But heroes and saviors can't save folks like us ☾ Tu soupires en troquant ta blouse blanche contre ton manteau dans les vestiaires de l'hôpital. Vous avez eu un cas difficile à traiter ; un dealer a dû se faire opérer en urgence pour que les doses de cocaïne contenues dans son ventre ne se percent pas, ne provoquent pas d'overdose soudaine et irréversible. Et vous avez bien évidemment été obligés de prévenir la police. Ça a été difficile, ça a été douloureux, mais il faut que tu laisses les sentiments au placard, sans quoi tu vas t'effondrer en moins de deux. T'as signé pour ça, t'as voulu faire médecine interne. Maintenant faut que t'assumes. « Bonne nuit Felix, à demain. » Tu souris et rends son salut à l'infirmière de nuit. Tu sors du bâtiment, les mains dans les poches et le menton enfoncé dans ton écharpe, pressé de rentrer chez toi. Peut-être que Nur sera toujours debout, que tu pourras réviser tes cours avec elle, ça te changera les idées. Mais au détour d'une rue, y a trois silhouettes qui se détachent du mur et qui se dirigent vers toi, sans cacher leurs intentions. T'es pas courageux Felix, pas vraiment, pas pour toi. Sauver les autres y a pas de souci, te sauver toi c'est déjà plus compliqué. Tu sens ton palpitant qui s'emballe, t'as même pas le temps de tourner les talons de déguerpir que les gars sont déjà sur toi. Le plus grand te saisit par le col de ton t-shirt te plaque contre le mur expulse tout le souffle de tes poumons. Tu te prends des coups de poings des coups de pieds des coups des coups des coups, t'arrives pas à respirer t'as le goût du sang dans la bouche les oreilles qui bourdonnent le regard qui se voile et tu finis par t'effondrer par terre, à bout de forces. Y a du sang qui coule de ta bouche de tes lèvres d'à peu près partout en fait, et tu flottes entre deux états de conscience, abandonné pour mort sur le goudron d'un coin paumé de Savannah. Je vais crever là comme un rat. Tout devient noir.

spoiler:

spoiler 2:

But heroes and saviors can't save folks like us ☾ T'entends une voix, une voix que tu connais sans pouvoir la replacer, parce qu'elle est trop faible trop lointaine. T'as envie de l'écouter de revenir de rester, mais c'est dur. Ça demande de la force, et de la force t'en as plus. T'as juste envie de te laisser glisser couler dans les eaux noires de l'inconscience. « Felix... » Rhoan ? Le prénom fuse, un éclair dans les brumes de la douleur, un sursaut de conscience dans l'abandon. Le noir de tes paupières te semble soudain bien délétère et tu forces ton corps à bouger à vivre. Faut pas lâcher. Pas maintenant. Y a trop de gens qui comptent sur toi. Rhoan. « Felix ça va aller j'appelle une ambulance ok? Je reste avec toi crève pas s'te plait crève pas. » Non non, t'as pas envie de crever, tu vas pas crever le laisser l'abandonner. Pas une deuxième fois. Tu serres les poings t'ouvres les yeux tu respires. C'est dur, chaque souffle te fait mal chaque mouvement manque de t'arracher un hurlement de douleur, pourtant t'arrives à sourire faiblement, pour le rassurer. Un peu. « Je compte pas clamser tout d'suite, va. » Ta voix c'est un murmure, un frottement délicat de papier ponce sur la roche. Tout te fait mal. Tu tends la main, tes doigts effleurant ses pommettes écorchées ses lèvres fendues par la bagarre. « Tu t'es fait mal ? » Parce que ouais, même si c'est toi qui gît sur le goudron, c'est toujours lui que tu voudras protéger.
C'est toujours lui qui sera le plus important.