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Ça fait 4 jours et c’est toujours pas passé. Ça fait 4 jours et j’sens toujours ses mains sur ma poitrine, dans mon cou, emmêlés à mes cheveux. Y a son goût qui refuse de s’enfuir de mes lèvres. Son odeur plein la tête. Sa peau qui m’envahit. Sans limites entre la sienne et la mienne. Le coeur qui bat si fort qu’il pourrait sortir de sa cage pour lui sauter dessus, pour l’avoir plus près, plus près, toujours plus près, encore plus près. Cette envie de lui si brute, si excessive, si impatiente, ça m’retourne, j’perds mon souffle, j’perds mes sens. Parce que cette fois, j’m’enfuis pas. J’claque pas la porte. J’le laisse me faire ce qu’il veut. Et j’le poursuis d’autant plus dans cette course aux désirs. Incontrôlés. Incontrôlables. C'est beaucoup trop bon.
Beaucoup trop chaud. J’pousse ma couette comme j’repousse Artie hors de mon corps. “Putain...” Le réveil est vif. Trop vif. Et le contraste est tout aussi vif. Pas d’Artie. Pas d’chaleur. Ou juste cette sueur lascive qui traîne comme un frisson sur ma peau. Comme un souvenir qui n’a pas totalement eu lieu, hormis dans ce rêve fantasmé.
Ça fait 4 jours et c’est toujours pas passé. Ça fait 4 jours que j’ai eu ce moment de folie, où j’ai passé le pas de sa porte, avec lui. Et ça fait 4 jours que les souvenirs de cette nuit écourtée remplissent, inondent mes nuits comme jamais. C’est plus possible. “Fais chier.”, que je ronchonne en me massant la nuque et les épaules… déjà dans la cuisine à la recherche d’un verre d’eau pour calmer ma soif. Mais j’bloque en voyant Félix, installé devant son café, pas bien réveillé lui non plus apparemment. Ou trop… ? “Hey…” Smack sur la joue, même si j’ai probablement un peu de rouge aux joues et de soleil imprégné dans la chair. Mais c’est Félou, il dira rien… Quoique… “T’as pas eu chaud cette nuit… J’sais pas ça fait 4 putain de jours où j’dors… bizarrement.” On va pas parler des rêves obsessionnels quand même hein ? On n’en est pas là n’est-ce pas ?

Ca t’a chamboulé la tête de recevoir cette photo de Rhoan. Tu pensais pas, vraiment, tu pensais que votre relation était claire limpide cadrée. Pourtant t’arrêtes pas d’y repenser. Ca tourne ça cavale dans ta tête, t’y penses tout le temps t’y penses trop, ça se ressent sur la qualité de ton travail à l’hôpital, sur ta vie sociale, sur ton sommeil. T’es coincé entre deux extrêmes : soit tu dors pas du tout, tournant et retournant dans ton lit et dans tes pensées, soit t’es plongé dans des fantasmes fiévreux. Tu comprends plus rien à ta vie et c’est un peu la panique. T’as envie que ça s’arrête. Que tu retrouves un semblant de calme et de paix. Que t’aies pas à faire semblant devant Rhoan, de pas avoir vu son corps nu, de pas avoir imaginé ses mains sur ton corps ses lèvres sur tes phalanges sa langue sur la tienne. Que tout redevienne comme avant, sans ambigüité sans romance sans tension, sans tu sais quoi dans l’air entre vous. Peut-être que c’est juste toi qui l’imagines. Tu soupires devant ta tasse brûlante de café, le désespoir et la fatigue clairement écrits sur ton visage. “Hey…” La voix solaire de ta coloc te tire de tes pensées moroses et tu lèves la tête vers elle, sourire immédiatement aux lèvres. Parce que t’es comme ça Felix, le sourire toujours prêt à cacher ce que tu ressens vraiment pour protéger tes proches. T’es comme ça et tu changeras pas. Elle se penche et t’embrasse sur la joue, et ton sourire s’étire en un vrai rayon de soleil. “T’as pas eu chaud cette nuit… J’sais pas ça fait 4 putain de jours où j’dors… bizarrement.” Tu repenses aux yeux outremer de Rhoan qui te fixaient avec une intensité brûlante cette nuit, dans l’intimité de tes draps de tes rêves, et y a ton bas-ventre qui flambe. “Euuuh… si. Le chauffage est p’t-être mal réglé ?” Même toi t’y crois pas.

“Euuuh… si. Le chauffage est p’t-être mal réglé ?” Oh my. Mais il est tout rouge ? Mes lèvres s’étirent largement, dents sorties, je viens poker sa joue. “Mais qu’est-ce que t’as fait ? On dirait que t’as fait un bon rêve cette nuit ?” Le rire galope. Parce qu’on peut lire en Félix comme dans un livre ouvert. Si translucide, si honnête, si pur. Mais bon, j’me stoppe en réalisant l’hypocrisie de la situation. Râclement de gorge furtif. On n’a pas à être gêné en réalité. J’le sais. “Y a pas d’mal, tu sais…” Que je dis plus pour me rassurer qu’autre chose, cherchant à occuper mes mains pour distraire mes pensées à la dérive. C’est naturel tout ça. Le seul hic, c’est le corps même du rêve. Ou plutôt l’autre corps dans l’rêve. J’me demande surtout quand est-ce que je vais arrêter de rêver d’Arthur, quand est-ce que je vais arrêter de refaire cette nuit ? Une histoire de se laisser aller ? Succomber au fantasme ? Non, non, non, non. C’est pas l’bon plan. Et j’vais surtout pas revenir sur ce que j’ai dit et fait. Question de principe. (ou de fierté) Et puis y a toujours Fanny. Ça, ça changera pas. Donc… J’enfonce ma cuillère dans le bol de céréales que je viens de me servir comme si je venais de shooter dans une fourmilière. Peut-être que je devrais plutôt rêver d’écrabouiller ce qui me dérange vraiment ? “Tu rêves de qui Félix ?” Allez dis-moi. Fais-moi oublier mon rêve et je te ferais oublier le tien. “Parles-moi.” Grands yeux de chat suppliant. Confies-toi.

Elle y croit pas du tout, m’enfin toi non plus, et vous savez très bien tous les deux que vous avez rêvé d’un autre, d’un autre corps, d’un corps que vous avez pas le droit de voir de la manière dont vos fantasmes les dépeignent. Y a son rire qui résonne et le rouge qui te monte aux joues quand elle se moque de ton malaise. T’es secret Felix, t’es réservé tu parles pas de toi, et t’afficher comme un livre ouvert de bon matin devant Nur, ça te va pas bien au teint. Tu te sens au bord de l’agacement, les nerfs à vif et la peur d’être découvert qui te dévore les tripes. “Y a pas d’mal, tu sais…” Sa voix vient adoucir les sentiments qui ragent dans ta cage thoracique. Même si tu sais que c’est surtout pour se rassurer, elle. “Tu rêves de qui Félix ? Parles-moi.” Y a ses yeux y a sa moue y a tout ce que vous avez vécu et partagé depuis que t’es arrivé à Savannah qui te supplie de te confier à elle. Tu le ferais pas, normalement, tu le ferais pas même si ta vie en dépendait. Mais là c’est Nur. Ta coloc ta soeur ton acolyte de la team bordélique, ta nounou de cactus ta pote de cuisine ton amie de tous les instants. Ta confidente ouais, même si tu l’avoues pas, parce que ça voudrait dire qu’elle a repris la place de Mags et tu veux pas te dire que tu l’as remplacée oubliée effacée de ta vie. Tu baisses ton regard vers ton bol de café, incapable de croiser ses yeux bruns quand t’avoues du bout des lèvres : “J’ai rêvé de Rhoan.”

J’ai failli lâcher ma cuillère et avaler de travers. Mais au lieu de ça, impossible de le lâcher des yeux. J’vais le bouffer si il ne m’en dit pas plus. Mais y a ce mélange de tendresse et d’excitation qui s’étale sur mon visage. Ne hurle pas, ne hurle pas. Car joie, joie, joie, joie sdjlfkg ! Je me lève pour me placer à ses côtés, bras qui l’enlace contre moi avant de planter une bise sur ses joues. Sans rien dire pour l’instant, mais ça serait mal me connaître si c’était ma seule réaction. “C’est vrai qu’il est canon le grincheux…” Je reprends mon bol en main, j’ai faim. “Il a ce côté calme ténébreux intriguant… Nan j’comprends.” Si mon coeur et ma tête ne s’étaient pas mis tout de suite d’accord pour le mettre dans la case “frère”, une incartade Rhoan aurait pu être intéressante… Il doit pas être mauvais en plus… “Bon, par contre, on sait pas trop c’qu’il fabrique de sa vie. Mais tout ce mystère, c’est ce qui fait son charme, hein ?” Oeillade vers l’intéressé pour voir si il sera complice de mes divagations. “Mais d’où ça sort ? Il a fait un truc particulier pour que tu penses à lui jusque dans tes rêves ?” Je commence à m’emballer un peu. “C’était bon ?” Je ris doucement, me laisse basculer contre son épaule pour le taquiner doucement. “Non mais j’suis contente. D’imaginer deux de mes personnes préférées ensemble… Ça fait du bien.” Que je déballe en dodelinant de la tête. “Vous y iriez bien ensemble. Ça donne un p’tit air d’équilibre, j’sais pas…” Force brute de l’orage prêt à claquer à multiplier par la force calme du soleil toujours rayonnant, toujours présent. C’est presque trop mignon. J’me perds dans mes pensées, dans mes idées. “Ça serait bien que les rêves soient un peu plus vrais parfois…” Oui ça serait bien.

Tu l’observes d’un regard méfiant quand elle se lève pour venir te serrer dans ses bras, comme si tu venais de lui annoncer que t’allais te marier ou que t’avais été nommé chef de service à l’hôpital. Elle a un sourire énorme qui lui bouffe le visage, elle trépigne comme une gamine devant le sapin de Noël, et toi t’es juste perplexe. Faut pas trop t’en demander, t’as pas fini ton café encore et les connexions ont du mal à se faire. Elle se recule et va récupérer son bol, et c’est là que tu réalises que ton cerveau fatigué a fait une grave erreur en lui confiant tes rêves. Tu vires au rouge homard, mortifié par les remarques de la belle brune. Tu t’enfonces sur ton siège, le regard noir de haine et bleu de honte, avec pour seule envie celle d’aller te cacher sous ta couette comme un gamin. “C’était bon ?” Tu peux pas empêcher un gémissement de franchir tes lèvres tandis que t’enfouis ton visage dans tes mains. “Nuuur…” Et voilà qu’elle enfonce le clou avec ses fantasmes, enflammant sans le savoir le brasier qui couve dans ton bas-ventre. T’as chaud putain. “Ça serait bien que les rêves soient un peu plus vrais parfois…” Non. Non, t’es pas sûr que ce soit bien parce que t’es pas sûr que ressentir ça envers Rhoan ce soit génial. T’es pas sûr de ressentir quoi que ce soit envers Rhoan en fait. C’est juste que t’es perturbé à cause de cette putain de photo, c’est tout. Puis ça fait longtemps que t’as pas vraiment baisé. Ca doit jouer aussi. Oui c’est ça, trouve-toi des excuses Felix, fuis devant le problème. “Bon mais, et toi, t’as rêvé de qui alors ? Ca s’fait pas si y a qu’moi qui prend.” Faut pas pousser mémé dans les orties non plus.

Il ne répond pas à mes questions le morveux. Esquive totale. Sublimée par une palette de couleurs plutôt originales incrustées sur ses joues. (Mais y a bien eu un moment où j’ai cru qu’il me trucidait intérieurement. Oups.) Et je le pardonne tout de suite quand mon prénom fond entre ses mains avec son visage. C’est trop mignon de le voir embarrassé comme ça. Faudrait que ça arrive plus souvent. Pas qu’il n’est pas cute le reste du temps, mais là, c’est le summum. Dans un coin de ma tête, j’prends note, mais j’aimerais surtout savoir pourquoi ? Comment ça se fait qu’il ait rêvé de Rhoan ? Mister s’est baladé à poil ? Ils se sont retrouvés dans une situation compromettante ? Les deux ivres ? Et aucun des deux ne m’en aurait parlé après ?! Impensable. Ou j’me vexe illico. J’poserais la question à Rhoan, au lieu d’imaginer toutes les hypothèses. “Bon mais, et toi, t’as rêvé de qui alors ? Ca s’fait pas si y a qu’moi qui prend.” Ah. Fallait s’y attendre. J’me mords les lèvres et jette mon regard loin, espérant que quelqu’un ou quelque chose jaillisse du frigo pour me couper la parole. Mais non. Rien. Personne. J’suis obligée d’avouer et plaider coupable en un seul mot. “Arthur.” J’perds la moitié de mon sourire et d’ma confiance. Parce que j’sais déjà ce qu’il va m’dire. Il est en couple, il est avec Fanny, et il la trompe. Est-ce que je veux être comme toutes les autres ? Et patati et patata. Je sais déjà tout ça, parce que c’est ce que je me dis depuis quatre jours. Nouveau disque rayé qui tourne en boucle. Nouvelle bouée de secours. Un truc qui rassure autant qu’il se loge en travers de ma gorge. Alors je soupire et mon regard trahit ce “je sais c’est bon”, cette mauvaise foi que je sais avoir comme une gamine capricieuse. Parce que qu’est-ce que j’y peux si c’est d’lui que je rêve ? On contrôle pas, pas vrai ? “C’est la première fois que tu rêves de lui ?” Oui oui c’est lâche de déjà retourner la conversation sur lui. J’admets. “Moi non.”, que je souffle comme pour me faire pardonner de le torturer. Enfin presque. “Mais bon, on n’a pas la même libido j’pense…” Mon rire flirte avec ma voix en même temps que mon index glisse sur son t-shirt, sur son ventre. Puis je ris plus franchement en lui soufflant dans l’oreille comme si il était la flamme d’une jolie bougie. Parce qu’on est d’accord ? C’est qu’une histoire de libido, de baise, de manque, et rien d’autre. Pas vrai ?

Bien évidemment, la miss fait bien moins la maline quand tu la mets face au fait, face à ses rêves ses fantasmes qu’elle ose pas avouer. Ca te blesse pas. Si elle veut pas t’en parler, tu t’en formaliseras pas, tout simplement parce que t’es le mieux placé pour savoir que parfois c’est rassurant de garder quelque chose pour soi, même si c’est dur à porter, surtout si c’est difficile à avouer. Pourtant y a un “Arthur” qui fend l’air qui brise le silence qui te plonge dans un état de choc total. Ferme la bouche, tu vas gober les mouches. T’es sur le cul. Tu t’en doutais, bien sûr, tu veux les voir ensemble, sans aucun doute, surtout que tu supportes Fanny mais que tu l’aimes pas pour autant. Mais merde, Nur c’est comme ta soeur, Arthur c’est comme ton frère, tu les connais tous les deux. Et tu refuses qu’il fasse du mal à la jeune femme. Ton regard s’adoucit, s’emplit d’une pitié que tu sais qu’elle va rejeter comme une lionne, mais tu t’en fous. Tu veux juste lui dire quelque chose, n’importe quoi, lui montrer que tu seras là, que tu l’aimes quoi qu’il arrive, que c’est vous contre le monde, mais elle t’en laisse pas le temps, elle te coupe avec un regard tranchant et une question à la con. “C’est la première fois que tu rêves de lui ?” Pris au dépourvu, t’hésites. “Euh… j’sais pas vraiment. P’t-être bien. Mais ça a jamais été aussi… vif qu’hier soir.” Tu te passes une main dans la nuque, mal à l’aise, tes doigts tirant sur tes boucles brunes pour te détendre. Sérieux, le thermostat est sur combien ? T’as besoin d’une douche. “Moi non. Mais bon, on n’a pas la même libido j’pense…” Ton rire vient rejoindre le sien, mais tu te figes quand tu sens ses doigts sur ton ventre. Tu lui saisis le poignet, un peu trop vite, un peu trop fermement. Tu lui fais pas mal, t’as juste peur. Peur pour elle, peur pour son coeur parce que t’as pas envie qu’une âme aussi belle se fasse briser aussi tôt. T’enlaces tes doigts dans les siens et tu tires son petit corps vers le tien. Tu l’enserres dans un gros câlin, pour la rassurer, pour te conforter. Les câlins c’est un remède universel, et t’en es le champion. Tu plonges le nez dans ses cheveux pour t’imprégner de son odeur solaire, réelle, réconfortante. “T’es bien mieux que Fanny, Nur. Arthur sait pas ce qu’il rate.”

Donc ce n'est pas la première fois qu’il fait des rêves bouillants. Pas si pur que ça le Felou. Mais qu’il avoue de lui-même à quel point ça a pu être vif… ça veut dire quelque chose. Ça me touche qu’il m’ouvre un petit peu la porte. Il garde trop de choses pour lui Felix, derrière ses silences doux, il doit empiler les secrets et les pensées, ils ont ça en commun avec Rhoan. Mais ça va le bouffer un jour si il ne se lâche pas un peu. Besoin que la fumée s’évade un peu de la cocotte, ça doit bouillir depuis trop longtemps. Et c'est peut-être pour ça que la première soupape à céder est celle de ses rêves. Et ça veut aussi dire que le ténébreux lui a fait une sacrée impression à un moment donné. Impact Rhoan. Une foudre maintenue en boîte. Mais dont l'électricité peut contaminer les plus sensibles d’entre nous. Ça l’air sourire d’imaginer ce qui pourrait se passer entre eux. Ça m’donne envie de le taquiner aussi, voir ce que je pourrais grappiller de mon ami. Mais Felix ne serait pas Felix si il n’étouffait pas toute tentative d’approche par un câlin. Ironique soit dit en passant. Mais ca fait partie de ses adorables contradictions que je ne voudrais pas voir disparaître. “T’es bien mieux que Fanny, Nur. Arthur sait pas ce qu’il rate.” Par contre je ne m’attendais pas à ce qu’il dise ça. Un étrange sentiment s'emmêle dans mon ventre. Alors je ris contre son cou pour couvrir le bordel et la confusion. “Haha! Ça c’est sûr! … C’est évident que je suis un meilleur coup que Fanny.” C'est sûr que c’était ça qu’il voulait dire. Et c’est sûr qu’Arthur ne sait pas ce qu’il rate. “Mais c'est comme ça.” Je me détache pour lever mes grands yeux dans les siens et y plonger tête la première. “Rhoan non plus ne se doute pas de ce qu’il pourrait louper avec toi.” Une pointe de sérieux au bout de la flèche dans mes pupilles. Parce que faut arrêter de se sous-estimer ou de faire passer les autres avant soi. Bisous sur le bout du nez, je reprends ma place sur le tabouret. Et c'est le moment choisi par nos rêves pour débouler dans le salon. Oeillade coupable sur Felix. Je hurle un preum’s pour la douche en filant comme l’éclair vers la salle de bain. Le rire dans la gorge et la langue tirée vers mon complice du jour.

Elle comprend tout de travers, ta furie brune ta tornade des sables, ou peut-être qu’elle comprend trop bien et qu’elle a juste envie de se voiler la face. Ca te fait mal qu’elle se fasse mal comme ça, parce que c’est Nur, parce que c’est comme ta petite soeur et que tu laisseras rien ni personne lui faire du mal. Surtout pas elle. Tu soupires, ton souffle se mêlant à sa chevelure brune alors qu’elle enfouit sa tête dans ton cou pour y chercher du réconfort. Ca te brise le coeur, un peu, de la voir si perdue. ”Rhoan non plus ne doit pas se douter de ce qu’il pourrait louper avec toi.” T’as l’impression de t’être pris un coup en pleine gueule. T’as envie de lui dire que c’est différent, que c’est compliqué impossible. T’as envie de lui dire que tu ressens rien, que ce que t’as l’impression de ressentir c’est que du fake, que tes rêves c’est pas du subliminal mais juste ton cerveau qui essaye de remettre ces nudes dans leur contexte. T’as envie de lui mentir, mais tu peux pas. Et juste comme ça, elle se retrouve de nouveau assise en face de toi, quelques secondes seulement avant que Rhoan et Arthur eux-mêmes ne fassent irruption dans la cuisine. Nur te lance un coup d’oeil, et tu sais déjà qu’elle va te faire un sale coup. Ca manque pas. La voilà partie à toute vitesse, direction la salle de bains, et toi t’es là comme un con, assis devant ton bol de café, tes boucles brunes couvrant avec peine tes joues rouges d’embarras. Bonté divine. La journée s’annonce très longue.