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 seth | toad

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MessageSujet: seth | toad   seth | toad EmptySam 9 Déc - 20:31

Et si tu te laissais sauver pour une fois ? Ça revient. Encore. C’est entêtant. Ça s’est immiscé plus loin dans sa tête qu’il l’aurait cru, Seth. Même si y a toujours les mêmes réponses qui reviennent. Les mêmes depuis tant d’années. Mais jusque-là il en avait jamais eu envie. Pas d’être sauvé, non, il prétend pas à ça. Juste retourner un peu dans ses bras. Parce que c’était bien. Avant. Avant que tout parte en live. Revenir en arrière, à l’époque de leurs premiers baisers. Même si c’était pas aussi doux que ses souvenirs faussés le laisse imaginer, froissés par la violence actuelle. Juste… un peu. Un peu d’eux d’avant, de tout c’qui avait. Un tout petit peu. Même si c’est pas possible. Y a jamais eu d’un peu, de compromis, de concessions entre eux. Un peu d’recul qu’aurait pû au moins sauver les meubles. Il sait pas si ce serait pareil maintenant. Il s’en sent pas vraiment la force. A peine celle de penser à lui sans colère. Quelques minutes à peine. Les yeux plongés dans le ciel blanc de l’hiver, dans le silence de la plage déserte à cette époque de l’année. Avant que les questions reviennent, les vieilles et des nouvelles. Pourquoi t’appelles pas ? Pourquoi il appelle pas ce con ? C’est lui qu’a demandé à revenir, à avoir son numéro. Pourquoi il appelle pas ? Pourquoi il le laisse se réfugier dans les bras de la Bête, ou sous les ordres de Famine. Pourquoi il le laisse s’enfoncer encore un peu plus ? Pourquoi il est pas là, hein ? C’est pas comme ça qu’il va arriver à l’sauver. Pas en le laissant le détester. En lui donnant de nouvelles, de vraies raisons de le faire. Il comprend pas. Ça servait à quoi de débarquer ici, de revenir, de s’imposer de force dans sa vie et de récupérer un passage un bout d’son âme. Il comprend pas, putain. Merde, appel Toad. S’il te plait. S’il te plait. S’il te plait, m’oublie pas. Merde. Y a une larme qui s’échappe du coin de l’oeil, un juron tut dans un grognement et un geste esquissé pour l’effacer. Mais elle disparait avant. Dans la chaleur moite d’la langue râpeuse d’son nouveau pote. « Hé ... » Vague protestation contre son compagnon à quatre pattes, qui lui arrache un vague sourire quand même. Il se redresse, la bête qui s’assoit en même temps, pas besoin de s’causer. Les ongles qui viennent gratter l’arrière des oreilles du chien pendant qu’il s’plonge dans son regard un peu trop luisant, admiratif, dans l’attente d’un truc, n’importe quoi, tant qu’c’est gentil. Ca lui rappelle quelqu’un tiens. Alors oué, ça l’fait sourire un peu plus, Seth. C’est bien les chiens. C’est pas compliqué. Peut-être qu’il le ramènera à la maison celui-là un jour. Même si Wini gueule. En attendant ils s’retrouvent au détour d’une rue, à la plage, deux âmes errantes. Paf. Sa lourde patte pataude qu’atterrit en travers de la tronche de Seth. Réveille-toi vieux. « Hé ... » Bim, une deuxième. « Nan mais tu vas pas me cogner toi aussi, bordel. » Encore leurs regards qui s’croisent. L’idée à la con qu’il veut lui dire un truc, le chien. En même temps c’est pas difficile d’être plus lucide que Seth sur la question Toad. Oué. Si. J’pourrais l’appeler, moi. Soupire, nouvel échange de regard avec le berger allemand, droit comme un i. « Ok, ok, ça va, j’ai compris. » Il attrape son téléphone dans la poche de son jean, pour une fois qu’il l’a, fait défiler lentement les noms de sa liste de contacts avant de tomber sur celui de Toad. C’est bizarre. Tellement étrange.De l’avoir de nouveau là, aux milieus de tous ces noms croisés dans la nouvelle vie qu’il s’était faite sans lui. Encore quelques secondes, ou quelques minutes, il sait pas, à fixer l’écran. Assez pour que le chien s’impatiente et lui assène un troisième coup de patte. Ok, il lance l’appel, balançant une poignée de sable dans la tronche du chien qui l’regarde, l’air indigné. Ça le fait rire, Seth. Pas longtemps parce que la tonalité s’fait entendre. Et y a tout qui se noue dans ses tripes. Merde, pourquoi je fais ça moi. Spasme dans les muscles, il raccroche. Quel con. Encore quelques secondes à fixer le téléphone, à rassembler des miettes de courage. Des miettes de raisons de passer ce coup de fil. De s’infliger sa voix à l’autre bout de la ligne, trop près et trop loin. Il rappelle quand même. Main libre qui cherche refuge dans la fourrure chaude du chien. Il attend, mâchoire serrée, le sang qui pulse trop fort. Il sursaute quand ça décroche, ferme les yeux en entendant la voix de Toad. Pas capable de répondre tout de suite. Parle crétin. Tu vas lui faire peur. « Salut... » à peine articulé. Il sait pas quoi dire d’autre. Rouvre les yeux pour trouver une réponse, les perd dans la mer glacée. Il sait pas pourquoi il a appelé. Parce que le chien lui a suggéré ? Nan. Il sait. Parce que lui le fait pas. Parce qu’il a besoin de réponses. Parce qu’il lui manque, en fait. Tout simplement. « Pourquoi t’as pas appelé ? Ça va faire une semaine Toad. »
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MessageSujet: Re: seth | toad   seth | toad EmptyVen 15 Déc - 0:22

Why does the sun go on shining, why does the sea rush to shore, don’t they know it’s the end of the world ‘cause you don’t love me anymore – DREA-EA-EA-EA-EAM, DREAM, DREAM, DREAM. PUTAIN. POURQUOI LES EVERLY BROTHERS VIENNENT GÂCHER SKEETER DAVIS POURQUOI J’ÉCOUTE CETTE CHANSON DE MERDE DE RUPTURE POURQUOI J’SUIS. Encore sous la couette, Toad ? A chialer ta race très dignement ? Très digne, super digne, j’suis Mister Digne, pourquoi ce putain de téléphone sonne encore putain de merde ? J’sais même pas où il est. J’veux pas voir qui c’est. C’doit pas être Asher. J’aimerais qu’ce soit Asher comme les trois derniers mois passés à s’appeler en pleine nuit pour s’dire de se ramener. Ça fait quoi ? Une semaine ? J’ai complètement perdu la notion du temps, balancé à Ezra que j’avais la grippe, que j’pourrais pas faire la messe dimanche, dimanche est assé, aussi, c’est l’angoisse, Magda a appelé. Peut-être que c’est elle, mais ça a raccroché, la sonnerie est pas allée jusqu’au bout. Va te faire foutre Magda. Elle veut sans doute me traiter de raté comme avant-hier, mais j’ai jamais prétendu l’contraire, j’suis un raté, c’est pas nouveau, c'est pour ça qu'aujourd'hui je voudrais crier, je ne suis pas un héros, mes faux pas me collent à la peau, j’peux pas m’en défaire, je serai toujours le même connard pour Seth, le même connard pour Asher aussi, maintenant. J’arrive même pas à regarder Ezra dans les yeux quand il passe voir si ça va, si j’ai pas besoin d’un bol de soupe ou d’une bouillotte. J’me déteste. J’me sens sale. Parce que j’pars en scréd au beau milieu de la nuit pour baiser de parfaits inconnus, à draguer à coups de je t'mettrai plus de disquettes que dans un Windows même si j’comprends pas qu’ça marche, besoin d’une dose d’endorphines pour pas s’piquer à l’héroïne, j’ai fait dix mecs différents en une semaine, à croire que j’tente de battre le record de ma précédente rupture. J’ai dû pleurer devant l’un ou l’autre, mais j’m’en fous, tant pis, l’reste du temps j’ai bu trop de bières pour vraiment savoir c’que je fais. Why does my heart go on beating, why do these eyes of mine cry, ouais, t’as raison, Skeeter, pourquoi putain, pourquoi. Pourquoi est-ce qu’on crève pas vite d’un chagrin d’amour. DREA-EA-EA-EA-EAM, DREAM, DREAM, DREAM MAIS ILS VONT LA FERMER LES EVERLY BROTHERS LÀ. Je roule sur le bord du lit, aperçois l’écran niqué de mon smartphone en contrebas. Holy Fuck. Seth, c’est Seth, j’fais quoi putain j’l’ai pas rappelé j’suis qu’un gros con. Et merde. Réponds, abruti. J’chope le téléphone qui gît par terre entre un carton de pizza, un boxer et une canette de bière, décroche machinalement puis bugue cinq bonnes secondes avant de coller l’appareil à mon oreille. « Heey », la voix éraillée du mec qu’a la gueule de bois et qui est pas sorti de son lit de la journée. Ça s’éternise aussi à l’autre bout du fil et j’me demande un instant s’il m’a pas appelé par erreur. J’plisse les yeux pour essayer d’me concentrer sur le bruit qu’ça fait, ça ressemble à la mer, pas à un bruit d’poche et puis Salut. Sa voix. Le palpitant qui danse la salsa entre mes côtes. Ta gueule, petit cœur. J’éteins la musique, soudain conscient qu’c’était beaucoup trop fort et qu’il doit l’entendre. Faut pas qu’il sache. Faudrait qu’il sache, c’est pas bien d’mentir, t’as vu c’que ça a donné la dernière fois. C’était y’a une semaine, tu te rappelles ? Pourquoi t’as pas appelé ? J’me retiens de fondre en larmes autant qu’d’exploser de rire, c’est merveilleux. Est-ce qu’on peut arrêter la tragicomédie ? « Ouais euh… », aloreuh, comment direuh, « parce que j’suis un abruti, parce que j’suis un déchet, et un gros connard aussi. J’suis désolé. » Soupir, la main qui se pose devant les yeux pour essuyer les larmes qui se pointent quand même, j’espère que j’ai juste l’air d’avoir un lendemain d’soirée difficile. Bah. Autant être honnête. « J’voulais t’appeler mais. J’avais peur de chialer comme une gonzesse. Et de te d’mander de v’nir me baiser. » Les yeux qui s’lèvent au ciel tout seuls, « fuck », j’marmonne, reniflement sonore à la clé. « Oublie c’que j’viens d’dire steplaît. Tu vas bien ? Enfin. Tu pisses plus le sang ? »
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MessageSujet: Re: seth | toad   seth | toad EmptyVen 15 Déc - 23:34

Sa voix, ptn, ça le frappe comme un poing en pleine face. Toujours pas rhabitué. Toujours étonné de constater qu’il la connait par cœur. Qu’en si peu d’mots, il sait déjà que c’qui va suivre, et que ça va pas forcément lui plaire. Ça va faire mal. Les doigts qui s’referment sur la fourrure du chien pour s’accrocher à quelque chose. En prévention d’la suite. Il n’a pas à attendre longtemps, il est au bord du gouffre Toad, il le sent, dans le tremblement de la voix, les hésitations, le souffle, la musique à la con derrière. Tu pleures sous la couette en bouffant des bonbons et remplissant ton journal intimes d’encre, de larmes et d’morve ou bien ? Et y a le flot qui se déverse, lamentations, conneries. Arrête de d’victimiser, ptn. T’es plus un gosse. Mais il dit rien, mâchoire serrée, yeux fermés, c’concentrer sur le bruit de la mer pour pas s’énerver. Paraitrait que ça détend. « T’es con... » ça lui échappe quand même. Ça l’écorche un peu. Pourquoi il lui parle comme ça, merde. Ça leur fait mal à tous les deux. Même le chien lui lance un regard du genre “woh, tu vas parler meilleur”. Soupire de ça part aussi. « T’aurais dû appeler. » T’aurais dû appeler parce que j’aime pas quand tu vas mal. Même si ça pue l’hypocrisie d’dire ça. J’aurais p’t-être pu faire quelque chose. Même te baiser. T’aurais dû appeler parce que c’était pas à moi d’le faire, c’est toi qu’est revenu, j’ai pas à te courir après. J’avais pas envie de te revoir, pas envie qu’tu reviennes. T’es revenu, assume un truc dans ta vie pour une fois. T’as pas grandi ou bien ? T’aurais dû appeler parce que ça m’aurait donné une raison de moins d’être en colère.
Calm down.
T’énerve pas crétin. Il est pas tout seul. Fallait tirer si tu voulais plus l’voir. Ou pas lui filer ton numéro, c’est moins radical qu’une balle entre les deux yeux. Et te barrer d’ici. C’est pas comme si t’avais quelque chose à perdre. Va pas dire que la bande de débiles qui t’sers de famille t’es réellement indispensable. T’as pas tiré, t’as appelé alors ta gueule et écoute. Ecoute c’qu’il dit, cette autoflagellation qui fait pas sens dans ta tête. Ecoute c’qu’il dit pas. La musique larmoyante, de rupture, merde, qu’il a arrêté, t’as des trucs à cacher Toad ? les trucs qu’il dissimule derrière c’qu’il semble avouer. Tes cellules qui te gueulent que ça va pas, parce que tu peux dire c’que tu veux, tu l’as toujours dans la peau. Et tu sens que ça va pas. Ça va pas du tout. Tu vas bien ? Jamais. On s’en fout, c’est normal. « Oué, oué, j’m’en r’mets toujours. J’suis increvable. » La blague. Il s’croit indestructible Seth. Physiquement, il a p’t-être raison, depuis le temps qu’il aurait dû crever. Mais il a compris y’a pas longtemps qu’à eux seuls les mots peuvent tuer. Ceux de Shashawnee tout particulièrement. Ceux-là même qui se forment dans son esprit qui s’met à galoper tout seul. A aller toujours vers le pire. Alors il veut pas demander, mais il a pas le choix. « Qu’est-c’qui c’passe ? »  Me dis pas qu’t’as changé d’avis. Tu t’es dit que finalement, non, j’étais plus un si bon parti que ça. « T’as plus envie ? » Te barres pas, putain. M’abandonne pas. « Tu veux plus me voir ? » Réponds pas va. Raccroche. C’est plus simple. Increvable, mon cul. Il sent le gouffre qui s’ouvre en-dessous de ses pieds. La terreur qui glisse autour de ses entrailles. Ses vieux démons qui reviennent titiller ses nerfs. Normal qu’il s’casse Toad. T’as vu c’que t’es devenu. Il s’est peut-être cru de taille sur le coup, et puis à y réfléchir … T’en vaux tellement pas la peine. Stop. Stop, stop, tu penses n’importe quoi, respire. Respirer, oué. Un peu fort, il avait encore oublié. Avant de se laisser choir à nouveau sur le sable. Comme ça il pourra pas tomber plus bas. Un bras sur les yeux pour pas regarder les choses en face. « Je ...» Tu ? Soupire.  « Qu’est-c’qui c’passe, Toad ? » Dis-moi.  « Me ment pas, s’il te plait. » Peut-importe c’que t’as à dire, ça fera toujours un peu moins mal aujourd'hui que demain.
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MessageSujet: Re: seth | toad   seth | toad EmptyLun 18 Déc - 0:25

T’es con. T’aurais dû appeler. « Je sais. » Murmure de regret. Mille fois je sais. Mais tu me connais, tu sais que j’fais toujours le mauvais choix, le truc qui faut pas, les erreurs du débutant même si j’devrais avoir appris depuis l’temps. J’suppose que j’m’améliore pas tellement, que ma pseudo-rédemption n’est qu’la belle façade que j’me donne, pour tenter d’me faire croire que j’peux être un type bien, moi aussi, que j’ai droit au bonheur, une façon comme une autre de s’mettre un peu d’baume au cœur sans réellement s’améliorer. J’blesse toujours autant les gens, j’les laisse tomber, j’les abandonne juste après leur avoir fait miroiter des merveilles, un mec potable en apparence mais j’ai jamais été autre chose qu’un déchet toxique à enterrer six pieds sous terre, pas vrai ? Regarde, même à toi j’te fais du mal, alors que j’m’étais promis de plus jamais t’en faire. Je rate toujours tout, j’sais pas qui j’croyais leurrer, pas moi en tout cas. C’était plus facile d’être un camé, au moins j’pouvais oublier qu’je suis qu’un pauvre con bon à rien, et l’monde avait l’air moins gris, moins triste, moins hostile. Moins dégueulasse. J’avais pas b’soin de croire en Dieu pour me sentir bien, la foi à laquelle j’me suis raccroché pour pas sombrer, pour m’en sortir, me dire que y’avait un but à tout ça. Que ça rimait à rien si y’avait pas quelque chose derrière la vie, que les épreuves étaient là pour une raison et qu’on pouvait tous être sauvés, quels que soient nos péchés. C’est plus difficile de croire quand on touche le fond, quand on coule malgré tout. A quoi bon, ça marche pas. Ouais, j’doute de Toi, là-haut, avec ta barbe millénaire et ton cigare, j’comprends pas du tout où Tu veux en venir et ça commence à me faire chier royal.

Il va bien, Seth, il va bien comme on va bien quand on est au fond du gouffre, j’imagine, à s’illusionner sur le sens de l’expression. Combien d’fois j’la lui ai balancée, celle-là, défoncé au bord de l’overdose, je vais bien, si, j’te jure, pas besoin de ta désintox à la con. J’voulais pas l’écouter, j’croyais qu’il voulait se débarrasser d’moi, m’éloigner, j’voulais pas m’soigner, j’me trouvais bien comme ça, moi, avec ma copine héroïne pour partager notre lit, et lui quand j’arrivais à l’faire rester au pieu. J’essuie les larmes séchées sur mes joues, la sensation désagréable d’avoir trop pleuré mais d’avoir toujours les yeux gonflés d’eau quand il me demande ce qui s’passe. J’sais pas, moi. Tout ? Ouais, tout. Mais il continue et j’me redresse, assis sur le matelas, troublé par les mots, le cœur qui s’remet soudain à battre trop vite. « Hein ? Quoi ? Mais non, babe, je. » Ouais, non, pas babe, mauvaise idée. J’me reprends. « ‘Fin. J’veux dire, j’veux pas plus te r’voir, où tu vas chercher ça ? » Peut-être parce que tu chiales et que tu l’as pas appelé ? Il sait très bien qu’y a un truc qui tourne pas rond, va falloir avouer tes fautes, Toad. Mais j’ai pas envie d’le perdre lui aussi. Mais si j’lui dis plus tard j’le perds à coup sûr, là tout d’suite j’ai encore une petite chance qu’il me pardonne, non ? Qu’il me pardonne quoi, j’sais pas trop, pourtant j’ai cette impression ténue d’lui avoir été infidèle. On était plus ensemble, ça compte pas, si ? Et Asher ? J’peux pas trop lui coller l’étiquette d’infidélité, vu l’état dans lequel je suis, dans lequel j’l’ai mis. J’me hais, putain, j’me hais. « J’étais avec quelqu’un. J’me suis fait larguer, j’lui avais pas dit pour toi, c’était un peu con d’ma part. » Carrément con, ouais, mais j’voyais pas trop comment causer à mon mec – que j’refusais d’appeler mon mec en plus – de mon même pas ex-mari qui m’obsédait grave trop. Qui m’obsède toujours grave trop. « C’était pas prévu. » Comme le besoin de s’justifier, de garder un semblant d’cohérence après tout c’que j’lui ai dit, à l’hosto, après que j’l’ai laissé m’embrasser, que j’ai répondu au baiser, beaucoup trop fort. Rire amer qui s’échappe de ma gorge. « Tu sais, j’me souviens toujours de quand j’pensais qu’à te rendre heureux. J’voulais vraiment red’venir le mec que t’as épousé. Vraiment, mais. J’suppose que ça valait pas la peine d’essayer. J’suis désolé. J’voudrais qu’tu sois là. » Tu veux pas v’nir me consoler, Seth ? Steplaît ? Je s’rai doux et sage comme un agneau, promis juré craché. Ah non, pas craché, ça t’dégoûtait quand j’le faisais et que j’te collais la main pleine de salive sur la figure en t’disant qu’tu m’laissais bien te lécher. C’que j’étais con. Tu vois ?
J’ai pas changé.
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MessageSujet: Re: seth | toad   seth | toad EmptyLun 18 Déc - 22:48

When your dreams all fail, and the ones we hail are the worst of all, and the blood’s run stale. I want to hide the truth. I want to shelter you. But with the beast inside, there’s nowhere we can hide. No matter what we breed. We still are made of greed. This is my kingdom come. This is my kingdom come. When you feel my heat, look into my eyes. It’s where my demons hide. It’s where my demons hide. Don’t get too close, it’s dark inside. It’s where my demons hide. It’s where my demons hide. Il déteste cette chanson, Seth. De base il l’aime pas, mais elle s’est insinuée sournoisement dans son esprit cette dernière semaine, depuis qu’Il est là. Et elle refait surface par moment, pour lui flouter l’esprit quand ça va vraiment pas. Comme un ptn de requiem qu’essaye de parler de mort en beau, qu’essaye de foutre des paillettes par dessus l’horreur. D’adoucir le truc sans l’ignorer. Ça reste de la merde quand même. Et il s’dégoute plus que l’autre péquenaud l’exprime dans c’te chanson. Elle passe en boucle dans son esprit, pour atténuer le choc de la réponse qu’il imagine. Mais c’est pas ça qu’il dit Toad. Alors ça le rassure. Un peu. Pas trop. Parce que y a quand même quelque chose qui va pas. Pas besoin de le relancer, Toad, il se confesse tout seul. Une phrase qu’il comprend pas, ou veut pas comprendre. Clarifiée par la suivante. Et le silence. Le blanc clinique qui s’installe dans sa tête, pour aseptiser la nouvelle. Faire passer la pilule. Les yeux soudain grands ouverts, même s’il voit que dalle. Le monde qui s’tait et retient son souffle en même temps que lui, tous concentrés sur les battements de son coeur pour pas qu’il en loupe un. T’entenderais presque les bips cardiogramme. « Quoi ? » à peine soufflé entre ses lèvres. C’est pas vraiment une question de toute façon. C’est une tentative de garder en ordre sa psyché bancale. De mettre du sens, de la logique, aussi froide soit elle, pour par devenir fou. Il comprend bien qu’y a que dalle d'infidélité là-dessous, il s’était cassé, que s’était fini. Qu’ils s’devaient plus rien. Il s’doutait bien qu’il allait pas rester comme un con. Même s’il l’imaginait plus crevé dans des chiottes en préfabriquées en aiguille dans le bras que remaqué. Il comprend bien qu’il devrait pas avoir de raison de lui en vouloir pour ça, de pas avoir les jointures de doigts blanchies, qui serrent trop le téléphone. Mais, « j’comprends pas » encore soufflé du bout des lèvres. Nan, il y a un truc qu’il comprend pas, ptn. « J’comprends pas. C’est quoi le truc ? T’vas pas me dire que t’avais c’mec quand t’as décidé de te pointer ici pour m’revoir… Tu t’es genre trouvé un guss en t’disant qu’t’aviserais si un jour tu m’croisais ? J’comprends pas. T’es venu ici pour moi ou pas ? » Il a sa voix qui monte en puissance en même temps qu’elle s’enlise dans les tremblements. Il comprend plus rien. Juste l’impression d’être ce ptn de chiot qu’t’offres à ton gosse à Noël et que tu refiles à la SPA deux semaines après parc’qu’il fait chier. Il est pas pratique en fait. Il est mignon, mais faut l’sortir inon il chie partout et bouffe les chaussons. C’est plus simple sans lui. L’impression d’avoir juste été là, au mauvais endroit au mauvais moment. Que Toad aurait très bien continuer sans lui en fin d’compte. Que y a juste eu trop de pathos dans ces connes de retrouvailles cruelles pour pas retrouver leurs vieux démons communs. S’promettre les mêmes conneries qu’avant. Et y croire au fond, un peu. Juste assez pour que ça fasse mal. Ça fait mal. Le coeur trop lourd qui semble vouloir traverser les vertèbres, le sable, le sol et aller consommer dans l’magma sous la croûte terrestre. Ça le fout en rogne parce qu’il comprend rien. Parc’qu’il peut pas s’empêcher de l’imaginer avec un autre type, sans le filtre de l’hypothétique dessus. Ça fait trop mal de l’imaginer en baiser un autre, ou s’faire baiser par un autre. Même si c’est pas l’pire. « Tu l’aimes ? » Pas capable de tourner la phrase au passé.  Ça peut pas en être vu son état. Ça peut pas en être parce que sinon il lui aurait pas dit, il en aurait rien eu à foutre Seth. Ça peut pas en être parce que sinon, ça serait encore moins compréhensible.  Et là, y a qu’à la logique qu’il arrive à se raccrocher, Seth. « Réponds-pas. » Voix trop précipitée. Mais réponds pas surtout. J’veux pas l’savoir, ptn. Parce qu’il le sait déjà. Ça le crame déjà de l’intérieur. Goutte salée qui glisse sur sa tempe avant de se faire absorber par le sable. Comme si elle n’ont plus, elle avait pas d’importance, et rien à foutre là.

Il ne sait pas bien comment il fait pour rester aussi calme, Seth. Il en faut bien un qui le reste. Et question d’habitude, de eux deux, c’était souvent lui. Même si il y a tout qui s'effrite encore à l’intérieur, et quelques vaines tentatives de s’accrocher aux murs qui se disloquent sous ses doigts. Même si y a d’autres larme qui font silencieusement disparaître entre les grains de silice. Y a que sa voix qui tremble, et la main qui tient le téléphone. Qui s’retient de pas le balancer. Un soupire saccadé, pour étouffer un embryon de sanglot. Hors de question qu’il s’mette à chialer comme une gamine. Comme Toad sous ses draps avec son paquet de bonbon et son journal intime. OU alors il est juste calme parce que sinon, il sait pas c’qui va s’passer, et veut pas prendre le risque de péter les plombs. « C’est qui ? » Ou alors c’est p’t-être pour ça qu’il reste calme, Seth. Parce qu’il a déjà décidé que ce pauvre con, il allait le retrouver, et il allait le buter. Pas par vengeance. Pas par colère contre lui. Rien de personnel. Juste parce que y a le monstre qui réclame le feu, le sang, et un sacrifice. Une tête sur le billot. Le sang des autres pour laver ses larmes, comme d’habitude.
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MessageSujet: Re: seth | toad   seth | toad EmptyVen 22 Déc - 22:38

J’aurais remué le ciel le jour, la nuit, j’aurais dansé avec le vent, la pluie, pour toi. J’aurais tout fait, pour toi, n’importe quoi. Sauf que j’ai seulement fait n’importe quoi, sauf que j’t’ai laissé tomber, sauf que j’t’ai pas écouté. Si tu savais comme je m’en veux. Comme j’me déteste. Comme j’me hais. T’es l’amour de ma vie et j’t’ai bousillé. Et maintenant, y’a cet autre amour de ma vie, et j’l’ai bousillé aussi. L’histoire se répète toujours. C’était probablement écrit comme ça. J’fais partie d’ceux qu’on devrait achever au berceau, avec mes gènes merdiques, qu’est-ce qu’on pouvait espérer d’moi, franchement ? Qu’est-ce que t’espérais, Seth, qu’est-ce qu’espérait Asher, putain ? Que j’sois parfait ? Que j’sois le mari idéal, le p’tit copain de série télé dont toutes les meufs rêvent ? Souriant, attachant, tendre mais protecteur, roi d’la baise, capable de dénicher des cadeaux qui font vraiment plaisir et qui plaît aux parents ? Y’a écrit loser sur mon front en lettre capitales, peut-être même que y’a une faute d’ortho, sûrement. Il comprend pas Seth, évidemment qu’il comprend pas. Y’a d’la colère, dans sa voix, d’la confusion, surtout, et j’sais pas comment expliquer, comment m’justifier. Moi non plus, j’comprends pas c’qui s’est passé. C’t’un peu le retournement de situation que personne n’attendait.

Toad aime Seth.
Toad perd Seth.
Toad sort de désintox avec la ferme intention d’reconquérir Seth.
Toad tombe amoureux d’personne d’autre pendant tout c’temps.
Toad s’installe dans la ville de Seth.
Toad rencontre Asher.

Et y’a tout qui part en couilles à partir de là. Surtout à partir du moment où Toad décide de baiser Asher, alors que y’a aucune raison d’le faire, et mille raisons de pas l’faire, parce que a) Asher vient d’se faire larguer b) Asher a tenté d’se foutre en l’air c) Toad est pasteur et qu’son rôle c’est pas d’faire de la thérapie par le sexe. L’enchaînement est surréaliste, les sentiments aussi, d’où ils sortent, ceux-là, y’a rien eu, pendant six ans, que dalle, pas un battement d’cœur mal placé, juste Ezra mais pas moyen d’concrétiser alors ça allait, ça allait jusque-là, j’m’en sortais très bien, j’me réservais pour Seth comme une vierge avant l’mariage. Métaphoriquement. Mon corps j’le filais à d’autres, mais j’en avais rien à foutre, j’le donne toujours à d’autres, et ça me fait rien non plus, y’a pas d’amour, là-dedans, juste de la baise, rien d’plus, alors pourquoi avec Asher ça a pas été, ça a trop été, pourquoi le palpitant s’est remis à battre comme un dératé tout à coup, pourquoi on pouvait pas être deux potes qui s’faisaient du bien, point barre. Maintenant j’l’ai perdu, et y’a Seth qui m’file entre les doigts, j’le sens, les phalanges qui s’agrippent au téléphone comme si c’était à sa main que j’m’accrochais. Me laisse pas toi aussi, putain. Me laisse pas encore une fois. « C’tait pas prévu. J’savais pas qu’j’attraperais des. J’savais pas. » Crois-moi, Seth, steplaît, j’voulais pas t’faire subir tout ça. J’ai du mal à retenir les sanglots qui m’étranglent, qu’ils engloutissent pas tout, que j’me remette pas à chialer dans l’combiné. J’veux pas l’perdre lui aussi. « C’est fini, t’façon. Y’a plus rien. J’voulais t’appeler, j’avais juste b’soin d’un peu d’temps. J’suis désolé. » Dis-moi qu’tu m’en veux pas, dis-moi qu’tu m’aimes, putain. J’aurais donné ma vie pour que tu m’le redises un jour, sans cette foutue valise à tes pieds, sans la porte qui claque juste après. J’la donnerais encore, j’crois. Reprends-moi, on s’casse d’ici, on recommence tout à zéro. J’ai envie. Mais j’reste cloué à mon lit sans rien dire, et tu me d’mandes qui c’est. « ‘S’appelle Asher, mais on s’en fout, Seth. Tu veux pas v’nir à la maison ? On a qu’à regarder Grease et faire comme si ça allait. Juste ce soir. S’il te plaît. » Ouais, on a qu’à prétendre que tout va bien. J’ai même pas besoin d’ta main sur mon épaule, ni qu’tu m’laisses poser ma tête sur tes genoux, j’veux juste qu’tu sois là avec moi, même si on s’dit rien, même si on s’regarde pas. Juste qu’tu sois là.
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MessageSujet: Re: seth | toad   seth | toad EmptyLun 25 Déc - 20:14

Il voit pas trop comment tout ça pourrait être pire Seth. Nan, si, c’est pas compliqué, y aurait suffi que le troisième-là, il ait pas largué Toad. Parce que Toad, il l’aurait pas largué, il le sait, il l’entend dans les sanglots étouffés à l’autre bout du combiné. Et ça le fait tellement chier de le connaître encore aussi bien. C’est le genre de truc qu’il aurait préféré pas comprendre tout seul. Que c’qu’il a pas dit qu’il avait attrapé Toad c’était des sentiments et que la seule chose qui devait être finie c’était cette relation. Donc oué, si cet autre l’avait pas largué, là oué, ça aurait pu être pire. Piètre consolation. Pas du tout suffisante pour tarir la source des larmes qui continuent de s’écouler sur ses tempes. Ou pour apaiser la colère qui remet à gronder. C’est toujours la même chose, ptn. Avec ou sans Toad. C’est peut-être juste qu’il est toujours pas là en fait. Pas vraiment. A cause de l’autre. Oué, il veut son nom Seth, même s’il sait que c’est pas une bonne idée. Bienheureux sont les ignorants, mais les ignorés aussi. C’est jamais bon d’être la cible de la colère de Seth. Alors il s’redresse, plonge son regard dans l’eau aux reflets d’acier, dans l’attente du nom du pauvre type qui devra payer.

Mais c’est pas à ça qu’il s’attendait Seth. Ca éclate dans ses oreilles comme une détonation, un coup de feu, l’attente silencieuse de voir si t’as été touché ou pas. « Asher ? Bloomberg ? Le keuf ? Tu te fous de ma gueule ?» Y a plus de tremblements, ni dans sa voix, ni dans sa main. Juste ses poumons qui se vident, et l’immobilisme total. Y a pas besoin de la réponse de Toad pour la connaître, le silence au bout de la ligne suffit. Nouvelle au moins aussi violente que la précédente. Peut-être plus, il sait pas, il sait plus. Tout c’qu’il sait c’est qu’il aurait préféré que ce soit pas lui. Pas lui putain. « Tu te fous de moi ? » Il répète, on sait pas, au cas où que ce soit une blague fort mal venue. Ce serait sans doute mieux. Il tangue entre la colère et le désespoir Seth, mais c’est un sourire qui vient s’dessiner sur un coin de ses lèvres. Un mauvais sourire. Et puis un éclat de rire qui s’en suit. Il comprend pas tout de suite que ça vient de lui. Les côtes qui s’entrechoquent et la voix grinçante. La pointe d’hystérie qui fraye son chemin dans l’bordel qui règne dans son cerveau. S’il lui fallait une dernière preuve que l’univers se foutait définitivement de sa gueule,
elle venait de lui exploser au visage. Mieux vaut l’prendre à la rigolade, nan ? C’est toujours mieux que d’aller coller une balle à quelqu’un. Peut-être à lui-même histoire d’arrêter définitivement toutes ces conneries. « Et merde... » ça sonne comme une plainte, fait taire son rire malsain. C’est soudain trop évident. Asher et ses yeux de chiens battus en manque d’affection. Asher et ses ptn de cheveux de prince charmants toujours clean même quand il se fait maraver la gueule. Asher et grandes mains qui lui épongent ses cocards quand c’est pas lui qui lui file, et même quand c’est lui. Asher et ses sourires qui s’veulent rassurants et la tristesse derrière, qu’il a jamais trop relevée Seth. Pourquoi t’es triste Asher ? C’est à cause de moi ? Même si t’étais pas encore au courant, et moi non plus. Merde. Il aurait préféré que ce soit n’importe qui d’autre. C’est peut-être un des déchets qui squattent son fight club, Asher. Mais ça n’empêche que c’est un type bien. Plus que ça. « C’est... un pote Asher. Sérieusement Toad. Je fais comment hein ? J’fais quoi la prochaine fois que je l’vois ? J’m’excuse de vouloir lui reprendre mon mari ? Ou j’lui demande s’il a bien aimé te baiser ? » Il en dit trop Seth. Encore les lames qui se glissent des ses paroles, pour aller blesser l’autre même s’il se déteste encore plus pour ça. Un peu plus un peu moins, il est plus à ça près. Il en dit pas assez non plus. Il s’rend compte que oui, bien sûr que oui qu’il voudrait récupérer Toad, l’avoir rien que pour lui. Être là oué, comme il le demande, regarder encore une fois ce film à la con, et l’écouter délirer sur ses éventuels liens avec Rizzo. Oué, juste être là. Ou lui dire que ça va aller, qu’il s’en fout parce que tout c’qu’il veut c’est lui. Mais c’est pas possible. Parce que y a Asher maintenant. Que c’était la seule personne qu’il avait pas envie d’abimer et chaque pas qu’il ferait vers Toad lui fera du mal. Et ça l’fait chier. Et parce Toad doit être en train de chialer dans des draps qu’il a partagé avec lui. « Je fais quoi, hein ? Dis-moi. » Finalement si, c'est pire.
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MessageSujet: Re: seth | toad   seth | toad EmptyDim 31 Déc - 17:36

C’est toujours quand on croit qu’on peut pas tomber plus bas que la vie décide d’en rajouter une couche. Haha, tu croyais que c’était fini ? Mais nooon, j’ai encore plein de surprises pour toi, Toad chéri, et j’te préviens d’avance : tu vas pas kiffer. Seth connaît Asher. Le vide dans mon crâne lorsque j’entends son nom au complet, et son job, juste au cas où y’aurait eu plusieurs Asher Bloomberg en ville, on sait jamais, hein, j’aurais pu douter. Evidemment que non, quand le sort s’acharne, il le fait jamais à moitié, et si on a un Asher en commun, ça peut être que celui qui vient d’me larguer. Et le silence pour toute réponse, pas moyen d’articuler la moindre excuse, la moindre explication, Seth qui d’mande si j’me fous de lui. C’est vaguement familier, ça, après tout c’est c’qu’Asher m’a dit lors de ma misérable tentative de réparer les choses, recoller les mille morceaux d’nos cœurs de mes mains maladroites. Mais tous les gens sensés le savent, quand on pète quelque chose, on prend la ramassette et on balance le tout à la poubelle, point barre. Qu’est-ce tu croyais, Toad ? Que tout irait bien ? Et y’a la voix d’Asher qui s’mêle à celle de Seth, dans mes souvenirs immédiats, pas étonnant qu’ils soient potes. Puis y’a le rire de Seth, c’foutu rire amer, cynique et fataliste, j’le déteste, ce rire, il me tord les boyaux, me brûle les yeux, j’le déteste parce que j’le connaissais pas, avant de l’revoir, j’l’avais jamais entendu et j’aurais préféré jamais l’entendre. C’est peut-être mieux de rire, au fond, quand la vie se fout d’ta gueule, y’a pas d’autre échappatoire, plutôt s’marrer que d’chialer, j’devrais prendre exemple, me remettre à picoler pour me faire monter le sourire, et ça ira mieux. Pour quelques heures, au moins. Mais l’alcool ça rend triste, aussi, parfois ça m’fait juste pleurer davantage, ça m’fait fondre en larmes assis sur le trottoir et ça passe qu’avec le lever du soleil, les premiers passants et faut prétendre que tout va bien, comme tout le monde. Ça fait six ans qu’j’ai plus planté d’seringue dans mon bras, pourtant cette semaine j’me suis pris trop d’fois à penser qu’ça me ferait du bien, à me dire que ça me manque, qu’la vie était plus facile sous héroïne, plongé dans une léthargie où le monde d’vient tellement plus beau. J’suis pas allé à la réunion, aussi, même si j’sais bien que les mauvaises passes sont les plus propices à la rechute, on m’l’a assez répété, mais j’avais pas envie, fuck les règles de prudence.

J’fais quoi ?, putain d’question qui résonne dans le combiné. J’en sais rien, moi, j’savais pas quoi faire face à Asher, face à lui non plus, quand j’l’ai revu, alors j’en sais rien, j’sais que dalle, j’ai juste envie de dire stop, temps mort, on arrête tout, on prend une pause et on s’y r’met plus tard. J’veux juste passer une putain de soirée tranquille avec mon mari, vraiment, c’pas possible ? Non, c’pas possible, c’est même pas plausible, j’suis foutrement absurde, à lui d’mander de venir me voir comme si ça allait arranger quelque chose, à tenter d’ignorer que Seth vient d’insinuer qu’il voulait me récupérer, d’faire semblant qu’mon cœur vient pas d’s’faire un petit sprint, dans ma poitrine, que le bordel dans mes sentiments vient de virer au bordel monstre. J’ai tellement envie qu’ce soit aussi simple que ça, que j’aie qu’à lui dire reviens, qu’on reprendra tout à zéro, on a qu’à s’casser tous les deux, comme à nos dix-sept ans, refaire notre vie bien loin de tout, d’la confusion et des mauvaises influences, que ça redeviendra comme avant, le même amour sans condition mais sans la jalousie, sans la destruction. Soupir. J’me désespère moi-même. « Tu viendras pas. » Constatation du bout des lèvres, c’est l’destin, la volonté de Dieu, c’est comme ça. « Lui dis pas. Lui fais pas d’mal, c’est tout c’que j’te d’mande, j’lui en ai assez fait. »
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MessageSujet: Re: seth | toad   seth | toad EmptyLun 1 Jan - 19:22

« Tu viendras pas. » Non. Même si ça ne passe pas ses lèvres pincées. Et qu’il laisse le silence répondre à sa place. La réponse est évidente. Mais il a pas envie de le dire. Il a pas envie qu’il en soit ainsi, mais il a pas la force de faire autrement. Si c’était plus simple, il serait allé le voir. S’il y avait pas Asher. Ou juste s’il était pas tombé amoureux de lui. Ou juste si c’est pas Asher. Rien que ça, ça aurait peut-être tout changé. Juste ça. Mais non. Alors non. Laisse tomber pour aujourd’hui Seth. Arrête de te battre deux secondes.

« Lui dis pas. Lui fais pas d’mal, c’est tout c’que j’te d’mande, j’lui en ai assez fait. » Encore un soupire, qui se mélange à un rire bref. Une main qui vient masser sa tempe. Quelle merde, hein. Il a rien demandé Asher. Il se retrouve aspirer dans leur spirale pourrie, qui semble pas s’être calmée en six ans. Bien sûr qu’il a aucune envie de lui dire. Aucune envie de le blesser et pas non plus de le revoir mais, « J’vois pas comment j’pourrais pas lui dire, Toad. Je vais pas l’éviter. Ça va être drôle la prochaine fois qu’on va s’croiser au … au… au fight club. » Il hésite deux secondes. Il s’dit que Toad doit pas être au courant. Il voit mal Asher le mettre au courant, ça ferait que l'inquiéter. Il sait pas si c’est à lui d’lui dire. Au fait, non seulement j’le connais ton mec, non seulement on est potes, mais on se frite de temps en temps, pour le fun. La prochaine fois ça risque d’être moins fair-play, héhé. Non. C’est peut-être pas à lui de le dire. Mais c’est pas Asher qui va l’faire non plus, s’il l’a largué. Et il s’voit mal se taire et s’arrêter dans sa lancée. Encore laissé un truc en suspens entre eux. Encore un non-dit, des secrets et des trucs à planquer sous le tapis. Il a pas envie. Pas s’il veut, vraiment, pouvoir le récupérer, un tout petit peu. Juste pouvoir rester une petite heure avec lui sans le poids de tout c’qui va pas. De tout c’qu’est pas dit. Faudrait peut-être le dire ça, nan ? D’une façon ou d’une autre.

Il cherche un soutient quelque part, Seth. Une main qui retourne dans la fourrure de Duff, ses yeux qui cherchent les pupilles sombres et rassurantes de l’animal. Ça lui rappelle brièvement Asher, tiens. Brdl, c’est pas le moment de penser à lui. Même si ça va l’obséder pendant des jours. Jusqu’à c’qu’il le croise et que… et que quoi ? Il en sait rien encore. Rien du tout. Mais il repousse ça dans un coin d’son crâne. Pour plus tard, ce soir ou tout à l’heure. Quand va falloir ouvrir les vannes et libérer les monstres. Et ce sera pas beau à voir. Mais pour l’instant il reste calme, autant qu’il puisse l’être, physiquement. Les muscles crispés pour rester immobiles. « Ecoute je… J’vais pas v’nir là, tu t’en doutes oué. Mais… j’viendrai. J’sais pas quand mais j’viendrais. Et, ou, j’te appellerai. Et tu peux m’appeler mais là… » Là il peut pas, comme il peut pas terminer sa phrase, étouffée par un sanglot qui s’coince dans sa gorge. Plus il envisage de se rapprocher de lui, plus l’monde érige des barbelés sur son chemin. Ou alors c’est l’inverse, plus y a des barbelés, plus il a envie d’aller s’y écorcher. Un complexe du preux chevalier qui combat dragons et sentinelles pour aller chercher la princesse en larmes et bourrées de pop-corn dans sa tour ou bien ? Ou juste encore un peu de douleur en plus, pour mériter un peu, un tout petit peu, de rédemption. « J’vais te laisser. Je … » Suis désolé. De t’abandonner. De pas être là. De tout. « A plus. » Tu me manques. Mais il se laisse pas le temps de le dire. Il laisse pas non plus le temps à Toad de répondre. Il raccroche parce qu’il a pas envie de l’entendre encore. Sa voix et sa tristesse. Ses suppliques de gosse auxquelles il avait un peu trop l’habitude de répondre. Mais pas là, non. Stop. Y a son bras qui part brusquement, le téléphone qui s’envole loin, avant de retomber dans le sable dans un bruit étouffé. Et y a la fourrure de Duff qui s’échappe de ses doigts, aussitôt. Le chien qui s’élance à la poursuite de l’objet volant, et le ramène entre ses babines gluantes, la queue attestant de sa fierté. Il le considère un instant Seth, avant de rire, un peu plus pour de vrai, une main qui récupère son téléphone et l’autre sui gratifie le chien d’une caresse. « Tu m'as l’air d’avoir envie qu’ça marche toi, hein. »
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