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 flashback ; even salt looks like sugar (eoin)

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MessageSujet: flashback ; even salt looks like sugar (eoin)   flashback ; even salt looks like sugar (eoin) EmptyMar 12 Déc - 11:50


T’as le cœur au bout des lèvres, comme si t’avais été coupé dans ton élan, comme si t’avais été brisé en deux par une idée, un souvenir. Peut-être que c’est juste parce que t’es dans un état putain de pitoyable, peut-être que c’est parce que tes côtes ont pas encore guéri  de la dernière fois que tu t’es battu, ce fils de pute en avait en réserve et t’as pris cher, mais lui aussi, fragile gosse qui tape un peu trop fort et qui brise ses poings en même temps que le reste d’âme qu’il cache au fond d’un coffret. T’es le gosse qui est arrivé y’a un an, un an que t’as quitté Austin, presque sept ans que t’es plus en Russie, gosse de dix-neuf piges, pas majeur, seul, dans la rue, est-ce que y’a plus pathétique au monde ? T’en est pas sûr. Putain t’avais que douze ans quand t’es parti, et ça te manque, la neige, les regards, la liberté presque frappante quand on s’éloigne un peu des villes, et maintenant t’es juste là dans une ville dont t’as déjà fait le tour plusieurs fois, gamin trop jeune qui dort sous les ponts comme dans les clichés qui traînent sur internet et qui s’incruste dans des soirées juste pour bouffer un peu et peut-être discrètement prendre une douche. T’es allé à une de ces soirées, la veille et ça avait pas mal dégénéré, des coups, du sang, tu t’étais barré avant de recevoir une balle perdue, et puis t’as erré, comme le cadavre que t’es déjà, putain si jeune et déjà défoncé à coup de poings et de désespoir, si c’est pas beaucoup trop triste.  

T’es le gosse qui a toujours tenu une bouteille aérosol dans tes mains, tu dessines sur les murs depuis que t’es gosse et tu t’en sors pas trop mal, t’as pas encore ton propre style Luka, mais ça viendra un jour, à un moment. T’entends ce son, celui si particulier d’une main qui s’énerve sur un aérosol, ça t’es déjà arrivé ça aussi, puis tu le suis, tu sais pas pourquoi avec ton air trop jeune et ta tête de zombie, et tu t’insurges, parce qu’il tient mal cette putain de bouteille et qu’il est beaucoup trop loin du mur. « Putain mais c’est une blague ? » Tu te rapproches un peu trop. «  Ça t’amuse de faire de la merde ou quoi ? » Tu t’en branles à ce moment-là de te vexer ou quoi, t’es pas d’humeur. « Personne t’as jamais appris à tagger correctement ?? » En même temps c’est avec le temps et la patience qu’on réussit à faire des trucs pas trop mal. T’as les bras croisés et l’air un peu irrité, tu l’es en fait, tu vas pas mentir, ça t’agaces de voir des idiots toucher à de la peinture pour faire de la merde. « Puis à cette distance tu vas jamais réussi à écrire un truc ou dessiner ne serait-ce qu’un point pas diffus. » En vrai il doit pas être plus vieux que toi, tu sais pas tu regardes juste ses mains et la façon doit il tient la bouteille pas son visage ou sa taille, et tu t’en bas les couilles de si tu te fais frapper, tu le mériterais peut-être avec ce regard hautain.
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MessageSujet: Re: flashback ; even salt looks like sugar (eoin)   flashback ; even salt looks like sugar (eoin) EmptyMar 12 Déc - 23:31

Il a les doigts qui tremblent autour de la bombe, le corps secoué d’un vrombissement sourd. Il a les doigts qui vrombissent et il se repasse en boucle sa soirée. Deirdre mutique et le mot sous sa porte, les Je t’aime sans réponse et les drames qui passent et passent et passes sans jamais s’arrêter, le jt qui fait que parler de pays bombardé et son cœur plein de missile, le regard sentencieux de sa mère et celui désolé de son père, Rowan qui a tendu la main vers lui quand il s’est échappé, Rowan qu’il a pas regardé. Il a fui, Eoin. Il a pris la tangente, il a mis les voiles, il a fourré dans son sac les bombes de peinture qu’il a acheté après avoir regardé un énième tutoriel sur youtube, a enfilé son hoodie élimé avant de passer la fenêtre et de courir, courir, courir, pour plus s’arrêter, jusqu’à sentir ses poumons brûler, jusqu’à voir flou parce que c’est tout ce qu’il est capable de faire, tout ce à quoi il est capable de penser. Il est bourré de cachetons et de mauvais alcool, Tag, parce que y a la bouteille de whisky presque vide qui traîne dans son sac à côté des bombes, parce qu’il sait pas où il a les doigts mais qu’il sait que c’est pas au bon endroit, parce que y a une voix qui l’interpelle et qu’il fait volte-face, les épaules carrées et les dents dévoilées, prêt à attaquer, prêt à lutter, prêt à en finir.

Il sait pas trop ce que c’est, Eoin, si c’est le venin que crache le type ou son air de s’être fait rouler dessus par la vie, mais y a quelque chose qui résonne, quelque chose qui fait écho, comme lui, ça pulse, commeluicommeluicommelui, ça chante, comme lui, ça crie, ça pleure, ça hurle, parce que y a la même expression écorchée sur la gueule du mec, parce que y a quelque chose d’horrible dans ses yeux, un tsunami en train de se produire et personne pour sauver les rescapés. Peut-être qu’ils sont naufragés, putain, peut-être qu’ils sont en haute mer et prêt à se noyer, peut-être que ça, le fin mot de l’histoire, peut-être que c’est ça et qu’il en sait rien. Ce qu’il sait, par contre, c’est qu’il a la gorge sèche et les mots au bord des lèvres, ce qu’il sait c’est qu’il a envie d’hurler mais qu’il peut pas, ce qu’il sait c’est qu’il a la tête qui tourne et mal aux doigts. « Ta gueule. » Il jure, et il lui fait un doigt. « Genre ferme-la, sérieux, d’où tu sors avec ta dégaine de pouilleux ? Au lieu de balancer tes infos qui servent à rien tu veux pas plutôt te radiner et faire un truc utile genre me montrer ? Chais pas, c’est juste une suggestion pour t’arrête d’être putain d’inutile, tu vois. »

Tag sait pas demander de l’aide, ouais. Il a jamais su.
Il s’en fout.
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MessageSujet: Re: flashback ; even salt looks like sugar (eoin)   flashback ; even salt looks like sugar (eoin) EmptyJeu 14 Déc - 12:28


T’es facilement en rogne, le type de gars qui se fait frapper autant qu’il frappe, le gosse qui sort son putain de couteau pour percer des peaux, plusieurs couches, touché le muscle et tourné à croire que tu commences à avoir l’habitude, en fait t’as déjà vu faire on a fait ça avec ton cœur et t’a admiré. Il y a une place en enfer pour les gens comme toi Luka, y a une place toute prête avec une liste entière de choix que t’aurais dû faire, y à une liste plus longue que trois fois la circonférence de la terre, tu ne sais même pas si ça veut dire quelque chose ça, ce n'est pas comme si t’en avais un truc à foutre. T’es pathétique, un peu, beaucoup, t’es le gars qui critique, qui juges mais qui n’était pas mieux avant, c’est juste que tu t’es mis au croquis avant de dessiner directement sur les murs où tu gravais tes insultes sur les tables de ton lycée avant de le faire à coup de spray sur les murs. Trop abîmé en dedans, c’est ça que vous êtes, vous deux, sans doute, parce que y a que les gens fatigués qui font ça, qui s’exprime sur les murs en anonyme pour donner l’impression qu’ils ont une vraie opinion du monde, la vérité c’est que vous êtes jeune et que vous allez sans doute changer d’avis à un moment ou à un autre dans votre vie.
« En plus t’es sacrément con. » Il n'a pas l’air bien l’autre, et ce n'est pas que tu t’inquiètes mais c’est quand même un spot cool de graph et t’aimerait pas le voir vomir là, en plus ça serait dégueulasse. C’était une putain de constatation, à la fois qu’il soit con et que tu sois un clodo sorti de nulle part, mais tu lâches un soupir, t’es trop fatigué pour te battre aujourd’hui, alors tu sors juste ta bouteille de peinture et tu commences à écrire, assez près, pas trop, pas trop longtemps sur une seule lettre, du bleu plus profond que celui de tes yeux, un putain de « nique ta mère » en gros sur le mur, parce que t’es l’insolence fait maître. « Si on te donne des infos c'est pas pour t’emmerder c’est pour que tu t’améliores, mais débrouilles-toi avec ta putain de crise d’adolescence qui fait que tu peux pas prendre un conseil, soit nul dans tout ce que t’entreprendra je n'en ai rien à branler. » Tu lui fais un doigt d’honneur toi aussi, parce que t’es qu’un gosse. « Putain, je peux ? » T’as envie de placer la bouteille correctement dans sa main au moins, tu lui montres comment tu tiens la tienne, c'pas en tremblant et en paniquant qu’il y arrivera. « Et aussi pas à plus de trois pas du mur, sinon ça ne fera rien, et trop près tu risques de respirer les trucs toxiques. Pas que je m’inquiète pour ta santé si tu crevais pour me laisser la place ça m’arrangerait bien pour tout te dire. » Tu n'es vraiment qu’un petit con qui essaie de faire semblant de ne pas être sociable, de pas être bienveillant, de pas pouvoir aider.

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MessageSujet: Re: flashback ; even salt looks like sugar (eoin)   flashback ; even salt looks like sugar (eoin) EmptyVen 15 Déc - 13:51

Le mec se lance dans une tirade qu’il écoute pas du tout, parce que ça l’intéresse pas, pour commencer, et parce qu’il est presque sûr qu’il lui parle de la vertu d’accepter l’aide d’autrui, ce qu’il est déjà prêt à faire de toute façon. C’est pas qu’il lui fait perdre son temps mais un peu quand même en fait et il secoue la bombe d’un air vaguement menaçant, un sourcil haussé et les yeux rivés quelque part sur le visage de l’inconnu qui lui demande de crever pour lui laisser sa place. Ça lui donne des envies de rire, à Eoin, parce qu’il a pas de place, lui, de toute façon, et qu’il serait retour au point zéro rapidement. Y a pas de places pour les gens comme Tag, dans la vie, pas de place pour l’outrage, pas de place pour la colère, pas de place dans sa chambre, dans sa maison, dans le cœur de sa sœur. Y a pas de place à prendre, rien à voler, rien à tirer, et il éclate de rire, parce que c’est ridicule, parce qu’il a le désespoir qui déborde, parce que ça le rend ouf qu’il lui balance des trucs à la gueule comme ça et qu’il tape aussi loin de la réalité. La seule place qu’il a, c’est celle qu’il occupe devant ce mur et il est pas sûr que ce soit si agréable que ça. N’importe qui recouvrira son dessin et ce sera pas grave, c’est un peu le principe des œuvres qui ne vivent qu’une nuit.

« Tu parles trop. » Il grogne, mais il lui vaguement les instructions, recule d’un pas, lui adresse un regard franchement pas impressionné tout en remontant son pull par-dessus son nez pour échapper au vapeur. Merde, ouais, il cause trop. Il a fait exploser le compteur que Tag alloue aux gens qu’il croise d’au moins une centaine de mots et peut-être qu’il devrait sévir, au lieu d’attendre un autre conseil, un autre clin d’oeil. « Je t’ai pas demandé de t’inquiéter pour moi, je t’enverrais un avocat au cul quand je crèverais, pour que tu puisses récupérer la place que tu penses que j’ai. » C’est dans sa tête, tout ça, Eoin le sait et quand il sera mort, le type s’en rendra sans doute compte aussi. Il dit pas qu’il a aucune sécurité, il dit pas qu’il serait mieux dans la rue, il dit pas qu’il a que des emmerdes non plus, mais il est pas dans une situation reluisante non plus et le mec finira par le réaliser, peut-être, après quelques jours dans ses pompes. « J’ai pas toute la nuit. » Il pianote sur sa bombe de peinture, les sourcils froncés. « Autre chose à ajouter avant que j’appuie ? »

Et il y a presque une menace dans sa voix, quand il dit ça.
Autre chose à ajouter avant que je défigure le mur ? Autre chose à dire avant de ne plus pouvoir reculer ?
Il espère qu’il va la fermer.
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MessageSujet: Re: flashback ; even salt looks like sugar (eoin)   flashback ; even salt looks like sugar (eoin) EmptyDim 17 Déc - 21:37


Tu parles trop, et en plus tu parles fort, grande gueule qui ferait mieux de parfois se la fermer. Quand t’étais encore au lycée ils avaient tous peur de quand tu t’énervais parce que t’étais pas connu pour être le gosse le plus tendre du monde, les hurlements, les gestes trop violent, tus n'ont jamais été délégué parce que tu faisais peur, parce que t’avais pas assez de self-control, parce que t’étais trop bruyant et pas assez doux. Tu n'as jamais vraiment fait partie du groupe des gens populaires, ceux qui régissent, t’as toujours été effacé ça s’est jamais passé comme prévu, t’étais censé être droit, gentil, sensible, pas sauté sur la moindre personne qui emmerdait tes amis, ceux que t’as perdu de vue, ceux qui ne te manquent qu’un peu. T’es fatigué d’avance de cette conversation à un seul sens, mais pourtant tu parles, parce que ça t’agace, joue sur tes nerfs déjà à fleur de peau, parce que t’as envie de le cogner avec la force qui te reste. T’as seulement le droit à un rire, rire que tu perçois comme triste, désespéré, t’as exactement le même, ce rire qui dit au monde d’aller se faire foutre, ce rire qui dit que tu peux pas souffrir plus que tu n’as déjà souffert, ce rire qui dit que t’as déjà le cœur ouvert et les côtes qui enserrent ton cœur. « Toi tu parles pas assez. »
Il est presque mort l’autre et ça te donne ce petit sourire un peu trop hautain, ce sourire qui lui hurle que tu comprends, que t’es dans le même état que lui, survie perpétuelle et pourtant mort éventuelle. Tu n'as pas l’impression que ça le dérangerait plus que ça de crever dans cette rue, cet endroit, trop sombre, pas joli, qui pue la pisse et le vomit. Ce ne serait pas une mort du roi mais ça serait une mort digne de toi, sans doute de lui aussi. Tu soupirs, tu devrais garder tes conseils pour toi ça profiterait à tout le monde, surtout que la peinture ça s’enlève après tout, non ? À croire que chez toi ça reste incrusté dans ta peau, sur tes vêtements, c’est comme un bouclier opaque qui te rassure presque. Tu ne dis rien, pour une fois, parce que tu fais que soupirer, tu t’assois au sol, en tailleur, comme si tu voulais l’observer, comme s’il était un animal qui te faisait un peu pitié, t’aime pas ressentir ça, de la pitié, ça voulait tout dire, il était carrément défoncé l’autre, ta bienveillance te perdra, c'pour ça où tu restes, tu veux pas qu’il se blesse ou peu importe, tu sais pas pourquoi, tu n'as pas envie de savoir non plus. « Nope. Vas-y. » T’as envie de voir comment il s’en sort, peut-être un peu mieux, peut-être pire, ça t’amuserait presque, c’est un spectacle divertissant. Peut-être que t’as ce moment un peu trop désagréable d’introspection, là où tu te dis que t’as mal un peu partout, que ton nez se remet à saigner et que t’éponges tout ça avec le bas de ton t-shirt, t’es un fragile et tu le sais, le stress, l’angoisse, la peur, l’énervement, ça te fait péter des veines dans l 'nez, ça te fait péter des câbles tout court. « T’as encore de l'alcool ? Ou des cachetons ? » Tu sais pas que dans un an t’arrêtera ça, de boire un peu, de te droguer beaucoup, tu sais pas que ça va te foutre mal, tu sais pas, tu veux juste oublier, peu importe tout ça.

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MessageSujet: Re: flashback ; even salt looks like sugar (eoin)   flashback ; even salt looks like sugar (eoin) EmptyMer 3 Jan - 17:21

Il est au bord du gouffre, Eoin, avec ses poches sous les yeux et ses doigts qui tremblent, avec ses jointures blanchies par la crispation et ses pupilles qui dansent dangereusement. Il est au bord du gouffre, les orteils dans l’abîme et la tête renversée en arrière, il est au bord du gouffre et tout son corps hurle danger, danger, danger, pendant que le whisky fait glisser les anti-dépresseurs le long de son corps, pendant que les médicaments kickent, se répandent et se diffusent, crépitements dans son ventre et vertige derrière les yeux, l’alcool au bord des lèvres et le corps au bord du précipice. Il a déconné. Il sait qu’il a déconné. Il sait qu’il a trop bu et qu’il a avalé trop de cachets, il sait qu’il dissimule bien, pourtant, parce que l’autre voit rien, parce que personne voit rien, comment il s’autodétruit et comment il se tue, comment il se laisse évaporer à petit feu, des nuages noirs de fumée hors des poumons et des mensonges plein les yeux. Personne voit rien, personne voit rien, personne voit rien et il déteste tout le monde, et il veut tous les crever, tous leur crever les yeux pour oser le regarder, tous les exterminer. Il trace un grand trait rouge sur le mur, comme une respiration qu’il retenait depuis trop longtemps, comme le cri qu’il meurt d’envie de pousser, un cri de rage et d’agonie, de terreur et de libération, un cri inhumain et beaucoup trop humain à la fois, le cri de la bête qui meurt quelque part dans son torse, quand il se gave de pilules pour oublier, quand il se noie dans sa bouteille pour ignorer le ciel.

« Ta gueule. » Il répète, parce que l’autre recommence à parler et qu’il en a rien à carrer. Ta gueule, ta gueule, ta gueule, il répète dans sa tête et il gribouille en rouge l’esquisse d’un portrait. Ta gueule, ta gueule, ta gueule, et le visage ensanglantée d’une femme qui se dessine au milieu des traits qui semblaient aléatoires une seconde avant. T a g u e u l e, chuchote son cerveau, TA GUEULE, hurle ses yeux et il balance la bombe au sol dans un geste mal contrôlé, parce qu’il a le cerveau qui file à toute allure, parce que ses yeux crucifient le mec et qu’il aurait sans doute planté lui-même le Christ sur la croix s’il avait pu, parce qu’il l’éventre du regard mais qu’il est incapable de se sentir désolé pour ça. « Dans mon sac. » Il articule, et il se laisse glisser en position assise, la peinture rouge sous les ongles et le regard incapable de se focaliser, les yeux fuyants et les mâchoires crispées. Quelque chose ne va pas. Il a appris à repérer les signes. Il a appris à noter les changements. Quelque chose ne va pas et un voile de sueur recouvre sa nuque. Quelque chose ne va pas et il oublie une seconde de respirer quand son estomac se tord violemment. Il résiste, pourtant, il veut rien montrer, Eoin, parce qu’il est composé de rage et de tristesse et qu’il est incapable de lâcher prise, parce qu’il a l’amertume chevillée au corps et qu’il est incapable d’exister sans. « J’espère que tu vas tout avaler et crever. » Il murmure, pour cacher la nausée, pour masquer le mal-être.

Les mots sont moins adressés à l’étranger qu’à lui-même et il tend la main pour saisir la bouteille lorsqu’il a fini de boire.
Il avale deux gorgées.
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