Trish, elle est paumé, la folie en héritage. Elle a jamais su reconnaitre les codes pour s'adapter à la vie qui l'entoure. Peut importe où. Peut importe avec qui, il semble qu'elle n'arrive jamais à créer véritablement. Parce qu'elle sait qu'elle ne peut pas faire confiance même si elle le voudrait vraiment. Une main tendue vers elle, un coeur pour l'aider, pour lui apprendre que c'est pas toujours moche. Elle préfère mentir, se protéger sous ses airs de sainte nitouche. Et plus les mensonges s'amoncèlent, plus l'espoir de devenir quelqu'un se noircit. Elle ne sait plus. Elle est finalement plus vulnérable qu'on ne le pense, les gens les plus tarés le sont profondément de toutes façons. Ce sont les failles qui la font passer du statut de gentille fiche à hystérique névrosée. Collée face au miroir de sa coiffeuse, elle sursaute. Un cri. Un hurlement de colère lui arrive aux oreilles. Son nez se retrousse doucement. Elle n'aime pas ces sons. Rappel trop douloureux à un passé qu'elle tente de planquer. Bref. Elle bouge ses fesses et les déplacent pour voir d'où ça peut provenir. Elle retrouve Nur devant la machine à laver, visiblement en colère. Ouais, faut pas être psychologue pour comprendre que ça n'a rien de bon tout ça. Un soucis ? demande Trish, affichant un sourire sur sa tronche de mignonnette. Comme entouré d'un halo brillant. Du vent. Elle feinte. Elle les manipulent depuis des mois pour les laisser croire le mytho qu'elle sert. Elle, une ancienne voyageuse, une fille qui a reprit ses études, qui se cherche un peu. Douce et agréable, qui n'hausse pas le ton et dont les parents sont tristement décédés dans un accident de voiture. Rien de ça n'est vrai. A part peut être la partie ou elle se cherche. De l'aide peut être ? L'amie prodigieuse est de retour, celle que tous rêvent d'avoir. Parce qu'elle a du mal avec l'idée qu'on ne l'aime pas.

Oh oui. Viens. Aide-moi à découper en morceau le t-shirt rouge d’Arthur. Je tiens le coupable entre mes doigts et je lui lance des éclairs comme si son propriétaire était entre mes mains. Et tous ses fringues. J’vais lui perforer le coeur, les neurones, l’estomac, les poumons, tout. Il ne s’en remettra pas. Comment a-t-il fait pour ne pas voir que tout le linge était blanc ? Et lui il fout son satané t-shirt comme ça et lance la machine tranquille pépouze ?! Il a cru que le rose allait être la couleur de la coloc’ ?! (remarque ça irait bien à Rhoan et Félix j’suis sûre - t-shirt assorti en plus...) Mais quel crétin ce mec !! Ça fuse à nouveau, relâchement de pression alors que j’extirpe le linge de la machine avec rage, repèrant ce pantalon qu’il aime tant. Soit-disant que ça lui fait un beau cul. Bah tu vas voir tiens ! Le vêtement est violemment jeté au sol et mes pieds s’y écrasent pour mieux passer la serpillère avec. C’était à lui de faire le ménage en plus. Y a du relâchement dans l’planning. Elle fout quoi Zoé en ce moment ?! Si on n’a plus de maton, rien ne va plus. J’me vengerais !, que je marmonne comme si je n’étais pas déjà en train de le faire. Non mais regarde ma robe… Si… rose... Dépitée, dégoûtée, elle était beige, elle m’allait super bien, j’me sentais bien dedans. Et dieu sait que c’est important en ce moment. Ça fait deux semaines que c’est passé. Une semaine que je suis revenue à la coloc’ et ce moment à m’énerver contre Artie, c’est un moment de pure normalité comme je n’en ai pas vécu depuis un bail. Et ce mini orage-là doit bien prouver que je redeviens petit à petit moi.
Soupir las après avoir pris Trish à partie. Un peu de soutien féminin. Quelque chose de doux, de frais et de sucré. Pas comme Zoé, pas comme moi. Ça fait du bien. Heureusement qu’elle est là. Parfois je me demande que fait cet extraterrestre de gentillesse parmi nous. On n’a pas signé pour ça moi j’dis. Le nuage passé, j’lui souris bien vite, complice. Parce qu’on a juste envie de lui sourire à Trish quand on la voit, chaleureuse, presque divine. J’étais persuadée qu’elle pourrait plaire à Bo… mais apparemment il préfère Fanny. C‘est à n’y rien comprendre… Y a trop de signaux qui se croisent ici. C’est le bordel et jamais le bon timing de toute façon. Ça doit pas être facile tous les jours pour une maniaque comme la jolie blonde. Trish, s’il te plaît, fais une exception pour une fois. Ne range pas derrière moi. Et aide-moi à lui faire payer. Main sur son épaule, j’suis passée sérieusement en mode corruption. Et j’te fais tous tes repas pour la semaine. J’sais pas comment je trouverais le temps avec planning de l’internat qui a plus d’heures que n’en possède une semaine, mais j’trouverais. Y a bien eu ce miracle aujourd’hui que mon temps libre soit aussi le sien, car même à sept dans cet appart’, il arrive qu’on ne se voit pas de la journée. Donc tout est possible. Et ce n’est pas la fatigue qui parle.