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 kings of nowhere (brannigan)

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Ruby Holmes

Ruby Holmes
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▹ signe particulier : un couteau papillon qu'elle a tendance à dégainer trop vite, béret et marinière pour se donner un look de française décalée, des cheveux bien trop roux et la clope toujours allumée.
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MessageSujet: kings of nowhere (brannigan)   kings of nowhere (brannigan) EmptyDim 19 Nov - 23:22

Un mois déjà. Un mois c’est tout et c’est rien à la fois. C’est des galères monstrueuses pour s’installer, pour tout huiler, pour lancer la mécanique. Un mois c’est long, quand on se cache. Une éternité à faire semblant, trembler à chaque sonnerie de téléphone, quand le facteur vient toquer à la porte. Un mois sans nouvelles, un mois d’invisibilité. Willis Jackson & Tallula Jackson. Nouvelle identité, pour faire semblant, pour faire comme si, pour fuir le reste, pour fuir la foutue furie. Elle est où maman ? Loin, très loin. Maman elle viendra jamais tu sais ? Mais ça il ne peut pas le lui dire. Surement parce qu’elle ne comprendrait pas. Et puis surement que si elle pouvait comprendre, elle lui en voudrait. Terriblement. Et c’est sans doute le pire. Ptêtre que dans 10 ans, elle verra qu’il a eu raison. De partir comme ça, avec elle sous le bras.
« Mets tes chaussures s’il te plait » il soupire doucement, attrape la gamine pour la poser sur la table de la cuisine et lace ses chaussures. Il sent les doigts de Lulla qui jouent avec ses cheveux, surement qu’il va se retrouver avec des tresses ou des couettes, comme toujours quand il lui laisse sa tête à portée de menottes.  « Arrête Lulla on est pressé » vraiment pressé. Parce qu’il a exactement une heure pour déposer la gosse avant de se rendre au point de rendez vous. Le truc c’est que la baby-sitter vient d’annuler. Grain de sable dans l’engrenage, de quoi le faire stresser. Il déteste l’imprévu Willis. Bon dieu ce qu’il déteste ça. On va où déjà qu’elle demande, innocente la gamine, le sourire rayonnant. Elle aime jouer Lulla, et pour elle tout est un foutu jeu. Tant mieux, que ça reste comme ça. Il espère retarder le plus possible le retour à la réalité. Elle est moche la réalité.
Il finit par se redresser, vérifie son téléphone et soupire en voyant le message. Est-ce qu’il a le choix ? Non. Pas vraiment. Ou alors il pourrait laisser Lulla chez la voisine. Mais ça serait risqué. Alors y a que lui qui lui vient à l’esprit. Y a que lui qui peut l’aider. Brannigan un jour, Brannigan toujours pas vrai ? Et le sang partagé dans les veines.  « Tu te souviens de ton oncle ? Je t’en ai parlé, celui sur les photos avec les cheveux qui te faisaient rigoler »  ah les souvenirs de jeunesses, photo de famille bien trop embarrassantes. Il les aime ces photos, ça lui rappelle avant, avant toute cette merde, toute cette galère. Avant Rosemary. « On va chez lui, tu vas voir. Ca va être super. Il est vraiment marrant »  enfin. Marrant. C’est un grand mot. Surement que s’il devait choisir un Brannigan marrant ça n’aurait pas été Peadar son premier choix. Mais bon, faut bien l’amadouer la gosse. Alors sans attendre il la fait descendre de la table, serre fort sa petite main dans la sienne et claque la porte derrière eux.

Il a fait exprès, quand il est venu, de chercher un appartement diamétralement opposé à celui de Peadar. Ca aurait été con pas vrai, de se croiser au supermarché. Mais tu fais quoi là – mes courses, comme toi, Lulla voulait des Lucky Charm. La blague. Grosse grosse blague. Alors il avait évité. Appart tranquille dans un quartier tranquille, de quoi passer sous le radar des policiers. Par contre le quartier de Peadar c’était pas vraiment la définition de tranquillité. Comme quoi, on a du mal à se défaire de ses habitudes.
Voiture garée, porte claquée, cheveux de Lulla bien lissés sur son crâne il soupire. Une fois. Deux fois. Pourquoi c’est si compliqué ? Peut-être parce que ça fait trop longtemps qu’ils ne se sont pas vu. Trop longtemps. Quatorze ans à la louche, un peu plus ou un peu moins, il ne se souvient plus vraiment Willis, dans quand il est parti. Tic tac. Et les secondes qui s’écoule, le temps qui file. Combien de minutes avant d’être en retard maintenant ? Trop peu. Bien trop peu. Alors sans attendre il s’engouffre dans l’immeuble, grimpe les escaliers avec Tallula devant lui. « Bon Lulla. Tu dis pas de bêtises ok ? Tu me laisse parler. Et tu lui saute pas dessus. » Ou alors si. Ca serait marrant. Prend ça dans la gueule Peadar, la relève Brannigan elle a la rage dans le sang. Il en est fier de sa gosse. Trop fière. Ptêtre la seule chose de bien qu’il ai jamais fait dans sa vie. « Tu veux sonner ? » et Lulla qui hoche la tête avec ferveur. Ok très bien, il a compris. Alors de nouveau il la soulève pour qu’elle atteigne la sonnette, le cœur qui bat ptêtre un peu trop vite, un peu trop fort. Il entend les pas, il entend le verrou, il entend tout. Et la porte qui s’ouvre. Vraiment Quatorze ans….
« La moustache ça ne te va vraiment pas. »
Non. Vraiment pas. Il a l’air d’un con comme ça. Et Lulla dans ses bras qui gigote pendant que Willis dévisage son frère de la tête aux pieds.
Ouais. Quatorze ans, ça se voit.
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MessageSujet: Re: kings of nowhere (brannigan)   kings of nowhere (brannigan) EmptyVen 8 Déc - 13:08

T’as reçu un message de ton frère ça t’a mis un peu de vague à l’âme. Toujours un peu de nostalgie, toujours un peu de curiosité, toujours heureux de savoir qu’ils sont toujours là, à un continent de distance. Doc est peut-être déjà ici mais ça ne suffit pas, t’as pas grandi avec lui, il terrorisait pas les autres au primaire lui. Recevoir des nouvelles de temps en temps comme ça au final ça fait presque autant mal que ça ne te comble. Une impression d’être un cousin éloigné où un vieil ami à qui on demande ponctuellement des détails sur sa vie. Savoir qu’ils sont tous ensemble ailleurs et que tu es coincé à l’ouest d’une mer infranchissable il t’a fallu des années pour le surmonter. Des années pour surnager plutôt, on ne se remet jamais vraiment de ce genre de choses, on ne lave jamais complètement les traces de la culpabilité et de la solitude. Tout dans ta vie a avancé, tu cherches constamment à ne pas regarder en arrière pour ne pas t’enliser et en crever mais certaines sensations ne peuvent pas être oubliées. Tu as reçu un message de ton frère et ça t’a ramené à ces jours qui dans tes souvenirs un filtre d’or sur chaque image. Quand vous faisiez tout à deux, à quatre, à cinq. Tellement inséparables que vous partiez ensemble au petit coin. Oui, le filtre doré n’efface pas la connerie. Le présent ne les efface pas non plus, des rivages de l’Atlantique c’est mauvais coup sur mauvais coup, le dernier en date c’était des faux papiers pour ledit frère et sa fille. Une nièce que tu n’as jamais vue qu’en photo, une nièce que tu devrais connaître mais pour qui tu ne dois être qu’un nom mentionné de temps en temps entre les adultes. C’est comme ça à chaque fois, un coup de blues à l’arrière du crâne. On aurait pu penser que l’arrivée récente de Niamh ait changé les choses mais au contraire, c’est pire maintenant. A présent que tu as eu l’occasion de passer du temps avec elle, de te rendre compte du bonheur que ça procure, les autres te manquent d’autant plus. Et ça te crève le cœur. Sortez les briquets il fait trop dark dans nos têtes. Mais comme chaque fois aussi, le sentiment passe, parce que la vie continue et que tu ne vas pas passer tes journées à broyer du noir, tu as des choses à faire avant ton shift de ce soir. Le boulot ne s’arrête jamais. Surtout dans un appart comme le tien. Alors tu traînes et tu t’actives successivement, toujours une clope ou un joint au bec, indécis sur l’ordre dans lequel tu veux accomplir tes tâches. Faudrait faire les courses, faudrait que tu sortes. Ouais mais y a la lessive à faire aussi. Et un truc à préparer pour le dîner. Et du foot en rediff à mater. Alors les heures passent, trop vite.

Quelqu’un frappe à la porte. Tu manques de le louper, le son perdu derrière le vrombissement de l’aspirateur. Sans te presser tu y vas, te faisant la réflexion – la même depuis dix ans que tu es ici – qu’il faudrait mettre un judas sur cette porte pour savoir à qui on ouvre. Mais t’aimes pas les traîtres alors ça ne s’est jamais fait. Au fond, ça laisse la surprise, ça cultive le mystère, c’est un petit peu excitant à chaque fois qu’on ouvre la porte n’est-ce pas ? Cette fois ne déroge pas aux autres. Et on peut dire effectivement que la surprise est totale. Tu ne tenais rien dans les mains, sinon tout objet aurait heurté le sol de manière dramatique. Là sous la tignasse il y a Willis et juste là dans ses bras celle dont Niamh t’a envoyé tant de photos. « La moustache ça ne te va vraiment pas. » Ton cerveau ne réfléchit pas un seul instant à l’insulte. En tradition de famille t’aurais rétorqué un truc encore plus insultant, un genre de ‘c’est toi la moustache’ à défaut de cave mais rien ne te vient. Tout ce que tu arrives à comprendre c’est qu’il est là. En chair et en os. Un peu plus grand encore que la dernière fois. Peut-être qu’il s’est jamais arrêté de pousser. En tout cas il a toujours la même gueule un peu de travers et cet air de sale con qui faisait peur à la petite vieille du deuxième de l’immeuble en face du parc. Mais elle, elle qu’est-ce qu’elle est belle. Heureusement elle ressemble à sa mère. Tu ne comprends pas ce qu’ils font là. Tu ne comprends pas mais ils sont là et tu le réalises soudainement, ça t’arrive dans la poitrine comme un douze tonnes aux pneus hurlants. Faudrait que tu répondes, faudrait que tu l’insultes. Mais t’y peux rien, tu ne le sens même pas, les larmes commencent à couler. Au bout de quelques secondes tu essaies désespérément de les essuyer, de faire bonne figure, de cacher les preuves de ta culpabilité, mais rien n’y fait. Intarissable, le flot de sel continue à s’exprimer. Tu fais comme si de rien n’était. « Yours is worse. I didn’t know you’d miss me so much you’d steal my style from junior class. » T’essaies de détourner l’attention sur son style douteux, de parler de quelque chose qui t’évitera de craquer un peu plus.
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Ruby Holmes

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MessageSujet: Re: kings of nowhere (brannigan)   kings of nowhere (brannigan) EmptySam 16 Déc - 12:02

Il sait pas trop comment réagir Willis, face à Peadar. Quinze ans c’est long. Quinze ans de séparation. Il a jamais trop été doué avec les sentiments, avec les relations. Même avec sa famille. Sans doute les plus chanceux dans cette situation. Alors quand il voit le visage de son frère perdre ses couleurs il comprend peut être un peu à retardement qu’il aurait du préciser : c’est quoi ton adresse, je passe te voir, je suis à Savannah ou juste un hey je suis à Savannah on se voit quand connard ? Mais faut croire qu’il a pas pensé à ce détail, que ça pourrait surprendre Peadar s’il se pointait comme si de rien n’était à sa porte. Stupide Willis, le cerveau trop lent, le cœur mécanique qui met longtemps à chauffer.
Il attend la réponse. Il attend une insulte, un coup, l’habitude de toutes ces années à se faire frapper par son ainé avant d’aller frapper les autres. Famille de sales gosses aux coups faciles, ils ont la peau dure les Brannigan. Mais rien ne vient. Pas même une insulte salée, brulante. Rien. Dis quelque chose putain et ses doigts qui se resserrent sur sa fille, un peu plus fort, comme pour se raccrocher à quelque chose. Se prouver que c’est bien la réalité.
Surement que c’est pas la réalité en fait. Parce que Peadar se met à pleurer.
Il pleure.
Et Willis se balance, mal à l’aise, les larmes de son frère qui le déstabilisent sans qu’ils ache vraiment pourquoi. On pleure pas pourtant chez les Brannigan. Mais faut croire qu’avec l’âge on devient plus laxiste sur les règles. Allez dis quelque chose ou moi aussi j’vais chialer Yours is worse. I didn’t know you’d miss me so much you’d steal my style from junior class. Le rire qui lui échappe alors qu’il se baisse pour déposer Tallula avant de se rapprocher de son frère, le poing qui vient chercher son épaule. « Quoi ? T’as un problème avec mon style ? Rien à voir avec toi, faut que t’arrête de croire que le monde tourne autour de toi » Un instant il le défi du regard, plus grand et pourtant il se sent toujours aussi petit face à Peadar. Surement que ça changera jamais. Alors il franchit la ligne, le prend dans ses bras. Un instant. Rien qu’un instant. Fermer les yeux et redevenir ce gamin en détresse quand son frère disparait.
Puis c’est terminé. Et quand il s’écarte il n’a plus envie de chialer, le cœur gros certes mais ça va mieux. Alors il se retourne cherche sa gamine du regard, laquelle se cache légèrement derrière lui, dix ans et il a toujours l’impression qu’elle en a deux, il voudrait qu’elle ne grandisse jamais, ça serait tellement plus simple. Mais il peut pas grand-chose. « Tu dis pas bonjour ? » sa main qui se perd dans les cheveux flamboyant qu’il vient ébouriffer avant de la pousser vers Peadar. « Peadar, Tallula, Tallula, Peadar, tu sais celui qui avait les cheveux devant les yeux sur la photo que je t’ai montré » petite pique lâchée dans l’air, c’est de sa faute aussi à mentionner le lycée. Clin d’œil adressé à son frère, quinze ans c’est peut être long mais ça change rien à tout ça.
« Bon. Tu nous fais visiter ton palace ou pas ? Où on va rester comme des débiles sur le palier » C’est pas qu’il est pressé. Un peu quand même. Et dans son crâne l’horloge qui tourne, tic tac font les aiguilles. Mais pour une fois, rien qu’une fois, ptêtre qu’il peut s’autoriser un détour, une exception. C’est pas tous les jours qu’on retrouve sa famille. Et le sourire qu’il n’arrive pas à défaire de son visage alors qu’il regarde Peadar. « sauf si tu veux rester là à chialer comme une gonzesse » les mots piquants, parce qu’il sait pas trop finalement. L’attaque plutôt que la défense, comme pour montrer que c’est pas grave tout ça, qu’il préfère oublier.


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MessageSujet: Re: kings of nowhere (brannigan)   kings of nowhere (brannigan) EmptyJeu 4 Jan - 6:24

On pleure pas quand on est un mec. On pleure pas quand on est un vrai. On pleure pas quand on est un Brannigan. Pourquoi il y a ce truc de cassé en toi, toutes ces fissures qui laissent passer l’eau à travers les murs ? Normalement on fait sa traversée du désert en silence pour forger les cœurs. Mais y a un dysfonctionnement dans ta matrice. Il y a quelques mois, ici-même, tu pleurais sur le sang qui maculait tes poings, sur les actes regrettés à peine accomplis. Aujourd’hui, comme un coup devant la porte, tu chiales sur le vide qui tache ta vie, sur les actes manqués et un futur bousillé. Parce que tu l’as abandonné, parce que tu vous as privé de la possibilité de vivre comme une famille. Parce que c’est tout ce que tu voulais pourtant, que ce soit les Brannigan contre le monde, mais t’es allé voir le monde tout seul. On pleure pas quand on est un Brannigan. Désespérément tu essaies de ravaler ces perles insolentes que tu n’as pas autorisées à parcourir tes joues. Ton frère vacille en face, surpris sans doute. Peut-être même qu’il te trouve ridicule. Trop tard pour faire demi-tour. Tu acceptes gracieusement le coup sur ton épaule, ça te ramène un peu à la réalité. C’est comme ça qu’on doit faire les choses. Cacher son amour et sa haine dans des gestes brusques pour éviter le débordement. « Quoi ? T’as un problème avec mon style ? Rien à voir avec toi, faut que t’arrête de croire que le monde tourne autour de toi. » Comme s’il allait te faire peur à te toiser du haut de ses échasses, ça ne fait pas de lui le grand frère. Ce qui te prend au dépourvu c’est l’accolade, qui passe comme un tourbillon de vent dans un arbre jusque-là à l’abri, qui semble arracher des feuilles. Cette bourrasque a un goût d’Irlande que tu croyais avoir oublié. « Sure I have a problem with it, it sucks. D’ya shop at Hot Topic for everything ? » Il est tombé bien bas le géant, de porter ce genre de choses, parce que quand tu es passé par là c’était pas ton époque la plus glorieuse, loin s’en faut.
« Tu dis pas bonjour ? » Tes yeux se braquent à nouveau sur la gosse. Putain qu’est-ce qu’elle est grande ? Elle est pas née avant-hier pourtant ? C’était l’impression que tu avais mais tu te prends les années perdues en pleine gueule chaque seconde où tes yeux restent sur elle. « Peadar, Tallula, Tallula, Peadar, tu sais celui qui avait les cheveux devant les yeux sur la photo que je t’ai montré. » C’est très bas ça. On ne parle pas du collège. Tu pensais avoir détruit toutes les photos, avoir fait disparaître les souvenirs avec l’autodafé. Il faut croire que la vérité survit toujours. Tu t’accroupis pour serrer doucement la main à la petite, avec l’impression d’être un éléphant confronté au colibri. « Nice to meet you Tallula. » Tu as un grand nombre de photos d’elles dans tes tiroirs et ton téléphone, que Niamh t’a envoyées, jamais assez.

« Bon. Tu nous fais visiter ton palace ou pas ? Où on va rester comme des débiles sur le palier » Rien que pour le faire chier tiens tu le laisserais bien devant la porte comme un abruti, ça lui ferait les pieds au grand dadais. Mais il y a pas à dire, ce serait con qu’il s’en aille comme ça, alors tu écartes la porte en grand et leur fais une révérence exagérée pour accompagner leur passage. « Sauf si tu veux rester là à chialer comme une gonzesse. » « Well fuck you. » C’est immédiat, tu n’y réfléchis même pas, jusqu’à-ce que tu croises les yeux de l’enfant et sois soudainement pris de remords. Pourtant c’est ridicule, tu as toujours juré devant Tinks alors que tu l’as récupéré au moins aussi petit que ça et vous cinq Brannigan auriez fait rougir des nonnes à vos dix ans. Faut croire qu’il y a des choses qu’on n’explique pas. Tu fermes la porte derrière eux et leur fais signe de te suivre. « I’m assuming you know what a living room and a kitchen are, unless you’re dumber than I remember. My room and bathroom are there. » Tu fais un vague geste vers la porte au fond du salon. Une chambre et une salle de bain à toi tout seul, une utopie pour le gosse que tu étais, une de tes véritables ambitions. Dans la ruée vers l’or tu auras au moins accompli ça. Tu leur montres vite fait les autres pièces. « This one’s the girl’s room, the other two are the boys, that’s the bathroom. » En espérant qu’il se souviendra que tu avais mentionné une fois ou deux que tu hébergeais des gens. En espérant qu’il aura envie de voir le moindre recoin de chaque pièce pour que tu puisses profiter de sa compagnie un peu plus longtemps.
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MessageSujet: Re: kings of nowhere (brannigan)   kings of nowhere (brannigan) EmptyDim 4 Fév - 0:04

Sure I have a problem with it, it sucks. D’ya shop at Hot Topic for everything ? C’est bas. Terriblement pas. Mais au moins ça a le mérite de sonner familier, comme avant, les souvenirs d’un grand frère à la langue trop acérée. Willis le regarde un instant, blasé, à croire qu’il lui aura fallut pas longtemps pour passer des larmes à l’acidité. « C’est toi qui craint. Et y a des trucs cool à Hot Topic ok ? Tu sais juste pas chercher » des trucs cool malgré ses trente ans, foutu adolescent attardé qui adore l’idée de porter un t-shirt avec ses personnages préférés. Il s’en fout, il assume Willis, nerd géant à lunette, trop de références dans le crâne, à en exaspérer son ex-femme. Ça le fait sourire doucement, il rajuste son blouson, comme si c’était une pièce de collection.
Quand il présente Tallula à Peadar, y a comme un truc dans sa gorge qui se serre. Il pleurera pas lui, mais ça fait tout drôle. Un peu comme quand Niamh était venue les chercher à l’aéroport. Un sentiment d’avoir enfin compléter quelque chose, une pièce du puzzle qui se rajoute enfin au reste. Ouais. Nice to meet you Tallula. Deux générations qui se rencontrent, elle a un sourire timide la gamine, parce qu’elle lui en a parlé pendant trop d’heures, toutes ses questions pour savoir comment il est son oncle fantôme. Voilà. Elle a des réponses à ses questions maintenant. Il leur laisse un instant tout les deux, comme un spectateur, croise les bras avec un sourire en coin. Putain. Rosemary serait furieuse si elle savait. De tous ses frères c’était Peadar qu’elle détestait le plus. Il n’avait jamais compris pourquoi. Et rien que pour ça, il aurait adoré lui envoyer une photo de la scène. Pas assez gamin pour ça. Ça trotte juste dans sa tête. L’envie de la voir bruler de colère comme elle sait si bien le faire. Connasse.

Finalement il décide de rompre le moment, s’impose, demande la permission d’entrer, en profite pour se venger un peu pour l’insulte de tout à l’heure. Ca ne rate pas, le regard vexé de Peadar qui le fixe et la réponse qui vole aussi vite. Well fuck you. Language dirait Rosemary. Mais elle n’est pas là. Elle n’est plus là. Alors il ne se prive pas. Il ne se prive plus. « Fuck you too » comme un rire dans le fond de sa voix, il s’en fout que sa gamine entende des mots qu’elle ne devrait pas. Il est pas du genre père compulsif, à rêver que sa gamine ai un avenir parfait et lisse. Non. Pas du tout. Y a des limites mais le f-word n’en fait pas parti.
Il finit par suivre son frère, faisant signe à Tallula de faire de même, la porte qui se referme derrière eux et un sentiment d’être en sécurité. C’est ridicule ce qu’un morceau de bois et une serrure peut provoquer. I’m assuming you know what a living room and a kitchen are, unless you’re dumber than I remember. My room and bathroom are there. Le regard qui se pose sur les murs, l’endroit bien plus grand que le studio qu’il partage avec sa fille, y a comme un sifflement qui franchit ses lèvres, admiratif. « Tu sais très bien qu’entre toi et moi, c’est pas toi le cerveau » pas vraiment lui non plus, mais peut être déjà un peu plus. Il remonte ses lunettes comme pour lui rappeler, sourire prétentieux plaqué sur le visage, il défie son frère de le contredire. This one’s the girl’s room, the other two are the boys, that’s the bathroom. tous les trois dans l’appartement trop grand, surement qu’ils auraient tous tenu là dedans étant gamin, ça lui fait drôle. Il hoche la tête quand il parle des chambres des garçons, des filles, pose pas trop de question parce que c’est pas le moment, que Niamh lui a déjà raconté pas mal de trucs. « Eh bah. Plutôt pas mal dis moi » ouais. Plus que pas mal. « Pas la place pour deux idiots en plus ? » qu’il lance pour plaisanter avant de regarde Lulla qui semble déjà dépassée. « Puce, si tu veux vas dans le salon, j’ai ton livre dans le sac, je reste un peu avec mon frère, on est pas loin » baiser sur son front il lui tend le sac et la regarde retourner vers la pièce principale avec dans de murmurer « rassure moi y a pas de trucs genre flingue ou connerie du genre dans le salon ? J’peux la laisser là bas ? » parce qu’il connait son frère mais que ça fait longtemps. Très longtemps. Et que trop de choses a pu se passer depuis. « Juste pour savoir si je lui dis de pas regarder sous les coussins » comme si c’était une évidence.
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MessageSujet: Re: kings of nowhere (brannigan)   kings of nowhere (brannigan) EmptyVen 9 Fév - 3:00

La vie est une drôle de chose, une espèce de labyrinthe brumeux où on perd peu à peu les autres. Willis et toi avez pris des chemins tellement différents pour au final arriver un peu au même point, tous deux criminels essayant de se racheter par une vie légale, tous deux bien trop loin de là où vous avez commencé sans avoir réussi à sortir de la rue qui vous colle à la peau. Un an c’est tellement rien entre deux frères et pourtant. A dix-huit ans tu quittais le pays pour aller dormir dans des rues à l’autre bout de l’Atlantique, fuyant les toilettes des bars crasseux. A dix-huit ans il passait à la mairie pour se coller une alliance sur le doigt et une partenaire pour toujours – du moins c’était comme ça que ça devait se passer. Au final, tant d’absences, tant de divergences, vous pourriez presque être des inconnus. Mais chaque mauvais choix vous a mené jusqu’ici à ce moment précis, et quand tu regardes ton petit frère dans les yeux, l’idée même que vous ayez pu être étrangers toutes ces années te semble ridicule. La réalité revient au grand galop, les temps de latence, la gêne dans certaines phrases, mais cette fraction de seconde c’est tout ce qui compte non ? « Fuck you too. » Ouais, c’est tout ce qui compte. Quand Niamh est revenue les silences et les non-dits ont aussi été balayés sous un tapis d’injures. C’est l’armure made-in Brannigan, la façade la plus facile à ériger, celle qui donne l’impression que tout va bien. Les larmes ça s’essuie puis on s’efforce d’effacer les sentiments qui sont pas joyeux ou pas virils. N’empêche que serrer la main de la petite ça te chamboule un peu à l’intérieur, parce que les photos c’est pas rien mais rencontrer un nouveau membre de sa famille en vrai ça fait une sacrée différence. Le futur apparaît concret, c’est cette gosse qui feint d’être timide, c’est ton sang, la promesse que les Brannigan ont encore de quoi emmerder le monde pour les générations à venir. Willis ne vous laisse pas vous éterniser, c’est sans doute pour le mieux, et après tout il est naturel de lui montrer tout royaume, ce que t’as réussi à arracher à la vie. « Tu sais très bien qu’entre toi et moi, c’est pas toi le cerveau. » Cette réflexion lui vaut une bonne vieille taloche à l’arrière de la nuque. Il a pas entièrement tort bien sûr, ce n’est pas pour rien qu’il est le scientifique de 007, mais ça ne fait pas tout, ça ne vaut pas James Bond, ça ne vaut pas le boss. « Don’t be cocky cause you know your multiplication tables Q, I can take you any day. » Intellectuellement j’ai des doutes.

« Eh bah. Plutôt pas mal dis-moi. » T’en es fier de ton chez toi, être propriétaire d’autre chose qu’une caravane ce n’est pas un petit exploit pour vous. Peut-être bien que tu crèveras dans cet appart et tu en serais heureux. Si t’as des enfants avant de clamser tu pourras leur laisser de l’immobilier dans ton testament et pas juste une vieille lampe de famille ou n’importe quelle merde qu’on laisse quand on a rien d’autre. « Pas la place pour deux idiots en plus ? » Chez toi on se marche déjà dessus mais il te suffit d’un regard vers lui pour essayer de lui faire comprendre qu’en un battement de cœur tu les accueilleras sans poser la moindre question et sans conditions. « Puce, si tu veux vas dans le salon, j’ai ton livre dans le sac, je reste un peu avec mon frère, on est pas loin. » C’est comme une espèce de monde parallèle de voir ton frère être aussi paternel, quand tu te souviens encore de lui comme d’un ado boutonneux parfois pas foutu d’aller chercher de la bière sans se perdre parce qu’il était déjà trop défoncé. « Rassure-moi y a pas de trucs genre flingue ou connerie du genre dans le salon ? J’peux la laisser là bas ? Juste pour savoir si je lui dis de pas regarder sous les coussins. » Pendant une seconde tu feins d’être blessé profondément par la seule insinuation. Un tel manque de confiance est absolument intolérable. Mais tu te fends d’un sourire. « Nah man, everything’s locked and stashed away, I’m a responsible man you know. » T’es pas allé aussi loin que te qualifier de respectable mais tu as failli, juste histoire de le chambrer un peu. Mais debout tous les deux au fond du couloir comme dans une espèce de conciliabule secret les circonstances te reviennent et tu te rembrunis un peu. « What happened Q ? Why are you here ? You in trouble ? »
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MessageSujet: Re: kings of nowhere (brannigan)   kings of nowhere (brannigan) EmptyLun 26 Fév - 0:27

Y a comme un gout de retour en arrière quand il lui adresse une tape derrière la tête. Soudain Willis a 15 ans de nouveau, gamin un peu paumé que son frère s’amuse à remettre à sa place. Ca le fait sourire quand il pose une main sur son crâne, dévisage Peadar. Don’t be cocky cause you know your multiplication tables Q, I can take you any day. Vraiment ? Cette fois ci il rigole en secouant la tête, pas question de répondre à ça sinon surement que ça tournera à quelque chose de ridicule encore une fois, un vieux concours de qui dépasse qui comme autre fois.
Alors il continue de suivre Peadar dans l’appartement, tour du proprio comme on dit, admirateur un peu il retient tout dans son crâne, chaque détail, comme une foutue habitude. Il commente Willis, savoure le regard fier de son frère, c’est presque rassurant, de le retrouver là comme ça, pas à la rue ou il ne sait quoi. Ouais. Peadar a quelque chose à lui, un toit, un but ou une connerie comme ça. Plus l’ado qui a décidé de tout plaquer pour vivre aux States, american dream mon cul. Il finit par envoyer Lulla un peu plus loin, parce que c’est finit de causer fleurs et jardin, parce qu’il y a plus intéressant et plus important qu’un putain d’appartement. Mais d’abord il veut s’assurer que sa gamine est en sécurité, car elle a la fâcheuse habitude de laisser trainer ses doigts partout. Manquerait plus qu’elle les coince dans un piège à souris, comme une foutue punition pour avoir hérité du caractère trop curieux de son père. En face de lui Peadar affiche un air presque outré par la propre question de son frère. Il hésite un peu Willis, cherche les mots pour s’excuser, mais il n’a pas le temps que déjà Peadar se met à sourire. Quel connard. Nah man, everything’s locked and stashed away, I’m a responsible man you know. Le rire qui le reprend il soupire doucement, sourire débile sur le visage parce que c’est comme une foutue blague entre eux deux. « Putain, regarde nous, on doit foutre des cadenas pour pas que les gosses fassent les mêmes conneries que nous à leur âge » ça le vieillit tout ça, un peu trop. Trente deux ans déjà ? Mais où passe le temps, il ne sait pas. Incapable de le voir filer entre ses doigts. « Toi et responsable. J’ai du mal à y croire » qu’il marmonne comme pour se moquer encore de lui, pourtant y a quelque chose dans la tenue de l’appartement, dans la façon dont Peadar parle, qui lui fait comprendre que c’est vrai. Et ça fait bizarre.
What happened Q ? Why are you here ? You in trouble ? Ah. Les voilà les questions qui fâchent. Willis qui soupire, passe une main sur son visage avant de se diriger vers la cuisine. Il fait comme chez lui, sort deux bières du frigo, les décapsule et en tend un à son frère avant de s’adosser au mur. « Sale histoire putain. » ouais. Sale, sale, sale histoire. « Avant toute chose faut que tu me promettes de ne pas péter un câble ou quoi que ce soit » c’est pas tant le fait d’avoir embarqué Lulla qui risque de faire tiquer son frère. Plutôt le fait qu’il soit là depuis trois mois et qu’il n’ai rien dit. Il porte la bouteille à ses lèvres, avale une grande gorgée avant de fixer Peadar. « Les choses sont devenues très moches avec Rosemary. Genre vraiment très moches » il remonte en arrière, repense aux hurlement de sa femme, les insultes qui volent, les menaces aussi. « elle a même menacé de me dénoncer si jamais je continuais les conneries » et ils savent tous les deux que c’est impossible. Pas pour eux. Jamais non. « Quelle pute » ça lui échappe il grimace, soupire, l’impression d’être coincé dans une boucle. « Elle voulait plus que je vois Lulla. » il se tait rejette la tête en arrière et ferme les yeux. C’est bien trop compliqué comme situation, s’il avait su ptêtre qu’il aurait jamais glissé la bague au doigt à cette foutue furie. « Du j’ai comment dire. Emporté la gamine avec moi » c’est dit doucement, un peu trop innocemment, alors qu’il contente de regarder sa bière, parce qu’il doit subir cet aveux une deuxième fois, et que même après les mots encourageant de Niamh, c’est toujours aussi compliqué.
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