Le ciel dehors a des allures de brouillard et toi tu te sens plus orage que jamais. La chair à vif en nage prêt à exploser, tu sais même pas pourquoi t’as envie de crier. Tout est vide autour de toi, plongé dans l’obscurité et le silence, comme si tout le monde avait disparu, comme si tout le monde était devenu muet. La porte ouverte à la volée le salon est noir, plus noir que d’habitude. Personne ne bouge, personne ne parle. La musique assourdissante de Trish s’est tue. Tu ouvres toutes les portes les unes à la suite des autres. « Arthur ? Nur ? Felix ? Bo ? » Personne. Personne pour crier ou pour rire. Personne pour vivre.
Quand tu sors dans la rue, tu vois des silhouettes. Les gens marchent mais le cœur n’y est pas, presque comme s’ils n’avaient pas de but, nulle part où aller. Des zombies au cœur atrophié. Tu secoues une fille. « Eh ? Eh, tu me vois ? » Quand elle se retourne tu la reconnais. C’est Elliot, les lames enfoncées dans ses bras, les flots de sang qui se déversent, une marée qui éclabousse tes chaussures et les siennes. Ses yeux vides qui regardent à travers toi sans vraiment te voir. Quand tu essayes de la saisir, elle a disparu, mirage.
C’est là que tu commences à paniquer, à courir. Que tu te rends compte qu’il n’y a plus rien à faire. Les corps défilent dans les rues sans vie et ils passent sans te voir comme s’ils étaient fantômes –ou comme si tu en étais un. Alice et Tito qui s’avancent vers toi, ils se prennent dans les bras, sans te voir. « LES GARS JE SUIS LA ! » Tu cries tu tentes de les attraper, prendre le bras d’Alice secouer l’épaule de Tito,
Rien.
Comme si tu n’existais plus, que tes doigts s’étaient transformés en fumée.
Tu les vois tous, sans qu’ils ne te voient. Quand tu cours tu hurles sur chaque personne que tu croises. Lenny Otto l’air méprisant qui passent à côté de toi, toi invisible. Au bout de la rue tu le reconnais. Seven lui il peut pas t’ignorer, tu sais comment le faire craquer. Seven qui a l’air plus cabossé que jamais qui a du mal à marcher à tenir debout mais qui ne t’accorde plus un regard quand même, même quand tu lui prends le poignet. « Regarde-moi Popescu, REGARDE-MOI ! » Ses yeux à lui aussi sont vides morts sans lumière, pupilles noires. Tu essayes de cogner –tes poings disparaissent dans la fumée. Le ciel gronde au-dessus de ta tête et l‘orage arrive, tu es seul. Mais tu continues de courir.
Au bord de l’eau y’a une autre silhouette. Cheveux blancs air perdu, les grands yeux qui ne te regardent plus. Tu fonces tu dérapes dans l’herbe. « River ? RIVER ! » Lui va te reconnaître, lui va te voir, c’est impossible autrement. Il te jette un coup d’œil sans vraiment te regarder, même quand tu le rattrapes, même quand tes mains se posent sur ses joues. « C’est pas possible pas toi » et pourtant il t’a déjà échappé, le corps partant à la rencontre des eaux troubles. Quand tu essayes de lui courir après il a disparu.
Le ciel est noir.
Noir
Tout autour de toi est noir
L'éclair frappe ta poitrine tout ton corps brûle.
Quand tu ouvres les yeux t’es enfermé dans une pièce sans fenêtre sans place pour respirer. La cage thoracique qui te compresse tu crois entendre les chuchotements de ta mère derrière la porte, la lumière qui filtre à tes pieds. Tes mains qui tambourinent contre le bois –ça ne change rien. Les murs qui semblent se resserrer tu commences à trembler.
Tout est beaucoup trop sombre.
Et Il apparaît
Il est près de toi tellement près que tu arrêtes définitivement de respirer. Le flingue contre la tempe l’impact le noir, le noir complet. « Bang bang », tu l’entends, sourire dans la voix avant de finir la cervelle explosée. Cette fois tu sais que tu pourras plus te réveiller. On a une seconde chance pas une troisième t’as tout fait foirer tu pourras pas ressusciter. À quoi bon rester de toute façon puisque tout le monde semblait t’avoir effacé.