Le Deal du moment : -67%
Carte Fnac+ à 4,99€ au lieu de 14,99€ ...
Voir le deal
4.99 €

Partagez
 

 Go away with your stupid car

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité

Anonymous
Invité
☽ ☾

Go away with your stupid car Empty
MessageSujet: Go away with your stupid car   Go away with your stupid car EmptyJeu 19 Oct - 12:47

Prendre l’air, c’est exactement ce qu’il me fallait. Savannah était tellement petit, j’avais parfois l’impression d’y étouffer et de couler. Souvent même oui, mais ce n’était pas forcément la faute à la ville et à ses habitants. Juste une sensation de trop plein qui surgissait de nulle part, de suffocation qui revenait et me couper la respiration, m’empêchant de réfléchir et de faire quoique ce soit, qui me prenait à la gorge et me donnait autant envie de hurler que de pleurer. J’en aurais bien parlé à quelqu’un, quoique non, mais c’est ce qu’on dit en général, et de toute façon, je n’avais personne d’assez proche pour ça. Oh, bien sûr, il y avait Atlas, à lui, je lui racontais tout ou presque, mais j’essayais de ne pas trop le harceler, ni de trop l’emmerder avec des histoires et des problèmes stupides. Et si ça se trouve, c’était un vieil obsédé chauve ou un petit gros psychopathe vivant je ne sais pas où, et je tentais de ne pas trop me raccrocher à lui. Ce qui n’était pas franchement une réussite il est vrai. Comme quoi, même moi, je ne peux pas réussir partout.
Heureusement, quand vraiment tout cela devenait trop fort, trop présent, quand je n’arrivais plus à me raisonner et à prendre sur moi, j’avais toujours ma réserve. Et on peut dire ce qu’on veut, je ne connais rien de mieux que la coke pour vider la tête et aller mieux. Ou presque soit. Même si ça ne dure pas longtemps. Au moins, je me sens bien et ceux qui m’entourent deviennent sensiblement moins chiants. Et je me fous royalement de ce que les autres peuvent penser de toute manière. Sauf qu’évidemment, il y a toujours – toujours - quelque chose ou quelqu’un pour réussir à me prendre la tête malgré tout. Je fais des efforts, je souris, je suis aimable et adorable, et malgré tout, les gens se comportent comme des cons et sont horripilants. Même ceux que je fréquente oui, je n’y suis pour rien si ce sont tous des abrutis…

Alors en général, je fais mes bagages et je saute dans ma voiture pour faire un tour, aller à l’aéroport, me barrer loin d’ici. N’importe quoi qui me permette de changer d’air donc et d’oublier tout ça. Et c’est ce que je voulais faire là. Partir les mains vides et prendre le premier avion qui passe, quelle que soit la destination, faire les magasins et boire des cocktails dans un bar branché, trouver un mec canon et passer un bon moment avec lui. Est-ce trop demander ? Ce n’est pas grand-chose pourtant. Et si en plus, ça me permet de plus penser à l’autre cassos là, avec son appart pourri et son sourire de petit con, ce sera tout bénef. Non parce qu’il ne faut pas déconner, coucher avec lui, ça ne me pose aucun problème, c’est un assez bon coup pour que j’ai envie de le revoir pour ça. Mais le trouver mignon et intéressant, ça, par contre, c’est trop, je refuse.

Mais non. Je ne peux même pas aller m’amuser. Parce qu’un abruti a décidé de faire chier son monde avec un permis trouvé dans une pochette surprise et s’est planté. Et je peux même pas faire demi-tour parce que c’est bouché sur des centaines de mètres. Dans les deux sens donc. Et c’est pas les ambulances qui sont passées qui vont améliorer le truc. Fait chier putain.

La mâchoire crispée, je tapote mon volant avant d’envoyer un message. A Atlas oui évidemment. Je veux me casser et tout oublier. Au moins quelques heures. Je jure entre mes dents en voyant une voiture de flics passer sur le côté alors que certaines personnes commencent à sortir de leur voiture. Je repose ma tête contre le siège en fermant les yeux, m’exhortant au calme. Sauf que ça ne marche pas des masses. J’attrape mon téléphone, après avoir enlevé les clefs du contact, et je sors à mon tour. Pas la peine d’être devin pour piger que oui, ça va durer longtemps. Et en toute honnêteté, oui, je me fous complètement de ce qui a pu se passer ou de l’état des personnes là-bas. J’entends quelques bribes de conversations, avec les mots encastrée, impossible à bouger, j’en passe et des meilleurs. Faisant craquer mon cou, je croise les bras, ma jambe commençant à s’agiter nerveusement. Faut que je parte. En plus, j’ai rien pris depuis des heures, j’en ai presque la tremblote. Bon, en même temps, rien ne m’empêche de me tracer une ou deux lignes, mais avec les flics pas loin, je ne suis pas certaine de la pertinence de la chose. Merde, la prochaine fois, je loue un hélico ou je sais pas quoi, mais… Hé, mais je peux peut-être faire ça. Je trouverais bien quelqu’un pour faire le pied de grue pour la voiture. Ouais, non, comme si j’allais laisser le volant à quelqu’un d’autre. Je fixe mon téléphone, me demandant à quel point ce serait ridicule de l’appeler pour ça. Juste parce que j’ai un coup de blues, que je peux ni me sauver, ni me défoncer, ni hurler pour le faire passer. Juste parce que j’ai cette boule d’angoisse dont j’ai horreur au fond de la gorge.
Il ne pourra rien faire et on va juste se retrouver comme des cons sans savoir quoi dire. Je trépigne un peu, les larmes aux yeux, et je laisse échapper un cri de frustration. Et je donne un coup. Non, pas sur ma voiture, je ne suis pas folle ! Elle est beaucoup trop belle pour que je me permette ça. Sur celle d’à-côté. Qui est moche, vieille, déjà cabossée. Et je recule précipitamment d’un pas. Encore plus vieille et cabossée que je ne le pensais étant donné que son pare-choc tombe à mon coup de pied, s’écrasant sur le sol dans un tintement sonore. Et voilà, il ne manquait plus que ça. Oh et peu importe, c’est une caisse pourrie, point barre. Je pousse un soupir d’exaspération et regarde mon téléphone, comme si une solution miracle allait en surgir. Croisant les bras, la mâchoire crispée, je donne un nouveau coup dans le pare-choc. Hé mais !

« Votre voiture m’a bousillé une chaussure ! » Je retire ma chaussure et frotte doucement la dite zone. « Elle est abimée ! Vous savez combien cette paire de chaussures m’a coûté ? »

Elle coûte plus chère que sa voiture, ça c’est sur. Et elle est abimée. Non seulement je suis coincée ici, mais ma paire est bonne à jeter. Quelle journée de merde.
Revenir en haut Aller en bas
 

Go away with your stupid car

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
WE ARE BROKEN :: version treize-
RETROUVEZ-NOUS SUR
CROCODILE/GAMES