« T’es seul ? » Le sourire qui fait briller les dents du bonheur, les yeux qui accrochent les siens. Aussi seul que moi ? Elle se fait douce, dans sa jolie robe qu’elle ferait bien tourner comme pour l’interpeller. Elle a les doigts qui se font sauvages, un peu, viennent se glisser le long de son bras, comme une invitation. « Tu m’offre un verre ? » juste un ? Ou cent. De quoi épancher le vide, de quoi brouiller les pistes, promis, elle te bouffera pas. Pas tout de suite. Pas comme ça. Vraiment ? Tu trompes qui Ivy avec ton petit air innocent ? T’as limé tes crocs, t’as rangé tes griffes, tu t’es faite brebis au lieu de louve pour une soirée. C’était facile, bien trop facile. Pas sa faute à lui, pauvre gosse, il avait rien demandé. Rien du tout. Faute à pas de chance, faute à sa famille de merde, faute à tous ceux qui partagent ses gènes. Faute à son père, faute à ses frères. Pardon Ioan. Surement qu’il aurait voulu continuer à boire tranquille dans son bar, surement que s’il avait su qui Ivy était, il se serait levé et serait parti en courant. Foutue tornade, foutue tempête, et la rage dans le ventre. Prête à tout casser, à tout bouffer. « Elle s’appelle comment ? » elle insiste, un peu, doucement, penche la tête pour mieux le regarder. « Celle qui t’as brisé le cœur ? » parce qu’il s’agit de ça pas vrai ? « Ou celui » léger rire cristallin, petite poupée aux lèvres ourlées de carmin. Elle a l’air d’y croire Ivy, à toute cette théorie de cœur fracassé. Ptêtre parce que ça raisonne trop, comme si elle peignait ses peurs sur le visage qu’elle a en face d’elle. Au fond elle en a pas grand-chose à foutre. C’est qu’une gueule de plus à bousiller, qu’une âme de plus à bouffer. Désolé Ioan. Désolé. Faute à ton foutu nom de famille, ce soir tu vas te faire saigner. Elle avait rien dit aux autres, pas à Seth ni même à Wini. C’était sa guerre à elle, son obsession. Fallait bien se reporter sur autre chose, quand y a plus rien d’autre à quoi se raccrocher. Alors quand elle avait vu la photo elle s’était décidé. Nouvelle cible, et cette fois ci y a rien à voir avec le hasard. Espionne de pacotille elle avait tout noté, les habitudes, les horaires, planifié tout durant une semaine, répété son rôle, choisit sa tenue avec soin, le maquillage. Parfait petit caméléon trop habituée à devenir ce qu’on attend d’elle mais jamais ce qu’elle n’est vraiment. « Ou alors c’est juste la vie… » l’armée c’est ça ? Elle réprime un petit sourire victorieux, trop contente de jouer l’oreille attentive, la jeune fille éplorée, celle qui vient vider son verre dans un bar où elle n’a pas sa place pour consoler son cœur. Petite princesse bousillée par les autres, par le temps, elle a presque les larmes aux yeux quand elle regarde dans le vide, derrière le joli visage de gamin manqué de Ioan. Elle s’imagine planter ses griffes dans ses joues, lacérer sa peau, le mordre, le réduire à néant. Bande de salauds. C’est dommage, il a l’air différent, pas comme Seven, pas comme Serghei, surtout pas comme Lucian. « Désolé je t’embête je… » la voix qui vacille un peu. « C’est difficile ce soir » non pas vraiment. Mais à moins d’être medium il le saura jamais.
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Sujet: Re: waste me (ivoan) Mer 15 Nov - 22:24
– KARMA – i heard all i needed, cannot fight the signs i can taste the blood there, i can taste the lies
T’es seul ?
La voix lui fait lâcher sa bouteille de bière, et il tourne la tête. Il la regarde un instant, la gamine qui s’est plantée à ses côtés sans crier gare. Elle n’a pas l’air beaucoup plus jeune que lui. Elle lui sourit, et elle le regarde avec une drôle de lueur au fond de l’œil. Une lueur qui le force à regarder qui d’autre se trouve autour de lui — qui le force à essayer de voir à qui elle pourrait en vérité s’adresser. Ça peut pas être à lui. C’est jamais à lui. Chaque fois qu’il rend un sourire, il se rend compte que c’est au type ou à la nana d’à côté qu’il était adressé. Chaque fois qu’il croit entendre quelqu’un lui parler, c’est pour se rendre compte qu’il est simplement plus invisible que jamais. Mais là, ça n’a pas l’air d’être le cas. Là, il a beau regarder autour de lui, il lui faut bien se rendre à l’évidence : c’est à lui qu’on parle.
Tu m’offres un verre ?
Il sait pas quoi faire. Il sait pas ce qu’il devrait lui dire — il sait pas s’il devrait s’enfuir. Ce serait peut-être mieux. Ça éviterait de répéter toutes ces soirées qui se sont mal terminées. Ça lui éviterait de devoir faire la conversation, et de devoir se décider s’il est ou non intéressé. C’est pas qu’elle est pas mignonne. C’est pas qu’elle a pas l’air gentille. C’est juste que ce soir, Ioan, il venait pour oublier. Oublier que les jours étaient trop longs, enfermés à la maison. Oublier qu’il ne supporte plus de partager le même toit que ses parents — mais qu’il ne se sent pas capable de s’en aller, à cause de Tereza et à cause d’Anca. Oublier qu’son patron lui a dit qu’il pensait à réduire les effectifs dans les prochains mois. Oublier ce que ce regard voulait dire — désolé, Ioan, mais ça se peut que tu perdes ton emploi. Oublier toute la merde qui s’accumulait dans ses bras. Cette merde qu’il s’efforçait tant bien que mal de porter, sans jamais flancher. Cette merde qu’il avait eu, pour une soirée, envie de balancer dans un coin et de ne plus s’en soucier.
« Heu… Ok. Qu’est-ce que tu veux boire ? » Il ne sait pas pourquoi il lui a répondu. Ses tripes lui disent qu’il vaudrait mieux qu’il passe son chemin, et qu’il lui souhaite une bonne soirée. Mais il n’a pas pu s’en empêcher. Il la regarde, et il se dit que quelqu’un qui ne le connaît pas ne peut pas lui rappeler ce qu’il fuit. Il se dit qu’après tout, les choses ne peuvent plus vraiment empirer.
Ses yeux se posent sur la jeune femme, alors qu’elle lui demande le nom de celle qui lui a brisé le cœur. Il ne sait pas quoi lui dire, et il reste là, la bouche un peu ouverte, l’air hagard. Il peut pas répondre. Y a trop de noms, trop de visages à associer. Y a trop de plaies qui n’ont pas eu besoin d’amour pour se créer. Y a trop de terreur au fond de son cœur pour qu’il ne puisse réellement trouver un ou une coupable à tout ce merdier. Celui. Elle a raison, après tout. C’est p’t-être bien un gars. C’est p’t-être bien celui qui dirige la piaule dans laquelle il continue à vivre. La piaule qui est en train de le rendre fou. Ou bien peut-être que c’est Seven. Seven, qui l’a abandonné le premier. Seven, qui a donné un coup de pied dans la base du château de cartes, sans même se soucier des répercussions que ça pourrait avoir sur lui. Ou peut-être que ce n’est ni Seven ni Lucian. Peut-être que ce n’est rien. Peut-être que c’est la vie, comme elle lui dit. Peut-être qu’il a fait ses choix, et que ce sont ses propres décisions qui ont donné les coups de pelle nécessaires à creuser la putain de tombe dans laquelle il était en train de s’enterrer. « J’en sais rien. » Il a baissé les yeux à mesure de ses questions, et ses mains se sont refermées autour de la petite bouteille de bière. Il n’en sait rien. Il ne voit personne d’autre à blâmer que lui-même. Et pourtant, son cœur veut rejeter la faute sur les autres. Les autres et leur égoïsme, les autres et leur dédain. Ça lui serre le cœur et, pendant un moment, il se dit qu’il aurait mieux fait de s’en aller. De ne pas lui répondre, et de l’ignorer. Il voulait fuir, et elle ne fait que tout lui rappeler. Pourtant, il ne la connaît pas. Alors elle ne peut pas faire exprès, n’est-ce pas ?
« Non. Y a pas de problème. » Il continue de tourner le dos à son instinct. Continue de penser que, peut-être, ça le sauvera de la misère à laquelle il semble abonné depuis quelque temps. Il comprend pas que, son instinct, c’est tout ce qui l’empêche de crever. Il comprendra jamais. « Je suis juste pas habitué à parler de ça. » Il hausse un peu les épaules, avant de finalement tourner la tête vers elle. Et il la regarde. Difficile ? « Pourquoi ? » Il sait qu’il ne l’aide pas, mais ça, c’est une chose pour laquelle il n’arrive pas à se blâmer. Il venait pas là pour ça. Il venait là pour boire en paix. Il venait là pour oublier. Il venait là pour tourner le dos à ses responsabilités. Et il n’avait jamais demandé à ce qu’on lui en balance d’autres dans les bras. Fatigué. Fatigué. Usé.
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Sujet: Re: waste me (ivoan) Mer 15 Nov - 23:14
– VILLAIN – You're the sweetest man I've seen, and you'd never guess That I'm 'bout to steal your heart right out of your chest Oh, I guess this time, I'm the villain
Il a quelque chose dans le regard Ioan. Quelque chose de cassé, quelque chose de glaçant, quelque chose de douloureux. Il s’est passé quoi dans ta vie Ioan ? Pourquoi tu la regarde comme ça, comme si t’étais persuadé d’être un fantôme, que ça sera jamais toi le sujet de la conversation. Pourquoi t’es habitué à jouer le rôle de tapisserie quand pourtant y a que toi qui brille dans le bar mal éclairé. Elle essaye de voir où est le piège, où se cache la bête, la même qui se tapis dans les yeux de ses frères, de son père. Elle insiste Ivy, parle peut-être un peu plus fort, le fixe un peu plus, comme pour lui faire comprendre que c’est bien à lui et pas aux autres qu’elle cause. A lui, rien qu’à lui. Malheureusement. Finalement il semble comprendre, maladroit garçon dans un corps qui semble trop grand. Plus vieux qu’elle, pourtant elle a l’impression de faire face à un enfant. Heu… Ok. Qu’est-ce que tu veux boire ? Bingo. Il mord. Un peu. Un petit peu. Mais c’est déjà ça. Alors elle fait semblant de réfléchir, réfrène l’envie de whisky ou de tequila pour finalement choisir « vodka soda, avec beaucoup de glace » comme si l’alcool était un jeu dangereux qu’elle n’osait pas provoquer. Ca lui va bien, vodka soda, si possible à la cerise, pour aller avec le rouge de ses ongles, le rouge de ses lèvres, le rouge de sa haine. Petit sourire elle se recule délicatement en arrière, avant de reprendre tout bas, presque trop timide, le rose de ses joues qui brûle soudain. « Merci c’est gentil » parce qu’elle est polie Ivy, dans sa jolie robe, avec ses jolies boucles, dans son joli rôle. C’est à dégueuler. Dolly, elle porte bien son surnom, celui que Meo traçait du bout des doigts dans le creux de ses reins, comme une punition quand ils s’insultaient.
De nouveau elle ouvre les lèvres, pose ses questions innocentes, un peu comme pour souligner qu’elle a compris qu’il était cassé quelque part. On boit pas seul dans un bar à cette heure ci sans une bonne raison. Alors c’est qu’il y a quelque chose. Connaissant sa famille, surement qu’il en tient une bonne couche, vu son père. Elle frissonne en se rappelant sa dernière rencontre avec Lucian, la violence dans son corps. Puis les coups de Seven dans ses côtes. Les bras de Serghei et puis ses ongles. Ca sera quoi ce soir avec toi Ioan ? La douleur de ton cœur ? Il semble perplexe, un instant, se tait, regard dans le vide qui dérive. Elle est toujours pas là la bête. Y a que cette foutue lumière triste qui vient faire briller ses yeux. Reflet dégueu des luminaires jaunâtres du plafond. J’en sais rien Il se fait petit, tout petit, comme si ça pouvait le protéger du reste du monde. Désolé Ioan, c’est pas prévu tout ça. Ce soir elle te sort de ton trou, elle met le feu au terrier pour mieux pouvoir te traquer. Petit sourire compatissant, elle attrape la boisson que le barman lui tend et porte la paille à sa bouche, avale un peu, le sucre qui lui agresse le palais. Combien de calories ? Et pendant un instant elle oublie le reste, elle oublie Ioan, se contente de calculer dans sa tête, planifie de les éliminer dès qu’elle sera satisfaite. Son psy lui hurlerait dessus. Surement qu’il lui hurlera dessus. A l’hopital aussi. Partout. Tout le monde lui hurlera dessus. Sauf Seth. Sauf Wini. Sauf Kizuki. Tant mieux. Sauf eux. Elle se laissera porter par leur douce folie, par leur poison mortel, histoire d’oublier le reste, d’oublier la saleté de la vie. Tu vois Ioan, elle aussi elle va mal ce soir. Au fond elle mentait pas vraiment.
Non. Y a pas de problème. T’es sur ? Elle prend un air soulagé, comme s’il venait de lui ôter un poids immense. Rigole un peu, fait tourner sa paille entre ses doigts. Je suis juste pas habitué à parler de ça. Elle enchaine, douce, sincère, en détresse. Foutue princesse. Pourquoi ? « J’en sais rien » comme un echo à sa réponse plus tôt, elle hausse les épaules à son tour avant de recommencer à boire. Elle se contrôle Ivy, pour pas descendre le verre et commander la bouteille, parce qu’elle sait que ça n’est efficace qu’après une certaine dose. « Plus sincèrement c’est juste…Un sentiment de solitude. Comme un poids, juste là » ses doigts qui se glissent timidement le long du t-shirt du jeune homme pour venir tapoter à gauche, là où la plupart des gens supposent que se trouvent le cœur. Ce qui est complètement faux. Le cœur se trouve au centre du thorax, c’est la pointe qui tend vers la gauche. Elle sait. Elle avait retenu. Le jour où elle avait manqué de planter Meo avec une paire de ciseau. Viser juste, viser le cœur. Crime passionnel. Finalement c’était lui qui l’avait tué. « Ca fait mal. Tellement mal. Alors on sort, on essaye d’oublier, mais parfois ça frappe sévère comme ce soir » comme tous les soirs. C’est drôle. Elle est presque sincère. En dis plus qu’en cinq séances de psy bien trop chères. Elle en rigolerait si ça risquait de pas tout faire foirer. « Pardon tu dois me prendre pour une folle » elle replace délicatement une mèche rebelle derrière son oreille, baisse les yeux un instant avant de recommencer à le dévisager. Elle commence à la voir la ressemblance, un peu par ici, un peu par là, la mâchoire volontaire et le brun de ses yeux. Leur mère doit être belle. Douce. Sinon il n’aurait pas cette apparence maladroite. Son père elle le voit moins. Ptêtre que la ressemblance se cache autre part. Elle a envie de découvrir. D’en savoir plus. De lever le voile. « J’ai pas l’habitude d’en parler non plus, de tout ça » encore une vérité. Mince alors. Faut se rattraper ma vieille. « Mais je sais pas, t’as un truc qui me fais dire que tu peux comprendre. Surement qu’on vit pas les mêmes choses c’est sur…Mais tu peux comprendre » ce poids, ce foutu poids, dans la poitrine. Est-ce que tu l’as Ioan ? Bien sur. Faudrait être aveugle pour pas le voir. « La prochaine est pour moi pour me faire pardonner d’être trop bavarde» de bière, parce qu’elle compte bien à ce qu’il la termine et qu’il enchaine. Encore. Encore. Qu’il finisse comme les autres, à faire tomber le masque montrer sa laideur, qu’elle puisse l’exposer au reste du monde. Promis juré, je t’aurais
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Sujet: Re: waste me (ivoan) Dim 19 Nov - 3:42
– KARMA – i heard all i needed, cannot fight the signs i can taste the blood there, i can taste the lies
Elle avait l’air sympa. Elle avait une drôle d’allure, avec ses cheveux plutôt étrange et sa robe. Mais elle avait tout de même l’air sympa. À première vue, y avait rien qui aurait pu présager quoi que ce soit de mauvais. Aucune raison pour laquelle il aurait pu sentir ses tripes se serrer comme elles étaient en train de le faire. Cette fille, il ne la connaissait pas, et avait donc peu de chances pour que l’inverse soit vrai. À moins qu’elle n’ait rencontré d’autres Popescu — mais si c’était le cas, elle ne lui parlerait sûrement pas. Alors il n’y avait pas de raisons d’avoir peur. Pas de raisons pour prendre ses jambes à son cou et s’enfuir. Ce soir, il voulait rester. Il voulait faire taire la bête qui déchirait son estomac en lui rugissant de partir aussi loin qu’il ne pouvait de cette gamine au sourire innocent et aux grands yeux écarquillés. Il voulait parler. S’oublier. Rien que pour quelques secondes, être celui que personne ne connaissait. Celui à qui on venait parler sans savoir à qui on s’adressait. Si seulement tu savais.
Elle a l’air soulagée, quand il lui dit qu’elle ne l’embête pas. Mais quand il lui demande ce que ce soir a de compliqué, elle se contente de lui balancer la réponse qu’il lui avait donnée quelques secondes auparavant. Okay. Il baisse les yeux, retourne à sa bière. Il ne la voit porter son verre à ses lèvres que du coin de l’œil, et il ne sait pas trop s’il devrait essayer de se rattraper. Il devrait peut-être tenter de se justifier. Essayer de lui parler de lui, de reconstruire le peu de confiance qu’elle avait semblé lui donner, et qu’il avait détruit en quelques mots à peine. Mais alors que les mots s’accumulaient dans sa gorge, sans parvenir à sortir ou à le faire réagir, elle reprit la parole. Et il sentit sa main se glisser entre les pans de sa veste en cuir pour se poser sur son t-shirt. Il regarda un instant les doigts fins, laissés là avec légèreté, avant de relever les yeux vers la jeune femme. Sans trop comprendre pourquoi, son cœur s’était emballé. Le contact l’avait inexplicablement réchauffé et, l’espace d’une seconde, il s’était demandé si elle l’avait bien regardé avant de l’approcher. Peut-être qu’elle avait déjà trop bu. Peut-être que lui offrir un verre supplémentaire n’était pas une si bonne idée. Pourtant, malgré toutes les pensées qui se bousculaient dans son esprit, Ioan était bien incapable de bouger. Obsédé par la pression de la main contre son torse. L’impression que la peau se réchauffait atrocement, sous le tissu. L’impression que se cœur essayait de bousculer ses côtes pour s’échapper. Fuir de sous ces doigts, fuir cet intérêt qu’on lui portait. Après tout, la question lui trottait en tête sans qu’il ne puisse y répondre : pourquoi lui ?
Malgré tout, il l’écoute parler. Il l’écoute, et il ne peut pas s’empêcher d’entendre ce qu’elle lui raconte. De comprendre ce qu’elle veut dire — de ressentir le même vide, au fond de la poitrine. Sans trop piger, il en vient à se demander si elle ne dit pas tout ça dans le but de l’amadouer. Une seconde, deux — ça lui stagne dans l’esprit, comme une fine pellicule d’huile à la surface d’une flaque d’eau trouble. Pourtant, bien vite, il la balaie. Elle ne le connaît pas. Tout ça, c’est rien d’autre qu’une coïncidence. Elle lui ressemble ? Tant mieux. Peut-être qu’au moins, elle pourra comprendre ce qu’il a au fond du cœur. Ce qui lui trotte au fond de l’âme. Ce qui bouffe ses nuits, et qui est en train de s’en prendre à ses journées. Cette drôle de rage qu’il n’est bientôt plus capable de contrôler. Ce sentiment d’inutilité absolue qu’il a de plus en plus de mal à refouler. Et, par-dessus tout, cette fatigue face à l’image que les regards des autres lui renvoient. Marre de n’être que ça. Marre de n’être rien. Usé jusqu’à la corne, et bientôt plus capable d’avancer sans tout laisser s’écrouler.
« Non. J’comprends. » T’es pas folle. T’en fais pas. Il sait pas trop pourquoi il acquiesce. Il sait pas vraiment pourquoi il lui ouvre la porte pour continuer. Parce qu’il a la nette impression que tout ça, ce n’est peut-être pas une bonne idée. Comme cette foutue sensation qu’elle est en train de venir chercher tout ce qu’il avait soigneusement enterré, durant toutes ces années. Comme le sentiment qu’elle avait bien pigé qu’il avait arrêté d’avancer, de peur de tomber. Comme si, tout ça, ce n’était qu’un coup bas pour le bousculer, et le forcer à affronter toute la merde qu’il s’acharnait à cacher sans jamais rechigner.
Ouais. Il peut comprendre. Il peut comprendre, et c’est presque trop beau de voir qu’elle le ressent. C’est presque trop beau qu’elle devine ça, comme ça, d’un seul coup d’œil. C’est trop beau pour être vrai, mais Ioan, il ne veut pas admettre que c’est autre chose. Il refuse l’idée qu’on puisse se jouer de lui — refuse l’idée que la seule bonne chose qui lui arrive depuis plusieurs semaines n’est en fait qu’un coup monté. Il voudrait juste, pour une fois, que ça lui arrive à lui aussi. Qu’une jolie fille puisse venir lui parler, et lui faire confiance du premier coup d’œil. Il voudrait que ce soit possible. Alors il décide de s’accrocher à l’idée. De lui donner un petit sourire — le premier de la soirée. Et, il espère, pas le dernier. Il hausse doucement les épaules, pour accentuer ce petit sourire qu’il lui sert. Ouais. J’comprends. « Ça disparaît jamais vraiment. Même quand on sort et qu’on essaie d’oublier. Y a toujours une trace qui reste, et qui r’vient frapper plus fort que jamais quand la poussière retombe. » Il hausse doucement les épaules, sans se départir vraiment du sourire qu’il a posé sur ses lèvres. Il comprend.
Il se redresse un peu, quand elle lui dit qu’elle lui paye la prochaine bière. Rapidement, il jette un coup d’œil à la bouteille presque vide entre ses mains. Et un instant, il hésite presque. Il le sent : c’est le point de non-retour. Il peut toujours partir maintenant, trouver une excuse pourrie et la laisser. Elle lui en voudrait peut-être, mais elle s’en remettrait. Elle trouverait quelqu’un de plus intéressant. Quelqu’un qui lui ferait oublier le poids dans sa poitrine, au lieu de le lui rappeler. Il pourrait. Il pourrait. « … Ok. »
Cul-sec. Il finit les dernières gorgées de bière, repose la bouteille sur le comptoir et la fait glisser vers le barman, de l’autre côté. D’un geste bref, il redemande la même chose. Il a fait son choix. Il a choisi d’exister, rien que pour quelques minutes. Exister dans les yeux d’une inconnue. D’exister dans cet espace qu’elle a créé pour lui, et dans lequel elle l’a invité. Avec un peu trop d’insistance, peut-être. Mais pour le moment, il avait choisi de ne pas s’en soucier. Il avait choisi de lui tendre la main, alors que le barman était parti lui chercher une nouvelle bière. « Ioan. » Il avait choisi d’ignorer ce que tout, dans l’attitude de la gamine et dans ses tripes, lui criait. Elle le sait déjà, que lui murmurent les voix. Elle le sait déjà, et tu viens de lui tendre le doigt qu’elle cherchait à attraper pour te bouffer le bras. Pourquoi, Ioan ? Pourquoi ?
Sourire. Regard droit. Parce que, pourquoi pas ?
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Sujet: Re: waste me (ivoan) Mar 5 Déc - 1:46
– VILLAIN – You're the sweetest man I've seen, and you'd never guess That I'm 'bout to steal your heart right out of your chest Oh, I guess this time, I'm the villain
Non. J’comprends. Vraiment ? Vraiment il comprend ? Elle aimerait que ça soit vrai, rien qu’une fois, rien qu’un tout petit peu. Que quelqu’un puisse comprendre la tempête dans son crâne, le vide dans son cœur, et elle qui chute encore et encore. Elle est pas mauvaise Ivy pourtant, mais c’est la vie et les autres qui l’ont usé, encore, encore, comme à l’envers elle est devenu un morceau de verre aiguisé, qu’a perdu ses bords rond, remonté le cours du temps de la mer. Alors elle plante ses crocs, ses griffes dans sa proie, sans vraiment prévenir elle attaque. Le pauvre, pauvre Ioan. Peut être qu’il ira se plaindre à son frère, à son père, quand il saura la vérité. Quand il saura qu’il est pas le premier. Pauvre Ioan parce qu’au fond c’est le genre de gars bien, exception familiale, sourire trop doux caché au fond du regard. Mais elle a le cœur trop gelé Ivy, à croire que même avec tout ça il ne réussira pas à l’amadouer. Ça disparaît jamais vraiment. Même quand on sort et qu’on essaie d’oublier. Y a toujours une trace qui reste, et qui r’vient frapper plus fort que jamais quand la poussière retombe. Longtemps elle dévisage en silence, faisant tourner son verre. Y a les mots qui vont et viennent, qui tournent en boucle dans son crâne. Au fond il a pas tort le Popescu. Il pose des phrase sur des maux qui le ronge, qui la ronge aussi. Parfois. Plus qu’elle ne voudrait l’admettre. Et dans sa tête y a le prénom de Meo qui résonne. Lui aussi elle arrive pas à l’oublier, encore et encore il est là dans son corps, dans son cœur, à prendre tellement de place même après tout ce temps, à croire qu’elle finira jamais par s’en débarrasser, par le décoller de ses os. « Tu parles bien. Tu pourrais être un poète » ou ptêtre un musicien. Non. Pas un musicien. Plus de musiciens. « Mais c’est ça, je crois, tu sais trouver les bons mots pour quelque chose d’aussi abstrait. » elle sourit doucement, lime ses griffes et se fait douce, caresse au lieu de mordre, embrasse au lieu de détruire. C’est toujours pareil dans ce jeu de foutu faux semblants. Elle tend ses filets Ivy, lui propose une bière pendant qu’elle sirote son verre à elle, faisant tinter ses jolis ongles manucurés sur le rebord. Dis oui Ioan, ça n’en sera que plus marrant. Le pire c’est qu’elle compte bien l’aimer un peu, quelques temps, de quoi réchauffer son cœur avant de le bouffer vivant. C’est pas si égoïste comme traitement non ? Pas vraiment. Elle essaye de lui donner quelque chose aussi. En compensation. Menteuse. … Ok. et elle qui bat doucement des mains, heureuse, sourire solaire qu’elle lui accorde comme si c’était la plus belle nouvelle de la journée. Elle le regarde vider sa première bière en l’accompagnant toujours, l’alcool qui roule sur sa langue, envahit sa bouche, et c’est pas suffisant. Dire qu’elle se retient d’aligner les shots sur le comptoir pour aller danser au milieu de la salle mal éclairée avant de finir par suivre le premier à lui montrer un peu d’attention. Mais non. Pas ce soir. Ioan. la main tendue qu’elle attrape avec douceur, serre un peu trop longtemps sans quitter le jeune homme du regard. « J’aime bien, c’est de quelle origine ? On dirait un pays de l’est » roumain elle sait. Mais après tout elle peut faire semblant encore. Encore. « Ivy, moi c’est Ivy. » et la voilà qui lâche Ioan pour reposer sagement sa main sur le comptoir. Et voila le barman qui revient avec la bière du jeune homme, elle l’attrape elle-même pour la lui tendre, petit sourire. Après tout c’est elle qui l’offre pas vrai ? Puis Ivy se redresse un peu, rajuste ses cheveux comme si elle était trop coquette – et elle l’est – sa robe, se met à son avantage sans vraiment en avoir l’air. Gestes habituels pour elle, ceux que sa mère lui a apprit depuis toujours, un peu comme les paroles d’un sortilège pour emprisonner les hommes dans sa cage. Si seulement. « Et tu fais quoi ici Ioan, si c’est pas indiscret. Enfin je veux dire, un type comme toi ne devrais pas être seul à se morfondre dans un bar non ? » elle s’accoude au comptoir, le dévisage longuement avant de rigoler. « Je suis curieuse désolé, t’es pas obligé de répondre si tu veux. » Si répond, répond. « Je commence si tu veux, c’est mon anniversaire aujourd’hui, mais j’ai personne avec qui le fêter. Alors je bois pour oublier. » nouveau rire. « Je rigole . Pardon. Je sais pas pourquoi je dis ça. Non la vérité c’est que j’avais rendez vous juste à côté et je me suis faite planter, alors je suis venue tenter ma chance ici. » et faut croire que la chance lui sourit qu’elle laisse sous-entendre quand elle offre un énième sourire à Ioan, presque sincère cette fois ci, c’est sans doute ça le pire.