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| to quote hamlet act iii scene iii line 92, "no" (intrigue) | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: to quote hamlet act iii scene iii line 92, "no" (intrigue) Dim 8 Oct - 14:12 | |
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Je me suis cassé le bras, une fois ; j'avais onze ans. C'était à Central Park, il a fait tellement froid cette année là que toute l'eau entre l'Upper East et le West a gelé. Le lac, les flaques, même la rosée au bout des branches des sapins. La magie de Noël, quelques semaines en avance. C'était dans une de ces allées, dans un de ces moments où la chose la plus cruciale est de savoir lequel des deux sprintera le plus vite jusqu'à la rangée de calèches. Un hiver rude, qu'on entendait partout. Scar, fais gaffe, qu'elle a pas entendu du tout. Pour sa défense, ça venait de quelques mètres derrière elle. Il y a deux choses que Scarlett Hayes avait déjà établies à onze ans. D'une, ces chaussures avec ce haut ? Non. De l'autre, jamais, oh jamais vivante elle ne laisserait Caleb Bloomberg gagner une course contre elle. Quitte à se casser le bras à cause d'une glissade mal approchée sur une plaque de verglas. Elle se souvient du froid, plus que de la douleur. La douleur, elle est venue bien après. Une histoire de choc, d'adrénaline qui vient l'envelopper d'une couverture rassurante de « tout va bien, ce n'est qu'un bras, ça se remet ». Et ça s'est remis, avec le temps et un plâtre que Caleb n'a pas eu le droit de toucher avant d'admettre qu'elle aurait quand même gagné si ce n'était pas arrivé. Dans l'instant, elle est incapable de dire ce qu'elle gagne.
Je me suis cassé le bras, une fois ; j'avais onze ans. Ça faisait pas mal comme ça, mais bizarrement, il faisait aussi froid. Est-ce qu'il est sensé faire aussi froid à cette période de l'année ? Elle n'entend pas le bruissement du tissu quand elle remue le bout des doigts ; pas de veste, l'air devait être doux quand elle est sortie de l'hôtel. C'est ça, l'hôtel. Elle devait … Elle devait aller quelque part, non ? Voir … quelqu'un, ou dire … quelque chose. Elle l'a sur le bout de la langue, tellement proche qu'elle aurait juste à tourner la tête et le rendre sur le bitume. Mais il n'y a qu'une seule chose qui dégringole d'entre ses lèvres quand elle vient râper la joue contre l'asphalte, et c'est plus chaud que les mots qu'elle tente désespéramment de retrouver. Plus liquide, plus rouillé. Dégueulassement cuivré, elle manque de s'étouffer dessus. Dans sa tête, on lui dit crache, dans son ventre, on lui supplie d'arrêter. Elle se souvient de la douleur, comme quelque chose qui revient constamment, mais qu'elle oublie à chaque nouvelle vague. Amnésie sur amnésie sur amnésie sur j'ai froid sur il se passe quoi, il se passe quoi, qu'est-ce que tu fous là, sur tirez pas, tirez pas, je me suis cassé le bras, une fois, j'ai jamais eu plus mal que ça. Mais tout va bien, ce n'est qu'une balle dans l'abdomen, ça se remet. Adrénaline, dis que ça se remet. Parce qu'elle a peur, parce que la main qu'elle a plaqué contre la plaie est ressortie écarlate, parce qu'elle commence à ne plus rien sentir du tout ; et que ça ne peut rien annoncer de bien.
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⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 722 ▹ points : 14 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava by lempika. ; sign by afanen ; icons by old money & kaotika ▹ avatar : hill ▹ signe particulier : des trop grandes jambes, la dégaine de gitane ou les costumes des p'tits boulots pour seuls habits (son sexappeal > wip). elle se déplace sur une mobylette rouge brinquebanlante aka "moby". elle tombe toujours en panne quand il faut pas.
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| Sujet: Re: to quote hamlet act iii scene iii line 92, "no" (intrigue) Lun 23 Oct - 12:11 | |
| Tybee. Le cirque. La roulotte. Isa. Bella. Hali. Zyki. Jax. Nergüi. Faut que j’y retourne. Vite. Maintenant. Absolument. Y a cette urgence qui fait des bulles dans mon sang depuis que j’ai entendu des passants s’affoler, détailler les coups de feu, s’indigner pour les émeutes et psychoter sur tout le reste. Et moi aussi j’ai peur tout à coup. Parce que là, y a pas de barrières, pas de boucliers, pas de chapiteau où me cacher. Aucune protection. Peau abrupte. Coeur brut. Ça en a toujours été ainsi. L’âme en avant qui sprint, puis trébuche. À la merci de tout, de tout le monde. Jax l’a toujours su mieux que tout le monde faut croire. Cette pensée coupable fait pomper mes mécaniques. C’est horriblement simple comme sentiment. J’ai la sale impression que quelque chose de terrible va arriver et je ne sais pas si je peux me fier à cet instinct. Mais c’est plutôt mauvais signe quand j’commence à m’inquiéter, non ? J’veux rentrer. J’veux les voir.
Les pensées qui débordent, l’imagination en vrille, faut que j’en ai le coeur net. Faut que tout le monde soit sauf. Faut que je rentre. Vite. Maintenant. Le galop dans les jambes, l’alerte en fanfare dans les tympans. J’file et tente de percer les foules. Mais c’est tellement le bordel qu’il vaut mieux couper par les petites rues, j’irais plus vite, rien m’arrêtera. Pas même les voix sourdes d’hommes fous ? Pas même le bang qui déchire l’air ? Si. En fait si. Les éclats de voix m’ont paralysés un instant. Le ton anormal, la menace frémissante entourant leurs mots incompréhensibles. C’est peut-être bien la première fois que j’ressens à ce point le danger électrique qui règne. Et quand les coups de feu partent, c’est l’enfant qui réagit. Les yeux fermés si forts que je pourrais me les enfoncer. Les mains plaquées à mes oreilles. J’me suis planquée. Accroupie, recroquevillée derrière le premier truc et j’ai prié tous les dieux dont j’ai pu entendre parler quand j’étais petite pour qu’il y ait une ellipse comme dans les livres. Que quand j’rouvrirais les yeux, je serais au cirque, tout le monde sera là et tout sera déjà fini. Mieux, il ne se serait rien passé.
Et c’est presque ça quand je retrouve la vue. Y a plus un bruit. Plus une vie. J’sors de ma cachette, soulagée d’avoir échappé au pire. Fière d’y avoir échappé même -j’ai pas toujours la guigne. Tu vois Jax que j’sais me débrouiller toute seule. Ou pas. Pas quand y a un corps abandonné là au milieu de la ruelle. Inerte si ce n’est pour cette flaque de sang qui grandit. Et je sais pas si j’fais un arrêt cardiaque ou si mon palpitant bat trop vite pour moi sous la panique, mais me voilà à nouveau pétrifiée. L’émotion grimpe jusqu’aux coins de mes yeux, rivés sur cette femme étendue, percée, vidée. Mon air se fait la malle en même temps que mes pensées qui se bousculent. Quelqu’un s’est fait tué et j’étais juste à côté ?! J’aurais pu faire quelque chose et j’me suis juste cachée comme une poule mouillée ! Faut que j’appelle la police ?! Faut que je témoigne alors que j’ai rien vu ?! Ou alors je passe mon chemin ? Mais non j’peux pas la laisser toute seule. De toute façon, j’suis incapable de bouger. Mes pieds sont enfoncés dans du ciment, j’suis coincée. Que quelqu’un vienne. Que quelqu’un m’aide. Pitié. J’lève la tête en espérant pouvoir appeler à l’aide, qu’une fenêtre s’ouvre, que quelqu’un se sente concerné par ce qui vient de se passer en bas de chez eux. Mais y a rien. Y a personne. Juste cette fille et moi. Cette fille qui revit soudainement. Toux sanglante. J’ai bien cru que mes os allaient sortir de ma peau tellement j’ai flippé.
Merde putain t’es vivante ! J’me jette sur elle... Nan mais c’est bien, meurs pas hein ! Mais j’bloque, les mains en l’air sans savoir quoi faire, où toucher ni même sans savoir si il faut toucher. Faut pas la bouger, ça j’crois que je sais. Mais y a trop de sang. Partout. Et c’est pas bon si elle en crache, non ? Dans les films c’est jamais bon. Putain pourquoi ça tombe sur moi ?! J’sais pas gérer, c’est trop, j’suis qu’une gamine. Hey, tu m’entends ?! J’ai presque failli la gifler en plaquant mes mains sur ses joues. Là où y a pas d’sang. Faut que tu restes avec moi, parce que j’sais pas quoi faire là, tu perds trop d’sang !! Et arrête de tousser !! Putain ! Non mais c’est bien. Elle est en vie. J’ai pas à avoir d’mort sur la conscience. Pour l’instant en tout cas. L’hémoglobine s’étend sous mes genoux et ça n’arrange rien à mon affolement. Finalement c’était moins effrayant quand elle était morte. Mais non ! Mais merde qu’est-ce que j’raconte ?! Alors j’préfère hurler à l’aide. Perdre ma voix en réclamant que quelqu’un vienne, appelle une ambulance, les flics, je sais pas. Parce que j’viens de bouffer toute ma carte prépayée, j’peux pas appeler ! C’est le summum de l’utilité. C’est trop la merde. Oh je sais ! J’arrache le foulard de mon cou, le roule en boule et le plaque sur le trou dans son bide avant d’y joindre sa main. Tiens bien ! Puis, j’fais de même avec la veste de la même couleur -parce qu’aujourd’hui, le thème des promo du centre commercial, c’était le soleil, du coup, on ressemblait tous à des canaris ambulants en distribuants les prospectus. Bref. J’la lui dépose sur elle pour qu’elle reste au chaud. J’vais aller chercher de l’aide, d’accord ? J’essaye de fixer son regard. Mais est-ce qu’elle me voit ? Bouges pas ! … ‘Fin crèves pas. J’reviens. Mais quelle con. Putain à l’aide. Que quelqu’un nous sauve.
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