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 There’s nothing left so take the rest [Reid]

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There’s nothing left so take the rest [Reid] Empty
MessageSujet: There’s nothing left so take the rest [Reid]   There’s nothing left so take the rest [Reid] EmptyMer 22 Nov - 10:07

Le trajet dans le bus 14 semble interminable - et il l’est, pour tout dire. Andy soupire pour la huitième fois depuis qu’il y est entré lorsqu’un gamin se met à hurler dans l’indifférence maternelle la plus totale, et visse ses écouteurs sur ses oreilles. Il lui faut quelque chose qui fait du bruit. Quelque chose qui l’isole. Il sélectionne un album de 2003, un groupe de punk rock qui s’est séparé peu avant qu’il ne commence à les écouter, à l’adolescence. En écoutant la voix écorchée de la chanteuse lui hurler dans les oreilles ce qui ressemble plus à une agression qu’à la déclaration d’amour violente et torturée que décrivent les paroles, il redevient presque cet ado d’Okatie, rebelle et révolté, à la fois idéaliste et fataliste. A cette époque-là le punk rock semblait le comprendre mieux que quiconque. C’était à ce moment-là que quelque chose s’était détraqué, ou plutôt que la graine avait enfin éclos au grand jour. Andy s’est toujours senti hors du moule mais c’est à ce moment-là, oui, qu’il en est vraiment sorti, incapable de se forcer plus longtemps, de se contorsionner pour l’épouser alors que sa nature est de toute évidence différente. Impossible de faire rentrer un rond dans un trou carré. C’est peut-être ça qui a fini par le perdre. C’est le monde qu’est pas fait pour lui ou lui qu’est pas fait pour le monde, l’un ou l’autre ? Où est la vérité, où est le monstre ? Putain, voilà qu’il se lance encore dans des considérations philosophiques. Il monte un peu plus le son pour faire taire ses pensées qui veulent pas le lâcher cinq minutes. Ca, c’est à chaque fois qu’il se rend à l’hosto, il peut pas s’en empêcher parce que ça lui rappelle quelque part ce qu’il essaye d’oublier. Que quelque chose a vraiment merdé, assez pour qu’il soit condamné à mort maintenant, pour de vrai. Indépendamment de sa volonté, parce que qu’est-ce qu’il y peut lui, hein ? Faudrait qu’il arrête de crécher à la coloc’ de son frère quand il a des rendez-vous. A tous les coups, Artie se démerde pour le savoir et le forcer à y aller, quitte à le coller dans le bus de force. Pourtant il les sécherait bien les rendez-vous chez l’immuno, les prises de sang et toutes ces conneries, ça l’aide pas dans son déni. C’est pas son habitude, son habitude c’est fuir à toutes jambes. Et pourtant il continue, peut-être parce qu’au fond il sait que c’est important et que s’il a personne pour le pousser à y aller, il y renoncera. Il s’enfoncera. Encore plus. Quitte à crever un jour, pourquoi attendre ? La première fois, il s’est pointé fin camé, plus haut que les étoiles, et le toubib l’a mis direct dans le wagon direction la psy. Drôle de créatures ceux-là, il en a vu plus que de raisons au cours de ses nombreux séjours entre les urgences et les hospit’. Ils doivent être un peu masos. Surtout celle-là, il sent bien qu’elle voulait l’aider, créer du lien. Quelle idée de créer du lien avec un cadavre ambulant. Andy, il transpire la mort par tous les trous, faudrait vraiment être taré ou avoir envie de souffrir. Elle lui a demandé si c’était de la provocation, de se ramener défoncé - bon, elle l’a pas dit comme ça mais il commence à les connaître, les psys. Pas de la provoc’, il a dit. C’était pour prévenir. Donner le ton, pas filer de faux espoirs. Toutes les blouses blanches voulaient le sauver, fallait mieux qu’ils comprennent tout de suite qu’avec lui c’était peine perdue. La nana lui avait même demandé s’il voulait revenir, il avait poliment décliné. Il entendait déjà les reproches - tu fais vraiment rien pour aller mieux - mais rien à foutre. Son temps est compté, il va quand même pas le passer à discuter du pourquoi et du comment. Déjà qu’il ne l’aurait pas fait autrement.

Andy, il est tellement paumé dans ses pensées que l’album se finit. Le silence soudain, aussitôt marqué par le retour des piaillements des autres passagers du bus, lui fait l’effet d’un brusque retour à la réalité et il réalise qu’il vient de rater l’arrêt.  « Putain, » qu’il lâche, un peu trop fort puisque des regards mauvais glissent sur lui. Ouais, il sait bien de quoi il à l’air. D’un tox malade. Exactement ce qu’il est. Et il peut pas s’empêcher de penser que les gamins dont les mères lui jettent des regards indignés finiront probablement comme lui si elles s’occupent pas un peu moins du cul des autres et un peu plus de celui de leurs gosses. Il hausse les épaules et descend à l’arrêt suivant, tant pis, il marchera. Ca lui aérera les neurones, si tant est qu’il lui en reste quelques uns. Rien que de rentrer dans l’hosto ça lui file la gerbe, l’envie de faire demi-tour, rentrer en courant à la maison mais y a plus de maison et il peut pas vraiment courir, ça le fatigue trop. Et puis il est là, maintenant. Quelques infirmières le saluent, c’est qu’elles ont l’habitude de le voir maintenant, sur le chemin de la salle d’attente. Il les déteste, les salles d’attente des hôpitaux. On poireaute des plombes. On se jauge du regard, on se demande ce qu’a son voisin, et celui-là en face t’as vu sa dégaine, il en a plus pour longtemps c’est sûr. Y a toujours quelqu’un qui chiale quelque part. Et puis les gens sont pas cons, dans la salle d’attente d’un immunologue, suffit que t’aies l’air un peu pédé et on te colle direct l’étiquette séropo sur le front - bon, avec raison, mais c’est chiant les regards, certains dégoutés, d’autres plein de pitié, il sait pas trop ce qui est le pire. Et là, putain, c’est comme si les cieux s’ouvraient et qu’en descendaient une nuée d’angelots avec leurs trompettes à la con, tout contents. Y a des choeurs qui chantent hallelujah. Il remercierait presque Dieu, Jésus et tout le tintouin. Y a Reid dans la salle, posé sur sa chaise avec ses cheveux décolorés et son kilt, comme la première fois qu’ils se sont rencontrés. Il est un peu bizarre Reid, un peu comme lui, juste différemment. Et puis surtout il a l’air d’aller super bien, enfin autant que possible quand y a le VIH dans le dossier. Il a l’air de gérer. Il a l’air de vivre quand même, et ça Andy, ça le fait rêver. Il admire. Il l’aime bien, Reid, pour ça et pour plein d’autres choses, alors il se laisse tomber sur la chaise à côté et remballe ses écouteurs aussi sec.  « Salut, », qu’il lance, presque content d’être là du coup, en lui tendant la main pour un check.  « Ca fait longtemps que t’attends ? » Au vu du nombre de patients dans la salle et du caractère plus impatient que patient d’un certain nombre d’entre eux, Andy déduit qu’il y en a encore pour trois plombes mais c’est supportable si Reid est là.
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