasse.
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Sujet: Re: dust and fire (zaim) Mar 19 Déc - 21:59
Notre gus pouvait au moins se targuer d’avoir une pointe d’humour, à défaut d’avoir un côté artistique. Il n’avait jamais vraiment voulu se lancer dans le dessin ou l’art. Savoir jouer de quelques instruments lui suffisait, et vraiment bien du piano surtout. La musique était bien son seul côté artistique.. Mais là encore, il suffisait de suivre à la lettre, avec précision, des notes déjà bien établies. Ce qui laissait peu de place à la créativité. Par la suite, lorsqu’il faisait parti d’un petit groupe de rock indé (qui faisait beaucoup plus de bruits qu’autre chose, mais ça rassurait les parents de les savoir dans un garage plutôt qu’à vagabonder), il s’était adonné à l’écriture, et ça n’avait clairement pas été son fort. Il avait laissé sa à sa cousine qui se débrouillait très bien. Sans lui, du coup.
Eh non, il n’était pas vraiment américain non plus, bien qu’il était né et avait grandi dans sur le sol ricain. C’était surtout ses grands-parents qui étaient étrangers. Le patrimoine de ses origines était son prénom et son nom de famille, qui relié les deux familles dont il était issu. Les gens étaient curieux, évidemment, et les questions sur ses origines ne l’ont jamais dérangées. « Nah, je suis irlandais et albanais. » Le mélange le plus improbable, possiblement.
« Trois ans, en deux semaines j’avais déjà fait le tour de ce bled. » Il se doutait bien qu’il connaissait ce vieux bled mieux que lui. « La galère… J’ai encore rien fait perso, je traine de temps en temps ça et là. Mais ça donne pas envie d’en connaitre plus. » Sauf les gens. Les gens étaient cool souvent, sympas. Il n’était pas encore tombé sur de parfaits enfoirés. Karma, bonne étoile, ange gardien.. Qu’importe. Dans tout les cas, pour le moment, il était sous les meilleurs auspices. Il écouta ses conseils avec assiduité, hochant la tête avant de mettre son t-shirt sur son nez. Aller. C’est parti. Il pouvait le faire. Grand mouvement circulaire… Il allait faire une bite à son image. Pimpante, magnifique, belle, ruisselante d’un jet lunaire… Il se marrait tout seul, et pas seulement dans sa tête. Il aimait trop ce jeu en fait. « C’est génial ! Merci mec. » On aurait dit un gamin devant ses nouveaux jouets, offerts à noël.