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 you've got a friend in me. (merline)

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MessageSujet: you've got a friend in me. (merline)   you've got a friend in me. (merline) EmptyDim 4 Mar - 21:33

Huitième jour depuis son arrivée à Savannah. Huit jours passés dans ce bled. Mais surtout, trois jours depuis qu'elle a retrouvé Caleb. Elle a enfin revu son grand frère après deux ans d'absence et de manque, la gamine. Sensation douce-amère. Ils ont d'abord été choqués de se retrouver nez à nez, puis émus. Et ils ont enfin pu discuter, un peu. Il y a eu des accusations, des escuses, des mots plus hauts que d'autres, des regrets. Maxine, elle n'a pas eu le temps de lui dire tout ce qu'elle aurait aimé lui dire, tout ce qu'elle a sur le cœur. Mais avoir passé un peu de temps, c'est déjà mieux que rien. Ils ont encore un peu de temps pour réapprendre à se connaître, à s'apprivoiser de nouveau. Quelques jours pour en rattraper plus de sept-cent trente. Deux ans. Maxine, elle est censée partir dans six jours. Il n'était prévu qu'elle ne reste que deux semaines ici, puis qu'elle rentre à New-York pour reprendre sa vie. Retour à la routine venimeuse. Cette routine qui lui semble terne maintenant qu'elle connaît autre chose. Le truc, c'est qu'elle n'est pas sûre de vouloir repartir. Pas maintenant. Pas dans six jours. Jamais ? Parce qu'elle prend goût à la liberté, Maxine. Pas de parents pour lui dire quoi faire. Pas de pression, de stresse. New-York lui manque. On ne peut pas dire que Savannah soit aussi attrayante que la grosse pomme. Pas à ses yeux en tout cas. Pourtant elle y trouve un côté pittoresque, agréable. Elle commencerait presque à apprécier l'endroit. À vouloir y rester, même. Elle ne sait pas ce qu'elle va faire, Maxine. Six jours pour prendre une décision. Si elle arrive à la prendre. Qu'adviendra-t-il si elle décide de rester ? Et que deviendra sa relation, déjà si fragile, avec Caleb si elle repart déjà ? Elle préfère ne pas réfléchir à tout ça pour le moment. Chaque chose en son temps. Déjà, elle compte profiter. Profiter du répit. Profiter de la liberté.

Ce matin, elle a profité du beau temps pour flâner au marché de City Market. Bonheur simple. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle n'avait jamais mis les pieds dans quelconque marché, ouvert ou couvert, avant. Gamine de la ville. Gamine programmée par la société de consommation à faire ses courses dans les hypermarchés bondés de monde. Elle a aimé, Maxine. Les cultivateurs du coin ventant leurs fruits et légumes, les étales colorés, l'odeur des produits frais. Et elle s'est dit que maintenant, elle ferait toujours ses courses au marché. Jusqu'à ce qu'elle s'en lasse, si elle s'en lasse un jour. Pourtant, elle se dit que ça ne serait pas pareil à New York, une fois rentrée à la maison. De toute façon, ce n'est jamais elle qui fait les courses là-bas. Après avoir dépensé des milles et des cents dans des produits frais soit disant régionaux, elle a décidé d'aller déjeuner dans un petit restaurant, le long de la rivière, accompagnée de son éditrice. Éditrice devenue sa meilleure amie au fil du temps. Meilleure amie et confidente ayant décidé de l'accompagner à Savannah, officiellement pour veiller à ce qu'elle écrive un peu. Officieusement pour l'aider à supporter l'épreuve que serait ce voyage. Maxine, elle se dit que ça aurait pu mal se passer. Elle aurait pu ne pas retrouver Caleb. Il aurait pu la rejeter. Ils auraient pu se disputer plus violemment, refuser de se revoir. Ou pire, elle aurait pu ne pas le retrouver. Et Maxine, elle n'aurait pas supporté.

Une idée lui est venue en tête vers seize heure, la gamine. Elle n'a pas oublié ce gars qui lui a permis de retrouver son frère. Ce mec avec un nom d'oiseau. Merle. C'est en partie grâce à lui que son voyage n'a pas servi à rien, qu'elle a retrouvé Caleb l'autre soir. Merle le mystère. Parce qu'elle ne sait rien de lui, Maxine. À part qu'il vit apparemment chez son grand frère. Un colocataire ? Peut-être. En tout cas, elle a eu envie de lui rendre visite, la petite Bloomberg. Pour le remercier. Pour faire connaissance. Il avait l'air sympathique. Alors peut-être qu'ils pourraient bien s'entendre. Peut-être. Seize heure quinze quand elle a frappé à la porte de l'appartement. Souriante. Pimpante. Maxine la solaire. Plusieurs dizaines de secondes avant que la porte ne s'ouvre enfin. Sourire qui s'intensifie à la vue du jeune homme qui paraît surpris. À sa place, elle serait surprise aussi, Maxine. Après tout, ils ne se sont vus que cinq ou six minutes durant lesquels elle s'est retenue de pleuré de désespoir en lui posant des questions. Trop de questions. Une chance qu'il n'aie pas été trop méfiant. Il doit se demander ce qu'elle fait là, sur le pas de la porte. Ou alors il doit se dire qu'elle est là pour Caleb, qu'il connaît sous le nom d'Asher. Compliqué comme situation. « Salut ! » qu'elle dit d'une voix fluette, joyeuse. « Merle, c'est ça ? Je ne sais pas si tu te rappelles de moi. Je suis venue il y a trois jours. La sœur de... Asher. » Elle a failli dire Caleb. Elle va devoir s'habituer à ce nouveau prénom. « Je voulais te voir pour te remercier. Il a dû te le dire, mais je l'ai retrouvé. Il était bien dans ce club. T'aurais dû me dire que c'était un club de striptease d'ailleurs. » Elle aurait moins été prise au dépourvu en s'introduisant dans les coulisses. Longue histoire. Mais elle parle déjà trop. Moulin à paroles. « Bref, merci. »
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MessageSujet: Re: you've got a friend in me. (merline)   you've got a friend in me. (merline) EmptyMar 13 Mar - 2:30

La vérité, c’est que ce jour-là, il est en congé. C’est Daria qui lui a dit, hier, de pas se pointer le lendemain à moins qu’il ait envie de se récolter des coups de pieds au cul. Elle est comme ça, parfois, et il a arrêté de se questionner sur ses motivations, parce qu’elle a les dents trop pointues et le regard trop brillant et qu’il sait avant même d’ouvrir la bouche que c’est une cause perdue. Elle a toujours le dernier mot, dans ces moments-là, Daria, et c’est peut-être parce que c’est sa patronne mais sans doute, plutôt, parce qu’elle sait très exactement comment obtenir de lui ce qu’elle veut sans qu’il se sente forcé. C’est peut-être parce qu’ils parlent la même langue des gens brisés, peut-être parce qu’elle est pas pompeuse, peut-être parce qu’elle le prend de haut, peut-être parce qu’il veut lui faire plaisir, ultimement, vraiment plaisir, pas juste la satisfaire mais la rendre fière d’avoir pris sous son aile le mec paumé qui dormait dans ses poubelles. Il part de loin, clairement, c’est pas bien dur de faire mieux, il le sait, mais il se décarcasse et, lorsqu’elle lui colle un coup d’épaule et qu’elle lui tend sa paie, y a quelque chose de brûlant qui s’allume dans son estomac. Il est fier de lui. Ça arrive pas souvent. Il est fier de lui, merde, putain, il savait même pas que c’était possible avant. Il avait pas spécialement envie d’être en congé, ce jour-là, parce que y a trop de choses qui tournent dans sa tête, trop de choses qui font la ronde, les disparitions et Caïn, et Asher, et Jael, et la sœur d’Asher qui sort de nulle part et qui vient frapper à la porte, et le bébé qui sort de nulle part et qui creuse un trou dans son cœur, et, et, et, une série de petites choses, une addition qui ne cesse de gonfler. Il voulait pas penser, il voulait pas tourner en rond. Il a pas eu le choix alors il regarde la télé, les pieds balancés au-dessus du dossier du canapé et la tête à l’envers, pour pouvoir expliquer à Dalek ce qui se passe sur l’écran.

Il réagit pas, quand ça frappe. Enfin il réagit pas normalement en tout cas. Il va pas ouvrir la porte, pas au début, il se lève pas, il se fige, il essaye de se rappeler si Asher a dit que quelqu’un allait passer, s’il a proposé à quelqu’un de venir l’occuper, si c’était prévu. Il sait que non. Il sait que c’est pas le cas. Ça peut être n’importe qui derrière la porte, en vérité. Ça peut-être un mormon ou Jael qui décide de se pointer ou Lenny ou n’importe qui qui sait qu’il est ici. Ça peut-être plus chiant aussi, ça peut être Elena à qui il saurait pas quoi dire à part entre et putain je pensais pas te recroiser dans ces circonstances, ça peut être un des nombreux exs d’Asher qui ont pas de visage, ça peut être Peadar aussi, et son sang se glace. C’est absurde parce que Peadar prendrait pas la peine de venir le chercher, absurde parce qu’il a jamais compté assez, absurde parce qu’il a toujours été quantité négligeable. C’est absurde mais ça lui fait peur. C’est absurde mais il essaye de se rappeler d’une fois où ça a été une bonne chose d’ouvrir la porte alors que personne a prévu de passer. Il a pas besoin de remonter très loin, en réalité, et c’est là que ça fait clac, et c’est là qu’il saute sur ses pieds, là qu’il file vers la porte pour l’entrebâiller.

C’est elle, évidemment, avec ses soleils dans les yeux et son sourire et il pousse un soupir de soulagement alors qu’il se décale pour la laisser entrer. Elle est déjà en train de parler et lui il peine à imprimer, un peu emmerdé parce qu’il est pas hyper présentable, dans son pull aux couleurs criardes mille fois trop grand et le leggings recouvert de chat qu’il a tiré dans la pile des fringues qui allaient être jetées. Il veut même pas penser aux chaussettes en forme de rennes qu’il a aux pieds ou aux épis qu’il a dans les cheveux et il se passe une main sur le visage lorsque les Kardashians apparaissent une nouvelle fois sur l’écran de la télé. Merde, il pense, et sa première pensée est pour Dalek à qui il a pas encore parlé de Khloe et pour Bob qui grignote une feuille de laitue entre deux coussins du canapé. Ils vont rien pouvoir suivre, les pauvres. Un peu comme Merle qui suit déjà pas vraiment et qui fait signe à la nana de ralentir un peu alors qu’il ferme la porte derrière eux.

« Promis je vis pas aux crochets de ton frère, c’est juste mon jour de congé. » Il commence et, merde, c’est peut-être pas exactement la meilleure façon de pas avoir l’air coupable. « Je m’appelle Merle, je dors sur le canapé et euh, Asher est pas là si c’est lui que tu voulais voir mais tu peux attendre ici, j’expliquais les Kardashians à Dalek et Bob. »

Il pointe du doigt les deux bestiaux, évite soigneusement de lui dire que Bob porte le nom d’une drag queen, essaye d’éviter de se ridiculiser un peu plus encore.

« Enfin je dis pas ça pour te mettre à la porte, tu peux t’asseoir, tu veux boire un truc ? »

Il sait pas ce qu’il fait, clairement, il est brouillon, désordonné, et il cligne des yeux comme une chouette qui se serait prise une lampe torche dans les yeux. Il essaye d’avoir l’air à peu près normal et accueillant, pourtant, ou autant qu’il puisse l’être alors qu’il sait pas très bien ce qu’il fait ici.

« Pardon pour le club de strip-tease. » Il lui balance, depuis devant le frigo, alors qu’il tente de reprendre contenance et de dompter l’épi qui refuse de se baisser. « J’ai oublié que tout le monde savait pas ce que c’était. Je suis content que tu ais réussi à le retrouver. » Il se penche, pour la regarder, lui sourit : « T’assois pas sur mon lapin, s’te plait, cela dit. Et euh de rien, pour l’info, c’était normal. »

Depuis combien de temps, déjà, il a pas rencontré quelqu’un de nouveau ? Une éternité, il croit, plusieurs mois, au moins, personne depuis Daria et la pensée lui noue l’estomac.
Il espère qu’il la fera pas flipper, au moins. Il aimerait bien qu’elle l’aime bien.
C’est la sœur d’Asher, putain, il sait pas quoi faire de ça.
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