20 juillet 2017 -

Ariel est fatigué.
Non, Valentino. « Valentino pas Ariel Valentino pas Ariel Valentino plus Ariel » il le répète en chuchotant comme quand il était gosse et que son père lui apprenait les quelques mots d’anglais qu’il connaissait, il le répète comme une leçon, une poésie apprise par cœur à l’école, il le répète et ça fait mal, mais il n’a jamais regardé en arrière. Malgré l’envie, malgré les pleurs, malgré les nuits où il a eu peur, seul, malgré les kilomètres. Il ne peut pas revenir maintenant, s’il revient il meurt. Il espère qu’au cirque, il retrouvera la vie, les siens, ceux qui sont partis. Il soupire quand il boîte. Il soupire quand il s’arrête. Il sourit quand devant ses yeux se dessinent les couleurs des chapiteaux des caravanes il a le cœur qui bat les yeux qui s’illuminent, et tant pis s’il a la peau constellée de bleus, les constellations qu’il chérissait temps, tant pis s’il a mal s’il a des marques partout s’il crache du sang. Valentino revient à la maison, la boule au ventre le cœur arraché. Mais c’est là qu’est sa place c’est là qu’elle a toujours été même quand il a aimé, même quand il était sur le point de se noyer. Il boîte encore quand il court. Y’a pas un bruit, un feu qui cesse de crépiter, il ne voit personne même près du grand chapiteau. C’est lui et les étoiles. Il repense à son père et aux yeux des enfants qui jouaient avec lui, souvent, Valentino il a toujours été pris de haut par les plus grands. Il s’allonge dans l’herbe près du chapiteau, dans ses souvenirs il était encore plus grand encore plus haut. Quand il s’enroule dans un bout de toile et qu’il ferme les yeux il ne regrette rien. Son état plus que piteux et sa fuite dans les sanglots. Il en faut plus que ça pour lui faire perdre ses couleurs, à Valentino.