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 garde à vue (intrigue situation 10)

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Leonard River

Leonard River
et le château de sable, il est dans l'eau maintenant
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MessageSujet: garde à vue (intrigue situation 10)    garde à vue (intrigue situation 10)  EmptyJeu 5 Oct - 18:03

Ce n’était pas la première fois que Leo se retrouvait menotté à l’arrière d’une bagnole de flics, les yeux rougis par les bombes lacrymo envoyés sur une foule compacte en colère. Quand on est un indigné, limite révolutionnaire, communiste avec une passion pour les manifestations de rue, forcément, on finit par y passer. Baptême avait été fait à ses 15 ans, dans une manifestation où il se trouvait avec sa mère et sa grand mère. La photographie familiale pleine d’humour avait été mentalement prise quand les trois générations se sont retrouvées côte à côte à l’arrière grillagé de la voiture de police, et on pouvait voir un petit sourire étirer les lèvres de chacun, parce qu’on avait l’impression du travail accompli. Quelques heures plus tard, la petite famille avait fêté leur liberté retrouvée avec un pétard échangé dans le salon de la petite maison de banlieue de Savannah, et on refaisait la soirée en riant.

Pour en revenir à ce jour-là, celui où tout Savannah crépitait sous les pavés, ce jour où la violence longuement accumulée, sans un bruit, avait fini par imploser, le presque trentenaire était bien sûr dans les rues de Savannah, en train de scander des slogans écrits à la bombe de peinture sur des bouts de cartons asymétriques quand la police l’a menotté. Assez ironiquement, c’était une manifestation contre les violences policières. Veste en jean sur le dos, bandana dans les cheveux, converses aux pieds, il avait le look typique du néo-révolutionnaire, et argumentait violemment à l’arrière de la voiture. Chacun y allait de son argument. La police débordée en avait plus qu’assez de perdre son temps et un Leo enflammé ne pouvait supporter cette violence radicale qu’ont les flics quand il s’agit de gagner du temps. Ce qu’il s’était passé, c’est qu’il y avait une manifestation en plein centre ville, au moment où tout a pété dans Savannah. La police est rapidement intervenue pour demander à la foule de se disperser et de rentrer chez eux et comme ça se passe souvent dans ces cas-là, un dialogue de sourd s’est engagé, chacun sur les nerfs en est allé de son commentaire. Quand les choses s’étaient envenimées, parce qu’elles s’enveniment souvent, Leo était en train de donner des coudes pour dégager un copain indigné des griffes d’un flics, résultat des course, c’est lui qui s’est pris et le coup de matraque sur les fesses, et les menottes aux poignées. Quand, évidemment, pendant la fouille, ils avaient trouvé un sachet d’herbe, ils n’avaient pas hésité longtemps à l’emmener au poste. Il n’en fallait pas moins pour donner du grain à moudre au blond qui n’arrêtait juste pas de rabâcher les mêmes arguments qu’il avait servi dix fois auparavant, à dix flics différents. Malheureusement, l’herbe n’était pas la seule substance qu’il avait ingéré ce jour-là et sous la pression de cette atmosphère électrique, ses discours le déservait plus qu’ils ne persuadé l’auditoire. Vous vous sentez utile, là ? C’est pour ça que vous êtes devenu flic ? A matraquer des pauvres gens qui défilent pacifiquement dans une rue pendant que d’autres se tirent dessus trois rues plus loin ? Qu’il avait commencé par scander. Les flics ne répondaient pas. Ils apprennent ça à l’école de police ? Matraquer les gens dès qu’ils sont pas coopératifs ? Cool, génial ! Faut pas vous étonnez que tout le monde défilent dans les rues pour dénoncer vos méthodes de miliciers. Encore une fois, ils avaient tenté de l’ignorer. Ouais, j’suis sûre qu’on est vraiment les pires dans cette ville et que vous avez pas rien d’mieux à faire que d’m’emmener au poste pour trente balles de beuh et des principes. Succombant à l’énervement accumulé, Leo avait levé un pied pour taper dans le grille qui le séparait des passagers avant. Putain ça m’rend dingue ! Là, les flics avaient sursautés, et celui place passager avait donné un coup le grillage avec son coude. Tu la fermes Che Guevara ?

Au poste de police, il y avait tellement de monde et de bruit qu’on n’avait même pas le temps de faire la procédure standard d’une garde à vue. Leo avait été menotté sur un banc en plein milieu des bureaux open space des flics, à côté d’une dizaine d’autres. Le téléphone qui sonnait sans arrêt, les cris des uns, ceux des autres et la porte battante qui faisait s’engouffrer un courant d’air glaçant n’arrangeait rien à l’énervement général. Ce n’est qu’après dix minutes d’ennui mortel qu’un flic s’avança vers lui, il tenait par le bras une petite brune si frèle à côté du colosse qui la détenait que s’en était ridicule. C’est pas trop tôt, j’ai droit à un coup d’fil, faut que j’le passe maintenant. Demanda Leo. Fallait prévenir Jeff qu’il ne pourrait pas passer ce soir. Émeute en ville ou pas, son patron n’en aurait rien à faire. Le flic ignora purement et simplement le blond, trop occupé à retirer les menottes de la brune, qu’il balança sans ménagement sur le même banc que Leo, si bien qu’elle failli s’écraser contre lui. De sa main libre, Leo la retint à la dernière minute. Mais putain, vous avez pas honte de vous ? Qu’il hurla dans le vide. Le colosse attrapa le poignet de la fille et l’accrocha également au banc juste à côté de Leo. Vous m’fliez la gerbe, j’vous jure ! Conclu Leo, sans que le flic ne fasse grand cas de lui. Il soupira bruyamment et s’adossa contre le mur. Après quelques inspirations pour se calmer il tourna la tête vers son accolyte d’infortune. Ça va, il t’a pas fait mal ? Sans trop s’occuper de ce qui pouvait amener cette nana au poste de police, Leo partait tout simplement du principe qu’elle était une énième bavure à mettre sur le compte des services de l’ordre.
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Nur Al Shaikhly

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MessageSujet: Re: garde à vue (intrigue situation 10)    garde à vue (intrigue situation 10)  EmptyLun 23 Oct - 16:27


J’voulais juste rentrer chez moi. Après une garde de trente six heures, c’est peu demandé, non ? C’est même normal. On le mérite tous. J’ai une migraine de merde. Le soleil m’a agressé comme jamais. J’pue l’anesthésique. Mes cernes sont plus violacées que les bleus s’estompant autour de mon cou. J’tuerais pour une douche. J’tuerais pour mon lit et le silence. Bref j’suis épuisée, et donc : je hais les gens. Humeur de chien. Il a fallu que ce soit le jour pour qu’il y ait des manif, que ça vire en émeutes et que tout le quartier où on vit soit bloqué. Magnifique. C’est sûr, ça doit être normal pour la plupart de ces crétins que la chaleur d’une bousculade vaut mieux que celle de mes draps -ou des bras de Tyfy. Pourtant perso, j’me passerais volontiers des coups de coude dans les côtes ou de la barrière dans l’bide quand j’essaye d’expliquer à cet abruti de flic que je vis dans la rue juste derrière lui, qu’il n’a qu’à décaler la barricade de quelques centimètres et j’file discrètement comme une souris. Ni vue ni connue. Mais non. J’ai même failli me prendre un coup de bouclier dans le nez parce que j’insistais trop.

Moi ? Insister ? Pousser les gens jusqu’à leurs limites ? C’est pas du tout mon style bien sûr... Mais c’est parti en vrille, dès que j’ai cherché à forcer le passage en escaladant l’obstacle. La marée humaine agitée et en colère a trouvé que ma brèche était la parfaite excuse pour tout défoncer. Après ça, c’est un peu confus. Entre qui a chopé qui en premier. Qui a fait tomber qui. Qui a insulté qui. Désolée, mais j’m’excuserais pas d’avoir voulu me défendre et aidé une autre nana qui se faisait piétiner quand les flics n’aidaient surtout pas et nous ont bousculé pour s’assurer que l’on reste “à notre place”. Et ton nez il est toujours à sa place connard ?!

En passant les portes du commissariat, j’le défierais encore si il le fallait, pupilles orageuses fixées sur son visage et fière de lui avoir remis son bouclier dans l’piffe dans un élan hargneux. Il le sent peut-être, ou cherche encore à montrer qui est le plus fort quand il me balance sur le banc comme si je n’étais qu’un vulgaire torchon. Heureusement, y a mon futur voisin de cellule qui m’rattrape, fait office de coussin malgré lui tout en s’insurgeant d’un tel traitement. Il n’a pas eu trop l’choix à vrai dire et moi non plus. Mais coup de boule, ce flic-là n’est pas raciste. Ça aurait pu être pire. Ouuh quelle autorité, quel pouvoir..., que j’réplique alors que l’agent marque son agacement, s’excite en serrant à nouveau la menotte à mon poignet. Ça l’fait triquer j’suis sûre. Écho à l’envie de gerbe éprouvée par le blondinet. Le flic dresse son doigt “menaçant” devant mon nez : je ne devrais pas jouer avec ma chance. Y a déjà agression sur agent des forces de l’ordre, faudrait pas que j’en rajoute aux charges qui pèsent déjà sur moi. Ou quelque chose comme ça. Et mes agressions à moi ? On en parle ? J’mets violemment de côté le visage de Seven qui a ressurgi de nulle part et j’force ma rage sur le type qui me fait face. Si j’ai bien une chose en horreur, c’est ce comportement abusivement patriarcal et datant de la préhistoire. C’est décidé, il pourra bien s’vider de son sang aux urgences, faudra un autre médecin que moi si il ne veut pas y rester. Non mais.
Je souffle enfin quand il s’éloigne, laisse également couler mon dos contre le mur. Non ça va. Ou disons que j’ai connu pire dernièrement. Mon sourire renaît, fatigué. N’empêche, l’expérience prouve que je ne suis pas en coton et que je reprends du poil de la bête. Cette fois-ci, j’ai même pas eu peur. Pas trop. Je crois. Même si je remarque seulement maintenant que ma main tremble imperceptiblement. Les nerfs peut-être bien à fleur de peau. J’inspire pour me calmer tout en cherchant machinalement à déserrer la grippe de métal presque familière... Il a serré ça comme si j’étais une bête féroce., que je ronchonne avant de soupirer un rire bourré d’ironie.

Je remarque seulement maintenant l’agitation ambiante et les tensions bondissant entre les êtres. Tous les flics semblent marcher sur une corde raide, la méfiance et le stress dans chaque geste. Alors que du côté des civils, c’est l’énervement, voire même un certain chaos qui régit les muscles. Et doucement, ça s’insinue. Cette sale inquiétude. Le palpitant qui chevauche au grand galop les scénarios foireux forgés par mon esprit éreinté. Mais j’peux pas m’empêcher de visualiser la bande de bras cassés -aka mes coloc’- dans le pétrin. Il s’passe quoi au juste ?, que je demande en regardant à la dérobée nos nouveaux voisins de banc. J’le sais mieux que personne, c’est mal de juger sur des apparences, mais ils ont l’air beaucoup moins commodes que le blond vers qui je me rapproche innocemment. Et dire qu’il reste encore de la place sur ce fichu banc. Intérieurement, j’fais le voeu de pouvoir me tirer d’ici rapidement, au lieu de parier sur la tête du prochain délinquant. Et j’y crois. Un coup de fil à mon père et la horde d’avocats de la famille déboulera en un rien de temps. T’es là depuis longtemps ? T’as eu le droit à ton appel ? Que je me rassure tout de suite ou que je m’énerve un peu plus. Parce que mon sac confisqué avec mon téléphone dedans, ça n’engage rien de bon et c’est pas l’jour. À vrai dire, c’est pas l’mois tout court.
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