Installée sur un banc devant le café, je trépigne sur place, réussissant à peine à tenir correctement mon chocolat chaud du bout des doigts. Je devrais enlever mes mitaines pour assurer ma prise mais je vais mourir de froid. Si, si, juste en mettant mes doigts à l’air libre, j’exagère pas du tout. Enfin, de toute façon, si j’écoutais Luka, je sortirais tellement couverte de fringues que je devrais rouler au lieu de marcher. Faut dire que je suis un peu frileuse. Et lui beaucoup trop mère poule. Au moins, il a accepté que je troque les moufles contre ces jolies mitaines violettes, y a du progrès. Même si je coupe pas à l’écharpe col qui dépliée, doit faire au moins ma taille je parie. Elle est violette aussi et trop cool. J’ai vraiment chaud avec et je peux me cacher dedans pour pas que les gens me parlent, le plan parfait quoi. Enfin là, je l’ai dégagée pour siroter mon chocolat sinon je vais en mettre de partout.

Je tapote du bout des doigts sur mon gobelet, regardant à droite et puis à gauche et me demandant quand est-ce que Zak va débarquer. On est samedi et Luka bosse. Et je sais pas pourquoi, Zak a décidé qu’on allait faire une virée en ville. Alors clairement, je sais pas en quoi ça consiste. Luka m’a filé 10 dollars histoire que je puisse m’acheter des trucs à grignoter sans avoir à lui réclamer quoi que ce soit et bien évidemment, je me suis précipitée au café pour acheter un truc à boire et un muffin. Normal. Je sais, je suis pire qu’une gosse. Mais je m’en moque. Je jette un regard à mon téléphone pour bien m’assure qu’on a rendez-vous là avant de me rendre compte que j’étais un peu trop en avance. Ouais bon, je suis tellement stressée à l’idée de me rater que plutôt que de tourner en rond à l’appart de rendre Mitaines fou, j’ai préféré sortir. C’est mieux non ?

"Salut jolie demoiselle !"

Je lève les yeux de mon chocolat, brusquement tirée de mes pensées et je me fige devant le gars planté devant moi qui me fixe avec un sourire colgate digne de Luka dans ses grands jours. Bon, il a rien à voir avec lui, faut pas pousser non plus, mais y a de l’idée quoi. Je plisse des yeux, perplexe. Il doit avoir à peu près mon âge et sa tête me dit vaguement quelque chose mais y a un truc qui cloche.

"Euh… c’est à moi que tu parles ?"

Nouveau sourire colgate agrémenté d’un clin d’œil. Okaaay.

"Bin, tu vois une autre jolie fille ici ?"

Je regarde autour de moi par réflexe, genre pour être sûre qu’il me parle bien à moi. Ah ouais. Euh. D’accord.

"Moi c’est David, tu sais on est en histoire ensemble. J’ai fait une blague l’autre jour, tu t’es marrée et tout."

Je plisse des yeux, la mine sceptique. Effectivement, maintenant qu’il en parle. Mais j’ai vraiment ri à sa blague ? Genre j’ai trouvé ça drôle pour de vrai ou je l’ai fait parce que tout le monde riait ? Remarquez les deux options sont possibles avec moi. Je me décide quand même à esquisser un sourire incertain avant de souffler, hésitante.

"Ah ouais David… cours d’histoire. T’es à côté de Billy c’est ça ? Moi c’est…"

"Quinn, je sais."

Ok, s’il continue à me sourire comme ça, je vais prendre peur. Il me veut quoi au juste et d’où il se rappelle de moi ? Bon, on va être un peu sociable et pas s’enfuir en courant tout de suite hein, histoire de pas passer pour la cinglée du lycée. J’ai encore une chance de m’en tirer de ce côté-là, même si certains doivent se dire que je suis un peu bizarre. Alors je lui souris un peu plus, genre pour l’encourager à me parler. Et il a l’air soulagé. Je crois.

"Je voulais juste savoir, comme j’ai jamais trop osé t’aborder à la sortie des cours si tu euh… enfin si t’aimerais… euh…"

Manque de bol pour lui, je remarque la silhouette de Zak un peu plus loin, engoncé dans un manteau qui le rend super classe, comme d’hab. Je bondis sur mes pieds, ignorant sa tentative que je viens à peine de comprendre et je souffle, d’un ton que j’essaie de rendre désolé.

"Oh mince, y a mon ami qui est là ! On se voit en cours, d’accord ?"

Je lui laisse même pas le temps de vraiment réagir que je bondis en direction de mon héros du moment, manquant de renverser mon chocolat chaud en chemin.

"Hey mais attends, file moi au moins ton numéro ! Ou prend le mien !"

Je ne me retourne même pas, les joues écarlates et je ne m’arrête qu’une fois tout près de Zak.

"Toi, tu me sauves la vie. J’ai cru qu’il allait me manger. Ou pire, m’inviter au ciné. Bonjour !"

Je me mets sur la pointe des pieds en tirant sur son manteau pour le mettre un peu à ma hauteur et je lui fais un bisou sur la joue avec mon plus beau sourire.

Oh zut, j’ai oublié mon muffin sur le banc. Tant pis, je retourne pas par là-bas. Jamais.

J’aime bien Zak. Il m’a jamais traitée comme la petite chose maladroite et fragile que je suis en vrai. Et même s’il connait mon histoire dans les grandes lignes, notre histoire quoi, il me regarde jamais avec pitié ou condescendance. Il pourrait pourtant, ce serait limite normal, même si je sais pas s’il sait vraiment tout ou juste une partie. Faut dire que j’ai jamais trop osé demandé à quel point il a conscience de mes tocs et du fait que j’ai un sacré pet au casque. Parce que ptet que son regard changerait et j’ai pas envie de ça. Déjà que je me dis que Luka en sait déjà beaucoup trop et que je pourrais pas lui raconter tout ce qui s’est passé pendant son absence, c’est pas pour aller le raconter ailleurs. Même si j’ai confiance en lui et que je sais qu’il fait partie des rares personnes qui voudraient bien veiller sur moi. Je crois. J’espère en tout cas.

En tout cas, je suis contente de le voir et de l’avoir rien qu’à moi pour une journée. C’est pas fréquent, surtout que j’essaie quand même de les laisser tranquilles quand ils sont avec Luka donc je vais pas me priver pour en profiter un peu. Même si là, tout de suite, je hoche la tête, les yeux un peu écarquillés, sans bien trop savoir quoi penser de… c’est quoi son nom déjà ? Ah oui, David.

"Mais ouiii ! Il a dit que genre il osait pas m’aborder en temps normal ou un truc comme ça. Comme si j’étais intimidante quoi. Je sais pas où il a été péché ça, on me l’avait encore jamais faite."

Je lève les yeux au ciel avant que mon sourire ne se fasse plus large… et que oui, je ne rougisse comme une idiote quand il parle dudit sourire.

"N’importe quoi. J’ai le même sourire tout le temps, je vois pas ce qui change aujourd’hui de d’habitude. Je parie qu’en fait il a pas fini son devoir d’histoire ou de je sais pas quoi et qu’il espère que je pourrais faire un truc pour lui. Je suis pas le genre de fille qu’on… enfin qu’on drague quoi."

Je fais mine de gonfler les joues avant de pouffer de rire au reste de ses propos.

"Je suis partagée en fait. Y a une part de moi qui trouverait ça drôle et j’essaie d’imaginer ce que tu pourrais lui dire. Et l’autre qui se dit que non seulement t’as l’air trop crevé pour te prendre la tête pour ça et qu’on devrait surtout aller te chercher du café en intraveineuse. Et puis… c’est bête mais même si c’est pas vrai et qu’il fait juste ça pour avoir des cours ou je sais pas quoi… c’est flatteur un peu."

Je pique du nez et je rougis un peu plus. Sérieux, est-ce qu’un jour j’arrêterais d’avoir les joues qui s’enflamment pour un rien ou pas ? Comment ça se passe en fait, j’aimerais bien avoir une formule magique ou un truc qui m’aide à me sentir totalement ridicule à chaque fois que j’ai une émotion un peu forte. Bon, une émotion tout court, ok. Ca craint à quel point en fait ? Je me rends pas compte. J’ai un profond soupir avant de relever la tête et de me bricoler un sourire.

"T’as le droit de te moquer va. Et après tu m’offriras un muffin pour compenser vu que j’ai abandonné le mien sur un banc pour fuir. Et que les oiseaux sont déjà en train de le picorer. Je vais rendre un pigeon diabétique, ça se fait pas quand même."

Oui, comme toujours, mes pensées se bousculent dans ma tête et ça passe de l’un à l’autre sans que j’ai vraiment le temps d’arriver à faire le lien à haute voix. Conclusion, quand on a pas l’habitude, les gens me regardent un peu perplexes vu que je suis pas toujours claire. Mais ça fait rire Luka. Et Zak aussi des fois. Même si là, il a l’air un peu trop fatigué pour être à même de suivre mes pensées aussi bien que d’habitude. Alors je pose ma main sur son bras et je le fixe quelques instants, comme si ça allait m’aider à savoir s’il allait bien comme ça. Parce que bon, dans le genre pas expansif, il est pire que Luka. Ils se sont bien trouvés tous les deux à jamais vraiment dire ce qu’ils ont sur le cœur et à toujours tout faire pour pas que je sois inquiète pour eux. Ils ont juste jamais pigé que bon, c’était pas super efficace et que je pense souvent à leur bienêtre, en me demandant ce que je pourrais faire pour les aider avec mes petits moyens.

Je ne peux retenir un sourire amusé quand Quinn me confie que le garçon n'osait pas l'aborder, ce qui la laissait perplexe. Elle est adorable quand elle est si naïve. Évidemment que je ne la trouve pas intimidante, mais je ne suis pas amoureux d'elle. Impossible de développer ce genre de sentiment avec elle. C'est ma petite sœur, point. Je peux concevoir cependant qu'on éprouve des sentiments pour elle, elle est mignonne comme tout. Juste un peu trop enfantine à mon goût, dans son physique. Les goûts et les couleurs, ça na se discute pas. Cela dit, je ne me suis jamais attaché à une fille. Je ne suis sorti qu'avec des gonzesses qui me faisaient bander, point barre.

« On dirait que tu as une touche avec ce garçon. »

Je plaisante alors un peu, non sans vanter les vertus de son joli sourire, ce qui a pour effet de la faire rougir, naturellement. Je hausse pourtant un sourcil quand elle se méfie des intentions de ce garçon, me confiant que c'est probablement pour qu'elle lui fasse un truc, pas parce qu'il ne peut pas être intéressé par elle. Elle pense vraiment ce qu'elle dit ? D'accord, elle est plus mignonne que sexy, mais elle est loin d'être moche. Et elle est adorable comme tout. Ce n'est pas une idiote sans conversation non plus. Cela ne m'étonne pas qu'on la drague.

« Ah bon ? Et pourquoi on ne te draguerait pas ? T'as 17 ans, t'es jolie comme tout, intelligente, plus intéressante que la moitié des filles de ton âge. Moi, je trouve qu'il a bon goût ce garçon. »

J'ai vraiment envie qu'elle comprenne qu'elle peut attirer l'attention du sexe opposé. Elle n'est plus une gamine malgré ses joues rondes. Elle devient femme, que cela plaise ou non à Luka. Et elle a de quoi plaire. Elle doit en avoir conscience et je me ferai un plaisir de lui donner confiance en elle à ce sujet. Cela dit, si ce type l'embête, je suis aussi prêt à le faire déguerpir si elle le désire. Et je souris quand elle m'explique ce qu'elle ressent, haussant une épaule.

« Ah bah merci de me dire délicatement que j'ai une sale tête, ça fait plaisir. Vilaine. Alors que je me suis levé spécialement pour toi ! »

Ce qui est vrai en fait. Sinon je serais en train de végéter dans un coin.

« C'est toujours flatteur de se faire draguer. »

Et bien sûr, elle rougit de manière adorable, avant de me dire que j'ai le droit de me moquer.

« Comme si c'était mon genre ? »

Je lui décoche un sourire angélique. Ouais, c'est totalement mon genre, mais pas sur ce coup-là. Mes neurones sont tout fatigués, les pauvres. Ils n'ont pas assez dormi et ils baignent encore dans l'alcool.

« Ma petite Quinnie qui découvre les mystères de la séduction et de la vie, je suis tout ému. »

Mon regard erre vers le banc laissé à l'abandon avec ce pauvre mec qui nous regarde tout dépité d'avoir vu filer l'objet de son attention. Qui se rappelle à moi en me touchant le bras. Je la regarde de nouveau. Ah oui, les muffins et le pigeon diabétique.

« Oh avec tout ce qu'ils bouffent, ils ont pas besoin de toi pour être diabétiques va. Je vais t'acheter une douzaine de muffins pour compenser. Et du bubble tea. Y'a un salon de thé pas loin, ça te dit ? »

Évidemment, ça lui dit toujours de manger. Je me libère de son étreinte, avant de passer un bras autour de ses épaules et de l’entraîner avec moi. Il faut vraiment que je l'aime cette fille pour m'apprêter à passer tout un samedi après midi à faire du shopping avec 2h de sommeil et 3g d'alcool dans chaque œil.

« Et après, on ira trouver ta tenue pour nouvel an. Je suis ton humble serviteur. Ou marraine la fée, comme tu préfères. »

C'est moi ou il est un peu en train de se moquer de moi là ? Genre de ce qui m'arrive. Il sait pas ce que c'est en fait je parie, de pas savoir comment réagir quand on se fait aborder comme ça. Parce que c'est clairement le genre de trucs qui m'arrive jamais, mais vraiment. Alors, par principe, je lui tire la langue avant de secouer la tête, la mine sceptique.

"Une touche ? Je crois pas non. Je suis encore la fille chelou qui parle pas à grand-monde. Si ça se trouve il a fait un pari avec ses copains ou un truc dans le genre."

Je rougis quand même un peu quand il parle de mon sourire parce que bon, je me sens flattée, je vais pas me mentir. Même si ça reste Zak et que je sais qu'il dit ça pour être sympa. Et je secoue la tête de plus belle quand il reprend, brossant de moi un portrait totalement improbable. Je fronce les sourcils alors que je lève la tête dans sa direction. Il est vachement plus grand quand moi quand même, j'ai jamais vraiment fait gaffe tiens. Bref, je m'égare un peu et j'inspire doucement, cherchant mes mots.

"Je… je suis pas le genre de filles qu'on drague. Déjà pour ce que je viens de te dire et… oh oublie, c'est idiot. Mais t'es gentil en tout cas."

Je me frotte le nez, jetant un bref regard en direction de… oh, zut, j'ai déjà oublié son nom. De toute façon, c'est pas comme si le moindre garçon allait pouvoir se graver dans mon esprit qui est tout occupé par Luka. C'est ridicule, je sais et je me rends même pas compte que j'effleure le coin de mes lèvres, là où il m'a embrassée. Je secoue la tête avec une moue avant de laisser filer un rire quand il hausse les épaules.

"Mais de rien. Tu vois, je sais faire dans la subtilité. Enfin, si ça peut te rassurer t'as déjà eu une tête largement pire. Genre ce matin-là, où t'as dormi à la maison et qu'il y avait un seau à coté du canapé… et du lit de Luka. Et que si je parlais un peu trop fort j'avais l'impression que votre tête allait exploser. C'était drôle de manger des céréales d'ailleurs. Le truc super bruyant et tout."

Je le fixe quand même avec un sourire avant de hausser les épaules à mon tour.

"… merci de t'être levé en tout cas. J'aime bien nos journées rien que nous deux."

Même si j'aime aussi quand Luka est là évidemment. Mais j'essaie de faire des trucs sans lui, pour qu'il ait moins l'impression que je suis un boulet qu'il doit se trainer tout le temps. C'est pas simple de gérer tout ça pour moi alors je me dis que pour lui, ça doit juste être super lourd en fait. J'ai une moue quand Zak reprend et je secoue la tête.

"Nan, ça fait flipper. J'ai l'impression de pas savoir quoi répondre, comme si les gens jouaient à un jeu dont je connais pas les règles. Tu vois l'idée ? Et oui, c'est tout à fait ton genre de te moquer, tu le sais."

Je plisse des yeux face à son sourire angélique, me demandant combien de filles il arrive à faire craquer avec un sourire pareil. Il parle jamais de ses copines d'ailleurs, c'est bizarre non ? Ptet parce qu'il a toujours pas trouvé de fille bien. Le pauvre. Ou alors il est comme Luka, à ramener une fille différente régulièrement. Je sais pas trop, c'est pas comme si on avait déjà abordé ce genre de sujet après tout. Mais quand même, pour le principe, je lui mets un coup de coude, songeant vaguement qu'avec ma force de crevette, je vais pas lui faire bien mal.

"Moque toi donc. Un jour ça t'arrivera aussi et ça te fera tout drôle. Non mais."

Oui, je sais, c'est déjà arrivé, il connait bien plus la vie que moi, c'est pas difficile en même temps. Mais j'ai bien aimé ma réplique. Voilà. Je hausse les épaules, fataliste, tant pour ça que pour ce pauvre pigeon qui va s'exploser la panse. Ou mon pauvre muffin, je sais pas trop.

"En tout cas, c'est pas avec les miettes que je laisse qu'il peut être nourri. Ca compensera pour tous mes repas donc. Et du bubble tea ? C'est quoi ?"

Oui, on parle nourriture alors j'ai le regard pétillant pensant qu'il m'entraine avec lui je sais pas où. En tout cas, c'est cool de l'avoir avec moi, mais va vraiment falloir qu'on lui mette du café en intraveineuse sinon il va tomber par terre et je vais devoir le trainer jusqu'à la maison. Et je vais mourir de fatigue en essayant. Ce serait horrible. Je secoue la tête avant de focaliser sur ce qu'il dit et je me mordille la lèvre en hésitant?

"Tu crois qu'on peut trouver une tenue qui me rendrait moins… gamine ?"

Et qui lui fasse pas changer d'avis si, au cas où, il pourrait avoir envie de nouveau de m'embrasser. On sait jamais, sur un malentendu.

Je regardais le garçon, sceptique, alors que Quinn me rétorquait qu'elle doutait avoir une touche avec ce type, que cela pouvait tout aussi bien être un pari. Mouais. Alors j'étais le premier à être bien renseigné à ce sujet, évidemment, mais ce jeune homme n'avait pas vraiment le profil pour faire ça. Ou alors, pour se faire accepter d'une bande un peu branchée. Cela dit, les chances étaient quand même minces. Dommage que Quinn n'ai pas davantage confiance en elle concernant le charme qu'elle pouvait avoir.

« T'es pas le genre de fille qu'on drague juste pour s'amuser, ça je te l'accorde. Si on te drague, c'est parce qu'on a vu quelle fille géniale tu es. Alors forcément, y'a moins de candidats, mais ils sont plus sérieux. »

Ben ouais. Genre, j'irais jamais la draguer, même sans la connaître. Enfin, surtout sans la connaître, parce que Quinn avait ses petites particularités qui la rendaient certes bizarre, mais aussi attachante et fragile. Elle donnait envie de la protéger, pas de la foutre dans son lit pour l'oublier ensuite. Mais c'était sans doute une subtilité qu'elle ne pouvait pas saisir. Pas assez expérimentée sur le sujet. Elle embraya sur ma tête à faire peur. Ouais bon, j'avais trop bu, trop baisé et pas assez dormi, alors forcément, j'avais une petite mine ce matin... ce midi en fait. Elle s'amusa alors à détailler la fois où j'avais encore plus une sale tête, non sans appuyer sur la façon dont elle nous avait fait vivre un calvaire à Luka et à moi, sans le faire exprès. Je grimaçai, avant de lâcher, avec un petit gémissement plaintif :

« Tu es un monstre, tu le sais ça ? »

Elle me remercia alors de m'être levé pour elle et je souris de nouveau.

« Moi aussi, je n'aurais raté cela pour rien au monde. »

Et pour le coup, je n'étais même pas moqueur ou ironique. J'étais vraiment content de passer du temps avec ma petite princesse. Je savais des bribes de son histoire, qui n'avait rien de rose. Luka avait été formidable avec elle, vraiment. Et pourtant, il me manquait encore des éléments pour comprendre à quel point Quinn avait pu être malheureuse. Ce qui expliquait aussi certaines de ses manies. C'était pour ça qu'elle se qualifiait de bizarre et pensait que personne ne pouvait réellement s’intéresser à elle. Je lui rétorquais que c'était toujours flatteur de se faire draguer, sauf qu'elle n'était pas vraiment d'accord avec moi. Bon. Raté. Cela m'arrivait. Certaines filles avaient assez de culot pour oser m'approcher et me dire que je leur plaisais. J'aimais bien cette audace. Quand elles étaient jolies. J'étais plutôt sans pitié avec les moches... Un râteau n'avait jamais tué personne, hein ? De mon côté, j'en prenais rarement. Quand on m'opposait un désintérêt poli, je soupçonnais que c'était juste parce que la nana ne voulait pas être le coup d'un soir. J'adressai donc un sourire angélique à Quinn quand elle me répondit que c'était tout à fait mon genre de me moquer. Un sourire qui ne la trompait naturellement pas. Pas à ce sujet. En revanche, je pouvais la tromper sur bien d'autres choses. Comme mon comportement quand je n'étais pas avec elle ou Luka. Quoiqu'avec Luka, je pouvais davantage faire le con. Il comprenait.

Mes remarques m'attirèrent un coup de coude de la part de la jeune fille qui me fit éclater de rire alors qu'elle marquait ainsi sa désapprobation. Je ricanai à son commentaire. En termes de séduction, je savais à quoi m'en tenir merci. Je n'avais plus grand chose à découvrir de ce côté là. Je n'avais pas la naïveté de Quinn. Ni les idéaux sans doute.

« J'ai comme un doute. »

Quinn parla alors des pigeons à qui elle avait laissé son gâteau. Cette capacité à enchaîner les thèmes de discussion quand même... Heureusement que je commençais à avoir un peu de pratique. Même si mon cerveau fatigué me handicapait un peu.

« Ah tu vas adorer, j'en suis sûr. Je préfère te laisser la surprise. »

Rien que pour le plaisir de voir son visage s'illuminer de surprise en croquant dans les bulles. Rien que ça suffisait à illuminer ma journée et me dire que mon manque de sommeil n'était pas grave du tout. Je lui jetai un regard en coin à sa question, pas vraiment anodine.

« J'en suis sûr. Mais pourquoi vouloir paraître plus adulte ? Il n'y aura que tes amis... Personne à impressionner. »

Question piège, pas forcément charitable pour Quinn d'ailleurs, mais je suis curieux de savoir comment elle va justifier sa demande hésitante.

Je sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que Zak est pas convaincu par mon argumentaire en béton armé. Oui, parfaitement. Ca se saurait si j'était le genre de fille qu'on drague non ? Je l'aurais vu depuis le temps. Bon, d'accord, je suis jeune, tout ça, mais quand même, je vois bien les filles du lycée qui se font accoster par plein de garçons et tout. Et moi, à part Billy, bin c'est jamais arrivé. Et encore, je suis sure que c'est parce que c'était plus facile de draguer une amie qu'une de ces pom-pom-girls en mini-jupe avec un sourire digne d'une pub de dentifrice.

Mais quand même, je pique un peu du nez et je peux pas m'empêcher de rougir à ses propos. Et de secouer la tête.

"Arrête, t'en fais trop. Je sais que c'est pour me faire plaisir, mais faut quand même que tu restes un minimum crédible sinon même moi je vais pas me laisser avoir. Et pourtant, je crois vraiment n'importe quoi tout le temps. M'enfin, y a quand même pas vraiment de candidats hein… non pas que ça m'intéresse vraiment mais… bref…"

Je préfère me focaliser sur sa tête à  lui, c'est bien plus drôle, surtout que ça se voit qu'il a pas dormi beaucoup la nuit dernière. Il a du trop faire la fête je parie mais c'est rigolo de voir qu'il continue de donner le change. Moi, si j'ai pas mon quota de sommeil, je suis encore plus grognon que d'habitude, faut que Luka m'arrose de fromage en tube pour que ça aille mieux. Pour autant, ça m'empêche pas de me moquer. Gentiment hein, je saurais pas être méchante avec les gens et encore moins avec Zak qui fait partie des rares qui me connaissent un peu. Alors je lui décoche un large sourire avant de hausser les épaules, le regard pétillant.

"J'aurais été un monstre si  j'avais mangé des biscottes. Ou si j'avais, je sais pas moi, mis de la musique avec un son de basse bien lourd. Tu sais le truc qui résonne dans ta tête et qui s'arrête jamais ! Oublie pas que je peux toujours faire pire."

Mais bon, je suis quand même heureuse qu'il soit là et je lui dis. Parce que dire les choses, c'est important non ? Parce que ça me fait du bien de sortir un peu, d'essayer de faire des trucs normaux et de me dire que mon cas est pas si désespéré que ça. Des fois, je me dis aussi que ça me ferait du bien que quelqu'un d'autre sache un peu des trucs sur moi, sur ce qui cloche. Histoire que Luka soit pas le seul à tout porter, à tout gérer. Et je me dis que Zak serait le mieux placé. Sauf que je saurais tellement pas par où commencer. Je le fixe un instant, hésitante avant de secouer la tête et de me dire que c'est pas le moment. Ca le sera peut-être probablement jamais mais c'est pas très grave de toute façon.

"Tu sais pas ! Ce serait drôle quand même que tu sois surpris pour de vrai non ? Que ça t'arrive, que tu saches pas comment réagir et tout. T'aimerais pas ? Remarque, quand ça arrive tout le temps, c'est carrément moins drôle, mais ça doit être chouette à petites doses. Les surprises, tout ça."

Mon attention est détournée par le muffin, le pigeon, le bubble tea et je sais plus quoi. Trop d'informations, même pour moi. Mais je plisse des yeux en direction de Zak, sceptique.

"T'as l'air vachement sûr de toi quand même hein… Bon ok, niveau boisson et nourriture, je suis pas difficile, je sais bien, mais quand même !"

Et là, je fais une sacré boulette. Comme s'il allait ne pas relever et ne pas me poser des questions. Mais je m'attendais pas à ce que ce soit aussi direct. J'ai pas eu le temps de me préparer moi. Surtout que bon, je pensais pas lui demander ça, je sais que c'était une idée totalement stupide. Et je me sens rougir, devenir écarlate alors que je pique du nez et que je regarde mes chaussures. Avant de souffler dans un murmure à peine audible, la voix tremblante, sans arriver à m'en empêcher.

"J'veux qu'il me trouve jolie."

Voilà, c'est dit. Je peux aller me cacher maintenant ?

Quinnie ne semblait pas convaincue par mes paroles. Tant pis. Je supposais que si cela venait d'un mec qu'elle ne connaissait pas, elle l'aurait davantage pris au sérieux. Là, elle pensait juste que j'essayais d'être gentil. Ce qui était le cas, mai cela n'enlevait rien à la teneur de mes propos. Je haussai les épaules et abandonnai la partie. Je n'arriverais pas à la convaincre et j'allais juste la mettre mal à l'aise. Et puis, quelque part, c'était bien qu'elle soit un peu méfiante aussi, cela lui éviterait de se faire avoir par le premier connard venu. Je ne savais que trop comme il était facile d'embobiner une fille avec quelques compliments et un sourire. Elles tombaient souvent dans le panneau. Je laissais tomber le sujet alors que Quinn se moquait de ma tête du matin. De la fin de matinée en fait. J'allais finir par me vexer si j'avais une tronche à faire peur à ce point là. Quinn l'avait remarqué, c'est que cela devait être quand même assez flagrant, parce que sinon, elle était du genre à passer à côté de bien des choses. Surtout si on la distrayait avec de la nourriture. Cela lui rappela la fois où Luka et moi avions bien trop bu et que chaque bruit était l'équivalent d'un marteau-piqueur dans notre tête. Et la gentille, l'adorable, l'innocente Quinnie s'était amusée à faire du bruit. Peut-être pour nous punir.

« Ah... Merci de me le rappeler. C'est fou quels plans machiavéliques se dissimulent dans cette petite tête angélique quand même. »

Je plaisantai mais... Souvent, c'était quand même le cas. On pouvait me penser un gentil garçon, un mec bien et j'en jouais pour faire tomber les filles sous mon charme et en profiter. Pour ensuite me faire traiter de salaud sans cœur d'ailleurs. Ce que j'assumai totalement. Et la discussion continua sur les conquêtes justement. Ou plutôt, sur le fait que je puisse être séduit, que cela me tombe sur le coin du museau quand je ne vois rien venir. Alors ça... j'en doutais. J'étais doué dans ce domaine et je doutais vraiment qu'on puisse m'avoir. Quinn était totalement novice et inexpérimentée, ce qui n'était pas mon cas. Je repérai vite les filles que j'intéressai. Et il n'y en avait aucune qui capte mon attention au point d'être importante à mes yeux. La seule qui l'était, c'était Quinn et elle était comme une petite sœur à protéger. Aucune ambiguïté à ce sujet. Même si elle se plaisait à penser que je puisse me faire avoir.

« Mouais. Je ne suis pas convaincu quand même. Je pense qu'elle n'est pas née la nana qui pourra me surprendre. »

Cela sonnait arrogant sans doute, mais c'était juste la vérité. J'étais déjà blasé au niveau des relations intimes en fait. Je n'étais pas du genre à tomber amoureux. Je ne m'engageais jamais dans une relation. Pas vraiment et sûrement pas totalement. J’offrais mon corps sans soucis, mais le reste n'appartenait qu'à moi. Une façon de me protéger, sans doute. J'avais été abandonné par ma mère très jeune et... je n'avais pas envie d'être abandonné par quelqu'un à qui je serais attaché une seconde fois. C'était plus simple de choisir avec qui je couchais et de dire adieu le lendemain. Mais ce n'était pas un truc que je pouvais confier à Quinn. Ni à Luka d'ailleurs. Je n'expliquais pas mon comportement, tout simplement. Et moi, j'étais bien ainsi.

Je parlai alors de faire goûter du bubble tea à Quinn après qu'elle ai abandonné son muffin aux pigeons.

« Je suis sûr de moi, oui. Je connais tes goûts ! »

Et alors que je l'emmenai, elle commit un impair que je ne laissai pas passer. C'était le moment ou jamais. C'était direct, sans doute trop alors qu'elle virait à l'écarlate et répondait dans un murmure si bien qu'il me fallut tendre l'oreille et me pencher un peu vers elle pour entendre. Et là, je souris, attendri. Elle était adorable.

« Il te trouve déjà jolie. »

Pas besoin de demander qui. Il n'y avait que Luka et moi.

« Mais on peut faire en sorte qu'il te voit autrement que juste comme jolie... Et une gamine qu'il a pris sous son aile y'a des lustres... Hum ? »

En parlant, nous étions arrivés à la boutique de bubble tea et j'entrai dans le magasin, avec Quinn, avant de lui montrer le choix assez varié qui s'offrait à elle.

Je me demande à quoi ressemblerait notre vie si Luka n'avait jamais rencontré Zak. Est-ce qu'il aurait quand même réussi à venir me chercher ? Est-ce qu'il aurait vraiment eu envie ? A dire vrai, j'en ai pas la moindre idée et je suis pas sure d'avoir envie de répondre à ces questions. Je sais même comment était la vie de Luka quand il a débarqué ici mais ça avait pas l'air vraiment super. Des fois, j'ai envie de croire que j'ai vraiment arrangé sa vie mais, je sais pas, je me dis qu'il aurait pu faire des trucs cools avec Zak et qu'il se passerait bien d'avoir à supporter la petite toquée que je suis. Mais tout ça, c'est trop compliqué pour moi et j'ai pas envie de me prendre la tête dessus. Surtout que bon, Zak a fait un sacré effort pour moi alors je vais pas gâcher la soirée. Non mais. J'ai même pas à me forcer pour pouffer de rire quand on parle de ce matin où je me suis amusée à les torturer et je le fixe, le regard pétillant de malice avant de hausser les épaules.

"La faute de Luka qui a cru qu'il pouvait éponger ce que vous aviez bu en mangeant tous mes crackers. J'étais obligée de me venger. Et tu as été un dommage collatéral. C'est pas de chance. Et puis, je parie que t'es bien placé pour les plans machiavéliques quand on a une tête d'ange non ?"

Je lui décoche mon plus beau sourire avant de froncer le nez. Faut dire que oui, même s'il me fait carrément pas le même effet que Luka, Zak est sacrément mignon. Il doit avoir un succès fou avec les filles… ils font bien la paire tous les deux donc. Je réprime un soupir à cette pensée qui, au fond, ne m'enchante pas plus que ça avant de pencher la tête sur le coté, mon sourire se faisant plus doux.

"… je te surprends pas moi ? J'veux dire, je suis pas le genre de fille que tu… bref, ton genre de fille mais c'est pas le sujet. Et puis t'es pas mon genre non plus… enfin t'es mignon et tout mais euh… bref… Enfin… tu vois l'idée non ? Ou alors je m'embrouille totalement. Hum…"

Oui, je dois rougir un peu mais bon, pas plus que d'habitude donc ça doit pas se voir plus que ça. Je suis quand même pas douée hein pour dire les trucs, c'est vraiment fou ça. Pourtant, c'est moins pire qu'il y a quelques mois, quand je suis arrivée. Je me souviens, la première fois que j'ai vu Zak, j'ai pas décoché un mot, j'étais cachée derrière un rideau de cheveux et je lui jetais des regards apeurés, sans bien savoir comment réagir parce qu'il était juste gentil. J'avais perdu l'habitude moi. A cette pensée je fronce les sourcils, abandonnant le pigeon qui va exploser sans m'en soucier d'avantage et je fixe Zak avec une moue.

"On va devoir aller vérifier ça. Je dirais que mes attentes au niveau culinaires sont d'un haut niveau mais venant de quelqu'un qui se fait des orgies de fromage en tube, je suis pas sure que je serais crédible…"

Bon et là, c'est le drame. Enfin non, pas vraiment, c'est plus un moment de gêne extrême pour moi. Et c'est marrant, Zak a pas vraiment l'air surpris quand il comprend de qui je parle. A croire qu'il le savait déjà. Mouais, je suis pas très douée pour cacher mes sentiments faut dire, donc si c'est le cas, Luka a du le remarquer aussi non ? Et s'il l'a remarqué et qu'il a rien dit, ça veut bien dire quelque chose non ? Ohlala, je vais arrêter de me questionner moi, ce sera mieux. Et je me mordille la lèvre en secouant la tête alors qu'il s'est penchée vers mois.

"Non. Il me trouve mignonne. Pas jolie. C'est… pas pareil."

Je lève un regard plein d'espoir dans sa direction. Genre, il pourrait faire ça pour moi ? Pour de vrai ?

"Ce serait bien ouais. Un truc du genre. Tu sais faire des miracles toi ?"

Je me rends seulement compte qu'on est dans la boutique de bubble tea. Et là, forcément, j'ai les yeux qui brillent. Des billes de couleur un peu partout. Je sautille sur place alors que la vendeuse me regarde avec un sourire amusé.

"C'est la première fois que tu viens toi non ?"

Je hoche la tête, intimidée et j'arrive pas à me retenir d'aller me cacher derrière Zak. Ouais, je sais, y a des jours où je suis à peu près normale et d'autres où je suis pathétique. Genre comme là, de suite. J'arrive pas à réprimer un soupir alors que la vendeuse arque un sourcil, perplexe. En espérant qu'il pourra me sauver la mise avant que je m'enfuis de là en courant.

« Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. »

Naturellement répondu sur un ton angélique, accompagné du sourire innocent qui va avec. Un sacré piège, elle avait raison. Quinn n'était-elle donc pas si naïve que cela me concernant ? Ah le coup dur. Mais d'un côté, ce serait bien qu'elle soit au courant de ma vraie nature et ne m'en tienne malgré tout pas rigueur. Luka savait, lui. Quinnie, en revanche... Et bien, nous évitions de nous étendre sur nos sorties ou nos conquêtes. Je savais que la jeune fille adorait emmerder Luka quand il ramenait quelqu'un à a maison, comme pour lui pourrir absolument toutes ses relations. Et c'était peut-être bien là son attention au final. Mais j'évitais de trop m'attarder sur mes propres expériences, mes nuits d'ivresse ou mes trips quand j'avais besoin de décompresser. Sans parler de mes conquêtes féminines aussi nombreuses qu'éphémères et qui se laissaient toutes prendre au piège.

Je souris en coin quand Quinn me demanda si elle, elle ne me surprenait pas. Alors j'adorais la jeune fille, mais de là à en tomber amoureux. Non. Jamais. Je ne la percevais pas du tout comme un quelconque objet de désir, il n'y avait absolument aucune ambiguïté à ce sujet. Quinn était comme une petite sœur, point final. Mon sourire s'agrandit quand elle s'englua dans ses explications. Elle s'embrouillait et j'avais envie de la titiller pour qu'elle s'enfonce davantage encore. Parce que c'était toujours amusant de la voir se raccrocher aux branches. Mais j'eus pitié d'elle et décidai d'abréger son supplice.

« Tu t'embrouilles, mais j'ai saisi l'idée. Tu peux t'arrêter là et respirer. »

Je proposai donc à Quinn d'aller goûter un bubble tea. J'étais convaincu qu'elle allait adorer ça, même si elle fit mine de faire de la résistance. Surtout en parlant de goûts culinaires d'un haut niveau, ce qui me fit m'esclaffer. Quinn était un ventre sur pattes.

« Tu ne l'es absolument pas, mais continue de t'entraîner, on ne sait jamais, je pourrai finir par y croire. »

Et alors que nous avançons, nous abordons le sujet du Nouvel An et des exigences de Quinn sur sa tenue. Pour paraître femme. Pour Luka. Et bien voilà, ce n'était pas si difficile d'obtenir quelques aveux, même si je la sentais prête à disparaître dans un trou de souris. Je compris son problème quand elle me reprit sur la façon dont Luka pouvait bien la voir... Mignonne comme une petite sœur adorable. Pas jolie comme une femme dont on pourrait être amoureux. Et je si savais que Luka adorait Quinnie, j'ignorais si il éprouvait des sentiments plus profonds pour elle. Je souris quand elle reprit, avec espoir.

« Évidemment. Voilà ma baguette magique. »

Je sortis mon portefeuille de la proche de mon jean, avec ma carte bleue que je brandis avec malice, avant de la ranger et d'ajouter :

« Fais moi confiance, je sais ce qui plaît aux hommes... Et ce qui peut plaire à Luka. »

Je connaissais un peu ses goûts. Il fallait que le changement chez Quinn soit subtil mais qu'il ai une sorte de déclic. Qu'elle mette ses atouts en valeur et ses formes de jeune femme sans pour autant être vulgaire ou provocante. Si ces nanas là pouvaient nous intéresser pour nous amuser, ce n'était clairement pas ce que nous choisirions pour une histoire plus longue. Mon père ne semblait pas avoir compris ça d'ailleurs. Mais l'entrée dans la boutique mit fin à la conversation, tandis que le regard de Quinn s'illuminait, ce que ne manqua pas de remarquer la vendeuse. Effarouchant ainsi Quinn qui vint se réfugier derrière moi. Je décochai mon plus beau sourire.

« Bonjour. En effet, c'est la première fois. C'est donc un jour spécial, non ? Hum, je prendrai deux laits fraise-framboise avec des bulles de sirop à la fraise. »

Quinn ne connaissait pas, je misais donc sur des parfums qu'elle aimait de base. Je m'écartai un peu pour passer un bras autour des épaules de Quinn, afin de l'encourager, l'empêcher de fuir et montrer que j'étais là, mais sans pour autant la mettre en avant.

« Tu vas voir, c'est super bon. »

La vendeuse hocha la tête, non sans sourire à mon intention, se demandant qui Quinn était pour moi, sans doute. Je la laissais préparer les deux boissons, les prenant dans un format géant, avant de payer, continuant de charmer l'air de rien la vendeuse et de repartir, toujours avec Quinn contre moi après lui avoir tendu son bubble tea. Je la relâchai une fois dehors, malicieux :

« Allez, fais un vœu, c'est ton premier. Et quand tu as les bulles dans la bouche, croque les. »

Et je guettai l'air de rien l'expression de son visage.

J’ai un bref sourire alors que je lui jette un bref regard. "Ouais, t’es l’innocence incarnée toi, ça se voit tout de suite. Tu me fais penser à un gars au lycée des fois, il lui suffit de sourire pour que toutes les filles le suivent comme ces petits poissons qu’on voit derrière les baleines. Je dis pas que c’est une baleine hein, il est même sacrément mignon et tout mais… bref. Je disais quoi moi ? Je sais plus. Hum. Ah si, t’es pas une baleine mais je suis sure que t’arrives à tes fins comme tu veux. Sauf quand il s’agit de me piquer de la bouffe, là c’est cramé."

Je sais même pas pourquoi j’embraie sur le reste. Ptet que d’avoir rencontré… c’était qui déjà ? Ah oui, David, ça me rend encore plus bizarre que d’habitude, je sais pas trop. En tout cas, je suis déjà curieuse de ce qu’il peut attendre d’une fille. Probablement parce qu’on l’a jamais vu avec une fille justement, qu’il a pas l’air de s’attacher à qui que ce soit. Et je trouve ça dommage même si, en  un sens, ça évite de donner des mauvaises idées à Luka. Ouais, je sais toujours pas comment je réagirais le jour où il me ramènera une fille qu’il a envie de voir rester. A cette pensée, j’ai une grimace, même si je prends la peine de tirer la langue en direction de Zak. "Moque toi donc ! C’est pas simple d’expliquer ce que j’ai dans la tête, ça va beaucoup trop vite et même moi, j’ai du mal à suivre. Mais bref, faut trouver une fille qui te surprenne. J’ai bon ?"

Et je lui décoche mon plus beau sourire avant de marchant à ses côtés d’un pas sautillant, peinant un peu tout de même avec mes petites jambes pour le suivre. Faut dire qu’il est vachement grand, ça aide pas vraiment. Je souffle alors, la mine un rien songeuse. "Tu sais que j’avais mangé tous ces trucs-là avant ? Tout ce qu’on peut mettre dans le lot cochonneries. Enfin si, un petit peu, en douce, y a super longtemps. Mais c’est surtout depuis que… enfin depuis cet été que je peux manger ce que je veux. Et surtout, ne pas manger ce que j’aime pas. Sans être obligée." J’ai un soupir à peine audible alors que je me sens assaillie par un tas de mauvais souvenirs sur la façon dont on m’incitait à finir mon diner même quand j’aimais pas. Alors je serre son bras un peu plus fort et je laisse filer un instant de silence avant qu’on aborde un sujet autrement plus complexe. Mais paradoxalement bien plus sympa, même si je me sens pas super à mon aise.

Je louche sur la carte de crédit et je rétorque d’un air que j’essaie de rendre malicieux même si je suis plus inquiète qu’autre chose. "Et tu crois que ce sera suffisant ? Je m’en voudrais de te ruiner quand même, ça se fait. Même si je suis toute petite et que ça doit pas coûter si cher de me relooker." Je fronce le nez avant de le suivre dans la boutique. Et de me cacher comme une idiote. Je me réfugie contre lui alors qu’il passe un bras autour de moi, me dressant tout de même sur la pointe des pieds pour essayer de voir comment elle fabrique tout ça. Ouais, c’est pas facile d’être partagée entre la terreur que j’ai encore parfois de parler aux inconnus et la curiosité. Et puis, je suis en sécurité là non ? Pourquoi je m’inquiète ? Je me détends doucement alors que je fais dans l’auto-persuasion, m’accrochant à sa veste un peu nerveusement.  Je remarque quand même le sourire que lui fait la vendeuse et je souffle, dans un murmure, retrouvant un instant ma malice habituelle. "Oh tu  peux lui dire que tu gères ta petite sœur autiste, t’aurais un succès fou direct. Même pas besoin de te fatiguer à la draguer."

J’attrape le bubble tea à deux mains, le fixant avec curiosité pendant qu’il m’entraine dehors. Et j’arque un sourcil perplexe quand il parle des bulles. Mais ouais, bubble tea, y a bien des bulles dedans, idiote va. Bref. Je réfléchis à un vœu et je me dis que ce serait bien d’être un peu moins… moi. Je me demande si c’est réalisable ce genre de trucs. J’inspire doucement à cette idée avant d’attraper la peille. Et là, c’est… ouais, c’est super marrant. Je peux pas m’empêcher de laisser filer un éclat de rire quand la première bulle éclate. "Mais c’est trop bien ! C’est trop bon ! C’est sucré et tout. Oh, je m’y attendais pas et…" Fatalement, j’aspire de nouveau pour croquer d’autres bulles, oubliant, l’espace d’une seconde, tout ce qui peut aller de travers. Et ça fait un bien fou.

Et bien... Quinnie ne se berçait pas vraiment d'illusions me concernant. J'ignorais si c'était une bonne chose ou pas... Quoique savoir que je pouvais séduire n'importe quelle fille en un sourire n'était pas savoir que je les chassais tout aussi vite de mon lit et de ma vie. Ce n'étaient que des distractions. On passait du bon temps ensemble, point final. Tant mieux si elles le comprenaient et l'acceptaient. Tant pis si elles piquaient une crise et me traitaient de salaud sans cœur. Comme ce matin quoi.

« Je suis un livre ouvert pour toi on dirait. »

Pourquoi est-ce qu'elle s'intéressait brutalement à ma vie sentimentale au juste ? Comment on était passé de son admirateur timide à mes conquêtes ? Et au type de nana qu'il me faudrait ? Je n'avais pas besoin d'une meuf dans ma vie. Je n'avais pas envie de ça. C'était bien mignon chez les autres mais ce n'était clairement pas mon trip. J'aimais encore bien attirer les filles par mon physique ou mon argent, mais en général, je les fuyais ensuite, parce qu'on ne bâtissait rien là dessus. Et j'en avais de beaux exemples avec les poufs que mon père ramenaient tout le temps.

« Y'a pas besoin de trouver une fille tout court. J'en n'ai pas besoin. »

Enfin si, pour m'éclater et tirer mon coup mais cela s'arrêtait là. Pour le reste, j'avais mes potes. Et c'était très bien ainsi, j'avais mon équilibre. Mais alors que nous marchions, Quinn me fit une confession qui plomba quelque peu l'ambiance. Et je ne savais même pas comment y réagir. Je savais que sa vie n'avait pas été facile et que Luka l'avait prise sous son aile. Il l'avait sortie d'une sale situation et s'en occupait depuis mais... Cet aveu avait quelque chose d'intime. J'étais le pote riche qui ne se prenait pas la tête, le sale connard pété de thunes qui se servait allègrement dans le magot de papa. Je me prenais pas la tête et je la prenais pas aux autres. Je ne posais pas de questions. J'avais récupéré Luka parce qu'il l'avait aidé, parce qu'il était dans le besoin et parce que cela faisait chier mon paternel. Et quand il avait récupéré Quinnie, je m'étais pris d'affection pour elle, malgré, ou sans doute à cause, de ses bizarreries. Mais ce n'était pas vers moi qu'elle venait pour s'épancher. Même si elle me glissait qu'elle voulait paraître plus femme. Parce qu'elle avait le béguin pour Luka. Mais de là à parler de sa vie d'avant... Elle me serra le bras et je l'attirai à moi dans un geste protecteur.

« Tu ne mangeras plus jamais ce que tu n'aimes pas. »

Plus personne ne l'obligerait à quoique ce soit. Et si elle voulait se nourrir de cochonneries et bien, qu'elle le fasse donc ! Qui est-ce que ça gênait au juste, hein ? Heureusement, l'atmosphère s'allégea de nouveau quand je me la jouais bonne bée, dégainant ma carte de crédit comme une baguette magique.

« Ce sera suffisant. On y rajoute mon goût très sûr et ça roule. Et ne dis pas de bêtises, ça ne me ruinera pas. Au moins, l'argent sera utilisé utilement. Davantage que pour payer des seins plus gros à une des poufs de mon père. »

Je grimaçai en me rendant compte de ma vulgarité.

« Désolé. »

Je n'aimais pas spécialement être grossier devant Quinn, je ne savais pas trop pourquoi d'ailleurs. Finalement, nous arrivâmes devant la boutique et j'y entrai, Quinn solidement accrochée à moi. Cachée même. Son murmure me fit rire.

« N'importe quoi. Et je drague comme je respire, aucun effort. »

Je lui tirai la langue, taquin, avant de récupérer nos commandes, de donner celle de Quinn à la jeune fille et de sortir, lui permettant de respirer et d'être un peu plus à l'aise. Et je ris aux éclats devant sa réaction, si spontanée. Je n'en attendais pas moins d'elle.

« Alors tu vois, je te l'avais dit ! C'est fou ce truc. J'étais sûr que t'allais adorer ! »

Je la laissais déguster, non sans me mettre en route vers les magasins. J'espérais que cela allait lui changer les idées et qu'elle allait attaquer le shopping avec de l'aplomb.

« Prête ? Tu me fais confiance ? »

N'empêche que, je serais pas obnubilée par Luka, je me rends compte qu'il serait pas difficile de tomber sous le charme de Zak. Il est drôle, super malin et attentionné avec moi. Et vachement mignon, on va pas se mentir. Donc ouais, je peux comprendre qu'il fasse tomber les filles comme il veut. Après, de là à me poser des questions sur ce qui se passe après, je préfère pas sinon déjà je vais rougir comme pas permis et, en plus, j'en sais rien du tout. Mais quand même, je lève les yeux au ciel et je secoue la tête quand il répond. "Bien sûr que non. Je suis la seule dont tout le monde peut deviner ce qu'elle pense, c'est écrit sur mon front. Vous, c'est pas pareil. C'est juste évident que t'es un beau gosse qui peut faire tomber les filles, c'est tout."

Je me frotte le nez pensivement alors qu'il dit qu'il a pas besoin de trouver de filles, avant de hausser les épaules. "Oh, moi, tu sais, tant que t'es toujours aussi gentil et dispo. Et que tu arrives encore à convaincre Luka qu'il peut faire d'autres trucs que travailler ou s'occuper de moi, tu peux avoir autant de filles que tu veux… oh, ou alors tu préfères les garçons ptet ? Ce serait pas grave hein. Ca marche aussi." Et ça expliquerait pourquoi je l'ai jamais vu avec une fille. Bon, ok, on se connait depuis moins d'un an mais bon, façon de parler quoi. Je commence un peu à me perdre dans mes pensées une fois de plus alors qu'on parle de nourriture. Ca devrait être rigolo pourtant, c'est un sujet qui me plait, enfin surtout depuis que j'ai débarqué ici quoi. Mais je sais pas, je me sens de plus en plus en confiance avec Zak alors y a des trucs qui m'échappent auxquels j'aurais jamais pensé avant. Alors je me serre contre lui l'espace d'un instant avant de hocher la tête et de souffler, dans un murmure. "Je sais, Luka a promis. Et si en plus j'ai ton aval maintenant, il pourra même plus arguer le fait que c'est pour mon bien de manger des carottes."

Ca reste plus simple de changer de sujet, même si parler du fait que je veux plaire à Luka est pas vraiment un truc qui me met super à l'aise. Etonnant hein. Mais il arrive à me faire rire, même si je suis clairement pas convaincue du résultat. "Genre, tu veux dire que j'ai pas un goût très sûr ? Elles sont pas bien mes fringues ?" Alors ouais, j'ai un pantalon militaire qu'on a trouvé dans les surplus de l'armée, un débardeur rose vif et un gilet dans lequel je pourrais rentrer deux moi. Mais ça cache les cicatrices alors hors de question de l'enlever lui. Je me fige d'un coup en réalisant que c'est pourtant ce qui va arriver avant de secouer la tête et de me focaliser sur ce qu'il vient de dire. Et de pouffer de rire. "Sois pas désolé. Maintenant j'imagine une fille qui rebondit sur ses propres seins énormes. Tu devrais faire pareil, ça t'énervera peut-être un peu moins non ?"

Visiblement, le fait que je me cache quand on entre dans la boutique de bubble tea ne semble pas vraiment lui poser de soucis. Ca le fait même marrer on dirait. "Non mais ça te permet de renouveler ta palette, ou un truc dans le genre. Et en vrai, c'est si facile que ça de draguer ?" Je le fixe, les yeux un peu écarquillés avant de sautiller à coté de lui alors que je savoure ma première gorgée de bubble tea. Ouais, autant dire que j'aime et pas qu'un peu. "Mais comment j'ai pu vivre sans connaitre ça ! Comment t'as osé me laisser respirer sans goûter ça ! Honte à toi !" Mais non, j'en fais pas trop, c'est juste une impression. Je le suis avant de réaliser qu'on arrive devant une boutique et qu'il vient de s'arrêter.

Et j'inspire doucement, hochant la tête à sa question. "Evidemment que je te fais confiance. Surtout pour ça. Quant à être prête, à ton avis ?" J'ai une grimace même si je vois le grand sourire des vendeuses qui nous ont vus arriver de loin. Elles ont l'air gentilles, c'est déjà ça non ? Ptet que j'arriverais à pas trop me ridiculiser en faisant mes essayages, ce serait cool.

« Va falloir que je bosse ma couverture alors. »

J'ai répondu avec un sourire en coin. Oui, il était facile de deviner les pensées de Quinnie. Parce qu'elle était adorablement innocente et ne cherchait pas à dissimuler quoique ce soit. Elle était franche et vraie et je n'avais pas beaucoup de personnes dans mon entourage qui pouvaient se targuer d'être comme ça. Même si elle semblait être embarrassée, moi, j n'aurais pas voulu qu'elle change. Quant à moi... Finalement, je ne cherchais pas à tromper qui que ce soit et je ne promettais pas monts et merveilles en règle générale. Si j'étais perçu comme un piège à filles et bien, les filles qui m'accostaient savaient que ce serait une super nuit et au revoir le matin. Parfait. Pourtant Quinnie s'échinait à chercher une nana qui me conviendrait. J'essayais de réduire ses espoirs à néant dans ce sujet en affirmant catégoriquement que je n'en avais pas besoin et elle rendit les armes. Non sans me glisser une petite vacherie sur mes préférences sexuelles.

« Mais... Où tu vas chercher ça ? »

Je pouffai de rire à cette éventualité. Quinn était un concentré de bonne humeur, c'était difficile de rester imperméable à sa bonne humeur. Pourtant, elle n'avait pas eu une vie facile et aurait pu virer dépressive gothique, mais non. Son cerveau carburait tout le temps si bien qu'elle n'avait pas vraiment le temps de penser à une chose avant d'en enchaîner une autre. Non mais... moi ? Préférer les mecs ?

« Mais ouais, t'as découvert le pot aux roses ! En fait, je n'ai d'yeux que pour Luka. Tu diras rien hein ? Je compte sur toi. »

Je lui adressai un clin d’œil, hilare. En espérant qu'elle allait saisir le second degrés, parce que sinon, il allait y avoir un fâcheux quiproquo quand même. Manquerait plus qu'elle dise à Luka que j'étais attiré par lui et qu'elle se mette en tête de nous voir former un couple tiens. Enfin, rien que pour la tronche qu'il tirerait, cela pourrait être rigolo. Sauf que je doutais fortement que Quinn essaie de nous caser alors qu'elle avait elle-même un faible pour son sauveur. J'ignorais si c'était le syndrome du chevalier blanc et si cela allait lui passer mais en attendant, elle avait fortement envie d'être femme pour lui. A ses yeux.

Quinn aborda d'elle-même un pan de son passé qui me laissa grave et silencieux, avant que je ne lui promette que cela n'arriverait plus. Elle approuva et j'en profitai pour lui pincer doucement la joue, avec une feinte légèreté pour éloigner les mauvais souvenirs :

« Mais ça fait des belles joues et des belles cuisses. Question amabilité, ça va, tu n'en as pas besoin. »

Son relooking, c'était une autre histoire. Mais au moins, elle souriait de nouveau et je la regardais d'un œil critique.

« Hum... j'ai le droit à un joker ? »

Je m'étais emporté en parlant des meufs de mon père. Ce qui sembla amuser Quinn au lieu de la scandaliser et mon regard se mit à pétiller de rire quand elle me livra ce à quoi elle pensait.

« Ouais enfin, si dés que je la vois, je pense à ça, elle va péter un câble. Déjà que c'est pas l'entente cordiale. »

C'était le moins qu'on puisse dire. Dés qu'on se croisait, on se balançait des vacheries et ça finissait en drame. Et j'avais le droit à un coup de fil de mon père pour me rappeler à l'ordre. Ben ouais, c'était moi le fautif, moi le sale gosse. Bref, je cessai d'y penser en entrant dans la boutique, alors que Quinn se cachait en essayant de se fondre en moi non sans avoir pertinemment conscience de son comportement et en plaisanter. Je haussai une épaule à sa question.

« Ben... Ouais. »

C'était facile de draguer oui. Un sourire, un mot gentil et hop. Le fait que je sois plutôt mignon aidait évidemment. J'aurais été moche, cela aurait été beaucoup plus difficile. Et enfin, Quinn put goûter son bubble tea, sa réaction étant à la hauteur de mes attentes, alors qu'elle me reprochait même de ne pas lui avoir fait découvrir ça plus tôt. Je ris, avant de me défendre :

« Eh oh, je ne peux pas penser à tout ! Mais je vais me faire pardonner, promis. »

Et après ce petit interlude, il était temps d'aller faire le shopping promis. J'étais étrangement heureux d'accompagner Quinn et de l'entendre me dire qu'elle me faisait confiance.

« Alors allons-y. Je ne te lâche pas d'une semelle. Sauf dans la cabine d'essayage, évidemment, hein. »

Qu'elle n'aille pas prendre tout ce que je disais au pied de la lettre quand même. Et quand nous arrivâmes, une vendeuse blonde nous accueillit, avec un grand sourire.

« Je peux vous aider ? »

Je lui décochai un grand sourire, avant de répondre tranquillement :

« On cherche une tenue pour le Nouvel An. Sobre, mais élégant. Une robe peut-être ? »

Elle hocha la tête.

« Je vais vous montrer quelques modèles. »

J'avais posé une main derrière le dos de Quinn, la poussant doucement en avant afin d’emboîter le pas à la vendeuse qui louvoyait à travers les rayons.

J’ai un sourire malicieux alors que je hausse les épaules. "Je vois pas trop comment tu pourrais faire. Tu restes beau gosse, même si tu fais rien de spécial. Donc forcément, les filles elles vont se jeter sur toi et tout !" Ouais, je réfléchis pas trop et je sais pas si ça se fait ou pas de lui parler comme ça. Mais bon, je me contente d’énoncer une évidence. Et puis ça veut pas dire que je le trouve beau. Enfin si, mais il me plait pas quoi… bref, j’arrive à m’embrouiller toute seule, sans même avoir à parler à haute voix, c’est fort non ? Je plisse le nez à sa question, sans bien comprendre pourquoi il dit ça. Quoi, ça pourrait être tout à fait logique si on suit mon raisonnement. Bon, faut l’avoir suivi, je sais, c’est un point de détail que j’ai tendance à oublier. "J’sais pas moi, c’est dans ma tête et… ah non hein, pas Luka, tu triches là !" Je fronce les sourcils à son clin d’œil avant de lever le menton, faisant mine d’être vexée. C’est un coup bas quand même, surtout après que je lui ai dit que je craquais pour lui. Enfin, je l’ai pas vraiment dit, mais bon, niveau absence de subtilité, je pense que là, je me pose bien comme il faut.

J’ai un bref soupir alors que, l’espace d’une seconde, je me retrouve plongée dans des souvenirs pars particulièrement agréables. Mais, heureusement, ça dure pas. Je lui décoche quand même un sourire quand il me pince la joue avant de grimacer. "J’ai déjà des bonnes joues bien rondes non ? Et mes cuisses… euh… c’est important d’avoir des belles cuisses ? Genre pour de vrai ?" Mon sourire se fait plus large quand il dit que j’ai pas besoin d’être plus aimable. C’est cool ça. Je suppose. Même si j’arque un sourcil dans sa direction quand il reprend. "Quoi ? Ca me va pas ? C’est moche ? Et nan, t’as pas le droit à un joker, je suis là pour être moins… pour être plus… bref… t’as pigé quoi. Alors autant que je sache tout ce que je fais de travers." Au reste de ses propos, il a le droit à une espèce de bourrade-accolade amicale. Je sais que le sujet est sensible, faudrait être aveugle pour pas le voir, mais bon, il est pas non plus du genre à raconter sa vie. Alors je souffle, d’un ton léger. "Raison de plus pour venir touuuut le temps chez nous ! Comme ça tu peux me nourrir de fromage de luxe et boire des coups avec Luka. Le plan parfait. Et y a pas de seins qui rebondissent normalement. Celles qui ont des trop gros seins font pas long feu." Je fais ce qu’il faut pour. Et ouais.

Bon, se cacher derrière Zak, une fois dans la boutique, ça marche pas terrible. Je ramène des mèches de cheveux devant, par réflexe, même si j’arrive à être légère, l’espace d’un instant. Avant de le fixer, perplexe. "Ben… ouais ? C’est tout ? Genre c’est évident ? T’as jamais eu l’impression d’être gauche, maladroit, ou pire encore que tu vas prendre feu si on te fixe trop longtemps ? Des trucs comme ça quoi…" Non mais, ce serait carrément injuste que ça lui soit jamais arrivé. Et c’est sans compter le fait qu’il ne m’ait jamais fait goûter le bubble tea avant. Là, il commence à les cumuler le beau gosse. Je lui tire la langue et je pointe le nez en l’air, manquant bien évidemment de trébucher et de tomber. Oui, je sais, je dois regarder où je mets les pieds, tout ça tout ça.

La vendeuse est gentille comme tout et je me contente de hocher la tête aux propos de Zak, incapable de prendre la parole et de dire quoi que ce soit. Je me frotte le nez, la mine pensive, alors qu’elle me regarde de bas en haut et qu’elle souffle, d’une voix douce. «Oh, vous avez une taille vraiment fine et des jolies jambes, c’est ce qu’il faut mettre en valeur. » Et elle ajoute, jetant un regard à Zak. «Pas trop court ni décolleté je suppose ?» Et voilà que je finis par me retrouver dans une cabine d’essayage, entourée de froufrous. J’ose à peine toucher les robes, elles sont tellement jolies que je pige pas comment ils espèrent que je vais pas avoir l’air ridicule dedans. Surtout celle-là, pleine de… c’est quoi ce tissu ? Du tulle ? Ca pourrait être de la soie que j’en saurais pas plus, ça sert à rien d’essayer de deviner un truc que j’ignore. J’entends la vendeuse glousser et je me demande si elle fait la poule pour plaire à Zak tiens. L’imagine me fait pouffer de rire même si je continue de galérer tout seule. Je m’emmêle les pinceaux avant de finir quand même tant bien que mal par y arriver et je sors, à moitié échevelée et pas du tout à mon aise, dans une robe marron beaucoup trop… je sais pas en fait. Par réflexe, je pose ma main sur la brûlure que j’ai au niveau de l’épaule, comme pour pas qu’on la voit et je fixe Zak, guettant une réaction quelconque. Je dois avoir l’air totalement ridicule en fait.

« Tu veux dire que les filles ne sont intéressées que par le physique ? »

Je fis une petite moue désappointée du plus bel effet, en me demandant bien ce qu'elle trouverait à répondre à cela. Sans doute la vérité : que c'était le physique avant tout qui attirait l’œil, mais que c'était la personnalité qui permettait de construire une histoire. Ou un truc du genre. Fallait pas se mentir, quand on était moche, le premier contact était moins facile hein. Après, la beauté, c'était subjectif, mais bon, il y avait quand même quelques critères qui permettaient d'être objectif. Je la taquinai alors, non sans éclater de rire alors qu'elle fonçait tête baissée et s'offusquait de façon adorable. Et pas très crédible d'ailleurs.

« Ben oui, ça compte de jolies jambes. C'est moche des cuisses flasques et pleines de cellulites. »

Non, je ne suis pas très sympa, ni très tolérant envers les nanas qui n'ont pas la chance d'avoir un corps de rêve. Et Quinn allait se dire que j'étais un sacré connard superficiel, mais ce n'était pas comme si elle ne le savait pas déjà au final, donc bon...

« C'est pas terrible. On ne te regarde pas avec ça, y'a aucun style... »

Et les nanas bien fringuées, avec de la classe, c'était quand même mieux. Même si celles avec des jupes trop courtes et des décolletés vertigineux, ça attirait pas mal le regard également, mais pour d'autres raisons. Après, il ne fallait pas être trop classe ou sophistiquée, ça faisait snobe et ça ne donnait pas envie d'approcher. Il y avait un juste milieu, mais là, Quinn était habillée comme une gamine et ce n'était pas vraiment à son avantage. Et je ris encore quand elle rebondit sur mes paroles, non sans m'assurer que les nanas pourvues de grosses poitrines ne faisaient pas long feu chez eux. Adorable petite Quinn possessive... Qui voulait Luka mais ne savait pas comment se faire remarquer et faisait donc le ménage autour de lui pour éliminer la concurrence. Je n'avais pas compris tout de suite la relation complexe entre les deux et ils ne l'avaient pas comprise non plus. Mais maintenant que je les connaissais, que je passais du temps avec eux... C'était évident.

Dans la boutique, Quinn essaya de disparaître derrière moi, sans grand succès, avant que nous n'abordions le sujet de la drague. Qu'elle me demandait si cela était vraiment aussi facile et que je répondais assez laconiquement. Non mais, qu'est-ce qu'elle voulait que je lui dise au juste ? Oui, pour moi, c'était aussi simple. Et non, je n'avais jamais manqué de confiance en moi. Ou eu peur de me prendre un râteau. C'était arrivé quand même hein. Je la fixai un instant alors qu'elle enchaînait les questions, sans doute en rapport avec ce qu'elle, elle ressentait.

« Non... Désolé Quinn, mais en l'occurrence, je ne serais pas un super thérapeute pour t'aider à vaincre ta timidité, tes complexes, ou je ne sais quoi. J'ai peut-être été hésitant quand j'étais adolescent, mais j'ai toujours été un fonceur. Si je veux un truc, ben, je fais tout pour l'avoir. Si je voulais sortir avec une fille, je lui demandais. Souvent ça a payé. Des fois non. Et alors ? Un râteau ça n'a jamais tué personne. Cela ne veut pas dire que je n'étais pas quelqu'un de bien, ou de beau, ou d'intelligent. Juste que je n'étais pas tombé sur la bonne nana. Et tant pis pour elle. »

Je lui fis un clin d’œil. J'adaptais un peu mon discours pour qu'elle puisse le prendre pour elle en vérité. Mais voilà, prendre un vent ne signifiait pas qu'on était moche ou inintéressant. Il ne faudrait pas qu'elle drague et se fasse remballer, au risque de perdre toute confiance en elle non plus. Elle goûta donc le bubble tea, s'enthousiasma, puis faillit tomber. Je l'emmenai donc en la tenant par les épaules jusqu'à la boutique, parlant encore à sa place. Je hochai la tête aux paroles de la vendeuses sur les atouts de Quinn, souriant, encourageant.

« Elle a raison. »

Puis, elle me demanda mon avis et j'acquiesçai en conservant mon sourire.

« Exactement. Enfin une vendeuse qui s'y connaît. »

Elle rougit et j'adressai un regard complice à Quinn, illustrant mon propos sur la drague, avant qu'elle ne soit embarquée par la jeune femme qui lui dénicha plusieurs robes à essayer. Je suivis patiemment les deux demoiselles, avant de laisser Quinn dans la cabine alors que la vendeuse, Vanessa, restait avec moi et que nous parlions tranquillement. Le rideau s'ouvrit alors et je m'interrompis pour voir Quinn, gênée comme pas permis dans sa robe marron et qui semblait être sur des charbons ardents.

« Oh, elle vous va bien. »

« Ouais, mais... je suis pas convaincu. Trop de froufrous. Quinn, t'en as une plus simple dans tout ça ? »

Voilà, la robe était trop sophistiquée pour Quinn, trop d’esbroufe, elle n'avait pas besoin de ça. Et un poil plus courte, qu'on voit ses genoux, ce serait pas mal. Mais la vendeuse avait raison, elle avait de jolies jambes fines. Je me tournai vers Vanessa :

« Je pense qu'un peu de lingerie adaptée ne serait pas un mal aussi. Vous pouvez me trouver ça ? On évite les push up et les string, hein. »

« Je vois le genre. »

Elle acquiesça et alla voir ce qu'elle trouvait, se fiant probablement à ce qu'elle avait vu de la morphologie de Quinn.

A sa question j'ai une moue pensive, réfléchissant vraiment à ce qu'il vient de dire. "Non, je crois pas. Mais on va pas se mentir, c'est quand même mieux d'être avenant et d'avoir l'air sûr de soi. Tu vois l'idée ?" Et, au reste de ses propos, je m'offusque un peu, plus pour le principe qu'autre chose. Je baisse les yeux pour regarder mes jambes même si, vu ma tenue, c'est un peu inutile. "Oh d'accord. J'ai pas les cuisses flasques. Je crois pas en tout cas." Avant de soupirer quand le verdict tombe. Je grimace avant de souffler, pensive. "Quelque part, c'est l'effet recherché. Qu'on me voit pas, que je passe inaperçue. Au moins, ça marche." Même si ouais, c'est plus vraiment ce que je veux, surtout vis-à-vis de Luka. Pourtant, c'est pas dit que ça serve à quelque chose, si ça se trouve, il continuera de me voir comme une petite fille. Et il aurait pas forcément tort, je pourrais comprendre. Mais je sais pas, je veux pas regretter de pas avoir essayé.

Bon, en tout cas, j'essaie de me cacher, même si ça marche pas terrible et je questionne Zak. Il est franc, autant qu'il peut l'être avec moi en tout cas, même si je suppose qu'il doit pas vraiment me dire totalement ce qu'il pense. Mais c'est déjà ça, il essaie pas d'arrondir les angles ou de me faire croire des trucs qui sont faux. J'ai une moue avant de souffler, pensive. "J'ai jamais pris de râteau en fait. Je veux dire, à chaque fois que je suis sortie avec un garçon, c'est parce que c'était lui qui est venu et qui a insisté. Même Billy quand on a… hum… bref… là c'est juste que c'est pas un garçon quelconque, c'est … tu vois ?" Je m'embrouille un peu je crois mais bon, heureusement, j'ai le bubble tea qui me change les idées avant qu'on finisse par atterrir dans la boutique. Et là, ma timidité revient en flèche. Si on peut appeler ça comme ça. Mais la vendeuse est gentille et me prend pas pour une cruche. A quel point c'est lié à Zak ? Ou plutôt, au fait qu'on soit dans un magasin où je devrais en théorie même pas être en mesure d'acheter un bouton de chemise ? C'est leur boulot de nous mettre à l'aise je suppose. Même si le fait qu'elle rougisse devait pas être au programme.

Je deviens écarlate quand il parle de lingerie et je m'enfuis de nouveau dans la cabine d'essayage, de plus en plus nerveuse. J'écarquille un peu les yeux en voyant les sous-vêtements et j'inspire quand je les essaie. Ca me va bien. Je crois. Je suppose. J'en sais rien en fait. Et je sais pas pourquoi, je me surprends à m'imaginer en train de les montrer à Luka. Mon visage peut prendre feu ou pas ? Je me rends pas compte. Je secoue la tête, relevant mes cheveux dans un chignon à moitié défait pour pouvoir enfiler la nouvelle robe.  Noire, beaucoup plus courte que l'autre et vachement plus moulante. Je sautille dehors et je fixe Zak, la mine interrogative avant de capter ma silhouette dans un miroir. Et de sursauter. "Ohlala, c'est vraiment moi ça ? C'est… bizarre." Je fronce les sourcils, clairement perturbée, alors que la vendeuse a un sourire à l'attention de Zak que je remarque même pas. Moi je me dis juste qu'on voit trop ma brûlure, qu'on voit trop les cicatrices qui se dessinent dans mon dos et le regard que je jette à Zak se fait plus inquiet. Il me dira non, si ça fait trop bizarre ? En attendant, je me tortille les doigts, nerveuse alors que la vendeuse reprend, avec un sourire. "Il lui faut des petites ballerines, ce sera toujours mieux que pieds nus. Ou que les baskets que j'ai cru voir dans la cabine." Elle m'adresse un clin d'œil et s'éloigne, nous laissant tous les deux l'espace d'un instant. "T'en dis quoi ?"

Évidemment, que je voyais l'idée. Ma question était rhétorique et servait surtout à embêter Quinn. Le physique comptait énormément. C'était quand même la première chose qui accrochait le regard. Et justement, Quinn était mignonne. Il fallait qu'elle soit belle. Qu'elle passe de l'adorable petite jeune fille à une belle jeune femme. Afin de changer le regard de Luka sur elle. Sauf qu'il fallait lutter contre le besoin de Quinn d'être invisible, de ne pas se faire remarquer. Là, on allait avoir un soucis si jamais elle ne dépassait pas ça quand même. Je voulais bien l'aider, lui payer des fringues, le coiffeur et tout le toutim, mais je n'étais pas magicien, même si je me la jouais marraine la bonne fée. J'étais habitué à la timidité de Quinn, à ses bizarreries. Cela m'attendrissait. Mais j'avais envie de l'aider. Gratuitement. Sans rien demander en retour. Et cela ne m'arrivait pas souvent et pas avec grand monde. Je l'avais prise sous mon aile et elle était ma petite protégée, la petite sœur que je n'avais eu.

Nous discutions. Des garçons. Du fait qu'elle n'ai jamais pris de rateau. Et bien... Quinn avait plus de succès qu'elle ne le laissait croire en fait. Elle attirait les garçons finalement, malgré ses dénégations de toute à l'heure. Comme quoi en discutant un peu en en creusant, on trouvait. Cela dit, je n'aimais pas spécialement l'entendre prononcer le nom de Billy et savoir qu'elle avait couché avec. Ouais, ça me dérangeait. Les grands frères n'aiment pas spécialement avoir des détails sur la vie sexuelle de leurs petites sœurs, hein ? Alors j'imaginais sans mal que cela avait du faire péter un câble à Luka qui endossait bien des rôles auprès de la jeune fille. Et il y en avait un auquel il n'osait songer. Sauf que Quinnie, elle, avait bien l'intention de forcer un peu la main de mon timide ami. Enfin timide... Avec elle. Parce que sinon, il ne se faisait pas prier pour lever quelques filles.

« Je vois. »

Donc étape 1 : la robe. Je fis un peu de charme à la serveuse qui se montra super gentille et professionnelle avec Quinn. Mais pour mettre en valeur une robe, il fallait la bonne lingerie. Une lingerie de femme, qui maintenait ce qu'il fallait là où il fallait. Ce qui eu le don de faire totalement fuir Quinn. Et quand elle ressortit avec la robe noire... Wow. Je sentis mon cœur se gonfler de fierté et aussi d'affection pour elle, restant un instant muet devant l'image qu'elle renvoyait dans le miroir. J'avalai ma salive et hochai la tête. La vendeuse proposa des ballerines et je la laissais filer, avant de regarder Quinn quand elle reprit la parole. Je m'approchai alors et posai mes mains sur ses épaules, pour nous regarder tous les deux dans le miroir, affichant un grand sourire :

« J'en dis que t'es superbe. La robe est classe, jolie, jusque ce qu'il faut de sexy pour montrer à quel point tu es devenue une belle jeune femme. Tu es belle Quinn et je dis pas ça parce que je t'adore. »

Je voulais qu'elle y croit vraiment. La vendeuse revint avec des chaussures et je lâchais Quinn. Ouais, c'était vraiment bien. Et cela ne faisait que commencer. Cette journée était sa journée et aujourd'hui, elle se sentirait comme une princesse, c'était une promesse.